Discours à l’intention de l’honorable Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique, prononcé devant l’Institut indien de technologie de Madras
Discours
Thank you. Merci.
Bonjour, tout le monde.
Je suis ravi d’être à Chennai.
À l’approche de la réunion ministérielle du G20, je suis heureux d’avoir l’occasion de m’adresser à vous, ici, à l’IIT-Madras.
Quel incroyable concentré d’intelligence!
Je me réjouis de visiter aujourd’hui la plus prestigieuse université d’ingénierie de l’Inde.
Le Canada est privilégié d’avoir une diaspora indienne aussi importante.
Nous sommes reconnaissants des relations indo-canadiennes.
Nous avons une communauté indo-canadienne dynamique, avec des liens interpersonnels exceptionnellement forts, et en tous lieux de la société canadienne, y compris au sein du gouvernement.
Le Canada et l’Inde partagent une solide tradition de démocratie et de pluralisme, ainsi qu’un engagement commun en faveur d’un système international fondé sur des règles et le multilatéralisme.
Et les liens dans le domaine de l’éducation que nous partageons avec l’Inde sont rares parmi les pays qui n’ont pas de frontière commune.
J’aimerais profiter de cette occasion pour exprimer mon immense gratitude pour le soutien de l’Inde lors de la COP15 à Montréal où nous avons procédé à l’adoption historique du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal.
Le Canada est prêt à renforcer son partenariat avec l’Inde, car, ensemble, nous pouvons atteindre des objectifs communs qui profitent à nos deux pays et aux personnes que nous représentons.
L’Inde, par sa présidence du G20, rassemble le monde en ces temps difficiles et incertains. Et cette année, la présidence prépare un programme ambitieux.
Donner la priorité aux enjeux cruciaux qui préoccupent à la fois le Canada et l’Inde.
En particulier aux enjeux liés aux menaces mondiales qui pèsent sur nos citoyens, des changements climatiques à l’appauvrissement de la biodiversité et à la dégradation des sols, à l’économie bleue, à la gestion des ressources en eau, à l’efficacité des ressources et à l’économie circulaire.
Et le Canada est là pour soutenir ce programme.
En 2009, je dirigeais l’organisation environnementale Équiterre, au Canada.
J’ai fait partie des groupes qui, en 2009, ont accueilli favorablement deux engagements mondiaux qui ont fait la une des journaux.
L’engagement de verser 100 milliards de dollars américains par an aux pays du Sud au moyen du financement de la lutte contre les changements climatiques en 2020 et l’engagement de mettre fin aux subventions inefficaces accordées au secteur des combustibles fossiles lors du G20.
Le G7 a ensuite renforcé cet engagement en fixant l’échéance à 2025.
Chaque année depuis 2009, nous ne cessons de rappeler l’urgence de respecter ces engagements et d’une manière ou d’une autre, nous finissions toujours par repousser ces efforts, avec peu de progrès à présenter.
Lorsque je suis devenu ministre de l’Environnement et du Changement climatique, beaucoup m’ont dit qu’il s’agissait de dossiers financiers impossibles, très litigieux et difficiles à mener à bien.
Aujourd’hui, en 2023, avant la réunion des ministres du G20 responsables du climat et de l’environnement, je suis fier de dire que le Canada satisfait à ces deux engagements de longue date.
Tout d’abord, je suis convaincu que les pays développés seront en mesure de démontrer que l’objectif de 100 milliards de dollars américains sera atteint en 2023.
Et pour renforcer cela, il y a quelques jours, le Canada s’est engagé à verser 450 millions de dollars pour la deuxième reconstitution du Fonds vert pour le climat, ce qui représente une augmentation de 50 p. 100.
Nous encourageons les autres pays développés à faire de même.
Deuxièmement, en 2023, le Canada mettra fin aux subventions inefficaces accordées au secteur des combustibles fossiles, soit deux ans plus tôt que prévu.
Notre message est simple, nous sommes venus en Inde et au G20 pour démontrer notre volonté d’accélérer la réalisation de ces priorités urgentes qui nous concernent tous.
Je crois savoir que nombre d’entre vous, ici à l’IIT-Madras, effectuent un travail novateur sur ces mêmes questions.
Votre travail aujourd’hui est de la plus haute importance car les technologies que vous développez sont essentielles pour aider le Canada, l’Inde et le monde à faire face aux conséquences du réchauffement de la planète, tout en contribuant à bâtir un avenir plus prospère, plus durable et plus respectueux de la nature.
