Résumé de l’évaluation de la mesure du rendement pour le volet écologique des composés inorganiques de cadmium
Introduction
Le gouvernement du Canada est déterminé à réduire les risques des substances toxiques pour les Canadiens et l’environnement en prenant des mesures de gestion des risques dans le cadre du Plan de gestion des produits chimiques. Formant une part importante du processus global de gestion des produits chimiques, les évaluations de mesure du rendement donnent aux Canadiens des renseignements sur l’efficacité des mesures en place qui visent les substances toxiques.
En 1994, le gouvernement a publié une évaluation de la Liste des substances d’intérêt prioritaire portant sur les risques du cadmium et de ses composés. L’évaluation concluait que plusieurs composés inorganiques de cadmium étaient probablement toxiques pour la santé humaine et l’environnement. Pour cette raison, ceux-ci ont été inscrits à l’annexe 1, Liste des substances toxiques, de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) en 2000. D’après les activités d’évaluation et les mesures de gestion des risques antérieures, il a été déterminé que les risques des composés inorganiques de cadmium étaient atténués par la mise en œuvre de la Politique de gestion des substances toxiques et les mesures en place touchant les secteurs industriels clés ou des polluants semblables. Par conséquent, aucune approche ou stratégie de gestion des risques n’a été élaborée spécifiquement pour le cadmium.
Lors des évaluations de mesure du rendement relatif à une substance, il importe de déterminer si l’approche de gestion des risques employée par le gouvernement a suscité la prise de mesures efficaces pour gérer les risques. De telles mesures entraînent des progrès vers l’atteinte des objectifs de gestion des risques fixés pour la substance par le gouvernement. Aucun objectif n’a été formulé précédemment à l’égard du cadmium, mais à la lumière des objectifs de la Politique de gestion des substances toxiques et après un examen des objectifs proposés pour d’autres substances métalliques toxiques, les objectifs suivants sont proposés aux fins de la présente évaluation : Note de bas de page 1
- Objectif de gestion des risques : réduire les rejets anthropiques (causés par l’humain) de composés inorganiques de cadmium au niveau le plus bas possible sur les plans technique et économique, en tenant compte des facteurs socioéconomiques;
- Objectif environnemental : réduire les rejets anthropiques canadiens de composés inorganiques de cadmium à un niveau inférieur à ceux censés causer des effets nocifs pour l’environnement, en tenant compte des concentrations de fond.
Le présent rapport évalue l’atteinte des objectifs établis pour les composés inorganiques de cadmium, l’efficacité dans laquelle l’approche de gestion des risques adoptée par le gouvernement du Canada a permis d’atteindre ces objectifs, et la nécessité de prendre des mesures supplémentaires. Une évaluation de l’efficacité des mesures prises par le gouvernement du Canada pour protéger la santé humaine sera préparée par Santé Canada.
Le cadmium dans l’environnement
Le cadmium est un métal élémentaire présent naturellement dans la croûte terrestre. Dans l’environnement, il se lie rapidement à d’autres éléments pour former des composés inorganiques de cadmium. Des processus naturels comme les feux de forêt, l’activité volcanique, l’érosion, la météorisation et le cycle océanique peuvent rejeter du cadmium dans l’environnement. Cependant, des activités humaines tels la combustion de charbon, la production de métaux, les procédés de fabrication, l’utilisation et l’élimination de produits, et l’épandage de boues d’épuration en rejettent beaucoup plus que les sources naturelles.
Le cadmium est obtenu principalement en tant que sous-produit de l’affinage du zinc et peut se trouver dans de nombreux produits différents comme les batteries, les peintures et revêtements, les céramiques, les plastiques et les photopiles. L’évaluation de 1994 nommait plusieurs sources et secteurs préoccupants qui rejettent des composés inorganiques de cadmium dans l’environnement, ce qui peut donner lieu à des concentrations causant des effets nocifs pour l’environnement. Ces secteurs et sources sont la production de métaux (en particulier la fusion et l’affinage de métaux communs), l’emploi de combustibles dans des installations fixes (pour la production d’électricité et le chauffage), le transport, l’élimination des déchets solides et l’épandage des boues d’épuration.
