Stratégie de conservation des oiseaux de la région 5 : forêt pluviale du Nord du Pacifique : annexe 2


Annexe 2

Méthodologie générale de compilation des six éléments standard

Selon la norme nationale, chaque stratégie doit comporter six éléments. Un manuel exhaustif (Kennedy et coll., 2012) présente les méthodes et la démarche à suivre pour mener à bien chaque élément. Ces six éléments offrent un moyen objectif de cheminer vers la mise en place d’initiatives de conservation multi-espèces qui ciblent les espèces et les enjeux les plus prioritaires. Voici ces six éléments :

  1. désigner les espèces prioritaires - axer les efforts de conservation sur les espèces dont la conservation est préoccupante et les espèces le plus représentatives de la région
  2. déterminer les espèces prioritaires à chaque catégorie d’habitats - un outil pour désigner les habitats d’intérêt pour la conservation et un moyen d’organiser et de présenter l’information
  3. fixer des objectifs de population pour les espèces prioritaires - une évaluation de la situation démographique actuelle par rapport à la situation souhaitée, et un moyen de mesurer le succès des mesures de conservation
  4. évaluer et classer les menaces - déterminer l’importance relative des problèmes touchant les populations d’espèces prioritaires, dans l’aire de planification et hors du Canada (c.-à-d. tout au long de leur cycle de vie)
  5. fixer les objectifs de conservation - définir les objectifs de conservation généraux en réponse aux menaces recensées et aux besoins en matière d’information; également un moyen de mesurer les réalisations
  6. proposer des mesures - formuler des stratégies à suivre pour amorcer des mesures de conservation sur le terrain qui aideront à atteindre les objectifs de conservation.

Les quatre premiers éléments s’appliquent aux différentes espèces prioritaires; ensemble, ils donnent une évaluation de la situation des espèces prioritaires et des menaces qui pèsent sur elles. Les deux derniers éléments intègrent l’information recueillie au sujet de toutes les espèces pour présenter une vision de la mise en œuvre des mesures de conservation, tant au Canada que dans les pays fréquentés par les espèces prioritaires en cours de migration et hors de la saison de reproduction.

Élément 1 : Évaluation des espèces prioritaires

Les stratégies de conservation des oiseaux établissent quelles sont les « espèces prioritaires » parmi toutes les espèces d’oiseaux régulièrement observées dans chaque sous-région. Cette approche (par espèce prioritaire) permet d’axer les efforts de gestion et de concentrer les ressources limitées dont nous disposons sur les espèces dont la conservation, l’intérêt écologique ou les besoins en matière de gestion sont jugés importants. Les processus d’évaluation des espèces sont dérivés de protocoles d’évaluation standard mis au point par les quatre grandes initiatives de conservation des oiseaux 1.

Le processus d’évaluation des espèces applique des ensembles de règles quantitatives à des données biologiques au regard de facteurs comme :

L’évaluation est appliquée aux différentes espèces aviaires et classe chaque espèce en fonction de sa vulnérabilité biologique et de l’état de ses populations. Les évaluations peuvent servir à assigner des besoins de conservation à l’échelle de la sous-région (p. ex. section provinciale d’une RCO), de la région (RCO) ou du continent.

Dans la RCO 5, les espèces dont la présence a été signalée au cours des dix dernières années dix fois ou plus et chaque année ou presque ont été considérées comme des espèces « régulièrement observées » et ont fait l’objet d’une évaluation pour en déterminer le statut prioritaire. Les mentions retenues proviennent de l’ouvrage  The Birds of British Columbia (Campbell et coll. 1990, 1997, 2001), de données préliminaires de l’Atlas des oiseaux nicheurs de Colombie-Britannique, de eBird Canada, de NatureServe, du document Strategic Plan and Biological Foundation du Pacific Coast Joint Venture (Projet conjoint sur la côte du Pacifique; Martell 2005), l’Atlas of Pelagic Seabirds (Kenyon et coll. 2009), de l’ensemble de données du British Columbia Coastal Waterbird Survey d’Études d’Oiseaux Canada (1999-2007) et de spécialistes. Les espèces qui figuraient sur une liste fédérale ou provinciale d’espèces en péril ont également été prises en considération même si leur présence avait été signalée moins de dix fois.

