Le salaire minimum : Document de discussion

De : Emploi et Développement social Canada

Avertissement :

Ce document fait partie de la documentation préparée par le Secrétariat du Comité d’experts sur les normes du travail fédérales modernes en vue de stimuler les discussions du Comité. Les documents ne représentent pas nécessairement le point de vue du gouvernement du Canada.

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Enjeu

Depuis plus de 20 ans, le salaire minimum fédéral établi dans le Code canadien du travail est fixé au taux de salaire minimum de la province ou du territoire où l’employé exerce habituellement ses fonctions. Devrait-on maintenir cette approche ou rétablir un salaire minimum fédéral indépendant? Advenant l’adoption d’un taux indépendant, comment devrait-il être établi, à quel niveau et qui devrait y avoir droit?

Contexte

Le salaire minimum, qui est une norme du travail fondamentale, est le plus faible taux de rémunération qu’un employeur peut légalement verser à ses employés.

L’objet d’une politique du salaire minimum varie. Traditionnellement, les gouvernements ont adopté des salaires minimums pour protéger les travailleurs non syndiqués, réduire le nombre d’emplois peu rémunérés, alléger la pauvreté, créer des incitatifs au travail, réduire les inégalités et stimuler la croissance grâce à une augmentation de la demande.

Les salaires minimums sont également établis et rajustés de différentes façons : par l’adoption de lois ou de règlements; par décision du gouvernement ou d’un conseil indépendant; et en fonction de l’inflation, des taux salariaux moyens ou d’autres facteurs économiques.

Les premiers salaires minimums ont été établis au Canada au début du XXe siècle; ils visaient principalement les femmes et les enfants. Le Manitoba et la Colombie-Britannique ont adopté des lois sur le salaire minimum en 1918. L’Ontario, le Québec, la Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan leur ont emboîté le pas en 1920. L’Île-du-Prince-Édouard a été la dernière province à adopter une loi sur le salaire minimum s’appliquant aux hommes et aux femmes, ce qu’elle a fait en 1960.

Le salaire minimum fédéral est le salaire minimum applicable aux travailleurs visés par la partie III (Normes du travail) du Code canadien du travail (le Code). Cela comprend les employés dans les industries sous règlementation fédérale, les sociétés d’État et certaines activités des gouvernements autochtones dans les réserves des Premières Nations.

Avant 1996

Entre 1965, année où la partie III du Code est entrée en vigueur, et 1970, le salaire minimum fédéral était précisé dans le Code; à partir de 1971, le gouverneur en conseil avait le pouvoir d’ajuster le taux par règlement.

Le salaire minimum fédéral avait été fixé à 1,25 $ l'heure à l’origine. Il a augmenté pour atteindre 4,00 $ l'heure en 1986, après quoi il est resté inchangé pendant une décennie environ. Vers le milieu des années 1990, le taux fédéral accusait un retard important par rapport aux salaires minimums des provinces et territoires, qui étaient en moyenne de 5,95 $ l'heure.

Démarche actuelle

Le Code a été modifié en 1996 pour remédier à cette situation. En particulier, des modifications ont été apportées pour que le salaire minimum fédéral s’adapte automatiquement aux modifications des taux provinciaux et territoriaux, garantissant ainsi que le taux fédéral conservera sa pertinence au fil du temps, peu importe les différentes conditions socioéconomiques qui ont cours à travers le pays.

La démarche actuelle, qui est exposée dans l’article 178 de la partie III du Code, repose sur deux éléments clés :

De plus, l’article 178 prévoit les situations où les employés sont rémunérés sur une base autre qu’un taux horaire. En particulier, les travailleurs dans cette situation doivent recevoir au moins l’équivalent du salaire minimum. Le ministre est autorisé, par arrêté, à « fixer une norme autre que le temps comme base du salaire minimum » ou « un taux minimum qui, selon lui, équivaut au [salaire minimum] ».

Développement récents

Au cours des dernières années, des appels ont été lancés afin que le gouvernement fédéral rétablisse un salaire minimum fédéral uniforme et indépendant. Pour certains, c’est une question de décence (par exemple Arthurs, 2006); pour d’autres, c’est un dossier dans lequel le gouvernement fédéral doit faire preuve de leadership (par exemple une motion que le Nouveau Parti démocratique a déposée à la Chambre des communes en 2014).

Les salaires minimums provinciaux et territoriaux ont continué d’augmenter régulièrement. Au 1 janvier 2019, ils étaient en moyenne de 12,23 $ l'heure, allant d’un minimum de 11,00 $ en Saskatchewan à un maximum de 14,00 $ en Ontario. À l’heure actuelle, la plupart des provinces et des territoires révisent ou rajustent régulièrement leurs taux, et la plupart des taux sont indexés sur l’inflation.