Le cadmium ne se dégrade pas dans l’environnement et peut se trouver dans l’air, l’eau, le sol, les sédiments, les plantes et les animaux, y compris les humains. Dans l’air, les composés inorganiques de cadmium prennent la forme de petites particules et sont issus des émissions de cadmium provenant d’activités à haute température comme la production et l’affinage de métaux ou les processus de combustion. Ces particules en suspension dans l’air chutent ultimement au sol, mais peuvent d’abord être transportées par le vent à une grande distance de la source.
Les composés inorganiques de cadmium peuvent se retrouver dans l’eau douce en tombant de l’atmosphère, en étant transportés par le ruissellement des eaux de surface lors d’épisodes de pluie ou en y étant directement rejetés par des sources industrielles. Ces composés se dissolvent facilement dans l’eau et peuvent donc être transportés en aval, loin du point de rejet initial. Une fois dans l’eau, ils peuvent aussi se retrouver dans les sédiments en s’attachant à de petites particules flottantes qui coulent plus tard jusqu’au fond. Si les conditions dans les sédiments ou l’eau au-dessus changent, les composés inorganiques de cadmium dans les sédiments peuvent se dissoudre à nouveau et ainsi retourner dans l’eau.
Les animaux peuvent absorber du cadmium lorsque des composés inorganiques de cadmium sont présents dans les aliments ou l’eau qu’ils ingèrent ou dans l’air qu’ils respirent. Le cadmium s’accumule dans leur corps (bioaccumulation) et, à des concentrations suffisamment élevées, peut provoquer un ralentissement de la croissance, une variation du poids des organes et des dommages aux organes, des cancers, une réduction de la capacité de reproduction, des retards cognitifs et de développement, et des modifications du comportement.
Principaux constats
Rejets provenant d’activités humaines
La majeure partie du cadmium rejeté dans l’environnement par des activités humaines est rejetée dans l’air, principalement par les secteurs préoccupants nommés dans l’évaluation de 1994. Les rejets de ces secteurs ont diminué au fil du temps selon l’Inventaire sur les émissions de polluants atmosphériques.
- Des réductions considérables des émissions ont été réalisées dans le secteur de la fusion et de l’affinage des métaux non ferreux, ce qui a modifié le profil global des rejets de cadmium;
- Les rejets de la fabrication et du chauffage résidentiel, commercial et institutionnel jouent un rôle bien plus important dans le profil des émissions en 2020 qu’en 1994.
Les rejets de cadmium dans l’eau représentent environ la moitié des rejets dans l’air, selon l’Inventaire national des rejets de polluants. Les rejets étaient plus faibles en 2020 qu’en 1994, mais sont demeurés relativement stables au cours des 10 dernières années.
- Les rejets des secteurs préoccupants nommés dans l’évaluation de 1994 ont diminué, surtout ceux de la production et de la transformation des métaux non ferreux;
- La majeure partie du cadmium rejeté dans l’eau provient du traitement des eaux uséesNote de bas de page 2 et de la fabrication de pâtes et papiersNote de bas de page 3. Les rejets de ces secteurs sont restés relativement inchangés depuis 2002. Aucun de ces secteurs n’était caractérisé comme préoccupant en raison de ses rejets de cadmium dans l’évaluation de 1994.
Les usines de traitement des eaux usées sont efficaces pour retirer le cadmium qui se retrouve dans les réseaux d’égout municipaux.
- Le cadmium trouvé dans les usines de traitement des eaux usées provient de procédés industriels ou de l’utilisation et de l’élimination de produits contenant du cadmium. Les procédés de traitement en retirent la plus grande partie des eaux usées. De faibles concentrations ont été obtenues dans les eaux usées traitées;
- Les boues d’épuration traitées et épandues sous forme de biosolides municipaux présentaient généralement des concentrations inférieures aux normes relatives au compost.
