2e Bataillon de construction

Une cérémonie de présentation d’excuses officielles le 09 juillet 2022

En 1917, les braves hommes du 2e Bataillon de construction ont quitté Halifax pour prendre part à un déploiement outremer à l’appui des efforts de guerre du Canada. Plus de 600 soldats provenant de partout au Canada, et même des Antilles, ont fait preuve d’un courage et d’une persévérance sans borne en s’enrôlant pour servir leur pays malgré le racisme, les préjugés et la haine. En dépit de leurs sacrifices, ils n’ont eu droit à aucune reconnaissance à leur retour. Une communauté tout entière a été privée de ses héros.

Afin de rendre hommage aux contributions et aux sacrifices des membres du 2e Bataillon de construction et à leurs familles, un défilé et une cérémonie de présentation d’excuses officielles a été lieu le samedi 9 juillet 2022, au Truro Amateur Athletics Club Grounds, à Truro, en Nouvelle-Écosse.

Vous pouvez regarder l’évènement sur la chaîne YouTube du Black Cultural Centre for Nova Scotia. URL: https://youtube.com/channel/UCvhchr5qdce12SScEvKGiPw

Pour obtenir plus d’information sur l’histoire du bataillon et sur les activités prévues jusqu’à la présentation d'excuses en 2022 ou pour vous identifier en tant que descendant d’un membre du bataillon, rendez-vous au : www.no2-cec.ca/fr

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Recommandations

Dans un rapport remis le 24 mai 2022 à l’honorable Anita Anand, ministre de la Défense nationale, le Comité consultatif sur la présentation d’excuses nationales a présenté huit recommandations qui font ressortir ce que les descendants du 2e Bataillon de construction ont à dire sur ce qui constituerait des excuses nationales sincères à leurs yeux.

Le 28 mars 2021, le gouvernement du Canada a annoncé son intention de s’excuser pour le traitement que les membres du 2e Bataillon de construction ont subi avant, pendant et après leur service rendu au Canada au cours de la Première Guerre mondiale. Le 28 mars 2022, la ministre de la Défense nationale, Mme Anita Anand, a réitéré cette intention.

Un Comité consultatif sur la présentation d’excuses nationales, formé de 22 membres, a été mis sur pied en juin 2021 pour conseiller le gouvernement du Canada quant à la formulation des excuses officielles à venir. Composé de dirigeants communautaires, d’historiens et de descendants du 2e Bataillon servant à titre bénévole, le Comité est coprésidé par le lieutenant-colonel Barry Pitcher, qui représente les Forces canadiennes, et Russell Grosse, directeur général du Centre culturel des Noirs de la Nouvelle-Écosse, le partenaire de l’événement.

Le Comité consultatif sur la présentation d’excuses nationales et le Centre culturel des Noirs de la Nouvelle-Écosse, en collaboration avec l’Armée canadienne, ont mené sept consultations virtuelles à l’échelle du Canada pour préparer la présentation des excuses et les activités connexes. Ces consultations ont eu lieu en décembre 2021 et en février, mars et avril 2022.

À la fin d’avril 2022, 690 descendants de membres du 2e Bataillon de construction avaient pris part à ces consultations.

Recommandations

Bien qu’il ne s’agisse pas de toutes les recommandations formulées, elles représentent la majorité et tiennent bien compte des résultats des données et mesures susmentionnées.

  1. Que des excuses senties et significatives soient présentées par le premier ministre du Canada. Cela sera crucial puisqu’un précédent a été créé dans le passé lors d’excuses présentées par le gouvernement du Canada en la personne du premier ministre.
  2. Que la ministre de la Défense nationale contribue au processus d’excuses et veille à ce que des processus soient en place pour s’attaquer aux blessures du passé dès maintenant. Ce sera l’engagement actif à l’égard d’un changement de culture dans les Forces armées canadiennes.
  3. Qu’un événement public national entoure la présentation d’excuses qui rend hommage et honneur au 2e Bataillon de construction et constitue un souvenir significatif.
  4. Que cela comprenne un engagement à l’égard de la réponse exhaustive et durable des politiques et programmes qui s’attaquent au racisme contre les Noirs au sein des Forces armées canadiennes.
  5. Que cela comprenne l’établissement et le soutien d’un fonds patrimonial à long terme qui crée des occasions courantes en matière d’éducation, de souvenir et d’hommage au 2e Bataillon de construction.
  6. Que cela s’accompagne d’un cadeau-souvenir à l’intention des descendants et des familles des membres du 2e Bataillon de construction.
  7. Que le processus des excuses ne soit que le début de futures discussions concernant le 2e Bataillon de construction et tous les militaires noirs (anciens et actuels) qui ont subi du racisme contre les Noirs.
  8. Que les excuses soient suivies de l’établissement d’un comité consultatif de la Ministre sur le racisme contre les Noirs pour conseiller la ministre de la Défense nationale et la haute direction des Forces armées quant à une voie à suivre concise pour adhérer au changement de culture.

