Les 10 phénomènes météorologiques les plus marquants au Canada en 2024

Cette année marque la fin d'une époque pour la communauté météorologique canadienne, puisque David Phillips, notre climatologue principal, a pris sa retraite et est devenu émérite après une carrière extraordinaire de 56 ans. Depuis 1996, David Phillips compilait chaque année les dix phénomènes météorologiques les plus marquants de l'année. Bien qu'il ait quitté l'organisation, Environnement et Changement climatique Canada poursuivra la tradition de vous présenter chaque année les dix phénomènes météorologiques les plus marquants.

Les 10 phénomènes météorologiques les plus marquants au Canada sont sélectionnés collectivement par notre équipe du service météorologique. Les décisions sont fondées sur des critères tels que le niveau d'impact sur le Canada, y compris les répercussions humaines, la gravité, les coûts économiques, l'étendue de la zone touchée et la durée de l'événement en tant que sujet d'actualité au Canada et dans le monde.

Introduction

En 2024, le Canada a connu une année record en matière de coûts liés aux catastrophes météorologiques, marquée par des événements extrêmes qui ont affecté des millions de vies. Inondations, grêle destructrice, températures extrêmes et feux de forêt dévastateurs ont laissé une empreinte profonde sur les collectivités et les registres d'assurance. Selon Catastrophe Indices and Quantification Inc. (CatIQ), quatre événements survenus en juillet et en août ont à eux seuls engendré plus de 7,7 milliards de dollars en dommages assurés. Le bilan humain est tout aussi lourd : une vague de froid brutale en janvier a coûté la vie à des dizaines de sans-abri dans l'ouest du Canada, tandis que des inondations en Colombie-Britannique, au Québec et en Nouvelle-Écosse sont venues alourdir le nombre de décès de l'année.

Les phénomènes météorologiques extrêmes augmentent avec les changements climatiques

L'Alberta a connu quatre des phénomènes les plus marquants de cette année, dont une autre tempête de grêle destructrice à Calgary, qui a causé 2,8 milliards de dollars en pertes assurées. Il s'agit de l'événement météorologique le plus coûteux au Canada en 2024 et le deuxième plus coûteux dans l'histoire de notre pays. Si l'augmentation du coût de ces événements reflète en partie l'expansion de nos collectivités et l'augmentation de la valeur des propriétés, une cause plus profonde est à l'œuvre : les changements climatiques s'accélèrent bien au-delà des taux naturels, en raison de l'influence humaine. Les changements climatiques amplifient à la fois la fréquence et la gravité de certains types de phénomènes météorologiques extrêmes.

Les épisodes de chaleur extrême deviennent de plus en plus probables. Les résultats du système d'attribution rapide des phénomènes météorologiques extrêmes démontrent que la chaleur qui a frappé les Maritimes en juin, l'ouest du Canada en juillet et certaines parties de l'Arctique en août a été rendue beaucoup plus probable par l'influence humaine sur le climat. Dans le cas de l'Arctique canadien, les vagues de chaleur les plus fortes de cet été ont été multipliées par 10 au moins en raison des changements climatiques d'origine humaine.

Ces températures extrêmes ont également augmenté le risque de feux de forêt, en créant les conditions chaudes et sèches qui ont contribué à l'intensité des feux de forêt au Labrador, à Terre-Neuve et à Jasper, en Alberta, où les flammes ont détruit plus de 30 % de cette ville emblématique des Rocheuses.

Les précipitations extrêmes, comme les rivières atmosphériques qui ont frappé la Colombie-Britannique ou les graves inondations urbaines provoquées par les orages à Toronto et par les restes de tempêtes tropicales à Montréal cette année, sont de plus en plus probables. À mesure que l'atmosphère se réchauffe, ces tempêtes peuvent être alimentées par une plus grande quantité d'humidité, ce qui accroît le risque de fortes précipitations et d'inondations dévastatrices.

Ces changements frappent avec une intensité particulière l'Arctique canadien, qui se réchauffe environ trois fois plus vite que la moyenne mondiale, entraînant des répercussions importantes dans les communautés locales. En septembre 2024, la couverture de glace de l'Arctique canadien a atteint son deuxième niveau le plus bas jamais enregistré. À la fin du mois, la route nord du passage du Nord-Ouest a connu sa plus faible couverture de glace jamais enregistrée, devenant presque totalement libre de glace.

Les changements climatiques d'origine humaine entraînent une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes, dont les effets se font déjà sentir. Outre la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le Canada doit continuer à agir et à s'adapter pour rendre les collectivités plus résistantes à ces événements.

1. Des vagues de chaleur aux feux incontrôlés : l'enfer estival de Jasper

Le mois de juillet a été exceptionnellement chaud et sec pour le parc national de Jasper.

La pluie s'est faite rare et les températures ont régulièrement dépassé les 30 °C tout au long du mois. Les conditions de sécheresse se sont aggravées à mesure que les vastes étendues sauvages et les forêts de pins du parc ont cuit sous la chaleur incessante. Le 21 juillet, le mercure atteignait 38 °C, une température étouffante. L'indice de danger d'incendie est passé à extrême et les forêts sont devenues facilement inflammables.

De violents orages se sont formés dans la soirée du 22 juillet et de puissants éclairs sont apparus lorsque les orages ont traversé le parc. Le premier feu incontrôlé a été repéré en fin d'après-midi, à quelques kilomètres au nord-est de la ville de Jasper, suivi peu après par un second feu incontrôlé à plusieurs kilomètres au sud.

À 21 h 59, l'ensemble du parc national faisait l'objet d'un ordre d'évacuation, les feux incontrôlés se propageant rapidement et entraînant la fermeture des routes au sud et à l'est de Jasper. Près de 5 000 résidents et 20 000 visiteurs de la ville ont été forcés de fuir vers l'ouest en empruntant la route 16, la seule voie d'évacuation possible, en direction de la Colombie-Britannique. Un engorgement s'en est suivi, les cendres tombant sur les véhicules tandis que le ciel au sud prenait une inquiétante teinte orange.

Le lendemain, le 23 juillet, le feu sud a pris de l'ampleur, alimenté par des vents forts qui l'ont propulsé à travers de vastes forêts. L'on pouvait voir des colonnes de fumée teintée de cuivre s'élever au-dessus des Rocheuses.

Le 24 juillet, en fin d'après-midi, des rafales soudaines ont intensifié le feu sud, qui s'est rapidement dirigé vers la ville. Les équipes de lutte contre les feux se sont battues sans relâche pour le contenir, mais le comportement des flammes devenait de plus en plus erratique et extrême. Contraints de battre en retraite, les pompiers n'ont pu que constater qu'un mur de flammes inarrêtable pénétrait dans la périphérie sud de la ville peu avant 18 heures, projetant des boules de feu à des centaines de mètres au-dessus des arbres.