Les rejets de cadmium au sol sont très faibles, selon l’Inventaire national des rejets de polluants.
- Les rejets de cadmium au sol engendrés par les secteurs préoccupants nommés dans l’évaluation de 1994 sont généralement peu importants;
- Les rejets au sol proviennent surtout de la fabrication de pâtes et papiers et de produits du bois. Ce secteur n’était pas indiqué comme préoccupant dans l’évaluation de 1994.
La quantité de cadmium éliminée et le nombre d’installations éliminant du cadmium ont augmenté avec le temps, mais la quantité de cadmium éliminée dans des sites d’enfouissement de déchets solides dangereux est restée relativement inchangée.
- Une plus grande quantité de déchets a été transférée à des fins de traitement avant l’élimination, tandis qu’une moins grande quantité de déchets l’a été à des fins de recyclage et de récupération des métaux. La plupart des déchets transférés proviennent d’un petit nombre d’installations du secteur de la fusion et de l’affinage des métaux non ferreux;
- La plus grande partie du cadmium a été éliminée par des sites d’enfouissement de déchets dangereux.
Les grands sites d’enfouissement de déchets solides municipaux actuellement en activité sont peu susceptibles d’être des sources importantes de rejets de cadmium, mais il peut falloir plusieurs années pour que le cadmium soit extrait des déchets par la filtration de la pluie à travers des matières contaminées. Ce liquide (le lixiviat) devrait être périodiquement surveillé.
- Le cadmium a été trouvé dans moins de la moitié des échantillons de lixiviat, et environ 87 % des sites d’enfouissement de déchets solides municipaux envoient leur lixiviat à des usines de traitement des eaux usées;
- Les concentrations de cadmium dans le lixiviat des sites d’enfouissement de déchets solides municipaux au Canada sont environ égales à celles obtenues dans d’autres pays développés.
Certaines sources de cadmium ne sont pas prises en compte dans les inventaires des rejets existants. Les rejets de cadmium dans l’environnement pourraient être sous-estimés.
- L’Outil d’inventaire des polluants affectant les baleines et leurs proies contient des estimations des rejets pour un grand nombre de sources et d’installations qui ne présentent pas de déclaration à l’Inventaire national des rejets de polluants, ce qui entraîne un nombre beaucoup plus important de rejets estimés au sol et dans l’eau, malgré la taille bien inférieure de la zone visée au Canada;
- Une comparaison des estimations des rejets avec les concentrations de cadmium mesurées dans l’eau montre que certaines sources de métaux (et d’autres polluants) pourraient être omises dans les estimations des rejets. Par exemple, le ruissellement des eaux de surface pourrait représenter une source importante du cadmium retrouvé dans l’eau.
Concentrations de cadmium dans l’environnement
Les rejets industriels ont baissé, et les concentrations dans l’environnement ont largement suivi la même tendance. Le cadmium semble présent dans tous les milieux environnementaux à des concentrations relativement faibles partout au Canada, sauf dans quelques points chauds.
Les sources humaines contribuent aux concentrations atmosphériques de cadmium qui sont supérieures aux concentrations de fond, mais les recommandations pour la qualité de l’air ambiant n’ont pas été dépassées, et les concentrations sont en baisse dans la plupart des endroits.
- Les concentrations de cadmium sont plus élevées dans les zones urbaines que dans les zones rurales;
- La production et la transformation de métaux ainsi que la combustion de charbon et de combustibles fossiles sont les principales sources du cadmium atmosphérique;
- Les sources industrielles et liées à la circulation automobile aux États-Unis contribuent aux concentrations atmosphériques de cadmium au Canada;
- Le cadmium atmosphérique qui chute en raison de la gravité ou de la pluie semble contribuer grandement aux concentrations de cadmium dans l’eau et les sédiments de certaines régions.