Document d’information

Le 2e Bataillon de construction du Corps expéditionnaire canadien (CEC) — aussi connu sous le nom de Bataillon de Noirs — a été créé le 5 juillet 1916, pendant la Première Guerre mondiale. C’était une unité ségréguée non combattante, la première et la seule formation de la taille d’un bataillon formée uniquement de Noirs de l’histoire militaire canadienne.

BREF HISTORIQUE

Un peu comme d’autres personnes au pays qui étaient enhardies par l’excitation et le sentiment de patriotisme initialement suscités par la Première Guerre mondiale (1914-1918), de jeunes Canadiens noirs étaient impatients de servir le roi et le pays. Le racisme manifesté par nombre de Canadiens de l’époque et les responsables de l’enrôlement militaire a fait en sorte qu’il était difficile pour les Canadiens noirs de se joindre au Corps expéditionnaire canadien (CEC).

Malgré ces obstacles, Canadiens noirs voulaient avoir le droit de faire leur part et de servir un pays qui les percevaient dans une large mesure comme des inférieurs. Si certains hommes noirs ont pu s’engager dans des bataillons du CEC avant le milieu de 1916, la majorité d’entre eux ont été rejetés. Partout au Canada, des communautés noires ont exercé une pression sur le gouvernement et les responsables militaires pendant près de deux ans. Cette démarche a finalement porté fruit, puisqu’on a autorisé la création du 2e Bataillon de construction en 1916, ce qui a permis à un plus grand nombre d’hommes noirs de servir. À peine un an plus tard, soit le 29 août 1917, le gouvernement canadien a adopté la Loi du Service militaire pour envoyer des renforts aux troupes épuisées outre‑mer. Sauf quelques exceptions, la Loi a fait en sorte que tous les sujets britanniques âgés entre 20 et 45 ans résidant au Canada depuis le 4 août 1915, actuellement ou dans le passé, avaient l’obligation d’être en service actif. Les hommes noirs qu’on refusait auparavant d’enrôler en raison de la couleur de leur peau, entre 1914 et 1916, étaient maintenant assujettis à la conscription.   

Le 5 juillet 1916, le 2e Bataillon de construction a été formé à Pictou (Nouvelle‐Écosse). Le 9 septembre 1916, le quartier général du 2e Bataillon de construction a été réinstallé à Truro (Nouvelle‐Écosse), pour accueillir une unité de cette taille. Le recrutement s’est fait à l’échelle du pays, et plus de 600 hommes ont fini par être acceptés, la plupart d’entre eux venaient de la Nouvelle‐Écosse, tandis que les autres venaient du Nouveau‑Brunswick, de l’Ontario, de l’Ouest et même des États‑Unis et des Caraïbes. Le seul officier noir du Bataillon de Noirs à avoir été envoyer outre‑mer était le révérend William Andrew White, à qui l’on a décerné le grade de capitaine et qui avait joué un rôle dans le recrutement de soldats noirs pour le bataillon et dans la pression exercée sur les forces armées pour qu’elles acceptent des Noirs.

