Rapport d’étape sur l’Initiative du bassin du lac Winnipeg de 2012 à 2013 et de 2013 à 2014 : chapitre 1


Menaces pour la santé du lac Winnipeg

Image satellite montrant les fleurs d’eau créées par les algues bleues dans les bassins nord et sud du lac Winnipeg.

Parmi les lacs d’eau douce, le lac Winnipeg est le dixième plus grand au monde et le sixième plus grand au Canada. Bien que le lac Winnipeg soit situé entièrement au Manitoba, son vaste bassin de près d’un million de km2 (le deuxième plus grand au Canada) s’étend sur quatre provinces et quatre États américains. L’étendue du bassin et la taille du lac en font un réservoir d’eau douce de portée internationale.

Image satellite montrant les fleurs d’eau créées par les algues bleues dans les bassins nord et sud du lac Winnipeg.

La qualité de l’eau du lac Winnipeg se détériore depuis de nombreuses années. Cette situation fait que la santé du lac est en péril. Le principal problème est l’augmentation des apports en nutriments, comme le phosphore et l’azote, qui constituent une source nutritionnelle pour les algues. Ces nutriments proviennent essentiellement du ruissellement et des eaux usées municipales et ils sont transportés par les rivières et les fleuves dans le lac Winnipeg. La charge en nutriments, alourdie par le cycle humide élargi dans le bassin de la rivière Rouge, a causé une hausse des eaux de ruissellement et des inondations, comme ce fut le cas en 2009, en 2011 et en 2014. Plus de la moitié de cette charge en nutriments provient de l’extérieur du Manitoba, et la rivière Rouge en constitue la principale source.

Le bassin a une superficie d’environ un million de kilomètres carrés et s’étend sur quatre provinces (Alberta, Saskatchewan, Manitoba et Ontario) et quatre états (Montana, Dakota du Nord, Dakota du Sud et Minnesota).

Environ la moitié du phosphore dans le lac Winnipeg vient de la rivière Rouge, ce qui fait de celle-ci la principale source d’apports phosphorés. En moyenne, la rivière déverse quelque 7 150 tonnes de phosphore par an dans le lac.

Les images satellitaires prises au cours de la dernière décennie témoignent de ce dépérissement écologique du lac Winnipeg, ce qui souligne une tendance à la hausse de la fréquence et de l’ampleur de la prolifération d’algues bleues. Dans certains cas, les algues bleues couvrent des milliers de kilomètres carrés du lac, et la surface touchée correspond au triple de la province de l’Île-du-Prince-Édouard. Les algues s’emmêlent dans les filets de pêche, polluent les plages et, dans certaines circonstances, produisent des toxines nocives.

Bassin du lac Winnipeg - Les eaux qui se jettent dans le lac Winnipeg drainent un territoire de près d’un million de kilomètres carrés.

 

Carte montrant la charge moyenne de phosphore provenant de la rivière Rouge, à partir de Fargo, Dakota du Nord, jusqu’au bassin sud du lac Winnipeg. De 2007 à 2011, la charge moyenne de phosphore était de 612 tonnes/année à Fargo dans le Dakota du Nord; de 1 928 tonnes/année à Grand Forks dans le Dakota du Nord; de 3 497 tonnes/année à Emerson au Manitoba; et de 7 150 tonnes/année là où le bassin sud du lac Winnipeg commence.

Plus grave encore, la présence des algues bleues est la preuve que le lac se trouve à un état avancé d’eutrophisation en raison de la concentration élevée en nutriments. L’eutrophisation signifie que l’enrichissement en nutriments de l’eau douce saine est excessif, ce qui a pour conséquence que les algues bleues et autres organismes en décomposition peuvent priver le lac de son oxygène. À bien des égards, la situation est comparable à celle du lac Érié dans les années 1970 et au cours des dernières années.

Photographie d’une embarcation amarrée au havre du village d’Hecla sur le lac Winnipeg

Le lac Winnipeg est également menacé par plusieurs espèces de poissons envahissantes et d’autres espèces aquatiques. Ces espèces exotiques prolifèrent dans les eaux riches en nutriments du lac Winnipeg et représentent une menace pour les espèces indigènes. En 2013, on a trouvé des moules zébrées dans le lac Winnipeg, et un nombre suffisant a survécu en dehors des zones d’éradication, ce qui a favorisé la progression de l’infestation du lac. Leur présence a des répercussions potentiellement graves pour la santé de l’écosystème du lac. Elles affectent la progression de l’énergie et des nutriments dans la chaîne alimentaire, elles entrent en compétition féroce avec les espèces indigènes pour la nourriture et leurs processus biologiques ont pour résultat une recrudescence d’algues bleues.

L’eutrophisation permanente du lac Winnipeg et la menace que représentent les espèces envahissantes ont des répercussions potentiellement graves. Le lac joue un rôle vital dans la prospérité économique et le bien-être au Manitoba en soutenant les activités de pêche commerciale en eau douce et l’industrie touristique, qui présentent respectivement un chiffre d’affaires de 50 millions et de 110 millions de dollars. Si l’on ne parvient pas à réduire le volume de nutriments, la détérioration de la qualité de l’eau du lac va se poursuivre et résulter en une grave eutrophisation, avec des impacts négatifs potentiellement irréversibles sur l’écosystème aquatique et sur les moyens de subsistance pour ceux qui dépendent d’un milieu aquatique sain.

Les problèmes concernant le lac Winnipeg et les solutions aux défis qu’ils posent ont une portée interprovinciale et internationale. Toute solution visant à améliorer la santé de l’écosystème du lac nécessite les efforts coordonnés de plusieurs parties intéressées. Le gouvernement du Manitoba et les administrations avoisinantes prennent déjà des mesures et élaborent des stratégies pour réduire la charge en nutriments des voies d’eau locales qui se déversent dans le lac Winnipeg. Depuis 2007, le gouvernement du Canada collabore avec d’autres gouvernements et d’autres parties intéressées, procède à des travaux scientifiques et des relevés de contrôle et apporte son soutien aux mesures d’intendance locale par l’entremise de l’Initiative du bassin du lac Winnipeg. Cette coordination accrue d’efforts, à l’échelle du vaste bassin du lac Winnipeg, aidera les gouvernements à mieux synchroniser les mesures prises, à partager des solutions novatrices et à mettre en commun les résultats des recherches. Bien que des progrès aient été réalisés, il est nécessaire de poursuivre la collaboration afin d’améliorer la santé écologique du lac Winnipeg et de son bassin.

Détails de la page

Date de modification :