Le feu était si intense qu'il a généré son propre orage. Des éclairs ont été détectés à plusieurs kilomètres au nord-est du feu, où la fumée avait assombri le ciel au point que les lampadaires se sont allumés dans la ville de Hinton, à quelque 66 kilomètres de là. À 18 h 40, le feu a commencé à se propager dans la ville de Jasper. Une pluie de débris enflammés s'est abattue sur la ville, tandis qu'une fumée toxique envahissait l'air. Les pompiers ont travaillé sans relâche pour protéger les infrastructures essentielles et éteindre les nouveaux incendies dès leur apparition. Seuls les pompiers équipés d'appareils respiratoires spécialisés ont pu rester pour lutter contre le feu. Des images alarmantes de bâtiments emblématiques en train de brûler ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux, amenant de nombreuses personnes à s'interroger sur le sort de la ville.

Il est finalement tombé 12 millimètres de pluie le lendemain, mais c'était trop peu, trop tard. Tout ce qu'il restait des forêts situées au sud et à l'est de la ville la veille n'était qu'un paysage de dévastation, jonché de troncs calcinés et noircis. L'air était imprégné de l'odeur âcre de fumée, flottant au-dessus des structures réduites en cendres, dont seules les cheminées en briques étaient encore debout.

Le 25 juillet, les deux feux ont fusionné. Des traces de dégâts importants causés par le vent sont apparues plus tard près du camping de Wabasso, juste au sud de Jasper. Une bande de forêts matures a été rasée, de la ferraille s'est retrouvée enroulée autour des arbres et un conteneur maritime de 20 pieds pesant 6 700 livres a été projeté à plus de 100 mètres dans la rivière voisine. On présume qu'une colonne d'air en rotation intense générée par le feu lui-même est à l'origine de ces dégâts.

Le feu incontrôlé a détruit 358 des 1 113 structures de la ville, dont de nombreuses maisons, l'emblématique Maligne Lodge et une église presque centenaire. Les efforts incessants des équipes de pompiers ont sans aucun doute permis de sauver de nombreux autres bâtiments. Aucune infrastructure essentielle n'a été perdue, et l'évacuation rapide des habitants et des visiteurs de la ville a été considérée comme une réussite notable.

Le 3 août, un pompier a tragiquement perdu la vie alors qu'il luttait contre le feu.

Selon Catastrophe Indices and Quantification Inc (CatIQ), les pertes assurées résultant du feu ont atteint 880 millions de dollars, ce qui en fait le deuxième feu incontrôlé le plus coûteux de l'histoire du Canada. Il s'ajoute à une liste croissante des feux incontrôlés importants ayant touché les communautés de l'Alberta ces dernières années, dépassant le feu de Slave Lake de 2011, d'une valeur de 700 millions de dollars, et juste derrière le feu de Fort McMurray de 2016, dont les pertes s'élevaient à 4,5 milliards de dollars.

Lorsque les feux incontrôlés de Jasper ont finalement été déclarés maîtrisés le 7 septembre, ils avaient consumé 32 722 hectares de forêt dans le parc national de Jasper, soit une superficie plus grande que l'île de Malte. Jasper, l'un des trésors nationaux du Canada et le plus grand parc national des Rocheuses canadiennes, portera pendant des années les stigmates de ces feux incontrôlés, qui transformeront à jamais certaines parties de son paysage.

2. Le centre du Canada : le secteur le plus touché par la saison des ouragans

Au Canada, les effets des cyclones tropicaux se font habituellement sentir principalement dans les provinces de l'Atlantique. Cette année, c'est toutefois le centre du Canada a été le plus touché, les vestiges de deux cyclones tropicaux ayant provoqué d'importantes inondations dans plusieurs régions.

Beryl

Le 2 juillet, Beryl est devenu le tout premier ouragan de l'Atlantique à atteindre une intensité de catégorie 5 si tôt dans la saison, avec des vents soutenus atteignant jusqu'à 270 km/h, alors qu'il se déplaçait vers l'ouest dans la mer des Caraïbes près de Grenade. Le 8 juillet, le système s'était affaibli pour devenir un ouragan de catégorie 1 au moment de toucher terre le long de la côte du golfe du Texas, avec des vents soutenus maximums de près de 130 km/h. Après s'être déplacé vers l'intérieur des terres, Beryl est devenu un système dépressionnaire post-tropical, déclenchant des inondations et plusieurs tornades alors qu'il traversait rapidement les États-Unis vers le nord.

Bien qu'elle ait perdu ses caractéristiques de cyclone tropical, la tempête a conservé une forte teneur en humidité. Le 10 juillet, Beryl a atteint le sud du Québec, occasionnant des orages et des pluies torrentielles dans le Grand Montréal. Entre 50 et 100 millimètres de pluie sont tombés en l'espace de quelques heures, provoquant des crues soudaines généralisées dans toute la région.

Les eaux de crue boueuses ont inondé plusieurs routes à Montréal, y compris l'autoroute Décarie, où des automobilistes sont restés coincés dans leur véhicule. Partout dans la ville, des égouts ont refoulé, des sous-sols se sont remplis d'eau et de nombreuses entreprises ont été inondées. Les travailleurs d'un entrepôt ont même été forcés de nager pour parvenir à atteindre un endroit plus sec. Jusqu'à 12 000 clients ont été privés d'électricité dans l'après-midi du 10 juillet, principalement dans les régions de Montréal et de la Montérégie.

Les vestiges de Beryl se sont déplacés dans les Maritimes le 11 juillet, déclenchant un déluge dans certaines parties de la Nouvelle-Écosse. La région de la vallée de l'Annapolis a été la plus durement touchée, avec jusqu'à 130 millimètres de pluie tombés en quelques heures, causants des dommages aux routes et à un pont. Tragiquement, un garçon de Wolfville a perdu la vie après avoir été entraîné dans un fossé rempli d'eau.

Près d'un mois plus tard, les vestiges de la tempête tropicale Debby ont entraîné une nouvelle série d'inondations destructrices.

Debby

Debby a d'abord touché terre sous forme d'ouragan dans le nord-ouest de la Floride avant de poursuivre sa trajectoire dans le sud-est des États-Unis pour toucher terre une deuxième fois en Caroline du Sud. Après s'être déplacée vers l'intérieur des terres, Debby est devenue un système dépressionnaire post-tropical, générant des pluies torrentielles, des vents destructeurs et des tornades alors que la tempête se déplaçait vers le nord à travers l'est des États-Unis. Le 9 août, le système est arrivé dans le centre du Canada.

En début de matinée, de fortes averses ont commencé à tomber par intermittence sur l'est de l'Ontario et le sud du Québec pendant toute la journée. Il est tombé entre 80 et 120 millimètres de pluie dans la région de la capitale nationale, créant des torrents d'eau qui ont endommagé les routes, allant jusqu'à les emporter complètement. Les régions situées juste à l'ouest d'Ottawa ont été particulièrement touchées, avec des centaines de sous-sols inondés à Carleton Ouest. À Akwesasne, juste au sud de Cornwall, la tribu Mohawk de Saint Regis a également signalé des routes et des sous-sols inondés.

Dans le sud du Québec, des pluies diluviennes ont provoqué des perturbations majeures. En 24 heures, entre 100 et 200 millimètres de pluie sont tombés le long et au nord de la vallée du Saint-Laurent. Les répercussions ont été importantes, touchant des régions allant de l'Outaouais à l'Estrie, en passant par le Grand Montréal, les Laurentides, la Lanaudière, la Mauricie, la Montérégie et le Centre-du-Québec.

