Poissons et autres espèces aquatiques du bassin des lacs Turkey

Depuis 1980, on a accumulé des données biologiques au BLT avec une intensité variable. Durant cette période, les lacs n'ont pas subi de perturbations anthropogéniques importantes et sont demeurés fermés à la pêche. Ces données nous apportent donc une occasion d'établir la variabilité naturelle et à long terme des populations avant d'y entreprendre des expériences visant à manipuler l'habitat. Il s'agit de  L' Expérience de Manipulation de l'Habitat Halieutique dont le premier traitement a commencé à l'automne 1999. Cette expérience exclut le lac Turkey. 

Poissons

Avant 1980, Il n'y avait aucun poisson dans les deux bassins du lac Batchawana, le lac le plus élevé du BLT. È la suite d'une introduction accidentelle au début des années 1980, on a ensemencé en 1985 la partie inférieure du lac avec 1000 ombles de fontaine pour fins expérimentales. Des populations se sont maintenant établies dans les deux bassins du lac. Le ventre rouge du nord a également établi des populations dans les deux bassins, mais on ignore d'où il vient.

Des trois lacs en aval du lac Batchawana, le lac Wishart a moins d'espèces (8) que le petit lac Turkey (11) ou le lac Turkey (9). On compte aussi huit espèces communes aux trois lacs, incluant l'omble de fontaine, le meunier noir (Catostomus commersoni), la lotte (lota lota), le méné de lac (Couesius plumbeus), le ventre rouge du nord (Chrosomus eos), et le méné émeraude (Notropis atherinoides)

Les ruisseaux qui relient les lacs en aval du lac Turkey ne peuvent supporter qu'un nombre limité d'espèces. L'omble de fontaine ne se retrouve que dans le petit ruisseau Norberg en aval du lac Turkey. Par contre, on retrouve le méné du lac et le ventre rouge du nord partout, et la présence d'espèces de ruisseau dans les trois lacs suggère un mélange probable des populations des ruisseaux et des lacs.

Les variations annuelles de l'abondance totale des communautés semblent régies par les petites espèces de poisson, particulièrement le ventre rouge du nord. Par contre, les variations de la biomasse totale de la communauté semble plutôt régie par les grosses espèces, dont les populations demeurent plus stables d'une année à l'autre, comparé aux petites espèces.

Phytoplancton

Même si on n'identifie plus le phytoplancton jusqu'à l'espèce, on peut déduire d'après les données de années 1980 que les cyanophytes sont dominantes dans tous les lacs. La bleu-verte Merismopedia punctata domine les deux bassins du lac Batchawana et devient la seule espèce présente durant la période maximale de productivité en été. Ce lac ne subit pas les forte variations d'espèces et de productivité qui sont le cas des lacs en aval. M. Punctata est importante dans le lac Wishart mais coïncide avec une augmentation de Microcystis Flos-aquae en début-août. Chroococcus dispersus est toujours majoritaire dans le petit lac Turkey mais sa production maximale va avec celle de Aphanothece clathrata en juillet, de M. flos-aquae en août et mi-septembre, et de Coelosphaeriam minutissiumum tard en septembre. La plupart de ces espèces est abondante dans le lac Turkey où C. disperses et A. clathrata contribuent le plus aux maximums de production d'été. Peu d'organismes sont présents (moins de 1000 cellules.ml-1) durant les mois froids de l'année. On trouve alors des Chrysophycées, des Bacillariophycées, des Chlorophytes, des Pyrrophytes, et des Cyanophytes.

Chlorophylle a

La Chlorophylle-a (CHL-a) est le pigment le plus important de l'algue. On la mesure dans le BLT pour établir la productivité et le niveau trophique du système (figure 1). Un système peu productif (système oligotrophique) a une concentration en CHL-a autour de 2 µg.L-1 . Une productivité moyenne aura une concentration de 5 µg.L-1. Le BLT est donc un système oligo-mésotrophique. Sa concentration de CHL-a est modérée et varie selon la saison.

Benthos

Les sédiments lacustres du bassin se composent d'un matériel réfractaire mou et noir, avec un haut contenu en eau (91-95 %) et en matière organique (29-45% poids sec). Le contenu en eau et en matière organique augmente progressivement en aval du bassin.

Les communautés benthiques dans ces lacs sont en grande partie dominées par des espèces de Chironomus, des amphipodes, et des annelides oligochètes. Les Éphémères (Ephemenoptera) et les coléoptères (Coleoptera) se retrouvent partout. On note d'autre invertébrés benthiques tels les trychoptères (Trychoptera), les libellules (Anisoptera) et les demoiselles (Zygoptera). Les plus grandes différences dans les populations benthiques sont probablement reliées à la morphologie du lac et l'historique des populations de poissons.  

Zooplancton

Les zooplanctons sont des organismes nageurs qui consomment le phytoplancton et qui sont eux-même les proies des poissons et invertébrés de taille supérieure. La composition des espèces de macro-zooplancton dans les lacs du BLT est semblable partout (figure 2). Les copépodes cycloïdes sont les plus abondants et les copépodes calanoïdes le sont moins. Bien qu'on n'identifie plus le zooplancton au niveau de l'espèce, on observe toujours les même tendances taxonomiques. Les données antérieures ont montré que Tropocyclops prasinus mexicanus est le cyclopode dominant partout. Mesocyclops edax et Cyclops scutifer sont également communs, mais C. scutifer se retrouve surtout au petit lac Turkey et au lac Turkey, tandis qu'Orthocyclops modestus ne se retrouve qu'en petit nombre dans trois des cinq bassins. On pense qu'il existe dans les deux autres bassins, mais en très faible abondance. Cyclops biscupidatus thomasi a tendance à être plus abondant dans les lacs profonds du BLT. Diaptomus minutus est le calanoïde dominant. On retrouve parfois deux autres dioptomides: D. leptopus et D. sicilis. Epischura lacustris est répandu, mais en faible nombre, tandis qu'une relique du temps des glaciers, Senecella calanoides, occupe plutôt les lacs profonds. Les nauplies (immatures) de copépodes sont abondantes partout mais varient beaucoup durant l'été. Les espèces de Chaoborus sont rares partout, sauf au lac Wishart.

Le plus important cladocère est Bosmina longirostris. Diaphanosoma brachyurum et Holopedium gibberum montrent des dominances saisonnières et sont retrouvés en petits nombres. Daphnia pulex est plus abondante dans la partie peu profonde du lac Wishart que dans les trois autres lacs. D. dubia et D. galeata mendotae font exactement le contraire. On voit rarement Daphnia retrocurva, D. catawba, et Eubosmina coregoni.