Analyse de l’impact différentiel de la Stratégie emploi jeunesse – Volet Objectif carrière

Rapport technique préparé dans le cadre de la quatrième évaluation sommative de la Stratégie emploi jeunesse (SEJ)

Par: Andy Handouyahia, Essolaba Aouli, Leeroy Rikhi et Azadeh Heydarirad.

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Liste des abréviations
ACE
Allocation canadienne pour enfants
AE
Assurance-emploi
AS
Assistance sociale
PFCE
Prestation fiscale canadienne pour enfants
RPC
Régime de pensions du Canada
RRQ
Régime des rentes du Québec
SAE
Services d’aide à l’emploi
SECJ
Stratégie emploi et compétences jeunesse
SEJ
Stratégie emploi jeunesse
STIM
Science, technologie, ingénierie et mathématiques
SAE
Services d’aide à l’emploi
Liste des tableaux
Liste des figures

Résumé

Ce rapport présente les résultats de la quatrième évaluation sommative du volet Objectif carrière du programme Stratégie emploi jeunesse (SEJ). L’analyse porte sur les profils socio-économiques des participants, les résultats sur le marché du travail à moyen terme et les impacts différentiels. Les coûts et les avantages de la participation sont également examinés. La Stratégie emploi jeunesse est une initiative horizontale dirigée par EDSC et mise en œuvre en collaboration avec 10 autres agences et ministères fédéraux. La SEJ a reçu environ 520 millions $ en 2017 à 2018.

Le programme SEJ comprend les 3 volets suivants, qui s’adressent tous à des jeunes âgés de 15 à 30 ans. Chaque volet vise des objectifs distincts et cible des jeunes ayant des besoins différents :

  1. Objectif carrière offre des expériences de travail axées sur la carrière aux jeunes qui terminent leurs études postsecondaires ou qui ont déjà obtenu leur diplôme;
  2. Connexion compétences aide les jeunes qui font face à des obstacles à l’emploi;
  3. Expérience emploi été crée des possibilités d’emplois pour les étudiants.

L’étude se concentre sur les participants d’Objectif carrière d’EDSC qui ont commencé à bénéficier d’une intervention entre janvier 2010 et décembre 2011. Elle se penche sur leurs résultats sur le marché du travail jusqu’à 5 ans après leur participation. Plus précisément, cette étude porte sur les questions suivantes :

  1. l’initiative Objectif carrière a-t-elle atteint les participants admissibles? Quelles sont les caractéristiques des participants à Objectif carrière?
  2. quelles ont été les incidences des interventions d’Objectif carrière sur le soutien des participants pour l’obtention d’un emploi, la diminution de la dépendance à l’assurance-emploi ou à l’assistance sociale, et l’amélioration du revenu?
  3. les résultats varient-ils selon les régions ou les groupes cibles?
  4. quel était le coût moyen par participant et quel était le rapport coûts-avantages de la participation à Objectif carrière?

Méthodologie

Pour les interventions liées à l’initiative Objectif carrière d’EDSC, la période de référence du 1 janvier 2010 au 31 décembre 2011 a été utilisée pour déterminer les cohortes de participants qui seraient visées par l’analyse. Les analyses se concentrent sur les profils (c’est à dire, les caractéristiques socio-économiques), les résultats sur le marché du travail à moyen terme, les impacts différentiels et les avantages économiques. Les impacts différentiels ont été mesurés par rapport à un groupe témoin. Les membres de ce groupe témoin présentaient les mêmes caractéristiques socio-économiques que les participants à Objectif carrière, mais n’avaient reçu que des services limités au moyen d’interventions mineures des Services d’aide à l’emploi (SAE) dans le cadre des ententes sur le développement du marché du travail (EDMT). Les membres du groupe témoin ont aussi commencé à participer aux SAE durant la même période de référence, entre 2010 et 2011.

L’incidence nette d’Objectif carrière a été évaluée d’année en année sur une période de 6 ans (1 année pendant le programme et 5 années après la participation), notamment les répercussions moyennes et cumulatives sur 5 ans. L’incidence nette est mesurée pour chacun des 5 indicateurs du marché du travail suivants :

  1. total des revenus déclarés (revenus inscrits sur les T4);
  2. incidence de l’emploi (proportion des personnes employées);
  3. montant annuel des prestations d’assurance-emploi reçues;
  4. montant annuel des prestations d’aide sociale utilisées;
  5. dépendance envers les programmes gouvernementaux de soutien du revenu (proportion du revenu total composée de prestations d’assurance-emploi et d’assistance-emploi).

De plus, des analyses plus approfondies ont été menées pour évaluer l’influence du domaine d’études sur les impacts différentiels nets. Ces analyses supplémentaires visaient à mesurer les retombées d’Objectif carrière pour les personnes qui travaillent dans les secteurs de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM) pendant la période de participation au programme par rapport à celles qui œuvraient dans des domaines autres que les STIM. Cette analyse supplémentaire a été menée pour examiner les biais potentiels qui pourraient découler du manque d’information sur le domaine d’études.

Principaux constats

Environ 2 744 jeunes ont participé à une intervention d’Objectif carrière d’EDSC pendant la période du 1 janvier 2010 au 31 décembre 2011. Les jeunes âgés de 25 à 29 ans représentaient la plus forte proportion de participants, soit 49 % du nombre total de participants, suivis de ceux âgés de 20 à 24 ans. Le nombre de femmes (56 %) était sensiblement plus élevé que le nombre d’hommes (43 %).

L’analyse d’impact différentiel a révélé que, comparativement au groupe témoin SAE, les participants à Objectif carrière gagnaient des revenus plus élevés et que leur participation a entraîné une augmentation de l’incidence de l’emploi. On a également noté une légère diminution de leur dépendance aux programmes de soutien du revenu par rapport au groupe témoin.

L’analyse coûts-avantages a démontré que l’avantage social et économique total (avantage participant + gouvernement) était de 46 293 $ par participant.

L’analyse de sensibilité coûts-avantages portant sur le taux d’actualisation et le coût marginal social des fonds publics a démontré de légères variations des résultats en matière de valeur nette actualisée et de taux de rendement. Toutefois, l’analyse de sensibilité relative au domaine d’études, soit les secteurs liés aux STIM par rapport aux autres secteurs, a révélé une variation substantielle des résultats de l’analyse coûts-avantages. Le taux de rendement social annuel moyen des participants qui ont travaillé dans les secteurs des STIM pendant la période de participation au programme est d’environ 25 %, comparativement à 13 % pour ceux qui n’ont pas travaillé dans les secteurs des STIM et à 18 % pour l’ensemble des participants.

1. Introduction

La Stratégie horizontale emploi jeunesse, menée par EDSC, traduit l’engagement du gouvernement à aider les jeunes à acquérir les compétences, l’expérience de travail et les aptitudes dont ils ont besoin pour intégrer le marché du travail. Les évaluations permettront de déterminer si le programme a atteint ces objectifs, et dans quelle mesure, en ce qui a trait aux participants de la cohorte 2010 à 2011, en examinant les résultats concernant :

De plus, les impacts différentiels ont servi de base à l’analyse coûts-avantages du programme.

Le rapport est structuré de la façon suivante :

1.1 Aperçu du programme SEJ

La Stratégie emploi jeunesse est une initiative horizontale dirigée par EDSC et mise en œuvre en collaboration avec 10 autres agences et ministères fédéraux. La SEJ a reçu environ 520 millions $ en 2017 à 2018. Pour être admissibles aux programmes offerts dans le cadre de la SEJ, les jeunes doivent répondre à tous les critères suivants :

La SEJ comporte 3 volets : Objectif carrière, Connexion compétences et Expérience emploi été. Chacun de ces volets vise des groupes de jeunes différents et leurs objectifs y correspondent. Le rapport porte uniquement sur le volet Objectif carrière et sur ceux qui ont participé à l’initiative d’EDSC entre janvier 2010 et décembre 2011.

Objectif carrière offre un financement aux employeurs et aux organisations pour concevoir et réaliser des activités qui permettent aux jeunes de prendre des décisions éclairées quant à leur carrière et de développer leurs compétences. Plus particulièrement, les activités d’Objectif carrière ont pour objectif :

1.2 La modernisation de la Stratégie emploi jeunesse

EDSC a réorganisé le programme SEJ pour répondre aux nombreux défis liés au marché du travail auxquels sont confrontés les jeunes, et particulièrement ceux qui font face à des obstacles à l’emploi. La nouvelle initiative, qui a commencé en juin 2019, a été nommée Stratégie emploi et compétences jeunesse (SECJ). La SECJ continue d’être menée par EDSC et mise en œuvre en collaboration avec 10 ministères et agences du gouvernement du Canada. La stratégie modernisée vise à offrir des services d’emploi plus souples et adaptés à chaque personne, et des mesures de soutien améliorées pour tous les jeunes Canadiens. La SECJ vise également à élargir l’admissibilité et à offrir un plus large éventail de programmes conçus pour aider les jeunes à acquérir les compétences, les aptitudes et l’expérience dont ils ont besoin pour décrocher des emplois de qualité.

2. Études d’évaluation et de recherche antérieures

Le contexte économique actuel est très dynamique. Il se transforme rapidement et continuellement sous l’effet de facteurs comme l’intensification de la concurrence mondiale et l’accroissement de l’innovation technologique. Ces forces ont contribué à créer un marché du travail qui évolue rapidement et qui offre des possibilités nombreuses et croissantes aux entreprises et aux individus. Toutefois, le rythme actuel de ces changements a aussi entraîné une augmentation des risques de déséquilibres liés à l’offre et la demande entre les exigences de l’emploi et les compétences des candidats. Ces bouleversements font en sorte qu’il est de plus en plus difficile pour les jeunes au Canada et ailleurs de trouver un emploi stable et intéressantNote de bas de page 2.

