Histoire militaire : un guide de la guerre urbaine du XXIe siècle

par Lieutenant-colonel (à la retraite) Louis DiMarco, Ph. D.

Combattre en faveur, dans l’enceinte et autour des villes constitue un aspect essentiel de la guerre depuis des temps immémoriaux. Les opérations visant à contrôler les zones urbaines ont toujours été et continueront d’être un élément essentiel, voire le plus critique, de la guerre terrestre. L’étude de la conduite des opérations en milieu urbain tout au long de l’histoire militaire en confirme l’importance. L’histoire militaire nous apprend également que certaines caractéristiques de la conduite d’opérations en milieu urbain sont durables et persistent au XXIe siècle. La connaissance de l’objectif et des racines historiques des opérations urbaines modernes est cruciale pour la compréhension intellectuelle de l’importance et de la complexité de ces opérations. L’histoire militaire a sans doute déterminé certaines tendances dans la manière dont les armées de terre abordent les opérations en milieu urbain. Ces approches relèvent du domaine du commandement aux niveaux tactique et opérationnel supérieurs de la guerre terrestre. De plus, l’histoire relate des tactiques, techniques et procédures (TTP) de niveau inférieur, qui restent néanmoins pertinentes. Toutes ces caractéristiques nécessitent une compréhension et une prise en compte sérieuses de la part des commandants des forces terrestres et de leur état-major qui envisagent des opérations militaires dans les centres urbains et dans leurs environs, ou s’y préparent. 

Le contenu de cet article est axé sur les opérations en milieu urbain menées dans un environnement d’opérations de combat à grande envergure contre un adversaire pair ou quasi pair. Il est essentiel de comprendre que ce type d’environnement diffère considérablement des milieux urbains dans lesquels de nombreuses armées de terre modernes ont généralement mené des opérations au cours des trente dernières années. Les réflexions et les TTP nécessaires à la réussite des OCGE diffèrent, à bien des égards, de la manière dont les forces terrestres mènent leurs opérations dans le cadre d’une guerre non conventionnelle, ou d’opérations de maintien de la paix ou de contre-insurrection. 

Pendant une grande partie de la seconde moitié du XXe siècle, les armées de terre modernes ont évité de discuter sérieusement de la réalisation d’opérations en milieu urbain. En ce qui concerne les opérations offensives notamment, la solution opérationnelle et tactique consistait à contourner les centres de résistance implantés dans les zones urbaines. Ainsi, les armées de terre de l’après-Seconde Guerre mondiale, en particulier pendant la Guerre froide, n’ont guère prêté attention aux défis opérationnels et tactiques de la guerre urbaine.Note de bas de page 1  Cependant, les armées de terre ne peuvent souvent pas contourner ou ignorer les grandes zones urbaines, car les nécessités politiques et militaires les poussent souvent à mener des opérations en milieu urbain. Sur le plan politique, les raisons pour lesquelles des opérations en milieu urbain peuvent être nécessaires incluent la protection ou la libération d’une population urbaine amie, le contrôle d’un symbole ou d’un artefact religieux important et le contrôle d’une zone historique, culturelle ou d’importance politique. Les zones urbaines ont également une importance militaire : elles peuvent abriter des forces ennemies dangereuses et considérables; elles contiennent souvent l’infrastructure logistique nécessaire; et, souvent, elles sont situées sur le terrain qui contrôle les principaux couloirs de manœuvre. Ainsi, contrairement aux jeux de guerre, aux simulations et à certaines planifications de guerre, les commandants militaires n’ont souvent pas d’autre choix que de mener des OCGE en milieu urbain.Note de bas de page 2

Conception des villes et tactiques en milieu urbain

Les villes ont été au centre des opérations militaires tout au long de l’histoire. La manière dont les armées de terre mènent leurs opérations dans les villes dépend de la conception des villes et de la technologie des armes. Ces deux facteurs ont eu une influence considérable sur les opérations en milieu urbain. Pendant une grande partie de l’histoire, la nécessité militaire a fortement influencé la conception des villes. La défense était un facteur crucial dans la conception des premières villes.Note de bas de page 3  La conception des villes reflétait alors les tactiques et les armes disponibles pour les offensives en milieu urbain. À mesure que la conception des villes a évolué au fil des siècles, les tactiques et les armes permettant de mener des offensives se sont également transformées. 

