Déclaration de la Coalition pour la liberté des médias à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse

En cette Journée mondiale de la liberté de la presse, nous, les membres soussignés de la Coalition pour la liberté des médias, rendons hommage aux journalistes et aux professionnels des médias du monde entier pour le travail qu’ils accomplissent en informant le public, en dénonçant des actes répréhensibles, en révélant des histoires inédites et en demandant aux puissants de rendre des comptes.

Nous célébrons aujourd’hui le 30^e anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Dans la recommandation adoptée par l’UNESCO qui a conduit à l’instauration de cette journée, il est déclaré qu’ « une presse libre, pluraliste et indépendante est une composante essentielle de toute société démocratique ». Cela n'a jamais été aussi vrai qu'aujourd'hui. Les démocraties ne peuvent fonctionner sans journalistes qui surveillent les gouvernements et relayent des informations précises sur les possibilités et les défis auxquels la société est confrontée.

Le journalisme indépendant est également essentiel à la pleine jouissance des droits de la personne, comme l’indique clairement le thème de la Journée mondiale de la liberté de la presse de cette année : « Façonner un avenir des droits : La liberté d’expression, clé de voûte des droits humains ». Les informations transmises par les journalistes peuvent aider les citoyens à mieux comprendre et à obtenir la pleine protection de leurs droits inhérents. Lorsque des libertés fondamentales sont bafouées, ce sont souvent les journalistes qui sont les premiers à en faire état.

En tant que partenariat mondial regroupant 51 pays des six continents, la Coalition pour la liberté des médias est fermement convaincue que les journalistes et les professionnels de la presse doivent être libres de mener à bien leur travail d’une importance cruciale, et nous restons profondément préoccupés par la multitude de menaces et de défis auxquels ils sont confrontés, tant hors ligne qu’en ligne.

En effet, les journalistes, dans toute leur diversité, sont victimes d’agressions physiques, de discours haineux et d’abus en ligne. Les journalistes en situation de vulnérabilité peuvent être confrontés à des formes multiples et croisées de discrimination et de harcèlement, notamment en raison de leur identité de genre, de leur appartenance ethnique, de leur orientation sexuelle ou de leur handicap. Les femmes journalistes sont ciblées de manière disproportionnée en ligne, tandis que le nombre de femmes journalistes tuées est en augmentation. L’impunité pour les crimes commis à l’encontre des journalistes reste beaucoup trop élevée : 9 meurtres de journalistes sur 10 restent impunis. Des entreprises et des individus puissants continuent d’abuser du système juridique pour faire taire les journalistes qui tentent de les dénoncer ou pour les décrédibiliser. Selon l’UNESCO, des lois pénales sur la diffamation restent en vigueur dans 80 % des pays, tandis que d’autres lois sans rapport avec l’activité journalistique sont de plus en plus utilisées pour étouffer et faire taire les reportages indépendants.

L’information trompeuse et la désinformation, y compris la désinformation fondée sur le genre, continuent d’éroder la confiance dans les médias et de servir de prétexte à la répression. Les entreprises puissantes, y compris les plateformes de médias sociaux, n’ont pas toujours pris les mesures adéquates pour promouvoir l’intégrité de l’information, ce qui a contribué au déclin de la confiance du public dans le journalisme. De nombreux médias du monde entier luttent pour rester financièrement viables dans un environnement commercial difficile où les recettes publicitaires diminuent. Les journalistes doivent être rémunérés équitablement pour leur travail.

Aujourd’hui, la Coalition pour la liberté des médias rend hommage à tous les journalistes et travailleurs de la presse, ainsi qu’au travail vital qu’ils accomplissent. Nous rendons particulièrement hommage aux journalistes qui sont persécutés ou injustement détenus simplement pour avoir fait leur travail, et à ceux qui ont été contraints de fuir leur pays d’origine et de poursuivre leur important travail à l’étranger. Ces journalistes sont une source d’inspiration pour nous tous.

Les membres de la Coalition appellent les gouvernements à mettre fin à la répression et aux agissements visant à étouffer le journalisme indépendant sous toutes ses formes, y compris l’utilisation d’une rhétorique incendiaire sur les médias, et à créer des environnements propices à l’épanouissement d’une presse libre et indépendante.

La Coalition pour la liberté des médias félicite les gouvernements qui ont pris des mesures concrètes pour faire progresser la liberté de la presse, dans leur pays ou à l’étranger, que ce soit par des réformes juridiques et politiques, des actions des ambassades, des financements et d’autres formes de soutien aux médias indépendants, ou en offrant un refuge sûr aux journalistes qui ont fui leur pays. Nous encourageons les gouvernements à écouter les journalistes et la presse, ainsi que les organisations de la société civile qui les représentent, afin de s’assurer que leurs propres actions en faveur de la liberté de la presse sont bien informées et coordonnées.

La Coalition pour la liberté des médias réaffirme son engagement à défendre la liberté de la presse, qui est essentielle à la sécurité, à la prospérité et au bien-être de toutes les sociétés.  

Allemagne, Argentine, Australie, Autriche, Bélize, Bostwana, Bulgarie, Canada, Chili, Chypre, Costa Rica, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, États-Unis, Finlande, France, Ghana, Grèce, Guyane, Honduras, Irlande, Islande, Italie, Japon, Kosovo, Lettonie, Liban, Lituanie, Luxembourg, Macédoine du Nord, Monténégro, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Portugal, République de Corée, République tchèque, Royaume-Uni, Serbie, Seychelles, Sierra Leone, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Ukraine, Uruguay