Tendances en matière d'émissions au Canada, 2014 : chapitre 2


Émissions historiques de gaz à effet de serre par secteur

Émissions par activité et par secteur économique

Plusieurs méthodes peuvent servir à classer par catégories les sources de GES, notamment les secteurs qu’a définis le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et qui sont présentés dans le Rapport d’inventaire national (RIN), les comptes environnementaux établis par Statistique Canada et les secteurs économiques tels qu’ils sont présentés dans ce rapport. En effet, à des fins d’analyse des tendances et des politiques, il est utile d’affecter les émissions au secteur économique duquel elles proviennent. C’est pourquoi ce rapport présente les émissions par « activité économique ».Cette méthode de classement est également présentée dans le RIN et dans le rapport des indicateurs canadiens de durabilité de l’environnement aux fins de comparabilité.

Émissions historiques

Les estimations des émissions historiques figurant dans le présent rapport correspondent au RIN annuel qui est envoyé aux fins d’examen à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Le présent rapport utilise les données tirées du RIN de 2014 qui contient des estimations des émissions pour l’année 2012 (soit les données historiques sur les émissions les plus récentes). Chaque année, les estimations sont mises à jour afin de tenir compte de la disponibilité des données ainsi que des améliorations et du perfectionnement des sources de données et des techniques méthodologiques. C’est pour cette raison que les émissions historiques indiquées dans le présent document diffèrent légèrement de celles qui figurent dans les Tendances en matière d’émissions au Canada de 2013.

Comme on peut le voir au tableau 1, les émissions totales sont passées de 591 Mt à 737 Mt entre 1990 et 2005. Cette augmentation est survenue en grande partie dans le secteur des transports, le secteur du pétrole et du gaz naturel, et le secteur de l’électricité. Dans le secteur des transports, les changements survenus dans certains sous-secteurs, notamment ceux des véhicules légers et des véhicules lourds, ont entraîné une augmentation des émissions de 40 Mt comparativement aux niveaux de 1990. Une augmentation de la production et du traitement du pétrole et du gaz a entraîné une hausse des émissions de 58 Mt dans le secteur du pétrole et du gaz, alors que le secteur de l’électricité a connu une hausse de 27 Mt au cours de cette période, en grande partie en raison de l’accroissement de la demande.

Les émissions de GES au Canada sont restées stables entre 2010 et 2012. En 2012, les émissions s’élevaient à 699 Mt, soit de 37 Mt inférieures aux niveaux de 2005, ce qui reflète une diminution ou une stabilisation des émissions dans la plupart des secteurs. Le secteur du pétrole et du gaz fait cependant exception, alors que les émissions ont augmenté de 14 Mt. Plus précisément, les émissions de GES dans le secteur de l’électricité ont diminué de 35 Mt au cours de cette période, principalement à la suite de l’élimination progressive de la production d’électricité au charbon en Ontario. Les modifications de la composition des secteurs, les améliorations de l’efficacité énergétique et les modifications des prix de l’énergie sont des facteurs qui ont tous contribué à des émissions relativement stables dans les autres secteurs.

Le tableau 1 présente les niveaux des émissions historiques pour les années sélectionnées jusqu’en 2012 pour chacun des principaux secteurs de l’économie générant des émissions. Les gaz particuliers inclus dans ce tableau sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), l’oxyde de diazote (N2O), les hydrofluorocarbures (HFC), les hydrocarbures perfluorés (PFC) et les hexafluorures de soufre (SF6); ces gaz ont été convertis en équivalents de CO2 au moyen des valeurs du potentiel de réchauffement global tirées du deuxième Rapport d’évaluation du GIEC.

Tableau 1 : Émissions de GES par secteur économique (en Mt d’éq. CO 2) (à l’exception du secteur de l’ATCATF)
Mt d’équivalent CO2 1990 2005 2010 2011 2012
Transports 128 168 167 166 165
Pétrole et gaz 101 159 163 164 173
Électricité 94 121 99 92 86
Bâtiments 70 84 79 85 80
Industries exposées au commerce et intensives en émissions 95 89 76 80 78
Agriculture 54 68 68 67 69
Déchets et autres 48 47 46 47 47
Total des émissions nationales de GES 591 736 699 701 699

Remarque : Les chiffres étant arrondis, la somme ne correspond pas nécessairement au total indiqué.

Transports

En 2012, les émissions provenant du secteur des transports (y compris les émissions causées par le transport de passagers, de marchandises et hors route) représentaient la deuxième source en importance des émissions de gaz à effet de serre du Canada, avec 24 % des émissions globales de GES.

Entre 1990 et 2005, les émissions dans le secteur des transports ont augmenté de 31 %, passant de 128 Mt en 1990 à 168 Mt en 2005. Cette augmentation était principalement due à une période de forte croissance économique et aux faibles prix du pétrole entre 1990 et 1999, ce qui a influé sur la composition du parc automobile et son utilisation (par exemple, on a délaissé les voitures pour utiliser plutôt des camions légers).

Depuis 2005, les émissions liées aux transports sont restées relativement stables, atteignant 165 Mt en 2012. La meilleure efficacité énergétique des véhicules légers a compensé les effets de l’augmentation de la population qui a entraîné une hausse du nombre de véhicules sur les routes et du nombre de kilomètres parcourus. Par exemple, entre 2005 et 2012, la consommation de carburant sur route des nouvelles voitures à essence, pondérée en fonction des ventes, s’est améliorée pour passer de 9,2 litres aux 100 km à 8,4 litres aux 100 km, et la consommation de carburant sur route des nouveaux camions légers à essence, pondérée en fonction des ventes, s’est améliorée et est passée de 13,2 litres aux 100 km à 11,6 litres aux 100 km.