En outre, plusieurs provinces ont récemment apporté des changements significatifs à leurs taux ou ont annoncé qu’elles le feront. L’Ontario a relevé son salaire minimum, qui est passé de 11,60 $ à 14,00 $ l'heure le 1 janvier 2018. En Alberta, le salaire minimum est passé de 11,60 $ à 15,00 $ l'heure le 1 octobre 2018. En Colombie-Britannique, il est passé de 11,35 $ à 12,65 $ l'heure le 1 juin 2018, et il atteindra 14,60 $ le 1 juin 2019 et 15,20 $ le 1 juin 2021.

De façon plus générale, des campagnes à grande visibilité en faveur de l’augmentation du salaire minimum menées par des syndicats et des organismes de lutte contre la pauvreté ont pris de l’ampleur en Amérique du Nord ces dernières années (par exemple le mouvement Fight for $15 and Fairness).

De plus, de nouvelles méthodologies de recherche et les résultats de nouvelles recherches ont suscité un intérêt renouvelé pour les conséquences du salaire minimum et ont servi de fondement à des réformes, notamment l’établissement d’un salaire minimum à l’échelle de la ville à Seattle, Chicago, New York et Washington (D.C.) ainsi que l’adoption d’un salaire minimum national en Allemagne en 2015 et d’un salaire vital national au Royaume-Uni en 2016.

Le salaire minimum dans le secteur privé sous réglementation fédérale

Cette section présente une analyse du salaire minimum et des travailleurs à faible salaire dans le secteur privé sous réglementation fédérale (SPRF) ainsi que des violations des dispositions du Code en matière de salaire minimum.

Analyse des travailleurs à faible salaire

D’après les résultats de l’Enquête sur les milieux de travail de compétence fédérale (EMTCF) de 2015 et de l’Enquête sur la population active (EPA), le Programme du travail estime à 42 000 le nombre d’employés du SPRF qui touchaient le salaire minimum de la province où ils travaillaient en 2017, soit 5 % de la main-d’œuvre du SPRF, par rapport à 7 % des employés qui touchaient le salaire minimum au Canada dans son ensemble (à l’exclusion des territoires, pour lesquels il n’y a pas de données) en 2017Note de bas de page 2.

Il est utile de prendre en considération les employés touchant à peine plus que le salaire minimum actuel qui pourraient être directement touchés par l’adoption d’un salaire minimum fédéral uniforme. À cette fin, un seuil salarial de 15,00 $ l'heure en 2017 a été retenu. Cette analyse montre qu’approximativement 67 000 employés gagnaient moins de 15,00 $ l'heure en 2017, soit 7 % de la main-d’œuvre du SPRF. En comparaison, 21 % des personnes employées au Canada gagneraient moins de 15 $ l’heure. La proportion des personnes employées dans le SPRF qui touchent à peine plus que le salaire minimum serait donc beaucoup plus faible que la proportion équivalente des personnes employées au Canada dans son ensemble.

Une analyse de la répartition de ces deux groupes d’employés—ceux qui touchent actuellement le salaire minimum et ceux qui gagneraient moins de 15 $ l'heure—selon diverses caractéristiques, dans le SPRF et au Canada dans son ensemble est présentée ci-dessous. Dans cette analyse, l’expression « travailleurs à faible salaire » englobe les deux groupesNote de bas de page 3.

La répartition provinciale des travailleurs à faible salaire est plus ou moins la même dans le SPRF et dans l’ensemble du Canada (tableau 1). Approximativement les deux cinquièmes des travailleurs à faible salaire se trouvent en Ontario. Entre le cinquième et le quart environ se trouvent au Québec.

Tableau 1: Répartition des travailleurs à faible salaire par province, 2017
Province Salaire minimum < 15 $ l'heure
SPRF Canada SPRF Canada
Atlantique 6 % 7 % 10 % 8 %
Québec 19 % 23 % 25 % 23 %
Ontario 44 % 44 % 39 % 42 %
Manitoba 5 % 3 % 4 % 4 %
Saskatchewan 2 % 1 % 2 % 3 %
Alberta 12 % 12 % 6 % 8 %
Colombie-Britannique 14 % 10 % 13 % 12 %
Dans sa totalité 5 % 7 % 7,5 % 21 %

Source : Enquête sur la population active de 2017

C’est le transport routier qui affiche la plus grande proportion de travailleurs à faible salaire dans le SPRF, soit près de 3 travailleurs sur 10 (tableau 2). Moins de 10 % de ces travailleurs à faible salaire se retrouvent dans le secteur des services postaux et du transport par pipelines (la vaste majorité dans les premiers). La différence s’explique peut-être en partie du fait que la couverture des conventions collectives dans le domaine du transport routier est légèrement inférieure à 20 % tandis qu’elle est de près de 75 % dans le secteur des services postaux et du transport par pipelines, selon l’EMTCF de 2015.

