Évaluation du Programme de Travail partagé

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Évaluation du Programme de Travail partagé [PDF - 1 476 Ko]

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Liste des tableaux

Liste des figures

Liste des abréviations

AE
Assurance-emploi
CSE
Centre de services aux employeurs
DGCE
Direction générale des compétences et de l'emploi
DGOP
Direction générale des opérations de programmes
DGSC
Direction générale de service aux citoyens
EDSC
Emploi et Développement social Canada
SSUC
Subvention salariale d'urgence du Canada

Sommaire

Le programme de Travail partagé est un programme de maintien en poste conçu pour aider les employeurs et les employés à éviter les mises à pied lorsque survient un ralentissement temporaire des activités d'entreprise en raison de circonstances indépendantes de la volonté de l'employeur. L'objectif est que tous les employés participants reprennent leurs heures de travail normales avant la fin de l'accord de travail partagé. Le programme permet aux employeurs de maintenir en poste les employés qualifiés et d'éviter le processus coûteux d'embauche et de formation de nouveaux employés lorsque les activités reprennent leur cours normal. Il permet aussi aux employés de conserver leurs compétences et leur emploi par le versement d'un supplément à leur salaire sous forme de prestations d'assurance-emploi (AE) pour les heures non travaillées en raison de l'accord de travail partagé. Le programme s'est révélé très efficace pendant les périodes de récession économique temporaire et il peut aider les employeurs qui sont touchés par un sinistre ou qui se trouvent dans une situation d'urgence.

L'évaluation décrite dans le présent rapport se fonde sur l'évaluation du programme réalisée en 2016 et vise ainsi à recueillir des données qui permettront de déterminer si le programme atteint toujours ses objectifs et d'établir si des améliorations ont été apportées à l'exécution et à la visibilité du programme depuis l'évaluation de 2016. L'évaluation vise principalement les employeurs et les employés qui ont pris part à un accord de travail partagé de 2013 à 2020, y compris au processus de demande en vigueur avant la pandémie.

Principales constatations

Besoins du marché du travail et visibilité du programme

Participation et recours au programme

Incidence du programme

Exécution du programme

Recommandations

Réponse de la direction et plan d'action

Réponse générale de la direction

La Direction générale des compétences et de l'emploi (DGCE) et la Direction générale des opérations de programmes (DGOP) tiennent à saluer la contribution de toutes les personnes qui ont pris part à l'évaluation du programme de Travail partagé et des informateurs clés qui ont participé aux entrevues.

Dans l'ensemble, les constatations découlant de l'évaluation du programme de Travail partagé sont pour la plupart positives. Elles démontrent qu'il y a continuellement un besoin pour le programme. D'après l'évaluation, le programme obtient les résultats attendus, notamment celui de prévenir les mises à pied. Du côté des employeurs, le programme a permis d'accroître le maintien en poste et d'économiser des coûts associés à l'accueil de nouveaux employés. En outre, les entreprises qui ont participé au programme étaient moins susceptibles de fermer leurs portes au terme de leur accord de travail partagé.

Du côté des employés, la participation au programme a permis d'accroître la sécurité financière, le taux de retour au travail et les revenus d'emploi, de même que de réduire le recours aux prestations d'assurance-emploi. Tant les employeurs que les employés ont indiqué que le programme avait eu une incidence bénéfique sur les relations entre l'employeur et les employés et que leur expérience s'était avérée positive. L'évaluation révèle également que l'inscription au programme est contracyclique, ou tributaire des conditions économiques : le nombre de demandes augmente quand l'économie est au ralenti et diminue en période de croissance économique. Ces tendances concordent avec les constatations de la précédente évaluation du programme de Travail partagé.

L'évaluation recommande 1) de simplifier le processus de demande et 2) d'accroître la promotion. La DGCE et la DGOP acceptent ces recommandations et font remarquer que plusieurs modifications ont été mises en œuvre depuis la fin de l'évaluation en 2020 et que d'autres sont en cours ou prévues.

Recommandation 1

Il est recommandé de simplifier le processus de demande du programme, y compris l'exigence de mettre en place un plan de redressement.

Réponse de la direction

La DGCE et la DGOP souscrivent à cette recommandation et font remarquer que d'importantes améliorations ont été apportées aux fins de la simplification du processus de demande depuis la fin de la période d'évaluation en 2020. L'évaluation souligne que plusieurs interventions mises en place pendant la pandémie de COVID 19 ont simplifié les processus de demande et d'examen, dont la simplification de l'exigence de soumettre un plan de redressement dans le cadre du processus de demande. Ces modifications ont déjà fait effet; à preuve, la diminution de 50 % du nombre de demandes de soutien en lien avec la présentation d'une demande, de 2021 à 2023. En plus de ces modifications récentes, la DGOP examine actuellement le processus de demande du programme de Travail partagé, ce qui, à terme, pourrait le simplifier encore davantage. La DGCE et la DGOP examineront de concert la fluctuation du recours au programme pendant la pandémie de COVID 19 (où se sont appliquées des mesures spéciales temporaires) et tenteront de cerner des gains d'efficience possibles.

Plan d'action de la direction 1.1

Intégrer systématiquement au formulaire de demande la version simplifiée de l'exigence de mettre en place un plan de redressement qui a été mise en œuvre en mars 2020. L'ancienne annexe de 4 pages a été remplacée par une question simplifiée dans le formulaire de demande.

Date d'achèvement prévue : Juin 2025

État de la mesure : En cours

Responsable(s): Surveillance des programmes de développement de la main-d'œuvre et des programmes jeunesse, DGOP

Plan d'action de la direction 1.2

En mars 2020, le processus de demande a été simplifié et clarifié par la mise en œuvre de modifications, dont les suivantes :

Date d'achèvement prévue : Août 2024

État de la mesure : Terminé

Responsable(s): Surveillance des programmes de développement de la main-d'œuvre et des programmes jeunesse, DGOP

Plan d'action de la direction 1.3

Analyser la fluctuation du recours au programme pendant la pandémie de COVID 19 et cerner des gains d'efficience possibles.

Date d'achèvement prévue : Mars 2025

État de la mesure : En cours

Responsable(s):

Plan d'action de la direction 1.4

Évaluer la faisabilité du développement d'une application multimodes en ligne pour l'inscription au programme, la présentation des demandes de prestations d'assurance-emploi, la formulation de commentaires, la soumission de requêtes et l'envoi de rapports.

Date d'achèvement prévue : Mars 2025

État de la mesure : En cours

Responsable(s):

Recommandation 2

Il est recommandé d'améliorer la promotion et la visibilité du programme pour y accroître la participation.

Réponse de la direction

La DGCE et la DGOP souscrivent à cette recommandation. Pour accroître la participation au programme, le Ministère s'efforce actuellement de promouvoir et de faire connaître le programme de Travail partagé au moyen de diverses stratégies. Le Ministère collabore avec des intervenants régionaux et provinciaux, mène des activités de sensibilisation ciblées pour les secteurs et fait des présentations mobiles pour guider et informer les employeurs et les employés. Le personnel ministériel responsable de la prestation des services dispose d'un éventail complet de renseignements sur les programmes et offre du soutien de diverses manières, notamment par l'intermédiaire d'une boîte de réception générale externe gérée par la DGOP, du Centre de services aux employeurs (CSE), de la Direction générale de service aux citoyens (DGSC) et des centres de contact de l'assurance-emploi. Le site Web a été largement mis à jour pour que son contenu soit plus accessible et exhaustif. Le personnel régional et les gouvernements provinciaux et territoriaux prennent part à la sensibilisation ciblée pour les secteurs, par exemple aux présentations lors de divers événements de l'industrie comme les conférences des comptables professionnels agréés et de l'association des employeurs de l'Atlantique. Le secteur de programme explorera de plus amples possibilités de promotion, notamment en faisant appel aux commissaires de l'assurance-emploi, aux bureaux régionaux de Service Canada et au CSE et en continuant d'étendre les activités de sensibilisation de façon à accroître la participation au programme. Il importe de concilier ces activités de promotion et les besoins actuels du programme en matière de financement pour que le Ministère soit en mesure de répondre à la demande croissante attribuable à la promotion. Le secteur de programme tient également à souligner qu'en raison de la nature contracyclique du programme, la visibilité de celui-ci et la participation sont accrues en période de ralentissement économique. En effet, l'évaluation montre que 50 % des employeurs qui ont participé au programme pour la première fois pendant la période visée par l'évaluation l'ont fait en raison du ralentissement économique causé par la pandémie de COVID 19.

Plan d'action de la direction 2.1

Le secteur de programme a largement modernisé le site Web du programme de Travail partagé pour en améliorer l'accès et le contenu informatif lié au programme.

Date d'achèvement prévue : Juin 2021

État de la mesure : Terminé

Responsable(s) : Surveillance des programmes de développement de la main-d'œuvre et des programmes jeunesse, DGOP

Plan d'action de la direction 2.2

Le secteur de programme explorera les occasions d'améliorer la promotion et la visibilité des manières suivantes :

Date d'achèvement prévue : Mars 2025

État de la mesure : En cours

Responsable : Surveillance des programmes de développement de la main-d'œuvre et des programmes jeunesse, DGOP

Appui :

1. Introduction

Dans le présent rapport figurent les constatations de l'évaluation du programme de Travail partagé (ci-après appelé le « programme »). Le programme de Travail partagé est un programme d'adaptation conçu pour aider les employeurs et les travailleurs à éviter les mises à pied lorsque survient un ralentissement temporaire des activités d'une entreprise en raison de circonstances indépendantes de la volonté de l'employeur. L'évaluation se fonde sur la précédente évaluation menée en 2016, qui visait la période de 2000 à 2013. L'évaluation a pour objectif d'évaluer l'incidence du programme sur les employés et les employeurs de 2013 à 2020 ainsi que des mesures spéciales mises en œuvre pendant cette périodeNote de bas de page 1. Elle se fonde sur plusieurs sources de données, dont des sondages menés auprès d'employeurs et d'employés participants, des données administratives, des entrevues réalisées auprès d'informateurs clés et une revue de la littérature.

2. Description du programme

2.1 Contexte

Le programme de Travail partagé voit le jour en 1977 sous la forme d'un projet pilote s'inscrivant à l'époque dans le régime d'assurance-chômage (ancien nom du régime d'assurance-emploi). Après avoir été annulé, il est rétabli en 1981 lors de la récession. En 1985, le programme devient un volet permanent du régime d'assurance-chômage. Depuis ce temps, il fait partie intégrante du régime d'assurance-emploi et n'a subi que peu de changements fondamentaux à sa structure et à ses règles.

2.2 Objectifs du programme

Le programme de Travail partagé est un programme de maintien en poste conçu pour aider les employeurs et les employés à éviter les mises à pied lorsque survient un ralentissement temporaire des activités d'entreprise en raison de circonstances indépendantes de la volonté de l'employeur. Il permet à tous les employés participants de rester en poste en travaillant selon un horaire de travail réduit temporairement de 10 % à 60 %. L'objectif est que tous les employés participants reprennent leurs heures de travail normales avant la fin de l'accord de travail partagé. Le programme permet aux employeurs de maintenir en poste les employés qualifiés et d'éviter le processus coûteux d'embauche et de formation de nouveaux employés lorsque les activités reprennent leur cours normal. Il permet aussi aux employés de conserver leurs compétences et leur emploi par le versement d'un supplément à leur salaire sous forme de prestations d'assurance-emploi pour les heures non travaillées en raison de l'accord de travail partagé. Le programme s'est révélé très efficace pendant les périodes de récession économique temporaire et il peut aider les employeurs qui sont touchés par un sinistre ou qui se trouvent dans une situation d'urgence.

Le programme de Travail partagé permet d'éviter des mises à pied en offrant un soutien du revenu au titre de la partie I de la Loi sur l'assurance-emploi aux employés admissibles aux prestations d'assurance-emploi qui ont un horaire de travail temporairement réduit le temps que leur employeur se rétablisse. Un élément clé du programme : les revenus provenant du travail partagé ne sont pas déduits des prestations pour travail partagé payables au prestataire pendant que l'accord de travail partagé est en vigueur. En outre, le délai de carence est reporté jusqu'à ce que des prestations d'assurance-emploi d'un autre type soient payables au prestataire. La réception de prestations pour travail partagé n'a aucune répercussion sur l'admissibilité aux prestations régulières d'assurance-emploi. S'ajoute à la période de prestations le nombre de semaines pendant lesquelles un accord de travail partagé s'applique à l'employé. Si l'entreprise n'arrive pas à se relever et qu'elle procède à des mises à pied pendant la période visée par l'accord de travail partagé ou à la fin de celle-ci, les travailleurs touchés sont tout de même admissibles aux prestations régulières ou spéciales d'assurance-emploi, suivant le nombre d'heures de travail assurable accumulées avant le début de l'accord.

Pour illustrer le fonctionnement du programme, prenons comme exemple une entreprise qui compte 100 employés assumant les mêmes responsabilités et qui songe à en licencier 20 temporairement. Si ces 20 employés étaient mis à pied, ils toucheraient des prestations régulières d'assurance-emploi au cours de la période de chômage à un taux de 55 % de leur rémunération assurable. Le programme de Travail partagé permet aux 100 employés de l'entreprise de se partager les coûts du ralentissement économique. Plutôt que de mettre à pied 20 employés, l'entreprise pourrait réduire de 20 % la semaine de travail des 100 employés (par exemple, réduire la semaine de travail à 4 jours). Tous les employés toucheraient ainsi des prestations pour travail partagé un jour par semaine (au même taux de 55 % de leur rémunération assurable).

2.3 Admissibilité

L'employeur doit satisfaire aux critères suivants pour être admissible au programme :

L'accord de travail partagé est d'une durée minimum de 6 semaines et d'une durée maximum de 26 semaines. Les employeurs peuvent demander une prolongation d'au plus 12 semaines. Ainsi, la durée maximale de l'accord est de 38 semaines. L'employeur doit démontrer que sans prolongation, la baisse des activités commerciales se poursuivra et l'entreprise ne sera pas en mesure de revenir aux heures de travail normales dans le délai prévu au départ, de sorte qu'un ou plusieurs employés risquent d'être mis à pied. On peut mettre fin à l'accord de travail partagé si le nombre moyen d'heures de travail perdues chute sous les 10 % ou excède la limite de 60 %Note de bas de page 2. Au terme de l'accord de travail partagé, l'employeur est tenu d'observer une période d'attente avant de pouvoir conclure un nouvel accord. La période d'attente équivaut au nombre de semaines où l'employeur a participé au programme.

L'employé doit satisfaire aux critères suivants pour être admissible au programme :

Contrairement aux bénéficiaires de prestations régulières d'assurance-emploi, les participants au programme de Travail partagé ne sont pas tenus d'observer un délai de carence avant de toucher leurs prestationsNote de bas de page 4. Toutefois, s'ils sont mis à pied après la fin du programme, les participants demeurent admissibles aux prestations régulières d'assurance-emploi s'ils répondent à toutes les conditions applicables. Si tel est le cas, ces employés doivent observer un délai de carence avant de recevoir des prestations d'assurance-emploi. La participation antérieure au programme n'a aucune répercussion sur le nombre de semaines d'admissibilité aux prestations d'assurance-emploi.

2.4 Exécution

Le processus de demande commence avec la demande de travail partagé que remplit l'employeur, qui doit la soumettre par courriel à son unité régionale de travail partagé au moins 30 jours ouvrables avant la date de début souhaitéeNote de bas de page 5. Les agents de Service Canada peuvent aider l'employeur à remplir une demande pour vérifier qu'il satisfait aux critères d'admissibilité du programme. Ils examinent la demande, en analysent la rentabilité et en évaluent l'incidence sociale et communautaire pour déterminer ce qui suit :

Une fois la demande approuvée, Service Canada élabore un document juridique, ou « accord de travail partagé ». Le document a force obligatoire une fois qu'il a été signé par le représentant de l'employeur, les représentants des employés et les représentants de Service Canada autorisés.

Lorsqu'un accord de travail partagé a été mis en œuvre, le personnel de Service Canada veille à ce qu'il soit exécuté en conformité avec les règlements. À la fin de l'accord de travail partagé, l'agent de Service Canada remplit un rapport de clôture résumant les principaux résultats.

