Perspectives et points de vue : Symposium canadien sur la justice et le racisme environnemental

Introduction

Le 20 juin 2024, le projet de loi d’initiative parlementaire C-226, Loi sur la stratégie nationale relative au racisme environnemental et la justice environnementale, est devenu une loi. Le gouvernement du Canada reconnaît la nécessité de faire progresser la justice environnementale dans l’ensemble du pays. Il est également important de continuer à travailler à l’élimination du racisme et de la discrimination raciale sous toutes leurs formes et manifestations.

Le Symposium canadien sur la justice et le racisme environnemental visait à permettre à la société civile de participer aux consultations préalables à l’élaboration d’une stratégie nationale visant à évaluer, à prévenir et à lutter contre le racisme environnemental et à faire progresser la justice environnementale. Ce forum visait à faciliter une discussion nationale avec les personnes qui travaillent déjà sur les questions de justice et de racisme environnementaux dans le contexte canadien.

Au Canada, aucune définition de justice environnementale n’est acceptée par tous. Il s’agit plutôt d’un concept qui peut être appliqué dans divers contextes. La justice environnementale est un mouvement visant à assurer une inclusion juste et significative des personnes touchées et un partage égal des avantages et des coûts lors de la prise de décisions concernant l’environnement. Lors de la prise de ces décisions, la justice environnementale vise à reconnaître les inégalités existantes auxquelles sont confrontées les communautés Autochtones, racialisées ou autrement marginalisées, et à chercher à y remédier.

La justice environnementale repose sur trois principes clés :

Résumé

Le Symposium Canadien sur la Justice et le Racisme Environnemental s’inscrivait dans le cadre d’un engagement précoce en faveur de la Loi sur la stratégie nationale relative au racisme environnemental et à la justice environnementale (la Loi). Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) a organisé cet événement afin d’entamer une conversation nationale sur la justice et le racisme environnementaux. La justice environnementale est menée par les communautés. La Loi est le fruit de nombreuses années de mobilisation des communautés touchées, des jeunes, des chercheurs et des organisations de protection de l’environnement.

Le symposium visait à rassembler des personnes travaillant dans le domaine de la justice environnementale afin de mettre en commun des idées, des expériences et des connaissances. Il s’agissait du premier événement national de ce type au pays. Le symposium a eu lieu les 13 et 14 septembre 2024. Plus de 300 personnes ont participé en personne et en ligne. Parmi les participants figuraient des jeunes, des personnes ayant vécu le racisme environnemental, des universitaires, des défenseurs et des experts en politique. L’événement a créé un espace de dialogue ouvert et d’apprentissage entre les secteurs et les régions.

Le présent rapport sur les perspectives et points de vue résume ce que les participants ont partagé pendant les deux jours de l’événement. Il met en évidence les principaux thèmes, idées et ressources proposés par les participants. Le rapport suit la structure de la Loi, qui met l’accent sur l’évaluation, la prévention et la lutte contre le racisme environnemental, ainsi que sur la promotion de la justice environnementale. Les idées présentées dans ce rapport contribueront à l’élaboration de la première stratégie nationale du Canada en matière de justice environnementale.

Thèmes clés

Au cours du symposium, les participants ont échangé des idées sur des façons nouvelles et différentes d’élaborer et d’appliquer des politiques. Quatre thèmes principaux, qui reflètent les étapes nécessaires pour faire progresser la justice environnementale au Canada, sont ressortis des présentations et des discussions.

