Consultation : modification de la liste des espèces terrestres de la Loi sur les espèces en péril, résumé : janvier 2020

La section qui suit présente un résumé des justifications de la désignation par le COSEPAC du statut d’espèces individuelles et leur biologie, les menaces, la répartition et d’autres informations. Pour une explication détaillée de la situation de conservation d’une espèce individuelle, veuillez vous référer au rapport du COSEPAC pour cette espèce, qui est aussi disponible sur le Registre public des espèces en péril.

Pour obtenir de plus amples renseignements sur les droits de reproduction, veuillez communiquer avec le Centre de renseignements à la population d’Environnement et Changement climatique Canada au 1-800-668-6767 (au Canada seulement) ou 819-997-2800 ou par courriel à ec.enviroinfo.ec@canada.ca.

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Barge hudsonienne

Photo de deax Barge hudsoniennes
Figure 1. Barge hudsonienne
Nom scientifique
Limosa haemastica
Taxon
Oiseaux
Statut du COSEPAC
Menacée
Aire de répartition canadienne
Yukon, Territoire du Nord-Ouest, Nunavut, Colombie-Britannique, Saskatchewan, Manitoba, Québec, Alberta, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve-et-Labrador

Justification de la désignation

Ce grand oiseau de rivage nichant dans l’Arctique fait l’objet de peu de suivi dans ses aires de reproduction connues, dans les basses-terres de la baie d’Hudson, dans le delta du Mackenzie et en Alaska. Toutefois, le suivi de la migration et les relevés hivernaux indiquent des déclins démographiques substantiels au cours des deux ou trois dernières générations. Au nombre des principales menaces, on compte la réduction du caractère convenable de l’habitat de nidification, les changements de la disponibilité de proies attribuables aux changements climatiques, le broutage excessif découlant de l’abondance d’oies dans les basses-terres de la baie d’Hudson ainsi que la perte d’habitat et la perturbation des aires d’hivernage en Amérique du Sud.

Description et importance de l’espèce sauvage

La barge hudsonienne est un gros oiseau de rivage à longues pattes, qui présente un long bec légèrement retroussé vers le haut. L’espèce affiche un dimorphisme sexuel tant sur le plan de la taille que sur celui du plumage; les femelles sont plus grosses et plus lourdes que les mâles, et leur plumage est plus pâle en période de reproduction. La poitrine des mâles est d’un rouge distinctif durant la période de reproduction, tandis que celle des femelles est plus claire et rousse. Hors de la période de reproduction, les mâles comme les femelles ont un plumage gris-brun. La ségrégation spatiale et la différenciation génétique offrent des preuves d’une subdivision possible de la barge hudsonienne en trois unités désignables (UD), correspondant aux sous-populations nicheuses des basses terres de la baie d’Hudson, du delta du Mackenzie et de l’Alaska, respectivement. Bien qu’il existe également trois principales aires d’hivernage en Amérique du Sud qui correspondent généralement aux sous-populations distinctes, les liens entre les aires de nidification et les aires d’hivernage ne sont que partiellement compris; il semble que des individus se déplacent entre les aires d’hivernage. Compte tenu également de la taille limitée de l’échantillon examiné par les études génétiques réalisées à ce jour, on ne sait pas exactement quelle est l’ampleur potentielle des échanges d’individus entre les sous-populations reproductrices. Par conséquent, les données actuellement disponibles sont jugées insuffisantes pour délimiter des populations de barges hudsoniennes distinctes sur le plan de l’évolution au Canada, et l’espèce est évaluée comme une seule et même UD.

La barge hudsonienne a été pendant de nombreuses décennies considérée comme l’un des oiseaux les plus rares d’Amérique du Nord, parce qu’on la voyait rarement. Sa voie migratoire est l’une des plus longues chez les oiseaux de rivage de l’hémisphère occidental; elle couvre une grande partie de cette distance en effectuant des vols continus qui s’étendent sur plusieurs jours.

Répartition

La barge hudsonienne se reproduit dans les régions subarctiques et boréales du Canada et de l’Alaska, et hiverne dans les régions les plus méridionales de l’Amérique du Sud. Certaines aires de reproduction locales pourraient demeurer inconnues. Les principales aires de reproduction connues au Canada se trouvent le long des basses terres de la baie d’Hudson au Manitoba et en Ontario, ainsi que dans le delta du Mackenzie, dans les Territoires du Nord-Ouest. En Alaska, on sait que la reproduction a lieu dans quatre régions du centre, de l’ouest et du sud de l’État.

Au Canada, les principales haltes migratoires vers le sud sont la côte de la baie James pour les individus qui proviennent des basses terres de la baie d’Hudson et du delta du Mackenzie, et les lacs des Prairies en Saskatchewan pour ceux qui proviennent de l’Alaska. Les migrants survolent ensuite l’océan Atlantique sur de longues distances vers l’est et le sud, faisant souvent halte pendant plusieurs semaines dans des aires de rassemblement du nord ou du centre de l’Amérique du Sud, avant de continuer vers des aires d’hivernage plus au sud. On croit que les sous-populations nicheuses sont en grande partie associées à des aires d’hivernage distinctes, les individus des basses terres de la baie d’Hudson hivernant principalement à la Terre de Feu et en Patagonie du Sud, ceux du delta du Mackenzie hivernant surtout autour de la baie Samborombon dans le nord de l’Argentine, et ceux de l’Alaska hivernant dans l’île de Chiloé et dans les régions continentales adjacentes du Chili. Au cours de leur migration vers le nord, la plupart des barges hudsoniennes migrent sans s’arrêter depuis leurs aires d’hivernage vers la côte américaine du golfe du Mexique, suivent une voie commune vers le nord à travers les Grandes Plaines américaines, puis s’éloignent à partir des Prairies de l’est du Canada jusqu’à leurs aires de reproduction. La barge hudsonienne se rencontre régulièrement pendant la reproduction ou la migration dans les trois territoires et depuis la Colombie-Britannique jusqu’au Québec, ainsi qu’à l’automne dans les provinces de l’Atlantique.

Voir description longue ci-dessous
Carte de l’aire de reproduction, utilisée pour calculer la zone d’occurrence et l’indice de zone d’occupation (IZO) de la barge hudsonienne au Canada.
Description longue

Carte de l’aire de reproduction de la barge hudsonienne, montrant la zone d’occurrence (936 428 kilomètres carrés) et l’indice de zone d’occupation (124 832 kilomètres carrés) calculés pour l’espèce au Canada.

Source : COSEPAC. 2019. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la barge hudsonienne (Limosa haemastica) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xii + 58 p.

Habitat

La barge hudsonienne se reproduit dans les milieux humides (cariçaies et muskegs) des régions subarctiques et boréales. Elle utilise une grande variété de milieux au cours de sa migration, y compris les marais d’eau douce, les lacs salins, les champs inondés, les étangs peu profonds, les milieux humides côtiers et les vasières. Dans ses aires d’hivernage, la barge hudsonienne s’alimente principalement dans les grandes baies peu profondes, les lagunes ou les estuaires aux vastes vasières intertidales; elle se repose dans un grand éventail de milieux, comme les battures des hautes latitudes, les flèches de sable, les rives rocheuses, les marais salés et les prairies. L’espèce est confrontée à la perte et à la dégradation de son habitat à tous les stades de son cycle annuel, principalement en raison des changements climatiques et du développement.

Biologie

La barge hudsonienne atteint la maturité sexuelle à l’âge de trois ans, et il semble que les individus demeurent dans leurs aires d’hivernage jusqu’à ce qu’ils soient prêts à se reproduire. Les femelles pondent une seule couvée de quatre oeufs, mais peuvent en pondre une deuxième si la nidification échoue à cause de la prédation. La durée d’une génération est estimée à 7,7 ans. L’espèce se nourrit principalement d’invertébrés, mais on sait que les tubercules font aussi partie de son régime alimentaire.

Taille et tendances des populations

On manque de données de suivi systématique à long terme pour cette espèce, et les estimations de la taille et des tendances des populations sont considérées comme imprécises. L’estimation la plus récente de l’effectif de la barge hudsonienne est d’environ 41 000 individus matures (24 300 individus dans les basses terres de la baie d’Hudson, 800 dans le delta du Mackenzie et 15 750 en Alaska). Les données de suivi des tendances durant la migration entre 1995 et 2016 (un peu moins de trois générations) indiquent un déclin annuel de 6 % (déclin cumulatif de 71 %) de la population totale, quoique la fiabilité de l’estimation soit faible en raison de la couverture limitée des données (seules des haltes migratoires de l’est de l’Amérique du Nord ont été examinées). Les relevés effectués dans les aires d’hivernage indiquent une baisse annuelle de 4,08 % à la Terre de Feu entre 2002 et 2018, ce qui équivaut à une baisse de 62 % sur trois générations, mais ils indiquent aussi la stabilité de l’effectif dans l’île de Chiloé depuis la fin des années 1980. Compte tenu de la taille relative des populations hivernantes, le taux annuel global de déclin au cours des 16 dernières années est d’environ 2,5 %, ce qui correspond à 44 % sur trois générations (23 ans).

Menaces et facteurs limitatifs

De nombreuses menaces pèsent sur la barge hudsonienne tout au long de son cycle annuel. Les changements climatiques et les phénomènes météorologiques violents, ainsi que les modifications des systèmes naturels, représentent probablement les risques les plus graves.

On prévoit que les changements climatiques auront de nombreux effets sur la barge hudsonienne. En effet, la hausse du niveau de la mer risque de réduire la disponibilité de l’habitat d’alimentation côtier tout au long du cycle annuel de l’espèce. Des conditions plus chaudes et plus sèches entraîneront une réduction des milieux humides de la toundra et des prairies. Le recul vers le nord de la limite des arbres pourrait réduire la disponibilité d’un habitat de nidification approprié, particulièrement dans le delta du Mackenzie. En outre, la modification des régimes climatiques le long de la voie migratoire vers le nord et dans les aires de reproduction semble causer un décalage écologique entre le moment de la reproduction et l’abondance maximale des proies pour les individus des basses terres de la baie d’Hudson et du delta du Mackenzie. Les sécheresses pourraient aussi avoir des effets sur la plupart des barges hudsoniennes, principalement dans les Grandes Plaines pendant la migration printanière. On prévoit que la hausse des températures le long de la voie migratoire augmentera la fréquence et la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes, ce qui pourrait entraîner la mortalité directe des individus ainsi que des retards dans la migration.

Une grande partie des aires d’hivernage d’Amérique du Sud sont menacées par la perte et la dégradation de l’habitat. L’étalement urbain touche l’habitat d’alimentation en Patagonie, tandis que l’expansion de l’aquaculture et des activités de récolte d’algues le menacent dans l’île de Chiloé, où la construction d’habitations en bord de mer réduit également la disponibilité de l’habitat de repos dans les hautes terres. Dans leurs aires d’hivernage et leurs haltes migratoires, les barges hudsoniennes subissent des perturbations supplémentaires causées par la circulation maritime, les humains et les chiens.

La plupart des barges hudsoniennes sont exposées à la pollution dans les systèmes agricoles, soit lors de la migration, soit dans les aires d’hivernage, ou les deux, et cette pollution peut réduire la qualité et l’abondance de leurs proies. La pollution pétrochimique causée par les navires et les rejets industriels est préoccupante, en particulier le long des côtes de l’Amérique du Sud. Certaines parties des basses terres de la baie d’Hudson sont exposées au surpâturage des milieux de toundra par les oies, mais on ne sait pas exactement quelles en sont les répercussions pour la barge hudsonienne.

Protection, statuts et classements

La barge hudsonienne est protégée au Canada en vertu de la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs et aux États-Unis en vertu du Migratory Bird Treaty Act. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) classe l’espèce au rang de préoccupation mineure à l’échelle mondiale. Les plans de conservation des oiseaux de rivage canadiens et américains reconnaissent qu’il s’agit d’une espèce très préoccupante, et elle figure sur la liste de surveillance de la North American Bird Conservation Initiative. NatureServe désigne les populations reproductrices mondiales et canadiennes comme étant apparemment non en péril. Le Conseil canadien de conservation des espèces en péril (CCCEP) considère la barge hudsonienne comme vulnérable.

Source : COSEPAC. 2019. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la barge hudsonienne (Limosa haemastica) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xii + 58 p.

Bourdon américain

Photo d'un Bourdon américain
Figure 1. Bourdon américan
Nom scientifique
Bombus pensylvanicus
Taxon
Arthropodes
Statut du COSEPAC
Préoccupante
Aire de répartition canadienne
Ontario, Québec

Justification de la désignation

Cet insecte se rencontre presque partout en Amérique du Nord; l’Ontario et le Québec représentent la limite septentrionale de son aire de répartition. L’espèce a subi des déclins considérables avant, et les tendances générales donnent à penser qu’elle est de plus en plus rare même si elle persiste dans une portion de son aire de répartition historique au Canada. Les causes du déclin restent incertaines, mais l’utilisation de pesticides, la transformation de l’habitat et la propagation de pathogènes à partir de colonies gérées sont probablement des facteurs contributifs. De plus, des facteurs limitatifs tels que l’augmentation de la charge parasitaire et la baisse de la diversité génétique nuisent à la persistance de cette espèce sauvage.

Description et importance de l’espèce sauvage

Le bourdon américain (Bombus pensylvanicus) est un bourdon de taille moyenne dont la tête et la langue sont relativement longues par rapport à celles de nombreuses autres espèces de bourdons au Canada. Les ailes foncées et le patron de coloration à bandes abdominales jaunes et noires des femelles sont des caractères distinctifs et constants à l’échelle de l’aire de répartition de l’espèce. Les mâles possèdent des antennes plus longues que celles des femelles, et leur abdomen est principalement jaune avec l’extrémité orange. Le bourdon américain est un important pollinisateur de nombreuses espèces de plantes.