Les concentrations de cadmium dans les sédiments au Canada représentent la principale cause de préoccupations par rapport aux autres milieux environnementaux, parce qu’elles dépassent les recommandations pour la qualité de l’environnement à plusieurs endroits.
- Les Grands Lacs, certaines parties du Saint-Laurent et le secteur de l’Atlantique, en particulier, avaient des concentrations médianes supérieures aux concentrations recommandées;
- Il importe de tenir compte de la biodisponibilité du cadmium (la quantité de cadmium dans l’environnement qui peut être absorbée par un organisme) pour évaluer les effets sur l’environnement, comme le montrent les tendances contradictoires dans les données relatives à l’eau, aux poissons et aux sédiments dans la région des Grands Lacs.
Le cadmium a été trouvé dans des espèces sauvages terrestres et aquatiques.
- Les concentrations trouvées dans les animaux terrestres sont généralement inférieures à celles censées causer des effets. Toutefois, les effets du cadmium à de très faibles concentrations n’ont pas été bien étudiés chez les animaux sauvages, et il pourrait y avoir des effets potentiels sur le comportement ou les réponses immunitaires qui ne sont pas manifestes dans les nécropsies;
- Les effets des concentrations de cadmium trouvées chez les poissons ne sont pas clairs, car on ne connaît aucune recommandation indiquant à quelles concentrations le cadmium contenu dans le corps des poissons entraîne des effets négatifs pour la santé. Le cadmium ne semble pas se bioamplifier, ce qui signifie que les effets nocifs observés en raison des concentrations élevées dans les sédiments peuvent être plus apparents chez les petits animaux et poissons se nourrissant sur le fond que chez les poissons qui mangent ces organismes;
- De plus, il est difficile d’estimer la charge relative de cadmium dans le mélange de contaminants auquel les espèces sauvages et les poissons sont exposés.
Il est difficile de comparer l’échantillonnage réalisé dans différents milieux, car les prélèvements sont souvent faits à des endroits et à des moments différents, mais l’on peut trouver quelques points chauds où les concentrations de cadmium obtenues pour un ou plusieurs milieux peuvent susciter des préoccupations.
Grands Lacs :
- La région des Grands Lacs est la mieux étudiée et celle pour laquelle on dispose des ensembles de données les plus complets;
- Quand on observe les données sur tous les milieux environnementaux, il semble que le lac Érié et les voies interlacustres des Grands Lacs d’aval soient plus fortement touchés par la pollution par le cadmium que d’autres régions du Canada. Cela est mis en évidence par les observations de concentrations atmosphériques plus élevées de cadmium dans la région des Grands Lacs (Windsor, Hamilton) par rapport à d’autres régions, des concentrations dans les sédiments très supérieures aux concentrations seuils produisant un effet, surtout dans le bassin occidental du lac Érié, des dépassements des recommandations pour la qualité de l’eau, et des observations de concentrations plus élevées dans les poissons de cette région que dans ceux d’autres régions. Cependant, les concentrations de cadmium observées dans les espèces sauvages n’étaient pas plus élevées dans la région des Grands Lacs qu’ailleurs au Canada.
Lieux près d’activités industrielles :
- Des concentrations plus élevées de cadmium ont été observées dans les espèces sauvages, les poissons et les sédiments près de sites actifs et fermés de mines et de fonderie (p. ex., fleuve Columbia, fleuve Saint-Laurent, Grands Lacs, Kejimkujik) et de lieux de transport maritime de minerais (p. ex. Québec);
- Les données sur l’exploitation minière de métaux ont montré que les concentrations de cadmium dans les effluents et les concentrations dans les zones exposées étaient en déclin, bien que quelques zones exposées et de référence présentent encore des concentrations supérieures aux recommandations pour la qualité de l’environnement;
- Les concentrations de cadmium dans l’air, les poissons et les espèces sauvages ne semblaient pas plus élevées près des activités d’exploitation des sables bitumineux qu’ailleurs au Canada. Ces constats concordent avec les données des inventaires des rejets, qui indiquent que le secteur des métaux et du minerai est la principale source des rejets de cadmium et que la production pétrolière et gazière a une contribution très inférieure;
- On ne disposait pas de données sur le cadmium dans l’environnement près d’autres sources industrielles.