  1. Cerner, reconnaître et traiter les causes profondes du racisme environnemental et faciliter la mise en œuvre d’une stratégie permettant un changement systémique.
    • Les participants ont demandé des politiques qui vont au-delà des solutions superficielles.
      • Ils ont souligné la nécessité de cerner et de traiter les causes profondes du racisme environnemental.
    • Il s’agit notamment du colonialisme, du racisme systémique et des effets du capitalisme.
      • De nombreux participants ont aussi signalé l’extraction et l’exploitation des ressources qui nuisent aux gens et à l’environnement.
    • Ils ont également mis en évidence la manière dont la réglementation industrielle peut toucher les communautés exposées à la pollution.
      • Pour réaliser de réels progrès, les participants ont insisté sur l’importance de stratégies conduisant à des changements systémiques à long terme.
  2. Prise de décisions axées sur les personnes
    • Les personnes touchées par le racisme environnemental devraient être impliquées de manière significative dans les décisions qui ont une incidence sur leurs communautés.
      • Leurs connaissances, leurs expériences et leurs données doivent être valorisées au même titre que les autres sources d’information.
    • Cela implique de créer un espace pour une véritable participation, et non seulement pour une consultation. Il s’agit également de partager l’information d’une manière pertinente sur le plan culturel et local.
      • Lorsque les communautés disposent d’outils adéquats et du bon contexte, elles peuvent contribuer plus pleinement aux décisions qui les concernent.
    • L’apprentissage doit se faire tout au long du processus de mobilisation, et non seulement au début ou à la fin.
  3. Équité et échanges intergénérationnels
    • La justice environnementale est un mouvement communautaire.
      • Pour se consolider et réussir, il doit se concentrer sur le renforcement des capacités au sein des communautés.
      • Les jeunes jouent un rôle clé en poursuivant les efforts de sensibilisation et en contribuant à protéger les liens entre leur communauté et l’environnement.
    • Il est essentiel d’éduquer les jeunes et de les faire participer à la prise de décisions.
      • Le travail intergénérationnel permet de mettre en commun les connaissances et de renforcer le leadership communautaire.
    • Il est également important de tenir compte de l’équité intergénérationnelle, c’est-à-dire de la manière dont les décisions prises aujourd’hui affecteront les générations futures.
      • Soutenir la collaboration entre les jeunes et la collaboration intergénérationnelle contribue à faire progresser la justice environnementale de manière durable et significative.
  4. Une approche de la justice environnementale fondée sur les forces
    • La justice environnementale ne se limite pas à protéger les personnes contre les préjudices et à les impliquer dans les décisions.
      • Il s’agit d’aider les communautés à prospérer.
    • Pour ce faire, il est important de créer de bons emplois durables, de soutenir les travaux de conservation, de veiller à ce que toutes les communautés, en particulier celles qui sont touchées par le racisme environnemental, bénéficient des avantages et de s’appuyer sur le travail déjà accompli par les communautés.

Évaluer le racisme environnemental

Le groupe d’experts sur l’évaluation du racisme environnemental a réuni des experts pour discuter de la manière dont le racisme environnemental est mesuré aujourd’hui. Le groupe a également abordé des éléments à prendre en compte lors de la planification d’une étude nationale sur cette question.

Présentateurs

Résumé

Dans le contexte de l’évaluation du racisme environnemental, les experts ont souligné que différents types de données permettent de raconter une histoire différente. On parle ici notamment de récits, d’expériences personnelles et d’observations partagées par les communautés, ainsi que de données traditionnelles, telles que des chiffres et des statistiques. Lors de la collecte de ces renseignements, il est important de travailler avec les communautés touchées et de comprendre quels types de données sont les plus importantes pour elles.

« Ce qui est facile à mesurer n’est pas nécessairement représentatif de la situation dans son ensemble. » [traduction libre] – Amanda Giang

Les experts ont évoqué les défis liés à la réalisation d’une étude nationale sur le racisme environnemental. Ils ont souligné les lacunes dans les données, telles que des renseignements manquants ou incomplets, des données limitées sur certains produits chimiques ou procédés, et des erreurs provenant des déclarations volontaires de l’industrie. Certaines communautés, en particulier celles qui sont marginalisées, sont également exclues des ensembles de données existants.

Si les indicateurs nationaux peuvent contribuer à donner une vue d’ensemble, ils peuvent toutefois négliger les expériences uniques des différentes communautés. Les experts ont proposé d’autres approches, comme l’étude de plusieurs sites ou l’utilisation des préjudices cernés par les communautés comme indicateurs. Ils ont également recommandé de créer des indicateurs basés sur les priorités de groupes de population spécifiques, ce qui permettrait de mieux refléter les différences culturelles et sociales.

Les communautés étant confrontées à des défis environnementaux différents, il est important de tenir compte de ces différences et d’adopter une approche sur mesure. Les experts ont aussi souligné la nécessité d’utiliser les données pour mieux comprendre le fonctionnement et les causes du racisme environnemental.

Discussion intergénérationnelle : Vanessa Hartley et Louise Delisle

L’un des principaux thèmes du Symposium Canadien sur la Justice et le Racisme Environnemental était l’importance de l’engagement des jeunes dans les questions de justice et de racisme environnementaux. Pour souligner ce point, deux discussions intergénérationnelles ont eu lieu, permettant aux aînés et aux jeunes leaders dans le domaine de la justice environnementale d’engager un dialogue sur les progrès de la justice environnementale dans le contexte canadien.