Villes antiques et médiévales

D’après les écrits, la conception des villes a peu évolué tout au long de l’histoire. Les villes étaient relativement petites et entourées d’un mur défensif ou rempart. Au fil du temps, les dirigeants ont apporté de nombreuses améliorations défensives à la conception des villes fortifiées, notamment des tourelles et des tours, des douves, des murs d’enceinte intérieurs et extérieurs et des bastions intérieurs. Les TTP visant à relever le défi des villes fortifiées étaient relativement simples. La tactique consistait à franchir les remparts. Cet assaut, appelé escalade, pouvait s’accomplir de diverses manières. Une solution consistait à utiliser des tours de siège et des échelles. Les tours de siège étaient des escaliers mobiles protégés positionnés contre les remparts qui permettaient aux assaillants, à l’aide d’échelles, de surmonter l’obstacle du mur. Une autre méthode consistait à abattre les remparts à l’aide de catapultes et de trébuchets. Il suffisait alors aux assaillants d’entrer par la brèche ainsi créée. Une dernière technique consistait à provoquer l’effondrement des remparts. Cette technique consistait à creuser une galerie sous la muraille (sape), sans se faire repérer, puis à détruire les fondations ou, plus tard, à utiliser des explosifs pour provoquer son effondrement et permettre ainsi aux assaillants de s’engouffrer dans la brèche.Note de bas de page 4

Villes fortifiées

L’avènement de la poudre à canon et des canons a fait de l’enceinte verticale de la ville une barrière défensive obsolète. Les tirs de canon contre les remparts ont rapidement créé des brèches, ouvrant rapidement la voie aux assaillants. La réponse au canon, en fait de conception, était la ville fortifiée.

La ville fortifiée est devenue la principale conception des principales zones urbaines à partir du XVIe siècle et a été un élément important de la ville jusqu’au XIXe siècle. Comme dans le cas des remparts, un mur entourait la ville fortifiée, mais il différait des murs verticaux précédents. Le mur d’enceinte de la ville fortifiée était un mur en pente soutenu par un remblai de terre compacté. Au vu de son épaisseur et de sa pente, les tirs de canon étaient moins efficaces. Les murs de la ville fortifiée étaient disposés en étoile et comprenaient des emplacements pour les canons défensifs au sommet des murs épais. La forme en étoile permettait aux canons défensifs d’effectuer un tir d’enfilade (de flanc) sur toutes les forces tirant ou tentant de prendre d’assaut n’importe quelle face du mur. Grâce à de vastes espaces ouverts disposés autour de la ville fortifiée, les assaillants étaient exposés aux tirs de canon défensifs tout au long de l’approche du mur.Note de bas de page 5

La réponse au défi défensif de la ville fortifiée a alors reposé sur des tactiques de siège délibérées. Cela a commencé par une évaluation technique professionnelle de la forteresse et du terrain environnant afin de déterminer quelle face de la ville fortifiée offrait les meilleures possibilités d’assaut. Les ingénieurs ont ensuite conçu une approche de la forteresse fondée sur des tranchées profondes et orientées de façon à les protéger des tirs des canons défensifs. Une fois celles-ci terminées, les assaillants et les canons progressaient à travers ces tranchées d’assaut jusqu’à des positions proches du mur de la forteresse. L’artillerie attaquait ensuite le mur de façon à produire suffisamment de dégâts pour que les assaillants puissent escalader le mur. Les assaillants, positionnés dans les tranchées d’assaut protégées, n’avaient alors qu’à parcourir une courte distance sous les tirs avant de franchir le mur. Ces tactiques de siège, lentes et nécessitant de nombreuses ressources, étaient invariablement efficaces.Note de bas de page 6  La principale défense, pour les occupants assiégés, consistait à résister au siège jusqu’à ce que des événements ou des circonstances tels que la survenue d’une maladie dans l’armée assiégeante, un changement de temps rendant difficile le creusement de tranchées, une défaillance du système logistique des assiégeants ou l’arrivée d’une armée de relève amènent les assiégeants à lever le siège. 

Villes modernes

À partir du XVIIIe siècle et de manière très rapide tout au long du XIXe siècle, la population et la taille physique des villes se sont accrues. Cette croissance, tant sur le plan de la taille que sur le plan de la démographie, découlait de l’augmentation des richesses issues du commerce extérieur et des colonies, ainsi que des révolutions scientifique et industrielle simultanées. Les progrès de la science, de la médecine et de l’agriculture ont réduit les besoins en main-d’œuvre agricole, augmenté les besoins en main-d’œuvre industrielle, diminué la mortalité infantile, endigué la propagation des maladies et augmenté l’espérance de vie. Tout cela a contribué à provoquer une explosion démographique et une croissance urbaine rapide. Par conséquent, l’espace physique urbain s’est étendu au-delà des murs de la forteresse. Il était dès lors évident que la reconstruction des murs pour tenir compte de la taille toujours croissante de la ville était inabordable.Note de bas de page 7

