Tendances en matière d'émissions au Canada, 2014 : chapitre 1


Part des émissions mondiales du Canada

Les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale ont augmenté d’environ 40 % entre 1990 et 2011,Note de bas de
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la majeure partie de cette hausse des émissions venant des marchés émergents et des pays en développement. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) au Canada ont augmenté de 19 %. La part des émissions totales cumulatives mondiales du Canada depuis 1990 a été inférieure à 2 %.

Figure 1 : Hausse des émissions de GES de 1990 à 2010

 

Figure 1 - voir la description du texte ci-dessous

Source : World Resources Institute, 2014, base de données CAIT.

Description textuelle de la figure 1

La figure 1 présente deux lignes sur un graphique montrant la hausse des émissions dans le monde au Canada. L’axe horizontal couvre la période 1990-2012 en pas de cinq ans, et l’axe vertical représente les émissions indexées par rapport au niveau de 1990 (1990 = 100) sur une échelle allant de 90 à 150 en pas de 10. Les deux lignes commencent en 1990 à la valeur de 100. La ligne pour le Canada grimpe de façon assez constante à 126 en 2003, puis elle se stabilise (en montant et baissant légèrement), se chiffrant à 124 en 2008. Elle baisse à 117 en 2009, puis remonte à 119 en 2011. La ligne pour le monde augmente plus lentement de 1990 à 2002, année où elle atteint 113. Ensuite, la ligne pour le monde augmente plus rapidement et croise la ligne pour le Canada à 125 en 2005. En 2008, la hausse ralentit et la ligne pour le monde atteint 133 avant de fléchir légèrement en 2009, puis elle augmente à 142 en 2011.

La part des émissions totales mondiales du Canada, comme celle d’autres pays développés, devrait continuer à diminuer en raison de la croissance rapide attendue des émissions issues des pays en développement et des marchés émergents, notamment la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Indonésie. En 2005, la Chine a dépassé les États-Unis en tant que premier émetteur de GES de la planète et, en 2011, était responsable de 24 % des émissions mondiales totales de GES.Note de bas de page 4

Figure 2 : Répartition des émissions de gaz à effet de serre mondiales totales en 2011

Figure 2 (voir la description du texte ci-dessous)

Source : World Resources Institute, 2014, base de données CAIT.

Description textuelle de la figure 2

La figure 2 est un graphique à secteurs qui montre le pourcentage des émissions mondiales totales de GES pour chacun des 11 plus gros pays émetteurs. Chine : 24,1 %; États-Unis : 14,9 %; Inde : UE-27 : 10,3 %; 5,7 %; Fédération de Russie : 5,4 %; Japon : 3,0 %; Brésil : 2,6 %; Indonésie : 1,9 %; Canada : 1,6 %; Iran : 1,6 %; Mexique : 1,6 %; reste du monde : 27,2 %.

Conjoncture nationale du Canada

Le Canada bénéficie d’avantages naturels : il est doté de vastes étendues de terre et plans d’eau et de ressources minières et énergétiques abondantes, sans compter la grande variation géographique. Cependant, ces caractéristiques engendrent aussi de nombreuses difficultés sur le plan de la réduction des GES comparativement à la plupart des pays développés. En effet, parmi les pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), le Canada est celui qui a la plus grande superficie de territoire, ce qui se traduit par de grandes distances et des trajets de longue durée quand vient le temps de satisfaire les besoins en transport de passagers et de marchandises. Le climat canadien, parce qu’il est très variable et extrême, influe sur la demande en énergie pour chauffer et climatiser les locaux dans les bâtiments résidentiels et commerciaux. Les besoins en chauffage dans les foyers et les entreprises sont supérieurs à ceux de la plupart des autres pays développés et sont principalement comblés par les combustibles fossiles. Les ressources extraites, comme les minéraux et les combustibles fossiles, et les autres ressources primaires à forte consommation d’énergie répondent à une demande mondiale croissante et contribuent largement à la croissance économique du Canada; cependant, elles influent aussi sur le profil des émissions canadiennes.

Bien que le Canada ait la plus faible population parmi les pays du G7, le taux de croissance annuelle de sa population, qui est d’un peu plus de 1 %, est le plus élevé. En outre, le Canada a connu une croissance économique soutenue et se classe au 11e rang, à l’échelle mondiale, en ce qui a trait au PIB par habitant.Note de bas de page 5 Comme les ressources naturelles occupent une place importante dans son économie, le Canada est un important exportateur d’énergie et un exportateur net de produits agricoles et de nombreux produits dérivés des ressources naturelles à forte intensité d’émissions, telles que les pâtes et papiers, les métaux extraits et l’aluminium. De plus, le secteur industriel canadien est un grand consommateur d’énergie et, au cours de la dernière décennie, la production industrielle a sensiblement augmenté, de sorte que la part des exportations d’énergie, des ressources extraites et des produits agricoles dans le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de près de 40 %.

