Allocution de Catherine McKenna, ministre de l’Infrastructure et des Collectivités, devant le Canadian Club Toronto

Discours

Introduction

Merci pour cette présentation, c’est un plaisir de me joindre à vous, même si c’est de façon virtuelle.

Je vous parle d’Ottawa et du territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin. 

2020 aura été une année comme aucune autre dans notre vie, c’est le moins que l’on puisse dire.

On connaît la pire pandémie depuis un siècle et le pire ralentissement économique depuis la Grande Dépression des années 1930.

Cette année a mis à l’épreuve notre détermination collective et notre esprit communautaire. Elle a mis à l’épreuve les gouvernements – dans tous les pays et à tous les niveaux – pour qu’ils réagissent rapidement à une multitude de défis, tout cela en temps réel. Elle a aussi mis à l’épreuve nos systèmes de santé, nos systèmes d’éducation et notre filet de sécurité sociale.

Je suis ici pour vous parler du plan et de la vision de notre gouvernement en matière d’infrastructure. C’est la clé pour sortir de cette crise économique et assurer notre prospérité à long terme, et pour bâtir un avenir plus propre et plus résilient pour tous les Canadiens.

Je vais vous expliquer pourquoi effectuer des investissements importants et intelligents dans les infrastructures de ce pays nous permettra de rester forts et en bonne santé, quoi qu’il arrive en 2021 et au-delà.

Plan Investir dans le Canada

Nous sommes tous en train de nous adapter. C’est ce que nous faisons avec notre plan Investir dans le Canada de 180 milliards de dollars.

Notre gouvernement a mis en place le plan Investir dans le Canada après son entrée en fonction, en 2016. C’est un plan historique de dix ans visant à investir dans toutes sortes d’infrastructures – des routes et des ponts bien sûr, mais aussi des infrastructures liées à l’énergie renouvelable, aux logements abordables, au transport en commun, à l’eau potable, à l’amélioration de l’Internet partout – et des infrastructures visant à renforcer la résilience climatique.

Si l’on tient compte du fait qu’au titre de la plupart de nos programmes les autres ordres de gouvernement doivent fournir un financement équivalent au nôtre (y compris 33 milliards de dollars versés en partenariat avec les provinces et les territoires), on parle d’un demi-billion de dollars d’investissements gouvernementaux pour bâtir le Canada. 

Mes priorités

Lorsque le premier ministre m’a demandé, il y a un an, de prendre en charge ce très important portefeuille, j’ai dit que j’avais trois grandes priorités :

  1. Travailler en collaboration avec les autres ordres de gouvernement pour que les projets soient construits rapidement, afin de stimuler la création d’emplois et la croissance économique.
  2. Veiller à ce que l’argent que nous investissons nous aide à passer à un avenir à faible émission de carbone, plus propre, plus résilient et plus prospère.
  3. Et bâtir des infrastructures – pour le transport en commun, Internet haute vitesse à large bande, la gestion des eaux usées, l’énergie propre – qui améliorent la qualité de vie de tous les Canadiens et rendent les collectivités plus équitables et plus inclusives.

La pandémie de COVID-19 n’a pas fait changer ces priorités, sinon qu’elles sont devenues encore plus urgentes et immédiates.

Nous devons veiller à ce que l’argent des contribuables que nous investissons  serve trois objectifs. C’est avant tout une question de résultats.

Adapter nos programmes d’infrastructure

Mais avant tout, je tiens à informer les gens que notre plan d’infrastructure n’a pas été mis sur pause durant la pandémie.

Lorsque la pandémie de COVID-19 a commencé, j’ai compris que nous devions adapter nos programmes pour aider les Canadiens à faire face à la crise économique et sanitaire.

Depuis le 1er mars, nous avons approuvé plus de 700 projets dans le cadre du plus grand programme dirigé par mon ministère – le Programme d’infrastructure Investir dans le Canada – pour un investissement fédéral de plus de 1,2 milliard de dollars. Cela contribue à la création de bons emplois dans tout le pays – de la planification à la conception, en passant par la construction et les entreprises tout au long de la chaîne d’approvisionnement.

Nous avons également intégré à ce programme un nouveau volet lié à la COVID-19, le gouvernement fédéral payant 80 cents de chaque dollar pour permettre aux provinces de travailler à un large éventail de projets favorisant la résistance aux pandémies. Des projets comme la modernisation d’écoles ou de maisons de soins de longue durée grâce à l’intégration d’un système de ventilation, de chauffage et  de climatisation ainsi qu’à des mesures favorisant la distanciation physique, ou comme l’aménagement de nouveaux parcs, de pistes cyclables et de sentiers pédestres, pour aider les Canadiens à sortir et à rester actifs.