Tableau 2 : Répartition des travailleurs à faible salaire par secteur, 2017Note de bas de page 4
Secteur Salaire minimum < 15 $ l'heure
Transport aérien, transport ferroviaire et transport par eau 26 % 22 %
Transport routier 31 % 28 %
Services postaux et transport par pipelines 5 % 8 %
Secteur bancaire 21 % 25 %
Aliments pour animaux, farine, semences et grains; Télécommunications et radiodiffusion; Autres 18 % 16 %

Source : Enquête sur la population active de 2017

Les grandes entreprises du SPRF (celles qui ont 500 employés ou plus) emploient la plus grande proportion d’employés payés au salaire minimum, soit un peu plus de la moitié de ces employés; viennent ensuite les petits employeurs (< 20 employés), à 22 % (tableau 3). D’autres travailleurs à faible salaire (qui touchent plus que le salaire minimum, mais moins de 15 $ l'heure) sont un peu plus nombreux dans les entreprises qui comptent 20 employés ou plus par rapport aux employés qui ne gagnent que le salaire minimum.

Tableau 3 :Répartition des travailleurs à faible salaire selon la taille de l’entreprise, 2017
Taille de l’entreprise Salaire minimum < 15 $ l'heure
SPRF Canada SPRF Canada
< 20 employés 22 % 25 % 16 % 25 %
Entre 20 et 99 employés 16 % 17 % 17 % 19 %
Entre 100 et 500 employés 11 % 12 % 12 % 13 %
500 employés ou plus 51 % 46 % 55 % 43 %

Source : Enquête sur la population active de 2017

Même si 51 % des travailleurs qui gagnent le salaire minimum sont employés par des entreprises du SPRF qui comptent 500 employés ou plus, ils représentent seulement 3 % de l’effectif total de ces entreprises (tableau 4). De la même façon, 55 % des employés qui gagnent moins de 15 $ l'heure travaillaient dans des entreprises comptant 500 employés ou plus, mais ils représentaient seulement 5 % des effectifs de ces entreprises.

Tableau 4 : Proportion de travailleurs à faible salaire selon la taille de l’entreprise, 2017
Taille de l’entreprise Salaire minimum < 15 $ l'heure
SPRF Canada SPRF Canada
< 20 employés 17 % 9 % 20 % 26 %
Entre 20 et 99 employés 11 % 7 % 18 % 22 %
Entre 100 et 500 employés 5 % 5 % 8 % 16 %
500 employés ou plus 3 % 6 % 5 % 16 %

Source : Enquête sur la population active de 2017

Si environ 55 % des travailleurs à faible salaire dans le SPRF sont des hommes, c’est parce qu’il y a une plus grande concentration d’hommes dans le SPRF de façon générale (61 %) (tableau 5). Les personnes travaillant dans le SPRF qui ont entre 25 et 54 ans constituent 51 % des employés qui sont payés au salaire minimum. Le contraste est saisissant quand on examine le Canada dans son ensemble, où les travailleurs à faible salaire sont beaucoup plus concentrés (à 58 %) dans le groupe d’âge des moins de 25 ans. Environ le tiers des travailleurs qui touchent le salaire minimum dans le SPRF et au Canada dans son ensemble sont des immigrants.

Tableau 5 : Répartition des travailleurs à faible salaire selon le sexe, l’âge et le statut d’immigrant, 2017
Caractéristiques personnelles Salaire minimum < 15 $ l'heure
SPRF Canada SPRF Canada
Femmes 47 % 59 % 43 % 58 %
Hommes 53 % 41 % 57 % 42 %
< 25 ans 24 % 58 % 27 % 44 %
Entre 25 et 54 ans 51 % 30 % 54 % 41 %
55 ans et plus 25 % 12 % 20 % 15 %
Canadiens de naissance 64 % 69 % 67 % 71 %
ImmigrantsNote de bas de page 5 33 % 30 % 31 % 25 %
qui ont immigré dans les 5 dernières années 1 % 2 % 5 % 6 %
qui ont immigré dans les 10 dernières années 2 % 5 % 8 % 11 %
Autres non-immigrantsNote de bas de page 6 3 % 1 % 2 % 4 %

Source : Enquête sur les milieux de travail de compétence fédérale de 2015 et Enquête sur la population active de 2017

La plus grande partie des travailleurs à faible salaire dans le SPRF est constituée de familles comptant deux soutiens, soit entre 45 % et 50 % des travailleurs à faible salaire approximativement (tableau 6). Les familles monoparentales et les familles comptant un seul soutien représentent environ 25 % des travailleurs à faible salaire dans le SPRF.