Habitat de baleines en voie de disparition et de leur proie :
- D’autres points chauds et sources industrielles pourraient être cernés à mesure que le travail de détermination des sources de contaminants préoccupants se poursuit dans les zones d’habitat essentiel des baleines en voie de disparition et de leur proie;
- Les données de l’Outil d’inventaire des polluants affectant les baleines et leurs proies laissent à penser qu’il pourrait y avoir des sources de rejets de cadmium qui ne sont pas actuellement comptabilisées dans les inventaires fédéraux des rejets. En outre, le ruissellement des eaux de surface pourrait contribuer de façon importante aux concentrations de cadmium dans le bassin du Fraser et le Saint-Laurent.
Mesures de gestion des risques
Des mesures ont été prises afin de gérer les risques du cadmium pour l’environnement depuis le début des années 1990. Bien qu’aucune n’ait directement visé le cadmium, elles ont donné lieu à des réductions des rejets de ce métal dans l’environnement.
- 24 mesures de gestion des risques pertinentes ont été mises en place, dont 20 pour des secteurs préoccupants nommés dans l’évaluation de 1994, et 4 pour d’autres secteurs jugés concernés;
- Aucune mesure pertinente n’a été adoptée pour réduire les rejets de cadmium du secteur des transports, qui était jugé préoccupant dans l’évaluation de 1994. Seules des données limitées sur ce secteur étaient disponibles aux fins de l’évaluation;
- Le cadmium ne figure parmi les principales cibles d’aucune mesure de gestion des risques, mais il est atténué grâce aux mesures visant plus largement à gérer les rejets de métaux et de matières particulaires de secteurs industriels.
Des cibles et objectifs clairs ont été établis pour 11 des 24 instruments seulement.
- 3 de ces instruments ont atteint leurs objectifs, 1 ne les a pas atteints, et 7 sont en cours d’application, alors il est trop tôt pour dire s’ils ont porté fruit;
- Il a été impossible, dans tous les cas, d’établir un lien entre les instruments de gestion des risques s’étant avérés efficaces et les tendances des rejets industriels, en raison du petit nombre d’instruments qui ont fait l’objet d’une mesure du rendement ainsi que de la quantité limitée de données disponibles sur les taux de mise en œuvre des instruments non réglementaires.
Un tiers des instruments pertinents étaient volontaires.
- En général, aucun objectif ni cible n’avaient été établis à leur égard, et on disposait de renseignements limités sur leur mise en œuvre, car aucun rapport n’était exigé;
- On disposait de peu de renseignements sur les taux d’utilisation des meilleures technologies disponibles et des pratiques environnementales exemplaires pour réduire les rejets de cadmium et d’autres substances. Ces renseignements indiqueraient aux gestionnaires des risques si d’autres travaux sont requis ou si toutes les installations se sont efforcées de réduire leurs rejets au plus bas niveau possible.
Il est difficile d’évaluer le succès des mesures multisectorielles de gestion des risques.
- Bien qu’il soit utile de cibler de nombreuses substances et un éventail de secteurs industriels, l’administration de ces instruments est complexe et la communication des progrès est inégale.
La collaboration avec les partenaires au pays et à l’étranger est importante pour gérer les risques dans les domaines qui dépassent les compétences fédérales ainsi que les risques des substances toxiques pour les espèces en péril.