2.5 Mesures spéciales

Le programme de Travail partagé est fait pour répondre et s'adapter aux besoins du contexte économique. Le cas échéant, des mesures spéciales ont été prises en réponse à de nouveaux défis sur le marché du travail et en soutien aux employeurs locaux touchés par une catastrophe naturelle ou une autre situation d'urgence. En règle générale, ces mesures spéciales visent à :

Par exemple, en mars 2020, le gouvernement a annoncé la mise en œuvre de mesures spéciales pour soutenir les employeurs et les travailleurs affectés par les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur l'économie. Ces mesures ont allongé la durée des accords de travail partagé de 38 semaines, pour une durée totale de 76 semaines. La période d'attente obligatoire a également été levée pour que les employeurs dont l'accord venait de prendre fin puissent en demander un nouveau.

Les mesures spéciales mises en œuvre de 2013 à 2020 sont énumérées à l'annexe B.

3. Approche de l'évaluation

L’évaluation décrite dans le présent rapport se fonde sur l’évaluation du programme réalisée en 2016Note de bas de page 6 et vise ainsi à recueillir des données qui permettront de déterminer si le programme atteint toujours ses objectifs et d'établir si des améliorations ont été apportées à l'exécution et à la visibilité du programme depuis l'évaluation de 2016. L'évaluation vise principalement les employeurs et les employés qui ont pris part à un accord de travail partagé de 2013 à 2020.

La méthodologie et les questions d'évaluation ont été élaborées en consultation avec la DGCE et Service Canada. Les questions d'évaluation portent sur les besoins du marché du travail, la participation au programme, le recours à ce dernier et son incidence sur les résultats en matière d'emploi des employés et des employeurs participants. L'évaluation se fonde sur plusieurs sources de données pour que l'information qui en découle soit à jour et pertinente et guide les activités stratégiques actuelles et futures :

La matrice d'évaluation figure à l'annexe C, et l'annexe D renferme de plus amples renseignements sur les sources de données utilisées.

Principales limites de l'évaluation

  1. Information limitée concernant les mesures spéciales en réponse à la COVID 19 : Au moment de l'évaluation, les plus récents documents fiscaux disponibles étaient pour l'exercice financier 2020 (accessibles à l'automne 2022). Par conséquent, on ne dispose pas d'information sur la période postérieure à l'accord pour les personnes qui ont conclu un accord pendant la pandémie.
  2. Échantillons de petite taille pour les mesures spéciales instaurées avant 2020 : Bon nombre de ces mesures spéciales ayant été conçues pour des régions ou des secteurs en particulier, peu de demandes de travail partagé ont été présentées au titre de ces mesures. Par exemple, en 2013, à la suite de la mise en œuvre de mesures spéciales en réponse aux inondations en Alberta et au déraillement de train ayant causé une explosion et un incendie à Lac-Mégantic (Québec), seulement 217 et 1 100 demandes de travail partagé ont été présentées, respectivement. C'est pourquoi le présent rapport vise principalement à évaluer les effets des mesures prises en réponse à la chute des prix des produits de base. Les autres mesures spéciales ont été exclues en raison de la petite taille de l'échantillon.
  3. Faible taux de réponse aux sondages et aux entrevues auprès d'informateurs clés et biais de récence : Les sondages visaient principalement les participants récents au programme de Travail partagé pour réduire le plus possible toute déformation des souvenirs par le passage du temps. Cependant, l'expérience des employeurs et des employés avec le programme de Travail partagé pendant la pandémie de COVID 19 pourrait comporter un biais de récence. Le taux de réponse au sondage de la part des répondants et de certains informateurs clés est faible. Quoi qu'il en soit, les autres sources de données utilisées recoupent les constatations présentées dans le rapport d'évaluation.

Les sections suivantes du rapport (de 4 à 7) présentent les principales conclusions de l'évaluation sur les éléments suivants :

4. Besoins du marché du travail et visibilité du programme

4.1 Utilité du programme sur le marché du travail

Principale constatation: Il appert que le programme répond aux besoins des employeurs et des employés sondés, c'est-à-dire qu'il permet de maintenir les employés en poste et d'éviter les mises à pied. De plus, les données administratives analysées montrent que le programme a aidé les employeurs en période de ralentissement économique.

Lorsqu'elles sont appelées à composer avec une baisse du niveau normal d'activité commerciale, les entreprises risquent davantage de se tourner vers la mise à pied de travailleurs plutôt que vers d'autres pratiques en milieu de travail, telles que la modification de l'horaire de travail des employés. Le programme de Travail partagé contribue à atténuer le risque de mises à pied et aide les employeurs à maintenir les travailleurs en poste en tirant parti des prestations du régime d'assurance-emploi.

La plupart des employeurs sondés ont indiqué que le programme avait permis « dans une bonne ou large mesure » :

En outre, environ 84 % des employeurs sondés ont indiqué qu'il y avait de bonnes ou d'excellentes chances qu'ils participent de nouveau au programme s'ils doivent un jour envisager de mettre des employés à pied.

Qui plus est, les données administratives analysées montrent que le recours au programme est généralement contracyclique, en ce sens qu'il dépend des conditions économiques. La plupart des employeurs ont participé au programme pour la première fois en raison des contrecoups de la chute des prix des produits de base survenue en 2015 et en 2016 (22 %) et au cours de la pandémie de COVID 19 (50 %). Le nombre de nouvelles demandes de travail partagé et le montant des prestations reçues ont augmenté considérablement pendant ces 2 périodes. Le recours répété au programme est demeuré faible, se chiffrant à environ 8 % de 2013 à 2020. De la même façon, on a constaté que la plupart des employeurs sondés (60 %) ont participé au programme une seule fois; 28 % ont participé 2 fois et seulement 7 % y ont eu recours 3 fois ou plus de 2013 à 2020. Environ la moitié (51 %) des employeurs sondés qui ont présenté une seule demande ont participé au programme en raison des contrecoups de la chute des prix des produits de base.

Le programme a aidé les employés et les employeurs à faire face aux récessions. Ses paramètres peuvent être bonifiés, notamment la durée de l'accord, en cas de ralentissement économique prolongé. Par exemple, d'après les résultats du sondage mené auprès des employeurs, environ 49 % des accords de travail partagé ont été prolongés au titre de mesures spéciales. Quarante-quatre pour cent (44 %) de ces prolongations étaient attribuables à la pandémie COVID 19 et 39 %, à la chute des prix des produits de base. Par ailleurs, plus ou moins 70 % des prolongations ont été accordées parce que la période initiale a été jugée insuffisante au rétablissement de l'entreprise.

Les conclusions du sondage mené auprès des employés font également ressortir un sentiment de loyauté ou d'attachement et une opinion positive envers leur employeur. Environ le tiers (36 %) des répondants ont affirmé que le programme avait renforcé, « dans une bonne ou large mesure », leur sentiment d'attachement ou de loyauté envers leur employeur. Près du tiers (31 %) des répondants ont affirmé que le programme avait renforcé, « dans une faible ou certaine mesure », leur sentiment d'attachement ou de loyauté envers leur employeur. La moitié des employés sondés (51 %) ont estimé que leur employeur avait, « dans une bonne ou large mesure », participé au programme de Travail partagé dans l'intérêt des employés. Un tiers (32 %) était d'avis que l'employeur avait, « dans une faible ou certaine mesure », agi dans l'intérêt des employés. En outre, les trois quarts (75 %) des employés sondés ont exprimé leur intention de participer au programme si l'occasion se présente de nouveau. Environ 75 % des employés recommanderaient le programme aux autres employés (voir la figure 1).

Figure 1 : Efficacité du programme de Travail partagé quant au renforcement du sentiment d'attachement à l'employeur et de l'opinion positive envers ce dernier
Figure de la Efficacité du programme de Travail : la description suit
  • Source : sondage mené auprès des employés
Texte descriptif : Figure 1
Niveau d'efficacité et perception positive Attachement à l'employeur L'employeur avait le meilleur intérêt des employés
Dans une large mesure 14,2 % 20,8 %
Dans une bonne mesure 21,8 % 29,7 %
Dans une certaine mesure 19,9 % 17,4 %
Dans une faible mesure 10,8 % 15,4 %
Pas du tout 23,8 % 8,8 %
Je ne sais pas ou préfère ne pas répondre 9,6 % 7,8 %

Les avis des experts interrogés en entrevue sont partagés à propos du rôle du programme sur le marché du travail. Toutefois, la majorité tend vers un programme qui devrait servir les entreprises à fort potentiel de reprise et aux solides relations d'emploi.

De plus, la revue de la littérature montre que l'objectif principal des programmes de travail partagé similaires à l'étranger est de réduire les mises à pied et d'aider les employeurs à maintenir en poste des employés compétents qu'il serait coûteux de remplacerNote de bas de page 7. La structure et l'utilisation de ces programmes, regroupés dans la grande catégorie des programmes de travail de courte durée, varient considérablementNote de bas de page 8, notamment en raison des grandes différences, d'un pays à l'autre, entre les lois en matière de sécurité d'emploi qui influent sur la relation des employeurs et des employés avec ces programmesNote de bas de page 9.

Finalement, on a constaté que la présence ou l'absence d'autres programmes a une incidence sur la conception de programmes de travail de courte durée et l'inscription à ces programmes. Par exemple, pendant la pandémie de COVID 19, le gouvernement du Canada a déployé un ensemble de mesures temporaires, dont la Subvention salariale d'urgence du Canada, qui permettait à une entité (employeur) admissible de verser à chaque employé admissible jusqu'à 75 % de sa rémunérationNote de bas de page 10.

Le nombre d'employeurs participant au programme de Travail partagé aurait pu être supérieur en l'absence de la Subvention salariale d'urgence du Canada. En revanche, les employeurs dans certains pays européens (par exemple la France, l'Allemagne, l'Italie et la Suisse) ont l'habitude de recourir aux programmes de travail de courte durée bien implantés chaque fois qu'il y a un ralentissement économique.

Subvention salariale d'urgence du Canada (SSUC)

La SSUC a été instaurée le 11 avril 2020 pour offrir un soutien financier aux employeurs pendant la pandémie de COVID-19. Elle a été offerte du 15 mars 2020 au 23 octobre 2021 et couvrait au départ jusqu'à 75 % de la rémunération, pour un maximum de 847 $ par semaine par employé.

La subvention a été réduite à 65 % en septembre 2020, puis à d'autres reprises jusqu'en juin 2021. Le programme devait durer 12 semaines au départ, mais a été prolongé jusqu'en octobre 2021, pour une durée totale de 80 semaines. Pour être admissible, l'employeur devait avoir connu une baisse de revenu admissible d'au moins 15 % en mars 2020 et 30 % pour les mois d'avril, mai et juin de la même année, par rapport au revenu admissible gagné à la même période en 2019. En date du 22 novembre 2020, plus de 350 000 demandes uniques de la SSUC avaient été approuvées et plus de 50 milliards de dollars avaient été versés en subventions. En période de pointe, soit en mai et en juin 2020, la SSUC offrait un soutien financier à un peu plus de 3,9 millions de travailleurs. À titre de comparaison, seulement 180 millions de dollars ont été versés en prestations pour travail partagé au titre de 78 000 demandes, selon les données internes pour 2020.

À l'instar du programme de Travail partagé, la SSUC visait à aider les employeurs à maintenir les employés en poste malgré la réduction des revenus en offrant des subventions salariales directes. Le programme de Travail partagé vise quant à lui à éviter les mises à pied en réduisant les heures de travail des employés et en offrant des prestations d'assurance-emploi qui comblent le manque à gagner de la rémunération réduite. La SSUC offrait un soutien financier direct aux employeurs, tandis que le programme de Travail partagé est axé sur les employés, prévoit une réduction des heures de travail et fournit des prestations d'assurance-emploi pour compenser la baisse de revenus qui en découle.

Dans leur étude menée en 2020, A. Sweetman et S. Tobin soulignent la similitude entre le programme de Travail partagé et la SSUC, mais avancent que celle-ci fournit les fonds plus rapidement, comporte une charge administrative moindre et est globalement plus généreuse. Cependant, dans l'étude réalisée par M. Smart et ses collaborateurs en 2023, on estime le coût annuel moyen de chaque emploi sauvé par la SSUC à près de 200 000 $ et on conclut que la subvention a eu peu d'effet sur le maintien des employés en poste.

4.2 Participation au programme

Principale constatation : Il y a eu une faible participation au programme, qui s'explique principalement par les facteurs suivants : difficulté à évaluer l'admissibilité au programme, processus de demande et exigence de mettre en place un plan de redressement. Parmi les principaux facteurs qui ont facilité la participation des employeurs, il y a la relation avec les employés, la participation au programme par le passé et les besoins particuliers du secteur.

De 2013 à 2020, une moyenne annuelle d'environ 19 000 employés ont participé au programme, ce qui représente à peu près 1 employé sur 1 000 de la population active canadienne. Une moyenne de 44 millions de dollars par an est versée en prestations pour travail partagé, ce qui équivaut à environ 2 200 $ par tranche de 1 000 travailleurs de la population active canadienne. À titre indicatif, environ 2 % (en moyenne) de la population active des 4 plus grands pays d'Europe (Allemagne, Royaume-Uni, France et Italie) participe chaque année à des programmes comparables.

Selon l'analyse des données administratives, les employés présentant certaines caractéristiques sociodémographiques sont plus susceptibles de participer au programmeNote de bas de page 11 :

Toutefois, plus une personne est âgée, moins elle est susceptible de participer au programme.

De même, la plupart des employés sondés étaient des travailleurs du secteur manufacturier (66 %) possédant plus de 10 ans d'expérience (37 %). Ces répondants étaient pour la plupart des employés à temps plein (97 %) non syndiqués (85 %). Environ 84 % des employés des unités touchées travaillaient à temps plein avant la conclusion de l'accord.

La plupart des employeurs sondés étaient issus du secteur manufacturier (60 %) et possédaient plus de 20 ans d'expérience en affaires (80 %). La moitié (50 %) des employeurs sondés comptaient, au sein de leur effectif, au moins 80 % d'employés participant au programme de Travail partagé. En outre, les employeurs sondés représentaient en majeure partie des entreprises à but lucratif (95 %), et la plupart des entreprises (85 %) comptaient moins de 100 employés. Il convient de noter que contrairement à ce qui ressort de l'analyse des données administratives, la plus grande proportion des employeurs et employés sondés viennent du Québec (37 % et 23 %, respectivement).

Les facteurs influant sur la participation des employés au programme sont énoncés au tableau 1. La majorité des employeurs sondés ont mentionné leur relation avec les employés comme principal facteur ayant motivé leur participation au programme. Qui plus est, près de la moitié des répondants ont souligné leur précédente participation au programme, alors qu'un peu plus du tiers ont attribué leur participation aux besoins propres à leur secteur.

Tableau 1 : Facteurs propices à la participation des employés au programme
Facteurs propices* Réponses
Relation entre l'employeur et les employés 58 %
Participation antérieure au programme 49 %
Besoins propres au secteur 35 %
Expérience auprès de Service Canada 20 %
Grand nombre d'employés 9 %
Besoins propres à la région 9 %
Présence d'un syndicat 2 %
Je ne sais pas ou préfère ne pas répondre 8 %

Les informateurs clés interrogés en entrevue ont pour leur part énoncé des facteurs qui font obstacle à la participation au programme. Les employeurs (n=8) et les associations d'employeurs (n=2) interrogés en entrevue ont eu de la difficulté à évaluer l'admissibilité au programme et ont trouvé lourd le processus de demande, tout particulièrement l'exigence de mettre en place un plan de redressement (traité plus en détail au chapitre 7). Les employeurs, les associations et les agents internes interrogés en entrevue ont également suggéré que l'allégement du fardeau administratif entourant la présentation d'une demande et l'assouplissement des critères d'admissibilité au programme tant pour les employeurs que pour les employés pourraient accroître la participation au programme. Il pourrait être utile de lever ou de simplifier l'exigence de mettre en place un plan de redressement, de permettre l'inscription automatique des employés et de simplifier les critères d'admissibilité.

En outre, les employeurs et les associations d'employeurs interrogés en entrevue ont indiqué que les obstacles à la participation diffèrent en fonction de la taille de l'entreprise. Par exemple, les petites entreprises sont plus durement touchées par la complexité des exigences entourant la présentation d'une demande, qui fait obstacle à leur participation. Les grandes entreprises sont quant à elles plus durement touchées par les exigences sévères en matière de reddition de comptes découlant de la modification des heures de travail et du fort roulement pendant leur participation au programme. Enfin, les experts interrogés en entrevue ont fait valoir que des taux de remplacement et de rémunération assurable supérieurs pourraient accroître la participation au programme au Canada, comme ce fut le cas dans les pays européens.