On a d’abord dressé la liste des espèces prioritaires en fonction des deux critères suivants : a) inclusion dans les plans concernant les groupes piliers applicables (oiseaux terrestres, oiseaux aquatiques, oiseaux de rivage, sauvagine); b) espèces considérées « en péril » par des autorités provinciales ou fédérales. Les oiseaux terrestres, aquatiques et de rivage ont également été placés sur la liste selon qu’il s’agissait d’espèces préoccupantes à l’échelle régionale ou dont la conservation requiert une intendance régionale selon les critères décrits ci-dessous. La liste initiale d’espèces prioritaires a ensuite été examinée par des spécialistes locaux, et d’autres espèces préoccupantes sur le plan de la conservation ont été ajoutées.

Critères de Partenaires d’envol applicables aux oiseaux terrestres

Les oiseaux terrestres de la RCO 5 désignés comme des espèces préoccupantes à l’échelle continentale ou dont la conservation requiert une intendance continentale selon la base de données d’évaluation des espèces de Partenaires d’envol (Rocky Mountain Bird Observatory, 2005) ont été ajoutés à la liste d’espèces prioritaires dans la portion canadienne de la RCO 5.

Le processus d’établissement de la liste des oiseaux terrestres préoccupants à l’échelle régionale ou dont la conservation requiert une intendance régionale dans la portion canadienne de la RCO 5 comprenait une réévaluation des cotes « menaces aux populations reproductrices » (MR), « menaces aux populations non reproductrices » (MNR) et « tendance démographique » (TD) fournies dans la base de données d’évaluation des espèces de Partenaires d’envol (2005), cela afin de refléter les données propres à la zone de planification. Les cotes MR et MNR ont été réévaluées par des spécialistes locaux et les cotes TD l’ont été en fonction des données sur les tendances de 1968-2007 du Relevé des oiseaux nicheurs (BBS) relativement à la portion canadienne de la RCO 5 et des critères applicables aux cotes TD fournis dans le Guide sur l’évaluation des espèces de Partenaires d’envol (Panjabi et coll., 2005). Quand une cote était modifiée, on a retenu la valeur la plus élevée des cotes applicables à l’ensemble de la RCO et aux échelles inférieures. De nouvelles cotes régionales combinées pour la période de reproduction (CRC-r) et la période de non-reproduction (CRC-nr) ont été calculées à partir de la répartition pendant la reproduction (RR), de la répartition en période de non-reproduction (RNR), de la taille de la population (TP), de la densité relative pendant la reproduction (DR-r) et des cotes TD mondiales de la base de données d’évaluation des espèces de Partenaires d’envol, les cotes de densité relative en période de non-reproduction (DR-nr) fournies par Peter Blancher (SCF − administration centrale), et les cotes MR, MNR et TD régionales tirées de la réévaluation régionale (voir les formules ci-dessous).

Oiseaux qui sont présents dans la portion canadienne de la RCO 5 seulement durant la période de reproduction :

CRC-r = RRmondiale + TPmondiale + TDRCO 5 + MRRCO 5 + DR-rRCO 5

Oiseaux qui sont présents dans la portion canadienne de la RCO 5 seulement en dehors de la période de reproduction :

CRC-nr = RNRmondiale + TPmondiale + TDmondiale + MNRRCO 5 + DR-nrRCO 5

Oiseaux qui sont présents dans la portion canadienne de la RCO 5 pendant la période de reproduction et en dehors de cette période (espèces résidentes) :

CRC-nr = RNRmondiale + TPmondiale + TDRCO 5 + MNRRCO 5 + DR-rRCO 5

Les critères employés par Panjabi et coll. (2005) pour dresser la liste des espèces préoccupantes à l’échelle régionale ou dont la conservation requiert une intendance régionale ont ensuite été appliqués afin d’établir les espèces prioritaires dans la portion canadienne de la RCO 5 (voir les explications ci-dessous).

