Résumé de l’évaluation de la mesure du rendement pour le volet écologique des composés inorganiques de cadmium

Introduction

Le gouvernement du Canada est déterminé à réduire les risques des substances toxiques pour les Canadiens et l’environnement en prenant des mesures de gestion des risques dans le cadre du Plan de gestion des produits chimiques. Formant une part importante du processus global de gestion des produits chimiques, les évaluations de mesure du rendement donnent aux Canadiens des renseignements sur l’efficacité des mesures en place qui visent les substances toxiques.

En 1994, le gouvernement a publié une évaluation de la Liste des substances d’intérêt prioritaire portant sur les risques du cadmium et de ses composés. L’évaluation concluait que plusieurs composés inorganiques de cadmium étaient probablement toxiques pour la santé humaine et l’environnement. Pour cette raison, ceux-ci ont été inscrits à l’annexe 1, Liste des substances toxiques, de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) en 2000. D’après les activités d’évaluation et les mesures de gestion des risques antérieures, il a été déterminé que les risques des composés inorganiques de cadmium étaient atténués par la mise en œuvre de la Politique de gestion des substances toxiques et les mesures en place touchant les secteurs industriels clés ou des polluants semblables. Par conséquent, aucune approche ou stratégie de gestion des risques n’a été élaborée spécifiquement pour le cadmium.

Lors des évaluations de mesure du rendement relatif à une substance, il importe de déterminer si l’approche de gestion des risques employée par le gouvernement a suscité la prise de mesures efficaces pour gérer les risques. De telles mesures entraînent des progrès vers l’atteinte des objectifs de gestion des risques fixés pour la substance par le gouvernement. Aucun objectif n’a été formulé précédemment à l’égard du cadmium, mais à la lumière des objectifs de la Politique de gestion des substances toxiques et après un examen des objectifs proposés pour d’autres substances métalliques toxiques, les objectifs suivants sont proposés aux fins de la présente évaluation : Note de bas de page 1

Le présent rapport évalue l’atteinte des objectifs établis pour les composés inorganiques de cadmium, l’efficacité dans laquelle l’approche de gestion des risques adoptée par le gouvernement du Canada a permis d’atteindre ces objectifs, et la nécessité de prendre des mesures supplémentaires. Une évaluation de l’efficacité des mesures prises par le gouvernement du Canada pour protéger la santé humaine sera préparée par Santé Canada.

Le cadmium dans l’environnement

Le cadmium est un métal élémentaire présent naturellement dans la croûte terrestre. Dans l’environnement, il se lie rapidement à d’autres éléments pour former des composés inorganiques de cadmium. Des processus naturels comme les feux de forêt, l’activité volcanique, l’érosion, la météorisation et le cycle océanique peuvent rejeter du cadmium dans l’environnement. Cependant, des activités humaines tels la combustion de charbon, la production de métaux, les procédés de fabrication, l’utilisation et l’élimination de produits, et l’épandage de boues d’épuration en rejettent beaucoup plus que les sources naturelles.

Le cadmium est obtenu principalement en tant que sous-produit de l’affinage du zinc et peut se trouver dans de nombreux produits différents comme les batteries, les peintures et revêtements, les céramiques, les plastiques et les photopiles. L’évaluation de 1994 nommait plusieurs sources et secteurs préoccupants qui rejettent des composés inorganiques de cadmium dans l’environnement, ce qui peut donner lieu à des concentrations causant des effets nocifs pour l’environnement. Ces secteurs et sources sont la production de métaux (en particulier la fusion et l’affinage de métaux communs), l’emploi de combustibles dans des installations fixes (pour la production d’électricité et le chauffage), le transport, l’élimination des déchets solides et l’épandage des boues d’épuration. 

Le cadmium ne se dégrade pas dans l’environnement et peut se trouver dans l’air, l’eau, le sol, les sédiments, les plantes et les animaux, y compris les humains. Dans l’air, les composés inorganiques de cadmium prennent la forme de petites particules et sont issus des émissions de cadmium provenant d’activités à haute température comme la production et l’affinage de métaux ou les processus de combustion. Ces particules en suspension dans l’air chutent ultimement au sol, mais peuvent d’abord être transportées par le vent à une grande distance de la source.

Les composés inorganiques de cadmium peuvent se retrouver dans l’eau douce en tombant de l’atmosphère, en étant transportés par le ruissellement des eaux de surface lors d’épisodes de pluie ou en y étant directement rejetés par des sources industrielles. Ces composés se dissolvent facilement dans l’eau et peuvent donc être transportés en aval, loin du point de rejet initial. Une fois dans l’eau, ils peuvent aussi se retrouver dans les sédiments en s’attachant à de petites particules flottantes qui coulent plus tard jusqu’au fond. Si les conditions dans les sédiments ou l’eau au-dessus changent, les composés inorganiques de cadmium dans les sédiments peuvent se dissoudre à nouveau et ainsi retourner dans l’eau.