Présentatrices

Résumé

Louise Delisle et Vanessa Hartley sont des leaders communautaires de Shelburne, une communauté noire de Nouvelle-Écosse qui a une longue histoire de racisme environnemental. Elles se sont entretenues sur ce que signifie pour elles la promotion de la justice environnementale.

« Le cœur de votre savoir se trouve dans vos racines. » [traduction libre] – Vanessa Hartley

« L’injustice raciale n’a jamais eu sa place dans nos vies. Il est temps que nous choisissions de vivre autrement [...]. Ce projet de loi est une victoire pour nous tous, qui pensions ne jamais être entendus, que personne ne nous écoutait. » [traduction libre] – Louise Delisle

Pendant 75 ans, l’ancienne décharge de Shelburne a brûlé des déchets, libérant des fumées nocives dans la communauté. Bien que la décharge ait été fermée en 2016, les résidents sont toujours confrontés à des problèmes de contamination de l’eau.

« Il est très difficile d’expliquer le sentiment de malaise que procure le fait de respirer en permanence de la fumée, des cendres, du plastique, du papier, du pétrole, du gaz, de vieux vêtements [...]. C’est quelque chose dont la plupart des gens ne veulent pas parler parce que c’est traumatisant. Aujourd’hui encore, le racisme environnemental à Shelburne continue de provoquer des traumatismes. » [traduction libre] – Louise Delisle

Mmes Hartley et Delisle ont dit  que les décideurs doivent prendre leurs responsabilités lorsqu’ils travaillent avec les communautés. Ils doivent écouter avec attention et respect. Ils doivent également comprendre le racisme environnemental et systémique, et reconnaître les dommages causés aux communautés par les actions antérieures du gouvernement.

« Il faut donner plus de poids à ce que nous savons en tant que communauté [...], aux informations anecdotiques [...] qui montrent comment nous vivons, et cela doit être pris en compte. » [traduction libre] – Louise Delisle

Elles ont souligné l’importance d’écouter directement les personnes qui ont vécu ces expériences. Il est essentiel de dialoguer avec les membres des communautés touchées, et non seulement avec ceux qui s’expriment en leur nom. De nombreuses personnes ont subi des traumatismes et peuvent craindre de ne pas être entendues ou de subir des conséquences si elles font part de leur expérience.

« C’est une chose terrible que de sentir que personne ne vous écoute ou ne vous protège, ou que vous avez l’impression qu’il y aurait des répercussions si vous parliez de quelque chose qui vous tue. » [traduction libre] – Louise Delisle

Mmes Hartley et Delisle ont évoqué les obstacles et le racisme qui empêchent les communautés de prendre part aux décisions en matière d’environnement. Elles ont souligné comment l’identité et l’histoire communes aident les communautés afro-néo-écossaises à s’unir pour lutter contre le racisme environnemental. Elles ont également mentionné l’importance de soutenir la prochaine génération pour continuer à faire progresser la justice environnementale.

« Vous êtes la prochaine génération, vous êtes ceux qui maintiendront les communautés en vie, ceux qui doivent maintenant relever ce défi qui a été transmis de génération en génération [...]. Il est important que les jeunes aient une place et une voix, car nous n’avions pas cette voix quand nous étions plus jeunes. » [traduction libre] – Louise Delisle

Prévenir le racisme environnemental

La Loi prévoit une stratégie visant à faire progresser la justice environnementale et à lutter contre le racisme environnemental. Il s’agit notamment de mettre à jour les lois, les politiques et les programmes fédéraux. Le groupe d’experts sur la prévention du racisme environnemental a examiné les défis juridiques et réglementaires, les occasions et les idées pour faire progresser la justice environnementale au Canada.

Présentateurs

Résumé

Les experts ont déclaré que la Loi pourrait contribuer à créer une approche plus coordonnée et plus équitable des questions environnementales dans l’ensemble du gouvernement fédéral. La Loi offre la possibilité de revoir les lois, les programmes et les politiques à la lumière des principes de justice environnementale et de veiller à ce que les principes soient appliqués de manière cohérente dans d’autres lois sur l’environnement.