Espèce préoccupante à l’échelle régionale - l’espèce doit remplir l’ensemble des critères suivants pendant la saison ou les saisons pour lesquelles elle est inscrite : 

Intendance régionale - l’espèce doit remplir l’ensemble des critères suivants pendant la saison ou les saisons pour lesquelles elle est inscrite :

Sauvagine

Pour ce qui est de la sauvagine, la priorisation présentée dans le document Implementation Framework: Strengthening the Biological Foundation (North American Waterfowl Management Plan, Plan Committee, 2004) a été utilisée pour établir les espèces prioritaires de sauvagine dans la portion canadienne de la RCO 5. Les espèces de la RCO 5 pour lesquelles les besoins en matière de conservation pendant la période de reproduction ou en période de non-reproduction sont considérés de niveau de priorité « modérément élevé », « élevé » ou « plus élevé » dans la priorisation du PNAGS ont été retenues comme des espèces prioritaires.

Oiseaux aquatiques et oiseaux de rivages

Contrairement aux plans du groupe d’oiseaux de la sauvagine, ceux qui s’appliquent aux oiseaux aquatiques et de rivage ont une portée nationale et ne comprennent aucune liste d’espèces prioritaires par région. Par ailleurs, il n’existe aucune méthode normalisée permettant de modifier les listes d’espèces de façon à tenir compte des espèces préoccupantes à l’échelle régionale ou dont la conservation requiert une intendance régionale, ce que l’on peut faire dans le cas des oiseaux terrestres. On a donc dû élaborer des méthodes qui permettent d’évaluer les oiseaux aquatiques et de rivage à l’échelle régionale. Ces méthodes s’inspirent de celles qui ont été conçues par Schonewille et coll. (2007), avec certaines modifications liées aux données dont on dispose pour la RCO.

Oiseaux aquatiques :

Les cotes TD, TP, MR, MNR, RR et RNR sont tirées directement du Plan de conservation des oiseaux aquatiques du Canada d’Envolées d’oiseaux aquatiques (EOA) (Milko et coll., 2003). Les espèces appartenant aux catégories 1 (très en péril) et 2 (très préoccupante) d’EOA sont placées automatiquement sur la liste d’espèces prioritaires. Pour les autres espèces, afin d’établir des cotes à l’échelle de la région, on a utilisé le pourcentage de l’aire de répartition des espèces compris dans la RCO, établi à l’aide des données relatives aux aires de répartition de NatureServe, Ces pourcentages comprennent les portions des aires de répartition où les espèces sont considérées comme présentes ou possiblement présentes. Les catégories de données de NatureServe dont on s’est servi comprennent :

Le plus élevé des pourcentages associés à ces quatre catégories de données a été utilisé pour classer l’espèce dans l’une des cinq catégories suivantes, reflétant le pourcentage de l’aire de répartition compris dans la RCO :

La cote régionale combinée (CRC_RCO) est calculée comme suit :

CRC_RCO = TD + TP + MR + MNR + RR + RNR + % de l’aire de répartition compris dans la RCO

Si la valeur de CRC_RCO est égale ou supérieure à 18, l’espèce est placée sur la liste des espèces prioritaires. On considère que la conservation de ces espèces requiert une intendance régionale.

Oiseaux de rivages :

Les espèces qui s’inscrivent dans les catégories 4 (très préoccupante) et 5 (grandement en péril) dans le Plan canadien de conservation des oiseaux de rivage (Donaldson et coll., 2000) ont été placées automatiquement sur la liste des espèces prioritaires. Comme pour les oiseaux aquatiques, on a utilisé le pourcentage de l’aire de répartition des espèces compris dans la RCO afin d’établir les cotes à l’échelle de la région pour les autres espèces. Si ce pourcentage s’inscrivait dans la catégorie 4 ou 5 (ci-dessus), la cote globale attribuée à l’espèce dans le Plan canadien de conservation des oiseaux de rivage était augmentée de 1.

Si la nouvelle cote est égale ou supérieure à 4, l’espèce est placée sur la liste des espèces prioritaires. Les espèces dont 25 % ou plus de l’aire de répartition est comprise dans la RCO sont considérées comme des espèces dont la conservation requiert une intendance régionale.

Espèces en péril

Parmi les espèces présentes dans la portion canadienne de la RCO 5, celles qui figuraient sur la liste rouge ou la liste bleue de la Colombie-Britannique ou qui avaient été désignées comme des espèces en voie de disparition, menacées ou préoccupantes par le COSEPAC ont été considérées comme des espèces prioritaires.

