CANAFE publie des indicateurs de blanchiment d’argent liés au commerce illégal d’espèces sauvages à l’appui du projet Anton
Communiqué de presse
31 janvier 2023 - Ottawa - Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE)
CANAFE a publié aujourd’hui une nouvelle alerte opérationnelle, intitulée Recyclage des produits de la criminalité liés au commerce illicite d’espèces sauvages, qui vise à aider les entreprises assujetties à la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes à mieux identifier et déclarer les opérations financières liées au blanchiment des produits de la criminalité associés au commerce illégal d’espèces sauvages. Ces déclarations faciliteront la production de renseignements financiers exploitables à l’appui des enquêtes des organismes d’application de la loi sur ce crime épouvantable et cruel au Canada et à l’étranger.
L’alerte opérationnelle de CANAFE a été élaborée à l’appui du projet Anton, un nouveau partenariat public-privé international visant à améliorer la sensibilisation et la compréhension de la menace mondiale que représente le commerce illégal d’espèces sauvages, et à cibler le blanchiment des produits de ce crime ignoble à l’échelle nationale et internationale. Le projet est nommé en l’honneur d’Anton Mzimba, chef de la sécurité à la Timbavati Private Nature Reserve et un conseiller technique en matière de conservation à l’échelle mondiale, qui a été assassiné en 2022 en raison de son courageux engagement à protéger et à conserver les espèces sauvages.
Le projet Anton est dirigé par la Banque Scotia et appuyé par le réseau The Royal Foundation United for Wildlife, qui a été fondé par le prince William, CANAFE, le Fintel Alliance d’AUSTRAC en Australie, le South African Anti-Money Laundering Integrated Task Force, l’unité du renseignement financier du Royaume-Uni, Western Union et de nombreuses autres organisations gouvernementales, d’application de la loi et non gouvernementales au Canada et dans le monde entier qui possèdent des connaissances, une expertise et des outils uniques pour lutter contre le commerce illégal d’espèces sauvages.
Le commerce illégal d’espèces sauvages constitue une menace grave et croissante pour l’environnement et la biodiversité au niveau mondial, mettant en péril des espèces menacées déjà en voie de disparition et menaçant des habitats, des communautés et des moyens de subsistance fragiles. Le commerce illégal d’espèces sauvages peut également avoir des répercussions importantes sur la santé publique, puisque la circulation de parties d’animaux augmente les risques de transmission de maladies et peut être un vecteur de pandémies.
Le Groupe d’action financière a identifié le commerce illégal d’espèces sauvages comme un crime organisé transnational important, qui génère des produits de la criminalité évalués à environ 20 milliards de dollars américains par année. Selon la Wildlife Justice Commission, le commerce illégal d’espèces sauvages est considéré comme une activité criminelle lucrative, à faible risque et à forte récompense, et implique souvent des systèmes de fraude, d’évasion fiscale et d’autres crimes graves qui facilitent l’entreprise illicite. Les groupes du crime organisé impliqués dans la criminalité liée aux espèces sauvages sont souvent aussi impliqués dans d’autres activités criminelles nationales et internationales telles que la traite de personnes, le trafic de drogues, le trafic d’armes à feu et le blanchiment d’argent.
Un rapport de 2020 de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime a souligné que des trafiquants illégaux d’espèces sauvages présumés de 150 pays différents avaient été identifiés, démontrant que la criminalité liée aux espèces sauvages est un problème mondial. En suivant l’argent et en générant des renseignements financiers exploitables pour les forces de l’ordre au Canada et dans le monde entier, le réseau mondial d’organisations des secteurs public et privé participant au projet Anton jouera un rôle clé pour aider à identifier, mener des enquêtes et traduire en justice les criminels – et des réseaux plus larges – liés au commerce illégal d’espèces sauvages.