Comme il est mentionné au chapitre 4.1, la participation au programme peut également dépendre de la disponibilité d'autres programmes spéciaux en période de récession. Par comparaison aux pays disposant de programmes de travail de courte durée, la participation au programme de Travail partagé au Canada est demeurée très faible. Parmi les pays participants, le taux de participation moyen aux programmes comparables s'élevait à 21 % en mai 2020, au plus fort de la pandémie de COVID 19. Le taux de participation au Canada s'élevait à 0,2 % en mai 2020Note de bas de page 12. Au plus fort de la pandémie, la situation était comparable aux États-Unis, où seulement 0,1 % de la population active a fait appel aux programmes de travail de courte durée des divers États, probablement parce que le soutien financier au pays était offert principalement par l'intermédiaire du régime national d'assurance-chômageNote de bas de page 13.

4.3 Connaissance du programme

Principale constatation : Une petite proportion des employeurs, des associations d'employeurs et des employés interrogés (par sondage ou en entrevue) connaissaient le programme.

Moins de la moitié des employeurs sondés (47 %) estimaient connaître le programme « dans une bonne ou large mesure ». Environ 21 % des employeurs connaissaient peu le programme ou ne le connaissaient pas du tout. Chez les employés sondés, cette proportion s'élevait à 61 % et à 14 %, respectivement (voir la figure 2)Note de bas de page 14.

Figure 2 : Connaissance antérieure du programme chez les employeurs et les employés
Figure de la Connaissance antérieure du programme : la description suit
  • Source : Sondage auprès des employeurs ayant participé au programme de Travail partagé (n=251); sondage auprès des employés ayant participé au programme de Travail partagé (n=408).
Texte descriptif : Figure 2
Connaissance antérieure Employeurs Employés
Pas du tout 4 % 4 %
Dans une faible mesure 17 % 10 %
Dans une certaine mesure 12 % 22 %
Dans une bonne mesure 20 % 38 %
Dans une large mesure 27 % 23 %
Je ne sais pas ou préfère ne pas répondre 20 % 14 %

En outre, environ la moitié (51 %) des employeurs sondés connaissaient peu les critères du programme ou ne les connaissaient pas, tandis qu'un tiers estimait les connaître « dans une bonne ou large mesure ».

On a également demandé aux employeurs et employés sondés comment ils avaient appris l'existence du programme (voir le tableau 2). Plus de la moitié (54 %) des employeurs sondés ont connu le programme grâce à leur participation antérieure. Plus des trois quarts (76 %) des employés sondés ont été informés du programme par leur employeur.

Tableau 2 : Sources d'information sur le programme
Sources d'information Employeurs Employés
Précédente participation au programme de Travail partagé 54 % 12 %
Recherches sur le site Web du gouvernement du Canada 15 % 2 %
Agents du gouvernement du Canada (EDSC) 8 % 1 %
Autres organisations ou collègues 7 % 3 %
Employeurs/employés 4 % 76 %
Haute direction, propriétaire ou représentants des employés 3 % 5 %
Je ne sais pas ou préfère ne pas répondre 9 % 3 %

Un représentant syndical a indiqué qu'il ne connaissait pas l'existence du programme avant d'être convoqué en entrevue à titre d'informateur clé. Le faible taux de réponse des représentants syndicaux invités à prendre part à une entrevue à titre d'informateurs clés et les facteurs énoncés précédemment expliquent en partie pourquoi peu d'organisations connaissent le programme.

De la même manière, les employeurs et les associations d'employeurs interrogés en entrevue semblaient peu connaître le programme. La plupart des associations d'employeurs (n=3) ont déclaré qu'aucun de leurs membres ne connaissait le programme ou que peu d'entre eux le connaissaient. Une association d'employeurs a révélé les résultats d'un sondage mené auprès de ses membres (n=7,335) : 64 % d'entre eux ne connaissaient pas l'existence du programmeNote de bas de page 15.

Les quatre cinquièmes (81 %) des employés sondés se dont dits satisfaits de l'information qui leur a été fournie au sujet du programme avant leur participation, et près de moitié (46 %) des répondants ont indiqué avoir eu l'occasion d'exprimer « dans une bonne ou large mesure » leur opinion quant à l'idée de participer au programme de Travail partagé. Un tiers (33 %) des employés ont signalé qu'ils n'avaient pas vraiment eu la chance d'exprimer leur opinion. La moitié (50 %) des répondants au sondage ont dit savoir que leur participation au programme n'aurait aucune répercussion sur leur admissibilité aux prestations d'assurance-emploi.

Enfin, plus de la moitié des agents de programme internes ont mentionné la nécessité d'accroître la promotion du programme. Les informateurs clés ont proposé que le gouvernement du Canada prenne les mesures suivantes pour faire connaître le programme :

5. Participation et recours au programme

5.1 Participation au programme

Principale constatation : La participation au programme a été faible et contracyclique.

La figure 3 montre que 19 000 demandes ont été présentées en moyenne annuellement au titre du programme. De plus, 43,7 millions de dollars par année ont été versés en prestations de 2013 à 2020. Plus précisément, il y a eu environ 1,5 demande par tranche de 1 000 personnes employées de 2013 à 2020. Il convient toutefois de noter que ces moyennes sont largement faussées en raison du recours au programme pendant la première année de la pandémie de COVID 19 (2020). Par exemple, plus de 78 000 demandes ont été présentées en 2020 comparativement à environ 3 000 en 2018. De la même manière, le montant total des prestations reçues par les participants au programme de Travail partagé s'élevait à environ 180 millions de dollars en 2020, contre 6,5 millions en 2018. Le taux de participation est passé de 0,2 demande par tranche de 1 000 personnes employées en 2018 à 4,3 demandes par tranche de 1 000 personnes employées en 2020. Le montant des prestations versées dans le cadre du programme de Travail partagé a suivi une tendance similaire : 0,40 $ par personne employée en 2018 et plus de 10 $ par personne employée en 2020.

Figure 3 : Nombre de demandes et montant des prestations pour travail partagé, de 2013 à 2020
Figure de la Nombre de demandes et montant : la description suit
Texte descriptif : Figure 3
Année Demandes Montant des prestations (en millions de dollars)
2013 12 925 21,0
2014 8 978 18,6
2015 18 648 52,8
2016 14 706 37,1
2017 5 315 8,3
2018 3 185 6,5
2019 9 746 25,3
2020 78 365 180,0

Exception faite de 2020, le nombre de demandes et le montant des prestations ont été plutôt constants tout au long de la période d'évaluation. La participation a toutefois été relativement forte en 2015 et en 2016 à la suite de la chute des prix des produits de base, puis faible en période de reprise économique. Cette constatation porte à croire que le recours aux prestations pour travail partagé est généralement contracyclique, en ce sens qu'il dépend des conditions économiques. Ces observations concordent avec les constatations de la précédente évaluation du programme de Travail partagéNote de bas de page 16.

Les données administratives des entreprises prouvent également que le recours au programme est contracyclique. Les années où le chômage est faible, la participation au programme est elle aussi faible. Comme le montre la figure 4, le taux de chômage était plus bas de 2017 à 2019 qu'au cours de la période de 2013 à 2016. Par conséquent, la participation au programme était faible aussi. À l'inverse, le taux de chômage était élevé à la suite de la chute des prix des produits de base (2015 et 2016), tout comme le nombre d'entreprises participant au programme. Ces données combinées font la preuve que le recours au programme de Travail partagé est contracyclique. De même que dans la foulée de la pandémie de la COVID 19, le taux de chômage national a grimpé à 9,6 % et le nombre d'entreprises participant au programme est monté à 3 616 en 2020.

Figure 4 : Nombre annuel d'entreprises participant au programme de Travail partagé et taux de chômage national, de 2013 à 2020
Figure de la Nombre annuel d'entreprises participant au programme de Travail : la description suit
Texte descriptif : Figure 4
Année Nombre d'entreprises Taux de chômage
2013 685 7,1 %
2014 445 7,0 %
2015 760 6,9 %
2016 978 7,0 %
2017 259 6,4 %
2018 144 5,8 %
2019 271 5,7 %
2020 3 616 9,7 %

5.2 Profil socioéconomique des employés participants

Selon l'analyse des données administratives sur l'assurance-emploi, les employés qui ont participé au programme de Travail partagé de 2013 à 2019 étaient :

En outre, les revenus d'emploi moyens qu'ils ont déclarés (45 934 $) sont supérieurs à ceux des personnes touchant des prestations régulières d'assurance-emploi (33 574 $). De façon générale, les prestataires du programme de Travail partagé en 2020 (au moment où la participation au programme était à son plus fort) présentaient des caractéristiques comparables aux prestataires des années précédentes (de 2013 à 2019), si ce n'est d'une légère fluctuation de l'ampleur et d'autres exceptions. Fait notable, la participation des femmes a atteint son apogée au cours de la période de 2013 à 2020 (36 % comparativement à 26 %), contrairement aux autres prestataires. En 2020, la proportion de prestataires habitant en Ontario était supérieure (37 % par rapport à 27 %). Le tableau 1 à l'annexe E renferme de plus amples détails.

Les données du sondage mené auprès des employés montrent également que la plupart des répondants ne font pas partie d'une minorité visible (74 %) et sont nés au Canada (57 %). La majorité (58 %) des répondants nés à l'étranger habitaient au Canada depuis plus de 15 ans, alors que 40 % d'entre eux ont immigré au pays de 5 à 14 ans auparavant. Environ le quart des répondants étaient titulaires d'un baccalauréat ou d'un diplôme de niveau supérieur (26 %), et une proportion similaire détenait un diplôme d'études collégiales ou l'équivalent (23 %) ou encore un diplôme d'études secondaires, un diplôme équivalent ou un niveau de scolarité moindre (22 %). Environ 2 % des répondants s'identifiaient comme Autochtones (Premières Nations, Métis ou Inuits) et 2 %, comme des personnes en situation de handicap. De plus, les répondants au sondage mené auprès des employés possédaient au moins 10 ans d'expérience (37 %), travaillaient presque tous à temps plein (97 %) et n'étaient pas syndiqués (85 %). Le tableau 2 à l'annexe E renferme de plus amples détails.

La comparaison de la probabilité de réclamation de prestations pour travail partagé comparativement aux prestations régulières d'assurance-emploiNote de bas de page 17 est présentée au tableau 3. Les personnes présentant les caractéristiques suivantes étaient généralement plus susceptibles de demander des prestations pour travail partagé que des prestations régulières d'assurance-emploi :

Par exemple, la probabilité de demander des prestations pour travail partagé diminue avec l'âge. Plus précisément, si l'on maintient la constance de tous les autres facteurs, on estime que pour chaque année qui passe, la probabilité qu'une personne demande des prestations pour travail partagé diminue de 0,04 point de pourcentage.

En outre, les prestataires sont plus susceptibles de demander des prestations pour travail partagé que des prestations régulières d'assurance-emploi en période de ralentissement économique, et le recours aux prestations diminue en période de reprise économique. Par exemple, à la suite de la chute des prix des produits de base en 2015, la probabilité qu'une personne demande des prestations pour travail partagé a augmenté de 0,4 point de pourcentage, et pendant la pandémie de COVID 19 en 2020, cette même probabilité a connu une hausse de 3,2 points de pourcentage par rapport à l'année de référence 2013 (qui ne figure pas dans le tableau 3).

Tableau 3 : Probabilité (en points de pourcentage) de participation au programme de Travail partagé selon les caractéristiques des prestataires, comparativement aux bénéficiaires de prestations régulières d'assurance-emploi, de 2013 à 20201
Caractéristiques 2013 à 2020 2013 à 2019 2020
Sexe (hommes) -0,7* -0,6 -0,6
Âge -0,04* -0,02* -0,07*
Région (Atlantique) S/O S/O S/O
Québec 1,4* 2,1* 1,1
Ontario 1,0 1,0* 0,1
Prairies 5,5* 6,3* 3,8
Colombie-Britannique 1,9* 1,1* 2,3
Industrie (primaire) S/O S/O S/O
Construction -0,7* -0,6 -1,2
Secteur manufacturier 18,5* 16,5* 20,5*
Services 1,3* 0,5 2,4*
Domaine d'emploi (gestion) S/O S/O S/O
Affaires, finances et administration 2,8* 2,0* 4,8*
Sciences 6,5* 4,8* 10,5*
Ventes et services -1,4* -0,5* -3,2*
Commerce et transports 0,3 1,1* 1,2*
Fabrication et services d'utilité publique 2,2* 3,8* -0,4
État matrimonial (marié ou conjoint de fait) S/O S/O S/O
Veuf, divorcé ou séparé -1,2* -0,9* -1,6*
Célibataire -1,6* -1,2* -2,4*
Emploi de longue durée 3,5* 3,2* 4,2*
Observations 1 212 206 687 957 524 249

5.2.1 Montant des prestations pour travail partagé

Dans l'ensemble, on constate que le montant moyen des prestations reçues par certains groupes était supérieur à celui de leurs pairs (voir le tableau 4) :

Tableau 4 : Montant moyen des prestations pour travail partagé, nombre de semaines de prestations et montant des prestations hebdomadaires selon les caractéristiques des prestataires, de 2013 à 2020
Caractéristiques Montant moyen des prestations Nombre moyen de semaines de prestations Montant moyen des prestations hebdomadaires
Sexe : Hommes 2 529 $ 18,0 140 $
Sexe : Femmes 2 616 $ 20,1 130 $
Âge : 25 ans et moins 2 098 $ 16,2 129 $
Âge : 26 à 54 ans 2 496 $ 18,3 136 $
Âge : 55 ans et plus 2 878 $ 20,5 140 $
Région : Atlantique 2 476 $ 19,4 128 $
Région : Québec 2 145 $ 16,5 130 $
Région : Ontario 2 599 $ 19,1 136 $
Région : Prairies 2 860 $ 20,0 143 $
Région : Colombie-Britannique 2 523 $ 18,2 139 $
Secteur : Primaire 3 152 $ 19,6 161 $
Secteur : Construction 3 014 $ 19,4 155 $
Secteur : Manufacturier 2 429 $ 17,8 137 $
Secteur : Services 2 719 $ 20,1 135 $
Profession : Gestion 2 850 $ 20,7 138 $
Profession : Affaires, finances et administration 2 549 $ 19,8 129 $
Profession : Sciences 2 545 $ 18,4 138 $
Profession : Ventes et services 2 741 $ 21,1 130 $
Profession : Commerce et transports 2 724 $ 18,1 150 $
Profession : Fabrication et services d'utilité publique 2 316 $ 17,5 132 $
État matrimonial : Marié ou en union de fait 2 586 $ 18,8 138 $
État matrimonial : Veuf, divorcé ou séparé 2 624 $ 19,2 137 $
État matrimonial : Célibataire 2 449 $ 18,2 135 $
Canada 2 556 $ 18,7 137 $

Le montant moyen des prestations reçues augmente avec l'âge, car les employés d'un certain âge gagnent des revenus d'emploi relativement plus élevés. À l'échelle nationale, le montant moyen des prestations hebdomadaires se chiffrait à 137 $, pour une période de prestations d'une durée de 18,7 semaines.

5.3 Profil socioéconomique des employeurs participants

De façon générale, le profil des entreprises participantes est demeuré relativement inchangé pendant la pandémie (2020) et la période de 2013 à 2019. Comme le montre le tableau 5, le profil des entreprises participant au programme de Travail partagé diffère de celui des entreprises canadiennes. Dans l'ensemble, les entreprises participantes comptaient relativement plus d'employés, étaient plus susceptibles de travailler dans le secteur manufacturier et étaient moins susceptibles d'être établies dans les provinces de l'Atlantique.

Parmi ces entreprises, 34 % comptaient moins de 20 employés et 43 % en comptaient de 20 à 99. En revanche, 93 % des entreprises canadiennes ont moins de 20 employés à leur service, contre environ 6,5 % qui en comptent de 20 à 99.

De 2013 à 2019, ce sont les entreprises du secteur manufacturier qui ont le plus fait appel au programme de Travail partagé (57 % de l'ensemble des entreprises participantes). Cette proportion contraste avec la répartition globale des entreprises canadiennes, dont 78 % travaillent dans le secteur des services et 4 % dans le secteur manufacturier. La situation a toutefois changé en 2020 : le profil par secteur des entreprises participant au programme de Travail partagé concordait alors davantage avec le profil des entreprises du pays, car 58 % des entreprises participantes travaillaient dans le secteur des services.