Lorsque je regarde cette salle, je vois le savoir, les compétences et la passion nécessaires pour faire face à cette situation.
Les effets de cette crise climatique s’accélèrent et deviennent plus agressifs et plus coûteux pour toutes les formes de vie sur cette planète.
Nous l’avons vécu cet été.
La chaleur étouffante qui enveloppe notre planète continue de battre les records, l’un après l’autre.
Il y a aussi les pluies torrentielles, les graves inondations et les glissements de terrain qui se produisent plus fréquemment.
Au Canada, nous avons été confrontés à des incendies de forêt historiques, d’un océan à l’autre.
L’Inde, le Canada, nous voyons tous les changements climatiques se manifester différemment. Mais nous en subissons tous les conséquences.
On ne peut pas regarder ces phénomènes météorologiques extrêmes et dire que les changements climatiques peuvent attendre.
Ce n’est pas le cas.
Les données scientifiques sont claires : nous devons tous faire davantage pour lutter contre les changements climatiques, et ce, plus rapidement.
Permettez-moi de vous faire part de ma vision du type de coopération sur lequel nous devons travailler.
Tout d’abord, dans le cadre de nos efforts pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, nous devons nous unir pour renforcer les énergies propres.
C’est pourquoi le Canada soutient l’objectif mondial de tripler les énergies renouvelables et de doubler l’efficacité énergétique d’ici à 2030, ainsi que l’augmentation de la production d’hydrogène et d’autres sources d’énergie propres.
Deuxièmement, nous devons continuer à travailler à l’élimination progressive des émissions provenant de l’utilisation du charbon sans mesure d’atténuation et cela doit se faire d’ici à 2030 dans les pays développés et d’ici à 2040 dans le reste du monde.
Tant que nous construisons de nouvelles centrales au charbon sans mesures d’atténuation, nous ne pourrons pas respecter le seuil de 1,5 °C.
Troisièmement, nous devons accélérer l’élimination progressive des combustibles fossiles sans mesures d’atténuation tout en éliminant progressivement les subventions inefficaces accordées au secteur des combustibles fossiles.
Nous avons progressé lors du sommet du G7 au Japon, où nous avons collectivement convenu d’éliminer progressivement les combustibles fossiles sans mesures d’atténuation.
Je veux travailler avec tout le monde pour faire de la COP28 l’occasion où le monde entier se réunira pour convenir d’un programme d’élimination progressive des combustibles fossiles sans mesures d’atténuation.
Le Canada est une grande nation productrice de pétrole et de gaz, et c’est pourquoi nous avons la responsabilité d’en faire plus.
Nous avons des discussions difficiles chez-nous, et nous savons que c’est le cas pour vous aussi.
Nous venons de publier notre cadre et nos lignes directrices pour l’évaluation des subventions inefficaces au secteur des combustibles fossiles.
Nous avons aussi fait de la transition énergétique une pierre angulaire de notre financement de la lutte contre les changements climatiques, y compris un milliard de dollars pour le Fonds d’investissement climatique afin d’accélérer l’élimination progressive du charbon et de promouvoir les énergies propres.
En Inde, le potentiel des énergies renouvelables est énorme.
Et l’Inde a déjà réalisé d’importants progrès.
L’Inde s’est fixé l’objectif ambitieux de produire 50 p. 100 de l’énergie de son réseau électrique à partir de sources renouvelables d’ici à 2030.
Le premier ministre Modi s’est notamment engagé à installer 500 gigawatts de capacité d’énergie renouvelable un engagement qui permettra de réduire d’un milliard de tonnes les émissions de CO2.
En tant que grande économie comptant plus de 1,3 milliard d’habitants, les ambitions de l’Inde en matière d’adaptation aux changements climatiques et d’atténuation de leurs effets ne sont pas seulement transformatrices pour l’Inde, mais aussi pour l’ensemble de la planète.
Le taux d’expansion de l’Inde en matière d’énergies renouvelables est louable. Il est déjà l’un des plus rapides au monde.
Le monde et le Canada peuvent s’inspirer de l’Inde.
Mais même avec les meilleures technologies, une action climatique de cette ampleur nécessite des ressources.
Dans le cadre de sa présidence du G20, je suis reconnaissant à l’Inde, qui a joué un rôle de premier plan en mettant sur la table les préoccupations des pays en développement.