Citations
« Le commerce illégal d’espèces sauvages est un crime effroyable et impitoyable commis pour des gains financiers et pour faire avancer d’autres entreprises criminelles. Il menace notre environnement, la santé publique, la prospérité ainsi que la sûreté et la sécurité de nos communautés. Avec nos partenaires dévoués du projet Anton au Canada et dans le monde entier, nous sommes déterminés à suivre l’argent et à tirer parti du pouvoir du renseignement financier pour aider à cibler, à perturber et à démanteler les réseaux criminels organisés qui profitent de cette activité illicite insidieuse. »
Sarah Paquet, directrice et présidente-directrice générale, CANAFE
« Le projet Anton est une étape importante dans la lutte contre le commerce illégal d’espèces sauvages et je suis fier du rôle de leader que la Banque Scotia a joué dans cette initiative. Grâce à notre expansion internationale et à notre collaboration au-delà des frontières et des disciplines, nous contribuons à mettre au jour ces crimes et à aider les organismes d’application de la loi et de réglementation à identifier les coupables. Le projet témoigne de la valeur que les renseignements financiers peuvent apporter pour aider à identifier les réseaux criminels qui cherchent à tirer profit de l’exploitation d’espèces vulnérables et menacées. » [Traduction]
Stuart Davis, vice-président exécutif, gestion des risques liés aux crimes financiers et chef de la lutte contre le blanchiment d’argent, Banque Scotia
« Le commerce illégal d’espèces sauvages est l’un des plus importants crimes financiers qui ravagent notre monde, mais lorsqu’il s’agit de le combattre, nous faisons rarement ce que nous faisons pour d’autres crimes graves : suivre l’argent pour découvrir et appréhender le syndicat du crime et saisir ses gains mal acquis. Les trafiquants exploitent effrontément les systèmes financiers mondiaux pour déplacer le produit de leurs crimes. À United for Wildlife, nous réunissons des partenaires des secteurs public, privé et non lucratif pour collaborer à la détection et à la perturbation de ces activités criminelles. Nous sommes ravis de soutenir le projet Anton, qui apporte de nouveaux partenaires à l’initiative et crée un engagement mondial supplémentaire pour lutter contre le commerce illégal d’espèces sauvages, et soutenir les espèces protégées, la biodiversité et les communautés affectées. » [Traduction]
David Fein, président, United for Wildlife Financial Taskforce
« Les criminels s’appuient sur les services financiers pour mener à bien leurs activités, qu’il s’agisse de trafic de drogue, d’êtres humains ou d’espèces sauvages. Le Fintel Alliance d’AUSTRAC met en commun les diverses capacités des agences gouvernementales et des institutions financières pour générer des renseignements financiers afin de perturber la criminalité, et a permis de cibler les syndicats du crime organisé transnational qui font le commerce d’espèces sauvages illégales. Des initiatives telles que le projet Anton renforcent l’impact qu’une coopération étroite entre les gouvernements et l’industrie peut avoir dans la lutte contre le crime. » [Traduction]
Nicole Rose, présidente-directrice générale, AUSTRAC
« L’odieux commerce illégal d’espèces sauvages et de produits dérivés a des effets profonds et durables qui, s’ils se poursuivent sans réserve, encourageront les criminels et les syndicats à intensifier leurs activités. Nous risquons tous de perdre des ressources précieuses et limitées dans la course au commerce illégal d’espèces sauvages. Pour cette raison et bien d’autres, nous ne devons jamais perdre de vue la nécessité de suivre l’argent et les flux financiers associés au commerce illégal d’espèces sauvages. Une connaissance et une compréhension approfondies de ce phénomène nous permettront de mieux comprendre les points de contact financiers des syndicats et des criminels. Leurs empreintes financières sont ce dont nous avons besoin pour lutter contre le commerce illégal d’espèces sauvages et les crimes qui y sont associés et pour traduire en justice les patrons criminels qui, en fin de compte, profitent de ces crimes. C’est un combat que nous devons mener avec détermination et en priorité. Nous avons l’obligation de garantir la sécurité de nos espèces sauvages et c’est maintenant qu’il faut agir. » [Traduction]
Xolisile Khanyile, directeur, Financial Intelligence Centre, Afrique du Sud
« Depuis un certain temps déjà, ceux d’entre nous qui luttent contre la criminalité liée aux espèces sauvages reconnaissent qu’il existe un lien étroit avec le crime organisé et que la voie à suivre consiste à examiner de près l’élément financier qui en est le moteur. Grâce à un certain nombre d’excellentes initiatives permettant aux organismes d’application de la loi de travailler en étroite collaboration avec le secteur financier au niveau mondial, nous commençons à voir des résultats significatifs qui peuvent démanteler les réseaux criminels et le font effectivement. C’est l’une de ces initiatives qui aura sans aucun doute un impact positif et nous nous réjouissons de travailler en étroite collaboration avec le Canada pour y parvenir. » [Traduction]
