Rencontrez l’auteure du rapport sélectionné en première place présenté dans le cadre de l’édition 2024 du concours national de rédaction pour les étudiants de l’ACFC
Khushi Toprani décrit sa proposition visant à accroître la résilience financière des nouveaux arrivants.

« Ma mission est de m’assurer que les nouveaux arrivants au Canada ont accès aux ressources financières dont ils ont besoin pour s’épanouir. »
Khushi Toprani
Qui je suis :
Khushi Toprani, quatrième année de baccalauréat, Faculté de gestion Desaultels de l’Université McGill
Le problème que je veux résoudre :
Je choisis de me concentrer, du point de vue des immigrants, sur la priorité suivante de la Stratégie nationale pour la littératie financière : « Améliorer l’accès à une aide financière fiable et abordable ». Je voulais vraiment poser aux immigrants les questions suivantes : Quel est leur rêve canadien? Obtiennent-ils l’aide et les ressources financières dont ils ont besoin? Le cas contraire, qu’est-ce qui les en empêche?
Ma motivation :
Ayant vécu en Inde et au Canada, j’ai personnellement pu constater les occasions et défis uniques qui sont associés au fait d’être une étudiante internationale et une immigrante. C’est une expérience qui vous ouvre les yeux sur les lacunes des systèmes de soutien à l’intention des nouveaux arrivants, qu’il s’agisse de l’exploration des processus simples, comme l’obtention d’un numéro d’assurance sociale, ou de la compréhension des complexités des impôts.
Grâce à mes parents, j’ai eu la chance d’avoir un solide réseau de soutien. Cependant, j’ai vu beaucoup d’autres personnes éprouver des difficultés parce qu’elles n’avaient pas accès aux mêmes ressources. Cette iniquité nourrit ma passion : concevoir des solutions et militer pour créer des conditions plus équitables. Le parcours de mes parents m’interpelle profondément — ils ont fait face à des défis immenses en tant qu’immigrants au Canada qui avaient deux enfants à élever et dépendaient de la communauté pour combler les lacunes. Leur expérience m’a montré l’importance des réseaux de soutien, ainsi que la résilience dont il faut faire preuve pour s’adapter à la vie dans un nouveau pays.
Ma mission consiste à m’inspirer de ces expériences pour créer des retombées significatives, en veillant à ce que les autres aient accès aux outils et ressources dont ils ont besoin pour s’épanouir dans leurs nouveaux environnements.
Mon approche :
Comme j’étudie dans le domaine de l’analyse stratégique et de l’analytique de gestion, je voulais que mes recommandations prennent appuient sur l’éclairage que les données peuvent apporter dans une perspective stratégique. Les évaluations des données sur le bien-être financier sont plutôt rares, et c’est particulièrement le cas quand il est question des immigrants. C’est pourquoi la consultation des ensembles de données du Suivi mensuel du bien-être financier et de l’Enquête canadienne sur les capacités financières de l’ACFC était au cœur de mon approche et m’a permis de faire d’excellentes observations fondées sur les données. J’ai utilisé une technique d’apprentissage machine nommée « regroupement » qui permet de regrouper des données non étiquetées en fonction de similitudes. De cette manière, j’ai identifié trois sous-groupes d’immigrants dans les ensembles de données.
Mon plus gros défi :
J’avais suivi un cours universitaire sur le regroupement de données, mais j’ai eu beaucoup de difficulté à accomplir cette tâche avec un grand ensemble de données. Il y avait tellement de variables parmi lesquelles choisir. Il y avait des variables démographiques et financières, de même que des questions subjectives comme « À quelle fréquence oubliez-vous de payer vos factures? ». Il y avait même des données sur ce que les immigrants veulent apprendre au sujet de leurs finances. Le processus de regroupement m’a pris vraiment beaucoup de temps.
Mon moment de révélation :
Répartir les données sur les immigrants en sous-groupes m’a permis de faire une observation intéressante. Les données ont montré que le sous-groupe de personnes affichant le plus haut niveau de stress financier et ayant le plus besoin d’une intervention était celui des immigrants dont les revenus sont les plus élevés, alors que j’avais présumé que les gens faisant partie de ce groupe allaient être ceux qui sont les moins stressés financièrement. Les membres de ce sous-groupe ont du succès dans leur carrière, mais ont du mal à payer leurs factures à temps, à respecter leur budget et à gérer leurs dépenses. Les données suggèrent que les membres de ce sous-groupe ont les besoins financiers les plus importants parce qu’ils ont de jeunes enfants, et non seulement parce qu’ils sont nouveaux au Canada. Ces personnes cherchent de l’aide financière fiable et abordable sur le Web au lieu de faire appel à des conseillers financiers ou à une banque. Il ressort de mon analyse que les gens faisant partie de sous-groupe pourraient être mentalement épuisés et avoir du mal à prendre des mesures susceptibles d’améliorer leur situation financière tellement ils sont débordés au quotidien.
Ma solution :
Ma première recommandation est de veiller à ce que les ressources existantes en matière financière soient offertes dans les endroits où les nouveaux arrivants ayant de jeunes enfants sont susceptibles de se rendre, comme les bibliothèques et les centres communautaires. Je veux ainsi réduire le fardeau que représente l’accès à ces ressources pour les nouveaux arrivants, parce qu’ils n’ont pas le temps de les chercher.
Ma deuxième recommandation est d’avoir un programme de mentorat mettant en contact les nouveaux arrivants avec des immigrants plus âgés. Mon analyse de données a montré qu’il existe deux autres sous-groupes d’immigrants au Canada qui pourraient être en mesure de fournir de l’information et du soutien aux nouveaux arrivants. Les personnes faisant partie de ces sous-groupes ont immigré au Canada dans les années 1960, se sont adaptées à la vie au Canada, et n’ont généralement plus de personnes à charge. Elles ont un niveau plus élevé de bien-être financier. Elles ont beaucoup de vécu dont elles pourraient faire profiter les nouveaux arrivants.
Ma troisième recommandation est d’avoir un programme pour enseigner aux nouveaux arrivants les concepts financiers clés qu’ils veulent apprendre. Les données montrent qu’ils veulent se renseigner sur les régimes enregistrés d’épargne-études parce qu’ils ont des enfants, et qu’ils veulent également améliorer leur compréhension des impôts. Ma proposition est la suivante : une plateforme numérique avec de courtes vidéos captivantes permettant aux gens d’apprendre à leur rythme et comportant des fonctionnalités interactives pour mettre en contact les nouveaux arrivants avec des immigrants plus âgés ayant des expériences vécues. Cette approche à deux volets permettrait d’assurer l’accessibilité et de fournir des conseils financiers pratiques et adaptés sur le plan culturel.
Et maintenant?
Mon rapport a été publié! J’aurais ensuite la chance de présenter ma recherche à des spécialistes du domaine de la protection des consommateurs de produits et services financiers. J’ai vraiment hâte. Je veux remercier mes superviseures, Antonia Gieschen, Ph. D., et Laurette Dubé, Ph. D., pour leurs précieux commentaires et conseils tout au long du processus de recherche.
Pour ce qui est de l’avenir, je déborde d’enthousiasme à l’idée de continuer à contribuer à la création de conditions équitables pour les immigrants qui sont actuellement désavantagés par les politiques.