À partir des guerres napoléoniennes du début du XIXe siècle et jusqu’au début du XXe siècle, les opérations tactiques urbaines ont connu une phase de transition. Les tactiques de siège classiques étaient encore souvent utilisées et nécessitaient encore beaucoup de temps et de ressources. Les villes pouvaient de moins en moins compter sur des fortifications. La Première Guerre mondiale a été dominée par une guerre des tranchées statique. La guerre urbaine n’était donc pas une préoccupation importante. Après la Première Guerre mondiale, la mécanisation et les combats interarmes ont rendu obsolète le système de tranchées statique. Alors que les armées de terre engagées dans la Seconde Guerre mondiale s’affrontaient, elles ont découvert la forme moderne de défense et d’offensive urbaines. La dynamique tactique de la guerre urbaine moderne puise ses racines à la fin du XIXe siècle, époque à laquelle la technologie des armes légères a fait un bond en avant au chapitre de la précision et de la cadence de tir, devenant extrêmement meurtrière. Ce caractère meurtrier, combiné aux bâtiments en béton armé et en pierre présents dans les grandes zones urbaines, représentait pour l’assaillant un dédale incroyablement dense et diversifié de positions défensives efficaces et se soutenant mutuellement. Contrairement aux murs d’enceinte et aux positions défensives sur le terrain, la défense urbaine fondée sur les bâtiments reposait sur une profondeur et une largeur égales à la taille de la ville. Il était alors impossible de créer une brèche ou de les contourner. Ce milieu urbain dense est devenu la caractéristique dominante de nombreuses batailles décisives et est devenu encore plus courant et décisif au cours des décennies de guerre qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Ce milieu reste l’enjeu majeur des forces terrestres se préparant à la guerre au XXIe siècle.

Approche Opérationelle

La guerre urbaine est bien plus qu’un simple problème tactique de petites unités. Les commandements des armées de campagne, des corps d’armée et des divisions doivent également se concentrer sur la conduite des opérations urbaines dans leurs zones d’opérations. L’aspect le plus crucial permettant de prédire la réussite ou l’échec au niveau tactique de la guerre urbaine est sans doute la mesure dans laquelle les commandants et les états-majors des niveaux tactique et opérationnel supérieurs anticipent, planifient et mènent des opérations avec la guerre urbaine au cœur de leur visualisation de l’espace de combat. L’histoire militaire témoigne que certaines approches opérationnelles durables des opérations urbaines restent valables au XXIe siècle. Il s’agit notamment d’anticiper la bataille urbaine, de mener des opérations préventives et d’isoler le champ de bataille urbain.

Anticipation

La planification et l’analyse de l’incidence des zones urbaines sur les campagnes et les batailles par les commandements des niveaux tactique et opérationnel supérieurs sont essentielles à la réussite ou à l’échec des unités tactiques inférieures en milieu urbain. Les commandants supérieurs doivent comprendre et évaluer les zones urbaines dans leur zone d’opérations pour inclure leur importance non militaire et leurs effets militaires sur les forces amies et ennemies. Cette évaluation devrait aboutir à l’un des trois résultats suivants pour toutes les zones urbaines importantes dans la zone d’opérations : la zone urbaine doit être prise ou conservée, la zone urbaine doit être contournée ou abandonnée, ou les commandants subordonnés veilleront à la disposition de la zone urbaine. Même si le commandant opte pour cette dernière possibilité, dans tous les cas, la décision doit être le fruit d’un examen attentif de la valeur de la zone urbaine en question par rapport au coût probable en fait de ressources et de temps nécessaires pour la capturer ou la défendre.Note de bas de page 8

Opérations préventives

Un milieu urbain dense offre des avantages significatifs sur le plan de la défense. Cet élément fondamental doit être pris en compte lorsque l’on envisage des opérations offensives au niveau opérationnel ou tactique supérieur. Par conséquent, l’opération offensive idéale contre une ville se produit avant que la ville ne soit défendue. Le commandant doit anticiper la bataille urbaine à venir, puis agir pour anticiper la défense. Il existe trois manières d’anticiper une défense : l’assaut aéroporté, l’assaut amphibie ou l’avancée rapide des forces mobiles. Les facteurs tels que la mission, l’ennemi, le terrain, les troupes disponibles et le temps dictent l’approche opérationnelle choisie. Tous ces types d’opérations nécessitent de l’audace et comportent des risques opérationnels importants. Cependant, la prise réussie d’une ville sans opposition significative constitue une réussite opérationnelle majeure et comporte l’avantage supplémentaire de n’occasionner que peu ou pas de dommages collatéraux.Note de bas de page 9  

Les exemples de préemption de la défense urbaine dans l’histoire militaire abondent. L’un des plus spectaculaires fut l’assaut amphibie d’Inchon pendant la guerre de Corée (1950-1953), qui visait à libérer la capitale Séoul. Les forces alliées débarquèrent contre une légère opposition à Inchon le 15 septembre 1950, traversèrent le fleuve Han le 20 septembre et commencèrent la prise systématique de Séoul. Le 29 septembre, la ville fut sécurisée. La lutte pour la ville fut un défi, car les forces nord-coréennes opposaient une forte résistance, mais elle aurait été beaucoup plus difficile et aurait pris beaucoup plus de temps si les forces nord-coréennes n’avaient pas été surprises et incapables de renforcer la ville ou de monter une défense plus forte et plus délibérée.Note de bas de page 10

Isolement

Les circonstances opérationnelles n’offrent pas souvent la possibilité de s’emparer hardiment d’une grande zone urbaine majeure d’un coup. Toutefois, une attaque frontale directe contre une zone urbaine constitue le moyen le plus coûteux et le plus long de mener des opérations offensives en terrain urbain dense, et échoue souvent. Les forces terrestres devraient chercher à isoler la zone urbaine avant de l’attaquer. L’incapacité à isoler les forces soviétiques à Stalingrad en 1942 est l’une des principales raisons de la solide défense que les forces soviétiques ont pu mettre en place dans cette ville à la fin de l’été et à l’automne de cette année-là. De même, lors du long siège raté de Leningrad pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands n’ont jamais réussi à isoler la ville. Ainsi, dans les deux batailles décisives, les renforts et le ravitaillement ont pu soutenir la force défensive. 

