Discours pour l’honorable Carolyn Bennett, Ministre des Affaires autochtones et du Nord - Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones 16e séance : Cérémonie d’ouverture
Discours
Siège des Nations Unies, salle de l’Assemblée générale
New York (New York)
Le 24 avril 2017
Tel que prononcé
Distingués invités et collègues, et, surtout, dirigeants des gouvernements autochtones, c’est un honneur de me joindre à vous aujourd’hui sur le territoire traditionnel du peuple Lenape et de rendre hommage à tous les Autochtones dont les mocassins ont foulé ce sol, leurs terres.
Nous remercions nos aînés inuits, métis et des Premières Nations de s’être joints à nous aujourd’hui et de guider le travail de la délégation canadienne.
Ici à l’Instance permanente, nous nous rassemblons pour défendre les droits des Autochtones de partout dans le monde.
Nous célébrons le 10e anniversaire de la signature de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, un appel à l’action à tous les gouvernements du monde afin que l’on franchisse les étapes nécessaires sur notre parcours commun vers la réconciliation et la décolonisation. Cette année à l’Instance permanente, non seulement on reconnaîtra les droits des Autochtones, mais il faudra aussi reconnaître l’importance des modes de connaissance et des façons de faire autochtones afin de protéger notre planète.
En tant que médecin, je saisis clairement que nous devons nous efforcer de maintenir la santé des populations et que nous ne devons pas nous contenter d’un système qui ne fait qu’offrir des soins aux malades. En effet, nous devons nous inspirer de la roue de la médecine, au lieu de n’utiliser que le modèle médical occidental qui est trop axé sur la fatalité de la maladie et oublie le concept de la prévention.
Nous devons reconnaître l’efficacité de la pédagogie autochtone, qui favorise l’apprentissage en action.
Nous devons reproduire l’accent qui est mis sur les enfants et l’importance des voix des femmes et des aînés dans les gouvernements autochtones, et, surtout, le leadership inclusif : demander plutôt qu’ordonner.
L’an dernier, j’ai été très fière, en tant que Canadienne, lorsque Jody Wilson-Raybould, notre ministre de la Justice et procureure générale du Canada, fière membre de la nation Kwakwaka'wakw, s’est adressée à cette chambre.
J’ai maintenant l’honneur de faire partie d’un comité du Cabinet qu’elle préside et qui a reçu du premier ministre le mandat d’examiner l’ensemble des politiques et des lois fédérales de notre pays qui sont liés aux peuples autochtones.
Nous modifierons les lois écrites sur un ton paternaliste et colonial, et nous établirons les directives que le premier ministre a données à tous les ministres de son cabinet.
Dans une lettre de mandat envoyé à chacun de nous, le premier ministre a affirmé ceci :
« Aucune relation n’est plus importante pour moi et pour le Canada que la relation avec les peuples autochtones. Il est temps de renouveler la relation de nation à nation avec les peuples autochtones pour qu’elles soient fondées sur la reconnaissance des droits, le respect, la collaboration et le partenariat. »
Les dirigeants autochtones qui ont assisté à la rencontre préparatoire de ce forum m’ont demandé de saisir cette occasion pour rétracter officiellement les préoccupations du Canada concernant les paragraphes 3 et 20 du Document final de 2014 issu de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones.
C’est ce que fait le Canada aujourd’hui.
Ces paragraphes, qui renvoient au consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, vont au cœur de la Déclaration.
Au Canada, nous comprenons que la réconciliation doit englober toute la population. Ce n’est pas seulement une question autochtone. Pour nous, il s’agit d’un impératif canadien.
Dans les écoles, on enseigne maintenant que nous sommes tous visés par les traités. Les peuples autochtones et les colons ont signé ces traités et accords. Nous devons les respecter, et lorsqu’il n’en existe pas, nous sommes déterminés à trouver de nouvelles façons de reconnaître les droits et la compétence autochtones.
Je suis fière de compter neuf députés et sénateurs parmi la délégation canadienne ici dont sept sont autochtones.
J’aimerais tout particulièrement saluer les députés et les sénateurs autochtones, mais aussi Perry Bellegarde, le chef national de l’Assemblée des Premières Nations; Natan Obed, le président d’Inuit Tapiriit Kanatami; et Clem Chartier, le président de la Nation métisse du Canada, nos partenaires dans ce cheminement.
Tant de dirigeants autochtones de notre pays ont joué un rôle important ici même aux Nations Unies.
Le grand chef Edward John et le grand chef Willie Littlechild se sont battus pendant longtemps pour cette déclaration.
Leurs activités continues de sensibilisation et leurs conseils sur la mise en œuvre de ces droits reconnus sont inspirantes.
L’honorable Louise Arbour, à titre de haute commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a beaucoup insisté à Genève pour que les négociations sur la Déclaration des Nations Unies soient achevées et soutenues.
Elle a piloté son adoption au Conseil des droits de l’homme.
Je tiens à souligner aujourd’hui le travail inestimable réalisé par mon distingué collègue Romeo Saganash, député au Parlement canadien.
Son travail lors des négociations liées à la Déclaration a commencé il y a plus de 30 ans.
Ses efforts ont permis de faire comprendre qu’en raison de son importance, en tant que feuille de route vers la réconciliation, la Déclaration ne devrait pas être considérée comme une question partisane.
Il est essentiel qu’ici aux Nations Unies, nous soyons en mesure d’entendre toutes les voix.
Nous ne pouvons plus écouter seulement les gouvernements. Les voix des partis d’opposition et des dirigeants autochtones sont impératives pour bien faire les choses, mais aussi pour s’assurer que les progrès sont maintenus.
La reconnaissance et la décolonisation représentent des cheminements continus. En tant que gouvernements, nous devrons toujours écouter et prendre en considération les conseils des peuples autochtones lorsqu’il faut changer de cap.
L’impression donnée doit être celle d’un partenariat. D’un parcours commun.
La partialité politique et l’idéologie demeurent des obstacles.
Aujourd’hui, je tiens à affirmer l’appui sans équivoque du Canada, à la représentation des nations autochtones autonomes à l’Assemblée générale des Nations Unies.
Nous remercions le grand chef Ed John de son leadership et de ses efforts de sensibilisation pour cette prochaine étape importante.
Puisque nous nous parlons sur un pied d’égalité, je tiens à ce qu’il soit clair qu’il est essentiel qu’il y ait des jeunes avec nous à cette table.
Comme le dit notre premier ministre, les jeunes ne sont pas seulement notre avenir, ils sont aussi notre présent.
Ils sont notre conscience. Le Canada a besoin de leur leadership. Les Nations Unies ont besoin de leur leadership.
Pour terminer, j’aimerais raconter une histoire parallèle à notre parcours vers la réconciliation et la reconnaissance des droits autochtones.
L’été dernier, j’ai pagayé pendant trois heures sur la rivière Saskatchewan Nord avec des jeunes d’une collectivité qui avait subi une terrible tragédie.
Notre canot a heurté un énorme rocher. Nous nous sommes retrouvés dans des eaux si peu profondes que nous avons dû sortir et transporter à pied notre canot jusqu’à des eaux plus profondes, mais le courant nous était favorable et nous nous sommes rendus à bon port.
Nous pouvons y arriver. Le monde doit prêter attention à la sagesse et au leadership qui émanent de ce forum. Au nom du Canada, je remercie chacun de vous.
Merci, thank you, meegwetch, qujannamiik, marsi et mahsi cho.