Le 9 août, il est tombé 154 millimètres de pluie à l'aéroport international de Montréal, établissant un nouveau record de précipitations quotidiennes. Des automobilistes ont été bloqués sur des routes inondées dans certaines parties de la ville, et certains ont dû être secourus par bateau. La plus forte accumulation de pluie de la journée a été enregistrée dans la municipalité de Lanoraie, à environ une heure de route au nord-est de Montréal, avec 221 millimètres.

Plus de 1 000 maisons ont été inondées dans le sud du Québec. Les pluies torrentielles ont provoqué des affaissements et des glissements de terrain, tandis que des crues soudaines ont endommagé 170 routes. En Mauricie, un homme a tragiquement perdu la vie lors de l'effondrement d'une chaussée qui l'a précipité dans la rivière Batiscan. Lorsque la tempête s'est éloignée, des rafales atteignant 95 km/h ont balayé la région, privant 550 000 clients d'électricité.

Inondations provoquées par Debby : la catastrophe la plus coûteuse de l'histoire du Québec

La saison des ouragans de 2024 dans l'Atlantique a commencé lentement, mais a fini par être modérément supérieure à la moyenne. Bien qu'aucun cyclone tropical n'ait directement touché le Canada, les vestiges saturés d'eau de Beryl et Debby nous ont rappelé que ces tempêtes peuvent avoir des répercussions considérables longtemps après avoir perdu leurs caractéristiques tropicales.

Les inondations du 9 au 10 août dans le sud du Québec sont devenues la catastrophe météorologique la plus coûteuse de la province, avec des dommages assurés estimés à 2,5 milliards de dollars, selon Catastrophe Indices and Quantification Inc. (CatIQ). Ce chiffre dépasse le coût de la tempête de verglas de 1998, qui a causé environ 2,4 milliards de dollars de dégâts en dollars d'aujourd'hui.

3. Un mois de janvier glacial s'abat sur l'Ouest canadien

Ce qui se passe dans l'Arctique ne reste pas toujours dans l'Arctique.

Chaque hiver, les masses d'air qui s'installent au-dessus des étendues sombres et gelées du Nord deviennent glaciales. Parfois, le changement dans la configuration des vents atmosphériques peut entraîner le déplacement de ces masses d'air plus au sud, causant ainsi d'importantes complications dans les zones plus densément peuplées.

À la mi-janvier, une masse d'air arctique particulièrement glaciale a glissé vers le sud pour gagner l'Ouest canadien, provoquant une inversion des températures du nord au sud. Certaines régions de l'Arctique canadien ont connu une chaleur inhabituelle et des pluies hivernales, avec des températures supérieures au point de congélation, occasionnant des accumulations d'eau sur la neige et la glace dans l'est du Nunavut. Pendant ce temps, certaines parties de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et de la Saskatchewan ont subi un refroidissement arctique qui n'avait pas été ressenti depuis des décennies.

Les températures ont chuté jusqu'à moins 40 degrés dans certaines parties des trois provinces les plus à l'ouest du Canada, le refroidissement éolien le plus froid chutant sous la barre des moins 50. Entre le 11 et le 15 janvier, plus de 60 records quotidiens de température minimale ont été fracassés en Colombie-Britannique. L'Alberta a enregistré environ 125 records quotidiens de température minimale, dont huit records de froid de tous les temps établis entre le 10 et le 17 janvier. En Saskatchewan, près de 25 records quotidiens de température minimale et un record de froid de tous les temps ont été battus.

La température la plus froide en Colombie-Britannique a été enregistrée dans la région de Cariboo, à Puntzi Mountain, où un nouveau record quotidien de -48,4 °C a été établi. Les températures ont également atteint un minimum de près de -48 °C à plusieurs stations météorologiques du centre et du nord de l'Alberta, la température la plus basse en Saskatchewan chutant à -46 °C à l'aéroport de Leader.

La chaîne côtière de la Colombie-Britannique a agi comme un bouclier, empêchant la masse d'air glacial qui s'était déplacée vers le sud de pénétrer jusqu'aux côtes du Pacifique et limitant ainsi les températures les plus extrêmes. L'air dense et glacial a toutefois fini par franchir la chaîne de montagnes par des brèches telles que la vallée du bas Fraser et la baie Howe, apportant des vents arctiques avec des rafales de 60 à 80 km/h jusqu'à la côte. Le refroidissement éolien glacial a même atteint le front de mer bordé de palmiers de Vancouver, où les zones exposées de la région de la côte sud ont enregistré des refroidissements éoliens atteignant jusqu'à moins 30.

Les répercussions ont été importantes et généralisées. Plus de 500 vols ont été annulés dans l'ouest du Canada pendant la vague de froid, car les équipements aéroportuaires et le liquide dégivrant ont cessé de fonctionner et les compagnies aériennes ont limité la durée pendant laquelle les équipes au sol pouvaient travailler à l'extérieur. En Alberta, les automobilistes ayant besoin d'une assistance routière ont été confrontés à des temps d'attente de plus de 96 heures pour des recharges de batterie et des services de remorquage. Entre le 9 et le 17 janvier, l'Alberta Motor Association a reçu plus de 49 000 appels d'assistance – l'une des périodes les plus occupées de son histoire presque centenaire.

De nombreuses stations de ski de l'ouest du Canada ont fermé leurs portes, car le froid extrême augmentait les risques d'hypothermie et d'engelures. Dans la région de Calgary, plusieurs écoles ont annulé les cours et les services d'autobus scolaires le 12 janvier, et dans la Nation Siksika, l'état d'urgence local a été décrété lorsqu'une panne du service de gaz a empêché les résidents de plus de 50 maisons d'utiliser leurs fournaises.

Le froid n'a pas épargné les arbres fruitiers et les vignobles de la vallée de l'Okanagan, en Colombie-Britannique, une région connue localement comme le « panier de fruits » de l'ouest du Canada. À Kelowna, les températures ont chuté à -30 °C le matin du 13 janvier, tandis que Penticton a atteint un record de température minimale de tous les temps, à savoir -27,6 °C. Après un début d'hiver chaud, des bourgeons sont apparus sur les arbres au début du mois de janvier, mais ils ont gelé dans le froid extrême au milieu du mois. Cette situation a entraîné des pertes dévastatrices pour les cultures de fruits à noyau de l'année, notamment les pêches, les abricots et les prunes. Les récoltes de raisins et de cerises ont également été fortement touchées, entraînant des pertes de revenus de plusieurs centaines de millions de dollars pour les industries vinicoles et fruitières. Les agriculteurs ont été contraints de planter d'autres types de cultures pour l'année.

Des conduites d'eau éclatées et des appareils de chauffage brisés ont causé des problèmes dans des bâtiments et des hôpitaux de l'ouest du Canada. En Colombie-Britannique, l'hôpital Mission Memorial a fermé son service d'urgence à la suite d'un bris de tuyau qui a provoqué des inondations, et la température dans la salle d'attente de l'hôpital Royal Inland de Kamloops est descendue à -6 °C à la suite du bris d'un appareil de chauffage. En Alberta, l'hôpital Royal Alexandria d'Edmonton a été contraint de transférer des patients vers d'autres hôpitaux après que son service d'urgence et sa salle d'attente aient perdu le chauffage. À Saskatoon, le bris du système de gicleurs a provoqué l'inondation de l'entrée principale et du sous-sol de l'hôpital St. Paul's et à Regina, l'hôtel de ville a également dû être fermé en raison d'un bris de tuyau.