La nécessité de renforcer les règles applicables à l’industrie a été un thème récurrent dans la discussion. Les experts ont évoqué la création de lois qui interdisent les projets de développement lorsqu’ils causent trop de dommages à certaines communautés. Ils ont également souligné la nécessité de prendre des mesures pour prévenir les dommages futurs, en particulier pour les groupes défavorisés du Canada.

« La loi évolue très lentement, et parfois, la socialisation des concepts est la première vague de changement qui se produit. » [traduction libre] – Victoria Watson

Les experts ont parlé des défenseurs des terres Autochtones et ont souligné que leurs actions font partie des droits des peuples Autochtones. Ces actions s’inscrivent dans le cadre des engagements pris par le Canada au titre de la Loi sur la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et d’autres lois qui soutiennent les droits, l’autodétermination et la gouvernance des peuples Autochtones. Ils ont également mentionné la nécessité de repenser la notion d’intrusion, en particulier lorsque les peuples Autochtones protègent leurs terres traditionnelles. Bien que le chevauchement des responsabilités dans le secteur de l’environnement pose des difficultés, les experts ont noté que le financement fédéral et l’autorité constitutionnelle sur les questions Autochtones offrent des possibilités de leadership.

Institutionnaliser la justice environnementale dans le contexte canadien

Les participants ont partagé des exemples tirés de leur expérience, de la recherche et d’autres pays. Ils ont montré comment la justice environnementale pourrait être intégrée dans les systèmes gouvernementaux au Canada. Il s’agit notamment d’adopter les points suivants.

Défis uniques auxquels sont confrontées les communautés

Plusieurs participants ont parlé de leur expérience vécue en matière de risques et de dangers environnementaux et d’accès à la prise de décisions. Un thème commun à toutes les expériences partagées était celui des enjeux uniques liés aux compétences auxquels sont confrontées certaines communautés, notamment les suivants :

Au-delà des problèmes liés à la compétence, les communautés touchées par des cas d’injustice et de racisme environnementaux sont confrontées à des problèmes sociaux, économiques et sanitaires complexes, auxquels s’ajoutent les préoccupations liées aux effets cumulatifs de la pollution.

Pour relever ces défis particuliers, les participants ont proposé des mesures au niveau communautaire, telles que la surveillance de la pollution, la collecte de données par les communautés et la mise en place de processus visant à impliquer les membres des communautés, ainsi que des approches institutionnalisées et dirigées par le gouvernement, notamment l’application du principe de précaution, l’équité transgénérationnelle et le « droit de savoir » dans les processus décisionnels.

Aborder le racisme environnemental

L’objectif du groupe d’experts sur la lutte contre le racisme environnemental était d’examiner les mesures proposées dans la Loi. Il s’agit notamment d’impliquer les groupes communautaires dans le processus décisionnel en matière d’environnement et d’offrir des compensations aux personnes ou aux communautés touchées. Le groupe s’est concentré sur la façon de répondre au racisme environnemental de manière juste et équitable.

Présentateurs

Résumé

L’un des principaux thèmes abordés par le groupe a été la nécessité de reconnaître le racisme environnemental comme un phénomène systémique. Les présentateurs ont souligné que le racisme est structurel, multifacette et interconnecté. Il affecte la santé, la sécurité et le bien-être des communautés noires, Autochtones et racialisées au Canada. Pour lutter contre le racisme environnemental, il faut s’attaquer à ses causes profondes :

Les experts ont également souligné les liens étroits entre les organismes de réglementation et l’industrie, souvent au détriment des personnes et de la nature. Une des personnes présentes a fait part de l’isolement ressenti face au racisme systémique. Elle a mis en évidence le coût émotionnel et social de la lutte contre l’injustice.

« La huitième génération souffre aujourd’hui du racisme environnemental [...] qui affecte son avenir. » [traduction libre] – Marlene Hale

Les experts ont appelé à des approches fondées sur les forces pour lutter contre le racisme environnemental. Ils ont souligné l’importance de soutenir les solutions mises en œuvre par les communautés. Ces efforts s’appuient sur les forces existantes des communautés et favorisent la justice environnementale. Parmi les exemples cités, on peut mentionner les ententes sur les avantages communautaires, l’aide mutuelle et les fiducies foncières. Les sites de défense des terres Autochtones ont également été cités comme des solutions de base. Ces initiatives offrent des moyens puissants pour lutter contre le racisme environnemental à partir de la base.