Répartition

Le bourdon américain est présent dans une grande partie du sud de l’Amérique du Nord, dans le sud du Canada, aux États-Unis et au Mexique. Il atteint la limite nord de son aire de répartition en Ontario et au Québec; environ 7,1 % de l’aire de répartition mondiale de la sous-espèce pensylvanicus et 2,3 % de celle de l’espèce entière se trouvent au Canada.

Voir description longue ci-dessous
Zone d’occurrence canadienne du bourdon américain.
Description longue

Carte montrant l’aire de répartition canadienne du bourdon américain, dans le sud de l’Ontario et une petite portion du Québec. La zone d’occurrence, établie d’après la méthode du plus petit polygone convexe, est indiquée sur la carte (214 025 km2), ainsi que la zone d’occurrence en territoire canadien (183 848 km2).

Source: COSEPAC. 2018. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le bourdon américain (Bombus pensylvanicus) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. x + 58 p.

Habitat

Le bourdon américain se rencontre dans divers types de milieux dégagés, dont des fermes, des prés et des prairies. Il a été observé butinant les fleurs de plantes appartenant à de nombreux genres pour obtenir du pollen et du nectar. Il aménage généralement son nid au-dessus du sol, dans de denses touffes de graminées hautes, mais il réutilise parfois de façon opportuniste des terriers de rongeur abandonnés ainsi que des nids d’oiseaux abandonnés situés à une bonne hauteur au-dessus du sol. Chez le bourdon américain comme chez tous les bourdons, la reine hiverne dans le sol ou dans la matière organique en décomposition, notamment dans des troncs d’arbres pourris et le compost.

Biologie

Comme tous les bourdons, le bourdon américain a un cycle vital annuel. Les reines fécondées émergent de leur cachette hivernale au printemps et partent à la recherche d’un site de nidification où fonder une colonie. Une fois qu’elle a trouvé le nid, la reine va chercher du pollen et du nectar pour s’alimenter, puis elle y retourne pondre ses oeufs, qui produiront des ouvrières. Celles-ci se chargent de l’entretien de la colonie, de sa défense et de son approvisionnement en nourriture. À la fin de l’été, la reine pond des mâles et des femelles fertiles. Ces reproducteurs quittent la colonie et s’accouplent, et seules les reines fécondées hivernent. Le reste de la colonie, y compris la vieille reine, meurt en automne.

Image d'un Bourdon américain
Figure 2. Bourdon américan

Taille et tendances des populations

Le bourdon américain n’a jamais été commun au Canada, et il représente 3 à 10% de tous les spécimens de bourdons récoltés dans le sud de l’Ontario, probablement parce qu’il s’y trouve à la limite nord de son aire de répartition. Toutefois, son abondance semble diminuer depuis les dernières décennies dans l’ensemble de son aire de répartition, notamment en Ontario, où les spécimens de l’espèce représentent < 1 % des spécimens de bourdons récoltés au cours des trente dernières années. Le bourdon américain n’a pas été détecté récemment dans certaines régions où il a déjà apparemment été relativement commun, ce qui pourrait toutefois être attribuable à l’intensité des activités d’échantillonnage. Les tendances globales semblent indiquer que l’espèce se raréfie en Amérique du Nord, mais celle-ci persiste tout de même dans l’ensemble de son aire de répartition historique au Canada.

Menaces et facteurs limitatifs

Le déclin du bourdon américain est vraisemblablement dû à une combinaison de facteurs, mais ses causes précises demeurent méconnues. Le bourdon américain est vulnérable à l’utilisation de pesticides, aux pratiques d’utilisation des terres qui réduisent les ressources florales et la disponibilité des sites de nidification ainsi qu’aux agents pathogènes. De plus, le bourdon américain semble avoir une faible diversité génétique, ce qui contribue sans doute à son déclin et entraîne une production accrue de mâles stériles.

Protection, statuts et classements

Aucune loi canadienne n’assure une protection spécifique au bourdon américain et à ses sites de nidification ou à son habitat. NatureServe a attribué à l’espèce la cote de conservation mondiale G3G4 (vulnérable à apparemment non en péril). Le bourdon américain a été évalué et classé dans la catégorie « vulnérable » de la Liste rouge de l’UICN sur les espèces menacées.

Source : COSEPAC. 2018. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le bourdon américain (Bombus pensylvanicus) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. x + 58 p.

Castilléjie grêle

Photo d'une Castilléjie grêle
Figure 1. Castilléjie grêle 
Nom scientifique
Castilleja tenuis
Taxon
Plantes vasculaires
Statut du COSEPAC
En voie de disparition
Aire de répartition canadienne
Colombie-Britannique

Justification de la désignation

Cette délicate plante annuelle est une plante printanière éphémère qui pousse sur un substratum rocheux fortement incliné, dans des zones de suintement à végétation clairsemée des sous-bois de forêts de conifères sèches. Au Canada, l’espèce est observée dans un seul site. La compétition exercée par des plantes non indigènes, notamment la centaurée maculée, constitue la menace observable la plus importante. La diversité génétique au sein de cette population isolée devrait être limitée. Il existe une possibilité d’augmentation des sécheresses et des incendies naturels (selon les changements climatiques projetés), ce qui pourrait endommager ou éliminer la population d’ici trois générations. En tant qu’hémiparasite, l’espèce est en outre menacée par les effets néfastes des changements climatiques sur son hôte.

Description et importance de l’espèce sauvage

La castilléjie grêle est une plante annuelle délicate, d’une hauteur de 4,5 à 30 cm (atteignant rarement 52 cm), dotée d’une racine pivotante mince ou d’un système racinaire ramifié. Les tiges sont recouvertes d’un mélange de poils courts et de poils longs, souples et étalés. Les feuilles inférieures sont linéaires à lancéolées; les feuilles supérieures comptent de 0 à 3 (rarement 5) lobes. Les deux faces des feuilles sont couvertes de poils raides. Les fleurs sont groupées en un épi terminal et sont sous-tendues par des bractées vertes lancéolées à ovées, à sommet pointu. La corolle (pétales soudés), de couleur blanche à jaune, est tubulaire. Elle mesure 12 à 20 mm de longueur et est bilabiée. La lèvre supérieure se termine par une pointe droite en forme de bec, tandis que la lèvre inférieure est renflée, trilobée et en forme de poche.

Répartition

L’aire de répartition canadienne de la castilléjie grêle se limite à un seul site entre Salmo et Castlegar, dans le sud de la Colombie-Britannique. Aux États-Unis, l’espèce est présente depuis la Californie jusqu’à l’État de Washington, en passant par l’Oregon, et sa répartition s’étend à l’est jusqu’au Nevada et en Idaho.

Voir description longue ci-dessous
Aire de répartition de la castilléjie grêle au Canada.
Description longue

Carte de l’aire de répartition canadienne de la castilléjie grêle, qui a été signalée dans un seul site, à l’est de Castlegar, en Colombie-Britannique.

Source : COSEPAC. 2019. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la castilléjie grêle (Castilleja tenuis) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. x + 32 p.

Habitat

Au Canada, la castilléjie grêle se trouve dans une petite clairière qui compte des suintements printaniers et qui est entourée de forêt. L’espèce pousse dans des sols peu profonds (10 cm de profondeur en moyenne) présentant des roches éparses en surface. L’habitat est situé en plein soleil, est exposé au sud et se trouve à une altitude de 870 mètres. La pente est de 10 degrés et se trouve entre le sommet et le milieu du versant. Les microsites sont bien drainés et reçoivent des nutriments supplémentaires provenant des suintements. Les microsites de la castilléjie grêle présentent un couvert végétal clairsemé composé de plantes herbacées, et bon nombre des plantes poussent directement dans d’épais tapis de mousse. Des arbustes et des arbres poussent au bord de la clairière.

Biologie

La germination a lieu au printemps et les graines nécessitent probablement une période de stratification froide pour germer. La castilléjie grêle fleurit de la mi-juin à la mi-juillet et les fleurs sont adaptées à la pollinisation par les abeilles. La castilléjie grêle est soit diploïde, soit tétraploïde. Les individus sont probablement hémiparasites, formant des greffes de racines avec d’autres espèces par l’entremise d’haustoriums qui pénètrent le cortex racinaire des plantes hôtes. Les hôtes spécifiques à la castilléjie grêle n’ont pas été identifiés, mais un éventail de plantes hôtes peut être utilisé par les autres espèces hémiparasites de Castilleja.

Image du habitat d'une Castilléjie grêle
Figure 2. Castilléjie grêle

Taille et tendances des populations

En 2000, Frank Lomer a recueilli le premier spécimen de référence dans un site canadien, qui demeure la seule localité connue de l’espèce au Canada. En 2017, on a compté 57 individus.

Menaces et facteurs limitatifs

Les plantes non indigènes envahissantes, particulièrement la centaurée maculée (Centaurea stoebe ssp. micranthos), se font concurrence pour l’eau et d’autres ressources. L’empiétement d’arbustes et de conifères lié aux processus de succession dégradera l’habitat au fil du temps. Les hémiparasites sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques, car les changements de température et de CO2 auront des répercussions à la fois sur les hémiparasites et sur leurs plantes hôtes. Les petites populations isolées peuvent souffrir d’une diversité génétique limitée et d’une dépression de consanguinité.

Protection, statuts et classements

Actuellement, la castilléjie grêle ne fait l’objet d’aucune protection en vertu d’une loi au Canada. En Colombie-Britannique, l’espèce se trouve sur la liste rouge et est classée S1 – gravement en péril (2017). À l’échelle nationale, elle est classée N1 (gravement en péril). L’espèce n’est pas classée à l’échelle nationale aux États-Unis, et elle est considérée comme n’étant pas en péril à l’échelle mondiale (G5). Le seul site connu au Canada se trouve sur une terre publique provinciale.

Source : COSEPAC. 2019. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la castilléjie grêle (Castilleja tenuis) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. x + 32 p.

Daltonie faux-splachne

Photo d'une Daltonie faux-splachne
Figure 1. Daltonie faux-splachneNote de bas de page 1 
Nom scientifique
Daltonia splachnoides
Taxon
Mousses
Statut du COSEPAC
En voie de disparition
Aire de répartition canadienne
Colombie-Britannique

Justification de la désignation

Cette petite mousse est observée dans trois sites en Amérique du Nord. Au Canada, elle est présente dans un site éloigné des forêts pluviales tempérées hypermaritimes de Haida Gwaii, en Colombie-Britannique, où elle se trouve à l’état d’épiphyte sur les arbustes et les arbres indigènes. Elle requiert des conditions très humides pour survivre. L’espèce est menacée par la perte et la modification de l’habitat liées aux changements climatiques et au broutage excessif du sous-étage arbustif par une espèce envahissante introduite, le cerf de Sitka.

Description et importance de l’espèce sauvage

La daltonie faux-splachne (Daltonia splachnoides) est une petite mousse qui forme des touffes luisantes vert-jaune à bronze. Ses feuilles sont linéaires-lancéolées et ses tiges sont rougeâtres. La marge des feuilles est entière et jaunâtre. La nervure médiane est côtelée et atteint presque le sommet de la feuille. Les sporophytes sont composés d’une soie rouge terminée par une petite capsule brune dressée, de forme cylindrique-ovoïde, dont le col est court et la base, contractée. La coiffe (structure en forme de capuchon surmontant la capsule), très caractéristique chez la daltonie faux-splachne, est pâle et nettement frangée.

La daltonie faux-splachne compte parmi les nombreuses espèces de bryophytes présentant un intérêt sur le plan biogéographique qui, au Canada, sont confinées à la côte ouest de la Colombie-Britannique.

Répartition

La daltonie faux-splachne n’a été signalée que dans deux sites en Colombie- Britannique, se trouvant tous deux dans l’archipel Haida Gwaii (auparavant appelé « îles de la Reine-Charlotte »). L’aire de répartition mondiale de l’espèce a été qualifiée de milieu « hyperocéanique méridional tempéré ». Ailleurs en Amérique du Nord, la daltonie faux-splachne a été signalée en Californie (dans le comté de San Francisco, où elle a pu être introduite avec des plantes hôtes provenant d’Australie), au Mexique et dans les Antilles. L’espèce a également été observée en Amérique centrale, en Amérique du Sud, dans les îles de l’Atlantique, en Grande-Bretagne (Irlande, Écosse), en Asie (Chine), dans les îles du Pacifique (Nouvelle-Zélande) et en Australie.

Voir description longue ci-dessous
Aire de répartition canadienne de la daltonie faux-splachne (Daltonia splachnoides).
Description longue

Carte de l’aire de répartition canadienne de la daltonie faux-splachne, dont la présence est connue dans deux sites éloignés de l’archipel Haida Gwaii, en Colombie‑Britannique.

Source : COSEPAC. 2019. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la daltonie faux-splachne (Daltonia splachnoides) au Canada, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa. xi + 47 p.

Habitat

En Colombie-Britannique, la daltonie faux-splachne se trouve à l’état d’épiphyte sur des arbustes décidus et des conifères poussant dans des forêts humides et riches près du niveau de la mer, dans la « variante de Haida Gwaii » de la sous-zone biogéoclimatique hypermaritime très humide faisant partie de la zone côtière à pruche de l’Ouest (CWHvh3). À certains endroits, comme en Écosse, l’espèce se rencontre aussi sur des rochers et au sol, près de cours d’eau et dans la zone d’embruns de chutes d’eau.