Tableau 6 : Répartition des travailleurs à faible salaire selon la classification de la famille, 2017
Classification de la famille Salaire minimum < 15 $ l'heure
SPRF Canada SPRF Canada
Personnes seules 15 % 12 % 15 % 15 %
Familles à deux soutiens 46 % 47 % 47 % 47 %
Familles à un soutien 19 % 14 % 16 % 15 %
Familles monoparentales 7 % 15 % 8 % 12 %
Autres familles, y compris celles qui n’ont pas de revenu d’emploi 13 % 12 % 14 % 12 %

Source : Enquête sur la population active de 2017

Dans le SPRF, un peu plus de 7 personnes sur 10 parmi celles qui touchent le salaire minimum travaillent à temps plein (tableau 7). Parmi les 25 % à 30 % des travailleurs payés au salaire minimum dans le SPRF qui travaillent à temps partiel, une minorité (quelque 30 %) décrit ce travail à temps partiel comme étant involontaire et attribuable à des raisons économiquesNote de bas de page 7. Moins de 2 personnes sur 10 parmi celles qui sont payées au salaire minimum dans le SPRF occupent un emploi temporaire.

Tableau 7 : Répartition des travailleurs à faible salaire selon la situation d’emploi et l’ancienneté, 2017
Situation d’emploi Salaire minimum < 15 $ l’heure
SPRF Canada SPRF Canada
à temps plein 71 % 41 % 74 % 55 %
à temps partiel 29 % 59 % 26 % 45 %
à temps partiel volontairement 23 % 48 % 19 % 34 %
à temps partiel involontairement : raisons économiques 6 % 11 % 7 % 10 %
Emploi permanent 83 % 72 % 80 % 77 %
Emploi temporaire 17 % 28 % 20 % 23 %
emplois saisonniers 5 % 6 % 4 % 5 %
emplois de durée déterminée et contractuels 5 % 10 % 9 % 9 %
emplois occasionnels et autres 7 % 12 % 7 % 9 %
Moins d’un an chez l’employeur 24 % 44 % 30 % 37 %
Entre 1 et 5 ans chez l’employeur 26 % 40 % 32 % 41 %
Entre 5 et 10 ans chez l’employeur 23 % 8 % 17 % 11 %
10 ans et plus chez l’employeur 27 % 8 % 21 % 11 %

Source : 2017 Labour Force Survey

Dans le SPRF, environ 17 % des employés payés au salaire minimum disent qu’ils sont visés par une convention collective, par rapport à 10 % au Canada dans son ensemble (tableau 8).

Environ 11 % des employés payés au salaire minimum dans le SPRF ont dit qu’ils avaient fait des heures supplémentaires non rémunérées pendant la semaine de référence, par rapport à 3 % des employés payés au salaire minimum au Canada (tableau 8). Les employés payés au salaire minimum dans le SPRF ont fait en moyenne 10,7 heures supplémentaires non rémunérées par rapport à 9,0 heures pour tous les employés au CanadaNote de bas de page 8.

Tableau 8 : Répartition des travailleurs à faible salaire selon qu’ils sont syndiqués ou non et selon qu’ils ont fait ou non des heures supplémentaires non rémunérées, 2017
Appartiennent à un syndicat et font des heures supplémentaires non rémunérées Salaire minimum < 15 $ l'heure
SPRF Canada SPRF Canada
Non visés par une convention collective 83 % 90 % 79 % 88 %
Visés par une convention collective 17 % 10 % 21 % 12 %
N’ont pas fait d’heures supplémentaires non rémunérées 89 % 97 % 94 % 97 %
Ont fait des heures supplémentaires non rémunérées 11 % 3 % 6 % 3 %
Moyenne des heures supplémentaires non rémunérées 10,7 9,0 8,9 7,4

Source : Enquête sur la population active de 2017

Violations des dispositions du Code qui régissent le salaire minimum

En vertu du Code, les employés du SPRF qui estiment ne pas être payés au salaire minimum approprié ont le droit de déposer une plainte auprès du Programme du travail. Des violations des dispositions du Code qui régissent le salaire minimum peuvent également être relevées lors des inspections menées par le Programme du travail.