Éxamen par des experts

Des experts ont examiné la liste qui a été produite dans le cadre de l’évaluation décrite ci-dessus. Sur leur avis, le Pigeon à queue barrée, le Pluvier argenté, le Plongeon huard, le Bécasseau variable et le Bécasseau d’Alaska y ont été ajoutés.

Élément 2 : Habitats importants pour les espèces prioritaires

Le fait de déterminer les besoins généraux en matière d’habitat de chaque espèce prioritaire au cours et hors de la saison de reproduction permet de regrouper les espèces qui, sur le plan de l’habitat, présentent les mêmes problèmes de conservation ou nécessitent les mêmes mesures. Si un grand nombre d’espèces prioritaires associées à la même catégorie d’habitats font face à des problèmes de conservation similaires, alors la mise en place de mesures de conservation dans cette catégorie d’habitats pourrait profiter aux populations de plusieurs espèces prioritaires. Dans la RCO 5, un maximum de deux catégories d’habitat ont été associées à chaque espèce prioritaire. Les associations d’habitats ne précisent pas l’utilisation relative, les cotes ou classements d’adéquation, ni s’il y a choix ou évitement par les espèces; l’ajout de ces éléments pourrait s’avérer utile.

Pour établir un lien avec les autres régimes nationaux et internationaux de classification du territoire et englober tout l’éventail des types d’habitats au Canada, les catégories d’habitats pour toutes les espèces prioritaires sont basées, à l’échelle la plus grande, sur l’approche hiérarchique du Système de classification de l’occupation des sols (SCOS), système international élaboré par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (2000). On a apporté certaines modifications à la liste du SCOS pour tenir compte des types d’habitats importants pour les oiseaux, mais non inclus dans la classification (p. ex. habitats marins). Souvent, des espèces sont classées dans plus d’une de ces grandes catégories d’habitats. Pour préserver le lien avec les données spatiales régionales (p. ex. les inventaires forestiers provinciaux) ou pour regrouper les espèces dans des catégories d’habitats pertinentes à l’échelle régionale, certaines stratégies distinguent des catégories d’habitats plus précises. On a alors, dans la mesure du possible, saisi les attributs de ces habitats à plus petite échelle et le contexte du paysage environnant, pour mieux orienter l’élaboration d’objectifs précis et de mesures de conservation particulières.

Élément 3 : Objectifs en matière de population pour les espèces prioritaires

Un des éléments essentiels à une planification efficace de la conservation consiste à définir des objectifs clairs pouvant être mesurés et évalués. Les stratégies de conservation des oiseaux établissent des objectifs fondés sur les principes de conservation des initiatives nationales et continentales de conservation des oiseaux, dont l'Initiative de conservation des oiseaux de l'Amérique du Nord (ICOAN), qui visent à préserver la répartition, la diversité et l'abondance des oiseaux sur tout leur habitat historique. Les jalons de référence ayant servi à fixer les objectifs de population utilisés dans cet exercice de planification (c’est-à-dire les populations qui existaient vers la fin des années 1960 et dans les années 1970, et dans les années 1990 pour la sauvagine de l’est) reflètent les niveaux démographiques enregistrés avant que ne se produisent les déclins généralisés. La plupart des quatre initiatives de conservation des oiseaux découlant de l’ICOAN ont adopté les mêmes références à l’échelle continentale et nationale (pour la sauvagine, les oiseaux de rivage et les oiseaux terrestres; les stratégies nationales et continentales de conservation des oiseaux aquatiques n’ont pas encore fixé d’objectifs démographiques). Certaines régions participant aux efforts de planification actuels ont ajusté leurs références en réponse à l’amorce d’une surveillance systématique. La mesure ultime du succès de la conservation résidera dans le degré d’atteinte des objectifs démographiques. Le progrès effectué vers l’atteinte des objectifs de population sera régulièrement évalué dans le cadre d’une approche de gestion adaptative.