Biologie

La biologie reproductive de la daltonie faux-splachne est peu connue. L’espèce est monoïque, ce qui signifie que ses organes reproducteurs mâles et femelles se trouvent sur la même plante, ce qui favorise l’autofécondation et la production de sporophytes. Les structures reproductives asexuées sont peu fréquentes et n’ont pas été observées chez des spécimens canadiens.

La durée de vie d’une mousse épiphyte est limitée par celle de son hôte. Une espèce comme la daltonie faux-splachne doit donc se reproduire et se disperser à une fréquence suffisante pour que ses sous-populations puissent se maintenir. La durée de vie de la daltonie faux-splachne est estimée à 9 à 18 ans (d’après la durée de vie approximative des arbustes auxquels l’espèce s’associe, une fois qu’ils ont atteint la maturité et ont produit des branches et un feuillage). La durée moyenne d’une génération est de 3 à 6 ans.

La petite taille de la population locale de daltonie faux-splachne et la discontinuité de la répartition de l’espèce dans le monde donnent à penser que sa dispersion est entravée par un ou plusieurs facteurs inconnus. Ces facteurs peuvent être biologiques, comme une faible viabilité et/ou un faible taux de survie des spores, ils peuvent être écologiques ou encore géographiques, comme la limitation de la dispersion sur de grandes distances par le caractère protégé de l’habitat et par des obstacles topographiques séparant les sites riches et très humides.

La capacité d’adaptation de la daltonie faux-splachne est inconnue. L’espèce survit toutefois à Haida Gwaii dans un site qui a subi le broutage excessif d’une espèce introduite, le cerf de Sitka, et où la plante hôte qui hébergeait initialement la mousse n’est plus présente, ce qui porte à croire que la daltonie faux-splachne s’est adaptée à un nouvel hôte.

Taille et tendances des populations

La population canadienne de daltonie faux-splachne comprend deux sous-populations : l’une au bras Bigsby, composée actuellement d’environ 50 colonies réparties sur une dizaine de branches d’un seul arbuste, et une deuxième sous-population au lac Mercer, dont quelques tiges mêlées à celles d’autres bryophytes faisaient partie d’un spécimen d’herbier récolté en 1969. Cette sous-population est considérée comme disparue à la suite de trois activités de recherche ciblées.

La probabilité de trouver d’autres sous-populations de l’espèce en Colombie- Britannique est faible. Des bryologues ont réalisé des travaux d’herborisation exhaustifs dans tout l’archipel Haida Gwaii au cours des 70 dernières années sans trouver de nouvelles sous-populations.

Les tendances de la population sont inconnues et ne pourront être établies qu’au moyen d’activités de suivi.

Menaces et facteurs limitatifs

Les trois principales menaces qui pèsent sur la daltonie faux-splachne sont le broutage intensif de la végétation du sous-étage forestier par une espèce introduite, le cerf de Sitka, les changements climatiques et l’élévation du niveau de la mer qui y est associée, et les événements stochastiques comme les glissements de terrain. Les deux sous-populations de l’espèce sont situées dans des aires protégées et ne devraient donc pas être affectées par l’exploitation forestière ou la régulation du niveau de l’eau, notamment par l’aménagement de barrages hydroélectriques. Bien que la sous-population du bras Bigsby se trouve à moins de un mètre au-dessus du niveau de la mer, elle est située au fond du bras et est protégée des ondes de tempête par les îles du large.

L’immigration depuis des populations externes telles que celle de la Californie est très peu probable à cause de la grande distance qui sépare les sites où pousse l’espèce.

Protection, statuts et classements

La daltonie faux-splachne ne bénéficie actuellement d’aucune protection en vertu de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral, du Wildlife Act de la Colombie-Britannique ou d’autres lois ou règlements canadiens.

À l’échelle mondiale comme à l’échelle nationale au Canada et à l’échelle provinciale en Colombie-Britannique, la daltonie faux-splachne est considérée comme gravement en péril. L’espèce est inscrite sur la liste rouge de la Colombie-Britannique.

En Grande-Bretagne, la daltonie faux-splachne est inscrite sur la liste des bryophytes rares à l’échelle nationale. En Europe, on envisage de l’inscrire sur la liste rouge des bryophytes européennes.

Source : COSEPAC. 2019. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la daltonie faux-splachne (Daltonia splachnoides) au Canada, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa. xi + 47 p.

Drave du Yukon

Photo d'un Drave du Yukon
Figure 1. Drave du Yukon
Nom scientifique
Draba yukonensis
Taxon
Plantes vasculaires
Statut du COSEPAC
Préoccupant
Aire de répartition canadienne
Yukon

Justification de la désignation

Cette espèce de moutarde vivace de petite taille et à courte durée de vie est endémique dans le sud du Yukon. Son aire de répartition est très restreinte, se limitant aux prés bien drainés et aux pentes orientées vers le sud. Les relevés réalisés depuis 2011 ont permis d’élargir l’aire de répartition et fait augmenter le nombre de sites connus, lequel est passé de 3 à 19. Selon ces relevés, la population pourrait ne pas subir les fluctuations extrêmes prévues au départ. Parmi les menaces actuelles figurent l’empiétement par les forêts, les incendies de forêt, l’aménagement de routes, les espèces envahissantes, et le piétinement par les humains et les bisons. Ces menaces ont le potentiel de réduire la superficie d’habitat convenable et le nombre de sous-populations potentiellement non viables au point où l’espèce satisferait aux critères de la catégorie « espèce menacée ».

Description et importance de l’espèce sauvage

La drave du Yukon est une petite plante herbacée de la famille des Brassicacées. Ses feuilles sont entières et recouvertes de poils raides non fourchus distinctifs. Chaque plante est munie d’une petite racine pivotante, d’une ou de plusieurs rosettes de feuilles couchées sur le sol et d’une ou de plusieurs tiges florifères. Les fleurs sont petites, blanches et portent quatre pétales.

Répartition

La drave du Yukon est endémique au sud-ouest du Yukon et a jusqu’à maintenant été signalée dans 19 sites.

Voir description longue ci-dessous
Répartition de la drave du Yukon et activités de recherche visant l’espèce menées de 2011 à 2016.
Description longue

Carte montrant les endroits où la drave du Yukon a été observée et les sites de recherche visant l’espèce de 2011 à 2016 dans le sud‑ouest du Yukon.

Source : COSEPAC. 2018. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la drave du Yukon (Draba yukonensis) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xii + 46 p.

Habitat

La drave du Yukon pousse dans des prés secs et bien drainés. Ces prés occupent souvent d’anciennes plages et flèches de sable formées en bordure de lacs proglaciaires. Sur les pentes abruptes orientées vers le sud, l’espèce est souvent limitée aux parties supérieure et inférieure de la pente, où les conditions sont moins sèches qu’en milieu de pente.

Biologie

On en sait peu sur la biologie de la drave du Yukon, mais l’espèce serait une vivace à courte durée de vie selon de récentes données de suivi. L’espèce semble tolérer les conditions sèches et l’exposition directe au soleil. La capacité de dispersion de la drave du Yukon par l’entremise de ses graines est probablement plutôt limitée. Des dommages causés aux graines par de petits mammifères et insectes herbivores ont été observés.

Image d'un Drave du Yukon
Figure 2. Drave du Yukon

Taille et tendances des populations

La population est estimée à environ 160 200 à 333 000 individus. Le nombre d’individus matures peut varier grandement d’une année à l’autre, mais de récentes activités de suivi (2012-2017) donnent à penser que la population totale ne subit pas de fluctuations extrêmes. On ne dispose d’aucune information sur les tendances à long terme des populations.

La majorité des individus matures se concentre dans deux grandes sous-populations, et la plupart des sites connus contiennent de petites sous-populations isolées dont la viabilité est inconnue.

Menaces et facteurs limitatifs

De multiples facteurs (notamment la suppression des incendies, la réduction des populations d’herbivores et les effets des changements climatiques) entraînent apparemment une perte d’habitat attribuable à l’arbustification et à l’afforestation de certaines prairies au Yukon. En contrepartie, les changements climatiques pourraient aussi causer une hausse des feux de forêt, ce qui favoriserait le maintien des prairies dégagées.

Le bison a été réintroduit dans la région dans les années 1980; l’augmentation du nombre de bisons entraîne une hausse du piétinement et de l’intensité du broutage ainsi que de l’enfouissement d’individus de l’espèce sous les déjections. Le piétinement et le broutage peuvent tuer des individus, mais ils peuvent aussi contribuer au maintien des prairies à l’état dégagé.

La circulation est en hausse sur le petit chemin de terre qui traverse depuis longtemps la plus grande sous-population de drave du Yukon, dans le pré Alsek, et les perturbations de l’habitat associées à cette circulation pourraient elles aussi être en hausse. En 2011, une société d’exploration a établi des concessions minières dans le pré en vue d’améliorer ce chemin pour faciliter les activités d’exploitation minière et créer un accès aux propriétés minières. L’entreprise minière a ensuite (2013) conclu avec le gouvernement du Yukon un accord de sécurité qui interdit essentiellement l’exploitation minière dans ces concessions.

Protection, statuts et classements

Le COSEPAC a désigné la drave du Yukon « espèce préoccupante » en 2018; l’espèce avait auparavant été classée « en voie de disparition » en 2011. L’espèce ne jouit d’aucune protection et d’aucun statut juridiques au Canada et aux États-Unis à l’heure actuelle. Elle ne figure pas sur la liste des espèces protégées par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES).

NatureServe a classé la drave du Yukon comme « en péril à vulnérable » à l’échelle mondiale (G2G3) ainsi qu’au niveau national (N2N3) et territorial (S2S3).

Source : COSEPAC. 2018. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la drave du Yukon (Draba yukonensis) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xii + 46 p.

Frêne noir

Photo d'un Frêne noir
Figure 1. Frêne noir
Nom scientifique
Fraxinus nigra
Taxon
Plantes vasculaires
Statut du COSEPAC
Menacée
Aire de répartition canadienne
Manitoba, Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick, Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador

Justification de la désignation

Environ 51 % de l’aire de répartition mondiale de cet arbre se trouve au Canada. L’agrile du frêne, un coléoptère envahissant, a décimé les sous-populations du centre de l’aire de répartition. Il a été détecté pour la première fois au Canada à Windsor, en Ontario, en 2002, et a depuis élargi son aire de répartition jusqu’à Winnipeg, au Manitoba, dans l’ouest, et jusqu’à Bedford, en Nouvelle-Écosse, dans l’est. Si le déclin global du nombre de frênes au Nouveau-Brunswick, au Québec, en Ontario et au Manitoba est modéré à ce jour, les projections indiquent que les taux de mortalité seront supérieurs à 90 % et qu’environ 73 % de la population canadienne est susceptible d’être touchée en l’espace de 1 génération (60 ans) dans les conditions climatiques actuelles. La lutte biologique contre l’agrile du frêne a été amorcée dans certaines parties du sud de l’Ontario et du Québec, mais son efficacité est incertaine. On s’attend donc à ce que l’agrile du frêne étende sa présence dans l’habitat de la présente espèce grâce aux changements climatiques.

Description et importance de l’espèce sauvage

Le frêne noir est un feuillu de la famille de l’olivier, qui atteint de 15 à 20 m de hauteur et de 30 à 50 cm de diamètre. Ses feuilles, opposées et composées-pennées, mesurent de 15 à 30 cm de longueur et comportent de 7 à 11 folioles. Les fleurs, petites, sont dépourvues de pétales et de sépales et apparaissent sous forme d’inflorescences denses avant la feuillaison. Le fruit est une samare allongée et ailée. Le frêne noir se distingue des autres espèces de frênes par ses folioles sessiles, par ses samares ailées jusqu’à la base et par l’espace qui sépare le bourgeon terminal de la paire supérieure de bourgeons latéraux.

Le bois du frêne noir est très flexible et se sépare facilement en feuillets minces, ce qui le rend utile pour la fabrication d’objets où le bois doit être cintré. Il est recherché pour la fabrication de cerceaux de tonneau, de sièges de chaise, d’armatures de raquettes et de membrures de canots, et reste un matériau important pour les Premières Nations, qui l’utilisent pour la vannerie. Ce bois durable présente une valeur commerciale, étant utilisé pour la fabrication de poignées d’outils, de meubles, de revêtements intérieurs et de revêtements de sol. De nombreux usages médicinaux du frêne noir ont été répertoriés chez les Premières Nations, et l’espèce est disponible sur le marché horticole. Le frêne noir domine de nombreux écosystèmes riverains et forêts marécageuses, où il fournit nourriture et abri à de multiples espèces, dont au moins dix espèces d’arthropodes spécialistes des frênes qui sont présentes au Canada.

Répartition

Le frêne noir se rencontre depuis l’ouest de Terre-Neuve jusqu’au sud-est du Manitoba et au Dakota du Nord. Son aire de répartition s’étend vers le sud jusqu’en Iowa, en Illinois, en Virginie et au Delaware. L’aire de répartition du frêne noir s’étend plus au nord que celle de n’importe quelle autre espèce de frêne. Environ 51 % de l’aire de répartition mondiale de cet arbre se trouve au Canada.

Voir description longue ci-dessous
Aire de répartition mondiale du frêne noir.
Description longue

Carte montrant l’aire de répartition mondiale du frêne noir au Canada et aux États‑Unis; des symboles indiquent les mentions d’occurrence au Canada. Le frêne noir se rencontre depuis l’ouest de Terre‑Neuve jusqu’au sud‑est du Manitoba et dans le centre nord du Dakota du Nord. Son aire de répartition s’étend vers le sud jusqu’en Iowa, en Illinois, en Virginie et au Delaware.