En outre, il n’est pas rare que ceux ayant fait des études postsecondaires aient du mal à traduire leurs titres de compétence et leur formation par un emploi satisfaisant. Ces personnes seraient considérées comme « sous-employées » dans le secteur des services pendant un certain temps, et ne bénéficieraient que de peu de possibilités d’avancement, avant d’obtenir un emploi stable et lié à leur choix de carrière (Hoskins et coll., 2018). De plus, Dhakal et coll. (2018) signalent d’autres obstacles potentiels à l’emploi des jeunes (incluant ceux ayant fait des études postsecondaires), comme le fait que les employeurs privilégient les employés qui possèdent les titres de compétences les plus reconnus et la meilleure expérience de travail (qui s’acquiert habituellement en vieillissant), et l’absence de mécanismes de soutien à la transition adéquats (du point de vue stratégique et institutionnel).

Au Canada, 2 évaluations sommatives de la Stratégie jeunesse emploi ont déjà été menées, et portaient sur les cohortes des programmes 2003 à 2006 et 2008 à 2009. La principale conclusion de ces études est que les objectifs de certains des volets de la SEJ ciblant les jeunes défavorisés n’avaient pas été atteints. En comparaison, l’impact différentiel du volet Objectif carrière était très significatif et positif. Une autre étude canadienne récente indique que les programmes coopératifs peuvent contribuer à faciliter la transition des nouveaux diplômés vers le marché du travail, en plus d’avoir une incidence positive sur leur revenu à court et à long terme (Wyonch, 2020).

3. Données et méthodologie

3.1 Domaine d’application

L’objectif de cette étude est de mesurer les impacts différentiels et les avantages économiques découlant d’une participation au volet Objectif carrière de la SEJ. Les effets du programme sont évalués au moyen d’une approche contrefactuelle. Selon cette méthode, nous comparons les résultats des participants sur le marché du travail à la situation qui aurait prévalu s’ils n’avaient pas bénéficié des interventions d’Objectif carrière. Cette étude comprend également une analyse statistique des profils socio-économiques des participants à Objectif carrière et des tendances des résultats.

L’étude se concentre sur les participants d’Objectif carrière qui ont bénéficié d’une intervention entre janvier 2010 et décembre 2011. La période de référence permet de mesurer les répercussions du programme sur les résultats sur le marché du travail, sur une période d’au moins 5 ans après la fin de l’intervention.

Les questions d’évaluation suivantes ont été examinées dans le cadre de cette étude :

  1. l’initiative Objectif carrière a-t-elle atteint les participants admissibles? Quelles sont les caractéristiques des participants à Objectif carrière? 
  2. quelles ont été les incidences des interventions d’Objectif carrière sur le soutien des participants pour l’obtention d’un emploi, la diminution de la dépendance à l’assurance-emploi ou à l’assistance sociale, et l’amélioration du revenu?
  3. les résultats varient-ils selon les régions ou les groupes cibles?
  4. quel était le coût moyen par participant et quels étaient les avantages de la participation à Objectif carrière?

Nous avons traité les questions 1 et 2 en examinant les statistiques descriptives relatives aux caractéristiques sociodémographiques et aux résultats sur le marché du travail des participants. Nous avons traité la question 3 en procédant à une analyse d’impact différentiel sur :

Finalement, nous avons répondu à la question 4 grâce à une analyse coûts-avantages, en utilisant comme données les résultats de l’impact différentiel.

3.2 Données

La plateforme intégrée de données du Programme du travail a constitué la principale source de données. La plateforme contient des données administratives sur les programmes recueillis au moyen du Système commun pour les subventions et les contributions, relié à la banque de données des prestations d’assurance-emploi et aux données fiscales de l’Agence du revenu du Canada (ARC). La plateforme regroupe un grand nombre de variables qui sont étroitement liées aux expériences des personnes sur le marché du travail, telles que :

3.3 Unité d’analyse

Dans le présent rapport, l’unité d’analyse est la personne, relativement à l’intervention dont elle a bénéficié dans le cadre d’Objectif carrière, chaque participant n’étant visé que par une intervention.

3.4 Indicateurs de rendement

Les tendances des résultats et les impacts différentiels ont été mesurés selon les indicateurs du marché du travail relatif aux personnes suivants :

3.5 Méthodes d’estimation des impacts différentiels

Le cadre méthodologique de cette étude a été élaboré au moyen des mêmes méthodes quasi expérimentales que celles utilisées pour l’évaluation des ententes sur le développement du marché du travail (EDMT)Note de bas de page 3. La procédure utilisée mesure l’efficacité du programme en comparant les résultats réels pour les participants à leurs résultats contrefactuelsNote de bas de page 4. Comme on ne peut pas mesurer les résultats d’une personne donnée, qu’elle participe ou non à une intervention d’Objectif carrière, il faut un groupe témoin approprié pour « faire office » de groupe contrefactuel.

Des méthodes statistiques spécialisées sont utilisées afin de rendre interchangeables le groupe témoin et le groupe de participants. Ces méthodes tiennent compte de tous les facteurs observables qui peuvent influencer la participation au programme et les résultats, de sorte que la seule différence qui subsiste entre les 2 groupes soit la participation. Le critère de l’interchangeabilité permet d’attribuer les répercussions estimatives à la participation au programme plutôt qu’aux différences liées à d’autres facteurs entre les 2 groupes. Ces différences pourraient être des caractéristiques socio-économiques préexistantes ou des antécédents sur le marché du travail.

Pour Objectif carrière, le groupe témoin a été créé en faisant appel à un sous-ensemble d’individus âgés de 15 à 30 ans et présentant des caractéristiques observées semblables à celles des participants à Objectif carrière. Le groupe témoin n’a toutefois reçu qu’un traitement limité au moyen d’interventions mineures des SAE dans le cadre des EDMT.

Les résultats de l’impact net ont été produits en utilisant une combinaison de pointe des méthodes d’estimation des doubles différences et d’appariement avec fonction de noyau par scores de propension (Caliendo, 2005). Étant donné l’étendue des variables de base disponibles dans nos données, on peut être raisonnablement certain que les estimations d’impact sont robustes (Lechner et Wunsch, 2013), compte tenu des évaluations des politiques actives du marché du travail. Toutefois, des caractéristiques non observées, mais pertinentes (par exemple, le domaine d’études, la confiance en soi, la motivation, la santé mentale, etc.) peuvent ne pas avoir été prises en compte dans les données. Des renseignements sur les méthodes d’estimation ainsi que sur les différents tests de validation effectués sont fournis à l’annexe A.

Cette étude se penche également sur les variations de l’impact différentiel découlant d’une participation à Objectif carrière selon les sous-groupes sociodémographiques, comme le sexe ou l’âge (annexe C). De plus, des analyses plus approfondies (présentées à la section 3.6) ont été menées pour évaluer l’influence du domaine d’études sur les impacts différentiels nets. Ainsi, ces analyses visaient à mesurer les retombées d’Objectif carrière pour les personnes qui travaillaient dans les secteurs de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM) par rapport à celles qui œuvraient dans d’autres domaines.

3.6 Analyse de la robustesse

Une vérification de la robustesse a été effectuée pour examiner les biais potentiels qui pourraient découler du manque de données sur le domaine d’études. Pour y parvenir, un indicateur a été créé pour le domaine d’études grâce aux données de l’ARC relativement aux secteurs dans lesquels les personnes ont travaillé pendant leur participation au programme, classées de façon générale en fonction des secteurs liés aux STIM par rapport aux secteurs hors STIM. La méthodologie utilisée pour estimer les répercussions au sein de ces sous-groupes de secteurs était la même que celle choisie pour l’analyse d’impact global d’Objectif carrière. Nous avons étudié la répartition des moyennes annuelles des revenus sur 5 ans après la participation au programme pour vérifier s’il existait des déséquilibres liés à des groupes de secteurs précis. En outre, d’autres indicateurs de résultats, comme les prestations d’assurance-emploi reçues, l’impôt sur le revenu payé et le recours à l’aide sociale, ont été réévalués pour les groupes STIM et hors STIM pour permettre une analyse coûts-avantages supplémentaire.

Les groupes travaillant dans les secteurs des STIM et hors STIM ont aussi été subdivisés en fonction du niveau de scolarité (c’est-à-dire, niveau collégial par opposition à universitaire), et des répercussions estimatives dans ces catégories.

Une étude récente publiée par le C.D. Howe Institute (Wyonch, 2020) a révélé qu’en moyenne, les personnes travaillant dans les secteurs des STIM gagnaient plus que leurs collègues des autres domaines d’études. Cette constatation donne à penser que le groupe issu des STIM pourrait être le principal levier de l’impact différentiel global. Par conséquent, les ajustements visant à tenir compte du domaine d’études devraient permettre d’obtenir des estimations plus robustes des répercussions du programme. À la lumière de ces constatations, un indicateur pour les personnes ayant (possiblement) étudié dans des domaines liés aux STIM a été créé en utilisant les codes d’activités économiques des données de l’impôt sur le revenu, de manière à recenser les participants qui ont travaillé dans des secteurs liés aux STIM pendant leur participation au programme Objectif carrière. On suppose ici que les participants qui ont travaillé dans les secteurs des STIM sont ceux qui étaient le plus susceptibles d’avoir obtenu un diplôme dans un domaine d’études lié aux STIM. Pour ces participants, l’effet de traitement estimatif compose la limite supérieure de l’impact différentiel. À l’inverse, l’effet du traitement des participants des autres domaines constitue la limite inférieure de l’impact différentiel. Les codes d’activités économiques suivants ont été utilisés pour représenter les domaines d’études liés aux STIM :

3.7 Forces et limites

La grande force de cette étude réside dans l’utilisation du riche ensemble de données administratives de la plateforme de développement du marché du travail. La plateforme permet de prendre en compte dans l’analyse de nombreuses caractéristiques socio-économiques et caractéristiques liées au travail. De plus, une combinaison de techniques économétriques et d’apprentissage automatique a été utilisée pour bâtir un groupe témoin approprié qui correspond étroitement au groupe de participants à Objectif carrière.