En revanche, une force isolée qui défend une ville est privée de ressources et subit un coup psychologique important. Dans une guerre moderne, réussir à isoler une force défendant une zone urbaine équivaut à gagner la bataille. Pour cette raison, les forces de défense engageront une puissance de combat importante en dehors de la zone urbaine pour résister à l’isolement. Lorsque l’isolement semble inévitable, les forces défensives ont le choix de se retirer de la zone urbaine pour se préserver. En 1951, les forces chinoises évacuèrent Séoul face à une contre-offensive de l’ONU qui menaçait de couper les lignes de communication chinoises vers le nord. Les forces de l’ONU occupèrent ensuite Séoul sans opposition importante.Note de bas de page 11  S’il faut attaquer la zone urbaine après l’avoir isolée, la force offensive le fait avec de nombreux avantages. Une fois qu’une ville est isolée, la force attaquante choisit le moment et le lieu de l’attaque et peut rassembler une puissance de combat bien supérieure au point d’attaque. La force défensive isolée doit se défendre partout.

Une critique de la technique d’isolement est que de nombreuses zones urbaines du XXIe siècle sont trop vastes pour être isolées. Il s’agit d’une compréhension trop simpliste de ce concept. Certes, les grandes zones urbaines tentaculaires sont difficiles, voire impossibles, à isoler physiquement. Cependant, dans une grande zone urbaine, il est possible de se concentrer sur l’isolement systématique de segments de la ville grâce à des manœuvres au sein de la zone urbaine. Cette segmentation de l’espace urbain nécessite une stratégie de conquête de l’espace urbain par phases systématiques plutôt que de s’emparer de la ville entière en une seule opération. Une version de cette approche a été utilisée par les forces américaines pour sécuriser systématiquement la ville de Ramadi en Irak en 2006.Note de bas de page 12

TTP pour petites unités

Ressources interarmes

L’histoire met en avant certaines considérations précieuses pour les commandants supérieurs et sert de guide aux forces du XXIe siècle pour employer efficacement leurs ressources en terrain urbain dense aux niveaux tactiques inférieurs de la guerre. De façon plus fondamentale, l’histoire militaire illustre l’importance cruciale des opérations interarmes, en mettant l’accent sur l’équipe infanterie-blindés. Elle met également en lumière les rôles des tirs, des ingénieurs, de la logistique, de la défense aérienne et des affaires civiles. Non seulement ces capacités sont nécessaires aux opérations urbaines, mais leur intégration dans les équipes doit souvent se faire à des échelons inférieurs à ceux qui sont habituels pour d’autres opérations.Note de bas de page 13  Les précédents historiques guident les dirigeants du XXIe siècle dans la formation, l’organisation et l’emploi de leurs forces pour réussir tactiquement dans un environnement urbain dense.

Équipe infanterie-blindés

Il existe une idée fausse et dangereuse selon laquelle les opérations tactiques en terrain urbain dense sont centrées sur l’infanterie. Dans les opérations inférieures au seuil des opérations de combat à grande échelle contre un adversaire pair ou quasi pair, certaines opérations tactiques peuvent être centrées sur l’infanterie. Pourtant, dans des OCGE, il s’agit fondamentalement de ressources interarmes construites autour d’une équipe d’infanterie et de blindés.Note de bas de page 14  L’intégration harmonieuse de ces deux armes est essentielle au succès des opérations tactiques avec un minimum de pertes. L’organisation exacte de l’équipe infanterie-blindés dépend de la situation et des forces amies disponibles. La différence importante entre l’équipe infanterie-blindés dans des opérations urbaines et les autres types d’opérations réside dans la flexibilité et le travail d’équipe requis entre les deux armes.

Dans l’idéal, toutes les formations d’assaut dans le cadre d’opérations offensives urbaines devraient bénéficier d’un soutien de blindés. Au moins deux véhicules blindés devraient être alignés sur un peloton d’infanterie en tant qu’équipe de ressources interarmes au niveau du peloton.Note de bas de page 15  Un ratio inférieur entraînerait probablement des combats d’infanterie sans soutien de blindés, ce qui augmenterait considérablement les pertes et ralentirait le rythme de l’opération. 

