Déclaration des femmes ministres des Affaires étrangères sur les violations continues et systématiques des droits de la personne en Afghanistan
Déclaration
Le 15 février 2025 – Ottawa (Ontario) – Affaires mondiales Canada
Le mardi 11 février 2025, l'honorable Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada, a présidé une réunion des femmes ministres des Affaires étrangères, durant laquelle la gravité de la situation des femmes et des filles en Afghanistan a été discutée.
Les ministres des Affaires étrangères d'Andorre, de l'Australie, du Canada, de la Colombie, de l'Équateur, de la Finlande, de la Géorgie, de l'Allemagne, de l'Islande, de la Jamaïque, du Kosovo*, de la Lettonie, du Liechtenstein, de Monaco, de la Mongolie, de la Slovénie, de la Suède, ainsi que la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, ont publié aujourd'hui la déclaration suivante :
« Aujourd'hui, des femmes ministres des Affaires étrangères venant du monde entier se sont réunies pour discuter et réaffirmer leurs profondes préoccupations concernant les violations et abus constantes et systématiques des droits de la personne commises en Afghanistan par les autorités de facto, les talibans, en particulier envers les femmes et les filles.
« Depuis notre réunion historique organisée conjointement par le Canada et la Jamaïque à Toronto les 19 et 20 septembre 2024, les talibans ont encore érodé les droits des femmes et des filles en Afghanistan. À chaque décret, les talibans restreignent encore plus l’accès des femmes et des filles aux aspects fondamentaux de la vie publique, tels que l’éducation, les soins de santé, l’emploi et la participation à la société. L’Afghanistan est le pays dans le monde où les femmes sont le plus opprimées, une sombre réalité à laquelle nous ne pouvons rester indifférents.
« Nous condamnons le décret des talibans de décembre 2024 interdisant la formation médicale pour les femmes et les filles, y compris dans des domaines essentiels à la santé des femmes et des enfants, comme les soins infirmiers et la profession de sage-femme. Les professionnelles afghanes de la santé jouent un rôle crucial pour assurer la prestation de soins adéquats en santé des mères et en soins prénataux, la vaccination des enfants et l’accès des communautés à des services de santé essentiels. Si rien n’est fait, l’Afghanistan perdra une génération de femmes professionnelles de la santé, dans une société où les normes culturelles exigent souvent que les femmes soient soignées exclusivement par d’autres femmes. Cette situation met gravement en péril la santé et le bien-être des Afghanes et des enfants afghans dans un pays affichant déjà l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés du monde.
« De plus, l’exclusion systématique des filles de l’école par les talibans, qui interdisent notamment aux filles de faire des études au-delà de la sixième année, prive des millions de femmes et de filles de leur droit à l’éducation. L’Afghanistan est, et reste, le seul pays du monde où les femmes et les filles ne peuvent pas aller à l’école secondaire ni faire des études supérieures. Il s’agit non seulement là d’une tragédie personnelle pour chaque jeune fille afghane, mais aussi d’une atteinte globale au développement à long terme, à la croissance économique et à la prospérité, ainsi qu’à la stabilité générale de l’Afghanistan.
« Nous dénonçons les prétendues “lois sur la moralité” des talibans et appelons à l’abrogation de ces mesures qui ont exacerbé les restrictions visant déjà les femmes et les filles afghanes. Ces décrets visent littéralement à réduire au silence les femmes et les filles afghanes et à les confiner chez elles. Il n’y a pas d’avenir viable – pas de paix, de prospérité ou de légitimité à long terme – pour tout État qui cherche à exclure les femmes de la vie publique. Nous saluons donc les rapports, résolutions et discussions dans le cadre du Conseil des droits de l'homme concernant ces décrets et leurs effets limitant les droits fondamentaux, inaliénables et inhérents des femmes et des filles afghanes.
« Nous appelons les autorités talibanes de facto à respecter et à remplir les obligations juridiques internationales de l’Afghanistan, y compris celles énoncées dans la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). Pour ce faire, il leur faut lever les mesures restrictives imposées aux femmes et aux filles, en particulier en ce qui concerne les droits à la liberté de circulation, à la liberté d’opinion et d’expression, à la liberté de religion et de conviction et à l’éducation, et rétablir le droit des femmes et des filles à participer véritablement à tous les aspects de la vie publique.
« Le 25 septembre 2024, le Canada, l’Australie, l’Allemagne et les Pays-Bas ont annoncé dans une déclaration commune qu’ils avaient pris des recours officiels pour tenir l’Afghanistan responsable de ses actes au titre de la CEDAW. Cette initiative est aujourd’hui soutenue par 25 autres pays.
« Nous soutenons également fermement la Cour pénale internationale en tant que mécanisme essentiel dans la lutte contre l’impunité.
« Nous savons qu’un Afghanistan pacifique et stable n’est possible que si tous les Afghans, y compris les femmes et les filles, peuvent participer pleinement à l’avenir du pays et y contribuer. Cela comprend les discussions et la prise de décisions qui se déroulent à l’intérieur du pays, mais aussi sur la scène internationale. Par conséquent, nous encourageons tous les pays à plaider en faveur de la participation pleine, égale, véritable et en toute sécurité des Afghanes aux discussions sur l’avenir de l’Afghanistan, y compris au processus de Doha facilité par l’ONU. Nous appelons également les talibans à faciliter un processus politique inclusif et représentatif de la diversité de l’Afghanistan.
« Les Afghanes ont démontré à maintes reprises qu’elles n’abandonneront pas le combat pour revendiquer leurs droits, malgré la violente répression exercée par les talibans. Elles font preuve d’un courage incroyable, et nous ne devons pas les abandonner. Nous continuerons d’amplifier et de soutenir le travail primordial de ceux et celles qui défendent les droits de la personne et jouent un rôle dirigeant au sein de la société civile, et dont la résilience et le courage nous inspirent tous et toutes. »
[Note de bas de page : Kosovo (*) – Cette désignation est sans préjudice des positions sur le statut et est conforme à la résolution 1244/1999 du Conseil de sécurité des Nations Unies et à l’avis de la Cour internationale de justice sur la déclaration d’indépendance du Kosovo.]
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