Les objectifs de population pour tous les groupes d'oiseaux reposent sur une évaluation quantitative ou qualitative des tendances démographiques des différentes espèces. Si la tendance démographique d’une espèce est inconnue, on fixe habituellement comme objectif d’« évaluer et maintenir » la population, en établissant un objectif de surveillance. Les espèces de sauvagine récoltées et de nombreuses espèces « d’intendance » qui sont déjà aux niveaux démographiques souhaités se voient alors attribuer un objectif de « maintien ». Pour toute espèce visée par la Loi sur les espèces en péril (LEP) ou par une loi provinciale ou territoriale sur les espèces en péril, les stratégies de conservation des oiseaux doivent respecter les objectifs de population fixés dans les programmes de rétablissement et les stratégies de gestion établis. En l’absence de documents de rétablissement, on fixe les objectifs en appliquant la méthode déjà utilisée pour les autres espèces du même groupe d’oiseaux. Une fois établis, les objectifs de rétablissement viennent remplacer les objectifs provisoires.

En ce qui concerne la RCO 5, les objectifs de population applicables à la sauvagine ont été tirés du document Strategic Plan and Biological Foundation du Pacific Coast Joint Venture (Projet conjoint sur la côte du Pacifique; Martell, 2005). Dans le cas des oiseaux terrestres, aquatiques et de rivage, on a établi les objectifs de population en fonction de la cote de tendance démographique (TD) de l’espèce. Pour chaque espèce prioritaire, la cote TD pour l’ensemble de la RCO a été obtenue de Partenaires d’envol, et celle de la portion canadienne de la RCO a été calculée à partir des données du Relevé des oiseaux nicheurs conformément aux protocoles de Partenaires d’envol (Panjabi et coll., 2005). Prudemment, on a employé la valeur la plus élevée des deux cotes TD pour établir l’objectif de population. Aux espèces prioritaires qui présentaient un recul (TD = 4), on a attribué l’objectif « augmenter de 50 % », alors qu’aux espèces qui présentaient un recul important (TD = 5), on a attribué l’objectif « augmenter de 100 % ». Pour ce qui est des espèces affichant une cote TD de 3 (tendance incertaine ou inconnue), on a fixé l’objectif « évaluer/maintenir ». Enfin, aux espèces dont la population est stable ou croissante (TD = 1 ou 2), on a attribué l’objectif « maintenir au niveau actuel ». Pour les espèces prioritaires qui ne se reproduisent plus dans la RCO mais dont on relève des individus non nicheurs, à l’occasion, ou de petites populations hivernantes, on a établi l’objectif provisoire « augmenter », le but étant de rétablir des populations reproductrices. On n’a établi aucun objectif de population pour les espèces prioritaires qui ne font que passer par la RCO pendant leurs migrations, qui ne s’y reproduisent pas et n’y hivernent pas.

Élément 4 : Évaluation des menaces pour les espèces prioritaires

Chez les oiseaux, les tendances démographiques sont déterminées par des facteurs qui influencent la reproduction ou la survie aux divers stades de leur cycle annuel. Les menaces à la survie comprennent, par exemple, une disponibilité moindre de la nourriture aux aires de repos migratoires ou l’exposition à des composés toxiques. Les menaces susceptibles de diminuer le succès de la reproduction incluent, par exemple, un taux élevé de prédation des nids ou des habitats de reproduction de moins bonne qualité ou en moins grande quantité.

L’exercice d’évaluation des menaces comprenait trois étapes principales :

  1. analyse documentaire visant à détailler les menaces antérieures, actuelles et futures pour chaque espèce prioritaire et classification des menaces au moyen d’un système de classification normalisé (Salafsky et coll., 2008);
  2. classement de l’ampleur des menaces pour les espèces prioritaires au moyen d’un protocole normalisé (Kennedy et coll., 2012);
  3. préparation d’un ensemble de profils de menaces pour la sous-région de la RCO pour les grandes catégories d’habitats.