La plupart des entreprises participantes de 2013 à 2020 étaient situées dans les Prairies (33 %) et en Ontario (31 %). Par ailleurs, seulement 4 % des entreprises participantes étaient de la région de l'Atlantique alors que 22 % des entreprises canadiennes étaient alors établies dans ces provinces. Dans la foulée de la chute des prix des produits de base, la proportion des entreprises situées dans les Prairies est passée de 6 % en 2014 à 55 % en 2015, puis à 61 % en 2016. (Cette hausse ne figure pas dans le tableau 5.) Bien que la proportion des entreprises participantes situées dans les Prairies ait diminué considérablement une fois passés les contrecoups de la chute des prix des produits de base, elle n'est pas revenue à ce qu'elle était avant la crise (environ 7 %) et se chiffrait aux alentours de 30 % en 2019 et en 2020, ce qui porte à croire que le recours au programme en raison de cette chute des prix a fait connaître le programme dans la région.

Enfin, les conclusions du sondage mené auprès des employeurs indiquent que la majorité de ceux-ci sont des organismes à but lucratif (95 %) et en fonction depuis plus de 20 ans (80 %). La participation au programme était plus forte chez les entreprises où les heures de travail étaient réduites de 10 % à 30 % que chez les entreprises où la réduction dépassait les 30 %.

Tableau 5 : Caractéristiques des entreprises ayant conclu un accord de travail partagé, de 2013 à 2020
Caractéristiques Entreprises ayant participé au programme de Travail partagé (2013 à 2020) Entreprises ayant participé au programme de Travail partagé (2013 à 2019) Entreprises ayant participé au programme de Travail partagé (2020) Par rapport à l'ensemble des entreprises du Canada* (2013 à 2020)
Taille de l'entreprise : moins de 20 34 % 34 % 34 % 93 %
Taille de l'entreprise : 20 à 99 43 % 44 % 41 % 6,5 %
Taille de l'entreprise : 100 à 499 17 % 17 % 17 % 0,5 %
Taille de l'entreprise : 500 et plus 6 % 5 % 8 % 0,1 %
Secteur : Manufacturier 41 % 57 % 28 % 4 %
Secteur : Services 47 % 34 % 58 % 78 %
Secteur : AutreNote de bas de page 18 12 % 10 % 14 % 18 %
Région : Atlantique 3 % 3 % 4 % 22 %
Région : Québec 21 % 27 % 18 % 19 %
Région : Ontario 31 % 31 % 34 % 37 %
Région : Prairies 33 % 31 % 29 % 6 %
Région : Colombie-Britannique 11 % 8 % 14 % 16 %
Région : Territoires et hors Canada 1 % S/O 1 % 0,3 %
Nombre total d'entreprises 7 158 685 3 616 ~1,2 million

5.3.1 Fluctuation du recours au programme par les employeurs

Le taux d'utilisation mesure le recours des employeurs au programme de Travail partagé. Il montre la proportion des heures de travail des employés au titre du programme de Travail partagé par rapport aux heures de travail normales (voir le tableau 6). Dans l'ensemble, le taux d'utilisation se chiffrait à environ 17 % de 2013 à 2020. Il a atteint un sommet de 18 % en 2015 et un creux de 16 % en 2019. La durée moyenne de l'accord au cours d'une année était d'environ 30 semaines. Dans la foulée de la chute des prix des produits de base, la durée moyenne de l'accord a été allongée, de sorte qu'un accord pouvait s'échelonner sur une période de 38 à 40 semaines en 2015 et en 2016. De la même manière, la durée maximale de l'accord est passée à 73 semaines en 2020, pendant la pandémie de COVID 19. Dans ces 2 situations, c'est l'instauration de mesures spéciales qui a entraîné la prolongation de la durée de l'accord. En outre, la proportion d'entreprises ayant conclu plus d'un accord est demeurée faible (autour de 1 % ou 2 %) pendant toutes ces années, à l'exception de la hausse de 3,7 % en 2020, probablement causée par l'augmentation du nombre de grandes entreprises comptant plus de 500 employés.

Tableau 6 : Taux d'utilisation moyen, durée de l'accord et nombre d'entreprises ayant conclu plus d'un accord, de 2013 à 2020
Caractéristique d'utilisation Total 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Taux d'utilisation (en %) 17 17 17 18 17 16 17 16 17
Durée de l'accord (en semaines) 54,2 29,3 29,2 38,0 40,2 30,5 31,1 40,4 72,8
Entreprises ayant conclu plus d'un accord (en %) 3 2 3 2 3 1 1,4 1 4
Nombre total d'entreprises 7 158 685 445 760 978 259 144 271 3 616

Le tableau 7 présente les caractéristiques des entreprises qui ont fait de nouveau appel au programme 1 an et 4 ans après l'accord initial (données de 2020 exclues). De 2013 à 2019, 10 % des entreprises ont de nouveau fait appel au programme au bout d'un an, et 23 % au bout de 4 ans. Sur le plan de la taille, le taux de récurrence au bout d'un an et de 4 ans était plus faible chez les petites entreprises que chez les grandes entreprises, ce qui laisse entrevoir une corrélation entre la taille de l'entreprise et la participation récurrente.

En outre, le taux de récurrence variait selon la province et le secteur. La participation récurrente était la plus fréquente dans les Prairies et la moins fréquente dans les provinces de l'Atlantique. La participation récurrente était plus répandue chez les entreprises du secteur manufacturier que chez les entreprises du secteur des services, tant au bout d'un an qu'au bout de 4 ans. De plus, le taux de récurrence au bout d'un an et de 4 ans était supérieur chez les entreprises dont les revenus d'emploi moyens sont élevés, ce qui indique une corrélation positive entre les revenus et la participation récurrente.

Tableau 7 : Caractéristiques des entreprises qui ont de nouveau fait appel au programme 1 an (2013 à 2019) et 4 ans après l'accord, de 2013 à 2016
Caractéristiques Pourcentage d'entreprises qui ont de nouveau fait appel au programme après 1 an Pourcentage d'entreprises qui ont de nouveau fait appel au programme après 4 ans
Taille de l'entreprise : moins de 20 7 % 18 %
Taille de l'entreprise : 20 à 99 11 % 25 %
Taille de l'entreprise : 100 à 499 12 % 26 %
Taille de l'entreprise : 500 et plus 17 % 28 %
Région : Atlantique 4 % 18 %
Région : Québec 7 % 17 %
Région : Ontario 10 % 23 %
Région : Prairies 13 % 28 %
Région : Colombie-Britannique 9 % 17 %
Région : Autre 25 % 27 %
Secteur : Manufacturier 12 % 28 %
Secteur : Services 8 % 18 %
Secteur : Autre 7 % 18 %
Revenu d'emploi (en dollars de 2013) : moins de 25 000 $ 7 % 16 %
Revenu d'emploi (en dollars de 2013) : de 25 000 $ à 39 999 $ 9 % 23 %
Revenu d'emploi (en dollars de 2013) : de 40 000 $ à 54 999 $ 12 % 26 %
Revenu d'emploi (en dollars de 2013) : 55 000 $ et plus 16 % 27 %
Nombre total d'entreprises 3 500 2 838

5.4 Mesures spéciales

Principale constatation : Les mesures spéciales en réponse à la chute des prix des produits de base n'ont pas eu d'incidence notable sur la durée de la période de prestations, le nombre d'heures de travail ou le montant des prestations versées. Suivant l'instauration d'une mesure, le nombre de semaines de prestations et le montant des prestations ont diminué, tandis que le nombre d'heures de travail a augmenté.

De 2013 à 2020, le programme de Travail partagé a mis en œuvre 7 mesures spéciales visant à offrir un soutien ciblé aux entreprises qui subissaient les contrecoups d'importantes perturbations du marché du travail sur le secteur, la région ou le pays entier (voir les détails à l'annexe A). Comme le mentionne le chapitre 3, le rapport vise principalement à évaluer les effets des mesures prises en réponse à la chute des prix des produits de base, en raison du petit nombre de demandes liées aux autres mesures spéciales. En outre, l'information recueillie auprès des informateurs clés est limitée.

5.4.1 Chute des prix des produits de base

Dans la foulée de la chute des prix des produits de base (pétrole et gaz), le gouvernement du Canada a annoncé des mesures spéciales dans le budget de 2016. Entre autres exemples, la période de prestations pour travail partagé a été prolongée de 38 semaines de plus, de sorte que les employeurs des régions touchées par la chute des prix des produits de base avaient désormais droit à un maximum de 76 semaines de prestationsNote de bas de page 19. Les employeurs qui souhaitaient tirer profit des mesures spéciales devaient d'abord conclure un accord de 26 semaines et demander une prolongation de 12 semaines avant de pouvoir demander une prolongation supplémentaire de 38 semaines.

Pour comprendre les effets de la prolongation de la durée de la période de prestations pour travail partagé sur le nombre de semaines de prestations, les heures de travail et le montant des prestations versées, on a comparé les chiffres entre les régions touchées par la chute des prix des produits de base et les autres régions. La chute des prix des produits de base s'est amorcée au début de 2014 et a duré environ 2 ans, jusqu'à la fin de 2016. La durée de la période de prestations pour travail partagé, le nombre d'heures de travail et le montant versé suivent des tendances contracycliques, ce qui cadre avec les résultats d'analyse précédents. La durée de la période de prestations et le montant des prestations ont augmenté, tandis que le nombre d'heures de travail a diminué avant la chute des prix des produits de base. Toutefois, cette mesure spéciale ne semble pas avoir eu d'incidence notable sur la durée de la période de prestations, le nombre d'heures de travail ou le montant des prestations versées. Suivant l'instauration d'une mesure, le nombre de semaines de prestations et le montant des prestations ont diminué, tandis que le nombre d'heures de travail a augmenté (voir la figure 5, où les 2 lignes verticales rouges indiquent le début [1er avril 2016] et la fin [31 mars 2017] de la mesure spéciale).

Mesures spéciales annoncées dans le budget de 2016 à l'intention des régions touchées par la chute des prix des produits de base

Ce résultat est peut-être attribuable au caractère rétroactif de la mesure (possibilité pour les prestataires dont la demande est active de continuer à recevoir de prestations pour travail partagé). Par contre, le marché du travail dans ces régions était peut-être déjà sur la pente ascendante à la suite de la chute des prix des produits de base. Les gens avaient donc moins besoin de renouveler les accords de travail partagé en vigueur ou d'en conclure de nouveaux.

Figure 5 : Comparaison de la durée de la période de prestations pour travail partagé, des heures de travail et du montant des prestations dans les régions touchées par la chute des prix des produits de base et les autres régions, de 2013 à 2019
Figure de la Comparaison de la durée de la période de prestations : la description suit
Texte descriptif : Figure 5
Semaines de prestations
Année Mois Autres régions Régions touchées par la chute des prix des produits de base
2013 Janvier 13,28531 14,82353
2013 Février 14,63035 13,29825
2013 Mars 15,24016 7,090909
2013 Avril 13,51362 8,920455
2013 Mai 14,18129 4,851852
2013 Juin 16,3196 2,190225
2013 Juillet 16,18527 17,8172
2013 Août 19,11751 13,12162
2013 Septembre 16,94698 12,9
2013 Octobre 18,76191 16,58824
2013 Novembre 15,87889 18,5
2013 Décembre 14,3939 14,60177
2014 Janvier 15,05569 15,73373
2014 Février 14,98551 13,5
2014 Mars 15,44542 9,8
2014 Avril 11,96505 11,14815
2014 Mai 12,7319 14,2
2014 Juin 15,25037 13,92424
2014 Juillet 15,18328 23,85714
2014 Août 19,0557 15,45
2014 Septembre 18,08922 22,83871
2014 Octobre 18,03627 18,20455
2014 Novembre 15,16636 19,97426
2014 Décembre 13,33237 21,84615
2015 Janvier 13,73662 21,44776
2015 Février 11,0829 20
2015 Mars 13,90489 28,42979
2015 Avril 14,97809 21,97981
2015 Mai 13,80292 20,30748
2015 Juin 14,17816 26,38235
2015 Juillet 18,32178 26,10284
2015 Août 16,03773 26,69919
2015 Septembre 23,97462 27,82155
2015 Octobre 15,64625 27,79739
2015 Novembre 17,02468 26,41648
2015 Décembre 19,94525 24,35094
2016 Janvier 19,07416 24,69079
2016 Février 13,76304 23,8346
2016 Mars 18,94818 28,58359
2016 Avril 12,64769 21,9548
2016 Mai 20,81724 23,96614
2016 Juin 19,64583 22,58178
2016 Juillet 15,72107 16,91308
2016 Août 11,7215 17,44373
2016 Septembre 11,4475 13,93348
2016 Octobre 16,68495 16,94406
2016 Novembre 18,44444 13,81761
2016 Décembre 15,76227 15,4
2017 Janvier 11,039 10,95094
2017 Février 11,56958 12,78212
2017 Mars 13,93694 14,89655
2017 Avril 12,1123 16,74603
2017 Mai 15,65672 15,51563
2017 Juin 12,18616 18,0274
2017 Juillet 14,77444 16,06579
2017 Août 13,62988 9,4
2017 Septembre 9,462687 25,46667
2017 Octobre 7,878151 11,6
2017 Novembre 14,0075 11,2
2017 Décembre 9,258064 18,25
2018 Janvier 11,59036 15,88571
2018 Février 17,09489 14,5
2018 Mars 13,00712 19,3913
2018 Avril 8,130682 6,541667
2018 Mai 16,02839 23,61468
2018 Juin 14,29952 15,46774
2018 Juillet 13,40891 20,9375
2018 Août 15,45249 31,1405
2018 Septembre 20,5431 19,63043
2018 Octobre 18,96386 14,88119
2018 Novembre 15,66225 9,5
2018 Décembre 17,28196 18,23288
2019 Janvier 20,34628 20,3913
2019 Février 11,67989 42,24468
2019 Mars 21,80257 10,30935
Proportion des heures de travail
Année Mois Autres régions Régions touchées par la chute des prix des produits de base
2013 Janvier 0,765601 0,717043
2013 Février 0,759367 0,78762
2013 Mars 0,725659 0,794339
2013 Avril 0,778578 0,78315
2013 Mai 0,744802 0,795705
2013 Juin 0,751632 0,480635
2013 Juillet 0,770324 0,769152
2013 Août 0,756285 0,746977
2013 Septembre 0,722892 0,76488
2013 Octobre 0,701548 0,65801
2013 Novembre 0,698082 0,742105
2013 Décembre 0,737878 0,646381
2014 Janvier 0,766869 0,708721
2014 Février 0,725602 0,725001
2014 Mars 0,743644 0,770147
2014 Avril 0,756697 0,736251
2014 Mai 0,744064 0,707179
2014 Juin 0,755754 0,698834
2014 Juillet 0,733679 0,762407
2014 Août 0,741639 0,716037
2014 Septembre 0,741534 0,702546
2014 Octobre 0,707492 0,66974
2014 Novembre 0,686576 0,594482
2014 Décembre 0,726952 0,705015
2015 Janvier 0,72996 0,709121
2015 Février 0,732951 0,673143
2015 Mars 0,710573 0,694753
2015 Avril 0,758843 0,721615
2015 Mai 0,762027 0,707402
2015 Juin 0,732082 0,73305
2015 Juillet 0,743667 0,748164
2015 Août 0,760771 0,725426
2015 Septembre 0,7394 0,666954
2015 Octobre 0,742091 0,716017
2015 Novembre 0,725842 0,722423
2015 Décembre 0,76687 0,710419
2016 Janvier 0,762291 0,746982
2016 Février 0,768989 0,689336
2016 Mars 0,707572 0,703551
2016 Avril 0,757032 0,699485
2016 Mai 0,780384 0,72373
2016 Juin 0,778517 0,718179
2016 Juillet 0,744111 0,782892
2016 Août 0,721704 0,757833
2016 Septembre 0,759627 0,693781
2016 Octobre 0,746102 0,707908
2016 Novembre 0,730162 0,697239
2016 Décembre 0,765147 0,705976
2017 Janvier 0,758527 0,734717
2017 Février 0,765359 0,751656
2017 Mars 0,709314 0,700315
2017 Avril 0,772447 0,755055
2017 Mai 0,762734 0,730602
2017 Juin 0,733339 0,73
2017 Juillet 0,761476 0,730056
2017 Août 0,766613 0,757342
2017 Septembre 0,771593 0,641343
2017 Octobre 0,756859 0,842757
2017 Novembre 0,751872 0,692413
2017 Décembre 0,732699 0,768518
2018 Janvier 0,745174 0,712613
2018 Février 0,776343 0,729246
2018 Mars 0,803646 0,668296
2018 Avril 0,79408 0,663304
2018 Mai 0,725101 0,741172
2018 Juin 0,634709 0,770629
2018 Juillet 0,768038 0,705355
2018 Août 0,758523 0,659283
2018 Septembre 0,7387 0,761824
2018 Octobre 0,749521 0,559929
2018 Novembre 0,702053 0,743003
2018 Décembre 0,751153 0,672965
2019 Janvier 0,722894 0,754434
2019 Février 0,750632 0,716229
2019 Mars 0,761095 0,783456
Montant des prestations ($)
Année Mois Autres régions Régions touchées par la chute des prix des produits de base
2013 Janvier 1269 1739
2013 Février 1458 1336
2013 Mars 1687 687
2013 Avril 1336 1017
2013 Mai 1651 505
2013 Juin 1705 541
2013 Juillet 1749 1977
2013 Août 2102 1714
2013 Septembre 2058 1686
2013 Octobre 2351 2716
2013 Novembre 2130 2118
2013 Décembre 1708 2005
2014 Janvier 1554 2124
2014 Février 2037 1611
2014 Mars 1964 1156
2014 Avril 1372 1505
2014 Mai 1640 2253
2014 Juin 1859 2412
2014 Juillet 1720 2811
2014 Août 2082 2519
2014 Septembre 2133 3513
2014 Octobre 2597 3203
2014 Novembre 1936 4347
2014 Décembre 1430 3511
2015 Janvier 1874 3237
2015 Février 1393 3512
2015 Mars 1659 4261
2015 Avril 1737 3568
2015 Mai 1665 3030
2015 Juin 2064 3724
2015 Juillet 2107 3474
2015 Août 1956 4266
2015 Septembre 3019 4753
2015 Octobre 2083 4146
2015 Novembre 2538 3814
2015 Décembre 2114 3529
2016 Janvier 2195 3505
2016 Février 1536 3825
2016 Mars 2609 4473
2016 Avril 1483 3499
2016 Mai 2082 3283
2016 Juin 1814 3356
2016 Juillet 1927 1959
2016 Août 1494 2365
2016 Septembre 1685 1946
2016 Octobre 2002 2791
2016 Novembre 2298 2104
2016 Décembre 1671 2325
2017 Janvier 1362 1596
2017 Février 1539 1621
2017 Mars 1739 2558
2017 Avril 1244 2208
2017 Mai 1981 2091
2017 Juin 1358 2547
2017 Juillet 1673 2233
2017 Août 1530 1195
2017 Septembre 1298 4999
2017 Octobre 999 1007
2017 Novembre 1404 1598
2017 Décembre 1106 1627
2018 Janvier 1361 1967
2018 Février 1751 2223
2018 Mars 1249 3056
2018 Avril 790 1015
2018 Mai 1997 2572
2018 Juin 2138 1515
2018 Juillet 1502 2570
2018 Août 2022 5714
2018 Septembre 2920 2048
2018 Octobre 2240 3429
2018 Novembre 2293 1348
2018 Décembre 2162 2857
2019 Janvier 2774 2877
2019 Février 1602 7035
2019 Mars 2269 1182