Source: COSEPAC. 2018. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le frêne noir (Fraxinus nigra) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xiv + 109 p.

Habitat

Le frêne noir est essentiellement une espèce des milieux humides : marécages, plaines inondables et tourbières minérotrophes. L’espèce a besoin d’une intensité lumineuse intermédiaire et est généralement plus abondante dans les milieux relativement alcalins. La plupart des sites où le frêne noir est prédominant sont sujets aux inondations, ce qui semble conférer à l’espèce un avantage concurrentiel, compte tenu de sa grande tolérance aux inondations saisonnières. Le frêne noir est également commun dans les forêts humides de terrain élevé, mais y est généralement moins abondant que dans les zones mouillées.

Biologie

Le frêne noir fleurit entre le milieu et la fin du printemps, et ses fleurs sont pollinisées par le vent. Les individus de l’espèce sont généralement polygames (fleurs unisexuées et fleurs bisexuées portées sur le même arbre), mais peuvent occasionnellement être unisexués. Les graines mûrissent de la fin d’août à septembre et sont dispersées par le vent et l’eau entre le mois d’octobre et le printemps suivant. La récolte de graines est abondante à intervalles irréguliers de un à huit ans. Les graines présentent une dormance physiologique profonde et doivent être exposées à l’humidité et à des températures élevées et basses pour germer. Cette caractéristique pourrait être importante dans l’établissement des limites nord et sud de l’aire de répartition. Les graines du frêne noir demeurent viables dans le sol pendant trois à huit ans. L’espèce peut se reproduire par graines à l’âge d’environ 30 ans et vivre jusqu’à l’âge de 200 à 300 ans. La reproduction par voie végétative de l’espèce n’a pas été observée, mais de nombreux rejets peuvent être produits à partir du collet racinaire et des souches. Aux fins du présent rapport, la durée d’une génération est estimée à 60 ans, ce qui pourrait constituer une sous-estimation dans le cas de cette espèce relativement longévive à croissance lente.

Image d'un arbre Frêne noir
Figure 2. Frêne noir

Taille et tendances des populations

La population canadienne de l’espèce est encore mal connue, mais comprendrait quelque 162 millions d’individus matures, selon des données du secteur forestier. L’agrile du frêne provoque la mort d’un nombre considérable de frênes dans certaines parties du sud de l’Ontario et du Québec. La mortalité des espèces de frênes est peu étudiée au Canada, mais il est établi que le frêne noir est l’espèce de frêne la plus sensible à l’agrile du frêne dans le nord-est des États-Unis. L’agrile du frêne n’est pas encore suffisamment répandu au Canada pour y avoir réduit de manière considérable la population de frêne noir, mais la propagation rapide du ravageur et une mortalité importante du frêne noir sont prévues en moins d’une génération (60 ans). Le taux de mortalité d’arbres matures attribuable à l’agrile du frêne aux États-Unis a atteint 95 à 99 % à l’échelle régionale; des taux semblables ont été enregistrés dans les régions du Canada qui sont infestées depuis le plus longtemps. Plusieurs sources de données indiquent toutefois que les effets pourraient être moins importants dans l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce au Canada (voir ci-après).

La conversion de forêts à d’autres usages depuis l’établissement des colons européens a entraîné des déclins importants dans les plaines des Grands Lacs au cours des trois dernières générations, mais la plus grande partie de l’aire de répartition du frêne noir se trouve au nord des zones densément peuplées, dans des régions qui montrent peu de signes de changements récents importants. Des déclins observés en Nouvelle-Écosse, à l’Île-du-Prince-Édouard et dans le sud-est du Nouveau-Brunswick ont été associés à des agents pathogènes non identifiés et possiblement introduits.

Menaces et facteurs limitatifs

Le frêne noir est menacé par l’agrile du frêne, un coléoptère xylophage originaire d’Asie qui a atteint le sud-ouest de l’Ontario en 1992 et s’est propagé par la suite au Canada sur une distance de 1 100 km vers le nord-ouest et de 1 300 km vers le nord-est. La larve de l’agrile du frêne se nourrit dans l’écorce interne et l’aubier des arbres, ce qui provoque leur annélation et finit par les tuer. Le taux de mortalité de frênes matures (toutes espèces confondues) a atteint 99 % en 6 ans dans certaines régions du Michigan et de l’Ohio, et le frêne noir est l’espèce de frêne qui est la plus touchée par l’agrile du frêne. Un taux de mortalité semblable des frênes (toutes espèces confondues) a été observé dans les zones du sud de l’Ontario qui ont été les premières touchées et les plus gravement infestées. Si l’on se fonde uniquement sur les taux de propagation observés, tous les frênes noirs du Canada pourraient être touchés en une génération (60 ans). L’analyse des données indique toutefois que 27 % des frênes noirs du Canada pourraient être protégés contre l’agrile du frêne dans les conditions climatiques actuelles, en raison des températures minimales qui sont basses. Cependant, cette protection pourrait être perdue entièrement ou en grande partie en l’espace d’une génération environ à cause du réchauffement climatique prévu. L’établissement d’agents de lutte biologique introduits et le rétablissement possible des frênes après une infestation (selon des données probantes recueillies sur le frêne rouge) donnent également à penser que le taux de mortalité dû à l’agrile du frêne au Canada pourrait être inférieur à 99 %. Des guêpes parasitoïdes asiatiques introduites comme agents de lutte biologique sont maintenant bien établies dans diverses parties de l’aire de répartition du frêne noir aux États-Unis et réduisent de 50 % la croissance des populations d’agriles du frêne à l’échelle locale, mais leurs effets sur la survie des frênes ne sont pas encore clairs. L’introduction d’agents de lutte biologique en Ontario et au Québec a débuté en 2015.

D’autres menaces possibles, moins immédiates ou de moindre ampleur, ont été répertoriées à l’échelle de l’aire de répartition du frêne noir : 1) un ou plusieurs agents pathogènes inconnus et possiblement introduits semblent avoir causé des déclins importants en Nouvelle-Écosse depuis 1958; 2) une maladie fongique d’origine asiatique, la chalarose du frêne, cause de très lourdes pertes en Europe chez une espèce étroitement apparentée, le frêne commun; l’organisme pathogène en cause est virulent pour le frêne noir, mais n’a pas encore été décelé en Amérique du Nord; et 3) les changements climatiques devraient entraîner une réduction importante de la zone propice au frêne noir en une ou deux générations.

Protection, statuts et classements

Le frêne noir a été classé comme espèce menacée aux termes de l’Endangered Species Act de la Nouvelle-Écosse en 2013, mais ne possède pas de statut juridique dans d’autres provinces ou d’autres États. L’espèce bénéficie d’une certaine protection en vertu des politiques provinciales sur les milieux humides et riverains dans la plus grande partie de son aire de répartition au Canada, et se rencontre dans de nombreuses aires protégées. À l’échelle mondiale, le frêne noir est actuellement coté G5 (non en péril). Cette cote et de nombreuses autres cotes étatiques ont été établies par NatureServe avant l’introduction de l’agrile du frêne et surestiment donc la situation de l’espèce. Le frêne noir suscite des préoccupations sur le plan de la conservation, même si l’on fait abstraction de l’agrile du frêne, comme en témoignent les cotes suivantes : SH (historique) dans le District de Columbia, S1S2 (en péril) en Nouvelle-Écosse, au Delaware, au Dakota du Nord et au Rhode Island, S2S3 (en péril à vulnérable) en Virginie-Occidentale et S3 (vulnérable) au Manitoba, dans l’île de Terre-Neuve, au Maryland et en Virginie. Les autres cotes provinciales établies au Canada et révisées en 2016 sont les suivantes : S4 (apparemment non en péril) en Ontario; S4S5 (apparemment non en péril à non en péril) au Nouveau-Brunswick et S5? (non en péril – statut imprécis) au Québec.

Source : COSEPAC. 2018. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le frêne noir (Fraxinus nigra) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xiv + 109 p.

Fuscopannaire à taches blanches

Photo d'un Fuscopannaires à taches blanches
Figure 1. Fuscopannaire à taches blanches
Nom scientifique
Fuscopannaria leucosticta
Taxon
Lichens
Statut du COSEPAC
Menacée
Aire de répartition canadienne
Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse

Justification de la désignation

Ce lichen rare au Canada pousse dans des forêts humides de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de l’Ontario, au sein de trois sous-populations connues. La principale menace qui pèse sur l’espèce au pays est l’exploitation forestière de ses arbres hôtes, le thuya occidental et l’érable rouge. À l’instar des autres cyanolichens, la présente espèce est sensible à la pollution atmosphérique sous forme de pluies acides ainsi qu’aux changements climatiques, y compris les phénomènes météorologiques plus extrêmes menant au déracinement ou à la chute des arbres hôtes par le vent. La baisse du nombre d’individus matures observée au cours des 10 dernières années devrait se poursuivre, avec une perte prévue d’environ 45 % de la population au cours des 3 prochaines générations.

Description et importance de l’espèce sauvage

La fuscopannaire à taches blanches (Fuscopannaria leucosticta) est un lichen rare qui pousse sur des arbres dans des forêts humides de l’est du Canada. Elle forme de nombreux lobes qui se chevauchent (comme des bardeaux). Les lobes présentent habituellement une couleur gris olive foncé sur leur surface supérieure et une bordure blanche bien visible. Les colonies matures produisent de nombreux disques brunâtres (organes de fructification) à leur surface supérieure.

Répartition

L’aire de répartition mondiale de la fuscopannaire à taches blanches est discontinue. L’espèce est surtout présente dans l’est du Canada et le sud-est des États-Unis, mais on la trouve également en Europe et dans la région Asie-Pacifique. Au Canada, elle est présente au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et dans une petite région de l’ouest de l’Ontario. Aux États-Unis, on ne l’a pas trouvée en Nouvelle-Angleterre depuis au moins 30 ans.

Voir description longue ci-dessous
Répartition du Fuscopannaria leucosticta au Canada, aux États-Unis et dans les Caraïbes.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Quebec = Québec
Montreal = Montréal
Nova Scotia = Nouvelle‑Écosse
NH = New Hampshire
VT = Vermont
North Dakota = Dakota du Nord
South dakota = Dakota du Sud
PE = Île‑du‑Prince‑Édouard
Philadelphia = Philadelphie
West virginia = Virginie‑Occidentale
Georgia = Géorgie
Florida = Floride
Louisiana = Louisiane
California = Californie
New mexico = Nouveau‑Mexique
United States = États‑Unis
Gulf of California = Golfe de la Californie
Mexico = Mexique
Mexico city = Mexico
Gulf of Mexico = Golfe du Mexique
Dominican republic = République dominicaine
Caribbean sea = Mer des Caraïbes

Description longue

Carte de la répartition du F. leucosticta au Canada, aux États‑Unis et dans les Caraïbes. La majeure partie de la répartition se trouve dans l’est de l’Amérique du Nord, et des occurrences apparemment isolées se trouvent autour du lac Supérieur

Source : COSEPAC. 2019. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la fuscopannaire à taches blanches (Fuscopannaria leucosticta) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xi + 98 p.

Habitat

La fuscopannaire à taches blanches vit presque exclusivement sur l’écorce d’arbre dans des forêts humides. On la trouve le plus souvent sur l’érable rouge en Nouvelle-Écosse et sur le thuya occidental au Nouveau-Brunswick et en Ontario. Elle pousse généralement à la surface supérieure de troncs d’arbres inclinés et évite le côté sud-ouest des troncs. Elle préfère des habitats qui vont de marécages ouverts où l’on trouve de l’eau stagnante toute l’année à des corridors riverains (au bord de cours d’eau ou de lacs) et à des habitats de transition près de tourbières.

Biologie

Les lichens sont des organismes symbiotiques formés par l’association d’un champignon et d’une algue verte ou cyanobactérie photosynthétique (photobionte). Chez la fuscopannaire à taches blanches, le photobionte est une cyanobactérie du genre Nostoc, tandis que le champignon est un ascomycète de la famille des Pannariacées.

On croit que ce lichen se disperse sur de grandes distances par des spores, mais il peut coloniser de l’écorce d’arbre à proximité si des fragments se détachent de son thalle (partie principale du lichen). Comme les spores ne contiennent que de l’ADN fongique, une cyanobactérie compatible doit déjà être présente pour que le lichen puisse coloniser de nouveaux habitats. La durée de génération de la fuscopannaire à taches blanches est inconnue, mais des espèces de lichen apparentées atteignent la maturité au bout de 5 à 22 ans. Selon les données disponibles sur l’espèce, sa durée de vie serait d’au moins 12 ans.

Image du Fuscopannaires à taches blanches sur un arbre
Figure 2. Fuscopannaire à taches blanches

Taille et tendances des populations

Les relevés effectués ont permis de dénombrer 1 663 thalles de la fuscopannaire à taches blanches sur 502 arbres dans 88 occurrences au Canada. Environ 45 % de ces thalles se trouvent au Nouveau-Brunswick, à peu près autant en Nouvelle-Écosse, et moins de 10 % en Ontario. D’après les modèles de répartition élaborés pour le présent rapport, la population totale de l’espèce au Canada est estimée à quelque 9 265 thalles.