L’une des limites potentielles est le fait que l’admissibilité universelle au volet Objectif carrière dans le cadre du programme SEJ pose des difficultés sur le plan de la composition du groupe témoin. En effet, il n’existe pas de données disponibles et facilement accessibles desquelles on peut tirer des cas témoins. Par exemple, dans le cas des EDMT, les prestataires d’assurance-emploi qui refusent les interventions composent naturellement le groupe témoin. Une autre limite tient au fait que cette analyse nécessite que l’on relie les données administratives des participants aux banques de données de l’ARC et de l’assurance-emploi. Pour des raisons de protection des renseignements personnels, il n’a été possible de le faire que pour les participants d’EDSC, pas pour ceux des autres ministères.

Le manque d’accès aux données relatives au domaine d’études des participants et des cas témoins représente une autre limite qui pourrait entraîner des biais potentiels. Pour combler cette lacune, nous avons mené des analyses plus approfondies basées sur un indicateur du domaine d’études, grâce aux données de l’ARC relativement aux secteurs dans lesquels les personnes ont travaillé pendant leur participation au programme, classées de façon générale en fonction des secteurs liés aux STIM par rapport aux secteurs hors STIM.

Finalement, le recours aux indicateurs du marché du travail pour l’évaluation de l’efficacité du programme ne permet pas de mesurer les caractéristiques non observables des jeunes qui pourraient également avoir une incidence sur la participation et les résultats. Il peut s’agir de caractéristiques comme la confiance en soi, la motivation, la santé mentale, etc.

4. Profil des participants et tendances des résultats

4.1 Profil des participants à Objectif carrière

Les profils sociodémographiques des participants à Objectif carrière sont présentés dans le tableau 1 ci-dessous, qui démontre que les participants à Objectif carrière étaient plus susceptibles d’être des femmes (56 %) que des hommes (43 %). Les jeunes âgés de 25 à 29 ans (49 %), suivis du groupe des 20 à 24 ans, représentent les proportions les plus élevées. Par rapport à l’ensemble de la population des jeunes Canadiens, une proportion relativement plus faible de participants à Objectif carrière se sont identifiés comme membres d’une minorité visible ou comme ayant un handicap, tandis que la proportion de participants qui se sont identifiés comme autochtones était à peu près comparable.

Tableau 1a : Répartition selon le genre des participants à Objectif carrière et des membres du groupe témoin associé ayant reçu des SAE seulement
Sexe* Participants
(N=2 744)
Groupe témoin
(n=5 588)
Homme 43 % 45 %
Femme 56 % 54 %

Tableau 1b : Répartition selon l’âge des participants à Objectif carrière et des membres du groupe témoin associé ayant reçu des SAE seulement
Âge Participants
(N=2 744)
Groupe témoin
(n=5 588)
20 ans et moins 3 % 3 %
20 à 24 ans 44 % 44 %
25 ans et plus 54 % 53 %

Tableau 1c : Niveau de scolarité des participants à Objectif carrière et des membres du groupe témoin associé ayant reçu des SAE seulement
Niveau de scolarité Participants
(N=2 744)
Groupe témoin
(n=5 588)
Études secondaires non terminées 2 % 2 %
Études secondaires terminées 2 % 3 %
Études postsecondaires non terminées 3 % 4 %
Études postsecondaires terminées 90 % 88 %
Données manquantes/Ne sait pas 2 % 3 %

Tableau 1d : Autres caractéristiques des participants à Objectif carrière et des membres du groupe témoin associé ayant reçu des SAE seulement
Autres caractéristiques sociodémographiques Participants
(N=2 744)
Groupe témoin
(n=5 588)
Personnes handicapées 1 % 3 %
Statut d’Autochtone 5 % 5 %
Minorité visible 12 % 14 %
Statut d’immigrant 4 % 4 %
Marié/conjoint de fait 17 % 17 %
Séparé/divorcé 1 % 1 %
Célibataire 79 % 79 %

Tableau 1e : Province de résidence des participants à Objectif carrière et des membres du groupe témoin associé ayant reçu des SAE seulement
Province ou territoire Participants
(N=2 744)
Groupe témoin
(n=5 588)
Terre-Neuve-et-Labrador 2 % 1 %
Île-du-Prince-Édouard 1 % 1 %
Nouvelle-Écosse 4 % 5 %
Nouveau-Brunswick 2 % 3 %
Québec 26 % 24 %
Ontario 37 % 37 %
Manitoba 4 % 4 %
Saskatchewan 2 % 2 %
Alberta 9 % 10 %
Colombie-Britannique 12 % 13 %
Nord 1 % 1 %

Tableau 1f : Caractéristiques du marché du travail des participants à Objectif carrière et des membres du groupe témoin associé ayant reçu des SAE seulement
Indicateurs clés du marché du travail au cours de l’année précédant le début de la participation Participants
(N=2 744)
Groupe témoin
(n=5 588)
Aucun revenu 15 % 14 %
Avec revenus 85 % 86 %
1000 $ à 5000 $ 23 % 22 %
5000 $ à 10 000 $ 25 % 25 %
10 000 $ à 20 000 $ 31 % 30 %
20 000 $ à 40 000 $ 18 % 18 %
40 000 $ à 60 000 $ 3 % 4 %
Plus de 60 000 $ 1 % 1 %
Ont reçu des prestations d’assurance-emploi 10 % 11 %
Ont reçu des prestations d’aide sociale 2 % 3 %

4.2 Tendances des résultats

La figure 1, présentée ci-dessous, montre les tendances moyennes en matière de revenus pour les participants à Objectif carrière au cours de l’année ayant précédé la participation au programme, de la période de participation, et des 5 années qui ont suivi la participation. Les revenus d’emploi annuels moyens des participants à Objectif carrière ont considérablement augmenté au cours de l’année pendant laquelle ils ont participé au programme et dans l’année qui a suivi. On note ensuite des augmentations régulières jusqu’à la fin de la période visée par l’étude.

Figure 1 : Tendances des revenus moyens gagnés au cours de l’année avant la participation au programme, de la période de participation, et des 5 années après la participation pour le volet Objectif carrière

Figure 1 : Tendances des revenus moyens gagnés au cours de l’année avant la participation au programme, de la période de participation, et des cinq années après la participation pour le volet Objectif carrière
Texte descriptif pour la figure 1
Période Revenus moyens
1 an avant 11 326 $
Pendant le programme 20 112 $
1 an après 27 775 $
2 ans après 29 277 $
3 ans après 31 609 $
4 ans après 33 502 $
5 ans après 36 299 $

5. Impact différentiel

5.1 Résultats de l’impact différentiel global

L’analyse d’impact différentiel démontre qu’en moyenne, les participants à Objectif carrière ont affiché de meilleurs résultats que les membres du groupe témoin associé pour tous les indicateurs du marché du travail (voir tableau 2 ci-dessous). Ainsi, les salaires moyens des participants et l’incidence de l’emploi étaient plus élevés pendant le programme et au cours des 5 années qui ont suivi la participation. Les participants à Objectif carrière étaient aussi moins dépendants des programmes gouvernementaux de soutien du revenu et ont reçu moins de prestations d’aide sociale ou d’assurance-emploi.

Tableau 2 : Impact différentiel d’Objectif carrière, cohorte 2010 à 2011 (n=2 744)
Indicators Première année de participation au programme
(0)
1 an après le programme
(1)
2 an après le programme
(2)
3 an après le programme
(3)
4 an après le programme
(4)
5 an après le programme
(5)
Moyenne annuelle après le programme
(1-5)
Cumulatif pendant et après le programme
(0-5)
Total des revenus déclarés ($) 7156*** 6391*** 4901*** 5248*** 5741*** 5926*** 5642*** 35366***
Revenu d’emploi ($)+ 7038*** 6270*** 4761*** 5043*** 5712*** 5888*** 5535*** 34715***
Incidence de l’emploi (pp) 7.2*** 5.78*** 2.94** 3.21** 3** 2.82* 3.86*** S.O.
Prestations d’AE ($) -459*** 134* 89 78 -53 -50 34 -270
Prestations d’assurance sociale ($) -82* -148*** -106** -98** -138*** -112** -126*** -710***
Dépendance au soutien du revenu (pp) -4.48*** -1.51* -1.54* -1.05 -1.77** -2.5*** -1.89*** S.O.

Les principaux constats tirés de l’impact différentiel pour les sous-groupes sociodémographiques sont les suivants, pour la même période que celle utilisée pour les analyses générales.

5.2 Variabilité des résultats des impacts différentiels selon le secteur du placement

Comme mentionné précédemment, des biais potentiels pourraient influencer les estimations des répercussions d’Objectif carrière en raison de l’absence d’information sur le domaine d’études. Nous avons donc procédé à une analyse de sensibilité pour évaluer l’hétérogénéité des impacts différentiels selon les domaines d’études. Nous avons d’abord créé un indicateur pour les personnes ayant (possiblement) étudié dans des domaines liés aux STIM en utilisant les codes d’activités économiques des données de l’impôt sur le revenu. Nous avons ensuite effectué une analyse de l’impact net en fonction du secteur d’emploi (c’est-à-dire, STIM et hors STIM), et du niveau de scolarité (c’est-à-dire, collégial et universitaire).