Les intervenants ont souligné les obstacles qui empêchent les communautés de participer à l’élaboration des politiques. Il s’agit notamment de la méfiance à l’égard du gouvernement et de la détérioration des relations. Ils ont également mentionné des défis et des conflits internes aux communautés. Les experts ont souligné que le rétablissement de la confiance demande du temps et des efforts, et qu’il faut faire face aux problèmes actuels et reconnaître les préjudices passés. Les gouvernements doivent mettre fin aux actions qui perpétuent le racisme environnemental. Ils doivent également offrir des réparations avant de travailler sur des priorités communes.

Les présentateurs ont déclaré que les communautés ont besoin de soutien pour jouer un rôle de premier plan dans la prise de décisions en matière d’environnement. Cela passe par une aide à la compréhension du jargon technique, des politiques et des processus.

Le racisme environnemental est souvent lié à d’autres questions, telles que les soins de santé, l’emploi et l’éducation. Il est essentiel de collaborer avec les communautés sur leurs priorités. Cette approche peut également soutenir des objectifs tels que le développement communautaire et la création de nouveaux partenariats.

Les experts ont appelé à la mise en place de processus fondés sur le consentement et dirigés par les communautés. Celles-ci devraient contribuer à l’élaboration et à la mesure d’indicateurs de réussite. Les gouvernements doivent aller au-delà des approches cloisonnées et s’attaquer aux causes profondes de manière holistique et transformatrice.

Réactions novatrices et réparatrices au racisme environnemental

La loi, dans son préambule, reconnaît l’engagement du Canada à lutter contre le racisme environnemental. Elle s’engage également à donner aux communautés touchées la possibilité de s’exprimer dans la recherche de solutions. Lors du symposium, les participants ont échangé des idées sur la manière dont la lutte contre les préjudices pourrait se concrétiser. Ils ont exploré les moyens de répondre de manière significative au racisme environnemental au Canada.

Les participants ont souligné les difficultés liées à l’estimation et à la monétisation des dommages causés aux communautés et aux terres. Ils ont appelé à de nouvelles approches en matière d’indemnisation et de responsabilité. Cela implique notamment de repenser la manière dont les préjudices sont mesurés et évalués. Les experts ont également insisté sur la nécessité de renforcer la réglementation afin de garantir le respect des règles par les pollueurs. Ces mesures sont essentielles pour lutter efficacement contre le racisme environnemental.

Les mécanismes existants, tels que le Fonds pour dommages à l’environnement, pourraient être mis à profit pour inclure des indemnisations spécifiques aux cas de racisme environnemental. Des approches réparatrices, comme l’investissement du gouvernement dans les efforts liés à la conservation et d’autres programmes durables qui offrent des possibilités économiques aux communautés ont également été proposées.

Les participants ont exprimé leurs préoccupations concernant les répercussions de l’injustice environnementale sur la santé mentale et le bien-être. Ils ont souligné l’importance de soutenir le processus de guérison des communautés. Il s’agit notamment de reconnaître les effets émotionnels à long terme et d’investir dans la guérison. Cette dernière doit faire partie intégrante de la réponse au racisme environnemental.

Discussion intergénérationnelle : Dan Mercredi et Stacey-Anne Bryenton

La mobilisation des jeunes a été au cœur du Symposium canadien sur la justice et le racisme environnemental.

Deux discussions intergénérationnelles ont mis en évidence cette priorité. Ces conversations ont réuni des aînés et des jeunes leaders dans le domaine de la justice environnementale. Ils ont échangé des idées sur la manière de faire progresser ce domaine au Canada. Le dialogue a permis de responsabiliser les jeunes et a rendu hommage à la sagesse des aînés.

« La force ne vient pas seulement de la survie, mais aussi des liens que nous créons, respectons et entretenons autour de nous. » [traduction libre] – Dan Mercredi

Présentateurs

Résumé

La deuxième discussion intergénérationnelle du symposium a réuni Dan Mercredi et Stacey-Anne Bryenton. M. Mercredi a fait part de son expérience à Fort Chipewyan, en Alberta, une communauté touchée par l’exploitation des sables bitumineux. Mme Bryenton est d’origine ojibwée et européenne, avec des racines en Pologne et dans la Première Nation de Whitefish River. Elle travaille en tant qu’analyste politique junior au sein de l’équipe de la Justice environnementale et de l’Analyse comparative entre les sexes plus, à ECCC. Leur dialogue a mis en lumière les expériences vécues et le leadership dans la promotion de la justice environnementale au Canada.