Rien qu’en Ontario, ce volet représente un milliard de dollars de financement fédéral. J’espère que toutes les provinces agiront rapidement pour que des projets puissent aller de l’avant d’ici la fin de la saison de construction.

Résultats multiples

Mais il ne suffit pas que les gouvernements débloquent des fonds pour les infrastructures, il faut que les Canadiens obtiennent des résultats en retour.

Je suis une femme et une mère. Cela implique (beaucoup d’entre vous le savent bien) d’être constamment multitâche et de veiller à étirer au maximum chaque dollar. J’ai adopté la même approche pour nos investissements dans les infrastructures.

L’argent des contribuables que nous dépensons sert trois objectifs – faire croître l’économie, lutter contre les changements climatiques et favoriser l’équité sociale.

Croissance économique

Parlons de croissance économique et d’emplois.

Nous sommes dans la récession la plus grave depuis la Grande Dépression.

Et comme l’a récemment dit la ministre des Finances Chrystia Freeland au Forum mondial de Toronto, pour réussir une relance vaste, solide et complète, nous devrons nous donner les moyens de nous sortir de cette pandémie. Cela passe par des investissements – et je la cite – « à grande échelle ». 

Et ne vous inquiétez pas, mes lectures des six derniers mois sur Roosevelt et le New Deal ont été une grande source d’inspiration. FDR avait compris qu’investir dans les infrastructures n’était pas seulement nécessaire pour aider l’économie à se remettre de la Grande Dépression, mais que c’était essentiel pour créer des emplois dans tout le pays, pour réaliser des projets qui permettent de bâtir la nation, et pour donner l’espoir d’un avenir meilleur.

C’est ce que les investissements ciblés et à grande échelle permettent.

Dans le discours du Trône du 23 septembre, nous avons exposé l’orientation et les objectifs de notre gouvernement, notamment notre ambition de créer un million d’emplois alors que nous nous remettons du choc économique causé par la pandémie. Pour concrétiser cette ambition, il est essentiel d’investir dans les infrastructures.

Et voici une claire analyse de rentabilité :

Selon le FMI, sur le plan de l'emploi, les investissements dans les infrastructures traditionnelles – stations d’épuration de l’eau, égouts pluviaux, traitement des eaux usées, ponts, etc. – génèrent de 2 à 8 emplois pour chaque million de dollars dépensés.

Et lorsque vous investissez dans des infrastructures vertes, comme celles liées au transport en commun et à l’amélioration de l’efficacité des bâtiments, les gains sur le plan de l'emploi sont encore plus importants : de 5 à 14 emplois pour chaque million de dollars dépensés.

Lutte contre les changements climatiques

Comme vous le savez, j’ai auparavant été ministre de l’Environnement de ce gouvernement.

Maintenant que je suis ministre de l’Infrastructure et des Collectivités, j’ai la possibilité de jouer un rôle concret et de contribuer à bâtir l’avenir propre que nous souhaitons avoir.

Selon moi, investir dans les infrastructures peut soit faire augmenter soit faire baisser les émissions, et peut rendre nos collectivités plus ou moins résilientes aux effets des changements climatiques. Et je suis sûre que vous savez ce que je choisis : des collectivités plus propres et plus résilientes aux changements climatiques.

Je ne suis pas seule. Début 2020, Blackrock a lancé un signal d’alarme au secteur financier. Le géant international de l’investissement a dit à ses clients qu’il plaçait désormais la durabilité au cœur de ses choix en matière d’investissement et de gestion des risques. Selon Blackrock, les risques liés aux changements climatiques sont des risques liés aux investissements. Autrement dit, les portefeuilles durables sont ceux qui peuvent obtenir, en fonction des risques, de meilleurs résultats à long terme.

Promotion de l’équité sociale

Je me suis lancée en politique pour faire une différence, et franchement, les conséquences de la pandémie de COVID-19 ont mis en lumière certaines des préoccupations qui m’ont poussée à briguer une charge publique.