Menaces et facteurs limitatifs

L’exploitation forestière du thuya occidental et de l’érable rouge constitue la principale menace qui pèse sur la fuscopannaire à taches blanches au Canada. L’espèce est également sensible à la pollution atmosphérique sous forme de pluies acides. Les changements climatiques constituent aussi une menace, particulièrement les étés plus chauds et plus secs auxquels l’espèce est sensible puisque son symbiote photosynthétique est une cyanobactérie. La fuscopannaire à taches blanches a donc besoin d’eau liquide pour réaliser la photosynthèse, contrairement aux lichens comprenant une algue verte, chez lesquels l’humidité atmosphérique suffit pour déclencher la photosynthèse. En plus de stresser le lichen, les changements climatiques pourraient accroître la fréquence des feux de forêt. En outre, la hausse prévue de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes est susceptible de provoquer le chablis d’arbres hôtes de l’espèce. Le broutage du lichen par des limaces envahissantes constitue une autre menace, qui semble toutefois actuellement restreinte à la Nouvelle-Écosse. On prévoit que les menaces pourraient réduire de 45 % la population totale de la fuscopannaire à taches blanches au cours des trois prochaines générations (36 ans).

Protection, statuts et classements

La fuscopannaire à taches blanches a une cote nationale de N2N3 (en péril à vulnérable), et sa situation générale est cotée N3 (vulnérable). Le Centre d’information sur le patrimoine naturel (Ontario) lui a attribuée la cote S1S2 (gravement en péril à en péril), et le Centre de données sur la conservation du Canada atlantique l’a cotée S2S3 (en péril à vulnérable) au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse.

Source : COSEPAC. 2019. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la fuscopannaire à taches blanches (Fuscopannaria leucosticta) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xi + 98 p.

Hespérochiron nain

Photo de l'Hespérochiron nain
Figure 1. Hespérochiron nain
Nom scientifique
Hesperochiron pumilus
Taxon
Plantes vasculaires
Statut du COSEPAC
En voie de disparition
Aire de répartition canadienne
Colombie-Britannique

Justification de la désignation

Cette petite plante vivace est restreinte aux clairières de forêts montagnardes qui sont humides de façon saisonnière, dans quatre sites d’une petite aire du sud-est de la Colombie-Britannique. Le nombre total d’individus matures est très faible (moins de 200). Tous les sites canadiens se trouvent sur des terres de la Couronne provinciale et peuvent faire l’objet d’activités d’exploitation forestière pratiquées dans les zones environnantes et/ou les activités de construction de routes, qui peuvent changer le régime hydrologique. L’impact négatif des vélos de montagne sur le substrat mince a été observé à proximité d’une occurrence. La compétition exercée par des plantes non indigènes, notamment la centaurée maculée, constitue la menace la plus importante, laquelle devrait mener à une dégradation de l’habitat au fil du temps. Selon les changements climatiques projetés, les sécheresses et les incendies naturels anormalement intenses pourraient potentiellement endommager ou éliminer une ou plusieurs occurrences d’ici trois générations.

Description et importance de l’espèce sauvage

L’hespérochiron nain est une plante herbacée vivace qui peut atteindre 10 cm de hauteur et dont la tige mince est reliée à des rejets plus petits par des rhizomes fins et fragiles. Les feuilles, simples et généralement glabres, forment une rosette basilaire. On compte de 1 à 8 fleurs solitaires par individu. Les fleurs sont voyantes, mesurent 1 à 3 cm de largeur et comportent 5 lobes. Les pétales sont blancs et présentent souvent des marques violettes bien visibles. La gorge de la corolle est jaune et pubescente. Le fruit est une capsule ovale qui renferme de nombreuses graines de petite taille.

L’hespérochiron nain est une espèce attrayante qui est prisée en horticulture. L’espèce est répandue dans l’ouest des États-Unis mais rare au Canada, où elle se trouve à la limite nord de son aire de répartition.

Répartition

Au Canada, l’hespérochiron nain est confiné aux montagnes Selkirk et Monashee, dans le sud de la Colombie-Britannique. On compte quatre sous-populations connues de l’espèce, situées dans un rayon de 25 km de Castlegar. L’espèce est répandue dans tout l’ouest des États-Unis, depuis l’État de Washington jusqu’en Californie, vers le sud, et jusqu’en Arizona, au Wyoming et au Montana, vers l’est.

Voir description longue ci-dessous
Répartition de l’hespérochiron nain au Canada.
Description longue

Carte de l’aire de répartition de l’hespérochiron nain au Canada, où l’espèce est confinée aux montagnes Selkirk et Monashee, dans le sud de la Colombie‑Britannique.

Source : COSEPAC. 2019. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’hespérochiron nain (Hesperochiron pumilus) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. x + 37 p.

Habitat

L’hespérochiron nain se rencontre dans les petits prés comportant des affleurements rocheux, au sein de matrices forestières. L’espèce pousse en bordure de zones de suintement, dans des sols loameux de plus de 20 cm de profondeur, au milieu ou en bas de pentes dont l’inclinaison varie de 5 à 40 degrés et qui sont orientées entre l’est et le sud. L’altitude des sites varie entre 719 et 1 169 m. L’hespérochiron nain pousse dans un sol qui est saturé d’eau au début du printemps et qui peut facilement être compacté ou déplacé sous l’effet du piétinement. L’espèce se rencontre souvent sur un sol dénudé ou présentant une couverture clairsemée de plantes herbacées non graminoïdes et de bryophytes. Les arbustes sont généralement absents, mais peuvent parfois pousser en bordure des zones de suintement.

Biologie

L’hespérochiron nain est associé aux zones de suintement printanières. L’espèce fleurit et produit des graines en présence d’humidité. En Colombie-Britannique, l’hespérochiron nain fleurit au mois de mai, et ses fleurs éphémères sont pollinisées par des andrènes et des halictes. Pour pouvoir germer, il semble que les graines doivent subir une stratification à froid. L’hespérochiron nain produit de nombreux ramets reliés par de minces rhizomes qui peuvent se détacher de la plante-mère.

Image de l'Hespérochiron nain habitat
Figure 2. Hespérochiron nain

Taille et tendances des populations

En 2017, on a dénombré 168 individus matures florifères, et le nombre de ramets non florifères plus petits (ne comportant majoritairement qu’une seule feuille) a été estimé à environ 4 360. On présume que les individus non florifères sont des rejets reliés à un individu principal, mais il pourrait également s’agir de semis immatures. Il existe quatre sous-populations connues d’hespérochiron nain, séparées par une distance de plus d’un kilomètre. Les fluctuations et les tendances des populations de l’espèce sont inconnues.

Menaces et facteurs limitatifs

Toutes les sous-populations connues de l’espèce se trouvent sur des terres de la Couronne provinciale. Des activités d’exploitation forestière sont prévues dans la parcelle où se trouvent les deux plus grandes sous-populations. L’exploitation forestière et la construction de routes dans des zones situées en haut de pente pourraient modifier le régime hydrologique, ce qui aurait des répercussions sur les zones de suintement en bas de pente et favoriserait la propagation de plantes non indigènes envahissantes. L’espèce non indigène la plus menaçante est la centaurée maculée, qui est en compétition avec l’hespérochiron nain pour l’eau et d’autres ressources. L’empiétement des arbustes et des conifères attribuable à la succession végétale entraînera une dégradation de l’habitat au fil du temps. Les activités récréatives, comme le vélo de montagne et la randonnée pédestre, pourraient favoriser le compactage et le déplacement de sol, et causer le piétinement et le déracinement de plantes. L’utilisation intensive des sentiers peut modifier le régime hydrologique en faisant dévier l’écoulement des zones de suintement.

Par ailleurs, les petites populations isolées peuvent être affectées par une diversité génétique limitée et par une dépression de consanguinité.

Protection, statuts et classements

L’hespérochiron nain ne bénéficie actuellement d’aucune protection juridique au Canada. En Colombie-Britannique, l’espèce est inscrite sur la liste rouge et est cotée S2 – en péril (2017). Elle est cotée N2 (en péril) à l’échelle nationale au Canada et G4 (apparemment non en péril) à l’échelle mondiale. Les quatre sous-populations existantes d’hespérochiron nain qui sont actuellement connues au Canada se trouvent sur des terres de la Couronne provinciale. La cote SNR (espèce non classée) est attribuée à l’espèce à l’échelle nationale aux États-Unis.

Source : COSEPAC. 2019. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’hespérochiron nain (Hesperochiron pumilus) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. x + 37 p

Hydraste du Canada

Photo de l'Hydraste du Canada
Figure 1. Hydraste du Canada
Nom scientifique
Hydrastis canadensis
Taxon
Plantes vasculaires
Statut du COSEPAC
Préoccupante
Aire de répartition canadienne
Ontario

Justification de la désignation

Les efforts de relevé accrus ont mené à la découverte de nouvelles sous-populations de cette espèce depuis la dernière évaluation. Bien que le nombre d’individus matures de cette plante longévive semble stable ces dernières décennies, les sous-populations restantes sont toujours menacées par la déforestation, la récolte et les espèces envahissantes.

Description et importance de l’espèce sauvage

L’hydraste du Canada est une plante herbacée vivace de haute 10 à 50 cm. Elle se caractérise par son rhizome (tige souterraine) jaune noueux qui porte des cicatrices bien visibles laissées à la suite de la chute de la seule tige aérienne produite chaque année. Celui-ci ressemble aux sceaux de cire qui étaient dans le passé utilisés pour cacheter des lettres (d’où le nom anglais « Goldenseal », qui signifie littéralement « sceau doré »). La plante porte une à trois feuilles comportant chacune cinq lobes. La plante était utilisée à des fins médicinales par les peuples autochtones en Amérique du Nord. L’hydraste du Canada fait encore l’objet d’un intérêt commercial et est encore utilisée dans divers produits à base d’herbes.

Répartition

L’hydraste du Canada se rencontre depuis le sud du Vermont et le sud de l’Ontario jusque dans le Wisconsin, l’Arkansas et le nord de la Georgie. Elle était auparavant abondante dans la partie centrale de son aire de répartition. Au Canada, l’espèce se rencontre seulement dans le sud-ouest de l’Ontario, et la population canadienne représente seulement 1,6 % de l’aire de répartition mondiale de l’espèce.

Voir description longue ci-dessous
Aire de répartition de l’hydraste du Canada en Amérique du Nord.
Description longue

Carte de l’aire de répartition de l’hydraste du Canada en Amérique du Nord, où il est présent depuis le sud du Vermont et le sud de l’Ontario jusque dans le sud du Wisconsin, au sud de l’Arkansas et le nord de la Georgie.

Source: Kartesz, J.T., The Biota of North America Program (BONAP). 2015. North American Plant Atlas. Chapel Hill, N.C. [carte produite par Kartesz, J.T. 2015. Floristic Synthesis of North America, Version 1.0. Biota of North America Program (BONAP). (sous presse)]. BONAP's North American Plant Atlas (NAPA) [consulté en mai 2016]. (en anglais seulement)

Habitat

L’hydraste du Canada pousse dans des boisés de feuillus soumis à des inondations périodiques (plaines inondables). Les colonies d’hydraste du Canada se rencontrent généralement dans des sites à sol acide à couvert dense à semi-dégagé (sites légèrement perturbés comme les bords de sentiers pédestres, les vasières et les canaux de drainage, les lisières de boisés, les zones préalablement inondés, les fourrés, les forêts de succession, les berges de rivières et les bordures de fossés). L’espèce semble préférer les sites mésiques à relief plat comportant des monticules et des dépressions ou en pente légère.

Biologie

L’hydraste du Canada se reproduit au moyen de ses graines ainsi que par voie végétative, mais la production de semis est rare au Canada. Chaque individu produit une seule fleur blanche en mai. Durant la maturation du fruit (juillet à août), les jeunes carpelles se soudent pour former un seul fruit composé, rouge et globuleux, renfermant 10 à 30 graines. De nouvelles tiges sont produites sur les tiges souterraines après la maturation du fruit. L’hydraste du Canada est pollinisée par des pollinisateurs généralistes et est dispersée par les animaux, dont les oiseaux.

Image  de l'Hydraste du Canada
Figure 2. Hydraste du Canada

Taille et tendances des populations

En Ontario, 25 sous-populations d’hydraste du Canada sont considérées comme existantes. De ce nombre, 10 sous-populations étaient connues en 1998 et ont été signalées dans le rapport de situation précédent, et six nouvelles sous-populations ont ensuite été trouvées. Les neuf autres sous-populations étaient connues, mais n’ont pas été incluses dans le relevé de 1998. Cinq sous-populations additionnelles sont considérées comme historiques. Celles-ci n’otn pas été retrouvées, car les renseignements sur leur emplacement sont imprécis. Une autre sous-population est considérée comme disparue.

L’hydraste du Canada est une espèce à reproduction clonale qui forme de denses colonies dans un site. Des dénombrements des tiges ont été effectués pour l’estimation de la taille de la population; 200 015 tiges (42 045 tiges florifères matures) réparties entre 207 colonies distinctes ont été estimées dans 15 sous-populations en 2015. Ces évaluations sont considérées comme des sous-estimations du nombre de tiges, compte tenu de la densité des colonies clonales compte tenu de la densité élevée des colonies clonales, particulièrement dans les très grandes colonies et du temps limité pouvant être consacré aux relevés.

La population d’hydraste du Canada en Ontario est actuellement considérée comme stable, mais elle est probablement d’une moins grande ampleur qu’avant l’arrivée des premiers colons européens. Certaines colonies présentent une croissance alors que d’autres affichent un déclin, dépendamment des conditions du site.

Menaces et facteurs limitatifs

L’espèce a connu un déclin au cours des dernières décennies à cause de la perte d’habitat et de la cueillette. Les menaces pesant actuellement sur l’espèce sont les coupes à blanc, les espèces envahissantes, les activités récréatives et la gestion de l’eau (par exemple fossés de drainage). La cueillette de l’hydraste du Canada constitue encore une menace potentielle, mais rien ne laisse croire que les sous-populations existantes sont actuellement touchées par cette activité. Les facteurs limitatifs pour l’hydraste du Canada sont le faible taux de dispersion au moyen des graines dans la majorité des sous-populations et l’absence de perturbations naturelles et d’agents de dispersion.