On s’attend à ce que la demande mondiale d’énergie augmente d'un tiers entre 2012 et 2035 et à ce que les combustibles fossiles demeurent une composante essentielle de l’approvisionnement pour les décennies à venir. Les scénarios de référence contenus dans le World Energy Outlook (2013) de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) laissent entendre que la part des combustibles fossiles dans la consommation mondiale d’énergie diminuera, mais que ceux-ci continueront de représenter plus des trois quarts de la consommation mondiale d’énergie en 2035. Compte tenu du fait que le Canada est un fournisseur et exportateur important de ressources énergétiques, sa production pétrolière et gazière devrait augmenter afin de répondre à cette demande.

Parmi les pays membres de l’AIE, le profil énergétique du Canada est celui qui se caractérise par un des taux les plus élevés d’approvisionnement en énergie primaire totaleNote de bas de page 6 par unité du PIB. L’AIE souligne que les facteurs qui régissent la consommation d’énergie au Canada sont : l’importante concentration d’industries primaires à forte consommation d’énergie; un climat froid et extrême; une population réduite et très dispersée; un niveau de vie élevé avec peu de contraintes quant à l’espace occupé; et une vaste étendue géographique (qui influe sur la densité de la population et sur les besoins en transport).Note de bas de page 7 Au Canada, le taux de consommation d’énergie par passager-kilomètre est légèrement supérieur à la moyenne; le pays se trouve ainsi dans les premiers rangs, parmi les pays membres de l’AIE, pour ce qui est du nombre de véhicules-milles parcourus par personne. De plus, toujours parmi les pays membres de l’AIE, le Canada est au troisième rang des pays où la consommation d’énergie primaire par foyer dans le secteur résidentiel est le plus élevé et il se classe parmi les premiers pour ce qui est de la consommation d’énergie dans le secteur des services (principalement en raison de la consommation d’énergie dans les bâtiments).

En dépit de ces difficultés et de la croissance constante de la consommation d’énergie, le Canada a réalisé des améliorations appréciables. Compte tenu des différences dans la structure économique, des conditions météorologiques ainsi que d’autres facteurs, l’efficacité énergétique s’est améliorée de 25 % au Canada entre 1990 et 2010.Note de bas de page 8

Émissions par habitant et intensité des émissions

L’intensité des émissions, c’est-à-dire les émissions de gaz à effet de serre par dollar de PIB, mesure la relation entre l’activité économique et les émissions. Même si les émissions sont étroitement liées à l’activité économique, au Canada, ce lien s’est atténué au cours des deux dernières décennies en raison des changements technologiques et structurels, tels que l’augmentation de l’efficacité énergétique et la croissance des industries de services à faibles émissions. En outre, même si les émissions de GES ont augmenté de 18 % depuis 1990, l’économie canadienne a connu une hausse beaucoup plus rapide, alors que le PIB a augmenté de 67 %. Il s’ensuit que l’intensité des émissions pour toute l’économie s’est nettement améliorée; en effet, elle a diminué à un taux annuel moyen de 1,3 % entre 1990 et 2012, pour un total cumulatif de 29 % au cours de cette période. L’intensité des émissions devrait continuer à diminuer au Canada jusqu’en 2020.

Les émissions par habitant ont diminué de façon marquée depuis 2005, alors qu’elles s’élevaient à 22,8 t d’éq. CO2 par personne. En 2012, les émissions par habitant étaient de 20,1 t d’éq. CO2 par personne, ce qui constitue le niveau le plus faible jamais enregistré depuis que ces données ont commencé à être enregistrées en 1990.

Selon les projections, les émissions par habitant devraient diminuer jusqu’en 2020, atteignant 19,7 t d’éq. CO2 par personne en 2020. Cette tendance reflète une hausse projetée de la population canadienne de 17 % entre 2005 et 2020, comparativement à une diminution projetée des émissions de 1,2 % quand on inclus la contribution du secteur de l’ATCATF.

Coopération internationale

L’atténuation efficace des changements climatiques nécessite des mesures de la part de tous les pays afin de réduire les émissions et, à ce titre, le Canada continuera à faire sa part. Aux termes de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, le Canada a signé l’Accord de Copenhague en décembre 2009 et s’est alors engagé à réduire ses émissions de GES de 17 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2020.

L’approche du gouvernement du Canada consiste à favoriser une croissance économique forte ainsi que la création d’emplois tout en atteignant ses objectifs sur le plan environnemental. L'économie du Canada devrait être environ 32 % plus importante (en termes réels) en 2020 qu’en 2005.

Comme il est nécessaire d’en arriver à une solution internationale pour lutter contre les changements climatiques, en 2011, les Parties se sont entendues pour lancer la plateforme de Durban pour une action renforcée, aux termes de la CCNUCC, afin d’établir, d’ici 2015, un nouvel accord sur les changements climatiques pour la période post-2020 qui s’applique à toutes les Parties. Il s’agit d’une percée importante pour des pays comme le Canada, dont un des objectifs de longue date est de définir un accord sur les changements climatiques qui inclut tous les grands émetteurs. Le Canada collabore avec des pays membres de la CCNUCC à la création d’un nouvel accord international sur les changements climatiques efficace.