Les communautés et les personnes vulnérables sont touchées de manière disproportionnée par le déficit d’infrastructures. Qu’il soit question d’accès inadéquat au transport en commun, de logement abordable ou d’espaces communautaires sécuritaires, il est clair que ce dans quoi nous investissons et où nous décidons d’investir peut avoir un impact énorme dans la vie quotidienne des gens.

La pandémie a rendu plus nécessaires que jamais ces services publics, comme les espaces communautaires inclusifs qui offrent des services de garderie, des services d’aide à l’emploi, et des services liés à la santé mentale et à la santé en général. La situation actuelle nous rappelle aussi que le transport en commun joue un rôle crucial pour permettre aux travailleurs essentiels de se rendre au travail dans les hôpitaux, les pharmacies et les épiceries.

Nous devons continuer d’investir dans les infrastructures qui permettent d’améliorer l’équité sociale, en ciblant les collectivités mal desservies.

Je pense au projet du carrefour YMCA de Calgary. En 2018, notre gouvernement a fourni 6 (six) millions de dollars de financement pour ce projet : des logements de transition offrant des services de soutien pour 100 (cent) femmes, 90 (quatre‑vingt‑dix) places de garderie, ainsi que divers autres espaces et services entraînant des avantages sur le plan social.

Ou la rénovation de l’école secondaire de Baie Verte, à Terre-Neuve-et-Labrador. Une bibliothèque, un gymnase, un centre de ressources pour les familles, une garderie, et même une salle de quilles! Nul doute qu’il s’agit là d’une installation très importante pour les gens de cette collectivité et pour leur avenir.

Projets offrant de multiples avantages

Permettez-moi de vous donner un exemple de la façon dont des investissements significatifs, intelligents et ciblés dans les infrastructures permettent d’obtenir de multiples avantages.

Si vous vivez dans la région du Grand Toronto et d’Hamilton, vous vous êtes tous déjà retrouvés au milieu des embouteillages. J’ai grandi à Hamilton, et il fallait 45 minutes en voiture pour se rendre à Toronto. Certains jours, ça peut même prendre le double. Les gens ont moins de temps à passer avec leur famille et moins de temps pour être productifs au travail. Les embouteillages génèrent aussi plus de pollution atmosphérique et le secteur des transports représente 30 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre au Canada.

Les investissements historiques que nous effectuons sont clairement justifiés, qu’ils concernent le transport en commun – avec entre autres les grands projets de métro et de train léger –, notre engagement à mettre en circulation 5 000 autobus scolaires et de transport en commun zéro émission au cours des cinq prochaines années, ou l’amélioration des pistes cyclables et des sentiers pédestres permettant aux gens de se déplacer plus facilement. Chaque dollar sert trois objectifs.

Et ce qui est vraiment passionnant, c’est que le Canada compte de formidables innovateurs attachés au principe de zéro émission dans ce domaine – des entreprises comme New Flyer à Winnipeg, Green Power à Vancouver, NovaBus à Saint-Eustache et Lion Electric à Saint-Jérôme – au Québec – et des entreprises de recharge de bus électriques comme eCamion, ici, en Ontario.

Selon l’Association canadienne du transport urbain, les avantages économiques du réseau de transport en commun global du Canada s’élèvent à 19 milliards de dollars par an et fournissent des centaines de milliers d’emplois. À l’inverse, les embouteillages dans nos villes et le déficit en transport entre les petites collectivités coûtent à notre économie 15 milliards de dollars en perte de productivité.

Uniquement en améliorant les réseaux de transport en commun de Toronto, Vancouver et Montréal, nous pouvons amener une réduction des émissions allant jusqu’à 4,2 mégatonnes par an.

De plus, investir dans le transport en commun profite particulièrement aux femmes, aux jeunes et aux membres des communautés marginalisées.

Si vous regardez nos autres priorités d’investissement –  qu’il s’agisse de la large bande, de l’énergie propre, des rénovations, des logements abordables, des garderies, des centres communautaires et récréatifs, ou de l’eau potable – toutes servent nos trois avantages.

Ce qu’il faut retenir, c’est que disposer de bonnes infrastructures soutient le développement économique et humain. C’est la clé de la croissance de l’économie canadienne, de la lutte contre les changements climatiques, de la réduction des inégalités sociales et de la garantie d’une meilleure qualité de vie pour tous.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2015, notre gouvernement fait des investissements réellement historiques pour combler le déficit d’infrastructures partout au Canada. Ce n’est pas qu’un simple sujet de discussion, mais il faut pourtant en faire plus.