Le Canada souhaite soutenir les efforts de l’Inde pour utiliser cette plateforme et rassurer les pays en développement en leur montrant que nous répondrons à leurs attentes en matière de financement de la lutte contre les changements climatiques.
Le Canada a entendu l’appel lancé par le premier ministre Modi, en juin dernier, aux pays du G7 pour qu’ils tiennent leur promesse non tenue.
Et nous nous engageons à jouer notre rôle.
Nous mettons en œuvre notre engagement de 5,3 milliards de dollars pour le financement de la lutte contre les changements climatiques.
Nous soutenons les projets du Fonds vert pour le climat en Inde, comme la participation de 200 millions de dollars au Programme de financement de l’électromobilité en Inde pour soutenir la transition vers les véhicules électriques.
Et le projet d’amélioration de la résilience climatique des collectivités côtières de l’Inde, qui soutiendra la protection et la restauration des écosystèmes naturels de l’Inde.
Le Canada souhaite également contribuer aux discussions sur un nouvel objectif collectif quantifié en matière de financement de la lutte contre les changements climatiques et sur les modalités de financement des pertes et dommages.
En tant qu’ancien militant, j’ai appris l’importance du dialogue comme outil puissant permettant d’aborder nos différences et de rechercher des compromis ambitieux dans l’intérêt des personnes et de la planète.
Il est essentiel d’atteindre une collaboration multilatérale.
Nous en avons besoin pour soutenir la transition vers une énergie propre à l’échelle mondiale. Nous en avons besoin pour créer des alliances telles que l’Alliance : Énergiser au-delà du charbon l’initiative volontaire la plus importante au monde en matière d’élimination progressive du charbon.
La production de charbon et de gaz a baissé de 11 p. 100 par rapport à l’année dernière. Cela signifie moins d’émissions.
Et pour la première fois dans l’Union européenne, les énergies renouvelables ont dépassé les combustibles fossiles, atteignant 40 p. 100 de la production d’électricité.
Nous avons également besoin du multilatéralisme pour stopper et inverser l’appauvrissement de la biodiversité. Comme nous l’avons fait en décembre dernier, lorsque, sous la présidence chinoise, nous avons réuni les 196 Parties pour soutenir le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal pour.
Le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal est une voie internationale convenue pour conserver au moins 30 p. 100 des terres et des mers d’ici à 2030.
Le Canada se penche à présent sur sa mise en œuvre.
À cette fin, il est important que le G20 exprime son soutien à la mise en œuvre complète et efficace du Cadre.
Nous avons convenu, entre autres priorités, de mettre fin aux subventions préjudiciables à la nature.
Le Canada comprend que l’accélération de l’action nécessite davantage de ressources de la part du Nord vers le Sud. C’est pourquoi nous contribuons de manière significative au Fonds pour l’environnement mondial.
Il a fourni plus de 23 milliards de dollars et mobilisé 129 milliards de dollars de cofinancement pour plus de 5 000 projets nationaux et régionaux — de la production d’énergie propre à la gestion de l’eau.
Le Canada et l’Inde travaillent ensemble sur une autre question urgente : lutter collectivement contre la pollution plastique.
Au Canada, nous avons encouragé l’adoption d’approches efficaces en matière de ressources afin de bâtir une économie circulaire renforcée.
Il s’agit notamment d’interdire la fabrication, l’importation et la vente de six articles en plastique à usage unique.
Et exiger que, d’ici à 2030, certains produits en plastique contiennent au moins 50 p. 100 de matières recyclées.
Le Canada est un membre fondateur de la coalition de haute ambition pour mettre fin à la pollution plastique.
Et en 2024, le Canada accueillera la quatrième séance intergouvernementale en vue de l’adoption d’un traité international contraignant visant à mettre fin à la pollution plastique.
Il n’y a pas de temps à perdre.
Lorsque nous regardons par nos fenêtres, nous pouvons voir l’augmentation des impacts climatiques. En même temps, il existe de nombreuses possibilités d’accélérer l’action en réponse aux menaces mondiales.
Le G20 a un rôle important à jouer pour maintenir et faire progresser l’ambition mondiale en matière de lutte contre les changements climatiques.
Et il peut contribuer à préparer le terrain pour les discussions qui se tiendront plus tard cette année au cours de la COP28, à Dubaï.
En tant que président du G20, et en tant que pays le plus peuplé du monde bénéficiant de l’une des croissances économiques les plus rapides l’Inde jouera un rôle important dans l’élaboration des résultats attendus de la COP28.
