Discours à l’intention de l’honorable Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement Climatique, à l’occasion de la Quatrième Conférence annuelle sur le climat de l’Institut climatique du Canada et du Groupe consultatif pour la carboneutralité

Discours

Le 10 octobre 2024 – Ottawa (Ontario)

Le discours prononcé fait foi. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à la Politique sur les communications du gouvernement du Canada.

Bonjour,

Merci Gaëtan pour cette excellente introduction qui nous met en contexte.

Je tiens tout d’abord à souligner que nous nous trouvons sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.

Je suis reconnaissant aux gardiens de ces terres et de ces eaux, et je vous demande de vous joindre à moi pour honorer le lien que le peuple anishinabe entretient avec ces terres depuis des millénaires.

Cette conférence arrive à un moment charnière.

Bâtir une économie plus propre et plus forte au Canada est la voie que nous suivons.

C’est la raison pour laquelle nous sommes tous réunis ici – nous partageons une compréhension et une appréciation collectives des possibilités économiques et de la nécessité environnementale qui se présentent à nous.

Aujourd’hui, je vois de nombreux visages familiers dans l’auditoire.

Je sais que bon nombre d’entre vous viennent probablement de l’extérieur de la ville.

Il y a de nombreuses personnes qui travaillent fort et de manière constructive afin d’attirer et d’orienter les investissements.

L’édification d’une économie propre, comme toute activité transformationnelle, requiert une vision ainsi que des mesures claires et audacieuses pour progresser vers sa mise en œuvre.

Dans tous les secteurs, nous pouvons voir des exemples d’un tel leadership – celui des personnes qui proposent une véritable vision.

J’estime que nous venons tout juste d’entendre quelques-uns des excellents exemples de cette vision dans l’intervention précédente.

Il y a deux ans et demi, le gouvernement du Canada a lancé son plan climatique, qui représente le plan le plus exhaustif de notre histoire.

Nous avons fait nos devoirs, nous nous sommes appuyés sur le travail de nos prédécesseurs pour doter le Canada d’une démarche véritablement crédible vers la carboneutralité.

Selon une approche secteur par secteur, nous avons montré comment nous pourrions y arriver – comment nous pourrions vraiment y arriver – ensemble.

Depuis, avec l’appui de toutes les personnes ici présentes, nous avons mis ce plan en œuvre.

En combinant le leadership de l’industrie et un équilibre prudent, mais ambitieux, d’investissements et d’outils réglementaires, nous faisons fléchir la courbe des émissions du Canada.

C’est ce que j’entends dire constamment.

Plus important encore, notre plan fonctionne. Les preuves de progression affluent.

Récemment, l’Institut climatique du Canada a montré que les émissions nettes de notre pays ont commencé à diminuer, entre 2022 et 2023.

L’Institut a également conclu que l’économie du Canada maintient sa croissance pendant que les émissions diminuent – c’est ce que nous appelons le « découplage ».

Qu’est-ce que cela signifie?

Cela signifie que la croissance de l’économie en 2024 ne se traduit pas par une augmentation de la pollution.

En fait, cela met en évidence la transformation plus vaste qui est en cours.

Les Canadiens peuvent maintenant mieux faire le lien entre notre plan climatique et la tarification du carbone.

Pourriez-vous le leur reprocher?

Dans les faits, toutefois, il y a plus de 100 mesures que nous avons mises en place dans le cadre de notre plan climatique et qui servent de fondement à une économie propre pour le Canada.

Ces mesures nous ont permis de cheminer depuis 2015, alors que nous projetions de dépasser nos cibles d’émissions pour 2030, pour nous amener là où nous sommes aujourd’hui.

Nos émissions sont aujourd’hui à leur niveau le plus bas depuis 25 ans.

Jamais nous n’avons vu une baisse des émissions alors que notre économie fonctionne à plein régime.

Cette progression ne doit pas être tenue pour acquise.

Nous devons maintenir notre position dans la course au sein d’une économie mondiale qui évolue plus vite que jamais.

Je suis très heureux de vous faire part d’excellentes nouvelles annoncées hier. Elles concernent les moyens par lesquels nous tentons de faire progresser davantage la mise en place d’une économie fondée sur l’énergie propre.

Premièrement : hier, la vice-première ministre Freeland a annoncé les lignes directrices sur une taxonomie de l’investissement durable faite au Canada et l’obligation, pour les plus grandes entreprises privées canadiennes, de divulguer des informations financières liées au climat.

La taxonomie de l’investissement durable donne aux investisseurs une plus grande certitude quant à savoir si leurs investissements s’accordent avec l’atteinte des cibles climatiques mondiales.