Pétrole et gaz

Les émissions dans le secteur du pétrole et du gaz sont associées à la production, au transport, à la transformation, au raffinage et à la distribution des produits du pétrole et du gaz. En 2012, le secteur du pétrole et du gaz a contribué pour la plus grande part des émissions de GES au Canada (25 %). Les émissions ont augmenté de 58 Mt au cours de la période de 1990 à 2005, principalement en raison de la production accrue dans ce secteur.

Depuis 2005, les émissions de gaz à effet de serre de ce secteur ont augmenté pour passer de 159 Mt à 173 Mt en 2012, surtout à cause de l’augmentation de l’exploitation des sables bitumineux. L’augmentation des émissions provenant des activités liées aux sables bitumineux a été en partie compensée par l’épuisement progressif des ressources conventionnelles de gaz naturel et de pétrole au Canada et par le déclin des émissions liées au raffinage. Cependant, au cours de la période de 2011-2012, les émissions attribuables à l’exploitation de pétrole léger conventionnel et de pétrole des régions pionnières ainsi que les émissions dues à l’extraction in situ de sables bitumineux ont augmenté de 16 % en raison de la production accrue.

Électricité

Étant donné que plus des trois quarts de l’approvisionnement en électricité au Canada proviennent de sources d’énergie non émettrices de GES, le secteur de l’électricité représentait 12 % des émissions totales en 2012, une baisse par rapport à la proportion de 16 % en 2005.

Au cours de la période de 1990 à 2005, la demande en électricité a augmenté conjointement à la croissance économique et démographique, et cette demande a été comblée par diverses sources d’énergie. Les émissions du secteur de l’électricité ont augmenté au cours de cette période, car certaines provinces ont augmenté leur capacité de production en construisant des centrales électriques à combustible fossile (principalement la production d’électricité dans des centrales au gaz naturel) ou en augmentant le taux d’utilisation des centrales alimentées au charbon afin de répondre à la demande accrue. Entre 2005 et 2012, les émissions dans ce secteur ont considérablement diminué en raison de la fermeture d’un certain nombre de centrales au charbon et du recours à des sources émettant peu ou pas de gaz à effet de serre.

Industries exposées au commerce et intensives en émissions

Le secteur des industries exposées au commerce et intensives en émissions englobe l’exploitation minière des minerais métalliques et des minerais non métalliques, la fonte et l’affinage ainsi que la production et la transformation de produits industriels comme les produits chimiques, les engrais, l’aluminium, les pâtes et papiers, le fer, l’acier et le ciment.

Le secteur des industries exposées au commerce et intensives en émissions était à l’origine de 16 % des émissions canadiennes totales en 1990, mais cette part a diminué à 11 % en 2012. Le déclin observé au cours des dernières années (diminution de 11 Mt de 2005 à 2012) reflète le ralentissement économique, les changements technologiques, comme l’amélioration des technologies de contrôle des émissions d’hydrocarbures perfluorés dans l’industrie de l’aluminium -, et la fermeture de l’usine d’acide adipique en Ontario, et la fermeture de quelques usines de pâte et papier. Les mesures d’efficacité énergétique, le remplacement de matières premières par des matières recyclées et l’utilisation de combustibles non conventionnels comme la biomasse et les déchets dans les processus de production comptent également pour une partie de ces diminutions de GES au fil du temps.

Bâtiments

Les émissions provenant du secteur des bâtiments commerciaux et résidentiels au Canada ont augmenté de 14 Mt entre 1990 et 2005, puis ont diminué de 4 Mt jusqu’en 2012. Depuis 1990, les bâtiments sont à l’origine de près de 12 % des émissions de GES au Canada au cours d’une année donnée. Malgré une population croissante et une augmentation des parcs immobiliers résidentiels, et commerciaux et institutionnels, la meilleure efficacité énergétique et les autres améliorations ont permis de réduire les émissions au cours de la période de 2005 à 2012.

Agriculture

Les émissions de GES liées à l’agriculture primaire au Canada se composent principalement de méthane (CH4) et d’oxyde de diazote (N2O) provenant des systèmes de production animale et végétale ainsi que des émissions liées à l’utilisation d’énergie dans les exploitations agricoles. Les émissions sont restées stables tout au long de la période de 2005 à 2012, après une augmentation de 14 Mt entre 1990 et 2005. Les émissions et les absorptions de carbone attribuables aux changements apportés à la gestion et à l’utilisation des terres associées aux terres agricoles sont présentées séparément dans le secteur de l’ATCATF.

Déchets et autres

Les émissions du secteur de la gestion des déchets et d’autres secteurs industriels à faible intensité d’émissions, comme la fabrication de matériel électrique et de transport, sont restées relativement stables entre 1990 et 2005. De 2005 à 2012, les émissions de GES des sites d’enfouissement de déchets solides municipaux ont légèrement diminué (de 1 Mt), grâce à des mesures provinciales visant à capter les gaz d'enfouissement et à réacheminer les déchets qui ont facilité le ralentissement de la croissance observée au cours de la période historique. Les sous-secteurs industriels à faible intensité d’émissions du secteur des déchets et autres représentent une grande variété d’exploitations, dont l’industrie légère (p. ex., alimentation et boissons, et électronique), ainsi que la construction et la foresterie.

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