« Mon enfance au bord du lac Athabasca au début des années 1970 a été marquée par un mélange de difficultés et de beauté. Les défis environnementaux actuels nous rappellent l’importance de la défense des droits et de la gestion responsable pour les générations futures. » [traduction libre] – Dan Mercredi

M. Mercredi a décrit son mode de vie traditionnel, ancré dans la terre, lorsqu’il grandissait à Fort Chipewyan dans les années 1970. Malgré des infrastructures limitées, la vie suivait le rythme des saisons et de la terre. L’eau était pure, reflétant un écosystème sain et intact. Les habitants dépendaient du lac pour leur approvisionnement en eau potable, la pêche et leurs besoins quotidiens. Son récit a mis en évidence le lien profond qui existe entre le bien-être de la communauté et l’environnement naturel.

M. Mercredi a évoqué la détérioration de la qualité de l’eau au cours des 50 dernières années à cause de l’activité industrielle. Cette pollution a entraîné de graves risques pour la santé de sa communauté. Il a également décrit les effets multiples des changements climatiques. Ensemble, ces problèmes environnementaux entraînent des défis sociaux complexes, comme l’insécurité en matière d’aliments et d’eau et les menaces pesant sur les traditions culturelles. La transmission des connaissances traditionnelles est d’autant plus difficile que l’environnement naturel change.

« Les expériences de racisme environnemental et les problèmes de santé physique et mentale sont courants, avec des taux accrus de divers cancers et des obstacles à l’accès aux soins médicaux. » – Dan Mercredi

Outre la pollution, M. Mercredi a mis en évidence les obstacles systémiques auxquels sa communauté est confrontée. Il a évoqué l’absence de reconnaissance de la justice dans la prise de décisions. Il a fait également part de ses préoccupations concernant le manque de mobilisation et de transparence des ententes sur les répercussions et les avantages. Il a fait remarquer que les pollueurs privilégient souvent les gains économiques à court terme au détriment de la santé environnementale à long terme. Cela entraîne un manque de consentement véritable de la part des membres des Premières Nations, de même que des obstacles pour les communautés qui cherchent à obtenir justice et responsabilité.

« Les solutions doivent être ancrées dans la culture, afin de permettre aux communautés de mieux s’adapter aux effets du climat. » [traduction libre] – Dan Mercredi.

M. Mercredi a souligné l’importance d’impliquer les jeunes dans les discussions sur la durabilité et la justice environnementale. Il a plaidé en faveur de la responsabilisation des jeunes dans la poursuite de la justice. Cela passe notamment par la création d’espaces pour que les jeunes puissent s’exprimer sur leur santé mentale. Il a fait remarquer que la santé mentale est étroitement liée à l’environnement. « Lorsque notre environnement est menacé ou que les ressources sont rares, il y a des répercussions sur la santé mentale des jeunes. » [traduction libre]

De nombreux jeunes ont du mal à trouver un emploi stable et un logement abordable. Les possibilités de main-d’œuvre durable sont limitées dans de nombreuses communautés. M. Mercredi a souligné que les possibilités économiques ne doivent pas se faire au détriment de la planète. Les jeunes ne devraient pas avoir à choisir entre l’emploi et la protection de l’environnement. Les stratégies qui donnent la priorité à la durabilité et à la justice peuvent créer des emplois respectueux de l’environnement pour les jeunes. Ces emplois contribuent au bien-être de la communauté et à un avenir plus sain.

Malgré les défis à relever, M. Mercredi décrit les habitants de Fort Chipewyan comme des personnes actives dans la défense de leurs droits et de l’environnement. La communauté entretient un lien étroit avec la terre. Nombreux sont ceux qui perpétuent les pratiques traditionnelles tout en adoptant un mode de vie moderne. Les événements culturels et les rassemblements contribuent à préserver le riche patrimoine de Fort Chipewyan. Ces traditions favorisent la fierté, la résilience et un profond sentiment d’identité.