- On constate un certain succès quant à la réduction des rejets et à l’assainissement de sites contaminés en Ontario, bien que les mesures récentes prises en vertu de l’Accord Canada-Ontario aient été réorientées vers d’autres contaminants. Les risques posés par les concentrations de cadmium dans les Grands Lacs sont toujours présents, et il conviendrait d’envisager d’autres mesures relatives au cadmium dans les prochaines moutures de l’accord;
- Au niveau international, des progrès ont été réalisés dans le cadre de la Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance, et le Canada a réduit ses émissions de cadmium pour se conformer à ses engagements en vertu de la Convention;
- Les données environnementales indiquent que le Canada pourrait encore recevoir du cadmium de sources de rejets aux États-Unis. Il pourrait être pertinent de tenir compte de cette question dans les prochaines révisions de l’Accord Canada-États-Unis relatif à la qualité de l’eau et de l’Accord Canada-États-Unis sur la qualité de l’air.
Résultats de l’évaluation
Évaluation de l’approche de gestion des risques
Le contrôle des rejets globaux de métaux dans les matières particulaires paraît efficace pour contrôler les rejets de cadmium de bon nombre des secteurs préoccupants, en particulier ceux où l’air est la voie de rejet principale. Cependant, la décision de ne pas concevoir de stratégie ou d’approche de gestion des risques propre au cadmium a donné lieu à des lacunes dans certains secteurs, pour lesquels aucun instrument pertinent n’a été élaboré malgré leur inclusion parmi les secteurs posant potentiellement un risque pour l’environnement dans l’évaluation de 1994.
Progrès vers l’atteinte de l’objectif de gestion des risques
D’après les données disponibles, des progrès ont été réalisés vers l’atteinte de l’objectif de gestion des risques. Les rejets de cadmium ont été réduits; toutefois, sans renseignement sur les taux d’utilisation des pratiques de gestion exemplaires et des meilleures technologies disponibles, il n’y a pas assez d’information pour déterminer si les installations ont réduit leurs rejets au niveau le plus bas possible sur les plans technique et économique et si l’objectif de gestion des risques a été atteint.
Progrès vers l’atteinte de l’objectif environnemental
Les données environnementales montrent que les concentrations de cadmium dans l’environnement ont beaucoup diminué au fil du temps et ne représentent pas une préoccupation dans la plupart des endroits. Néanmoins, il existe encore des points chauds où les concentrations dépassent celles censées causer des effets négatifs. L’objectif environnemental n’a donc pas encore été atteint, bien que des progrès aient été réalisés.
Réponse aux sources d’exposition nouvelles ou émergentes
Les secteurs préoccupants nommés dans l’évaluation de 1994 sont à l’origine de la majorité des rejets déclarés au sol et dans l’air et l’eau. Toutefois, comme ces secteurs ont réduit leurs rejets, d’autres secteurs qui n’ont pas été caractérisés comme préoccupants dans l’évaluation de 1994 ont commencé à former une plus grande part du profil des rejets de cadmium. En 1994, les sources préoccupantes représentaient près de 100 % des rejets totaux déclarés à l’INRP. En 2020, elles n’en représentaient plus que 50 %. Les rejets des installations de traitement des eaux usées et du secteur des pâtes et papiers correspondent à présent à 40 % du total des rejets déclarés. Cela dit, une certaine incertitude découle des méthodes utilisées pour estimer les faibles concentrations des rejets de cadmium provenant des installations de traitement des eaux usées. L’utilisation et l’élimination de produits contenant du cadmium ainsi que d’autres sources comme les installations ne répondant pas aux exigences de déclaration de l’INRP pourraient être à l’origine d’une bonne partie du cadmium qui se retrouve dans les installations de traitement des eaux usées et en est rejeté, puisque seul un petit nombre de transferts à des fins de traitement des eaux usées est déclaré à l’INRP par les installations. Ces sources de cadmium n’ont pas été prises en compte lors de précédents travaux d’évaluation des risques. Les rejets des fabriques de pâtes et papiers n’ont pas non plus été pris en compte. Aucune mesure de gestion concernant le cadmium n’a été mise en place pour ces sources jusqu’à maintenant.