Le tableau 3 présente les impacts nets sur les revenus moyens pendant les cinq années ayant suivi le programme pour les participants à Objectif carrière qui ont travaillé dans les secteurs liés aux STIM et les secteurs hors STIM. Les résultats indiquent que l’impact net sur les revenus des participants ayant travaillé dans les secteurs liés aux STIM est beaucoup plus élevé que les impacts pour les participants des secteurs hors STIMNote de bas de page 5. Nous pouvons donc interpréter les résultats pour ces 2 groupes comme étant les limites inférieures et supérieures de l’impact net sur les revenus des participants.

En outre, comme le démontre le tableau 4, l’analyse indique que les impacts différentiels d’Objectif carrière sur le revenu vont d’environ 2 500 $ à environ 10 000 $ par année. Ces estimations sont généralement conformes aux résultats présentés dans un article récent du C.D. Howe Institute (Wyonch, 2020) sur les répercussions des programmes coopératifs selon le domaine d’études.

Tableau 3 : Impact différentiel sur les revenus selon le secteur d’emploi pendant la participation
Catégories principales Participants Moyenne sur 5 ans Min. sur 5 ans après la participation Max. sur 5 ans après la participation
Secteurs des STIM 861 (31 %) 9 581 $*** 8 931 $*** 10 141 $***
Secteurs hors STIM 1 883 (69 %) 3 235 $*** 2 488 $*** 4 098 $***
Objectif carrière (total) 2 744 5 535 $*** 6 391 $*** 4 901 $***

5.3 Interaction entre le domaine et le niveau de scolarité

À l’aide d’une approche semblable à celle préconisée par le C.D. Howe Institute (Wyonch, 2020), nous avons estimé l’impact différentiel net sur les revenus moyens pour la période de 5 ans après la participation selon le domaine d’études et le plus haut niveau de scolarité. Il convient de noter que, contrairement à l’approche du C.D. Howe Institute, l’analyse actuelle a été effectuée sans les informations sur le domaine d’études réel. Elle s’appuie plutôt sur un indicateur qui repose sur l’hypothèse que le secteur d’emploi pour la période de participation au programme correspond très probablement au domaine d’études réel des participants. Il est entendu qu’ils peuvent différer dans certains cas. Les constats présentés dans le tableau 4 apportent des nuances supplémentaires aux résultats précédents. Ils montrent que les participants ayant travaillé dans les secteurs non liés aux STIM (environ 70 % de la population d’OC) ont retiré les mêmes avantages du programme, peu importe qu’ils aient fréquenté un établissement universitaire ou collégial. En revanche, les participants ayant fait des études universitaires qui ont travaillé dans des secteurs liés aux STIM ont tiré beaucoup plus d’avantages du programme en comparaison avec leurs collègues ayant une formation collégiale.

Ces résultats sont généralement conformes à ceux présentés dans l’étude du C.D. Howe Institute. Les autres limites à cette approche comprennent : (1) la taille limitée de l’échantillon de la population travaillant dans les secteurs des STIM; et (2) le manque d’information sur le parcours scolaire complet des personnes. Par exemple, certains diplômés universitaires ont aussi pu poursuivre des études collégiales par la suite, dans le but d’acquérir plus d’expérience pratique dans leur domaine.

Tableau 4 : Impacts différentiels d’Objectif carrière au croisement éducation-secteur
Catégories principales Participant Moyenne sur 5 ans Impact min. observé
sur 1-5 ans
Impact max. observé
sur 1-5 ans
Hors STIM et universitaire 1 020 (37 %) 3 569 $*** 2 788 $*** 4 113 $***
Hors STIM et collégial 639 (23 %) 3 760 $*** 2 800 $*** 4 449 $***
STIM et universitaire 462 (17 %) 13 290 $*** 12 133 $ 14 509 $***
STIM et collégial 295 (11 %) 5 681 $*** 4 458 $*** 7 793 $***
Objectif carrière (total) 2 744 (100 %) 5 535 $*** 4 901 $*** 6 391 $***

6. Analyse coûts-avantages

Pour obtenir la valeur économique d’un programme de travail donné, des cadres méthodologiques sont nécessaires afin de quantifier les différents types de coûts et d’avantages concernésNote de bas de page 6. Ainsi, l’analyse coûts-avantages est un outil analytique clé utilisé pour mettre en évidence la répartition des coûts et des avantages du programme du point de vue des participants et du gouvernement.

Cette section présente les avantages et les coûts associés à la participation au volet Objectif carrière du programme SEJ. Les coûts et les avantages d’Objectif carrière touchent les participants, les gouvernements et la société, et ce, à court et à long terme (voir l’annexe A pour les détails). Les répercussions du programme se font sentir dès la participation à Objectif carrière, ce qui se traduit chez les participants par une amélioration de leurs compétences favorisant l’employabilité et des profils de revenu plus élevés par rapport à ceux des individus qui n’ont pas participé au programme. L’analyse coûts-avantages a comparé les coûts financiers engagés par le gouvernement pour mettre en œuvre le programme avec les avantages générés par la participation (par exemple, augmentation des revenus d’emploi, augmentation des recettes fiscales, diminution du recours à l’aide sociale).

De plus, étant donné que les participants au programme étaient des jeunes, il était nécessaire d’évaluer les retombées économiques sur une période plus longue pour le faire de façon exhaustive tout en respectant le guide du Conseil du Trésor sur les analyses coûts-avantages pour le Canada. Par conséquent, l’analyse coûts-avantages est basée sur une période observée de 5 ans et une projection sur 5 années supplémentaires. L’estimation est faite en calculant la différence entre les avantages et les coûts différentiels nets observés actualisés et projetés, pour les personnes et le gouvernement.

Comme décrit ci-dessous de façon plus détaillée, l’analyse coûts-avantages porte sur les trois indicateurs suivants, chacun par rapport aux avantages propres à la personne (par exemple, augmentations des revenus d’emploi bruts), des avantages propres au gouvernement (par exemple, augmentations des recettes fiscales) et des avantages sociétaux (personne + gouvernement) :

  1. la valeur actualisée nette : calculée en soustrayant les coûts du programme des avantages actualisés;
  2. taux de rendement social : correspond au total des avantages nets pour les personnes et le gouvernement divisé par la valeur absolue des coûts totaux du programme;
  3. période de récupération : indique le temps requis pour que les avantages actualisés totalisent les coûts actualisés. Si les avantages actualisés étaient inférieurs aux coûts actualisés cinq ans après la participation, les impacts au cours des années suivantes ont été extrapolés selon le scénario de projection utilisé.

Il est aussi important de souligner tout de suite qu’une analyse coûts-avantages ne fournit qu’une estimation des coûts et des avantages associés à la participation au programme. Cela est attribuable aux difficultés relatives à l’attribution d’une valeur monétaire exacte à toute la gamme d’avantages découlant de la participation (Mason et Tereraho, 2007) comme aux coûts associés à la mise en œuvre du programme. Néanmoins, nous avons dissipé cette incertitude au moyen d’analyses de sensibilité de nos hypothèses de base.

6.1 Méthodologie

6.1.1 Coûts inclus dans l’analyse

Coûts du programme. Les coûts du programme sont ceux qui ont été engagés par le gouvernement pour mettre en œuvre le programme Objectif carrière du 1er janvier 2010 au 31 décembre 2011. Ces coûts comprennent les coûts administratifs et les coûts directs du programme (c’est-à-dire, les subventions salariales reçues par les organisations et les employeurs participants). Le tableau 5 présente un résumé des coûts estimatifs du programme pour le volet Objectif carrière, notamment le coût par participant.

Tableau 5 : Coût estimatif du programme par participant à Objectif carrière (2010 à 2011)
Nom du programme Coût du programme Coût administratif Coût total Nombre de participants Coût par participant
Objectif carrière 20 801 000 $ 2 600 000 $ 23 401 000 $ 2 744 8 528 $

Coût marginal social des fonds publics. En outre, pour estimer les coûts du programme, nous prenons en considération les coûts occasionnés à la société relativement à la hausse des recettes fiscales servant à financer les dépenses du gouvernement. On parle alors du coût marginal social des fonds publics. Suivant les conseils formulés par les experts dans le cadre des études d’évaluation précédentes, le coût marginal social des fonds publics est calculé de la façon suivante :

(coûts du programme – incidence sur les taxes de vente – incidence sur les impôts sur le revenu – incidence sur l’assurance-emploi – incidence sur l’assistance sociale)*20 %.

En d’autres mots, le coût marginal social des fonds publics représente 20 % des coûts du programme et des répercussions ultérieures sur les taxes de vente, les impôts sur le revenu ainsi que les dépenses relatives à l’assurance-emploi et l’assistance sociale. La valeur du coût marginal social des fonds publics sera calculée à partir des coûts et des avantages pour le gouvernement, et sera également prise en compte dans le calcul de la valeur actualisée nette, du ratio coûts-avantages et de la période de récupération pour la société. Pour fournir une estimation prudente de l’avantage actualisé net pour le gouvernement, le coût marginal social des fonds publics n’a toutefois été appliqué qu’aux coûts directs du programme.