6. Incidence du programme

6.1 Estimation des mises à pied évitées

Principale constatation : entre 2013 et 2020, on estime que le programme a permis d'éviter en moyenne 4 877 mises à pied par année. Parmi les prestataires du programme de Travail partagé, 7 % ont été mis à pied dans les 3 mois et environ 15 % dans les 12 mois suivant leur demande. Le nombre de prestataires du programme de Travail partagé qui ont demandé des prestations régulières d'assurance-emploi dans les 12 mois suivant leur demande représentait environ 50 % du nombre estimé de mises à pied évitées.

L'objectif central du programme est d'éviter les mises à pied. Il pourrait malgré tout y avoir des mises à pied pour les participants au programme peu de temps après la fin de la période de prestations pour travail partagé. Dans ces situations, on pourrait considérer que le programme de Travail partagé a permis de retarder les mises à pied et non de les éviter. Ce n'est pas toujours une évidence, car il peut arriver que l'entreprise soit confrontée à de nouvelles difficultés économiques ou opérationnelles imprévues. Le rapport présente des données sur 2 aspects : d'une part, la prévention des mises à pied pendant la période de prestations pour travail partagé et, d'autre part, le report des mises à pied. Dans la foulée de la publication du rapport d'évaluation de 2016, on a supposé la substitution idéale entre la réduction d'une heure de travail dans le cadre du Programme de travail partagé et la réduction d'une heure de travail au moyen de mises à piedNote de bas de page 20. On croyait donc que si un employeur réduisait de 20 % les heures de travail des employés dans le cadre du programme de Travail partagé, 20 % de l'effectif aurait été mis à pied en l'absence d'accord de travail partagé. En d'autres mots, on supposait qu'en moyenne, la réduction des heures de travail se traduisait en une réduction équivalente de l'effectif.

On calculait le nombre approximatif de mises à pied évitées grâce au programme en multipliant la réduction moyenne des heures de travail par le nombre de demandes de travail partagé. Le tableau 8 présente le nombre estimé de mises à pied évitées pendant la période de prestations.

Le nombre de mises à pied évitées grâce au programme de Travail partagé varie entre 3 463 (creux de 2013) et 19 593 (sommet de 2020, pendant la pandémie de COVID 19). On estime que pour toutes les années visées, le programme a permis d'éviter en moyenne 4 877 mises à pied par an. Cette estimation concorde avec la constatation voulant que la participation au programme soit contracyclique. Le ralentissement économique de 2015 et les perturbations sur le marché du travail causées par la pandémie de 2020 ont donné lieu à l'estimation la plus élevée de mises à pied évitées, qui est en grande partie attribuable au nombre de demandes, compte tenu de la réduction moyenne des heures de travail qui demeure assez stable au fil des ans (26 %).

Parmi les prestataires du programme de Travail partagé de 2013 à 2019, 7 % ont été mis à pied au plus 3 mois après leur période de prestations, 11 % en l'espace de 6 mois et environ 15 % dans les 12 mois suivant la demandeNote de bas de page 21. Le nombre de prestataires du programme de Travail partagé qui ont demandé des prestations régulières d'assurance-emploi dans les 12 mois suivant la fin de leur période de prestations représentait environ 50 % du nombre estimé de mises à pied évitées.

Comme il est mentionné plus haut, les travailleurs touchant des prestations pour travail partagé demeurent admissibles aux prestations d'assurance-emploi. La proportion de travailleurs présentant de nouveau une demande de prestations pour travail partagé a augmenté pour passer à 74 %, puis à 96 % pour les demandes établies respectivement en 2018 et en 2019. Ces augmentations mettent en évidence le recours répété au programme par les employeurs, tout particulièrement pendant la pandémie de COVID 19.

Réduction des heures de travail en remplacement des mises à pied

Du point de vue de l'employeur, la réduction des heures de travail permet de diminuer les coûts sans procéder à des mises à pied. Sur le plan opérationnel, la réduction temporaire des heures de travail semble moins déstabilisante que les mises à pied. Cette solution entraîne tout de même une réduction des revenus des employés. Le programme de Travail partagé a pour objectif de compenser la perte de revenus des employés dont les heures de travail sont réduites. Comme mentionné précédemment, il permet à tous les employés participants de rester en poste en travaillant selon un horaire de travail réduit temporairement de 10 % à 60 %, le temps que l'employeur se rétablisse.

D'après le sondage mené auprès des employeurs, la moitié (50 %) des accords de travail partagé ont entraîné, pour les employés, une réduction des heures de travail hebdomadaires de 10 % à 30 %; 20 % des accords ont donné lieu à une réduction de 31 % à 40 %, 10 % des accords, à une réduction de 41 % à 50 %, et environ 8 % des accords, à une réduction de 51 % à 60 %.

En outre, la proportion des heures de travail hebdomadaires réduites était plus élevée dans les accords prolongés que les accords ordinaires. Par exemple, les accords prolongés représentaient environ 21 % des réductions des heures de travail hebdomadaires de 10 % à 30 %, comparativement à 28 % pour les accords ordinaires. À l'inverse, les accords prolongés représentaient 22 % des réductions de 31 % à 60 %, contre 16 % pour les accords ordinaires.

Chez les répondants au sondage auprès des employés, la répartition est similaire en ce qui a trait à l'écart des revenus découlant de la réduction des heures de travail. Environ 6 % de répondants ont fait mention d'une réduction de revenus de moins de 10 %, 37 % ont signalé une réduction de 10 % à 30 %, 18 % ont indiqué une réduction de 30 % à 49 % et 8 % ont énoncé une réduction de 50 % ou plus.

Quant au nombre d'heures retranchées, la plupart des répondants au sondage auprès des employés ont vu leur horaire réduit d'environ 13 heures. Parmi eux, 8 % avaient un horaire hebdomadaire réduit de 5 heures ou moins, 60 %, de 6 à 19 heures et 18 %, de 20 heures ou plus.

On observe une répartition similaire chez les répondants du secteur manufacturier. Dans le secteur des services, la proportion des répondants dont l'horaire a été réduit de 20 heures ou plus est plus faible (12 %). En ce qui concerne le secteur primaire et le secteur de la construction, ce fut le cas pour une plus grande proportion de répondants (24 %).

Dans les Prairies, les provinces de l'Atlantique et en Colombie-Britannique, on observe une répartition similaire. Cependant, 27 % des répondants travaillant au Québec ont vu leur horaire réduit d'au moins 20 heures.

Enfin, presque tous (96 %) les employeurs interrogés ont indiqué que les employés étaient au courant de la réduction de leurs heures de travail. Les quatre cinquièmes (80 %) ont mentionné que les employés savaient, « dans une bonne ou large mesure », combien de temps leur horaire serait réduit dans le cadre du programme de Travail partagé. Qui plus est, près de 70 % des employés qui ont répondu au sondage ont dit avoir été mis au courant « dans une bonne ou large mesure » des détails de la réduction des heures de travail. Le quart (25 %) des employés sondés ont toutefois mentionné qu'ils n'avaient « pas du tout » été informés ou qu'ils l'avaient été « dans une faible mesure ».

Tableau 8 : Nombre de mises à pied évitées au terme de la demande de travail partagé et nombre de mises à pied survenues dans les 52 semaines suivant la fin de la période de prestations, de 2013 à 2020
Année Nombre de demandes de travail partagé Pourcentage de la réduction moyenne des heures de travail Nombre estimatif de mises à pied évitées Nombre de prestataires du programme de Travail partagé qui ont été mis à pied dans les 52 semaines suivant la fin de leur période de prestations
2013 12 925 27 % 3 463 1 590
2014 8 978 27 % 2 433 1 537
2015 18 648 27 % 5 039 3 097
2016 14 706 26 % 3 820 1 281
2017 5 315 25 % 1 324 454
2018 3 185 27 % 849 516
2019 9 746 26 % 2 497 2 322
2020 78 394 25 % 19 593 S/O
Moyenne jusqu'en 2018 10 626 26 % 2 821 1 412
Moyenne jusqu'en 2020 18 987 26 % 4 877 S/O

L'évaluation s'est appuyée sur une méthode similaire à celle employée pour une étude technique menée en 2016 dans le cadre de l'évaluation du programme de Travail partagéNote de bas de page 22 et a servi à évaluer la mesure dans laquelle le programme a permis de réduire les mises à pied. Le nombre de mises à pied évitées dans les 3 et 6 mois suivant la fin de la période de prestations pour travail partagé a été examiné. L'étude suppose que le programme n'a pas réussi à éviter des mises à pied si les employés ont reçu des prestations régulières d'assurance-emploi au cours d'une période donnée suivant la fin de la période de prestations pour travail partagé. Il était établi que la demande de travail partagé prend fin au cours de la dernière semaine où l'employé reçoit des prestations pour travail partagé.

Cette définition peut être considérée comme un substitut raisonnable aux mises à pied. Pour pouvoir participer au programme de Travail partagé, l'employé doit, entre autres exigences, répondre aux critères d'admissibilité aux prestations régulières d'assurance-emploi. De plus, la participation ne réduit pas le taux de prestations et la durée normale de la période de prestations. Par conséquent, il est raisonnable de supposer que la plupart des employés admissibles recevraient des prestations régulières d'assurance-emploi s'ils sont mis à pied au terme de leur participation au programme de Travail partagé. Cette présomption ne s'applique toutefois pas aux personnes qui ont commencé un autre emploi sur le champ ou qui ne font plus partie de la population active.

On considère qu'un participant au programme de Travail partagé a été mis à pied s'il reçoit des prestations régulières d'assurance-emploi (au moins 1 $) dans les 3 mois (13 semaines) ou dans les 6 mois (26 semaines) suivant la dernière semaine où il a touché des prestations pour travail partagé (voir le tableau 9)Note de bas de page 23. La fluctuation du nombre de mises à pied au fil des ans s'explique en partie par les conditions auxquelles sont exposés les travailleurs sur le marché du travail à une période donnée. Globalement, le taux de mises à pied a tendance à grimper au début ou au cours d'une période de ralentissement économique (2015, 2016 et 2019) et à baisser vers la fin ou au terme du ralentissement économique (2017).

Tableau 9 : Mises à pied dans les 3 et 6 mois suivant la fin de la période de prestations de travail partagé pour chaque année de 2013 à 2019
Année Demandes de travail partagé Mises à pied (% des demandes de travail partagé) dans les 3 moins Mises à pied (% des demandes de travail partagé) dans les 6 mois
2013 12 925 5 % 8 %
2014 8 978 10 % 13 %
2015 18 648 9 % 13 %
2016 14 706 4 % 7 %
2017 5 315 4 % 6 %
2018 3 185 6 % 10 %
2019 9 746 13 % 18 %
Moyenne 10 500 7 % 11 %

Le sondage mené auprès des employeurs confirme que le programme a bel et bien permis d'éviter des mises à pied. Fait notable, 87 % des employeurs n'ont déclaré aucune mise à pied d'employés pour cause de manque de travail au terme de l'accord de travail partagé. Le fait que les réponses viennent d'employeurs qui étaient toujours en activité après leur participation au programme de Travail partagé et au moment du sondage (qui exclut expressément les employeurs qui ont cessé leurs activités) a fort probablement eu une incidence positive sur les réponses reçues.

En outre, tous les employeurs interrogés en entrevue (n=8) ont affirmé que le programme avait évité des mises à pied au sein de leur entreprise. Un employeur a fait valoir ceci au sujet du soutien offert par le programme :

« Le résultat ne serait pas le même parce qu'il faudrait procéder à des mises à pied. Nous aurions ensuite eu beaucoup plus de difficulté à nous rétablir parce qu'entre-temps, les employés mis à pied se seraient trouvé un autre emploi ailleurs. Il aurait donc fallu en embaucher de nouveaux, ce qui nécessite bien du temps, de l'argent et des efforts, sans oublier la courbe d'apprentissage. » [traduction]

Pour témoigner de l'efficacité du programme, quelques employeurs ont également indiqué avoir évité les coûts de formation de nouveaux employés grâce au programme. Un employeur a fait le témoignage suivant :

« Nous investissons beaucoup de temps et d'efforts pour former les gens et nous travaillons dans un domaine très pointu de l'informatique. Ce n'est pas facile de remplacer les employés que nous perdons en période de ralentissement économique important. Le programme de Travail partagé nous aide grandement à conserver notre personnel et nous évite d'avoir à remplacer des employés hautement spécialisés et rares sur le marché du travail. Notre participation s'est avérée positive en tous points. » [traduction]

Cette opinion positive est courante chez les employeurs interrogés en entrevue, ce qui atteste la satisfaction générale à l'égard du programme.

Enfin, la revue de la littérature a fait ressortir des données prouvant que le programme de Travail partagé a contribué à la stabilisation de l'emploi pendant la grande récession et la pandémie de COVID 19. Qui plus est, bon nombre d'études concluent que l'incidence des programmes de travail de courte durée serait plus positive si on y avait recours uniquement en période de ralentissement économique, et non pendant la reprise. Par exemple, une étude pancanadienneNote de bas de page 24 a révélé la corrélation suivante : pour chaque travailleur supplémentaire participant à un programme de travail de courte durée, il y a 0,27 travailleur de moins au chômage. D'après des études menées auprès d'entreprisesNote de bas de page 25 en Allemagne et en France, le taux de chômage aurait augmenté de 2,9 à 4,5 points de pourcentage dans les pays participants pendant la pandémie.