Évaluation des efforts de communication des risques au public
L’information à propos des risques du cadmium pour l’environnement qui est disponible sur les pages Web d’Environnement et Changement climatique Canada est étendue sur de nombreuses pages et différents documents de communication. Il peut donc être difficile pour les membres du public de trouver des renseignements sur les risques environnementaux du cadmium qui leur sont utiles. Les pages interactives récemment conçues sont de plus en plus accessibles et utiles par leur fourniture de renseignements visuels intéressants qui peuvent être filtrés selon les intérêts de l’utilisateur. Les ensembles de données environnementales ont été publiés, mais sans analyse scientifique, les données ne sont pas facilement compréhensibles pour le grand public et ne donnent pas de renseignements utiles sur les concentrations de substances toxiques dans l’environnement canadien. Les publications sur le cadmium et ses risques pour l’environnement diffusées par Environnement et Changement climatique Canada dans les médias sociaux ont été très peu nombreuses.
Recommandations
Il est important d’évaluer l’efficacité de la gestion des risques des substances toxiques afin d’assurer la prise en compte et la gestion adéquate de tous les risques pour l’environnement, surtout dans le cas de substances qui n’ont pas bénéficié de la conception d’une approche de gestion des risques ciblée. Une évaluation de suivi sur le cadmium devrait être réalisée d’ici 2033 pour réévaluer l’atteinte des objectifs environnemental et de gestion des risques.
Pour remédier aux lacunes dans les connaissances et la gestion des risques cernées lors de l’évaluation, les recommandations suivantes sont proposées :
Gestion et évaluation des risques
- Il conviendrait d’étudier plus en profondeur les sources de rejets importantes qui ne sont pas prises en compte dans l’évaluation de 1994, et d’envisager la gestion des risques posés par ces sources, au besoin, selon les résultats des études;
- Le gouvernement devrait réfléchir à des mesures de gestion des risques pour contrôler les rejets issus des sources de chauffage résidentiel, commercial et institutionnel en coopération avec les provinces, les territoires et les municipalités, au besoin;
- Il faudrait recueillir des données sur les taux d’utilisation des pratiques environnementales exemplaires et des meilleures technologies disponibles dans le cadre des exigences de déclaration relatives aux instruments;
- Il y aurait lieu de procéder périodiquement à des examens des codes de pratiques écologiques et des lignes directrices pour assurer qu’ils sont à jour en ce qui concerne les progrès technologiques et les pratiques industrielles;
- Il faudrait poursuivre la collaboration avec les États-Unis, les provinces, les territoires et les autres partenaires pour soutenir les travaux visant les sources des secteurs hors des compétences fédérales qui rejettent du cadmium se retrouvant dans l’environnement canadien.
Recherche et surveillance
Inventaires des rejets et surveillance industrielle :
- Le gouvernement fédéral devrait envisager de déterminer les sources de rejets de cadmium dans l’environnement et les eaux usées municipales qui ne sont pas prises en compte dans l’INRP à l’échelle nationale, car les données de la surveillance des eaux usées et de l’OIPABP laissent à penser que ces sources pourraient être des contributeurs importants aux concentrations de cadmium dans l’environnement;
- Il faudrait continuer de surveiller les influents et effluents d’eaux usées ainsi que les biosolides municipaux. Dans la mesure du possible, la collecte de données devrait appuyer la production de séries chronologiques permettant de mieux suivre les changements des concentrations de cadmium;
- Il y aurait lieu de surveiller périodiquement le lixiviat des sites d’enfouissement de déchets solides municipaux, car les données indiquent un accroissement des déchets de cadmium éliminés avec le temps;
- Il conviendrait d’utiliser les résultats de la surveillance du traitement des eaux usées et du lixiviat des sites d’enfouissement ainsi que d’autres données de surveillance industrielle pertinentes pour faire progresser la compréhension et la quantification des rejets de cadmium en vue d’améliorer la déclaration à l’INRP.