En général, le nombre de plaintes formelles déposées auprès du Programme du travail au cours d’une année est relativement faible, et environ la moitié de ces plaintes sont jugées fondées. Le nombre total de violations alléguées (découlant de plaintes et d’inspections) peut varier sensiblement d’une année à l’autre. De plus, le nombre de cas de non-conformité est en général plus élevé dans des industries comme le camionnage, où les salaires ne sont pas calculés à l’heure (ils peuvent être calculés par exemple en cents par kilomètre ou versés sous forme de commissions sur les ventes, avec ou sans taux de base ou rémunération à la pièce).

D’après des données administratives internes, pendant la période de cinq ans écoulée entre 2013 et 2017Note de bas de page 9 :

Les constats de la recherche

On considère souvent qu’une conférence qui s’est tenue à l’Université Cornell en 1991 a servi de tremplin à une nouvelle phase de recherche sur les salaires minimums reposant sur de nouvelles méthodologies et de nouveaux cadres théoriques, en plus de susciter de l’intérêt pour les répercussions des changements apportés aux politiques. La présente section résume certains des thèmes et des constats importants qui ressortent de la littérature depuis cette conférence, l’accent étant mis sur les articles et les études publiés au cours des 10 à 15 dernières années.

L’emploi et les heures de travail

Les répercussions des salaires minimums sur l’emploi font l’objet d’un débat animé entre les chercheurs, et la littérature en la matière est de plus en plus vaste, de nouvelles études paraissant chaque mois.

En 2014, Belman et Wolfson ont examiné plus de 200 articles scientifiques et documents d’orientation sur le salaire minimum qui avaient été publiés depuis 2000, et ils ont présenté leurs résultats dans un ouvrage qui a fait époque, What Does the Minimum Wage Do? Les auteurs ont constaté que peu d’études [traduction] « avaient réussi à trouver des répercussions sensiblement importantes [du salaire minimum] sur la réactivité de l'emploi, mesurée par le nombre d’emplois, le nombre de travailleurs ou le nombre d’heures. Cela ne met pas fin au débat, mais la prépondérance de la preuve tend dans cette direction. » Belman et Wolfson ont également constaté qu’avant 2014, la plupart des hausses du salaire minimum qui avaient fait l’objet d’études rigoureuses n’avaient pas été particulièrement élevées.

Dans une analyse des études publiées au sujet des conséquences du salaire minimum sur l’emploi, Neumark (2017), économiste américain de l’Université de la Californie à Irvine, conclut [traduction] « qu’il y a une variation claire de l’ampleur des effets estimés sur l’emploi dans les études et que le débat oscille souvent entre une élasticité égale à (ou impossible à distinguer de) 0 dans les groupes d’emplois peu spécialisés et une élasticité allant de -0,1 à -0,2Note de bas de page 10. Toutefois, on trouve des estimations négatives plus prononcées dans la littérature et des estimations positives importantes à l’occasion. » L’analyse de Neumark se concentre sur la littérature américaine, qui est de loin la plus vaste, ce qui s’explique en partie par le fait que les chercheurs sont en mesure d’exploiter les variations des salaires minimums dans les États-Unis. Neumark constate également que les études qui concluent à l’absence de répercussions tendent à utiliser une méthodologie particulière (c’est-à-dire celle des contrôles de proximité). Le débat se poursuit sur les avantages et les inconvénients de cette méthodologie, et Neumark lui-même l’a critiquée.

De plus, toujours selon Neumark (2017), les adolescents constituent le groupe le plus souvent observé, et l’étude des travailleurs à faible salaire qui ne sont pas dans ce groupe d’âge tend à poser de plus grands défisNote de bas de page 11.

Dans un commentaire de 2015 intitulé The case for increasing the minimum wage: What does the academic literature tell us?, l’économiste du travail canadien David Green précise que [traduction] « toute estimation d’un effet important sur l’emploi dans la littérature existante ne s’applique qu’aux adolescents ». Il ajoute qu’une étude qu’il a menée avec Pierre Brochu estimait que [traduction] « l’effet d’une hausse de 10 % du salaire minimum pour les jeunes adultes de 20 à 24 ans ne se traduit que par une baisse de 0,5 % du taux d’emploi de ce groupe. Et les estimations pour les travailleurs de plus de 25 ans tendent à montrer que l’effet sur l’emploi serait essentiellement nul. » Toutefois, Green fait également remarquer que si la Colombie-Britannique relevait le salaire minimum à 15 $ (il était à 10,25 $ à l’époque), on ne pourrait pas tenir pour acquis que les effets seraient nuls pour les travailleurs de plus de 25 ans. Il estime que si le salaire minimum de 10,25 $ l'heure de l’époque avait été relevé à 15 $, le taux d’emploi aurait diminué d’un peu moins d’un point de pourcentage.