6.2 Probabilité de mise à pied, selon les caractéristiques des prestataires et des entreprises

La probabilité de la mise à pied des prestataires a fait l'objet d'une analyse multivariable (régression des probitsNote de bas de page 26). L'analyse visait à déterminer si les caractéristiques des prestataires et d'autres facteurs connexes avaient une influence sur la situation d'emploi (maintien en poste ou mise à pied) après la participation au programme de Travail partagé (voir le tableau 10). On a également inclus une variable factice pour les régions touchées par la chute des prix des produits de base afin d'illustrer les effets d'un ralentissement économique.

On constate que certains groupes étaient plus susceptibles d'être mis à pied dans les 3 ou 6 mois suivant la fin de leur période de prestations pour travail partagé :

Les prestataires habitant dans les Prairies et les prestataires travaillant dans le secteur manufacturier étaient les moins susceptibles d'être mis à pied après la fin de leur période de prestations pour travail partagé établie de 2013 à 2019, comparativement aux prestataires habitant dans une autre région et à ceux travaillant dans un autre secteur, respectivement.

Il y a une corrélation négative entre, d'une part, le taux de chômage et la durée de la période de prestations (nombre de semaines) et, d'autre part, les mises à pied. Cette corrélation peut s'expliquer par le fait que les prestataires dont la demande de prestations pour travail partagé a été établie alors que le taux de chômage était élevé (ralentissement économique) et a pris fin tandis que le taux de chômage était relativement bas risquaient moins d'être mis à pied à la fin de leur période de prestations pour travail partagé. En outre, il est courant que les accords de travail partagé soient prolongés lorsque le taux de chômage reste élevé longtemps (prolongation de la période de prestations), ce qui réduit le nombre de mises à pied. Les travailleurs occupant un emploi de longue durée sont moins susceptibles d'être mis à pied, probablement en raison de leur expérience et de leur ancienneté au sein de l'entreprise. Il semble y avoir une étroite corrélation positive entre la réduction des heures de travail et la probabilité de mise à pied. De surcroît, il y a une corrélation positive quant à la probabilité de la mise à pied des prestataires des régions touchées par la chute des produits de base, ce qui concorde avec les constatations précédentes.

On a observé une tendance similaire lors de l'examen des mises à pied associées aux demandes établies en 2020. Les prestataires du Québec et les prestataires du domaine de la construction font toutefois exception, la probabilité de mise à pied étant plus grande dans leur cas.

Tableau 10 : Probabilité de mise à pied dans les 3 et 6 mois suivant la fin de la période de prestations pour travail partagé, selon les caractéristiques des prestataires, de 2013 à 2020
Caractéristiques Mise à pied dans les 3 mois (2013 à 2019) Mise à pied dans les 3 mois (2020) Mise à pied dans les 6 mois (2013 à 2019) Mise à pied dans les 6 mois (2020)
Sexe (hommes) 0,3 0,2 1,1* 0
Âge 0,0* 0,1* 0,1* 0,1*
Région (Atlantique) S/O S/O S/O S/O
Québec -3,1 2,7* -5,0* 3,6*
Ontario -6,0* -0,5 -7,9* -1,1
Prairies -7,8* -1,9* -11,3* -2,5*
Colombie-Britannique -6,4* -2,0* -10,1* -2,9*
Industrie (primaire) S/O S/O S/O S/O
Construction -1,6 2,5 -0,6 3,7*
Secteur manufacturier -2,7* -1,3 -1,5 -1,0
Services -1,3 -1,8 1,7 -1,6
Domaine d'emploi (gestion)* S/O S/O S/O S/O
Affaires, finances et administration -2,0* -1,3* -2,1* -1,9*
Sciences -1,5 -0,7 1,1 -1,3*
État matrimonial (marié/conjoint de fait) S/O S/O S/O S/O
Veuf/divorcé/séparé 0,8 0,7 0,8 1,1*
Célibataire 1,4* 0,5 2,0* 0,7*
Emploi de longue durée -2,5* -1,6* -3,4* -2,2*
Taux de chômage -0,6* S/O -0,9* S/O
Durée (semaines d'utilisation) -0,07* -0,04 -0,08* -0,06
Heures de travail réduites 25,8* 12,8* 32,9* 15,5*
Régions touchées par la chute des prix des produits de base 7,5* 2,6* 10,3* 3,5*
Observations 71 307 72 698 71 307 72 698

On a également réalisé une analyse de régression pour estimer la probabilité de mise à pied en fonction de diverses caractéristiques de l'entreprise et d'autres facteurs à la suite de la participation au programme. L'analyse a révélé qu'il est plus probable pour une entreprise de mettre à pied des employés participant au programme si l'accord de travail partagé est entré en vigueur en 2015 ou en 2019. Par exemple, la probabilité qu'une entreprise procède à des mises à pied au bout de 3 ou de 6 mois était respectivement 5,2 et 8,3 points de pourcentage plus grande en 2019. Si la probabilité était plus élevée en 2015 et en 2019, c'est vraisemblablement en raison des crises qui sont survenues juste après, en 2016 et en 2020. Quoi qu'il en soit, les entreprises dont l'accord est entré en vigueur en 2020 étaient moins susceptibles de mettre à pied des employés après leur participation au programme. Cette tendance peut en partie s'expliquer par la reprise du marché du travail canadien en 2021.

De 2013 à 2020, la plupart des entreprises (72 % et 67 %, respectivement) ont mis à pied 10 % ou moins de leurs employés participant au programme de Travail partagé dans les 3 ou 6 mois suivant leur participation. Les entreprises participant au programme de Travail partagé étaient plus susceptibles de mettre à pied des employés participant au programme à la fin de l'accord si elles avaient déjà procédé à des mises à pied pendant la durée de l'accord. En outre, les grandes entreprises et les entreprises offrant des revenus d'emploi plus élevés étaient moins susceptibles de mettre à pied des employés au terme de l'accord. Enfin, les entreprises du secteur manufacturier étaient plus susceptibles de mettre à pied une plus large proportion d'employés participant au programme de Travail partagé.

En règle générale, une proportion relativement faible des entreprises ont mis à pied une grande partie de leurs employés. En effet, seulement 15 % des entreprises ont mis à pied plus de 90 % des employés participant au programme de Travail partagé. Cette statistique peut s'expliquer en partie par le fait qu'une petite proportion des entreprises participant au programme de Travail partagé éprouvaient des difficultés ou avaient besoin d'aide financière au terme de l'accord.

D'après les constatations du sondage mené auprès des employés, ces derniers avaient une opinion positive du programme et le jugeaient efficace pour éviter les mises à pied. Par exemple, la majorité (65 %) des employés sondés ont affirmé que le programme leur avait évité d'être mis à pied. De plus, seulement 5 % des répondants au sondage ont indiqué avoir été mis à pied (voir le tableau 11). La plupart des employés qui ont répondu au sondage ont repris leur emploi à temps plein (les hommes dans une plus grande proportion que les femmes). Par ailleurs, les femmes ayant répondu au sondage étaient plus susceptibles d'être mises à pied que les hommes.

Tableau 11 : Statut d'emploi à la fin du programme
Statut d'emploi à la fin du programme Tous Hommes Femmes
Retour à un emploi à temps plein 84 % 87 % 80 %
Retour à un emploi à temps partiel 3 % 2 % 4 %
Mise à pied 5 % 3 % 7 %
Autre emploi trouvé 5 % 6 % 6 %
Je ne sais pas ou préfère ne pas répondre 3 % 2 % 3 %

6.3 Analyse de l'incidence sur les employés participants

Principale constatation : D'après l'analyse de l'incidence, la participation des employés au programme a permis d'accroître le taux de retour au travail et les revenus, de même que de réduire le recours aux prestations (notamment aux prestations d'assurance-emploi), ce qui met en évidence le succès du programme en matière de stabilité d'emploi et de résilience économique.

On a analysé l'incidence en comparant les employés qui ont reçu des prestations pour travail partagé et les employés non saisonniers qui ont été mis à pied en raison d'un manque de travail et qui n'ont pas pris part à un accord de travail partagéNote de bas de page 27. L'analyse de l'incidence portait principalement sur des demandes de prestations pour travail partagé établies de 2015 à 2017Note de bas de page 28.

Le groupe étudié et le groupe témoin ont été constitués en 2 étapes. En premier lieu, les entreprises qui ont participé au programme de Travail partagé de 2015 à 2017 ont été jumelées en fonction du secteur, de la région et de la taille d'entreprises similaires où les employés ont demandé des prestations régulières d'assurance-emploi au cours de la même période. En second lieu, les participants au programme de Travail partagé (groupe étudié) ont été jumelés aux personnes ayant demandé des prestations régulières d'assurance-emploi (groupe témoin), en fonction de leurs caractéristiques. La technique d'appariement par score de propension a été employée pour réduire l'incidence du biais de sélection. La portée de l'analyse a été élargie pour inclure les régions touchées par la chute des prix des produits de base. Le groupe étudié et le groupe témoin des régions touchées par la chute des prix des produits de base ont été comparés à ceux des autres régions (voir le tableau 12).

Les constatations montrent que les prestataires du programme de Travail partagé ont touché des prestations 3,5 semaines de moins que les bénéficiaires de prestations régulières d'assurance-emploi. Parallèlement, les participants au programme de Travail partagé (groupe étudié) ont reçu des sommes considérablement inférieures en prestations que les bénéficiaires de prestations régulières d'assurance-emploi dans une situation comparable. Cette situation s'explique en raison des prestataires du programme de Travail partagé qui sont rémunérés pour leurs heures de travail réduites, contrairement aux autres prestations d'assurance-emploi.

La participation au programme de Travail partagé a également eu une incidence positive statistiquement significative sur la probabilité de retour au travail des participants (groupe étudié), qui s'élève à environ 10 points de pourcentage. De la même manière, le groupe étudié était considérablement plus susceptible de reprendre le travail au sein de la même entreprise. Toute cette information, qui corrobore l'analyse descriptive, prouve que le programme de Travail partagé a aidé les employeurs à maintenir en poste leur main-d'œuvre qualifiée.

En outre, la probabilité de recours au régime d'assurance-emploi était moindre après la participation au programme de Travail partagé. Dans le même ordre d'idées, les participants au programme de Travail partagé (groupe étudié) étaient plus susceptibles de voir leurs revenus d'emploi augmenter.

Tableau 12 : Incidence du programme sur les variables de résultats sélectionnées, de 2015 à 2017
Résultats (prestations pour travail partagé par rapport aux prestations régulières d'assurance-emploi) Toutes les régions Régions touchées par la chute des prix des produits de base Autres régions
Semaines de prestations utilisées -3,5* -3,0* -2,8
Montant moyen des prestations reçues -291 $* -298 $* -282 $*
Retour au travail après la période de prestations 10pp* 10pp* 10pp*
Retour au sein de la même entreprise après la période de prestations 48pp* 50pp* 45pp*
Recours subséquent à l'assurance-emploi (dans les 52 semaines suivant la période de prestations) -15pp* -11pp* -18pp*
Écart des revenus d'emploi (1 an avant et 2 ans après la période de prestations) 3 625 $* 5 241 $* 1 716 $*
Observations 152 751 50 033 102 718

Enfin, 25 % des employés sondés ont indiqué que le programme n'avait « pas du tout » eu d'incidence sur leurs habitudes en matière de dépenses ou qu'il les avait influencées « dans une faible mesure ». De la même manière, 38 % des répondants ont estimé que le programme n'avait « pas du tout » eu d'incidence sur leur capacité à respecter leurs obligations financières ou qu'il avait eu un effet « dans une faible mesure ». Environ 26 % des répondants ont indiqué que leur participation au programme a contribué à leur situation financière « dans une bonne ou large mesure ».

6.4 Probabilité de fermeture des entreprises participantes

Principale constatation : Les entreprises participantes étaient moins susceptibles de fermer leurs portes.

Comme il est indiqué dans la section sur les mises à pied évitées, environ 15 % des entreprises participantes ont mis à pied la plupart ou l'ensemble de leurs employés participant au programme de Travail partagé. Il est donc important de tenir compte de la mesure dans laquelle ces entreprises ont cessé leurs activités après leur participation. On considère qu'une entreprise a fermé ses portes au terme de l'accord de travail partagé si elle avait un effectif ne comptant aucun (0) employé pendant les 4 années suivant sa participation.

À l'égal des mises à pied évitées, les entreprises qui ont mis des employés à pied pendant que l'accord de travail partagé était en vigueur étaient plus susceptibles de fermer leurs portes au cours des 4 années suivantes. C'est chez les petites et les grandes entreprises que les taux de fermeture sont les plus élevés (13 %). Toutefois, au bout de 4 ans, les petites entreprises comptant moins de 20 employés affichaient un taux de fermeture (45 %) bien supérieur à celui des grandes entreprises (35 %). L'analyse révèle qu'après 1 an, la plupart des provinces enregistraient un taux de fermeture similaire. Cependant, vers la fin de la période de 4 ans, le taux de fermeture des provinces des Prairies (54 %) était considérablement supérieur à celui de l'Ontario et du Québec (25 % et 28 %, respectivement). Cet écart pourrait s'expliquer par la chute des prix des produits de base qui a touché les provinces des Prairies.

En ce qui a trait aux secteurs, au bout d'un an, les entreprises du secteur manufacturier et du secteur des services connaissaient un taux de fermeture similaire (autour de 10 % ou de 11 %). Toutefois, au bout de 4 ans, le taux de fermeture des entreprises du secteur manufacturier (35 %) était inférieur à celui des entreprises du secteur des services (41 %). Qui plus est, les entreprises ayant conclu un accord de travail partagé en 2016 ou en 2019 étaient plus susceptibles de fermer leurs portes, possiblement en raison de la chute des prix des produits de base et de la pandémie. On a également constaté que les entreprises ayant conclu plusieurs accords de travail partagé étaient moins susceptibles de fermer leurs portes, mais c'est peut-être parce que les grandes entreprises, qui sont d'emblée moins susceptibles de cesser leurs activités, ont tendance à conclure un plus grand nombre d'accords. Dans l'ensemble, les résultats de l'analyse de régression portent à croire que les entreprises participantes étaient moins susceptibles de fermer leurs portes et que les crises sont temporaires. Les résultats de l'analyse de régression sont présentés au tableau 3 de l'annexe E.

6.5 Formation

Principale constatation : D'après les résultats des sondages menés auprès des employeurs et des employés, une petite proportion d'employeurs ont donné de la formation à leurs employés pendant la période de prestations pour travail partagé. Les employeurs participants ont offert peu de formation principalement parce qu'ils n'avaient pas les moyens d'en assumer les coûts ou qu'ils n'en voyaient pas la pertinence étant donné les pertes de l'entreprise.

Seulement plus ou moins 6 % des employés sondés ont pris part à des activités de formation pendant leur période de prestations pour travail partagé. De ces activités de formation, 87 % étaient des activités de perfectionnement des compétences et 13 %, des activités d'apprentissage. En outre, presque toutes les activités de formation (plus de 91 %) ont été offertes par l'employeur. Les activités de perfectionnement des compétences ont été principalement offertes pendant les heures de travail, sur place (50 %) ou hors du cadre de travail (20 %). Pour ce qui est de la formation en dehors des heures de travail, celle donnée sur place représente 15 % et celle présentée hors du cadre de travail, 15 % également. Les programmes d'apprentissage ont majoritairement été suivis sur place pendant les heures de travail (67 %) et ont duré en moyenne 7 semaines.

Par ailleurs, le tiers (32 %) des employeurs sondés ont indiqué avoir offert les activités de formation pendant que l'accord de travail partagé était en vigueur. Parmi les employeurs qui ont donné de la formation à leurs employés, la plupart (88 %) ont offert des activités de perfectionnement des compétences et seulement 12 % ont présenté des activités d'apprentissage. Les activités de perfectionnement des compétences offertes sur place pendant les heures de travail normales ont représenté 76 % des activités de formation offertes, suivies des formations données sur place (17 %) ou hors du cadre de travail (7 %) en dehors des heures de travail. Les employeurs sondés ont affirmé que les programmes d'apprentissage ont majoritairement été suivis sur place pendant les heures de travail (80 %) et ont duré en moyenne 8 semaines. Dans l'ensemble, ces constatations concordent avec les constatations découlant du sondage auprès des employés.