Elle apporte les éclaircissements nécessaires qui stimuleront l’apport de fonds du secteur privé dans des activités durables à l’échelle de l’économie canadienne.

Il est notamment question de la construction de batteries pour les véhicules électriques, de la production d’énergie propre et de la mise en œuvre de projets de décarbonation dans les industries lourdes.

Cette taxonomie permettra d’orienter les investissements vers des activités créatrices d’emplois et indispensables.

Beaucoup d’entre vous ont vu les gros titres là-dessus...

En bref, pour être considérés comme des investissements « verts » ou « de transition », les projets doivent être harmonisés de manière crédible avec la limite de la hausse des températures qui est de 1,5 degré Celsius.

Bien entendu, ces lignes directrices n’empêchent pas les investisseurs de décider où ils souhaitent investir leur argent.

Leur application est purement volontaire.

Toutefois, les lignes directrices établissent un langage commun pour ce qui est de déterminer si des investissements soutiennent ou non les objectifs climatiques.

De même, l’obligation pour les grandes entreprises de fournir aux actionnaires de l’information financière relative au climat aidera à attirer des investissements dans des activités durables à l’échelle de l’économie.

Les divulgations aident les investisseurs à mieux comprendre de quelle façon les grandes entreprises envisagent et gèrent les risques liés aux changements climatiques.

Nous sommes impatients d’étoffer cette approche réglementaire.

Enfin, nous nous appuyons sur le succès de notre programme d’obligations vertes.

Comme la taxonomie, les obligations vertes orientent les flux financiers vers les débouchés qui sont essentiels à l’atteinte de nos cibles de carboneutralité.

Nous avons maintenant émis à deux reprises des obligations vertes sur le marché : d’abord en 2022, puis une autre fois plus tôt cette année.

Les deux fois, le carnet de commandes final a largement dépassé l’offre initiale.

En raison de cette demande, nous avons rouvert une troisième série d’obligations vertes cette semaine.

Je suis heureux d’annoncer que la demande demeure forte et qu’elle dépasse de loin l’offre.

La finance durable, c’est la voie à suivre.

Permettez-moi de vous donner un autre exemple plus concret.

L’année dernière, le gouvernement du Canada a mis en œuvre le Règlement sur les combustibles propres, qui encourage les raffineries de pétrole et de gaz à réduire l’intensité en carbone de leur production de combustible.

Grâce aux incitatifs intégrés dans cette politique, nous avons déjà constaté des investissements importants :

Plus de 53 milliards de dollars d’investissements ont été annoncés au Canada dans des combustibles à faible intensité en carbone tels que l’hydrogène vert, le diesel renouvelable et le carburant d’aviation durable.

Par exemple, la raffinerie de pétrole de Come-By-Chance, à Terre-Neuve, a été transformée en une importante installation de production de diesel renouvelable.

Le gouvernement fédéral a aidé Braya Renewable Fuels à commercialiser sa production de diesel renouvelable et de carburant d’aviation durable.

L’entreprise a débuté ces activités en février 2024 et produit aujourd’hui jusqu’à 18 000 barils de diesel renouvelable par jour.

Deux cents personnes y travaillent à temps plein.

Ces entreprises et d’autres du même genre ont désormais la possibilité de créer et de vendre des crédits précieux pour l’offre de combustibles à faible teneur en carbone au Canada.

C’est un progrès.

Et cela passe par la création des bonnes structures de soutien et d’incitatifs pour l’industrie.

Je suis très heureux d’avoir écouté notre précédent conférencier, Adam Auer, président et chef de la direction de l’Association canadienne du ciment.

Il a fallu de la détermination pour passer de la parole aux actes, et guider le changement dont nous avons été témoins dans l’industrie du ciment au cours des deux dernières années.

La fabrication du ciment à l’aide de procédés traditionnels exige beaucoup de chaleur et d’énergie.

Comme vous l’avez entendu plus tôt ce matin, l’Association canadienne du ciment a décidé qu’elle devait changer.

Cette industrie a publié sa feuille de route pour accéder à des sources de combustible plus propres. Et comme vous l’avez entendu, elle a respecté son plan.

Les résultats m’ont paru tout à fait clairs cet été, lorsque j’ai visité une cimenterie verte à St. Marys, en Ontario.

C’est là que la tarification du carbone - et dans ce cas la tarification du carbone industriel - a vraiment l’occasion de briller.

L’application du système de tarification du carbone à l’industrie a permis au gouvernement fédéral de collecter de l’argent, qui a été réinvesti dans un projet de réduction des émissions à St. Marys Cement.

Nous sommes exposés, à partir de différents canaux, à une désinformation importante qui entraîne une incertitude pour tout le monde quant à l’efficacité de la tarification du carbone.

