Résumé des coprésidents à la suite de la réunion de Vancouver des ministres des Affaires étrangères sur la sécurité et la stabilité dans la péninsule coréenne

Déclarations

Le 16 janvier 2018, les ministres des Affaires étrangères et les représentants de 20 pays de partout au monde se sont réunis à Vancouver, au Canada, pour affirmer la solidarité de la communauté internationale envers les actions illégales et dangereuses de la Corée du Nord, pour faire progresser les efforts diplomatiques visant à faire de la péninsule coréenne un endroit stable, sûr et exempt d’armes nucléaires. Près de sept décennies après que ces États eurent intensifié leurs efforts pour rétablir la stabilité dans la péninsule coréenne, les ministres ont déclaré unanimement que la Corée du Nord ne sera jamais acceptée comme puissance nucléaire. De même, ils se sont engagés à maintenir la pression, voire à renforcer le régime de sanctions, dans le but de la ramener à la table des négociations. Ils sont déterminés à maintenir ces mesures jusqu’à ce que le pays change de cap et prenne des mesures décisives et irréversibles pour en arriver à la dénucléarisation. Tous se sont accordés toutefois pour dire qu’une solution diplomatique est essentielle et possible.

2. Les ministres ont reconnu que des pays comme la Chine et la Russie ont un rôle important et une responsabilité particulière à jouer afin de contribuer à une solution à long terme pour la péninsule coréenne. Ils ont accueilli favorablement le fait que les États-Unis et la Corée du Nord ont déclaré ne nourrir aucune intention hostile à l’égard de la Corée du Nord, ni vouloir provoquer de changement de régime, l’instabilité ou l’unification accélérée de la péninsule coréenne. Une Corée du Nord qui démantèle complètement, de manière vérifiable et irréversible son programme nucléaire peut occuper une place sûre au sein de la communauté internationale. Une telle décision contribuerait à la sécurité et au développement économique de la Corée du Nord, ainsi qu’à un avenir prometteur, plus sûr et plus prospère pour son peuple. Il ne tient qu’à la Corée du Nord de choisir son propre avenir.

Non-prolifération

3. Les ministres ont souligné que les essais nucléaires et lancements de missiles balistiques, irresponsables, de la Corée du Nord constituent une menace sérieuse et croissante pour la Corée du Nord, la région Asie-Pacifique et le monde. Au cours de la dernière année seulement, la Corée du Nord a effectué son plus important essai d’un dispositif nucléaire à ce jour, a lancé à des fins d’essai trois missiles balistiques intercontinentaux et envoyé, à deux reprises, des missiles balistiques au-dessus du territoire japonais, mettant ainsi en danger la sécurité de la population japonaise et causant de graves risques à la circulation aérienne civile internationale. Ces actions contreviennent aux résolutions successives adoptées par le Conseil de sécurité des Nations Unies, ce qui témoigne clairement du mépris de la Corée du Nord à l’égard du droit international.

4. Les ministres ont reconnu que, en plus de faire progresser ses programmes d’armes de destruction massive (ADM) et de vecteurs de missiles, la Corée du Nord se livre depuis longtemps et secrètement au trafic d’armes conventionnelles pour générer des revenus lui permettant de financer ses propres programmes illicites et saboter le régime mondial de non-prolifération. Lorsque la Corée du Nord ressentira les effets des sanctions, elle dépendra davantage des activités criminelles parrainées par l’État, comme, entre autres, des activités cybernétiques en vue de financer ses programmes d’ADM. Les cyberattaques et autres activités cybernétiques malveillantes d’origine nord-coréenne présentent un risque pour l’infrastructure essentielle des pays du monde entier et l’économie mondiale. Les ministres ont aussi évoqué quelques expériences de vérifications de garanties menées par l’Agence internationale de l’énergie atomique en Corée du Nord.

Sanctions

5. Les ministres ont fait remarquer que les sanctions sont un outil diplomatique visant à créer le climat voulu pour en arriver à une solution négociée. Ils ont rappelé que le Conseil de sécurité des Nations Unies avait adopté dix résolutions distinctes qui ont mené à la mise en œuvre d’un régime complet de sanctions dont le but est d’empêcher la Corée du Nord de faire progresser davantage ses programmes de développement d’ADM. Les ministres ont accueilli les mesures prises par la Chine et la Russie pour se conformer aux sanctions de l'ONU et ont fait appel à tous les États à appliquer pleinement ces mesures. Les ministres ont rappelé que ces sanctions n’ont pas pour but de nuire à la population nord-coréenne, tout en faisant remarquer que Pyongyang a constamment fait passer ses programmes d’armement illicites avant les besoins de sa population, notamment durant la période précédant les sanctions imposées par les Nations Unies.