Protection, statuts et classements

L’hydraste du Canada a été désignée espèce menacée par le COSEPAC en mai 2000 et figure à ce titre à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral; en mai 2019, a réexaminé le statut de l’espèce et l’a désignée comme étant préoccupante. De plus, l’hydraste du Canada est inscrite à l’annexe 4 de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario, à titre d’espèce menacée. Elle est également inscrite à l’annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d’extinction (CITES). La CITES réglemente le commerce international des parties souterraines (racines et rhizomes) ainsi que des plantes entières de l’espèce. Des permis en vertu de la CITES sont requis pour l’exportation de plantes et de parties souterraines entières, de portions de celles-ci ou de poudre produite à partir de celles-ci. Les produits finis (par exemple extraits ou capsules) ne sont pas réglementés. L’espèce est inscrite sur la liste rouge de l’UICN, comme espèce vulnérable.

Source : COSEPAC. 2019. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le l’hydraste du Canada (Hydrastis canadensis) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xiii + 39 p.

Isoète du Columbia

Photo de Isoète du Columbia
Figure 1. Isoète du Columbia
Nom scientifique
Isoetes minima
Taxon
Plantes vasculaires
Statut du COSEPAC
En voie de disparition
Aire de répartition canadienne
Colombie-Britannique

Justification de la désignation

Cette espèce parente des fougères pousse sur un substrat mince et acide, sur un substratum rocheux fortement incliné. Elle se rencontre dans les zones de suintement printanières éphémères des sous-bois de forêts de conifères sèches. Cette espèce endémique rare dans le nord-ouest du Pacifique compte quatre sous-populations au Canada, dans l’extrême-sud de la Colombie-Britannique (région de Castlegar), toutes découvertes depuis 1996. En 2017, 1 145 individus (1 019 individus matures) ont été recensés au Canada. La baisse de la qualité et de la quantité d’habitat résulte des activités récréatives (particulièrement le vélo de montagne) ainsi que de l’établissement de plantes non indigènes telles que la centaurée maculée. Tous les sites canadiens se trouvent sur des terres de la Couronne provinciale, là où l’exploitation forestière pratiquée dans les zones environnantes et/ou les activités de construction de routes pourraient modifier le régime hydrologique des sites et entraîner des répercussions négatives potentielles sur l’espèce. Cette population devrait avoir une diversité génétique limitée.

Description et importance de l’espèce sauvage

L’isoète du Columbia (Isoetes minima) est une plante vivace voisine des fougères (ptéridophyte). Ses feuilles, qui sont petites, vertes et simples, ressemblent à des aiguillons et émergent d’une souche globuleuse. Les feuilles sont renflées à la base, là où se trouvent les sporanges qui renferment les microspores et les mégaspores servant à la reproduction.

Répartition

L’isoète du Columbia est une espèce endémique rare qui se rencontre dans le nord-ouest du Pacifique. Au Canada, l’isoète du Columbia a été observé dans le sud de la Colombie-Britannique, dans les montagnes Monashee et Selkirk, dans un rayon de 25 km de Castlegar. L’espèce a été signalée dans cinq sites aux États-Unis, dans l’État de Washington, en Idaho et en Oregon.

Voir description longue ci-dessous
Aire de répartition canadienne de l’isoète du Columbia.
Description longue

Carte de l’aire de répartition canadienne de l’isoète du Columbia, indiquant quatre sous‑populations dans les montagnes Selkirk et Monashee, dans le sud de la Colombie‑Britannique.

Source : COSEPAC. 2019. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’isoète du Columbia (Isoetes minima) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. x + 36 p.

Habitat

L’isoète du Columbia se rencontre sur des sols minces, dans les zones de suintement printanières de clairières en pente orientées vers l’est ou le sud, dans des forêts situées à une altitude variant entre 700 et 1 160 m au-dessus du niveau de la mer. L’espèce pousse sur d’épais tapis de mousse ou sur le sol dénudé.

Biologie

Les feuilles de l’isoète du Columbia émergent au printemps, et le cycle vital de l’espèce est étroitement associé à l’humidité disponible. Les plantes produisent des milliers de petites microspores et des centaines de mégaspores entre le mois de mai et le début de juillet. Des individus immatures ont été observés dans tous les sites canadiens abritant l’espèce.

Image de Isoète du Columbia
Figure 2. Isoète du Columbia

Taille et tendances des populations

Il existe quatre sous-populations connues d’isoète du Columbia au Canada, qui ont toutes été découvertes entre 1996 et 2017. En 2017, 1 145 individus de l’espèce (dont 1 019 individus matures) ont été dénombrés dans les quatre sous-populations.

Menaces et facteurs limitatifs

Toutes les sous-populations connues de l’espèce se trouvent sur des terres de la Couronne provinciale. Des activités d’exploitation forestière sont prévues dans la parcelle où se trouvent les deux plus grandes sous-populations. L’exploitation forestière et la construction de routes dans des zones situées en haut de pente pourraient modifier le régime hydrologique, ce qui aurait des répercussions sur les zones de suintement en bas de pente et favoriserait la propagation de plantes non indigènes envahissantes. L’espèce non indigène la plus menaçante est la centaurée maculée, qui est en compétition avec l’isoète du Columbia pour l’eau et d’autres ressources dans tous les sites. La gravité accrue des sécheresses associée aux changements climatiques pourrait avoir des répercussions sur la production de spores. L’empiétement des arbustes et des conifères attribuable à la succession végétale entraînera une dégradation de l’habitat au fil du temps. Les activités récréatives, dont le vélo de montagne et la randonnée pédestre, pourraient aussi avoir des effets négatifs sur l’isoète du Columbia et son habitat. Par ailleurs, les petites populations isolées peuvent être affectées par une diversité génétique limitée et par une dépression de consanguinité.

Protection, statuts et classements

L’isoète du Columbia ne bénéficie actuellement d’aucune protection juridique au Canada. En Colombie-Britannique, l’espèce est inscrite sur la liste rouge et est cotée S1 — gravement en péril (2015). Elle est également considérée comme gravement en péril (N1) à l’échelle nationale. Toutes les sous-populations existantes connues se trouvent sur des terres de la Couronne provinciale

Source : COSEPAC. 2019.  Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’isoète du Columbia (Isoetes minima) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. x + 36 p.

Lézard à petites cornes majeur

Photo du Grand iguane à petites cornes
Figure 1. Lézard à petites cornes majeur
Nom scientifique
Phrynosoma hernandesi
Taxon
Reptile
Statut du COSEPAC
Préoccupante
Aire de répartition canadienne
Alberta et Saskachewan

Justification de la désignation

Au Canada, cette espèce se rencontre dans plusieurs localités éparses des prairies du sud de l’Alberta et de la Saskatchewan. De nouvelles localités ont été répertoriées depuis la dernière évaluation, et la répartition de l’espèce n’est plus considérée comme gravement fragmentée. Les menaces à grande échelle sont notamment la modification de l’habitat par les plantes envahissantes, et la vulnérabilité accrue aux sécheresses l’été et aux épisodes de gel-dégel associés aux changements climatiques. Environ 70 % de la population de l’espèce vit dans le parc national des Prairies, mais les sous-populations à l’extérieur de cette aire protégée, notamment toutes les sous-populations de l’Alberta, font face à d’autres menaces : agriculture, forage pétrolier et gazier, prédation accrue à cause de la modification de l’habitat, autres aménagements humains. Les tendances actuelles de la taille de la population et de la qualité de l’habitat en Alberta sont inconnues. L’espèce satisfait presque à tous les critères de la catégorie « espèce menacée » étant donné sa petite aire de répartition, la réduction inférée et projetée de la qualité de son habitat, sa répartition éparse et ses besoins précis en matière d’habitat.

Description et importance de l’espèce sauvage

Le lézard à petites cornes majeur (Phrynosoma hernandesi) est la seule espèce de lézard présente en Alberta et en Saskatchewan. Il est présent plus au nord que toute autre espèce de lézard iguanidé au monde. Il s’agit de la plus répandue et de la plus généraliste des espèces de lézards à cornes. Le lézard à petites cornes majeur est un petit (longueur du museau au cloaque d’environ 69 mm chez la femelle adulte) lézard aplati dorsoventralement qui présente une frange d’écailles en saillie sur les côtés ainsi qu’une série de « cornes » et une profonde échancrure sans corne sur le derrière de la tête. La coloration tachetée de son dos et sa capacité de rester immobile lui confèrent un excellent camouflage qui le protège des prédateurs et lui permet de chasser ses proies à l’affût.

Répartition

Le lézard à petites cornes majeur est présent dans l’ouest de l’Amérique du Nord, depuis le centre du Mexique jusqu’au sud de l’Alberta et de la Saskatchewan. Au Canada, on le trouve dans six zones d’habitat distinctes, soit quatre en Alberta et deux en Saskatchewan. En Alberta, l’espèce est présente dans des milieux dispersés le long de la rivière Saskatchewan Sud, dans les collines de Manyberries, dans le réseau des coulées Chin et Forty Mile et le long de la rivière Milk et de ses tributaires. En Saskatchewan, le lézard à petites cornes majeur est surtout présent dans les blocs est et ouest du parc national des Prairies.

Voir description longue ci-dessous
Répartition des mentions du lézard à petites cornes majeur en Alberta, en Saskatchewan et dans le nord du Montana.
Description longue

Carte illustrant la répartition des mentions du lézard à petites cornes majeur en Alberta, en Saskatchewan et dans le nord du Montana. Pour de plus amples détails, veuillez consulter le texte qui précède immédiatement cette figure.

Source : COSEPAC. 2018. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le lézard à petites cornes majeur (Phrynosoma hernandesi) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xiii + 68 p.

Habitat

Au Canada, le lézard à petites cornes majeur occupe généralement des pentes orientées vers le sud au sol friable et à la végétation clairsemée. La végétation lui fournit de l’ombre et un refuge nocturne. Une végétation dense pourrait cependant nuire à ses déplacements. L’espèce est présente sur les pentes entières, depuis les fonds de vallée ou de ravin jusque sur les prairies des terrains élevés adjacents.

Biologie

Le lézard à petites cornes majeur est un insectivore généraliste qui se nourrit de fourmis, de grillons, de coléoptères, d’araignées et d’autres arthropodes. Au Canada, la femelle donne naissance chaque année à la fin de juillet ou au début d’août. La taille des portées varie beaucoup et peut dépasser dix petits. La femelle a tendance à établir une série de petits territoires à l’intérieur de son domaine vital pendant la période d’activité estivale et se déplace sur des distances relativement courtes. L’activité de l’espèce a été observée entre avril et novembre. Le lézard à petites cornes majeur passe l’hiver à une profondeur d’environ 10 cm dans le sol.

Image de Grand iguane à petites cornes dans habitat
Figure 2. Lézard à petites cornes majeur

Taille et tendances des populations

Depuis le commencement du développement agricole au début du 20e siècle, la connectivité, la qualité et la quantité de l’habitat de l’espèce ont diminué. Les sous-populations qui sont surveillées depuis les années 1980 ne présentent toutefois aucune tendance évidente. Au moins quelques sous-populations ont probablement disparu depuis deux décennies (par exemple, dans des localités près de Medicine Hat). En effet, on n’a pas pu confirmer récemment que l’espèce continuait d’occuper toutes ses localités, particulièrement le long des rivières Saskatchewan Sud et Milk. On a par contre découvert de nouvelles occurrences près des collines de Manyberries, ce qui laisse croire que les milieux occupés n’ont pas tous été documentés. La taille de la population canadienne reste méconnue, mais elle dépasse probablement 10 000 adultes.

Menaces et facteurs limitatifs

Diverses activités humaines menacent la viabilité à long terme de la population de lézards à petites cornes majeurs au Canada. Les menaces qui pèsent sur l’espèce comprennent la modification de l’habitat par des plantes envahissantes, les sécheresses et les fluctuations de la couverture de neige liées au changement climatique, la prédation accrue due à la modification de l’habitat, la conversion des terres à l’agriculture, les forages pétroliers et gaziers et certaines activités récréatives. La répartition de l’espèce au Canada est sans doute limitée par une combinaison de la conversion historique de l’habitat et de restrictions physiologiques et comportementales qui agissent de concert avec des barrières climatiques.

Protection, statuts et classements

Au Canada, le lézard à petites cornes majeur est inscrit à la liste des espèces en voie de disparition de l’annexe 1 de Loi sur les espèces en péril (LEP). En Alberta, il est inscrit comme espèce en voie de disparition à l’annexe 6 du Wildlife Act de la province. En Saskatchewan, le Wildlife Act de la province interdit de tuer, de déranger, de prélever, de capturer, de vendre ou d’exporter sans permis toute espèce sauvage. L’espèce n’est pas protégée aux États-Unis ou à l’échelle internationale. En Alberta et en Saskatchewan, on lui a attribué la cote infranationale S2, c'est-à-dire qu’on la considère comme étant en péril et qu’elle est très susceptible de disparaître. Par contre, sa cote mondiale de G5 indique qu’à l’échelle de l’ensemble de son aire de répartition, le lézard à petites cornes majeur est jugé non en péril, commun, largement répandu et abondant.

Source : COSEPAC. 2018. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le lézard à petites cornes majeur (Phrynosoma hernandesi) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xiii + 68 p.