6.1.2 Avantages inclus dans l’analyse

Revenus d’emploi. Les avantages liés aux revenus d’emploi sont les impacts différentiels sur les revenus d’emplois des participants pendant et après leur participation (estimés au moyen de l’appariement par scores de propension).

Avantages sociaux. Les avantages sociaux liés à l’emploi sont des avantages qui s’ajoutent aux revenus d’emploi. Les avantages sociaux comprennent (sans toutefois s’y limiter) l’assurance-vie et l’assurance maladie payées par l’employeur, les contributions aux Régime de pensions du Canada (RPC)/Régime des rentes du Québec (RRQ) et les contributions aux régimes de pension d’employeurs. Conformément aux méthodes utilisées par le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale du Québec (2006) et la Société de recherche sociale appliquée (2002), les avantages sociaux sont réputés représenter 15 % de l’impact différentiel sur les revenus d’emploi.

Formellement, l’impact différentiel sur les avantages sociaux est défini selon :

∆AS = α ∆y où :

Impôts fédéral et provincial sur le revenu. Les différences entre les profils de revenus d’emploi des participants et des non participants ont aussi une incidence sur le montant d’impôts fédéral et provincial respectivement payé. Les impôts fédéral et provincial sur le revenu payés et l’impact différentiel sur les impôts payés ont été obtenus à partir des données fiscales de l’Agence du revenu du Canada. Comme pour les répercussions sur les revenus d’emploi, l’appariement par scores de propension a été utilisé pour estimer l’impact différentiel sur les impôts payés par les participants.

Taxes de vente. Toute augmentation des revenus d’emploi fait aussi augmenter le montant de taxes de vente payé par les participants, du fait de l’accroissement de leur pouvoir d’achat. Conformément aux méthodes utilisées par le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale du Québec (2006), les taxes de vente payées seront simulées en supposant qu’une partie de la variation des revenus d’emploi est consacrée à l’achat de biens de consommation taxables. La proportion des revenus d’emploi consacrée à l’achat de biens taxables est estimée à 51 % pour la période allant de 2012 à 2016Note de bas de page 7.

Toutefois, puisque tous les biens ne sont pas taxables, la part moyenne des dépenses habituellement utilisée pour acheter des biens et des services taxables a été estimée à l’aide des données de l’Enquête sur les dépenses des ménages de Statistique Canada (tableau 11-10-0223-01 Dépenses des ménages selon le quintile de revenu du ménage, Canada, régions et provinces). Cette proportion est estimée à 51 % pour la période allant de 2012 à 2016. Le taux de la taxe de vente représentait la somme du taux de la taxe de vente fédérale et la moyenne pondérée des taux des taxes de vente provinciales. La moyenne pondérée nationale des taux des taxes de vente provinciales entre 2010 et 2017 est de 7 %, alors que la moyenne du taux de la taxe fédérale est de 5 %. La moyenne nationale de la propension à consommer entre 2012 et 2016 est de 0,956 (1-0,044).

Formellement, l’impact sur les taxes de vente payées est exprimé comme suit :

∆TVP = (tp + tf) ∆y * (1 – PME) *‬ λ

où :

Prestations d’assurance-emploi et d’aide sociale. Représentent les différences entre les montants des prestations d’assurance-emploi et d’assistance sociale reçues par les participants et le groupe témoin (SAE), après la participation à l’initiative. Ainsi, la réduction des prestations d’assurance-emploi et d’assistance sociale reçues représenterait une augmentation des avantages du point de vue du gouvernement. Les impacts différentiels sur les prestations d’assurance-emploi et d’assistance sociale ont été, comme pour les revenus d’emploi, estimés au moyen de l’appariement par scores de propension.

Cotisations d’assurance-emploi. Une augmentation des revenus d’emploi entraîne un changement du taux de cotisation à l’assurance-emploi. Pour rendre compte de ces fluctuations, les cotisations d’assurance-emploi ont été déterminées à partir des données fiscales de l’Agence du revenu du Canada. Les impacts différentiels sur les cotisations d’assurance-emploi ont ensuite été estimés. Comme pour les impacts sur les revenus d’emploi, l’appariement par scores de propension a été utilisé pour estimer l’impact différentiel sur les cotisations d’assurance-emploi payées par les participants au programme.

6.2 Approche pour l’estimation et la communication des résultats de l’analyse coûts-avantages

6.2.1 Calendrier et taux d’actualisation

Les coûts du programme ont été observés l’année du début du programme et les avantages ont été calculés sur une période de 11 ans, soit la période de participation au programme, une période observée de 5 ans après la participation au programme et une période de prévision supplémentaire de 5 ans.

Puisque les coûts du programme sont engagés au début de la participation et que les avantages se font sentir dans les années suivantes, tous les avantages ont été actualisés au taux de 5 % à partir de l’année qui a suivi l’année du début de la participation. Le choix actuel de 5 % est représentatif de l’augmentation des taux d’intérêt sur les investissements du gouvernementNote de bas de page 8.

6.2.2 Cadre conceptuel et cadre comptable

Un aspect important de l’analyse coûts-avantages est de déterminer qui supporte un coût ou récolte un avantage particulier (c’est-à-dire, le participant, le gouvernement ou la société). Ce qui peut être considéré comme un avantage d’un côté peut aussi constituer un coût d’un autre point de vue. Par exemple, une baisse des prestations d’assurance-emploi reçues peut être perçue comme une réduction du revenu par le participant (c’est-à-dire, un coût), mais comme un avantage par le gouvernement. Les coûts et les avantages attribués à chaque point de vue sont présentés dans le tableau 6.

Le point de vue sociétal combine les points de vue du participant et du gouvernement. Pour un facteur donné, un gain net pour la société ne se produit que lorsqu’un gain pour un groupe ne se fait pas au détriment d’un autre groupe. À titre d’exemple, une augmentation des revenus après la participation représente un avantage pour les participants, mais n’est ni un avantage ni un coût pour le gouvernement. Ainsi, le résultat net est un gain pour la société. Il y a coût pour la société lorsqu’un facteur est un coût d’un point de vue et n’est pas un gain de l’autre. À titre d’exemple, les coûts du programme représentent un coût pour le gouvernement, mais pas pour les participants. Ainsi, ils sont considérés comme un coût pour la société. Les facteurs qui constituent un gain net d’un point de vue, mais une perte nette d’un autre point de vue, sont nuls pour la société. À titre d’exemple, les réductions de prestations d’assurance-emploi peuvent représenter un coût pour les participants et un avantage pour le gouvernement, et ne constituer ni un coût ni un avantage pour la société.

Tableau 6a : Cadre comptable des coûts du point de vue des participants, du gouvernement et de la société
Facteurs de coûts inclus Participants Gouvernment Société Méthodes d’estimation
Coût du programme 0 - - Les estimations des coûts sont fondées sur les données du dossier d’intervention et celles relatives aux dépenses liées au programme.
Coût marginal social des fonds publics 0 - - Les estimations correspondent à 20 % des coûts du programme.

Tableau 6b : Cadre comptable des avantages du point de vue des participants, du gouvernement et de la société
Facteurs relatifs aux avantages inclus Participants Gouvernment Société Méthodes d’estimation
Revenus d’emploi + 0 + Les valeurs de la période observée sont basées sur les résultats des impacts différentiels, alors que celles de la période ultérieure non observée sont fondées sur les impacts différentiels fixes moyens des périodes observées. Cela comprend les revenus gagnés pendant la participation au programme, associés à la subvention salariale (selon la subvention salariale reçue par l’employeur).
Avantages sociaux + 0 + Les estimations correspondent à 15 % des revenus d’emploi.
Impôts fédéral et provinciaux sur le revenu - + 0 Les estimations des coûts sont fondées sur les revenus, les taux d’imposition fédéral et provincial pour les années ultérieures, et la fonction de tendance.
Taxes de vente fédérale et provinciales - + 0 Les impacts différentiels sur les revenus nets totaux déclarés sont multipliés par la propension à consommer (96 %), la proportion des dépenses du ménage en biens et services taxables (50 %), et par le taux moyen total des taxes de vente fédérale et provinciales (12 %).
Assurance-emploi -/+ -/+ 0 Les valeurs de la période observée sont basées sur les résultats des impacts différentiels, alors que celles de la période ultérieure non observée sont fondées sur les impacts différentiels fixes moyens des périodes observées.
Assistance sociale -/+ -/+ 0 Les valeurs de la période observée sont basées sur les résultats des impacts différentiels, alors que celles de la période ultérieure non observée sont fondées sur les impacts différentiels fixes moyens des périodes observées.
Cotisations d’assurance-emploi -/+ -/+ 0 Les valeurs de la période observée sont basées sur les résultats des impacts différentiels, alors que celles de la période ultérieure non observée sont fondées sur les impacts différentiels fixes moyens des périodes observées.

6.3 Résultats

Les résultats de l’analyse coûts-avantages sont expliqués ci-dessous et présentés aux figures 2 et 3 pour les indicateurs clés suivants :

6.3.1 Valeur actualisée nette

La figure 2 (page suivante) indique la valeur actualisée nette des coûts et des avantages d’Objectif carrière au cours de la période de participation au programme d’un an et des 10 années qui ont suivi la participation, selon le groupe témoin SAE.

Comme évoqué précédemment, les répercussions futures d’Objectif carrière telles que les revenus, les impôts sur le revenu fédéral et provincial, les prestations d’assurance-emploi, les prestations d’assistance sociale et les cotisations d’assurance-emploi ont été prévues d’après la tendance observée au cours des 4 dernières années de la période post-participation observée. La valeur actualisée nette a révélé que, d’un point de vue sociétal, les avantages de la participation étaient supérieurs aux coûts de 46 293 $ pendant la participation au programme et au cours de la période de 10 ans qui a suivi la participation. Les avantages sociétaux découlaient principalement des avantages pour les participants (42 272 $), alors que les avantages pour le gouvernement sont bien inférieurs (4 021 $).