Comme indiqué ci-dessus, les forces amies dictent souvent la composition de l’équipe infanterie-blindés. Lors de la bataille d’Aix-la-Chapelle en 1944, le 2e bataillon du 26e Régiment d’infanterie disposait d’un peloton de chars et d’un peloton de chasseurs de chars (systèmes de canons mobiles sur un châssis de char) pour un total de dix véhicules blindés. De ce fait, le commandant du bataillon alloua une section de trois véhicules à chacune de ses trois compagnies d’infanterie.Note de bas de page 16  Durant les premières étapes de la bataille de 1968 pour la ville de Huế, au Vietnam, le 2e bataillon du 5e régiment des Marines ne disposait que de quatre chars pour soutenir quatre à cinq compagnies d’infanterie, dont seulement deux étaient des chars de combat principaux M-48 (les deux autres étaient des chars lance-flammes M-67 sans canon). En 17 jours de combat, les deux M-48 tirèrent plus de 1 100 obus de canon principal de 90 mm, ce qui indique l’intensité avec laquelle ces deux véhicules furent impliqués dans la bataille.Note de bas de page 17  Ces exemples renforcent l’idée selon laquelle l’équipe infanterie-blindés est un élément majeur d’une tactique urbaine réussie et que le nombre de chars est souvent fonction de ce qui est disponible par rapport à ce qui est souhaité. 

L’infanterie joue plusieurs rôles essentiels dans l’espace de combat urbain. Elle a avant tout pour mission de pénétrer et de vaincre les forces ennemies à l’intérieur des structures urbaines au combat rapproché. La capacité des petites escouades d’infanterie à se rapprocher de l’ennemi et à le vaincre dans les espaces restreints de l’environnement urbain est essentielle au succès des opérations urbaines.Note de bas de page 18  Lors de la deuxième bataille de Falloujah en Irak en 2004, la formation des dirigeants de petites unités d’infanterie de marine et de l’armée américaine s’est avérée essentielle pour pouvoir nettoyer les bâtiments et maintenir le rythme des opérations tout en réduisant au minimum les pertes civiles.Note de bas de page 19

Un deuxième rôle clé consiste à protéger la force blindée contre les menaces antichars. Ainsi, l’infanterie permet aux blindés de jouer leur rôle. Une coopération étroite entre l’infanterie de la 1re Division d’infanterie et les chars et chasseurs de chars fut la clé de la prise américaine de la ville allemande d’Aix-la-Chapelle en 1944. L’infanterie joua un rôle clé en surveillant et en supprimant les armes légères antichars allemandes tandis que les tirs de chars forcèrent l’infanterie allemande en défense à pénétrer dans les sous-sols des bâtiments. L’infanterie américaine utilisa alors des grenades et des lance-flammes pour contraindre les Allemands à se rendre.Note de bas de page 20

Un dernier rôle de l’infanterie est de défendre le terrain urbain. Lorsque la mission de l’unité est la défense, cela devient le rôle premier de la force d’infanterie. En attaque, ce rôle consiste à sécuriser le terrain pris à l’ennemi pendant que les opérations se poursuivent, et à protéger les flancs exposés si nécessaire. En défense, un petit nombre de soldats peut se défendre avec succès contre des forces bien supérieures pendant de longues périodes. Le récent siège russe de trois mois contre les forces ukrainiennes dans la ville de Marioupol illustre à quel point un petit nombre de soldats se défendant en terrain urbain peut être résilient, même si les forces ukrainiennes ont finalement été contraintes de se rendre.Note de bas de page 21  Les blindés ne sont pas aussi essentiels à une défense réussie qu’à des opérations offensives.

L’infanterie a une capacité importante à faire la différence entre les combattants et les non-combattants. Cette capacité lui permet de s’emparer du terrain urbain tout en réduisant au minimum les dommages collatéraux. L’infanterie est généralement immunisée contre les armes antichars défensives. Cependant, s’engager dans des combats rapprochés d’infanterie à l’intérieur de structures urbaines peut augmenter de façon importante les pertes et annule de nombreux avantages technologiques et de puissance de feu dont peut disposer la force attaquante. Au cours de la deuxième bataille de Falloujah, la plupart des pertes survinrent pendant la phase des opérations lorsque l’infanterie entra dans les bâtiments pour les nettoyer systématiquement, une fois les principaux objectifs atteints.Note de bas de page 22  Même si le nettoyage systématique de bâtiments prend du temps, lorsque les forces antichars constituent une menace importante et que les dommages collatéraux sont une considération vitale du commandement, les forces d’infanterie doivent diriger l’équipe infanterie-blindés. L’infanterie dirigera également l’équipe infanterie-blindés chaque fois qu’il sera nécessaire de pénétrer dans une structure souterraine ou dans les étages supérieurs de grands bâtiments.Note de bas de page 23