Les températures glaciales ont mis à rude épreuve le réseau électrique de l'Ouest canadien. Dans la soirée du 11 janvier, l'Alberta a établi son record provincial de demande en électricité de tous les temps, et dans la soirée du 12 janvier, la Colombie-Britannique connaissait la même situation. Le 13 janvier, une alerte d'urgence a été émise en Alberta, invitant les résidents à réduire leur consommation d'électricité afin d'éviter les pannes de courant par rotation. Il s'agissait de la première alerte d'urgence de ce type dans la province, qui a incité les Albertains à agir immédiatement. Le froid a également eu des répercussions importantes sur les personnes sans abri dans l'ensemble de l'ouest du Canada. La Colombie-Britannique a attribué 36 décès au froid au cours des deux premières semaines de janvier, et les salles d'urgence de l'Alberta se sont remplies de patients souffrant de maladies liées au froid tout au long de la vague de froid.

Selon Catastrophe Indices and Quantification Inc. (CatIQ), l'épisode de froid extrême qui a duré plusieurs jours a occasionné des pertes assurées d'environ 180 millions de dollars en Colombie-Britannique, en Alberta et en Saskatchewan, principalement en raison des dégâts d'eau causés par le gel et le bris de tuyaux. Alors que 70 % des demandes d'indemnisation concernaient des dommages aux biens personnels, les répercussions de l'épisode se sont étendues à de nombreux secteurs, allant des problèmes d'infrastructure et des pertes agricoles aux pressions importantes exercées sur les services d'urgence et de soins de santé. Cet événement a mis en lumière la résilience des habitants de l'Ouest canadien et a souligné les répercussions considérables des systèmes météorologiques arctiques, nous rappelant que ce qui se passe dans l'Arctique n'y reste pas toujours.

4. Des rivières atmosphériques portent un double coup à la Colombie-Britannique

Les tempêtes qui traversent les latitudes moyennes de la Terre transportent la chaleur et l'humidité des régions tropicales vers les pôles. Certaines de ces tempêtes créent de longs et étroits flux d'air humide qui parcourent des milliers de kilomètres, semblables à de grandes rivières dans le ciel. Connus sous le nom de rivières atmosphériques, ces courants peuvent produire des précipitations abondantes, en particulier lorsqu'ils sont poussés vers le haut des pentes des montagnes.

Chaque année, environ 30 à 40 rivières atmosphériques gagnent la côte de la Colombie-Britannique, apportant généralement des précipitations bénéfiques qui reconstituent le manteau neigeux des montagnes et alimentent les réservoirs eau. Toutefois, lorsqu'elles sont intenses, prolongées ou qu'elles se succèdent, leurs effets peuvent s'avérer plus dangereux que bénéfiques et déclencher des inondations.

En 2024, les rivières atmosphériques ont provoqué de dangereuses inondations, des glissements de terrain meurtriers et des emportements de routes dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique en janvier et en octobre.

Du 26 janvier au 1er février

Vers la fin du mois de janvier, une série de tempêtes du Pacifique a occasionné des  pluies abondantes sur le sud-ouest de la Colombie-Britannique, alimentées par plusieurs rivières atmosphériques. Les épisodes successifs de pluie ont saturé le sol, provoquant l'écoulement rapide de l'eau lors des précipitations suivantes et provoquant des inondations. Entre le 26 janvier et le 1er février, plus de 200 millimètres de pluie sont tombés en secteurs montagneux dans certaines parties de la côte sud de la Colombie-Britannique.

Les rivières atmosphériques, comme celles de la fin janvier, puisent leur l'humidité dans les eaux du Pacifique à proximité des îles hawaïennes. Ces événements produisent de fortes précipitations et occasionnent des températures élevées, accompagnées de limites pluie-neige s'élevant au-dessus des sommets. Cela signifie que les précipitations tombent sous forme de pluie plutôt que de neige, entraînant une fonte et un ruissellement rapides et faisant gonfler les cours d'eau en aval.

Le 30 janvier, le village de Pemberton, situé à 150 kilomètres au nord de Vancouver, a déclaré l'état d'urgence local lorsque des inondations ont entraîné l'évacuation de plusieurs propriétés. Les fortes pluies ont déclenché des avis d'inondation pour les rivières Squamish, Sumas et Lillooet. Un tronçon de la route 1 traversant le canyon escarpé du Fraser, au nord de Lytton, a été fermé en raison d'inondations et de débris sur la chaussée. Dans certaines parties de la vallée du Fraser, près d'Abbotsford, les terres agricoles ont été recouvertes d'eau.

La pluie forte et les températures élevées ont mis à nu l'herbe et la terre sur les pistes de ski des montagnes du North Shore, faisant fondre le manteau neigeux et entraînant la fermeture des trois stations de ski de la région métropolitaine de Vancouver. Dans les montagnes de la Colombie-Britannique et de l'Alberta, le temps chaud et pluvieux a considérablement augmenté le risque d'avalanche.

Au cours de la dernière semaine de janvier, la masse d'air exceptionnellement douce du Pacifique a permis de fracasser plus de 100 records quotidiens de température maximale en Colombie-Britannique. En se dirigeant vers l'est pour atteindre les Prairies, cette masse d'air s'est réchauffée et asséchée, provoquant une fonte rapide de la neige et des températures record de 10 à 20 °C, voire plus, au-dessus des normales saisonnières.

Du 18 au 20 octobre

Au cours de la fin de semaine du 18 au 20 octobre, une rivière atmosphérique s'est abattue sur le sud-ouest de la Colombie-Britannique, causant la mort tragique de cinq personnes sur son passage. La tempête a occasionné des vents violents qui ont perturbé les services de traversier et fait tomber des lignes électriques dans l'ensemble de la région. Le sud de l'île de Vancouver et les zones densément peuplées du Lower Mainland ont été les plus durement touchés, avec des vents violents et des pluies diluviennes entraînant des fermetures temporaires de bureaux de vote des élections provinciales du 19 octobre.

Des records de précipitations quotidiennes ont été battus dans toute la région, avec de nombreuses stations météorologiques de la région métropolitaine de Vancouver enregistrant plus de 100 millimètres de pluie durant la seule journée du dimanche 20 octobre. À la fin de la fin de semaine, West Vancouver avait reçu 203 millimètres, tandis que Coquitlam avait enregistré une quantité impressionnante de 256 millimètres. Mais c'est le lac Kennedy, sur l'île de Vancouver, qui a enregistré le total le plus élevé sur plusieurs jours, soit 318 millimètres de pluie.