Chaque menace a été catégorisée au moyen du système de classification normalisé de l’IUCN-CMP (Salafsky et coll., 2008), avec ajout de catégories pour tenir compte des espèces pour lesquelles l’information est manquante. L’évaluation des menaces inclut uniquement les menaces découlant de l’activité humaine, parce que les menaces de ce type peuvent être atténuées. Les processus naturels qui empêchent les populations de dépasser un niveau donné ont été pris en compte puis consignés, mais aucune mesure n’a été établie outre la recherche et la surveillance. Pour catégoriser les menaces, on en a évalué la portée (proportion de la distribution de l’espèce qui est touchée par la menace dans la sous-région) et la gravité (impact relatif de la menace sur la viabilité des populations de l’espèce). Les cotes relatives à la portée et à la gravité ont été combinées pour établir l’ampleur de la menace : faible, moyenne, élevée ou très élevée. Ces degrés d’ampleur ont ensuite été regroupés par catégories et sous-catégories de menaces parmi les types d’habitats (voir les détails de ce processus dans Kennedy et coll., 2012). Le regroupement des menaces nous permet de comparer l’ampleur relative des menaces, pour chaque catégorie de menaces et type d’habitats. Non seulement ces cotes et ces classements de menaces nous aident à évaluer quelles menaces semblent le plus contribuer aux déclins démographiques d’espèces données, mais ils nous permettent de nous concentrer sur celles qui peuvent avoir un impact maximal sur des séries d’espèces ou de grandes catégories d’habitats.

Élément 5 : Objectifs en matière de conservation

Dans l’ensemble, ces objectifs représentent les conditions souhaitées qui, dans la sous-région, contribueront collectivement à l’atteinte des objectifs démographiques. Ces objectifs peuvent également faire état des mesures de recherche ou de surveillance qu’il faut prendre pour mieux comprendre les déclins des espèces et comment intervenir de façon optimale.

À l’heure actuelle, la majorité des objectifs de conservation peuvent être mesurés à l’aide de catégories qualitatives (diminution, maintien, augmentation) qui permettront d’évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la conservation, mais ils ne sont pas reliés quantitativement aux objectifs de population. La mise en œuvre concrète qui comprend un processus actif de gestion adaptative est un principe sous-jacent de cet effort de conservation et permettra d’évaluer ultérieurement si l’atteinte des objectifs de conservation a contribué ou non à l’atteinte des objectifs de population.

Dans la mesure du possible, les objectifs de conservation portent sur plusieurs espèces ou répondent à plus d’une menace. S’il y a lieu, ils sont axés sur les besoins particuliers d’une seule espèce.

En général, les objectifs de conservation appartiennent à l’une des deux grandes catégories suivantes :

Idéalement, les objectifs liés aux habitats devraient refléter le type, la quantité et l’emplacement des habitats nécessaires pour soutenir les niveaux de population d’espèces prioritaires indiqués dans les objectifs de population. À l’heure actuelle, nous ne disposons pas, à l’échelle des RCO, des données et des outils requis pour établir ces objectifs quantitatifs précis. Nos objectifs basés sur les menaces donnent l’orientation des changements qu’il faut opérer pour cheminer vers les objectifs de population en utilisant la meilleure information disponible et notre connaissance des stratégies de gestion de l’écosystème, à l’intérieur des grands types d’habitats.

Élément 6 : Mesures recommandées

Les mesures de conservation recommandées ont trait aux activités sur le terrain qui contribueront à l’atteinte des objectifs de conservation. Ces mesures sont généralement établies d’un point de vue stratégique, au lieu d’être hautement détaillées et directives. Ces mesures ont été classées selon le système de classification de l’IUCN-CMP (Salafsky et coll., 2008), avec ajout de catégories pour tenir compte des besoins en matière de recherche et de surveillance. Des recommandations plus précises peuvent être incluses si l’on dispose, pour une sous-région, de pratiques de gestion exemplaires, de plans d’écosystème ou de plusieurs documents de rétablissement. Toutefois, les mesures doivent être suffisamment détaillées pour donner un cap initial à la mise en œuvre.

Les objectifs liés à la recherche, à la surveillance et aux problèmes généralisés ne sont pas nécessairement assortis de mesures. Souvent, ces problèmes sont à ce point hétéroclites qu’il vaut mieux établir ces mesures en consultation avec les partenaires et les experts en la matière. Les équipes de mise en œuvre seront plus en mesure de régler ces questions complexes, en s’appuyant sur les avis des différents intervenants.

Les mesures recommandées renverront à celles présentées dans les documents de rétablissement des espèces en péril à l’échelle fédérale, provinciale ou territoriale (ou étaieront ces mesures), mais comme ces stratégies visent plusieurs espèces, les mesures seront habituellement plus générales que celles élaborées pour une seule espèce. Pour connaître les recommandations plus détaillées concernant les espèces en péril, prière de consulter les documents de rétablissement.

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