Tous les blindés ne se valent pas et n’ont pas non plus les mêmes capacités. Le blindé lourd est le char de combat principal. Les chars sont insensibles aux armes légères et aux capacités antichars légères. Ils disposent de la puissance de feu nécessaire pour détruire les positions défensives dans des bâtiments, des bunkers et tous les véhicules blindés sur le champ de bataille, et sont suffisamment mobiles pour franchir certains obstacles et surmonter des débris urbains qui arrêteraient des véhicules à roues. Lors de la deuxième bataille de Falloujah en 2004, des chars et des ambulances blindées furent utilisés pour le réapprovisionnement et l’évacuation des blessés, en raison de leur protection et de leur capacité à se déplacer dans les rues obstruées de la ville.Note de bas de page 24  Des tirs de chars peuvent également être utilisés pour offrir une entrée rapide et sûre à l’infanterie dans des bâtiments sans devoir passer par les portes et les fenêtres, qui pourraient être la cible de l’ennemi. C’était une tactique courante à Falloujah.Note de bas de page 25  Grâce à ces capacités, l’équipe infanterie-blindés peut détruire les forces défensives sans avoir besoin de pénétrer dans la structure urbaine, et elle peut faciliter les tâches de combat rapproché de l’infanterie lorsque celle-ci doit pénétrer dans une structure. Les chars constituent également le moyen le plus efficace de lutter contre les blindés adverses en milieu urbain. Ainsi, dans de nombreuses circonstances, les blindés devraient diriger l’équipe infanterie-blindés. 

Dans un environnement urbain, les chars sont vulnérables aux armes antichars qui attaquent à courte portée et depuis les hauteurs des bâtiments. Les chars s’appuient sur l’infanterie pour atténuer ces menaces. Lorsque de telles menaces sont importantes en raison de la prolifération des armes antichars ou de l’exiguïté du terrain urbain, l’infanterie doit diriger l’équipe avec des chars derrière elle, mais en appui rapproché. Le manque de coopération étroite entre l’infanterie et les blindés s’avéra désastreux lors de l’offensive russe de 1995 visant à sécuriser la ville tchétchène de Grozny. Les équipes infanterie-blindés russes étaient mal coordonnées et l’infanterie russe descendit rarement à pied. Les blindés se trouvèrent ainsi vulnérables à des embuscades efficaces, qui aboutirent à la destruction de plusieurs forces opérationnelles russes et à l’échec de l’attaque russe. Dans une seule force opérationnelle, 102 des 120 véhicules blindés de transport de troupes et 20 des 26 chars furent détruits.Note de bas de page 26  Le désastre russe à Grozny illustre la nécessité d’une étroite coordination entre l’infanterie et les blindés.

Les blindés légers comprennent les chars légers, les véhicules de combat d’infanterie et les véhicules blindés de transport de troupes. Ces véhicules offrent une protection contre les armes légères et disposent d’une puissance de feu supérieure à celle des forces d’infanterie. Cependant, ils ne devraient généralement pas diriger l’équipe infanterie-blindés, car ils ne disposent pas d’une protection importante contre les armes antichars, même légères. Au cours de la bataille pour la ville sud-vietnamienne de Huế en 1968, il y avait une différence importante dans le rendement et le rythme des forces sud-vietnamiennes et des Marines américains. Les forces américaines purent mener des opérations à un rythme beaucoup plus rapide et subirent moins de pertes que les Sud-Vietnamiens, même si les deux alliés combattaient le même ennemi dans le même environnement urbain. L’une des différences majeures entre les deux forces était que le soutien des blindés sud-vietnamiens se composait de chars légers M-41, qui étaient facilement détruits par la fusée antichars nord-vietnamienne standard B-40. Les Marines américains étaient soutenus par des chars de combat principaux M-48 dont le blindage ne pouvait pas être facilement pénétré par la fusée B-40. Au cours de la bataille, des dizaines de chars M-41 furent détruits, mais un seul des M-48 soutenant les Marines fut perdu.Note de bas de page 27  De même, lors des combats de 2008 dans le quartier de Sadr City à Bagdad (Irak), les commandants américains conclurent que le Stryker (véhicule blindé de transport de troupes à huit roues) manquait de létalité et de capacité de survie par rapport aux forces mécanisées (chars et véhicules de combat d’infanterie).Note de bas de page 28  Ces exemples montrent que même si les blindés constituent un atout essentiel dans les opérations urbaines, les capacités des systèmes individuels en matière de puissance de feu, de mobilité et de protection sont d’une importance vitale.

La coordination entre les éléments d’infanterie et de blindés de l’équipe d’infanterie et de blindés est d’une importance vitale. Comme il est décrit ci-dessus, les éléments de l’équipe ont des capacités uniques. Aucun d’entre eux n’est parfaitement adapté à tous les aspects de l’environnement urbain diversifié. Pour cette raison, l’équipe d’infanterie et de blindés doit être très flexible et adaptable. Il sera nécessaire de modifier et d’adapter les rôles aux différents terrains et défis posés par les ennemis lors des missions. Seules une coordination étroite et des équipes bien entraînées seront en mesure de réagir rapidement et efficacement lorsque les situations changent d’un bloc à l’autre et d’un bâtiment à l’autre lors d’un combat urbain. 

Artillerie et tirs

Les tirs ont toujours joué un rôle crucial dans les combats urbains. Les armées moins sensibles aux dommages collatéraux ont eu recours à des tirs aériens et d’artillerie massifs pour détruire un adversaire se défendant en terrain urbain. C’était l’approche russe à Grozny en 2000.Note de bas de page 29  Cette approche réduit les pertes amies, mais détruit l’infrastructure urbaine et entraîne d’importantes pertes civiles. 