Les animaux peuvent absorber du cadmium lorsque des composés inorganiques de cadmium sont présents dans les aliments ou l’eau qu’ils ingèrent ou dans l’air qu’ils respirent. Le cadmium s’accumule dans leur corps (bioaccumulation) et, à des concentrations suffisamment élevées, peut provoquer un ralentissement de la croissance, une variation du poids des organes et des dommages aux organes, des cancers, une réduction de la capacité de reproduction, des retards cognitifs et de développement, et des modifications du comportement.

Principaux constats

Rejets provenant d’activités humaines

La majeure partie du cadmium rejeté dans l’environnement par des activités humaines est rejetée dans l’air, principalement par les secteurs préoccupants nommés dans l’évaluation de 1994. Les rejets de ces secteurs ont diminué au fil du temps selon l’Inventaire sur les émissions de polluants atmosphériques.

Les rejets de cadmium dans l’eau représentent environ la moitié des rejets dans l’air, selon l’Inventaire national des rejets de polluants. Les rejets étaient plus faibles en 2020 qu’en 1994, mais sont demeurés relativement stables au cours des 10 dernières années.

Les usines de traitement des eaux usées sont efficaces pour retirer le cadmium qui se retrouve dans les réseaux d’égout municipaux.

Les rejets de cadmium au sol sont très faibles, selon l’Inventaire national des rejets de polluants.

La quantité de cadmium éliminée et le nombre d’installations éliminant du cadmium ont augmenté avec le temps, mais la quantité de cadmium éliminée dans des sites d’enfouissement de déchets solides dangereux est restée relativement inchangée.

Les grands sites d’enfouissement de déchets solides municipaux actuellement en activité sont peu susceptibles d’être des sources importantes de rejets de cadmium, mais il peut falloir plusieurs années pour que le cadmium soit extrait des déchets par la filtration de la pluie à travers des matières contaminées. Ce liquide (le lixiviat) devrait être périodiquement surveillé.

Certaines sources de cadmium ne sont pas prises en compte dans les inventaires des rejets existants. Les rejets de cadmium dans l’environnement pourraient être sous-estimés.

Concentrations de cadmium dans l’environnement

Les rejets industriels ont baissé, et les concentrations dans l’environnement ont largement suivi la même tendance. Le cadmium semble présent dans tous les milieux environnementaux à des concentrations relativement faibles partout au Canada, sauf dans quelques points chauds.

Les sources humaines contribuent aux concentrations atmosphériques de cadmium qui sont supérieures aux concentrations de fond, mais les recommandations pour la qualité de l’air ambiant n’ont pas été dépassées, et les concentrations sont en baisse dans la plupart des endroits.

Les concentrations de cadmium dans les sédiments au Canada représentent la principale cause de préoccupations par rapport aux autres milieux environnementaux, parce qu’elles dépassent les recommandations pour la qualité de l’environnement à plusieurs endroits.

Le cadmium a été trouvé dans des espèces sauvages terrestres et aquatiques.    

Il est difficile de comparer l’échantillonnage réalisé dans différents milieux, car les prélèvements sont souvent faits à des endroits et à des moments différents, mais l’on peut trouver quelques points chauds où les concentrations de cadmium obtenues pour un ou plusieurs milieux peuvent susciter des préoccupations.

Grands Lacs :

Lieux près d’activités industrielles :

Habitat de baleines en voie de disparition et de leur proie :

Mesures de gestion des risques

Des mesures ont été prises afin de gérer les risques du cadmium pour l’environnement depuis le début des années 1990. Bien qu’aucune n’ait directement visé le cadmium, elles ont donné lieu à des réductions des rejets de ce métal dans l’environnement.

Des cibles et objectifs clairs ont été établis pour 11 des 24 instruments seulement.

Un tiers des instruments pertinents étaient volontaires.

Il est difficile d’évaluer le succès des mesures multisectorielles de gestion des risques.

La collaboration avec les partenaires au pays et à l’étranger est importante pour gérer les risques dans les domaines qui dépassent les compétences fédérales ainsi que les risques des substances toxiques pour les espèces en péril.

Résultats de l’évaluation

Évaluation de l’approche de gestion des risques

Le contrôle des rejets globaux de métaux dans les matières particulaires paraît efficace pour contrôler les rejets de cadmium de bon nombre des secteurs préoccupants, en particulier ceux où l’air est la voie de rejet principale. Cependant, la décision de ne pas concevoir de stratégie ou d’approche de gestion des risques propre au cadmium a donné lieu à des lacunes dans certains secteurs, pour lesquels aucun instrument pertinent n’a été élaboré malgré leur inclusion parmi les secteurs posant potentiellement un risque pour l’environnement dans l’évaluation de 1994.