6.3.2 Taux de rendement social annualisé

Le taux de rendement social annualisé d’Objectif carrière était de 543 % sur une période de 11 ans (une année de participation au programme plus 10 années après la participation), ce qui équivaut à un taux de rendement annuel de 18 %.

6.3.3 Période de récupération

Comme l’illustre la figure 2, il faudrait, du point de vue du gouvernement, 7,4 années (à partir du début du programme) pour que les avantages futurs associés au programme surpassent les coûts initiaux. Du point de vie sociétal, par contre, il ne faudrait qu’environ 4 mois (0,33 année). Il convient aussi de noter que la période de récupération sociétale se situe dans la période observée (5 ans après la participation). Par conséquent, les méthodes de prévision utilisées dans cette étude ne sont pas pertinentes à cet égard.

Figure 2 : Exemple illustrant comment les avantages à long terme du programme Objectif carrière dépassent les Coûts initiaux du point de vue du gouvernement

Figure 2 : Exemple illustrant comment les avantages à long terme du programme Objectif carrière dépassent les Coûts initiaux du point de vue du gouvernement

*Remarque : Le coût total excluant le coût initial représente un coût supplémentaire pour le gouvernement en plus du coût initial du programme, par exemple l’augmentation des prestations d’assurance-emploi, l’augmentation du recours à l’aide sociale, etc. De plus, cela comprend les coûts reportés de la période précédente. La valeur de cette catégorie se maintient et peu de changements sont observés au fil des ans.

Texte descriptif pour la figure 2
Période Coût initial
(plus 20 % CMSFP)
Bénéfice total Coût total
(excluant le coût initial)
Coût total
Pendant le programme -10,234 $ 1,392 $ -  $ -10,234 $
1 an après -10 234 $ 2 991 $ -134 $ -10 368 $
2 ans après -10 234 $ 4 450 $ -224 $ -10 592 $
3 ans après -10 234 $ 6 021 $ -303 $ -10 895 $
4 ans après -10 234 $ 7 899 $ -303 $ -11 198 $
5 ans après -10 234 $ 9 966 $ -303 $ -11 501 $
6 ans après -10 234 $ 11 685 $ -320 $ -11 820 $ *
7 ans après -10 234 $ 13 403 $ -336 $ -12 157 $
8 ans après -10 234 $ 15 122 $ -353 $ -12 510 $
9 ans après -10 234 $ 16 840 $ -370 $ -12 880 $
10 ans après -10 234 $ 18 558 $ -387 $ -13 267 $

* Seuil de rentabilité


Figure 3 : Coûts et avantages par participant sur 11 ans, valeur actualisée nette

Figure 3 : Coûts et avantages par participant sur 11 ans, valeur actualisée nette
  • Source : Données administratives – Plateforme de données du Programme du travail, cohortes de participants à Objectif carrière du 1 janvier 2010 au 31 décembre 2011.
  • 1. Le coût comprend le coût direct du programme par participant (estimé à 8 528 $) plus le coût marginal social des fonds publics (estimé à 1 706 $; c’est-à-dire 20 % du coût direct du programme par participant).
  • 2. Le taux de rendement social (543 %) est le bénéfice net pour la société (46 293 $) divisé par le coût direct du programme par participant. Le taux de rendement social moyen annuel de 18 % par an est égal à 5,43 (543 %) plus 1, élevé à la puissance 1 et divisé par le nombre d’années couvertes par l’analyse coûts-avantages (soit 11 ans).
  • 3. Les avantages sociaux sont définis comme une proportion de la rémunération accordée aux employés en plus du salaire, qui représente environ 15 % des revenus d’emploi.
Texte descriptif pour la figure 3
Valeur actualisée nette pour le gouvernement
Analyse des composants Gouvernment
Coût ($) * -10 234 $
Bénéfice d’AE & d’AS ($)** 1 192 $
Taxe de vente perçue ($)** 2 819 $
Impot sur le revenu perçu 10 244 $
Valeur actualisée nette 4 021 $

Valeur actualisée nette pour le participant
Analyse des composants Gouvernment
Impot sur le revenu perçu -10 244 $
Taxe de vente perçue ($) -2 819 $
Bénéfice d’AE & d’AS ($) -1 192 $
Avantages sociaux ($)*** 7 373 $
Revenus d’emploi *** ($) 49 154 $
Valeur actualisée nette 42 272 $

6.4 Difficultés et limites

L’analyse coûts-avantages a été basée sur les principaux coûts et avantages quantifiables disponibles dans les données administratives et les données fiscales de l’Agence du revenu du Canada. Bien que les calculs prennent en compte la majorité des coûts et des avantages clés, certains d’entre eux sont des estimations ou ont simplement été exclus en raison des limites des données.

Coûts de participation : Les participants engagent habituellement certains coûts personnels liés à la participation à Objectif carrière, comme ceux relatifs aux déplacements, aux frais de scolarité, à la formation et aux dépenses associées à la recherche d’emploi. Malheureusement, étant donné que les données administratives et les autres sources d’information disponibles ne fournissent pas de renseignements sur les coûts assumés directement par les participants, il n’a pas été possible de les inclure dans l’analyse.

Avantage fiscal : D’autre part, l’analyse ne prend pas en compte l’Allocation canadienne pour enfants (ACE), anciennement nommée Prestation fiscale canadienne pour enfants (PFCE), parce qu’elle dépend du nombre d’enfants âgés de moins de 18 ans (renseignements qui ne sont pas disponibles dans les banques de données administratives utilisées). Cependant, ces allocations seraient probablement modestes ou le plus souvent inapplicables dans le cas des participants à Objectif carrière.

Avantages indirects : En outre, l’analyse n’a pas mesuré les avantages « intangibles », non financiers et indirects pouvant émaner de l’obtention d’un emploi. Les avantages intangibles peuvent inclure l’amélioration du bien-être mental et physique des participants associée à un meilleur revenu et une période de chômage réduiteNote de bas de page 9. Toutefois, ces hypothèses ne peuvent toujours pas être confirmées directement, puisque les fichiers de microdonnées nécessaires pour ce type d’analyse ne sont actuellement pas intégrés à EDSC, pas plus qu’ils ne lui sont accessibles.

Finalement, l’analyse coûts-avantages ne tient pas compte de l’« effet de déplacement » (par exemple, Dahlberg et Forslund, 2005) : les participants pourraient prendre des emplois qui auraient autrement pu être décrochés par d’autres chômeurs.

7. Analyse de sensibilité

L’analyse coûts-avantages est basée sur un certain nombre d’hypothèses sur les paramètres d’entrée, qui sont considérées comme les plus plausibles selon le contexte actuel. Toutefois, il y aura toujours une certaine incertitude. Par conséquent, nous avons effectué une analyse de sensibilité pour déterminer l’effet d’une variation raisonnable dans les données spécifiques. Le tableau 10 ci-dessous présente la valeur actualisée nette et le taux de rendement sur 11 ans pour divers scénarios et de tous les points de vue.

7.1 Hypothèses économiques

Taux d’actualisation : Alors que l’analyse principale se fondait sur un taux d’actualisation de 5 %, l’analyse de sensibilité se penche sur la variation de la valeur actualisée nette à des taux d’actualisation de 3 % et 8 %. Les taux d’actualisation sont également examinés en association avec divers scénarios de coût marginal social des fonds publics et les coûts et avantages à différentes périodes. Ces autres taux sont conformes au guide provisoire d’analyse coûts-avantages (2007) du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada (le « guide du SCT »), qui suggère des taux d’actualisation sociaux de 3 % et 8 %, selon les circonstances.

Comme l’indique le tableau 10, les indicateurs de résultats coûts-avantages montrent une certaine sensibilité inverse aux hypothèses relatives au taux d’actualisation de tous les points de vue. Par exemple, la valeur actualisée nette augmente dans les 2 cas lorsque le taux d’actualisation baisse de 5 % à 3 % (tout en maintenant le coût marginal social des fonds publics fixe à 20 %) puisque l’on actualise à un taux inférieur (en divisant les flux monétaires futurs par une plus petite valeur).

Le coût marginal social des fonds publics : Dans l’analyse principale, le coût marginal social des fonds publics a été calculé comme équivalent à 20 % du coût du programme. Pour tester un scénario de coût marginal social des fonds publics différent, il est essentiel de prendre en considération le fait que lorsque les jeunes atteignent tout leur potentiel, les Canadiens, le gouvernement et l’économie canadienne en profitent. Puisque les jeunes représentent un tiers de la population canadienne, investir dans des programmes qui les aident à surmonter les obstacles à l’emploi accroît la participation au marché du travail actuel en pleine croissance.

En raison de la nature sensible du coût marginal social des fonds publics par rapport aux taxes, nous avons supposé un coût marginal social des fonds publics plus bas de 10 % pour l’analyse de sensibilité. Le tableau 10 montre que cette modification de l’hypothèse relative au coût marginal social des fonds publics n’entraîne de changement dans les résultats que du point de vue du gouvernement, puisque le coût marginal social des fonds publics n’est ajouté qu’aux coûts du gouvernement. Réduire le coût marginal social des fonds publics de 10 % (de 20 % à 10 %) entraîne une diminution des coûts du gouvernement, ce qui a une incidence positive sur la valeur actualisée nette (la valeur actualisée nette étant la différence entre la valeur actualisée des avantages nets et la valeur actualisée des coûts nets).

