Rencontrez l’auteur du meilleur article de deuxième cycle présenté dans le cadre de l’édition 2025 du concours national des étudiants de l’ACFC
Malick Cisse décrit sa proposition pour aider les Canadiens à réduire leurs dépenses impulsives
« Je veux élaborer une intervention qui rétablira un sentiment de libre arbitre et de contrôle sur nos pulsions de dépenses dans une économie fondée sur les téléphones intelligents. »
Qui je suis :
Malick Cisse, candidat à la maitrise des affaires Rotman Business School, Université de Toronto
Le problème que je veux résoudre :
Je veux améliorer les habitudes d’épargne et la résilience financière à long terme en réduisant les achats impulsifs effectués au moyen d’un téléphone intelligent, un geste que les gens regrettent plus tard, selon la recherche. Aujourd’hui, bon nombre de personnes se sentent impuissantes face au contrôle de leurs dépenses, et je pense que cette situation est liée aux paiements mobiles et à la façon dont ils encouragent l’impulsivité. Les groupes d’intérêt qui détiennent les plateformes de commerce numérique compatibles avec les téléphones intelligents ont constaté qu’ils peuvent se servir de ces appareils pour modifier le comportement humain d’une manière importante et profitable. Ils le font en emmenant les consommateurs à adopter certains comportements et en misant sur des transactions limpides effectuées au moyen de paiements sans contact et de portefeuilles mobiles, et ce, pour que rien ne vienne ralentir l’élan des dépenses. La fluidité de l’expérience utilisateur sur les téléphones intelligents encourage les dépenses excessives.
Ma motivation :
J’utilise assidument mon téléphone intelligent, qui est essentiellement devenu le prolongement de mon identité individuelle. Mon idée pour le concours national de rédaction pour les étudiants a été influencée par l’article de recherche de mon professeur, qui soutient que les téléphones intelligents mènent à l’épuisement cognitif; ils érodent notre mémoire de travail, les réserves cognitives dont nous avons besoin pour résister aux dépenses et notre capacité à jauger les compromis à long terme. L’épuisement cognitif est une bonne description de ce qui m’arrive lorsque j’utilise la technologie. J’ai donc décidé d’explorer des solutions.
Mon approche :
J’ai décidé de revoir du tout au tout le concept d’incitation comportementale. Au lieu d’utiliser les incitations à des fins commerciales, je veux les utiliser pour normaliser une prise de conscience autour de l’argent—non pas d’une manière qui gêne les personnes, mais d’une façon qui les aide à prendre conscience de la place qu’occupent les dépenses dans la vie de tous les jours. Je voulais trouver une approche qui, plutôt que d’éliminer tous les obstacles aux transactions, en conserve quelques-uns afin de permettre au consommateur de prendre une pause avant de passer à la caisse. De cette façon, on évite de trop compliquer les choses, car le vrai problème est l’absence totale d’obstacles. Mon but est de créer un espace pour la prise de conscience, une pause qui permet de réfléchir et de se dire « Peut-être que je pourrais réduire un peu mes dépenses ».
Ma solution :
La solution est relativement simple. L’idée consiste en la mise en place de « points de contrôle des dépenses » qui viendraient interrompre momentanément les dernières étapes d’un achat en ligne. Les points de contrôle offriraient aux utilisateurs un aperçu de leurs récentes dépenses en ligne et leur présenteraient diverses données, comme le montant de dépassement de leur budget mensuel. Après avoir pris connaissance de cette information, les utilisateurs auraient la possibilité de s’arrêter un bref instant avant de terminer leurs achats. Par exemple, un utilisateur qui fait un achat à une heure tardive pourrait recevoir une notification lui indiquant « Vos achats en ligne s’élèvent à 182 $ cette semaine. Aimeriez-vous prendre une pause de 5 minutes? ». Mon objectif avec les « points de contrôle des dépenses » est de rejoindre les consommateurs dans ces instants éphémères, au moment où un pas de recul est plus que nécessaire et le plus susceptible de porter ses fruits. Les interventions comportementales, comme les incitations, ont un effet optimal lorsqu’elles sont réalisées dans des moments de vulnérabilité ou de pression décisionnelle, et non après les faits. En incitant les utilisateurs à s’arrêter et à reconsidérer leurs choix, soit au moyen d’une pause de courte durée ou d’une visualisation claire de leurs habitudes de dépenses, l’intervention neutralise l’épuisement cognitif causé par l’utilisation d’un téléphone intelligent.
Mon plus gros défi :
Il peut être difficile de trouver des entreprises disposées à adopter le point de vue de consommateurs lorsqu’il est question des incitations, car ce que les entreprises veulent avant toute chose, c’est que les consommateurs dépensent toujours plus. à mon avis, si une entreprise adopte ouvertement une vision ayant pour but de me simplifier la vie plutôt que d’essayer de me contrôler, j’aurai plus tendance à l’encourager. Je pense donc que les entreprises comprendront que les incitations comportementales comme les « points de contrôle des dépenses » leur procureront un avantage concurrentiel. Dans mon travail, je propose quatre principaux environnements possibles d’application des « points de contrôle des dépenses », à savoir les plateformes de technologie financière, les systèmes d’exploitation mobiles, les services « Achetez maintenant, payez plus tard » et les détaillants canadiens. L’idéal serait que les grandes entreprises de technologie qui offrent des services de paiement intègrent les « points de contrôle des dépenses » dans leurs systèmes d’exploitation. Un précédent existe : en 2022, la banque centrale de Singapour a exigé de la part de tous les fournisseurs de services de paiement mobile qu’ils incluent des alertes de dépenses en temps réel, ce qui s’est traduit par une réduction de 14 % des transactions impulsives.
Dernières réflexions :
Ma suggestion pour améliorer les habitudes d’épargne en réduisant les dépenses impulsives au moyen de la technologie des téléphones intelligents ne vise pas à rendre les gens riches, mais plutôt à changer notre relation émotionnelle avec l’argent afin que nous ayons l’impression d’avoir un certain contrôle plutôt que de sentir que nous sommes à la merci de notre environnement. Si vous avez une application qui est un peu comme un allié qui vous aide au quotidien à prendre vos décisions en matière de dépenses, elle peut rétablir un peu de libre arbitre dans un monde où les téléphones intelligents sont entièrement fondés sur l’impulsion.
Lisez le meilleur article de deuxième cycle soumis dans le cadre de l’édition 2025 du concours national pour les étudiants (en anglais seulement).