Des torrents d'eau boueuse se sont déversés en cascade sur les routes des collectivités situées près des montagnes du North Shore, où de nombreuses maisons et sous-sols ont été inondés. Dans les parties est de la région métropolitaine, l'eau des robinets s'est troublée après que les réservoirs en amont se soient remplis des eaux de ruissellement boueuses des montagnes. Les terres agricoles près d'Abbotsford et dans certaines parties de la vallée du Fraser ont à nouveau subi des inondations de champs et de bâtiments.

Une tragédie est survenue à Coquitlam, où deux personnes ont perdu la vie. Le 19 octobre, une enseignante de la région est décédée lorsqu'une coulée de boue a emporté sa maison, et le 20 octobre, un homme est mort après être tombé dans la rivière Coquitlam alors qu'il promenait son chien. Sur l'île de Vancouver, deux autres personnes sont décédées dans des incidents distincts alors qu'elles conduisaient sur une route inondée à proximité de la rivière Sarita, près de Bamfield. En plus de ces pertes tragiques, un randonneur est également décédé le long d'un sentier sur le mont Grouse.

Si ces rivières atmosphériques ont provoqué des inondations destructrices et des pertes tragiques en vies humaines, elles ont également mis en évidence la nature complexe de ces systèmes météorologiques du climat de la Colombie-Britannique. Les mêmes pluies intenses qui ont causé des dommages considérables ont contribué à atténuer les conditions de sécheresse sévère sur la côte, le centre et le sud de la province, démontrant ainsi que ces phénomènes météorologiques puissants peuvent être à la fois destructeurs et vitaux pour le cycle de l'eau de la région.

À partir de 2025, Environnement et Changement climatique Canada pourra également utiliser son Système d'attribution rapide des phénomènes météorologiques extrêmes pour analyser le lien entre le changement climatique d'origine humaine et les probabilités de subir des épisodes de précipitations extrêmes.

5. Des grêlons causant des milliards de dollars de dommages : la catastrophe météo la plus coûteuse de Calgary

Les habitants du « couloir des tempêtes de grêle » de l'Alberta ne sont pas étrangers aux orages destructeurs, la ville de Calgary étant largement reconnue comme étant la capitale de la grêle au Canada. Moins de cinq ans après le dernier événement météorologique ayant coûté des milliards de dollars à la ville, une nouvelle tempête de grêle a causé des dommages encore plus importants au début du mois d'août.

Dans la soirée du 5 août, deux orages violents ont éclaté le long des contreforts du sud de l'Alberta et se sont déplacés vers le sud-est en direction de Calgary. La tempête du sud a déversé des grêlons de la taille d'une balle de baseball en traversant les terres rurales au sud-est de la ville, tandis que la tempête du nord a frappé de plein fouet des milliers de maisons et de véhicules dans la banlieue nord de Calgary.

La tempête de grêle du 13 juin 2020, déjà considérée comme l'une des pires jamais enregistrée, semblait insurpassable. Pourtant, en août, les habitants du nord-est de Calgary ont été frappés par une nouvelle tempête. Des grêlons, parfois gros comme un œuf, propulsés par des vents violents, ont causé des dégâts massifs. Des nuages sombres et menaçants ont déversé un effrayant un torrent de glace, perforant les parements en vinyle et endommageant des toits. Des vidéos ont montré des grêlons traversant des fenêtres et atterrissant dans des salons. Les voitures garées à l'extérieur semblaient avoir été frappées à grands coups de marteau, avec des vitres brisées et des pare-brise fracassés.

La tempête a ensuite déferlé sur l'aéroport international de Calgary, où un torrent d'eau de pluie s'est infiltré par le toit d'un terminal, provoquant une impressionnante cascade d'eau glacée. De nombreux vols ont été annulés et dix pour cent de la flotte d'une compagnie aérienne a été clouée au sol pendant plusieurs semaines en raison des graves dommages subis. Ailleurs, les pluies torrentielles occasionnées par la tempête ont provoqué des inondations par endroits, et la grêle tombée en abondance a refroidi l'air tout en peignant le paysage d'une blancheur hivernale. Près d'une maison sur cinq à Calgary a été touchée par la tempête, ce qui a donné lieu à près de 130 000 demandes d'indemnisation. Plus de la moitié de ces demandes d'indemnisation concernaient des véhicules, dont un grand nombre ont été déclarés perte totale.

Après avoir traversé Calgary, la tempête s'est déplacée vers le sud-est, ravageant les cultures sur son passage. Surnommée par les agriculteurs des Prairies « la grande moissonneuse-batteuse blanche »,  elle a causé des dégâts si importants que les cicatrices laissées sur les terres étaient visibles depuis l'espace.

Au total, la tempête a occasionné près de 2,8 milliards de dollars en dommages, selon les estimations de Catastrophe Indices and Quantification Inc. (CatIQ). Il s'agit de la tempête de grêle la plus coûteuse de l'histoire du Canada et de la deuxième catastrophe météorologique la plus coûteuse dans l'ensemble. Cette tempête s'inscrit dans une tendance de plus en plus marquée par des chutes de grêle destructrices en Alberta, où les pertes assurées ont dépassé 5,5 milliards de dollars au cours des cinq dernières années seulement.

Avec l'expansion continue de villes comme Calgary, d'anciennes zones rurales se transforment en zones urbaines, exposant un plus grand nombre de personnes aux impacts des phénomènes météorologiques violents, notamment les tempêtes de grêle destructrices. Cette urbanisation accrue a fait grimper les coûts d'assurances pour les Albertains vivant dans le couloir des tempêtes de grêle, alimentant les appels à trouver des solutions pour aider les résidents à minimiser les dommages matériels.

6. L'été des inondations dans le sud de l'Ontario

L'été a été marqué par de fortes pluies dans le sud de l'Ontario, provoquant d'importantes inondations dans plusieurs régions. Deux événements se sont particulièrement distingués, entraînant à chaque fois des perturbations importantes dans la région du Grand Toronto.

Du 15 au 16 juillet

Entre le 15 et le 16 juillet, de nombreux orages ont traversé le sud de l'Ontario. Tôt dans la matinée du 15, la première zone orageuse a pénétrée dans le sud-ouest de l'Ontario en provenance de l'État du Michigan. Plusieurs autres tempêtes se sont déplacées vers l'est sur la région du Golden Horseshoe au cours de l'après-midi. En moins de quatre heures, de 50 à 60 millimètres de pluie ont arrosé la région de London, inondant les routes et les sous-sols et fermant un tronçon de l'autoroute 402 à l'ouest de la ville. Plus à l'est, plus de 60 millimètres de pluie sont tombés en six heures dans les régions de Hamilton et de Burlington, inondant des maisons, des rues et des entreprises. Dans le centre-ville de Toronto, 25 millimètres de pluie sont tombés en moins d'une heure, inondant deux stations de métro ainsi que des parties du boulevard Lakeshore. Et ce n'était encore pas fini.

Le matin du 16 juillet, des tempêtes se sont de nouveau alignées sur le sud de l'Ontario, mais cette fois-ci, elles visaient carrément la région du Grand Toronto. Le sol était déjà saturé par les pluies diluviennes précédentes. Lorsque les tempêtes ont commencé, l'eau n'avait nulle part où aller.