6. Les ministres ont fait remarquer que cette initiative internationale entraîne certaines conséquences : les sources de financement se tarissent, les responsables de la prolifération sont de moins en moins capables de voyager et d’abuser du système bancaire international, et il est plus difficile pour la Corée du Nord de déployer des représentants à l’étranger pour recueillir des fonds. Or, les systèmes de la Corée du Nord lui permettant de contourner les sanctions sont sophistiqués et continuent d’évoluer, ce qui nécessite une vigilance constante et la prise de mesures déterminées.

Diplomatie

7. Les ministres ont favorablement accueilli le récent dialogue intercoréen et l’intention déclarée de la Corée du Nord de participer aux Jeux olympiques et paralympiques d’hiver à Pyeongchang. Ils disent espérer que cela mènera à la tenue de Jeux pacifiques, au relâchement des tensions dans la péninsule coréenne, à une amélioration des relations intercoréennes et pourparlers sur le processus de dénucléarisation.

8. Les coprésidents ont insisté sur le fait que la société civile et les organismes non gouvernementaux ont un important rôle à jouer en appuyant les efforts susceptibles de favoriser les conditions voulues pour en arriver à une solution diplomatique. Plus particulièrement, ils ont souligné le rôle essentiel des femmes et des organismes de femmes dans la recherche d’une solution au conflit et l’atteinte d’une paix durable.

9. Les ministres ont exprimé leur inquiétude du fait que, selon la Commission des Nations Unies chargée d’enquêter sur les violations des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée, celle-ci a porté atteinte aux droits de sa propre population, et ce, de façon sérieuse, systématique et à grande échelle. À cet égard, ils ont mis en évidence le coût humain à long terme du conflit qui perdure dans la péninsule coréenne et dont les familles divisées et les victimes d’enlèvement et leur famille font les frais. La Corée du Nord continue malheureusement d’accorder la priorité à ses programmes d’ADM et de missiles balistiques, malgré les coûts humanitaires que cela engendre.

10. Les ministres appellent la Corée du Nord à mettre en place les conditions voulues pour entamer un dialogue en mettant fin à ses actes de provocation et en respectant ses obligations internationales. Ils font également remarquer que nul ne doit s’attendre à entamer des négociations significatives avant que Pyongyang ne prenne des mesures sincères et tangibles sur le plan de sa dénucléarisation. Ensemble, les ministres sont convenus d’appliquer la gamme complète des mesures à leur disposition pour faire clairement comprendre à la Corée du Nord qu’une solution diplomatique menant à sa dénucléarisation entière, vérifiable et irréversible est sa seule option viable.

Prochaines étapes

11. Les ministres ont fait remarquer qu’il faut régler la question de l'instabilité de manière urgente. Afin de persuader la Corée du Nord d'abandonner ses visées actuelles et de créer des conditions propices au dialogue, ils ont affirmé leur détermination collective à adopter les mesures concrètes suivantes :

  • agir de manière à favoriser les progrès dans le dialogue intercoréen dans l'espoir qu'il conduise à un apaisement durable des tensions,
  • se tenir prêt à soutenir une solution politique et encourager la Chine à contribuer à ce résultat,
  • travailler en étroite collaboration avec les partenaires régionaux et internationaux, dont la Chine et la Russie, pour assurer la mise en œuvre intégrale et efficace des sanctions existantes envers la Corée du Nord, notamment en renforçant l'échange d'information et en accordant un soutien accru au groupe d'experts de l’ONU pour contrer les tentatives du pays de se soustraire aux sanctions,
  • renforcer davantage la campagne de pressions internationales grâce à la diplomatie auprès des États qui n'ont pas la volonté politique de mettre en œuvre des sanctions,
  • aider à renforcer la capacité mondiale afin d’appliquer efficacement les sanctions et d’empêcher le financement de la prolifération, en outre au moyen d’activités criminelles et cybernétiques,
  • rompre les liens financiers liés à tous les programmes d'ADM de la Corée du Nord, notamment en renforçant la coordination dans la région et à l'échelle internationale,
  • empêcher la Corée du Nord de se livrer à la contrebande maritime, conformément aux dispositions des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, entre autres en prenant des mesures pour mettre un terme au recours illégal d'activités de transbordement de navire à navire,
  • convenir d'envisager de prendre des mesures pour imposer des sanctions unilatérales et d'autres mesures diplomatiques allant au-delà de celles exigées par les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU,
  • entamer des initiatives préparatoires de détermination des principes et des exigences d'un mécanisme de vérification suffisant pour garantir le démantèlement complet et irréversible de tous les programmes d'ADM de la Corée du Nord et de ses systèmes d’exécution connexes,

12. La réunion des ministres des Affaires étrangères à Vancouver prouve que la Corée du Nord représente un défi de la plus haute priorité en matière de sécurité pour la communauté internationale. Les ministres ont convenu de travailler individuellement et collectivement pour appuyer l’ONU dans ses efforts afin de rendre la péninsule coréenne stable, sûre et exempte d’armes nucléaires.

Vancouver, Canada
16 janvier 2018 

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