D'après les constatations des entrevues réalisées auprès d'informateurs clés, les employeurs participants ont offert peu de formation principalement parce qu'ils n'avaient pas les moyens d'en assumer les coûts ou qu'ils n'en voyaient pas la pertinence étant donné les pertes de l'entreprise. Bien que certains employeurs aient opté pour la formation polyvalente (qui prépare les employés à accomplir les tâches d'autres employés pour accroître la souplesse de l'effectif), d'autres ont exprimé des réserves. En général, les agents internes s'opposent à la formation obligatoire et privilégient la souplesse dans les mesures de redressement, alors que les experts débattent de l'efficacité de la formation obligatoire; certains remettent en question sa pertinence au regard des ralentissements économiques cycliques et des problèmes structurels.

Ces constatations mettent en évidence la priorité accordée à la formation donnée sur place et pendant les heures de travail normales et axée sur le perfectionnement des compétences. Cependant, la plupart (86 %) des employés sondés n'ont pris part à aucune activité de formation et 8 % n'étaient pas certains de savoir à quoi renvoient ces activités. De la même manière, la majorité des employeurs sondés (53 %) n'ont pas offert de formation et 15 % n'étaient pas certains de savoir à quoi renvoient ces activités.

7. Exécution du programme

7.1 Processus de demande

Principale constatation : La plupart des employeurs et des employés interrogés (par sondage ou en entrevue) avaient une opinion positive de l'administration du programme. Cependant, certains employeurs ont trouvé le processus de demande long et ardu dans l'ensemble.

La grande majorité (82 %) des employeurs se sont dits satisfaits, « dans une bonne ou large mesure », du processus de demande dans l'ensemble (du début jusqu'à l'approbation) (voir le tableau 13). En outre, la plupart des employeurs qui ont répondu au sondage se sont dit satisfaits « dans une bonne ou large mesure » :

Tableau 13: Degré de satisfaction des employeurs sondés à l'égard du processus de demande
Satisfaction Processus de demande global Site Web de Service Canada Rapidité de l'approbation Clarté des instructions* Communication et soutien en général
Pas du tout 0 % 1 % 0 % 0 % 0 %
Dans une faible mesure 5 % 6 % 4 % 5 % 4 %
Dans une certaine mesure 10 % 22 % 12 % 27 % 15 %
Dans une bonne mesure 47 % 51 % 56 % 51 % 49 %
Dans une large mesure 35 % 14 % 24 % 13 % 28 %
Je ne sais pas ou préfère ne pas répondre 2 % 6 % 3 % 4 % 3 %

Les employeurs sondés ont toutefois mentionné des améliorations à apporter pour que la prestation des services soit plus uniforme et fluide. Environ 6 % des employeurs sondés ont estimé que le processus de demande était très ardu et ont décrit en détail les défis rencontrés. La plupart d'entre eux ont trouvé le processus de demande très long et compliqué et bourré de paperasserie. Certains ont fait valoir que les instructions pour remplir la demande n'étaient pas claires et qu'ils n'avaient pas reçu de soutien adéquat de la part de Service Canada.

En outre, la plupart des employeurs interrogés en entrevue se sont dit satisfaits du soutien offert par les agents régionaux. Cependant, certains ont également trouvé le processus de demande long et ardu dans l'ensemble. Quelques-uns ont précisé que le processus de demande faisait particulièrement obstacle à la participation des petites entreprises et des employeurs dont la langue maternelle n'est ni l'anglais ni le français. Les employeurs ont aussi trouvé difficiles la production du plan de redressement et l'ouverture d'une session (pour les employés) sur le site Web du gouvernement. Les associations d'employeurs ont appuyé l'avis des employeurs, selon lequel la lourdeur du processus de demande peut avoir un effet dissuasif, tout particulièrement pour les employeurs qui présentent une demande pour la première fois. La plupart des agents internes ont aussi mentionné que le processus de demande constituait un obstacle à la participation. Enfin, ils ont fait remarquer que l'exécution du programme diffère d'une région à l'autre en ce qui concerne les niveaux d'approbation et les détails à inclure aux rapports.

Pour simplifier le processus de demande, les employeurs ont notamment suggéré de réduire la bureaucratie, la paperasserie et la pression sur les employés. De plus, les associations ont proposé de simplifier le langage employé sur le site Web et dans le formulaire de demande. Les employeurs, les agents internes et les experts s'entendent pour dire que le système du programme doit être amélioré pour qu'il permette de gérer les demandes en ligne et d'extraire des renseignements dans les systèmes de paye courants et auprès de l'Agence du revenu du Canada. En outre, les agents internes ont demandé un meilleur accès à l'information au sujet des prestations pour travail partagé et des prestations régulières d'assurance-emploi. Ils ont également souligné la nécessité d'offrir de la formation sur les prestations régulières d'assurance-emploi et les pratiques exemplaires des différentes régions, de gérer les attentes des employeurs et de solliciter de l'information auprès de ces derniers.

Par ailleurs, la majorité (69 %) des employés sondés se sont dit également satisfaits, « dans une bonne ou large mesure », du processus de demande dans l'ensemble (voir le tableau 14). En outre, la plupart des employés qui ont répondu au sondage se sont dit satisfaits « dans une bonne ou large mesure » :

Tableau 14 : Degré de satisfaction des employés à l'égard du processus de demande et des renseignements disponibles
Satisfaction Processus de demande global Site Web de Service Canada (en ligne) Centre Service Canada (en personne) Renseignements fournis par l'employeur Renseignements fournis par le représentant de l'employé
Pas du tout 2 % 2 % 5 % 5 % 7 %
Dans une faible mesure 5 % 5 % 9 % 8 % 6 %
Dans une certaine mesure 15 % 18 % 27 % 18 % 15 %
Dans une bonne mesure 45 % 43 % 50 % 38 % 29 %
Dans une large mesure 24 % 27 % 9 % 26 % 16 %
Je ne sais pas ou préfère ne pas répondre 9 % 6 % 5 % 6 % 27 %

La majorité des répondants (81 %) ont présenté une demande de prestations pour travail partagé au moyen du portail en ligne de Service Canada. Seulement 5 % des répondants ont présenté leur demande en personne dans un bureau de Service Canada. Le reste des répondants (14 %) ne savaient pas ou ont préféré ne pas répondre.

7.2 Plan de redressement

Principale constatation : Les employeurs interrogés (par sondage ou en entrevue) estimaient que la préparation du plan de redressement avait été difficile et avait demandé beaucoup de temps.

Depuis la pandémie de COVID 19 et les mesures spéciales qui en ont découlé, l'exigence de mettre en place un plan de redressement a été simplifiée et remplacée par des « mesures de redressement ». Le plan de redressement faisait autrefois 4 pages et nécessitait des données chiffrées détaillées. Désormais, une courte description des mesures prévues aux fins du redressement suffit.

Bien des employeurs sondés ont soutenu que l'élaboration du plan de redressement s'est avérée très difficile, notamment en raison des instructions imprécises de Service Canada et du manque de soutien ou de connaissances de certains agents. En fait, 2 des employeurs sondés ont fini par abandonner le processus de demande.

Les avis sur la nécessité de mettre en place un plan de redressement étaient partagés parmi les employeurs sondés. Les répondants qui voyaient l'intérêt du plan de redressement en avaient déjà préparé un. Ceux qui n'en voyaient pas la pertinence ont fait valoir que le rétablissement de l'entreprise dépendait uniquement des conditions du marché. Les associations d'employeurs et la plupart des agents internes ont affirmé que les exigences devraient être allégées. Les experts ont fait valoir que le plan de redressement ne permettait pas de déterminer si l'entreprise survivrait aux ralentissements économiques. Un certain nombre d'agents internes ont confirmé l'avis des experts en soutenant que les entreprises pouvaient écrire n'importe quoi et qu'il est impossible de savoir si cette information est valide. De plus, des agents internes ont indiqué que les agents de programme ont beaucoup de difficulté à surveiller la mise en œuvre du plan de redressement parce qu'ils ne font pas partie du secteur.

Un agent a expliqué ce qui suit :

« D'un point de vue opérationnel, on ne peut pas déterminer avec précision si le plan est bon ou non, ce qui fait qu'il ne présente pas vraiment d'avantages. » Un autre agent a dit ceci : « Honnêtement, ils peuvent dire ce qu'ils veulent. Vont-ils vraiment prendre ces mesures? Est-ce que ça changera véritablement les choses? » [traduction]

Bien qu'on ne sache pas si les agents parlaient du plan de redressement antérieur à la pandémie de COVID 19 ou des mesures de redressement qui s'appliquent à l'heure actuelle, les constatations portent à croire que les agents prônaient la simplification.

Malgré les difficultés que présentait l'élaboration d'un plan de redressement, les employeurs sondés ont indiqué avoir adopté certaines mesures pour le rétablissement de l'entreprise. Dans le plan de redressement, 15 % des répondants ont inclus uniquement des mesures de réduction des coûts, près de 2 % se sont concentrés seulement sur le marketing et la publicité, et près de 2 % ont centré leurs efforts sur les stratégies de développement de produit. Combinées à d'autres méthodes, les mesures de réduction des coûts représentaient 75 % de l'ensemble des stratégies, suivies des stratégies de marketing et de publicité (55 %) et des stratégies de développement de produit (40 %). Aucune différence significative n'a été relevée entre les régions et les secteurs.

8. Conclusion

Le programme de Travail partagé est considéré comme efficace pour répondre aux besoins des employeurs et des employés, en ce sens qu'il permet de maintenir les employés en poste et d'éviter les mises à pied. Le programme est tout particulièrement bénéfique en période de ralentissement économique, comme ce fut le cas à la suite de la chute des prix des produits de base et pendant la pandémie de COVID 19. Selon les dires des employeurs sondés, le programme a aidé à maintenir les employés en poste, à réduire les coûts associés à l'embauche et à la formation et à éviter les mises à pied. La majorité des employeurs sondés ont indiqué qu'ils participeraient de nouveau au programme s'ils devaient envisager la mise à pied d'employés dans le futur.

La participation au programme est contracyclique, en ce sens qu'elle dépend des conditions économiques : elle augmente en période de ralentissement économique et diminue en période de reprise économique. Ce sont surtout les employeurs du secteur manufacturier qui ont recours au programme, dont une grande partie vient des Prairies. Dans le cadre de leur participation, les petites entreprises éprouvent davantage de difficulté à composer avec les exigences du processus de demande, tandis que les grandes entreprises se heurtent principalement aux difficultés découlant des exigences de reddition de comptes et du fort roulement de personnel.

Les participants au programme sont majoritairement des hommes, ont un certain âge, habitent dans les Prairies et travaillent dans le secteur manufacturier. Ils ont généralement un emploi de longue durée et des revenus d'emploi plus élevés que les personnes qui touchent des prestations régulières d'assurance-emploi. Les employés participants ont une opinion positive du programme : la majorité d'entre eux ont indiqué que le programme avait renforcé leur sentiment d'attachement envers leur employeur et avaient l'impression que ce dernier agissait dans l'intérêt des employés. La participation des employés au programme a permis d'accroître le taux de retour au travail et les revenus, de même que de réduire le recours aux prestations (notamment aux prestations d'assurance-emploi).

On estime que pour la période de 2013 à 2020, le programme a permis d'éviter en moyenne 4 877 mises à pied par an. Parmi les prestataires du programme de Travail partagé, 7 % ont été mis à pied au plus 3 mois après la fin de leur demande et environ 15 % l'ont été dans les 12 mois suivant la fin de leur demande. Cependant, le nombre de prestataires du programme de Travail partagé qui ont demandé des prestations régulières d'assurance-emploi dans les 12 mois suivant la fin de leur période de prestations représentait environ la moitié du nombre estimé de mises à pied évitées.

La majorité des employés participants n'ont pas suivi de formation pendant qu'ils touchaient des prestations pour travail partagé. Les employeurs participants ont offert peu de formation principalement parce qu'ils n'avaient pas les ressources financières ou les capacités nécessaires ou qu'ils n'en voyaient pas la pertinence étant donné les pertes de l'entreprise.

Globalement, les employeurs et employés sondés ont une opinion positive de l'administration du programme. Cependant, certains employeurs ont trouvé le processus de demande long et ardu et ont eu de la difficulté à produire le plan de redressement.

En conclusion, le programme de Travail partagé a bien répondu aux besoins des employeurs et des employés en permettant de maintenir les travailleurs en poste et d'éviter les mises à pied en période de ralentissement économique. Il a donné de bons résultats pour les employés participants, en ce sens qu'il a notamment permis d'accroître le taux de retour au travail et les revenus, de même que de réduire le recours aux prestations. Il y a toutefois des points à améliorer sur le plan de l'administration et de la visibilité du programme. Dans l'ensemble, le programme a contribué au maintien de la stabilité d'emploi et à la résilience économique.

9. Recommandations

À la lumière des constatations figurant dans le présent rapport, les recommandations suivantes sont formulées aux fins de l'amélioration du programme de Travail partagé :

Recommandation 1

Il est recommandé de simplifier le processus de demande du programme, y compris l'exigence de mettre en place un plan de redressement.

Le rapport souligne que certains employeurs ont trouvé le processus de demande long et ardu dans l'ensemble. Pour promouvoir la participation, on recommande de simplifier le processus de demande de façon à ce qu'il offre un soutien et des instructions claires aux employeurs. Il convient notamment de réduire la paperasserie, d'améliorer les ressources en ligne et de veiller à ce que le personnel de Service Canada soit compétent et offre un soutien uniforme.

Le rapport conclut également que les petites entreprises sont plus durement touchées par la complexité des exigences entourant la présentation d'une demande, qui fait obstacle à leur participation. Pour promouvoir la participation des petites entreprises, il est important d'offrir un soutien et des ressources adaptés à leurs besoins. Il convient notamment d'offrir une aide ciblée à la présentation d'une demande, des directives et des modèles clairs ainsi qu'un soutien linguistique aux employeurs dont la langue maternelle n'est ni l'anglais ni le français.

En outre, le rapport souligne que l'élaboration du plan de redressement a posé problème à bien des employeurs, qui ont trouvé les instructions imprécises et ont eu de la difficulté à mettre en œuvre le plan. Il est recommandé de revoir l'exigence de fournir un plan de redressement afin de faciliter la tâche aux différents secteurs et d'accroître la pertinence du concept. Le fait de simplifier le plan et de mettre l'accent sur des mesures de redressement clés plutôt que sur des données chiffrées détaillées pourrait alléger le fardeau des employeurs tout en conservant la responsabilisation et la surveillance des résultats du programme.

Recommandation 2

Il est recommandé d'améliorer la promotion et la visibilité du programme.

D'après le rapport, les employeurs et les employés connaissaient relativement peu le programme. Pour promouvoir la participation, on recommande d'accroître les efforts de promotion et de sensibilisation. Il convient notamment de faire de la sensibilisation auprès des syndicats, de promouvoir le programme sur le site Web de Service Canada et sur les réseaux sociaux, d'inclure aux bulletins de l'information sur le programme et de mettre à profit les réseaux en place, comme le conseil des entrepreneurs canadiens et la fédération des chambres de commerce du Canada.

La mise en œuvre de ces recommandations pourrait améliorer davantage le programme de Travail partagé pour qu'il réponde mieux aux besoins des employeurs et des employés, de façon à accroître la participation au programme et d'améliorer l'efficacité générale du programme quant à la prévention des mises à pied et au maintien de la stabilité d'emploi.

Annexe A : Bibliographie

Sources internes (non publiées, disponibles sur demande)

Sources externes

Annexe B : Mesures spéciales

De 2013 à 2020, le programme a mis en œuvre 7 mesures spéciales. Ces mesures et les modifications qui y ont été apportées sont présentées dans le tableau 1.