En juin 2017, quatre économistes du travail canadiens ont fait paraître une lettre d’opinion dans The Globe and Mail au sujet de la hausse proposée du salaire minimum en Ontario, qui augmenterait graduellement pour passer de 11,40 $ à 15 $ l'heure en 2019. Osberg, Riddell, Rozworski et Stanford ont dit que [traduction] « de nombreuses études empiriques très crédibles ont confirmé le constat de base, à savoir que des hausses modérées du salaire minimum n’ont pratiquement aucune répercussion sur l’emploi. Des recherches substantielles menées récemment au Canada, aux États-Unis et en Grande-Bretagne ont également conclu que des salaires minimums plus élevés réussissent à relever le revenu des travailleurs à faible salaire et à réduire l’inégalité salariale. »

Dans une étude publiée en 2018, Rybczynski et Sen ont examiné les données canadiennes pour la période allant de 1981 à 2011 et conclu qu’une augmentation de 10 % du salaire minimum s’accompagnait d’une réduction de 1 % à 4 % des taux d’emploi chez les adolescents des deux sexes. Les économistes de l’Université de Waterloo ont constaté de plus qu’une augmentation du salaire minimum était associée à une réduction de l’emploi chez les immigrants d’âge intermédiaire.

Les travailleurs âgés

Selon une étude de 2009 menée par Fang et Gunderson, l’emploi chez les travailleurs de 50 ans et plus augmentait après une hausse du salaire minimum. Selon l’interprétation qu’en donnent les auteurs, il se peut que les employeurs tendent à remplacer des travailleurs plus jeunes par des travailleurs plus âgés quand le salaire minimum augmente, ce qui est conforme au constat selon lequel il y a avait eu une diminution de la part des jeunes au chapitre de l’embauche. Selon Neumark (2017), [traduction] « la substitution d’une main-d’œuvre par une autre—le remplacement de travailleurs peu spécialisés par des travailleurs plus spécialisés lorsque le salaire minimum augmente—explique peut-être en partie la variation des effets du salaire minimum d’une étude à l’autre […] On trouve certaines preuves de l’existence de cette substitution de main-d’œuvre.»

La stabilité d’emploi

Il a été constaté que des hausses du salaire minimum augmentent la stabilité d’emploi. Deux économistes qui travaillent respectivement à l’Université d’Ottawa et à l’Université de la Colombie-Britannique (Brochu et Green, 2013) ont conclu que lorsque le salaire minimum augmente, les travailleurs de tous les groupes d’âge sont moins susceptibles d’être mis à pied pendant la première année qu’ils occupent un emploi. Par ailleurs, les entreprises réduisent leur taux d’embauche. Il se peut donc qu’un travailleur ait besoin de plus de temps pour trouver un emploi après une augmentation du salaire minimum, mais que cet emploi soit plus susceptible d’être un emploi stable. Selon certains auteurs, il existerait un lien entre les hausses du salaire minimum et la formation des travailleurs; toutefois, les données empiriques sont mixtes dans le meilleur des cas, et la seule étude canadienne à examiner cette question (Baker, 2005) a conclu que les données n’étaient pas d’assez de bonne qualité pour être concluantes.

L’inégalité salariale

Il a été démontré qu’en plus de contribuer au relèvement du salaire des personnes qui touchaient le salaire minimum, une hausse du salaire minimum bénéficie également aux travailleurs dont le salaire était égal ou légèrement supérieur au nouveau salaire minimum avant que ce dernier augmente. En effet, il se peut que les employeurs versent des salaires supérieurs au salaire minimum pour attirer, conserver et motiver ces travailleurs.