La plupart des précipitations sont tombées en l'espace de quelques heures, provoquant des inondations soudaines et généralisées. Les pluies les plus fortes sont tombées sur certaines parties de Mississauga et de Toronto, avec 97,8 millimètres dans le pluviomètre de l'aéroport international Pearson. Le centre-ville de Toronto a enregistré 83,6 millimètres de pluie, et 87 millimètres de pluie sont tombés à l'aéroport Billy Bishop, situé le long du secteur riverain de Toronto.

De nombreuses autoroutes dont la 401, la 410, la 404, la 400 et la 427 ont été inondées. Dans le centre-ville de Toronto, des sections du boulevard Lakeshore et de l'autoroute Gardiner étaient également sous l'eau. Les appels aux services d'urgence ont afflué, les gens étant bloqués sur des routes inondées et coincés dans des ascenseurs. La police, les pompiers et les services médicaux d'urgence, ainsi que le service de gestion des urgences de Toronto, ont coordonné une intervention impressionnante.

La Don Valley Parkway, une grande route nord-sud qui serpente le long de la vallée de la rivière Don et jusqu'au centre-ville, est particulièrement sujette aux inondations lors de fortes pluies. Le 16 juillet, des dizaines de véhicules se sont retrouvés bloqués lorsque de l'eau a recouvert certains tronçons de la route, nécessitant 12 sauvetages.

Les usagers du métro du centre-ville ont été plongés dans un véritable chaos. Les inondations ont transformé les escaliers de la gare Union en cascades et les stations de métro voisines ont été fermées lorsque l'eau a infiltré le réseau de transport souterrain de Toronto. Au même moment, une importante panne d'électricité privait près de 300 000 clients d'électricité pendant plusieurs heures.

À Mississauga, le service d'incendie a effectué de nombreux sauvetages sur des routes inondées et plus de 100 résidents d'une maison d'hébergement ont dû être relogés. Dans la région de Kitchener-Waterloo-Cambridge, les appels liés aux inondations se sont multipliés, car les routes, les sentiers et les parcs étaient inondés. Dans la ville de Kitchener, un tronçon de voie ferrée est resté suspendu dans les airs après que le sol sous lequel il se trouvait ait été emporté par un torrent d'eau.

Lorsque la pluie a cessé, les inondations des 15 et 16 juillet avaient causé plus de 940 millions de dollars de dommages assurés dans le sud de l'Ontario, selon Catastrophe Indices and Quantification Inc. (CatIQ).

Les 17 et 18 août

Quelques semaines plus tard, entre le 17 et le 18 août, un système dépressionnaire se déplaçant lentement a provoqué une nouvelle série d'inondations graves dans la région.

Les problèmes ont commencé le matin du 17 août, lorsqu'un orage a produit une tornade qui a causé des dommages justes au sud de Kitchener, dans la ville d'Ayr. La tornade, classée EF2 sur l'échelle de Fujita améliorée avec des vents de plus de 180 km/h, a fait tomber des arbres, endommagé des bâtiments et projeté des véhicules le long de sa trajectoire de sept kilomètres.

Des orages accompagnés de pluies torrentielles se sont ensuite abattus sur Mississauga et certaines parties de Toronto. Une fois de plus, des routes et des sous-sols ont été inondés et de nombreuses personnes ont dû être sauvées de véhicules bloqués et d'ascenseurs coincés. À Mississauga, une personne a été secourue après s'être accrochée à un lampadaire dans une intersection inondée. Des tronçons de grands axes routiers ont été inondés, notamment les autoroutes 401, 403 et 410.

L'aéroport international Pearson de Toronto a reçu une quantité record de 128,3 millimètres de pluie en une seule journée, où les vols ont été temporairement cloués au sol, entraînant d'importants retards. Pendant ce temps, l'aéroport Billy Bishop, situé à moins de 20 kilomètres, est resté sec, soulignant le caractère souvent isolé des orages.

À Mississauga, les choses ont empiré lorsque de nouvelles pluies torrentielles se sont abattues sur la ville dans l'après-midi du 18, provoquant une nouvelle série d'inondations. Certains automobilistes ont été pris au piège sur l'autoroute 410, où un service d'incendie local a déployé un petit bateau pour libérer les occupants de plusieurs véhicules bloqués.

Les inondations des 17 et 18 août dans la région du Grand Toronto et les régions avoisinantes ont causé plus de 100 millions de dollars de pertes assurées, selon Catastrophe Indices and Quantification Inc. (CatIQ). Le coût combiné des dommages causés par les inondations dans la région s'élève donc à plus d'un milliard de dollars pour l'année, ce qui en fait le deuxième été le plus coûteux de l'histoire de l'Ontario sur le plan des dommages liés aux conditions météorologiques, après les inondations de Toronto en 2013.

7. Les collectivités de l'Arctique confrontées à une vague de chaleur inhabituelle

Il est rare que des températures supérieures à 30 °C atteignent les côtes de l'océan Arctique, mais c'est exactement ce qui s'est passé lorsqu'une vague de chaleur de plusieurs jours s'est propagée dans plusieurs régions du nord du Canada.

Au cours de la première semaine d'août, une crête en altitudes'est installée au-dessus du nord-ouest du Canada, provoquant un affaissement de l'air, un ciel dégagé et une hausse des températures. Alors que la crête atteignait son point culminant, les températures ont grimpé bien au-dessus des 30 °C dans une grande partie des Territoires du Nord-Ouest, les valeurs les plus élevées ayant été relevées entre le 6 et le 10 août.

La ville d'Inuvik se trouve à plus de 200 kilomètres au nord du cercle polaire arctique, là où la taïga située la plus au nord du Canada rencontre le delta du fleuve Mackenzie. Les 6, 7 et 8 août, les températures ont dépassé les 30 °C, soit plus de 10 °C de plus que la normale pour cette période de l'année. Les températures records ont obligé les habitants de la troisième ville des Territoires du Nord-Ouest à trouver des moyens créatifs pour rester au frais.

Pour permettre aux gens de se soulager de la chaleur, le service d'incendie d'Inuvik a créé un parc aquatique improvisé pour les enfants en pulvérisant de l'eau dans l'air. Pour la première fois, un abri de refroidissement d'urgence a été installé au centre de curling de la ville. Le 7 août, la ville a enregistré sa température la plus élevée de tous les temps, soit 34,8 °C. La canicule a offert peu de répit, même la nuit, car les longues heures de clarté empêchaient les bâtiments de se refroidir. Quelques heures après l'établissement du record de température, le mercure atteignait encore de 27 °C à minuit

D'autres villes situées au nord du cercle arctique ont également connu une chaleur record. Le 7 août, la température a atteint 33,1 °C à Aklavik, et le 8 août, un nouveau record de température maximale a été enregistré à Fort McPherson pour la troisième journée consécutive, avec 35,1°C. Sur les rives sud de l'océan Arctique, la communauté inuvialuite de Paulatuk a connu une température record de 31,0 °C le 8 août. En l'absence de systèmes de refroidissement dans les bâtiments publics, de nombreux habitants se rafraîchissaient en nageant dans les lacs avoisinants.