Alan Roberts, agent d'enquête, UK National Wildlife Crime Unit
« Western Union condamne vigoureusement le commerce illégal d’espèces sauvages, et nous consacrons des ressources importantes pour aider à détecter et à dissuader l’utilisation abusive de nos services. Les criminels sont de plus en plus habiles pour déplacer de l’argent à des fins illicites, nous nous adaptons et faisons constamment évoluer nos systèmes et nos efforts de collaboration pour permettre un niveau plus sophistiqué de détection et de dissuasion des activités illégales. Nous sommes honorés de jouer un rôle dans le projet Anton et, avec nos partenaires, de collaborer à la protection de nos communautés, de notre environnement et de notre système financier mondial. » [Traduction]
Gabriella Fitzgerald, présidente, Western Union Amérique du Nord
Faits en bref
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La nouvelle alerte opérationnelle de CANAFE, intitulée Recyclage des produits de la criminalité liés au commerce illicite d’espèces sauvages, est fondée sur une analyse stratégique des déclarations d’opérations douteuses reçues par le Centre et s’appuie sur des recherches crédibles et convaincantes menées au pays et à l’étranger, ainsi que sur l’information et les commentaires des partenaires du projet Anton.
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CANAFE a relevé des cas d’importation présumée d’espèces sauvages au Canada, en particulier de la Chine et des régions subsahariennes de l’Afrique, et des cas d’exportation présumée d’espèces sauvages du Canada vers d’autres pays, notamment la Chine et les États-Unis.
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Diverses techniques de blanchiment d’argent ont été identifiées, notamment l’utilisation de prête-noms, de sociétés-écrans appartenant aux trafiquants ou à leurs associés, et la dispersion de fonds entre des comptes connexes.
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La corruption est l’un des principaux facteurs facilitant le commerce illégal d’espèces sauvages. Chaque étape de la chaîne du commerce illégal est touchée, du braconnage et de la récolte illégale à la vente et au blanchiment des produits, en passant par le transport, la transformation et l’exportation.
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Les partenaires du projet Anton comprennent la Banque Scotia, United for Wildlife, CANAFE, Fintel Alliance d’AUSTRAC, South African Anti-Money Laundering Integrated Task Force, Unité du renseignement financier du Royaume-Uni – National Crime Agency, Western Union, Environnement et Changement climatique Canada, Pêches et Océans Canada, la Gendarmerie royale du Canada, l’Agence des services frontaliers du Canada et la Wildlife Justice Commission.
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On estime que 55 éléphants d’Afrique sont braconnés chaque jour sur le continent africain. Au Canada, les ours sont tués pour leur bile, leurs pattes et d’autres parties, qui sont ensuite vendues avec un grand profit au niveau national et international. Les orignaux, les loups, les reptiles et les narvals, entre autres, sont également considérés comme des espèces en danger pour le marché canadien des espèces sauvages illégales.
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Le projet Anton s’inspire d’autres partenariats public-privé canadiens fructueux et en cours, qui visent à lutter contre le blanchiment des produits liés à la traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle (projet Protect), à l’exploitation sexuelle des enfants en ligne (projet Shadow), au trafic de fentanyl illicite (projet Guardian), aux arnaques romantiques (projet Chameleon), aux activités liées au cannabis illicite (projet Legion) et au blanchiment d’argent en Colombie-Britannique et dans tout le Canada (projet Athena).
Produits connexes
Liens connexes
- Rapport annuel de CANAFE de 2021-22, Canadiens en sécurité, économie sûre
- United for Wildlife (en anglais seulement)
- Banque Scotia
- AUSTRAC
- Fintel Alliance (en anglais seulement)
- South African Anti-Money Laundering Integrated Task Force (en anglais seulement)
- Unité de renseignement financier du Royaume-Uni (en anglais seulement)
- Western Union
- Environnement et changement climatique Canada
- Pêches et Océans Canada
- Gendarmerie royale du Canada
- Agence des services frontaliers du Canada
- Wildlife Justice Commission (en anglais seulement)
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