Néphrome cryptique

Photo du Néphrome cryptique
Figure 1. Néphrome cryptique
Nom scientifique
Nephroma occultum
Taxon
Lichens
Statut du COSEPAC
Menacée
Aire de répartition canadienne
Colombie-Britannique

Justification de la désignation

Ce lichen foliacé est endémique dans l’ouest de l’Amérique du Nord. Au Canada, la population totale est estimée à quelque 12 000 individus. L’espèce a des besoins spécifiques en matière d’habitat, croissant dans les vieilles forêts côtières humides et les forêts intérieures de thuyas et de pruches présentant des dépressions maintenues humides grâce à l’apport en eaux souterraines. Ce lichen ne se reproduit que par propagules végétatives avec une capacité de dispersion limitée. L’espèce est menacée par la perte d’habitat découlant de l’exploitation forestière ainsi que par les changements climatiques qui mènent à la modification du régime des précipitations hivernales et à des étés plus chauds et plus secs, ce qui peut augmenter la fréquence et la gravité des incendies. Le résultat du calculateur d’évaluation des menaces de l’UICN pour cette espèce est « très élevé » à « élevé ».

Description et importance de l’espèce sauvage

Le néphrome cryptique (Nephroma occultum) est un lichen rare endémique de l’ouest de l’Amérique du Nord. Il est étroitement associé aux forêts anciennes humides. L’espèce se caractérise par son thalle dont la face supérieure est jaunâtre, verdâtre ou gris bleuté et sillonné de crêtes en forme de filet et dont la face inférieure est havane à parfois noirâtre et glabre. Le thalle est généralement large de 2 à 7 cm et présente des lobes arrondis de 4 à 12 mm de largeur. L’espèce produit des propagules asexuées nommées sorédies le long de la marge et sur les crêtes de la face supérieure du thalle. Elle est dépourvue d’apothécies, organe produisant des spores et permettant la reproduction sexuée chez les lichens. Le néphrome cryptique est un macrolichen facilement identifiable ayant des besoins communs en matière d’habitat. Il est une espèce « phare » d’un ensemble de lichens et de bryophytes rares ou peu communs qui dépendent des forêts anciennes humides, dont plusieurs ont une répartition peu commune scindée entre des zones côtières et continentales.

Répartition

L’aire de répartition mondiale du néphrome cryptique se situe à l’intérieur des frontières géographiques de l’Alaska, de la Colombie-Britannique, de l’État de Washington et de l’Oregon. La portion canadienne de l’aire de répartition de l’espèce comprend environ 70 % de sa population mondiale estimative et plus de 50 % de sa répartition spatiale totale.

Voir description longue ci-dessous
Occurrences connues du Nephroma occultum en Colombie-Britannique.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Cryptic Paw Lichen Occurrences = Occurrences du néphrome cryptique
EOO = 445,123 km2 (minimum convex polygon) = Zone d’occurrence = 445 123 km2 (plus petit polygone convexe)
IAO = 304 km2 (2x2 km) = IZO = 304 km2 (2 km de côté)
ICH Moist (Northwestern subpopulation) = ICH humide (sous‑population du nord-ouest)
ICH Wet and Very Wet (Interior subpopulation) = ICH humide et très humide (sous‑population intérieure)
CWH Submaritime (Coastal subpopulation) = CWH submaritime (sous‑population côtière)
CWHvm1/CWHxm2 transition (Coastal subpopulation) = Transition CWHvm1/CWHxm2 (sous‑population côtière)

Description longue

Occurrences connues du Nephroma occultum en Colombie­Britannique, avec indication de la zone d’occurrence et de l’aire de répartition des trois sous­populations : 1) côtière (zones BEC CWH submaritime et transition CWHvm1/CWHxm2); 2) nord-ouest (zone BEC ICH humide); 3) intérieure (zones BEC ICH humide et très humide).

Source : COSEPAC. 2019. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le néphrome cryptique (Nephroma occultum) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xv + 77 p.

Habitat

Au Canada, le néphrome cryptique ne pousse que dans les forêts anciennes humides, à des altitudes inférieures à 1 000 m. L’absence de sécheresses estivales représente une exigence essentielle à la survie du néphrome cryptique. En Colombie-Britannique, ces conditions se rencontrent dans les forêts océaniques anciennes et les forêts continentales humides anciennes. Les trois sous-populations canadiennes se trouvent dans la zone biogéoclimatique côtière à pruche de l’Ouest (CWH) et la zone intérieure à thuya et à pruche (ICH).

Biologie

Le néphrome cryptique produit un grand nombre de sorédies, propagules asexuées, qui seraient dispersées par le vent, la pluie et les animaux. Les sorédies du néphrome cryptique sont plus grosses que celles de la plupart des lichens et ont donc une faible capacité de dispersion, ce qui représente probablement un facteur limitant l’établissement et la propagation de l’espèce. Le néphrome cryptique est dépourvu de structures sexuées (apothécies) et semble avoir connu un goulot d’étranglement génétique dans le passé. En outre, il a une faible capacité de concurrence et est facilement supplanté par les mousses et les hépatiques.

Taille et tendances des populations

Selon des modèles fondés sur l’habitat, la population canadienne de néphrome cryptique compte au total 11 202 individus (thalles), répartis entre trois sous-populations en Colombie-Britannique : la sous-population intérieure (1 351 thalles), la sous-population du nord-ouest (région de Kispiox) (2 294 thalles) et la sous-population côtière (7 557 thalles). Les données issues des activités de récolte et des relevés passés indiquent une population bien inférieure, 82, 524 et 600 à 1 800 thalles ayant été dénombrés dans ces trois sous-populations, respectivement. De plus, 419 thalles additionnels ont été signalés dans la sous-population du nord-ouest, dans la région de Kispiox. Ces individus ont été dénombrés dans le cadre de relevés préalables à la récolte effectués dans des blocs de coupe prévus; il est donc possible que plusieurs de ces thalles aient été détruits par l’exploitation forestière. L’écart entre le nombre connu et le nombre prédit de thalles pour chacune des trois sous-populations reflète le fait que celles-ci se trouvent dans des zones éloignées qui n’ont pas été fouillées par les lichénologues. La sous-population côtière se poursuit vers le sud dans l’État de Washington (WA) et en Oregon (OR), où 700 thalles associés à 365 occurrences ont été signalés. Une petite population comprenant six occurrences a été signalée en Alaska. Les trois sous-populations canadiennes représentent donc la majorité de la population mondiale. D’après les prédictions fondées sur les menaces que représentent la perte directe et indirecte d’habitat, menaces qui sont principalement associées à l’exploitation forestière dans les forêts anciennes, toutes les sous-populations sont susceptibles de subir un déclin de plus de 30 % au cours des trois prochaines générations (60 ans).

Menaces et facteurs limitatifs

Le néphrome cryptique est limité par la disponibilité de l’habitat convenable (forêts anciennes humides) et sa faible capacité de dispersion. Les principaux arbres hôtes de l’espèce sont la pruche de l’Ouest, le sapin subalpin et l’épinette hybride dans les sous-populations intérieure et du nord-ouest, et l’épinette de Sitka et le sapin gracieux dans la sous-population côtière. L’abondance des forêts de thuyas et de pruche anciennes humides a diminué avec l’expansion graduelle de l’exploitation forestière. La crise de l’approvisionnement en bois à moyen terme dans la région intérieure de la Colombie-Britannique, engendrée par l’infestation de dendroctone du pin ponderosa dans les écosystèmes adjacents du plateau intérieur du centre de la province, accélérera le rythme de l’exploitation forestière dans les forêts de l’intérieur et dans la sous-population du nord-ouest au cours des soixante prochaines années. Les hypothèses de planification actuelles pour les projections quant aux possibilités annuelles de coupe donnent à penser que la majorité des forêts anciennes dans le territoire de base pour l’approvisionnement forestier de chacune des trois régions contenant une sous-population seront converties en peuplements de seconde venue d’ici soixante ans. Plusieurs des aires protégées qui subsisteront après l’exploitation forestière seront des « habitats de lisière » qui ne conviendront généralement pas à l’espèce, ce qui réduira leur valeur de conservation prévue pour le néphrome cryptique. Par exemple, dans les zones de gestion des forêts anciennes de Kispiox, 76 % du territoire devrait devenir occupé par des habitats de lisière à cause de la forme irrégulière et allongée des zones et de leur proximité de superficies de coupe à blanc. On prévoit que les changements climatiques et les hausses connexes de la fréquence et de la gravité des incendies ainsi que des infestations d’insectes causeront la mort d’arbres hôtes et entraîneront ainsi des pertes additionnelles de thalles.

Protection, statuts et classements

Le néphrome cryptique a été désigné « espèce préoccupante » par le COSEPAC en 1995. Ce statut a été reconfirmé en 2006. En Colombie-Britannique, l’espèce figure sur la liste bleue de la province et est classée S2S3 (en péril à préoccupante). De plus, elle fait l’objet d’un plan de gestion préparé en février 2011. Le néphrome cryptique est classé S1 (gravement en péril) dans l’État de Washington et S3 (vulnérable) en Oregon. Il est également présent en Alaska, où il n’a toutefois pas été classé.

Vingt des 78 occurrences canadiennes connues du néphrome cryptique se trouvent dans des parcs provinciaux ou des aires protégées de la Colombie-Britannique. Une occurrence est définie comme un site où l’espèce pousse sur au moins un arbre et qui se trouve à plus de 1 km d’un autre groupe d’arbres colonisés. Treize occurrences se situent dans le parc provincial Ancient Forest/Chun T’oh Whudujut, récemment créé. Dans la sous-population du nord-ouest de la Colombie-Britannique (Kispiox/Kalum), 2 des 21 occurrences se trouvent dans des parcs provinciaux. Les autres occurrences se situent dans des zones d’approvisionnement forestier (ZAF). Certaines des occurrences situées en ZAF deviendront des zones d’aménagement de forêts anciennes (ZAFA) ou des parcelles de rétention d’arbres pour les espèces sauvages, qui offrent une forme limitée de protection.

Source : COSEPAC. 2019.  Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le néphrome cryptique (Nephroma occultum) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xv + 77 p.

Scolie dorée

Photo d'une Scolie dorée
Figure 1. Scolie dorée
Nom scientifique
Dielis pilipes
Taxon
Arthropodes
Statut du COSEPAC
Préoccupante
Aire de répartition canadienne
Colombie-Britannique

Justification de la désignation

Cette guêpe de grande taille est limitée aux communautés écologiques de purshie tridentée et d’armoise de faible altitude des vallées de l’Okanagan Sud et de la Similkameen, en Colombie-Britannique. Les larves se nourrissent de vers de Polyphylla decemlineata dans les sols sablonneux à l’ouest des Rocheuses. La perte, la dégradation et la fragmentation d’habitats ouverts et sablonneux ainsi que l’épandage de pesticides sur les terres agricoles adjacentes pendant la période de vol des adultes sont les principales menaces pour l’espèce. Parmi les autres menaces figurent l’augmentation du nombre de plantes non indigènes dans les habitats sablonneux ouverts, qui réduisent la détectabilité des larves du coléoptère hôte par les guêpes femelles adultes. L’espèce pourrait devenir « espèce menacée » si les facteurs réputés nuire à sa persistance ne sont pas gérés.

Description et importance de l’espèce sauvage

La scolie dorée (Dielis pilipes) est une guêpe rare noire et jaune de grande taille (20-25 mm de long). Il s’agit de l’une des quatre espèces de guêpes de la famille des Scoliidés signalées au Canada. La scolie dorée est un ectoparasitoïde solitaire de deux espèces de hannetons (Polyphylla crinita et P. decemlineata) présentes dans le sud de la Colombie-Britannique. Les larves de ces hannetons sont considérées comme des ravageurs de nombreux arbustes indigènes, arbres fruitiers, plantes ornementales et autres plantes de jardin, et la scolie dorée est considérée comme un agent naturel de lutte biologique contre ces larves.

Répartition

L’aire de répartition mondiale de la scolie dorée s’étend depuis l’extrême centre-sud de la Colombie-Britannique dans le centre de l’État de Washington, vers l’est jusqu’au Dakota du Nord et à l’Oklahoma et vers le sud jusqu’à la frontière mexicaine au Nouveau-Mexique, en Arizona et en Californie. Au Canada, l’aire de répartition de la scolie dorée se limite aux communautés écologiques à purshie tridentée et à armoise dans le fond des vallées de l’Okanagan Sud et de la basse Similkameen, en Colombie-Britannique. Plus précisément, l’espèce a été observée du côté est du lac Skaha, vers le sud jusqu’à Osoyoos et vers l’ouest jusqu’au lac White, ainsi qu’à un site situé au sud de Cawston, tout près de la frontière américaine (chemin Nighthawk), dans la vallée de la Similkameen.

Voir description longue ci-dessous
Sites de la scolie dorée au Canada.
Description longue

Carte montrant l’emplacement des sites où la scolie dorée a été observée au Canada et indiquant le régime foncier de chacun. Les sites sont numérotés, et le nom des emplacements est indiqué dans le tableau 2.

Source : COSEPAC. 2018. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la scolie dorée (Dielis pilipes) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. x + 56 p.

Habitat

Toutes les mentions connues de la scolie dorée au Canada ont été faites dans des communautés écologiques à purshie tridentée ou à armoise de faible altitude (< 600 m). Les sols des endroits où l’on trouve des scolies dorées adultes et leurs hannetons hôtes sont dénudés, sablonneux, friables, profonds et relativement exempts de pierres et de végétation herbacée. Lorsqu’une scolie dorée femelle pond un oeuf sur une larve de hanneton hôte dans le terrier de cette dernière, le terrier devient le site d’alimentation de la scolie dorée larvaire en développement et le site de diapause/d’hivernage de la pupe. En raison de sa longue période de vol, la scolie dorée adulte se nourrit probablement du nectar d’une grande variété de plantes en floraison.