Neumark et coll. (2004) estiment que les employés qui touchaient jusqu’à deux fois plus que le montant du salaire minimum précédent connaissent eux aussi des hausses salariales après une augmentation du salaire minimum, mais la taille de cet effet d’entraînement sur les salaires diminue graduellement. Par exemple, ils estiment qu’une augmentation de 1 % du salaire minimum se traduit par une augmentation de 0,41 % des salaires des personnes qui touchaient entre 1,1 et 1,2 fois le salaire minimum précédent, tandis que les personnes qui touchaient entre 1,2 et 1,3 fois le salaire minimum peuvent s’attendre à une hausse de 0,36 %. Cependant, ces estimations sont des moyennes et elles dépendent du niveau du salaire minimum précédent et de l’ampleur de son augmentation : si le salaire minimum de départ était déjà élevé (par rapport au salaire médian), on pourrait s’attendre à ce que l’effet d’entraînement soit plus limité.

En conséquence, les hausses du salaire minimum réduisent l’inégalité salariale en ce sens que les personnes qui sont au bas de l’échelle de répartition des salaires reçoivent le nouveau salaire minimum, tandis que les travailleurs dont le salaire est égal ou supérieur au salaire médian ne sont pas touchés par l’augmentation. Un certain nombre d’études viennent étayer l’opinion selon laquelle le recul du salaire minimum en termes réels aux États-Unis entre le début des années 1970 et les années 2000 a joué un rôle important dans l’augmentation de l’inégalité salariale (Lee, 1999; Card et DiNardo, 2002; Autor, Katz et Kearney, 2008). Des recherches menées au Canada révèlent elles aussi des répercussions importantes sur l’inégalité salariale. Par exemple, Fortin et Lemieux (2016) ont montré que les hausses du salaire minimum étaient un facteur explicatif important du léger recul de l’inégalité salariale après le milieu des années 2000, lorsque les salaires à l’extrémité inférieure de la courbe de distribution du revenu ont augmenté davantage que les salaires au milieu de la courbe.

Des hausses du salaire minimum auraient aussi pour effet de réduire l’écart salarial entre les sexes, car les femmes sont représentées de manière disproportionnée dans la main-d’œuvre à faible salaire. Par exemple, les femmes représentent 39 % de la main-d’œuvre du SPRF, mais près de 47 % de la main-d’œuvre payée au salaire minimum.

La pauvreté

On trouve une conclusion commune dans le nombre très limité d’études canadiennes et d’études américaines sur les répercussions en matière de pauvreté : les hausses du salaire minimum n’ont essentiellement aucun effet sur les taux de pauvreté (par exemple Compolieti et coll., 2012). L’une des raisons est que de nombreux ménages vivent dans la pauvreté, ce qui s’explique souvent par l’absence de travail rémunéré. Une hausse du salaire minimum, peu importe son ampleur, n’exercera donc pratiquement aucune influence à la hausse sur le revenu de ces ménages et pourra même avoir pour effet de le réduire si la hausse a des répercussions négatives sur les heures de travail. Toutefois, Green (2015) fait remarquer que les hausses du salaire minimum examinées dans cette littérature ont peut-être été trop faibles pour avoir une incidence perceptible sur les taux de pauvreté.

En outre, selon Mascella et coll. (2009), un grand nombre de travailleurs payés au salaire minimum ne vivent pas dans des ménages pauvres. Il peut s’agir par exemple d’adolescents qui vivent avec leurs parents ou de travailleurs payés au salaire minimum dans un ménage comptant deux revenus.

La transition vers un travail mieux rémunéré

Des recherches menées aux États-Unis montrent que même si la plupart des travailleurs ne passent pas de longues périodes à travailler au salaire minimum, la situation est différente pour bon nombre d’entre eux, ce qui indique qu’ils sont incapables de faire la transition vers un travail mieux rémunéré. Une étude menée en 2001 par Carrington et Fallick a révélé que parmi les travailleurs qui ont obtenu un diplôme, 8 % s’étaient retrouvés à 1 $ du salaire minimum pendant la moitié ou plus de la première décennie qui a suivi l’obtention de leur diplôme. Environ 20 % ont touché le salaire minimum pendant le quart de la première décennie qui a suivi l’obtention de leur diplôme, voire plus. Comme cette étude a porté sur les travailleurs qui touchent le salaire minimum au début de leur carrière, la population se composait surtout de jeunes. Les chercheurs ont également constaté que les femmes et les Afro-Américains travaillent plus longtemps au salaire minimum ou près de celui-ci. Il n’y a malheureusement pas de recherche canadienne sur la période passée à travailler au salaire minimum.

L’inscription aux études chez les jeunes

Dans leur recension de la littérature sur le salaire minimum de 2014, Belman et Wolfson ont examiné les analyses de la relation entre le salaire minimum et la scolarité, mais ils ont conclu qu’à cause de problèmes méthodologiques, l’effet du salaire minimum sur l’inscription aux études était incertain.