Progrès vers l’atteinte de l’objectif de gestion des risques

D’après les données disponibles, des progrès ont été réalisés vers l’atteinte de l’objectif de gestion des risques. Les rejets de cadmium ont été réduits; toutefois, sans renseignement sur les taux d’utilisation des pratiques de gestion exemplaires et des meilleures technologies disponibles, il n’y a pas assez d’information pour déterminer si les installations ont réduit leurs rejets au niveau le plus bas possible sur les plans technique et économique et si l’objectif de gestion des risques a été atteint.

Progrès vers l’atteinte de l’objectif environnemental

Les données environnementales montrent que les concentrations de cadmium dans l’environnement ont beaucoup diminué au fil du temps et ne représentent pas une préoccupation dans la plupart des endroits. Néanmoins, il existe encore des points chauds où les concentrations dépassent celles censées causer des effets négatifs. L’objectif environnemental n’a donc pas encore été atteint, bien que des progrès aient été réalisés.

Réponse aux sources d’exposition nouvelles ou émergentes

Les secteurs préoccupants nommés dans l’évaluation de 1994 sont à l’origine de la majorité des rejets déclarés au sol et dans l’air et l’eau. Toutefois, comme ces secteurs ont réduit leurs rejets, d’autres secteurs qui n’ont pas été caractérisés comme préoccupants dans l’évaluation de 1994 ont commencé à former une plus grande part du profil des rejets de cadmium. En 1994, les sources préoccupantes représentaient près de 100 % des rejets totaux déclarés à l’INRP. En 2020, elles n’en représentaient plus que 50 %. Les rejets des installations de traitement des eaux usées et du secteur des pâtes et papiers correspondent à présent à 40 % du total des rejets déclarés. Cela dit, une certaine incertitude découle des méthodes utilisées pour estimer les faibles concentrations des rejets de cadmium provenant des installations de traitement des eaux usées. L’utilisation et l’élimination de produits contenant du cadmium ainsi que d’autres sources comme les installations ne répondant pas aux exigences de déclaration de l’INRP pourraient être à l’origine d’une bonne partie du cadmium qui se retrouve dans les installations de traitement des eaux usées et en est rejeté, puisque seul un petit nombre de transferts à des fins de traitement des eaux usées est déclaré à l’INRP par les installations. Ces sources de cadmium n’ont pas été prises en compte lors de précédents travaux d’évaluation des risques. Les rejets des fabriques de pâtes et papiers n’ont pas non plus été pris en compte. Aucune mesure de gestion concernant le cadmium n’a été mise en place pour ces sources jusqu’à maintenant.  

Évaluation des efforts de communication des risques au public

L’information à propos des risques du cadmium pour l’environnement qui est disponible sur les pages Web d’Environnement et Changement climatique Canada est étendue sur de nombreuses pages et différents documents de communication. Il peut donc être difficile pour les membres du public de trouver des renseignements sur les risques environnementaux du cadmium qui leur sont utiles. Les pages interactives récemment conçues sont de plus en plus accessibles et utiles par leur fourniture de renseignements visuels intéressants qui peuvent être filtrés selon les intérêts de l’utilisateur. Les ensembles de données environnementales ont été publiés, mais sans analyse scientifique, les données ne sont pas facilement compréhensibles pour le grand public et ne donnent pas de renseignements utiles sur les concentrations de substances toxiques dans l’environnement canadien. Les publications sur le cadmium et ses risques pour l’environnement diffusées par Environnement et Changement climatique Canada dans les médias sociaux ont été très peu nombreuses.

Recommandations

Il est important d’évaluer l’efficacité de la gestion des risques des substances toxiques afin d’assurer la prise en compte et la gestion adéquate de tous les risques pour l’environnement, surtout dans le cas de substances qui n’ont pas bénéficié de la conception d’une approche de gestion des risques ciblée. Une évaluation de suivi sur le cadmium devrait être réalisée d’ici 2033 pour réévaluer l’atteinte des objectifs environnemental et de gestion des risques.

Pour remédier aux lacunes dans les connaissances et la gestion des risques cernées lors de l’évaluation, les recommandations suivantes sont proposées :

Gestion et évaluation des risques

Recherche et surveillance

Inventaires des rejets et surveillance industrielle :

Air :

Milieu aquatique :

Espèces sauvages :

Programmes de surveillance des effets sur l’environnement :

Communication :

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