Entre novembre 2015 et décembre 2019, notre gouvernement a investi 13,3 milliards de dollars dans des projets approuvés de transport en commun.

Même avec tous ces investissements récents, on estime que le déficit actuel du Canada en matière d’infrastructures se situe entre 110 et 270 milliards de dollars.

On ne peut donc pas se féliciter. Pour le bien de notre économie, nous devons continuer d’investir.

Alors, comment y arriver?

Banque de l’infrastructure du Canada

Les investissements publics directs sont un moyen d’y arriver, et de ce côté, notre gouvernement agit.

Mais il n’y a tout simplement pas suffisamment d’argent venant des contribuables pour répondre à nos besoins d’infrastructures.

La bonne nouvelle est que des investisseurs internationaux, y compris les grands fonds de pension canadiens, cherchent des possibilités d’investissement sûres et à long terme.

C’est pourquoi la Banque de l’infrastructure du Canada joue un rôle clé pour permettre au pays d’atteindre ses objectifs ambitieux, en amenant le secteur privé à s’associer au secteur public pour construire davantage d’infrastructures.

Le nouveau Plan de croissance de la Banque, annoncé le 1er octobre, est un autre élément très important.  

Il s’agit d’un plan de 10 milliards de dollars sur trois ans qui permettra de créer environ 60 000 emplois tout en faisant croître notre économie et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.  

La BIC fait appel au secteur privé pour construire un plus grand nombre d’infrastructures bénéfiques : des projets qui permettront d’augmenter l’accès à Internet haute vitesse, des investissements dans les énergies renouvelables et le transport de l’énergie propre, des rénovations écologiques de bâtiments commerciaux, des investissements agricoles dans des domaines comme l’irrigation, ainsi que des investissements visant des autobus zéro émission et les infrastructures connexes, comme les stations de recharge.

Ces investissements sont conformes aux priorités de notre gouvernement et s’ajoutent aux investissements directs que nous effectuons déjà.

Donc, nous avons les investissements directs du gouvernement dans les infrastructures – plus de 180 milliards de dollars sur une décennie – et nous avons la Banque de l’infrastructure du Canada, qui utilise des capitaux privés pour faire en sorte que les fonds publics puissent aller encore plus loin.

Évaluation des infrastructures à l’échelle nationale

Mais nous devons tout mettre ensemble. Comment?  

Je travaille à l’élaboration de la toute première évaluation canadienne des infrastructures à l’échelle nationale. On utilisera des données et des faits probants pour cerner les besoins et les priorités à long terme du Canada en matière d’infrastructure, établir des liens entre nos investissements et les résultats de nos politiques, et assurer un plan de relance qui se traduise par la création d’emplois, un avantage concurrentiel et une croissance à long terme, en plus de bâtir un avenir plus propre et plus inclusif pour tous les Canadiens.

Des évaluations de ce type sont déjà en cours au Royaume-Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Le Groupe d’experts en financement durable et le Conseil consultatif en matière de croissance économique ont tous deux souligné l’importance d’effectuer un tel inventaire et une telle analyse à l’échelle nationale pour obtenir de meilleurs résultats.

Je me donne pour mission de veiller à ce que cette évaluation soit faite – et qu’elle soit bien faite.

Conclusion

S’il ressort quelque chose de bon de cette pandémie, c’est une plus grande prise de conscience de ce que « faire partie d’une communauté » signifie. Il est essentiel que nous puissions compter les uns sur les autres, nous protéger les uns les autres et veiller les uns sur les autres. Je pense constamment à la façon dont les investissements dans les infrastructures soutiennent et renforcent les communautés de tout le Canada.

Cela signifie également qu’il faut aider à attirer de nouveaux investissements de partout. Les entreprises veulent s’implanter et construire là où elles savent que les infrastructures sont modernes, propres et résilientes. Si nous continuons de faire des choix judicieux dès maintenant, le Canada a toutes les chances de devenir l’économie à faible intensité de carbone vers laquelle les investisseurs mondiaux se tournent.

Chaque dollar que nous investissons devrait servir trois objectifs : créer des emplois et favoriser la stabilité économique, rendre les collectivités plus résilientes – en particulier face aux changements climatiques – et rendre les collectivités équitables afin que chacun ait une chance de réussir.

Ensemble, nous devons agir maintenant pour repenser notre approche de la planification des infrastructures. Nos actions et nos politiques façonneront à la fois ce moment de l’histoire et ce qui suivra.

Merci. 

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