Les tirs de précision modernes lancés par l’aviation et l’artillerie peuvent faciliter les opérations sans causer de dommages collatéraux importants. Une plus grande précision a considérablement accru le rôle des tirs dans les opérations urbaines, même lorsque les dommages collatéraux constituent une préoccupation prioritaire. Les tirs de précision, dans certains cas, peuvent remplacer la disponibilité de forces blindées. Ils ont un avantage sur le tir direct des forces blindées, car ils peuvent être nettement plus puissants et adaptés pour avoir un impact sur les trois dimensions de l’environnement urbain : souterrain, de surface et de supersurface. Les tirs de précision lancés par l’artillerie utilisant des munitions guidées se sont révélés un multiplicateur de combat majeur lors de la bataille de 2017 visant à reprendre la ville irakienne de Mossoul à l’État islamique en Irak et en Syrie (EIIS).Note de bas de page 30  Les munitions de précision modifient radicalement l’influence des tirs sur les combats rapprochés en terrain urbain.

Les opérations d’aviation conventionnelles peuvent grandement faciliter la conduite des opérations urbaines. Cependant, les opérations à voilure tournante sont particulièrement vulnérables aux tirs défensifs dans un environnement de combat intense et ne devraient pas être utilisées sur un terrain urbain non sécurisé. Le raid américain de 1993 contre des militants somaliens à Mogadiscio a démontré la vulnérabilité des hélicoptères face à des tirs relativement peu sophistiqués.Note de bas de page 31  L’aviation devrait effectuer une surveillance et une observation depuis des positions situées dans des zones sécurisées. En 2002, les hélicoptères d’attaque israéliens ont pris soin de surveiller et de soutenir les forces terrestres en tirant depuis des positions sécurisées derrière les forces terrestres.Note de bas de page 32

Forces d’opérations spéciales

L’intégration, la coordination et le soutien des forces d’opérations spéciales (FOS) pour les opérations urbaines interarmes peuvent être d’une importance cruciale. Des cibles d’opérations spéciales de grande valeur existent souvent dans le même espace de combat urbain dans lequel sont menées des opérations conventionnelles à grande échelle. Lors de l’invasion américaine du Panama en 1989, les forces d’opérations spéciales ont travaillé en étroite collaboration avec les forces conventionnelles pour libérer les prisonniers de la prison Cárcel Modelo, tandis qu’une force opérationnelle mécanisée soutenue par des avions d’opérations spéciales et des opérations de reconnaissance a capturé le quartier général militaire panaméen.Note de bas de page 33  En 2006, la brigade américaine sécurisant la ville irakienne de Ramada a intégré les Navy Seals dans ses opérations standard d’avant-poste de combat. Les Seals ont assuré la reconnaissance, les tirs de précision des tireurs d’élite, l’alerte lointaine et la sécurité pour soutenir les équipes d’infanterie et de blindés conventionnelles.Note de bas de page 34  Il est essentiel d’harmoniser les opérations conventionnelles et les opérations spéciales. La coordination entre les FOS et l’intégration des forces d’opérations spéciales dans les opérations conventionnelles peuvent constituer une amélioration majeure des capacités dans les opérations urbaines. Les forces spéciales sont particulièrement compétentes dans les raids, les opérations souterraines, l’infiltration et la reconnaissance urbaine. L’exploitation de toutes ces capacités améliore l’efficacité des opérations des forces conventionnelles.

Ingénieurs

L’histoire militaire indique également qu’il existe des précédents qui guident le rôle d’autres armes dans les opérations urbaines. Les ingénieurs jouent un rôle unique dans les opérations urbaines à grande échelle. Ils ont le double rôle de soutenir les opérations de combat et de soutien civil pendant et après le combat. L’environnement urbain engage de manière unique les tâches de mobilité, de contre-mobilité et de protection de la branche des Ingénieurs.Note de bas de page 35  Les logisticiens doivent répondre aux exigences logistiques uniques des forces de combat et ils auront probablement des responsabilités importantes pour soutenir un grand nombre de civils.

Les ingénieurs ont un rôle de soutien majeur à jouer dans les opérations de combat urbain. Dans les opérations offensives, la tâche de mobilité des ingénieurs est essentielle. En milieu urbain, l’une des tâches majeures de mobilité est le pontage. Presque toutes les grandes zones urbaines du monde comprennent des rivières dans le domaine urbain. Les ponts au sein de ces zones urbaines sont essentiels à la mobilité intra-urbaine. Ainsi, la destruction de ponts est attendue lors des opérations urbaines. En 1945, lors de la bataille de Manille, les six ponts sur la rivière Pasig furent détruits par les défenseurs japonais, obligeant les Américains à effectuer une traversée de la rivière opposée pendant la bataille.Note de bas de page 36  Lors de la bataille de Séoul en 1950, tous les ponts sur la rivière Han furent détruits, obligeant les ingénieurs à soutenir de nouveau une traversée de la rivière opposée vers une zone urbaine. Les ingénieurs ont également joué un rôle crucial en dégageant les barricades érigées comme obstacles dans les rues de Séoul.Note de bas de page 37  Plus récemment, lors de la bataille de Mossoul en 2017, les cinq ponts de la ville traversant la rivière Tigris ont été détruits dans le cadre des efforts visant à isoler les forces de l’EIIS dans la ville. Cela a ensuite constitué un défi pour les forces irakiennes, car l’orientation opérationnelle s’est déplacée vers la partie ouest de la ville.Note de bas de page 38  La capacité de pontage des ingénieurs est essentielle à la conduite d’opérations urbaines offensives. 