La rentabilité des entreprises

D’après leur recension de 2014, Belman et Wolfson sont arrivés à la conclusion que [traduction] « des preuves solides démontrent que le salaire minimum réduit les profits, certainement au Royaume-Uni, mais il ne semble pas exercer d’influence là où l'on aurait pu s'y attendre, c’est-à-dire sur les taux de sortie des entreprises (en d’autres mots, sur les fermetures) ni sur le cours de leurs actions. » Toutefois, les auteurs d’une étude récente (Luca et Luca, 2018), qui ont utilisé des données de la plateforme numérique Yelp, ont constaté que les hausses du salaire minimum augmentaient la probabilité de fermetures d’entreprise dans l’industrie de la restauration aux États-Unis : une hausse d’un dollar du salaire minimum s’était traduite par une hausse de 14 % de la probabilité de fermeture des restaurants cotés 3,5 étoiles (la cote médiane sur Yelp), mais n’avait pas eu d’effet perceptible sur les restaurants cotés 5 étoiles (sur une échelle de 1 à 5 étoiles).

Chômage agrégé et croissance économique

Le taux de chômage pourrait augmenter à la suite d’une hausse du salaire minimum, ce qui s’expliquerait soit par une réduction de l’emploi, soit par un afflux de nouveaux venus sur le marché du travail qui sont attirés par la possibilité d’un salaire plus élevé. Il est difficile de démêler les effets de ces deux facteurs, mais selon une recherche menée par Flinn (2006), il semble que des augmentations simultanées du taux de chômage et du taux de participation à la population active s’observent après des hausses du salaire minimum.

Une hausse du salaire minimum fédéral pourrait peut-être même avoir des effets positifs sur la croissance économique (qui s’expliqueraient par une augmentation du pouvoir d’achat des travailleurs qui ont conservé leur emploi et dont le salaire a augmenté) aussi bien que des effets négatifs (par exemple une réduction de l’emploi dans la foulée de la hausse du salaire minimum)Note de bas de page 12. L’effet net, qu’il soit positif ou négatif, serait très faibleNote de bas de page 13.

Le secteur privé sous réglementation fédérale

Il n’y a pas de recherche ayant porté expressément sur les hausses du salaire minimum dans le SPRF.

On peut toutefois faire les observations suivantes :

Perspectives des intervenants

Les participants aux consultations sur la modernisation des normes du travail fédérales que le Programme du travail a tenu en 2017 et 2018 avaient des opinions partagées sur la question de savoir si un salaire minimum fédéral devrait être rétabli et, dans l’affirmative, à combien il devrait s’élever.

Lors des tables rondes dont la ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et du Travail a été l’hôte, les syndicats et les groupes de travailleurs se sont dits en faveur d’un salaire minimum fédéral de 15 $ l'heure qui serait indexé en fonction de l’inflation. Les employeurs et les organisations d’employeurs, quant à eux, étaient d’avis que le rétablissement d’un salaire minimum commun pour les travailleurs du secteur privé sous réglementation fédérale irait à l’encontre de la pratique récente consistant à aligner le salaire minimum sur le coût de la vie dans la province ou le territoire. Ils ont également fait valoir que cela créerait une concurrence pour la main-d’œuvre entre le secteur réglementé par le gouvernement fédéral et les secteurs réglementés par les provinces et territoires et, par conséquent, des pressions inflationnistes sur les salaires.

Cette question a également été posée dans le sondage en ligne. Même si elles ne constituent pas un échantillon statistiquement représentatif, les 2 453 personnes qui ont répondu à la question de savoir s’il devrait y avoir un salaire minimum commun pour les employés dans le secteur privé sous réglementation fédérale ont répondu « oui » dans une proportion de 76 %, ce taux étant le même chez les femmes et chez les hommes. Les femmes et les hommes qui ont répondu « non » à cette question l’ont fait dans des proportions semblables (14 % et un peu moins de 19 % respectivement). Parmi les 1 854 personnes qui ont répondu à la question de savoir à quel niveau le salaire minimum fédéral devrait être fixé, environ 46 % des femmes et des hommes ont répondu 15 $ l'heure. Environ 30 % des femmes et des hommes ont mentionné un salaire supérieur à 15 $ l'heure. Un grand nombre de répondants ont dit que le taux qu’ils jugent approprié est ou devrait être un salaire de subsistance. Quelques personnes ont dit que le taux devrait être relevé automatiquement d’un montant ou d’un pourcentage fixe, ou en fonction des hausses du coût de la vie ou de l’inflation.

Questions à examiner par le comité d’experts

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