Mais la tarification du carbone donne des résultats, et voici comment :

Grâce à l’argent que le gouvernement fédéral collecte au titre de la tarification de la pollution industrielle, nous avons réinvesti dans un projet de réduction des émissions à St. Marys Cement.

Une nouvelle technologie des fours utilisant des combustibles à faible teneur en carbone a été mise en place.

Ce nouveau procédé permet de réduire jusqu’à 30 p. 100 l’utilisation de combustibles à forte teneur en carbone, dont le prix est élevé.

Cela signifie moins de pollution atmosphérique et un air plus sain pour la ville.

Et cela renforce la compétitivité et la durabilité à long terme de l’entreprise. Et quelle fierté!

Prenons une ville comme St. Marys, qui compte moins de neuf mille habitants.

Un grand employeur de cette ville modifie considérablement son processus de production pour en réduire la teneur en carbone.

Cette démarche procure des résultats positifs directs :

  • Premièrement, la durabilité des emplois à la cimenterie.
  • Deuxièmement, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui équivaut à retirer 9 400 voitures à essence de la circulation pendant un an.
  • Troisièmement, les économies de coûts énergétiques pour l’entreprise.

Il y a des exemples comme celui-ci dans d’innombrables collectivités partout au pays.

Le gouvernement a un rôle important à jouer pour mobiliser les investissements nécessaires à la mise en œuvre de ces projets.

Mais comment le Canada peut-il maintenir l'élan? Regardons simplement le secteur croissant de l'énergie propre.

À l'international, ce secteur connaît un essor.

Je veux dire, l'Europe atteint désormais trois quarts de ses sources d'énergie renouvelables et propres. C'est remarquable.

Les sources d'énergie propre sont fiables, de moins en moins coûteuses à mettre en place, et l'énergie produite est moins chère à stocker.

Les entreprises d'énergie propre connaissent une évolution fulgurante.

Au Nouveau-Brunswick, le projet éolien Burchill est l'une des plus grandes installations de stockage d'énergie par batteries dans le Canada atlantique.

Il est situé juste à l'extérieur de Saint-Jean et est supervisé par la Première Nation Tobique.

Lorsque je l'ai visité plus tôt cette année, le chef de la Première Nation Tobique, Ross Perley, a bien résumé la situation :

« L'une de nos valeurs traditionnelles en tant que nation est de prendre soin de l'environnement. Les projets d'énergie verte vont commencer à s'imposer et à dominer, et c'est l'avenir.  »

Le chef Perley a raison.

Et ce n'est pas un hasard si les groupes autochtones au Canada jouent un rôle majeur dans la révolution de l'énergie propre. Nous l’observons d'un océan à l'autre.

Le Canada est déjà bien placé, car son électricité provient majoritairement de sources non émettrices.

Nous savons que la demande doublera probablement au cours des prochaines décennies.

Il ne s’agit plus de faire le « bon choix pour l’environnement »; il faut le faire aussi « pour les affaires ».

Dans tous les pays, les entreprises réorientent leurs investissements en faveur d’une industrie plus propre afin de répondre à nos futures demandes d’énergie.

C’est pourquoi nous avons mis en place de nouveaux crédits d’impôt à l’investissement pour la production d’électricité propre, qui s’ajoutent à une série de programmes de soutien de l’électricité.

Les organisations syndicales ont approuvé ces crédits car, pour que les employeurs en bénéficient pleinement, ils doivent s’engager à une rémunération équitable vers des emplois syndiqués bien rémunérés.

Et nous lancerons le règlement sur l’électricité propre qui étaye notre stratégie pour un réseau plus propre au Canada.

Il y a tant d’occasions qui nous attendent à l’échelle nationale.

Vous êtes dans cette salle parce que vous avez été témoins d’un changement de cap, ou vous avez guidé une entreprise pour qu’elle réagisse aux événements, qu’elle s’adapte, qu’elle se transforme, qu’elle se réinvente.

Changer la façon dont nous alimentons en énergie notre vie quotidienne et notre société canadienne commence vraiment par changer notre façon de PENSER.

Le gouvernement fédéral est là pour guider la croissance, soutenir la science et stimuler l’investissement.

L'économie propre et robuste du Canada nous permettra de mener des vies prospères tout en respectant l'environnement, au lieu de le détruire ou de l’exploiter.

La crise climatique exige que nous soyons innovants ensemble, que nous nous encouragions mutuellement et que nous continuions à échanger ensemble.

Merci de votre temps et de votre attention. Nous espérons que vous rapporterez de cette conférence une nouvelle façon de voir les choses.

Profitez bien de la journée!

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2024-10-16