7.2 Domaine d’études

Comme expliqué à la section 5, les impacts différentiels nets sur les revenus dépendent fortement du domaine d’études. Par conséquent, nous avons effectué une analyse coûts-avantages complémentaire pour déterminer la variation correspondant aux avantages économiques résultant de la participation, pour ceux qui ont travaillé dans les secteurs liés aux STIM et les secteurs hors STIM. Puisque le secteur constitue en soi un facteur de sensibilité, nous n’avons pas fait varier les autres paramètres d’entrée (c’est-à-dire, que le taux d’actualisation initial de 5 % et le coût marginal social des fonds publics de 20 % ont été utilisés).

Comme expliqué à la section 5.2, le domaine d’études influence fortement l’impact différentiel net sur le revenu d’emploi. L’impact sur le revenu a été beaucoup plus marqué pour les participants qui ont travaillé dans des secteurs liés aux STIM comparativement à ceux ayant travaillé dans les secteurs hors STIM. Ces impacts se sont traduits par une valeur actualisée nette et un taux de rendement plus élevés, comme le montre le tableau 7. En comparaison avec le scénario des secteurs hors STIM et le scénario global pour tous les participants à Objectif carrière, la valeur actualisée nette et le taux de rendement social progressent largement dans le scénario des STIM, et ce, de tous les points de vue.

Tableau 7a : Analyse de sensibilité pour l’analyse coûts-avantages
Scenario Taux d’actualisation Coût marginal social des fonds publics Valeur actualisée nette sur 11 ans pour le participant Valeur actualisée nette sur 11 ans pour le gouvernement Valeur actualisée nette sur 11 ans pour la société Taux de rendement social total Taux de rendement social annuel
Base 5 % 20 % 42 271 $ 4 021 $ 46 293 $ 542.8 % 18.4 %
Scénario 1 5 % 10 % 42 271 $ 4 874 $ 47 146 $ 552,8 % 18,6 %
Scénario 2 3 % 20 % 45 911 $ 5 411 $ 51 322 $ 601,8 % 19,4 %
Scénario 3 3 % 10 % 45 911 $ 6 264 $ 52 175 $ 611,8 % 19,5 %
Scénario 4 8 % 20 % 37 713 $ 2 284 $ 39 997 $ 469 % 17,1 %
Scénario 5 8 % 10 % 37 713 $ 3 137 $ 40 850 $ 479 % 17,3 %

Remarques

  1. La période visée est de 10 ans après la participation plus une année de participation au programme.
  2. Groupe témoin − SAE.

Table 7b: Sensitivity analysis for CBA – STEM and non-STEM
Scenario Taux d’actualisation Coût marginal social des fonds publics Valeur actualisée nette sur 11 ans pour le participant Valeur actualisée nette sur 11 ans pour le gouvernement Valeur actualisée nette sur 11 ans pour la société Taux de rendement social total Taux de rendement social annuel
STIM 5 % 20 % 69 789 $ 17 199 $ 86 988 $ 1 020 % 24,6 %
Hors STIM 5 % 20 % 25 908 $ -1 036 $ 24 873 $ 292 % 13 %

Remarques

  1. La période visée est de 10 ans après la participation plus une année de participation au programme.
  2. Groupe témoin − SAE.

8. Conclusion

Dans l’ensemble, les résultats démontrent que la participation à Objectif carrière entraîne un gain substantiel sur le plan des revenus et de l’emploi. L’analyse par sous-groupes (annexe C) montre qu’il y avait une certaine hétérogénéité parmi les participants à Objectif carrière. Bien que tous les sous-groupes affichaient des gains importants sur le plan des revenus et de l’emploi, ces répercussions étaient plus importantes chez certains sous-groupes.

La principale méthode d’estimation utilisée pour déterminer les impacts différentiels était l’appariement avec fonction de noyau par scores de propension combiné à la méthode des doubles différences. Le modèle économétrique était fondé sur des renseignements étoffés au sujet de l’expérience du marché du travail des personnes, notamment les caractéristiques sociodémographiques et les antécédents sur le marché du travail. D’autres facteurs personnels et environnementaux, comme la motivation, une mauvaise gestion du comportement ou de soi, les antécédents criminels, la consommation de drogues et le manque de soutien social, peuvent aussi influencer la participation et les résultats. Toutefois, ces facteurs ne figurent pas dans les données disponibles. Par conséquent, il est possible que cela biaise les résultats dans la mesure où ils peuvent ne pas être également répartis dans le traitement et les groupes témoins.

Des augmentations soutenues et considérables des revenus et de l’emploi ont été observées chez les participants, comparativement à leur groupe témoin. Ces résultats concordent avec ceux qui se dégagent de la littérature existante et des études d’évaluation. Les programmes comme Objectif carrière contribuent à faciliter l’intégration des nouveaux diplômés au marché du travail, avec des effets positifs à long terme.

De plus, l’analyse coûts-avantages a démontré qu’au cours des 10 années qui ont suivi la participation, le programme Objectif carrière a entraîné un important retour sur investissement positif net de tous les points de vue. Les analyses de sensibilité, où le secteur d’emploi a été utilisé comme indicateur des domaines d’études, ont montré d’importantes variations dans les résultats. Les modifications des hypothèses économiques de l’analyse coûts-avantages n’ont toutefois entraîné que de légères fluctuations dans les résultats.

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Annexe A : Renseignements supplémentaires sur la méthodologie

Méthodes d’appariement par scores de propension

Les répercussions du programme ont été mesurées en utilisant une approche de pondération fondée sur les scores de propension pour faire correspondre le groupe de participants et le groupe témoin sur le plan des caractéristiques observées. L’appariement avec fonction de noyau a été la principale méthode utilisée pour jumeler les participants et les cas témoins selon leurs scores de propension. L’appariement par noyau utilise l’ensemble du groupe témoin et pondère les membres du groupe témoin chaque fois qu’ils sont comparés à un nouveau participant, en fonction des différences entre les scores de propension. Les pondérations sont attribuées selon une fonction de densité de probabilité, appelée « noyau », de sorte que de petites différences entraînent des pondérations importantes, et vice versa.

La pondération par probabilité inverse et l’approche d’appariement par la méthode du voisin le plus proche ont été utilisées comme méthode alternative pour la validation. Il convient de noter que toutes ces méthodes ont été combinées avec les doubles différences. L’estimation des doubles différences permet d’éliminer les biais des caractéristiques non observées invariables dans le temps, en supposant que les tendances de la période courante relatives à ces caractéristiques non observables sont les mêmes pour les périodes précédant et suivant la participation.

Modèle des scores de propension

Pour appliquer la méthode d’appariement, la première étape consiste à estimer les scores de propension des participants au programme et des cas témoins. L’établissement d’un score de propension s’appuie sur un modèle de régression logistique servant à prédire la probabilité de la participation à Objectif carrière, en fonction des caractéristiques liées aux antécédents des participants à Objectif carrière et des membres du groupe témoin.

Le modèle des scores de propension s’appuie sur un riche ensemble de variables liées aux antécédents (voir le tableau 8 pour un résumé), notamment les variables sociodémographiques et les antécédents des individus sur le marché du travail (y compris les prestations d’assurance-emploi, l’incidence de l’emploi et les revenus d’emploi au cours des 5 années ayant précédé l’admission au programme). Toutes les variables incluses dans l’estimation du score de propension sont réputées avoir une incidence sur la décision de participer, selon la théorie économique.

Tableau 8 : Résumé des variables du score de propension*
Variables sociodémographiques Caractéristiques du marché du travail
  1. Âge
  2. Sexe
  3. Statut d’Autochtone
  4. Personne handicapée
  5. Immigrant
  6. Minorité visible
  7. État matrimonial
  8. Niveau de scolarité
  9. Province de résidence
  10. Indicateur urbain/rural
  1. Motif de la cessation d’emploi
  2. Industrie (SCIAN)
  3. Nouveaux sur le marché du travail
  4. Interventions antérieures (avantages en matière d’emploi ou mesures de soutien)
  5. Revenus antérieurs, jusqu’à 5 ans
  6. Recours antérieur aux prestations d’assurance-emploi, jusqu’à 5 ans
  7. Revenu d’aide sociale antérieur, jusqu’à 5 ans
  8. Montants pour frais de scolarité antérieurs, jusqu’à 5 ans

*La subdivision de ces variables pourrait créer jusqu’à 75 variables détaillées de plus, qui pourraient être utilisées dans le modèle des scores de propension.

Apprentissage automatique pour sélectionner un sous-ensemble de participants SAE comme groupe témoin

Comme mentionné, le groupe témoin associé aux participants à Objectif carrière était composé de personnes dont le critère d’admissibilité était le même que les participants à Objectif carrière, mais qui n’avaient bénéficié que d’interventions mineures des SAE dans le cadre des EDMT. Les clients des SAE ont pu recevoir un large éventail d’interventions individuelles pour favoriser leur retour au travail, notamment de la formation en informatique, des conseils en matière de carrière et des services d’orientation professionnelle, du soutien à la préparation à l’emploi et à la recherche d’emploi, des clubs de recherche d’emploi, et de la formation de courte durée, comme une attestation de formation en premiers soins ou une formation sur la salubrité des aliments.