Le 2e Bataillon de construction a été ségrégué et, en tant qu’unité de construction, il était affecté à des rôles de soutien hors combat. Après le service initial au Canada, où il avait pour tâche de retirer des rails des voies d’évitement au Nouveau‑Brunswick pour qu’ils soient envoyés en France pour soutenir l’effort de guerre, le bataillon est monté à bord du SS Southland à destination de Liverpool (Angleterre), le 28 mars 1917. Après l’arrivée en Angleterre le 7 avril, le 2e Bataillon de construction a été réorganisé pour en faire une compagnie de travail de style britannique et ses membres ont été envoyés dans la région du Jura dans l’est de la France, le 17 mai 1917, où il a servi honorablement avec le Corps forestier canadien. Là, ses membres ont aidé à couper du bois, à le transporter jusqu’aux cours à bois, à le couper en un produit fini et à la déplacer vers la gare de triage pour qu’il soit utilisé dans la construction et le renforcement des tranchées. Ils ont aussi entretenu des chemins forestiers locaux, exploité les circuits d’eau et électriques pour leurs camps, ils ont utilisé et soigné les chevaux requis pour transporter le bois, exploité et entretenu de la machinerie complexe comme des concasseurs de pierre, une foreuse et un rouleau compresseur. Certains des membres du 2e Bataillon de construction ont aussi aidé à la construction un chemin de fer forestier de 3,21 km (2 miles) de long et 61 cm (24 pouces) de large, et certains pourraient avoir aidé à l’exploiter. L’une des tâches peu connue des hommes du 2e Bataillon de construction consistait à superviser des soldats russes envoyés à leur camp comme manœuvres en janvier 1918.

Après la fin des hostilités de la Première Guerre mondiale, le 11 novembre 1918, les hommes ont pris la mer pour revenir à Halifax au début de 1919 afin de revenir à la vie civile. Comme ils avaient été recruté un peu partout au pays, les hommes qui faisaient partie du 2e Bataillon de construction à l’origine ont été séparés et retournés à leur province d’origine avec d’autres soldats de ces régions qui revenaient au pays. La plupart sont revenus pour faire face à la même discrimination qu’ils avaient quittée pour aller à la guerre.

L’unité a été officiellement dissoute en septembre 1920. Certains vétérans du Bataillon de Noirs sont enterrés au cimetière Camp Hill à Halifax. Les hommes du Bataillon de Noirs n’allaient recevoir une reconnaissance publique que des décennies plus tard. Le 12 novembre 1982, le sénateur Calvin W. Ruck et le Black Cultural Centre of Nova Scotia ont tenu un banquet de reconnaissance et de réunion banquet à l’hôtel Lord Nelson à Halifax pour neuf vétérans noirs de la Première Guerre mondiale. Le sénateur Ruck a ensuite écrit The Black Battalion 1916–1920: Canada’s Best-Kept Military Secret (1986). Ce livre décrit en détail la formation du 2e Bataillon de construction et dresse le profil de ses vétérans.

Parmi d’autres activités commémoratives du bataillon, citons un monument à Supt (France), près du site où le bataillon avait son camp, un plaque commémorant les morts du 2e Bataillon de construction installée à l’Assemblée législative de l’Ontario qui a été dévoilée en juillet 1920 et une plaque à Shelburne (Ontario) qui a été dévoilée en novembre 2021. En 2002, la 144e Escadrille du génie construction de l’Aviation royale canadienne à Pictou (N.‑É.) a consacré une plaque au bataillon. Cette plaque se trouve dans le bâtiment de son commandement. Au 4e Régiment d’appui du génie, on tient une cérémonie commémorative annuelle pour le 2e Bataillon de construction à Pictou et Postes Canada a lancé un timbre officiel le 1er février 2016 pour souligner le 100e anniversaire du Bataillon de Noirs. De plus, le film L’honneur avant la gloire (2001), écrit et produit par le petit-neveu du révérend William Andrew White, Anthony Sherwood, et le poème « Black Soldier’s Lament » de George Borden, rendent hommage aux soldats du 2e Bataillon de construction.

LES EXCUSES ET LES FAC D’AUJOURD’HUI

Le 28 mars 2021, le gouvernement du Canada a annoncé son intention de présenter des excuses pour le traitement qu’ont subi les membres du 2e Bataillon de construction avant, pendant et après leur service pour le Canada lors de la Première Guerre mondiale. L’intention de présenter des excuses a été réitérée le 28 mars 2022 par la ministre de la Défense nationale, Anita Anand.

Le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes reconnaissent aujourd’hui le racisme systémique qu’ont enduré les hommes du 2e Bataillon de construction comme étant une conduite haineuse. Qu’il s’agisse de paroles ou de gestes, la conduite haineuse est totalement incompatible avec les valeurs et la culture des Forces armées canadiennes (FAC), et elle n’est plus tolérée dans les Forces armées canadiennes.

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