La COP28 est l’occasion de procéder rapidement à un changement collectif de cap afin de maintenir le monde sur la bonne voie pour limiter l’augmentation de la température moyenne de la planète à 1,5 °C.
La COP28 est également l’occasion d’attirer l’attention sur les mesures d’adaptation, alors que le monde se réunit pour adopter l’objectif mondial en matière d’adaptation.
C’est aussi l’occasion de tirer le meilleur parti du premier bilan mondial de l’Accord de Paris.
Ce processus nous aidera à voir les progrès collectifs accomplis vers la réalisation de nos objectifs de l’Accord Paris, et les domaines sur lesquels nous devons nous concentrer.
Nous ne pouvons pas nous permettre de nous contenter d’un bilan futile.
Il s’agit de rendre compte de nos efforts passés, présents et futurs.
Il s’agit également de répondre aux attentes mondiales en vue de la COP28.
Il s’agit de combler les lacunes importantes, notamment en matière d’atténuation, de financement et d’adaptation.
Je voudrais m’attarder rapidement sur cette dernière lacune que j’ai mentionnée. Nous sommes entrés dans une réalité nouvelle, marquée par une fréquence et une importance accrues des phénomènes climatique extrêmes.
Les événements que nous voyons partout sont horribles. Mes enfants me disent souvent que lorsqu’ils parlent à leurs amis, ils leur font parfois part de leur inquiétude quant à l’avenir.
J’aimerais ici souligner le leadership de l’Inde depuis de nombreuses décennies.
L’adaptation n’est pas un élément auquel les pays développés comme le mien ont accordé la priorité pendant de nombreuses années.
L’adaptation ne se limite pas à une politique de résilience climatique. Il s’agit de la justice environnementale et de la création d’un monde où les gens peuvent mener une vie saine, où nous disposons d’un environnement naturel prospère, et où les communautés et les entreprises peuvent prospérer.
Il s’agit de la gestion des risques et de la manière dont nous veillons à ce que les mesures d’adaptation soient prises en compte dans toutes nos politiques.
Nous subissons les effets des changements climatiques et nous devons travailler avec tous les partenaires pour nous adapter. C’est ce que nous avons essayé de faire dans notre Stratégie nationale d’adaptation.
Nous sommes impatients d’apprendre de l’Inde et de coopérer dans ce domaine, y compris la construction d’infrastructures résilientes aux changements climatiques et la promotion de solutions d’adaptation fondées sur la biodiversité.
Il s’agit d’une occasion unique pour nous tous, qui requiert un sens unique de la coopération.
Je suis convaincu que les priorités du Canada en matière de changements climatiques et d’environnement sont pertinentes par rapport à l’expérience de l’Inde.
Nous sommes confrontés à des défis similaires et croissants.
Nous accordons tous deux la priorité à la transition vers des sources d’énergie propres, à la résilience climatique et à la diplomatie internationale en matière de climat.
Le partage des connaissances et de l’expertise peut favoriser le transfert de technologies et la collaboration.
À l’IIT-Madras, les collaborations de recherche avec des universités canadiennes telles que l’Université Carleton, l’Université de Guelph, l’Université de l’Alberta, l’Université de la Colombie-Britannique et d’autres encore sont bien établies.
Vous pouvez tous améliorer les choses dans le rôle de leader solide que l’Inde peut jouer chez elle et sur la scène internationale qu’il s’agisse des objectifs de l’Inde en matière d’amélioration de sa capacité d’énergie renouvelable, de renforcement des puits de carbone forestiers et des infrastructures résilientes aux changements climatiques, ou de facilitation de modes de vie plus durables.
Vous pouvez tous jouer un rôle clé pour atteindre et même dépasser les objectifs actuels, afin de garantir que l’Inde soit un leader mondial en matière de climat et d’environnement.
Au-delà de l’Inde, vous pouvez jouer un rôle actif dans la construction d’un avenir durable.
Dans cette salle, je vois les personnes qui peuvent et, je l’espère, qui vont faire avancer les choses. Les personnes qui feront en sorte que cela se produise.
En travaillant ensemble, nous pouvons faire de grandes choses pour créer une réalité plus saine et plus durable pour tous nos citoyens.
J’ai hâte de voir tout ce que nous accomplirons.
Merci.
Détails de la page
- Date de modification :