Pour identifier un groupe témoin (c’est-à-dire, SAE) composé de personnes possédant des caractéristiques sociodémographiques et du marché du travail semblables à celles des participants à Objectif carrière, nous avons utilisé la méthode d’apprentissage automatique appelée « analyse discriminante du k plus proche voisin (KPPV) ». Le k plus proche voisin est une méthode d’apprentissage automatique supervisé utilisée pour classer les individus qui présentent des caractéristiques similaires en différents groupes. Les variables utilisées comme données dans les algorithmes du KPPV étaient les mêmes que celles utilisées dans le modèle des scores de propension. L’ensemble final des membres du groupe témoin sélectionnés pour le volet Objectif carrière contient 5610 participants SAE.

Résultats des tests de propriété équilibrante avant et après l’appariement

Dans le but de nous assurer que les estimations des impacts sont fiables, nous avons effectué des vérifications de la propriété équilibrante de chaque covariable utilisée dans les modèles des scores de propension avant et après l’appariement. Des tests sur l’égalité des moyennes (test t) et sur les différences standardisées (Rosenbaum et Rubin, 1985) ont été utilisés. Le résumé des résultats des tests de propriété équilibrante est présenté dans le tableau 3 ci-dessous. Selon les valeurs du pseudo R2 et du biais moyen, les résultats indiquent qu’il y avait, avant l’appariement, de petites différences entre les participants et les cas témoins. Toutefois, après l’appariement, toutes les différences significatives avaient pratiquement disparu. De plus, le test sur les différences standardisées a confirmé qu’il n’y avait pas de différences importantes dans les covariables entre les participants et les cas témoins dans l’échantillon initial (c’est-à-dire, avant l’appariement), ce qui démontre que la méthode des k plus proches voisins s’est avérée très efficace pour la sélection initiale du groupe témoin. Seul un petit nombre de variables affichaient des valeurs de différence standardisée supérieures à 20 %, ce qui correspond à la règle générale utilisée par Rosenbaum et Rubin (1985). Après l’appariement, les résultats indiquent une réduction considérable des valeurs de différence standardisée pour de nombreuses covariables. Il convient également de noter que 3 participants se retrouvaient à l’extérieur du cadre de support commun (c’est-à-dire, que leurs scores de propension étaient situés aux extrêmes et ne recoupaient donc pas les autres cas). Par conséquent, ils ont été exclus de l’analyse puisqu’aucun cas correspondant comparable n’a pu être trouvé dans le groupe témoin.

ableau 9 : Biais moyen standardisé et pseudo R2 (appariement avec fonction de noyau)
Programme Nombre de participants
avant l’appariement
Nombre de participants
après l’appariement*
Pseudo R2
avant l’appariement
Pseudo R2
après l’appariement
Biais moyen
avant l’appariement
Biais moyen
après l’appariement
Hors SC**
Objectif carrière 2 744 2 741 0,13 0,01 6,8 1,9 3

Annexe B : Cadre conceptuel coûts-avantages

Figure 4 : Coûts-avantages sociaux nets

Figure 4 : Coûts-avantages sociaux nets
Texte descriptif pour la figure 4

La figure 4 présente un cadre conceptuel illustrant les coûts et avantages que pourrait entraîner la participation au programme Objectif carrière du point de vue de la personne, du gouvernement et de la société.

Du point de vue de la personne :

  • il n'y a pas de coûts à court terme;
  • les avantages à court terme sont :
    • acquérir de l’expérience de travail;
    • obtention d’un emploi de qualité supérieure.
  • les avantages à long terme sont :
    • augmentation des revenus sur toute la durée de la vie;
    • amélioration des résultats sociaux.

Du point de vue du gouvernement :

  • les coûts à court terme sont :
    • coûts du programme;
    • coûts marginaux sociaux des fonds publics.
  • les avantages à court et à long terme sont :
    • augmentation des recettes fiscales (revenu et taxes de vente);
    • diminution de la dépendance à l'assurance-emploi, à l’aide sociale et à d’autres programmes du marché du travail connexes;
    • diminution des dépenses liées aux programmes sociaux du gouvernement (par exemple, santé, justice);
    • avantages sociaux non observés et mobilisation sociétale.

Du point de vue de la société (gouvernement + personne) :

  • les coûts à court terme sont :
    • coûts du programme;
    • coûts marginaux sociaux des fonds publics.
  • les avantages à court terme sont :
    • acquérir de l’expérience de travail;
    • obtention d’un emploi de qualité supérieure.
  • les avantages à long terme sont :
    • augmentation des revenus sur toute la durée de la vie
    • diminution de la dépendance à l’assurance-emploi, à l’aide sociale et à d’autres programmes du marché du travail connexes;
    • diminution des dépenses liées aux programmes sociaux du gouvernement (par exemple, santé, justice).

Ce graphique présente un cadre conceptuel illustrant les coûts et avantages que pourrait entraîner la participation au programme Objectif carrière. Bien qu’il ne soit pas exhaustif, le schéma contient des éléments qui n’ont pas été pris en compte dans l’analyse des avantages nets en raison d’un manque d’information sur la façon de quantifier certains coûts ou avantages précis (comme les avantages pouvant découler d’une amélioration de l’état de santé), mais qui devraient raisonnablement entraîner des répercussions.

Annexe C : Résultats de l’impact différentiel des sous-groupes

Table 10a: Male (n=1,188) Incremental impact for Career Focus participants using EAS as comparison group
Indicators Première année de participation au programme
(0)
1 an après le programme
(1)
2 ans après le programme
(2)
3 ans après le programme
(3)
4 ans après le programme
(4)
5 ans après le programme
(5)
Cumulatif après le programme
(1-5)
Moyenne annuelle après le programme
Revenu d’emploi ($) 8 552*** 8 784*** 7 370*** 7 259*** 9 052*** 9 956*** 42 423*** 8 484***
Total des revenus déclarés ($) 8 646*** 8 928*** 7 467*** 7 478*** 9 064*** 9 996*** 42 935*** 8 587***
Incidence de l’emploi (pp) 7,28*** 7,28*** 3,34** 4,16*** 3,84** 3,02* S.O. 5,04***
Prestations d’AE ($) -566*** 138 35 20 -19 -173 -27 -6
Prestations d’AS ($) -135*** -138*** -121*** -134*** -140*** -115*** -647*** -130***
Dépendance au soutien du revenu (pp) -5,46*** -2,59*** -1,63** -1,72*** -1,59** -3,06*** S.O. -2,22***

Table 10b: Female (n=1,540) Incremental impact for Career Focus participants using EAS as comparison group
Indicators Première année de participation au programme
(0)
1 an après le programme
(1)
2 ans après le programme
(2)
3 ans après le programme
(3)
4 ans après le programme
(4)
5 ans après le programme
(5)
Cumulatif après le programme
(1-5)
Moyenne annuelle après le programme
Revenu d’emploi ($) 5 857*** 4 656*** 2 900*** 2 972*** 3 192*** 3 056*** 16 777*** 3 355***
Total des revenus déclarés ($) 5 941*** 4 678*** 2 938*** 2 992*** 2 988*** 2 840*** 16 438*** 3 287***
Incidence de l’emploi (pp) 7,21*** 6,26*** 2,89** 1,73 2,39 2,71* S.O. 3,29***
Prestations d’AE ($) -310*** 91 116 128 -30 83 445 89
Prestations d’AS ($) -141** -254*** -134* -130** -213*** -164*** -926** -186**
Dépendance au soutien du revenu (pp) -4,1*** -2,04* -1,48 -1,33 -2,08** -2,71** S.O. -1,82**

Table 10c: Youth between 20 to 24 (n=1,193) Incremental impact for Career Focus participants using EAS as comparison group
Indicators Première année de participation au programme
(0)
1 an après le programme
(1)
2 ans après le programme
(2)
3 ans après le programme
(3)
4 ans après le programme
(4)
5 ans après le programme
(5)
Cumulatif après le programme
(1-5)
Moyenne annuelle après le programme
Revenu d’emploi ($) 6 769*** 6 337*** 4 709*** 4 611*** 6 443*** 7 295*** 29 396*** 5 879***
Total des revenus déclarés ($) 6 895*** 6 543*** 4 860*** 4 605*** 6 216*** 7 066*** 29 292*** 5 858***
Incidence de l’emploi (pp) 7,39*** 4,26*** 0,07 2,37* 2,46* 1,18 S.O. 2,25*
Prestations d’AE ($) -231*** 105 -50 -37 -112 -207* -402 -81
Prestations d’AS ($) -127*** -188** -141*** -86** -142*** -107** -732*** -147***
Dépendance au soutien du revenu (pp) -4,54*** -1,12 -2,15*** -1,55** -2,04*** -3,17** S.O. -2,24***

Table 10d: Youth between 25 to 30 (n=1,479) Incremental impact for Career Focus participants using EAS as comparison group
Indicators Première année de participation au programme
(0)
1 an après le programme
(1)
2 ans après le programme
(2)
3 ans après le programme
(3)
4 ans après le programme
(4)
5 ans après le programme
(5)
Cumulatif après le programme
(1-5)
Moyenne annuelle après le programme
Revenu d’emploi ($) 7 253*** 6 034*** 3 805*** 3 790*** 4 033*** 4 315*** 21 978*** 4 395***
Total des revenus déclarés ($) 7 324*** 5 953*** 3 794*** 4 112*** 4 168*** 4 293*** 22 322*** 4 464***
Incidence de l’emploi (pp) 8,04*** 6,42*** 4,56*** 3,13** 4,08*** 4,09*** S.O. 4,86***
Prestations d’AE ($) -651*** 120 238* 21 -92 167 482 96
Prestations d’AS ($) -129*** -216*** -139*** -108** -162*** -137*** -812*** -163***
Dépendance au soutien du revenu (pp) -6,57*** -2,44*** -0,71 -1,06 -1,77** -1,4* S.O. -1,68**

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