En dehors de la CCNUCC, le Canada participe activement à divers efforts de collaboration internationale, dont des initiatives et des partenariats sectoriels et régionaux, qui complètent les négociations formelles dans le cadre de la CCNUCC et encouragent l’adoption de mesures concrètes en vue de lutter contre les changements climatiques. Ces mesures comprennent, notamment, la Coalition pour le climat et l’air pur, le Conseil de l’Arctique, le Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone et le Forum des grandes économies sur l’énergie et les changements climatiques.

Le secteur de l’électricité au Canada

À l’échelle mondiale, les émissions de carbone attribuables à la production d’électricité représentent 40 % des émissions totales de GES. Cette production compte parmi les plus grandes sources de GES et parmi celles qui augmentent le plus rapidement. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la part du charbon dans la production d’électricité et de chaleur a également augmenté considérablement, passant de 66 % en 1990 à 72 % en 2011, et on projette qu’elle continuera de représenter la plus grande part des émissions de dioxyde de carbone jusqu’en 2040. L’inversion de cette trajectoire constitue un grand défi mondial.

Le Canada est un chef de file mondial en matière de production d’électricité propre. En effet, 79 % de l’électricité au Canada est produite à partir de sources qui n’émettent pas de GES (nucléaire, hydroélectricité et autres énergies renouvelables), et ce pourcentage est un des plus élevés au monde. À titre de comparaison, la part des sources non émettrices dans la production d’électricité est inférieure à un tiers aux États-Unis et à un cinquième en Chine (AIE, 2013). Le niveau élevé de production d’électricité propre au Canada signifie que les émissions attribuables à la production d’électricité ne constituent qu’une proportion relativement faible des émissions totales du pays (seulement 12 % en 2012).

De plus, l’intensité électrique (consommation d’électricité par unité de PIB) s’améliore au Canada : elle a diminué d’environ 12 % entre 2001 et 2012. Le Rapport sur le marché de l’efficacité énergétique de 2013 de l’AIE a classé le Canada ex æquo en deuxième place parmi 15 pays membres de l’AIE pour son taux d’amélioration de l’efficacité énergétique entre 1990 et 2010.

De plus, les émissions associées à la production d’une unité d’électricité diminuent au Canada. Le secteur de l’électricité du Canada est un de ceux qui émettent le moins de GES par kilowattheure produit parmi les pays développés. En 2010, le Canada émettait 190 grammes de CO2 par kilowattheure d’électricité produite, ce qui ne représente qu’un tiers de l’intensité des émissions aux États-Unis, un quart de celle de la Chine et moins de la moitié de la moyenne de l’OCDE.

En 2012, le gouvernement fédéral a annoncé un nouveau règlement qui imposera une norme de rendement stricte pour la production d’électricité à partir du charbon à compter de juillet 2015. Grâce à ce règlement, le Canada sera le premier grand consommateur de charbon à interdire la construction de centrales électriques au charbon traditionnelles.

Des règlements adoptés par les gouvernements fédéral et provinciaux ont contribué à la baisse des émissions de 29 % du secteur de l’électricité de 2005 à 2012. Même si le secteur de l’électricité du Canada est déjà un des plus propres au monde, les gouvernements fédéral et provinciaux prennent des mesures pour le rendre encore plus propre. Des politiques provinciales, en particulier l’interdiction de la production d’électricité à partir du charbon en Ontario, les normes pour le portefeuille des énergies renouvelables au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse et la norme d’émissions de GES nettes nulles pour toute nouvelle installation de production d’électricité en Colombie-Britannique, contribuent à réduire davantage les émissions. Estimées à 94 Mt en 1990, les émissions du secteur de l’électricité au Canada ont augmenté à 121 Mt en 2005, puis ont diminué à 86 Mt en 2012 (baisse de 29 %); on projette qu’elles seront réduites à 71 Mt d’ici 2020 (baisse de 41 %).

La production d’électricité constitue actuellement la troisième plus grande source d’émissions de GES au Canada, mais elle ne représente que 12 % des émissions totales du pays (2012). À titre de comparaison, la production d’électricité représente presque un tiers des émissions des États-Unis et environ la moitié de celles de la Chine. Selon Ressources naturelles Canada, ces deux pays produisent chacun environ 20 % de toute l’électricité produite au monde (contre 3 % pour le Canada). Les pays comme les États-Unis et la Chine où les centrales au charbon produisent la majeure partie de l’électricité ont beaucoup plus de possibilités de réduire leurs émissions en remplaçant le charbon par le gaz naturel ou d’autres sources d’énergie. Au Canada, où la réglementation actuelle prévoit l’abandon graduel de la production d’électricité au charbon, on projette que d’ici 2020, 85 % de l’électricité distribuée par les services publics sera tirée de sources non émettrices de GES.

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