Un peu plus au sud, Tulita a atteint une température maximale de 34,6 °C le 8 août, tandis que Fort Good Hope a enregistré des records historiques de température maximale pendant trois jours consécutifs, du 7 au 9 août, la température atteignant un étouffant 37,0 °C le 9.

La crête en altitude s'est progressivement déplacée vers le sud-est, entraînant avec elle la chaleur inhabituelle de l'Arctique. À partir du 6 août, les températures maximales ont grimpé de 10 à 15 °C au-dessus de la normale dans les parties sud de la Région désignée des Inuvialuit, s'étendant vers l'est dans les régions de Kitikmeot et de Kivalliq au Nunavut, avant de s'atténuer après le 14 août.

La chaleur extrême a augmenté le risque d'incendie dans les Territoires du Nord-Ouest, qui ont connu une nouvelle saison active de feux de forêt au cours d'une année plus chaude et beaucoup plus sèche que la moyenne. Sur les 5,3 millions d'hectares de forêts qui ont brûlé au Canada en 2024, près d'un tiers a brûlé dans les Territoires du Nord-Ouest seulement, soit environ 1,7 million d'hectares.

8. Coup de fouet hivernal au Cap-Breton

Les Cap-Bretonnais ne sont pas étrangers aux tempêtes hivernales, mais la chute de neige historique de plusieurs jours au début du mois de février était différente.

Les problèmes ont commencé lorsqu'un système dépressionnaire s'est immobilisé au large de la côte de la Nouvelle-Écosse du 2 au 5 février. Les systèmes de tempêtes hivernales se déplacent généralement avec des vents plus forts en altitude, mais les vents en altitude autour de cette tempête étaient particulièrement faibles, ce qui lui a permis de rester immobilisée au même endroit. Puisant dans une réserve constante d'humidité, la tempête a occasionné de fortes chutes de neige et des vents du nord soufflant en rafales sur le Canada atlantique pendant une longue période.

À Sydney, en Nouvelle-Écosse, la neige n'a pas cessé de tomber. Et de tomber encore. Entre le vendredi 2 février et le lundi 5 février, plus de 100 centimètres de neige ont été enregistrés dans le centre-ville de Sydney, et 97,1 centimètres à l'aéroport.

Dans certaines régions du Cap-Breton, des vents forts ont empilé la neige en amas massifs de plusieurs mètres d'épaisseur. Des images incroyables ont circulé en ligne, montrant des rues de la ville ensevelies sous la neige, certains habitants étant contraints de sortir de chez eux par un tunnel, la neige s'étant accumulée contre les portes d'entrée. Au rez-de-chaussée d'un appartement, la pression de la neige sur les fenêtres a été si forte qu'elles se sont brisées. De nombreux automobilistes sont restés coincés, les véhicules abandonnés disparaissant rapidement sous la neige abondante.

Le dimanche 4 février, la municipalité régionale du Cap-Breton a déclaré l'état d'urgence local, demandant aux habitants de s'abriter sur place et de ne pas circuler sur les routes. De l'aide a été apportée des provinces voisines pour déblayer les routes encombrées par la neige, certains chasse-neige s'étant même retrouvés bloqués en cours de route.

Les effets de la tempête ne se sont pas limités au Cap-Breton; de fortes chutes de neige ont recouvert une grande partie du centre et de l'est de la Nouvelle-Écosse, ainsi que l'est de l'Île-du-Prince-Édouard, avec des accumulations de 40 à 65 centimètres de neige dans la majeure partie de la région. Les vents ont été les plus forts près des zones côtières, avec des rafales atteignant de 70 à 80 km/h. Les vents forts ont réduit la visibilité à zéro, perturbé les déplacements en traversier de Marine Atlantique et contribué à des pannes d'électricité touchant environ 9000 clients, principalement en Nouvelle-Écosse.

De nombreux services, entreprises et écoles ont fermé leurs portes en Nouvelle-Écosse et sur l'Île-du-Prince-Édouard le lundi. Le service postal a été suspendu pour la journée et 70 vols ont été annulés à l'aéroport international Stanfield de Halifax, qui a reçu plus de 80 centimètres de neige au cours de la fin de semaine. Halifax a enregistré son mois de février le plus enneigé de tous les temps, et Sydney son troisième mois de février le plus enneigé, au cours d'un hiver actif marqué par de fréquents systèmes de tempête dans l'est des Maritimes.

Cette tempête hivernale est la pire à avoir frappé cette partie des Maritimes depuis « White Juan », une puissante tempête hivernale qui, en février 2004, a eu des répercussions importantes dans la région cinq mois après que l'ouragan Juan ait touché terre près de Halifax. Dans la région de Sydney, il s'agit du plus important épisode de neige sur plusieurs jours depuis l'hiver 1992, lorsque 102 centimètres étaient tombés à l'aéroport de Sydney entre le 31 janvier et le 4 février.

9. Un été divisé : les Maritimes étouffent et l'Alberta grelotte

La troisième semaine de juin a été marquée par deux extrêmes au Canada.

Dans le Canada atlantique, le temps chaud et humide a atteint son paroxysme entre le 18 et le 20 juin, établissant de nombreux records de température quotidiens, mensuels et historiques. Une crête de haute pression exceptionnellement forte s'est formée dans l'atmosphère au-dessus de l'est de l'Amérique du Nord, provoquant un affaissement de l'air et un ciel dégagé. Ces conditions ont permis aux températures de dépasser largement les 30 °C dans certaines régions de l'Ontario et du Québec jusqu'au Canada atlantique.

19 juin

Le 19 juin, l'île Miscou au Nouveau-Brunswick enregistrait un record de température maximale sans précédent de 34,1 °C, tandis que Miramichi a atteint 37,2 °C et Ingonish en Nouvelle-Écosse a atteint 34,5 °C, tous deux établissant un record mensuel de température maximale. L'Île-du-Prince-Édouard a également connu sa température la plus élevée en juin, avec 34,9 °C dans la région de North Cape.

La température la plus élevée de la journée a toutefois été enregistrée à Bathurst, au Nouveau-Brunswick, où le mercure a atteint 37,6 °C. Il s'agit non seulement de la température la plus élevée jamais enregistrée dans cette station depuis 1872, mais aussi de la température la plus élevée jamais enregistrée au Nouveau-Brunswick et dans l'ensemble des Maritimes pour le mois de juin. Ces températures étaient supérieures de 10 à 15 degrés ou plus aux valeurs saisonnières.

20 juin

À Saint John, au Nouveau-Brunswick, la température a atteint un record sans précédent de 34,5 °C le 20 juin, tandis qu'à l'aéroport d'Halifax, un nouveau record de 34,3 °C a été établi pour le mois de juin. Des records de température ont également été enregistrés à Terre-Neuve-et-Labrador, une température de 35,4 °C ayant été atteinte au parc provincial de Terra Nova, égalisant ainsi le record historique. La côte de l'Atlantique n'a pas connu de répit de la chaleur.

Les écoles sans climatisation du nord du Nouveau-Brunswick ont fermé plus tôt ou ont annulé les cours pour la journée. Les fosses à saumon le long de la rivière Miramichi ont été fermées à la pêche pour protéger les saumons qui se réfugient dans des eaux plus fraîches. La direction d'un restaurant de la région de Fredericton a pris la décision de fermer sa cuisine pour la journée après que les travailleurs aient enregistré des températures à l'intérieur de 60 °C.