« Tout le monde doit être impliqué dans la prise de décisions. Des ressources sont nécessaires pour étudier et assurer le suivi de la situation de l’eau. Des centres pour les jeunes sont nécessaires pour faciliter la mobilisation, promouvoir la revitalisation culturelle. Nous avons besoin de fonds de recherche et de capacités. Énergies renouvelables, éducation, sensibilisation, formation. Les solutions doivent être fondées sur les besoins des générations actuelles et futures. » [traduction libre] – Dan Mercredi

Avancement de la justice environnementale

La discussion de clôture du symposium a donné la parole aux jeunes leaders. Des jeunes travaillant dans le domaine de l’environnement ont partagé leur vision de la justice. Ils ont parlé de ce que signifie pour eux la promotion de la justice environnementale au Canada. Leurs voix ont souligné l’importance du leadership des jeunes et de leur expérience vécue.

Présentateurs

Résumé

Les experts ont abordé la justice environnementale d’un point de vue émotionnel, spirituel et personnel. Ils ont souligné l’importance de l’environnement naturel dans la vie des Canadiens racialisés. L’accès à la nature est façonné par des histoires, des contextes et des expériences vécues variés. Ces différences influent sur la manière dont les communautés comprennent et expriment le racisme environnemental. Les intervenants ont souligné la nécessité de travailler avec des communautés qui ne se sont peut-être pas encore organisées autour de la justice environnementale. La compréhension de leurs expériences uniques est essentielle pour une mobilisation et une action significative.

Les principales recommandations politiques des experts étaient les suivantes :

« Votre existence dans un système qui ne vous représente pas est un acte de résistance qui soutient votre peuple. » [traduction libre] – Vanessa Hartley

Les experts ont souligné l’importance de la collaboration entre les communautés pour faire progresser la justice environnementale. Quatre leaders environnementaux accomplis ont partagé leurs expériences en tant que personnes racialisées dans les espaces environnementaux. Ils ont parlé des possibilités et des responsabilités de représenter leurs communautés. Les jeunes leaders ont été encouragés à réfléchir à ce qu’ils apportent à ce travail. On leur a également rappelé de prendre le temps et l’espace dont ils ont besoin dans leur parcours. Ce message a souligné l’importance de l’attention, de la réflexion et de la communauté dans le leadership en matière de justice environnementale.

« Nous avons tous quelque chose à apporter, dans la mesure de nos moyens. Nous ne sommes pas tous sur terre pour effectuer les plus grands changements : certains d’entre nous sont plus aptes à mener des actions à plus petite échelle ou à différents niveaux. » [traduction libre] – Zola Mirenge

Communiquer sur la justice environnementale et le racisme

L’un des thèmes clés du symposium a été la nécessité d’une approche nuancée de la justice et du racisme environnementaux. Cette approche doit être accessible et adaptée aux diverses réalités des différentes communautés.

Les participants ont souligné que l’histoire et la culture d’une communauté façonnent la manière dont les questions environnementales sont comprises. Cela signifie que la communication doit être nuancée et adaptée à la culture. Une traduction efficace doit prendre en compte les symboles, les concepts, les valeurs et les termes qui résonnent dans chaque communauté. Afin de combler les lacunes en matière de communication, les communautés doivent prendre l’initiative de leurs propres efforts de communication et de traduction. Cette approche garantit que le travail sur la justice environnementale est ancré dans l’expérience vécue et les connaissances locales.

Les participants ont systématiquement souligné le rôle de l’éducation dans la mobilisation des communautés.

Ils ont souligné l’importance des exemples locaux et concrets. Les exemples plus généraux de racisme environnemental peuvent ne pas refléter le contexte spécifique d’une communauté. Il est également nécessaire de prendre en compte les différents types d’apprentissage, en particulier l’apprentissage technique. Une éducation sur mesure contribue à rendre la justice environnementale plus accessible et pertinente.

Lorsque l’on décrit des exemples de racisme environnemental, il est essentiel d’impliquer les personnes concernées. Elles doivent contribuer à définir la manière dont leurs expériences sont partagées et représentées. Un participant a indiqué que sa communauté préférait une approche équilibrée en matière d’imagerie. Il s’agissait notamment de montrer les impacts réels de la pollution industrielle en même temps que la beauté et la vitalité de sa région. Cette approche respecte à la fois les défis et les liens profonds qui unissent les communautés à leurs terres.

Collection de ressources

Les présentateurs ont partagé les ressources suivantes au cours du symposium.

Articles

Exposés

Initiative communautaire

Boîte à outils éducative pour les jeunes

Vidéo

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