Mesures spéciales : 2013 à 2020
Date Description de la mesure
Du 5 juillet au 27 septembre 2013 En raison des inondations en Alberta, l'accessibilité au programme a été améliorée au moyen de l'élargissement des critères d'admissibilité et de la suppression de certains critères du programme, tels que la période d'attente et l'exigence de mettre en place un plan de redressement.
Du 12 juillet au 4 octobre 2013 En raison du déraillement de train à Lac-Mégantic, au Québec, certains critères du programme ont été supprimés, comme l'obligation pour les entreprises de prouver une baisse de 10 % de leur activité, la période d'attente et l'obligation de fournir de l'information sur le marché du travail.
Du 1er avril 2016 au 31 mars 2017 En raison du ralentissement du secteur des matières premières, la durée maximale d'un accord a été prolongée à 76 semaines et la période d'attente a été supprimée.
Du 4 mai 2016 au 4 mai 2017 En raison des incendies de forêt à Fort McMurray, en Alberta, certains critères du programme ont été supprimés, comme l'obligation pour les employeurs de prouver une baisse de 10 % de leur activité, un taux d'utilisation moyen de 60 %, la période d'attente et l'exigence de mettre en place un plan de redressement.
Du 30 juillet 2017 au 28 mars 2020 En raison de différends commerciaux avec les États-Unis dans le secteur forestier, la durée maximale d'un accord a été portée à 76 semaines, la période d'attente a été supprimée et les exigences de mise en place d'un plan de redressement ont été assouplies.
Du 19 avril 2018 au 27 mars 2021 En raison de différends commerciaux avec les États-Unis dans le secteur de l'acier et de l'aluminium, la durée maximale d'un accord a été portée à 76 semaines, la période d'attente a été supprimée et les exigences de mise en place d'un plan de redressement ont été assouplies.
Du 15 mars 2020 au 25 septembre 2022 La durée d'un accord a été portée à un maximum de 76 semaines et la période d'attente a été supprimée. Ces mesures ont permis de conclure un accord de 26 semaines immédiatement après l'accord de 76 semaines, pour une durée maximale de 102 semaines, s'il n'était pas combiné à d'autres mesures spéciales. De plus, les exigences de mise en place d'un plan de redressement ont été assouplies. L'admissibilité a également été élargie pour inclure les entreprises publiques et les organisations à but non lucratif qui subissent une réduction de leurs produits et de leur personnel essentiel.

Annexe C : Matrice d'évaluation

Questions de l'évaluation Sources de données

Besoins du marché du travail et sensibilisation

Question 1 : Quels sont les besoins du marché du travail auxquels répond le programme de Travail partagé?

  1. Quels sont les facteurs qui facilitent ou entravent la participation d'un employeur et d'un groupe d'employés au programme?
  2. Dans quelle mesure les employeurs et les employés connaissent-ils le programme?
  • revue de la littérature;
  • sondage auprès des employeurs;
  • sondage auprès des employés;
  • entrevues auprès d'informateurs clés.

Participation et recours

Question 2 : Quel est le profil socioéconomique des employeurs et des employés qui ont eu recours à un accord ordinaire de travail partagé et qui ont participé au programme de Travail partagé lorsque des mesures spéciales étaient en vigueur (par exemple l'âge, le sexe, le secteur et le revenu)?

Question 3 : Quel est le profil d'utilisation des employeurs et des employés qui ont eu recours à un accord ordinaire de travail partagé et qui ont participé au programme de Travail partagé lorsque des mesures spéciales étaient en vigueur (par exemple durée des prestations d'assurance-emploi et durée des accords)?

  • revue de la littérature;
  • sondage auprès des employeurs;
  • sondage auprès des employés;
  • entrevues auprès d'informateurs clés;
  • études techniques.

Incidences

Question 4 : Combien de mises à pied ont été évitées grâce au programme de Travail partagé dans le cadre d'accords ordinaires et lorsque des mesures spéciales étaient en vigueur?

Question 5 : Quelles sont les incidences du programme de Travail partagé sur les résultats des employeurs et des employés (par exemple le revenu, la durée de l'emploi, le recours futur à l'assurance-emploi, la viabilité de l'entreprise et le recours futur au programme de Travail partagé)?

  1. Les résultats des accords sont-ils différents lorsque des mesures spéciales sont en vigueur, par rapport aux accords ordinaires?
  • revue de la littérature;
  • sondage auprès des employeurs;
  • sondage auprès des employés;
  • entrevues auprès d'informateurs clés;
  • études techniques.

Exécution

Question 6 : Quelles sont les difficultés de mise en œuvre et les pratiques exemplaires liées à l'exécution du programme en ce qui a trait à la mise en place d'accords de travail partagé?

  • sondage auprès des employeurs;
  • sondage auprès des employés;
  • entrevues auprès d'informateurs clés.

Annexe D : Source de données

Cette évaluation a incorporé une approche à méthodes mixtes qui utilise à la fois des sources de données quantitatives et qualitatives. Bien qu'elle se soit principalement appuyée sur des données administratives, l'évaluation comprenait également une revue de la littérature, 2 sondages et des entrevues auprès d'informateurs clés.

Revue de la littérature

La revue de la littérature a permis d'évaluer le programme de Travail partagé du Canada et divers programmes de travail à temps réduit de l'étranger et de déterminer si ces programmes ont permis de prévenir les mises à pied et de stabiliser l'emploi en période de ralentissement économique. De manière plus générale, la revue de la littérature a aidé à mettre en contexte les besoins liés au marché du travail du programme de Travail partagé au Canada et à l'étranger relativement à la participation, à l'utilisation, à l'effet, à la conception et à l'exécution du programme. Des articles universitaires dans le cadre desquels diverses méthodes ont été utilisées pour estimer les incidences des programmes de travail à temps réduit pendant la Grande Récession et la pandémie de COVID 19 ont été examinés. Les études qui ont fait l'objet de discussions dans cette revue de la littérature ont été principalement recueillies à l'aide des moteurs de recherche EBSCO et Google Scholar. Les mots clés utilisés comprenaient « travail partagé », « travail à temps réduit », « plan de maintien de l'emploi », « prévention des mises à pied », « Canada » et « États-Unis ». On a pris en compte les rapports de recherche datant de 2009 et des années ultérieures, avec des données couvrant au moins jusqu'à 2010, afin d'estimer le nombre de mises à pied évitées grâce au programme de travail à temps réduit.

Sondage auprès des employeurs

Le sondage auprès des employeurs visait à obtenir de l'information directement auprès des employeurs qui ont participé au programme de Travail partagé assez récemment, c'est-à-dire pendant la période de 2016 à 2020. Les employeurs qui ont participé au programme de 2016 à 2019 ont été contactés (n=1 882), et le taux de réponse global a été de 13,3 % (n=253).

Le sondage comprenait des questions relatives, entre autres, aux points suivants :

Le sondage a été mené sur la plateforme de sondage en ligne du Système interactif de recherche des faits d'EDSC, et l'analyse a été réalisée à l'interne par la Direction de l'évaluation

Sondage auprès des employés

Le sondage auprès des employés a permis de recueillir des renseignements directement auprès des employés qui ont participé au programme de Travail partagé à tout moment au cours des années 2018 et 2020. Les employeurs qui ont participé au programme de 2017 à 2019 ont été contactés (n=7 219), et le taux de réponse global a été de 5,7 % (n=429).

Le sondage comprenait des questions relatives, mais sans s'y limiter, aux points suivants :

La base de sondage des employés a été stratifiée à l'aide de données administratives sur des variables clés telles que l'âge, le sexe, les régions et le secteur d'activité pour 2019 et 2020. Toutefois, en raison de la participation relativement faible des employés au programme de Travail partagé en 2018, tous les participants de 2018 ont été inclus dans l'échantillon. Le sondage a été géré au moyen de la plateforme de sondage en ligne du Système interactif de recherche des faits d'EDSC, et l'analyse du questionnaire de sondage en ligne a été effectuée à l'interne par la Direction de l'évaluation.

Entrevues auprès d'informateurs clés

Les entrevues auprès des informateurs clés se sont appuyées sur les sondages et l'analyse quantitative pour fournir un contexte et une compréhension plus approfondie du programme. Quatre groupes d'informateurs clés susceptibles d'apporter un éclairage sur le programme de Travail partagé ont été retenus pour participer à une entrevue. Ces groupes comprenaient des employeurs ayant participé au programme, des associations d'employeurs et d'employés représentant les employeurs et les employés susceptibles d'avoir participé au programme, des responsables de programme internes et des experts de programmes du marché du travail canadien. Au total, 26 informateurs clés ont pris part à l'entrevue, soit 8 employeurs, 4 associations, 10 responsables internes et 4 experts.

Les employeurs ayant répondu à l'entrevue ont été sélectionnés parmi les employeurs qui ont accepté de participer aux entrevues après avoir répondu au sondage. Ces personnes ont été choisies dans diverses régions et différents secteurs d'activité. Notamment, la majorité d'entre elles étaient issues du secteur manufacturier, le secteur prédominant parmi les employeurs ayant consenti à participer à l'entrevue. Aucun employeur des provinces de l'Atlantique faisant partie du bassin de répondants n'a souhaité participer aux entrevues.

Études techniques : Analyse de données administratives

Deux études techniques, l'une pour les employés et l'autre pour les employeurs, qui utilisent des données administratives de 2013 à 2020, ont présenté des données probantes quantitatives pour les 2 grandes questions de l'évaluation, soit 1) la participation et le recours; 2) l'effet du programme de Travail partagé sur les résultats des employés et des employeurs.

Les données utilisées pour ces analyses ont été extraites du fichier de profil vectoriel de l'assurance-emploi, des relevés d'emploi, du Registre des entreprises, des fichiers d'impôt de l'Agence du revenu du Canada (feuillets T4 et T1) et des demandes et accords stockés dans le Système commun pour les subventions et les contributions.

Rapport technique 1 : Programme de Travail partagé et employés

Le principal groupe examiné dans ce rapport est celui des employés ayant reçu un relevé d'emploi et perçu des prestations d'assurance-emploi dans le cadre d'un accord de travail partagé. Le rapport présente des données empiriques concernant, mais sans s'y limiter, les points suivants :

Rapport technique 2 : Programme de Travail partagé et employeurs

Le principal groupe examiné dans ce rapport est celui des employeurs ayant conclu un accord de travail partagé au cours de la période de 2013 à 2020.

Le rapport présente des données empiriques concernant, mais sans s'y limiter, les points suivants :

Annexe E : Tableaux supplémentaires

Tableau 15: Comparaison des caractéristiques démographiques et des caractéristiques liées aux demandes de prestations et des résultats des personnes touchant des prestations pour travail partagé par rapport à celles touchant des prestations régulières, de 2013 à 2020
Caractéristiques sociodémographiques Demandes de prestations pour travail partagé (2013 à 2019) Demandes de prestations pour travail partagé (2020) Demandes de prestations régulières (2013 à 2019) Demandes de prestations régulières (2020)
Sexe (hommes) 73,9 % 64,5 % 60,7 % 50,8 %
Âge (années) 43,6 44,1 40,7 39,5
Région : Atlantique 1,8 % 4,5 % 12,6 % 7,3 %
Région : Québec 29,0 % 20,7 % 27,3 % 25,0 %
Région: Ontario 27,3 % 36,6 % 30,8 % 37,0 %
Région : Prairies 36,0 % 25,8 % 18,2 % 18,2 %
Région : Colombie-Britannique 6,0 % 12,4 % 11,0 % 12,4 %
Secteur : Primaire 1,8 % 1,3 % 5,2 % 2,7 %
Secteur : Construction 3,3 % 2,2 % 20,8 % 10,5 %
Secteur : Manufacturier 72,9 % 51,0 % 12,1 % 11,2 %
Secteur : Services 22,0 % 45,4 % 61,9 % 75,7 %
Profession : Gestion 3,8 % 9,2 % 6,5 % 6,3 %
Profession : Affaires, finances et administration 12,8 % 18,0 % 12,2 % 10,6 %
Profession : Sciences 10,8 % 13,7 % 5,6 % 3,5 %
Profession : Ventes et services 3,6 % 11,4 % 16,3 % 33,3 %
Profession : Commerce et transports 26,3 % 18,1 % 32,3 % 18,2 %
Profession : Fabrication et services d'utilité publique 39,9 % 24,5 % 8,8 % 12,4 %
Profession : Autre 2,8 % 5,2 % 18,3 % 15,7 %
État matrimonial : Marié ou en union de fait 66,7 % 63,7 % 51,4 % 43,6 %
État matrimonial : Veuf, divorcé ou séparé 10,4 % 9,2 % 11,8 % 9,4 %
État matrimonial : Célibataire 22,9 % 27,1 % 36,8 % 47,0 %
Emploi de longue durée 70,9 % 71,1 % 34,4 % 36,1 %
Revenu d'emploi 45 934 $ 61 070 $ 33 574 $ 28 490 $
Heures d'emploi assurable 1 750 1 749 1 429 1 438
Admissibilité (semaines) 38 41 32 36
Taux de prestations 468 $ 533 $ 441 $ 509 $
Semaines de prestations utilisées 17,5 19,7 19,9 20,1
Montant des prestations reçues 2 300 $ 2 796 $ 8 217 $ 9 955 $
Retour au travail 95 % S/O 86,5 % S/O
Retour à la même entreprise 75 % S/O 36,4 % S/O
Recours futur à l'assurance-emploi (en l'espace d'un an)* 15 % S/O 44,8 % S/O
Nombre total de demandes de prestations 73 503 78 394 666 912 531 653
Tableau 16 : Profil démographique des employés ayant répondu au sondage
Caractéristiques démographiques Données de sondage (nombre) Données de sondage (%) Données administratives (%)
Sexe : Femmes 159 39,0 % 34,1 %
Sexe : Hommes 249 61,0 % 65,9 %
Âge : 25 ans à 34 ans 40 9,8 % 21,7 %
Âge : 35 ans à 44 ans 112 27,5 % 24,6 %
Âge : 45 ans à 54 ans 126 30,9 % 27,1 %
Âge : 55 ans et plus 130 31,9 % 26,5 %
État matrimonial : Marié 222 54,4 % S/O
État matrimonial : Conjoint de fait 64 15,7 % S/O
État matrimonial : Veuf, séparé, divorcé 43 10,5 % S/O
État matrimonial : Célibataire 71 17,4 % S/O
État matrimonial : Je ne sais pas ou préfère ne pas répondre 8 2,0 % S/O
Statut d'immigration : Né au Canada 236 57,8 % S/O
Statut d'immigration : Né à l'extérieur du Canada 172 42,2 % S/O
Statut de minorité visible : Oui 79 19,4 % S/O
Statut de minorité visible : Non 303 74,3 % S/O
Statut de minorité visible : Je ne sais pas ou préfère ne pas répondre 26 6,4 % S/O
Éducation : Diplôme d'études secondaires ou moins, ou son équivalent 91 22,3 % S/O
Éducation : Collège, cégep ou son équivalent (autres que les certificats ou diplômes professionnels) 94 23,0 % S/O
Éducation : Certificat ou diplôme professionnel ou son équivalent 62 15,2 % S/O
Éducation : Certificat universitaire ou diplôme inférieur au baccalauréat ou son équivalent 40 9,8 % S/O
Éducation : Baccalauréat ou cycle supérieur 104 25,5 % S/O
Éducation : Je ne sais pas ou préfère ne pas répondre 17 4,2 % S/O
Total 408 100 % 100 %
Tableau 17 : Régression calculée au bout d'un an et de 4 ans après l'accord de travail partagé, de 2013 à 2019
Variables explicatives Fermeture après 1 an Fermeture après 4 ans
Année (référence = 2013) S/O S/O
2014 -0,000307 0,0109
2015 -0,000715 0,0997***
2016 -0,0111 0,430***
2017 -0,00725 S/O
2018 0,0307 S/O
2019 0,568*** S/O
Entreprises ayant conclu plusieurs accords de travail partagé -0,0545* -0,219***
Demandes de prestations régulières 0,000153 0,000655**
Demande de prestations pour travail partagé 0,000734*** 0,000765*
Autres demandes de prestations -0,000287 -0,000253
Taille de l'entreprise (référence = 0-19) S/O S/O
De 20 à 99 employés -0,0297*** -0,0779***
De 100 à 499 employés -0,0552*** -0,110***
500 employés et plus -0,0565** -0,140***
Revenu d'emploi (référence = <25 000) S/O S/O
De 25 000 $ à 39 999 $ -0,0506*** -0,0506**
De 40 000 $ à 55 000 $ -0,0620*** -0,0812***
55 000 $ et plus -0,00887 -0,0270
Province (référence = Ontario) S/O S/O
Provinces de l'Atlantique 0,00365 0,0689
Québec 0,0132 0,0180
Prairies 0,0345*** 0,123***
Colombie-Britannique 0,0424** 0,0418
Autre -0,00906 -0,125
Secteur (référence = services) S/O S/O
Manufacturier -0,0226 -0,0747***
Autre -0,00488 -0,0183
Durée de l'accord 0,0014*** 0,0114***
Observations 3 500 2 838

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2025-08-13