L'ouest du Canada gèle

Alors que l'est du Canada a connu une chaleur étouffante, l'ouest du pays a été laissé dans le froid, l'Alberta ayant enregistré 46 records quotidiens de températures minimales entre le 15 et le 20 juin. Pris en sandwich entre deux fortes crêtes en altitude, le courant-jet s'est attaché à un creux sur les prairies occidentales, apportant une masse d'air exceptionnellement frais et sec dans la région. Malgré l'approche du solstice d'été le 21 juin, les conditions météorologiques dans le sud de l'Alberta ressemblaient davantage à un mois de « juinvier ».

Les températures les plus basses ont eu lieu dans la matinée du 17 juin, de nombreuses stations météorologiques dans les montagnes ayant enregistré des températures sous le point de congélation. Jasper, Crowsnest, Sundre et Cardston ont tous enregistré des températures inférieures à zéro, tandis qu'à Waterton Park, le mercure a plongé à une température glaciale de -4,8 °C. Les avertissements de gel se sont étendus de Calgary à Edmonton et au-delà, incitant les jardiniers à protéger leurs plantes. Dans certaines parties du centre de l'Alberta, des cultures de pois et de canola nouvellement germées ont subi des dommages mineurs dus au gel.

Si le gel ne suffisait pas, la neige ne tarda pas à arriver. Le matin du 18 juin, des flocons ont tourbillonné de Crowsnest à Banff et la neige s'est accumulée juste à l'ouest de Calgary. Les chutes les plus abondantes ont recouvert les terres d'élevage près de Nanton, où 30 cm de neige ont transformé le paysage, alourdissant les branches des arbres jusqu'à les plier vers le sol.

À partir de cet hiver, Environnement et Changement climatique Canada pourra également utiliser son système d'attribution rapide des événements météorologiques extrêmes pour analyser le lien entre les changements climatiques d'origine humaine et la probabilité de subir des épisodes de températures extrêmement basses.

10. Feux de forêt et évacuations dans l'ouest du Labrador

L'ouest du Labrador a connu un été critique, marqué par des feux de forêt qui ont forcé l'évacuation de villes entières à plusieurs reprises. Les habitants de Churchill Falls et de Labrador City, entre autres, ont été contraints de fuir lorsque les feux de forêt ont commencé à brûler un peu trop près de chez eux.

Churchill Falls

Le mois de juin au Labrador a été beaucoup plus chaud et sec que la moyenne. Une période particulièrement chaude et sèche au cours de la première moitié du mois a asséché la végétation dans les forêts boréales de la région, augmentant ainsi le risque d'incendie. Puis, des éclairs sont apparus.

Le 13 juin, la foudre a déclenché un feu de forêt à plusieurs kilomètres au sud-ouest de Churchill Falls, une ville d'environ 750 habitants où se trouve la deuxième plus grande centrale hydroélectrique du Canada.

Dans un premier temps, les conditions plus fraîches ont permis de limiter la croissance des incendies, mais la chaleur est vite revenue. Le 19 juin, la température a atteint le niveau record de 32,6 °C à Churchill Falls, alors qu'une vague de chaleur s'étendait à la majeure partie de l'est du Canada. Les températures élevées et les vents soufflant en rafales du sud-ouest ont provoqué l'intensification de l'incendie, qui s'est rapproché de Churchill Falls et a donné lieu à un ordre d'évacuation de la ville.

Les habitants ont été dirigés à 287 kilomètres à l'est, le long de la seule route de liaison vers Happy Valley-Goose Bay, alors que des éclairs zébraient le ciel au-dessus de leur tête. Beaucoup ont trouvé refuge auprès de leur famille ou d'amis dès leur arrivée, tandis que d'autres sont restés au YMCA local.

La province a décrété une interdiction de feu sur l'ensemble du territoire de Terre-Neuve-et-Labrador afin de concentrer les ressources de lutte contre les incendies sur le contrôle du brasier, tandis qu'une petite équipe de travailleurs de l'hydroélectricité est restée à Churchill Falls pour faire fonctionner la centrale électrique. La rivière Labrador, au sud de la ville, a servi de barrière naturelle à la propagation de l'incendie vers le nord, les équipes s'efforçant de le circonscrire au cours des jours suivants. Le 25 juin, cependant, des conditions chaudes et venteuses ont poussé le feu à traverser la rivière, déclenchant l'évacuation des travailleurs de l'hydroélectricité restants. Le feu a progressé jusqu'à trois kilomètres de la ville avant que des conditions plus fraîches et plus humides ne ralentissent à nouveau sa propagation.

Le 3 juillet, deux semaines après l'ordre d'évacuation, les habitants ont été autorisés à rentrer chez eux, mais la menace n'était pas écartée pour l'ouest du Labrador.

Labrador City

Le temps chaud et sec est revenu au début du mois de juillet, et la foudre a déclenché plusieurs nouveaux feux de forêt les 8 et 9 juillet. L'un de ces incendies s'est déclaré à quelques kilomètres à l'ouest de Labrador City, la deuxième ville du Labrador.

Au départ, le feu se consumait sans danger sur le sol de la forêt, mais le 12 juillet, un vent chaud et sec a tout changé. Le feu a parcouru une distance incroyable de 21 kilomètres vers l'est en seulement quatre heures, passant d'environ 600 hectares à plus de 10 000 hectares à la fin de la journée. Un ordre d'évacuation pour l'ensemble de la ville, qui compte plus de 7 000 habitants, a été émis à 17 h 30, la population étant à nouveau dirigée vers l'est, en direction de Happy Valley-Goose Bay.

Plus de 1 000 véhicules ont roulé au ralenti vers l'est le long du parcours de 529 kilomètres au Labrador, passant par Churchill Falls à mi-parcours, qui avait trop récemment connu sa propre évacuation. De longues files d'attente se sont formées à l'unique station-service de la ville, qui a prolongé ses heures d'ouverture pour rester ouverte toute la nuit afin d'aider les voyageurs effectuant le long trajet vers l'est. L'afflux de personnes évacuées a doublé la population de Happy Valley-Goose Bay, qui s'est néanmoins montrée à la hauteur de la situation en fournissant de la nourriture, un abri et un endroit où dormir à tous ceux qui en avaient besoin.

Les jours suivants, des pluies salvatrices ont ralenti la propagation de l'incendie, l'arrêtant juste au nord-ouest de la ville. L'ordre d'évacuation a été levé dix jours après son émission, soit le 22 juillet. Grâce aux efforts rapides et coordonnés des autorités locales, des premiers intervenants et des bénévoles, la plus grande évacuation de l'histoire de Terre-Neuve-et-Labrador a été gérée avec succès, préservant ainsi les vies et les biens.

Le Canada a vu plus de 5,3 millions d'hectares de forêts brûlées en 2024, soit plus du double de la moyenne nationale de 2,1 millions d'hectares. Ces événements reflètent la menace croissante des feux de forêt dans tout le pays, chaque saison mettant à l'épreuve la résilience et la capacité d'adaptation de nos collectivités.

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