Air :
- En fonction des ressources disponibles et en coopération avec les provinces et les territoires, selon le cas, il conviendrait de réfléchir à élargir la surveillance de la qualité de l’air et la modélisation atmosphérique des métaux pour combler les lacunes et améliorer la couverture nationale, surtout près des sources ponctuelles de pollution et dans les régions où aucune surveillance des métaux dans l’air ambiant n’est effectuée. Cette mesure fournirait des données supplémentaires pour la gestion et l’évaluation des risques en ce qui concerne les sources de cadmium atmosphérique;
- Il faudrait examiner les lignes directrices pour la qualité de l’air ambiant relatives au cadmium afin de déterminer si elles sont adéquates pour protéger les milieux aquatiques contre le dépôt atmosphérique, et réfléchir à l’élaboration ou à la mise à jour de lignes directrices pour la qualité de l’environnement, au besoin.
Milieu aquatique :
- Il conviendrait de poursuivre le travail pour déterminer et gérer, au besoin, les sources de rejets de cadmium dans les régions où les concentrations dans les sédiments et l’eau sont encore supérieures aux recommandations environnementales. Il faudrait porter une attention particulière aux régions où les concentrations augmentent ou demeurent stables, en tenant compte des conditions naturelles et des contributions potentielles des États-Unis. Les sources de contamination des sédiments dans les ports pourraient exiger un examen approfondi;
- Il faudrait examiner plus en profondeur le rôle des rejets atmosphériques de cadmium provenant de diverses sources, notamment les feux de forêt, et leur contribution relative aux concentrations dans l’eau et les sédiments;
- Il y aurait lieu de faire des recherches supplémentaires à propos des charges corporelles de cadmium chez les espèces aquatiques ainsi que des effets potentiels du cadmium sur la dynamique des réseaux trophiques.
Espèces sauvages :
- Il faudrait faire des mesures supplémentaires du cadmium dans les espèces sauvages près des sources ponctuelles d’émissions au Canada, comme les mines de métaux et les fonderies;
- Il y aurait lieu d’envisager d’autres études toxicologiques des effets du cadmium sur les espèces sauvages, en particulier sur les petits mammifères.
Programmes de surveillance des effets sur l’environnement :
- Il conviendrait d’envisager des études supplémentaires sur les zones exposées aux effluents miniers et les zones de référence où les concentrations de cadmium sont supérieures aux concentrations recommandées calculées;
- Si des modifications du règlement sur les effluents des fabriques de pâtes et papiers sont proposées, il faudrait réfléchir à des exigences de caractérisation des effluents visant les métaux, y compris le cadmium, pour faciliter l’évaluation des effets environnementaux causés par les rejets de cadmium des installations de pâtes et papiers et orienter les prochaines évaluations de mesure du rendement.
Communication :
- La page Web sur le cadmium en tant que substance toxique devrait être le principal endroit où trouver des renseignements environnementaux sur la substance et comprendre des liens vers les ressources et outils pertinents. Environnement et Changement climatique Canada devrait continuer de la maintenir et d’assurer la clarté et l’actualité de son contenu;
- Il faudrait rendre plus accessible au public l’information sur les concentrations de cadmium mesurées dans l’environnement;
- Le gouvernement devrait surveiller la fréquence et la réussite des publications sur les médias sociaux ainsi que le degré d’interaction obtenu et s’efforcer d’améliorer la diffusion des messages, s’il y a lieu, afin de mieux informer les Canadiens des risques pour l’environnement. Il conviendrait de continuer à surveiller les consultations des pages Web aux fins des prochaines évaluations;
- Il faudrait créer et rendre facilement accessibles un plus grand nombre de produits de communication ciblés (infographies, fiches d’information, vidéos) en langage clair pour communiquer et expliquer les risques du cadmium pour l’environnement.
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