Dans la défense, les tâches de contre-mobilité et de protection des ingénieurs sont importantes. Les couloirs de manœuvre en terrain urbain dense sont étroits et compartimentés, et de petites quantités d’obstacles soigneusement placés renforcent considérablement l’exiguïté déjà formidable du terrain. Les bâtiments de la zone urbaine sont importants pour la couverture et la dissimulation. À Manille, les forces américaines ont découvert que les Japonais avaient construit des bunkers à l’intérieur de bâtiments résistant aux tirs provenant de l’extérieur du bâtiment et qu’ils n’avaient été découverts qu’après l’entrée des troupes dans le bâtiment.Note de bas de page 39  Avec peu effort, les ingénieurs peuvent améliorer ces formidables positions défensives, les transformant en véritables forteresses.

Une dernière exigence unique en matière d’ingénierie urbaine consiste à soutenir la population avant, pendant et après la fin des combats. Après les hostilités, les infrastructures urbaines essentielles risquent d’être endommagées. En particulier, les systèmes de distribution d’eau et d’électricité peuvent ne pas fonctionner. Les ingénieurs militaires jouent un rôle essentiel pour faire fonctionner rapidement les infrastructures de base nécessaires afin d’éviter les catastrophes humanitaires après un conflit parmi la population.

Logistique

Les opérations urbaines comportent des défis logistiques uniques. Là encore, l’histoire militaire met en lumière certains de ces défis et permet aux planificateurs logistiques de les anticiper. L’un des défis majeurs sera le réapprovisionnement en munitions. Les opérations urbaines se caractérisent souvent par des taux d’utilisation élevés de munitions. Les conflits récents indiquent que l’artillerie de précision et les munitions de mortier seront très demandées. Lors de la bataille de Mossoul en 2017, les munitions à guidage de précision destinées à l’artillerie et à l’aviation ont été largement utilisées et, à certains moments de la bataille, elles sont devenues rares.Note de bas de page 40  L’approvisionnement en munitions d’artillerie dans le cadre des combats actuels dans la bataille russo-ukrainienne pour les villes ukrainiennes est une question cruciale pour les deux camps.Note de bas de page 41  Ces munitions spécialisées sont parfaitement adaptées à l’environnement urbain et, dans le cadre d’opérations à grande échelle, leur utilisation mettra à rude épreuve à la fois la logistique tactique et la chaîne d’approvisionnement stratégique. 

La population civile constitue un défi logistique important en milieu urbain. Les populations des villes ne sont pas autosuffisantes et dépendent d’une chaîne d’approvisionnement des civils complexe et robuste pour les produits essentiels tels que la nourriture et les médicaments. Les opérations de combat à grande échelle détruiront ces chaînes d’approvisionnement. Dans la période qui suit immédiatement un combat, les logisticiens militaires ont la responsabilité morale et juridique de répondre aux besoins humanitaires de la population. Ces besoins peuvent être importants – voire plus étendus que les besoins en soutien logistique militaire – et doivent être anticipés et planifiés. En 1944, l’armée américaine fut chargée de nourrir la population de Paris, la capitale française libérée. Les besoins logistiques pour cette tâche – 4 000 tonnes par jour – équivalaient à l’avancée de l’ensemble du théâtre pendant trois jours.Note de bas de page 42  La constitution de réserves pour ce qui est des besoins d’approvisionnement anticipés et l’organisation des tâches avec un soutien logistique et médical au-delà des besoins de combat sont deux techniques qui permettent de répondre aux besoins de la population.

À propos de l'auteur

Le lieutenant-colonel (à la retraite) Louis DiMarco est professeur d’histoire militaire depuis plus de 20 ans au Collège de commandement et d’état-major de l’armée américaine (U.S. Army Command and Staff College) à Leavenworth, au Kansas, aux États-Unis d’Amérique. Il est l’auteur de Concrete Hell: Urban Warfare from Stalingrad to Iraq. Le Lcol DiMarco est diplômé de l’Académie militaire de West Point et a servi pendant 24 ans comme officier des blindés, occupant divers postes de commandement et d’état-major, de commandant de troupe à officier des opérations de bataillon, ainsi que des postes dans de nombreux corps, divisions et états-majors interarmées. Il est titulaire de deux maîtrises en art et sciences militaires et en relations internationales, ainsi que d’un doctorat de l’Université d’État du Kansas.

Cet article a été publié pour la première fois dans l’édition d’octobre 2024 du Journal de l’Armée Canadienne (21-1).

Détails de la page

Date de modification :