Biologie

La scolie dorée passe par quatre stades vitaux (oeuf, larve, pupe et adulte) et subit une métamorphose complète. Comme la plupart des guêpes de la famille des Scoliidés ont un cycle vital annuel, la scolie dorée produit probablement aussi une génération par année. Les hannetons hôtes produisent une génération aux deux à quatre ans et passent l’hiver à leurs premier et troisième stades larvaires.

Les scolies dorées adultes sont observées entre le 20 avril et le 2 août, période durant laquelle l’accouplement et la ponte ont lieu. La femelle prête à pondre détecte une larve de hanneton hôte grâce aux kairomones que celle-ci émet. Lorsqu’elle trouve une zone d’habitat contenant un hôte, elle creuse le sol pour le trouver, puis le paralyse. Elle fixe ensuite son oeuf à la larve de hanneton qu’elle laisse sur place en aménageant une loge grossière. L’oeuf éclot, puis la larve de scolée dorée se nourrit durant une à deux semaines de l’hôte paralysé qu’elle consomme entièrement. Elle tisse ensuite un cocon et reste en diapause jusqu’au printemps suivant. La scolie dorée parasite probablement le hanneton hôte lorsque celui-ci est à son deuxième ou troisième stade larvaire.

Image d'une Scolie dorée sur un fleur
Figure 2. Scolie dorée

Taille et tendances des populations

Les relevés de la scolie dorée effectués jusqu’à maintenant ont surtout consisté à parcourir des transects aléatoires dans de l’habitat convenable afin de découvrir de nouveaux sites abritant l’espèce et de recueillir des données sur son histoire naturelle et son habitat. Aucune donnée sur la taille ou les tendances de la population de l’espèce au Canada n’est disponible.

Menaces et facteurs limitatifs

La menace qui a le plus grand impact sur la scolie dorée est l’application de pesticides dans les vignobles et vergers de la région, laquelle peut nuire directement ou indirectement à l’espèce. L’espèce est également menacée par la perte, la dégradation et la fragmentation cumulées de son habitat (communautés écologiques à purshie tridentée et à armoise en milieu ouvert et sablonneux). Les facteurs biologiques limitatifs comprennent la petite taille des populations, la vulnérabilité de l’espèce aux variations météorologiques et la disponibilité des sols sablonneux profonds dont elle besoin pour boucler son cycle vital.

Protection, statuts et classements

Aucune loi provinciale ou fédérale ne protège expressément la scolie dorée et ses hannetons hôtes. La scolie dorée est présente sur au moins trois propriétés privées, dans la réserve indienne d’Osoyoos/Inkameep (Première Nation d’Osoyoos), sur la propriété fédérale au lac White et dans trois aires protégées provinciales. L’espèce n’a pas encore été cotée par le Centre de données sur la conservation de la Colombie-Britannique, Natureserve ou le Groupe de travail national sur la situation générale des espèces sauvages au Canada.

Source : COSEPAC. 2018. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la scolie dorée (Dielis pilipes) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. x + 56 p.

Séligérie de Carey

Photo d'une Séligérie de Carey
Figure 1. Séligérie de Carey
Nom scientifique
Seligeria careyana
Taxon
Mousses
Statut du COSEPAC
En voie de disparition
Aire de répartition canadienne
Colombie-Britannique

Justification de la désignation

Cette petite mousse est endémique au Canada, où elle est présente dans trois sites très éloignés les uns des autres à Haida Gwaii, en Colombie-Britannique. Il s’agit d’une espèce spécialiste en matière d’habitat restreint, qui ne pousse que dans un climat hypermaritime, sur des falaises ombragées de calcaire pur. La fragilité des petites spores de cette espèce nuit considérablement à sa capacité de dispersion vers de nouveaux sites. Deux des sous-populations se trouvent dans des aires protégées, mais l’habitat de la troisième sous-population est vulnérable à l’exploitation de carrières. Les trois sous-populations seront touchées par les changements climatiques, dont la sécheresse, et au moins l’une d’elles est vulnérable aux tsunamis et pourrait être inondée par une élévation future du niveau de la mer.

Description et importance de l’espèce sauvage

La séligérie de Carey est une minuscule mousse délicate jaune à vert clair qui pousse en colonies clairsemées sur les falaises calcaires. Ses feuilles sont linéaires et se terminent par une longue pointe mince remarquable semblable à une aiguille, presque entièrement constituée de la nervure médiane. Les sporophytes, situés dans la partie supérieure des gamétophytes, se composent d’une courte soie droite surmontée d’une capsule renfermant les spores; la capsule est ovée à l’état jeune, mais devient conique et évasée au niveau de l’orifice avec le temps.

L’espèce est endémique de Haida Gwaii (anciennement connu sous le nom des îles de la Reine-Charlotte). Elle a été nommée en l’honneur de Neil Carey, capitaine du navire ayant transporté l’important bryologue britanno-colombien W.B. Schofield dans le cadre de ses voyages d’herborisation dans l’archipel au cours des années 1960 et 1970. La séligérie de Carey est considérée comme un élément particulier de la biodiversité en Colombie- Britannique, car elle y a apparemment survécu dans un refuge glaciaire. De nombreuses espèces du genre Seligeria sont rares dans le monde, notamment quatre des sept espèces signalées en Colombie-Britannique.

Répartition

La séligérie de Carey a été trouvée dans seulement trois sites, à Haida Gwaii, tous situés dans le nord-ouest de l’île Moresby. L’archipel se trouve à environ 125 km à l’ouest de la côte continentale de la Colombie-Britannique.

Voir description longue ci-dessous
Carte des aires de répartition mondiale et canadienne de la séligérie de Carey (Seligeria careyana).
Description longue

Carte des aires de répartition mondiale et canadienne de la séligérie de Carey; l’espèce a été observée dans seulement trois sites à Haida Gwaii, en Colombie‑Britannique.

Source : COSEPAC. 2019. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la séligérie de Carey (Seligeria careyana) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xii + 37 p.

Habitat

La séligérie de Carey est une espèce spécialiste en matière d’habitat. Elle a été observée uniquement sur des falaises de calcaire de Sadler situées à l’ombre, dans la « variante de Haida Gwaii » de la sous-zone très humide de la zone biogéoclimatique côtière à pruche de l’Ouest. Le calcaire de Sadler n’est présent qu’à Haida Gwaii; il s’agit d’un calcaire gris massif à stratification épaisse présentant une très forte teneur en carbonate de calcium (CaCO3). Ce type de calcaire n’est pas répandu.

Biologie

On en sait peu sur la biologie de la séligérie de Carey. La séligérie de Carey est une espèce monoïque, c’est-à-dire que les gamétanges mâles et femelles sont produites par un même gamétophyte (pousse). Cette proximité des organes mâles et femelles facilite l’autofécondation chez les bryophytes et mène généralement à la production d’une abondance de capsules renfermant des spores. Chez les espèces du genre Seligeria, les spores sont délicates, ont une paroi mince et ont une courte durée de vie; elles sont donc peu susceptibles de persister durant de longues périodes de temps. La longévité limitée des spores, combinée au caractère propice à l’effritement des substrats de calcaire sur lesquels pousse l’espèce, donne à penser que les colonies de Seligeria doivent se reproduire relativement fréquemment pour persister. Ces facteurs semblent indiquer que la durée d’une génération pourrait être de 5 à 8 ans chez l’espèce.

La physiologie de la séligérie de Carey n’a pas été étudiée. Sa capacité d’adaptation serait limitée à cause de sa taille minuscule et de la grande spécificité de son habitat.

L’aire de répartition actuelle de la séligérie de Carey pourrait refléter la survie de celleci dans un refuge glaciaire. La dispersion de l’espèce est probablement limitée par les caractéristiques physiques des spores, dont la viabilité serait très courte. En outre, l’habitat de l’espèce, soit des falaises abritées s’inscrivant dans un relief côtier escarpé, fait en sorte que la dispersion par le vent sur de longues distances est peu probable.

Aucune relation interspécifique incluant la séligérie de Carey n’a été observée.

Taille et tendances des populations

La population mondiale de séligérie de Carey comprend trois sous-populations connues, toutes situées sur la côte nord-ouest de l’île Moresby. Le spécimen type a été récolté en 1966 dans le passage à l’entrée de la baie Kootenay, et l’espèce a été observée pour la dernière fois à ce site en 2017. Il a été impossible d’évaluer avec précision le nombre d’individus composant la sous-population en 2017, à cause du relief escarpé plongeant dans la baie et du terrain glissant, qui font que l’accès à la falaise est très limité.

Une seule colonie a été observée sur le terrain en 2017, mais des milieux non perturbés apparemment propices à l’espèce étaient présents du côté sud du passage, ce qui donne à penser qu’il pourrait y avoir jusqu’à cinq colonies additionnelles. En 1966, Schofield a récolté un spécimen de séligérie de Carey à Kaisun; la taille de la sous-population n’a pas été indiquée, et l’espèce n’a pas été observée au site depuis la récolte de ce premier spécimen. L’emplacement exact du site est inconnu, mais on suppose que la sous-population existe encore, car la zone n’a pas subi de perturbations. Le site n’a pas été visité en 2017 ni en 2018, à cause des conditions météorologiques et de contraintes budgétaires.

La sous-population de Tasu comprenait au moins deux colonies d’après les spécimens d’herbier. En 1967, Schofield a récolté un spécimen sur les falaises surmontant directement le lotissement minier dans la montagne. Depuis, les portions inférieure et intermédiaire de la montagne ont été fortement endommagées par l’exploitation minière. Les relevés visant l’espèce réalisés en 2017 ont été infructueux, et on présume que la colonie est disparue. En 1985, Schofield et J. Spence ont récolté un autre spécimen sur les falaises calcaires situées entre la mine et les affleurements du sommet de la montagne. Ce deuxième site n’a pas fait l’objet de relevés ciblant l’espèce en 2017, mais la zone n’est pas perturbée, et on suppose que la colonie est existante. La taille de la sous-population est inconnue.

L’espèce est rare à Haida Gwaii, ne pousse que sur un type de substrat qui est peu fréquent dans les îles de l’archipel, a fait l’objet de vastes activités de recherche où on trouve ce substrat et compte très peu de colonies dans les sites où elle a été signalée, ce qui donne à penser qu’il est peu probable qu’il existe plus de 250 colonies au Canada.

Dans l’ensemble, la séligérie de Carey n’a pas fait l’objet d’un suivi, et on ignore donc les tendances qui la concernent. L’espèce est endémique au Canada, de sorte qu’une immigration de source externe est impossible.

Menaces et facteurs limitatifs

Les principales menaces pesant sur la séligérie de Carey sont les changements climatiques, l’exploitation de carrières et les tsunamis. L’espèce est extrêmement vulnérable aux effets des changements climatiques, particulièrement la hausse des températures et la diminution des précipitations en été. Les changements prédits des valeurs moyennes des variables climatiques masquent des fluctuations importantes associées à deux cycles : El Niño / La Niña-oscillation australe (ENSO), qui créent une alternance de phases chaudes et froides tous les 3 à 5 ans, et l’oscillation décennale du Pacifique (ODP), qui alterne entre des phases chaudes et froides tous les 40 à 60 ans. Combinés, les changements climatiques et les variations cycliques pourraient surpasser les tolérances climatiques de la séligérie de Carey, qui occupe des niches thermiques et hydrologiques étroites sur des falaises ombragées et humides. L’espèce étant apparemment incapable de se disperser au-delà de son environnement immédiat et ne poussant que sur les dépôts de calcaire de Sadler, rares à l’échelle mondiale, elle est peu susceptible de survivre aux scénarios climatiques futurs.

L’élévation du niveau de la mer et l’augmentation de l’intensité et de la fréquence des tempêtes côtières sont un autre effet des changements climatiques. La sous-population du passage de la baie Kootenay se trouve près du niveau de la mer et est vulnérable aux phénomènes stochastiques comme les tsunamis et les ondes de tempête. La sous-population de Kaisun pourrait elle aussi être menacée par les tsunamis, mais son élévation par rapport au niveau de la mer est inconnue.

L’exploitation de carrières représente une grave menace pour la séligérie de Carey. Deux concessions minières sont actives dans la carrière abandonnée et les gisement minéraux voisins à Tasu. La mine de Tasu est actuellement (2019) activement réexploitée. Ailleurs à Haida Gwaii, près de la moitié de la zone comprenant du calcaire de Sadler a été modifiée par l’exploitation forestière (Griffiths et Ramsey, 2009).

Les autres facteurs qui contribuent à la vulnérabilité extrême de la séligérie de Carey sont le petit nombre de sous-populations, la capacité de dispersion très limitée de l’espèce associée à la fragilité de ses spores, les longues distances qui séparent les sous-populations et la petite taille des individus de l’espèce, qui limite sa capacité de concurrence en présence d’autres espèces.

Protection, statuts et classements

La séligérie de Carey ne jouit d’aucune protection et d’aucun statut juridiques aux termes de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral, du Wildlife Act de la Colombie-Britannique ou de toute autre loi au Canada. L’espèce est jugée « en péril » à l’échelle mondiale et « gravement en péril » à l’échelle nationale au Canada. En Colombie- Britannique, elle est également considérée comme « gravement en péril » et figure sur la liste rouge de la province.

Deux des sous-populations de séligérie de Carey se trouvent dans le site du patrimoine et aire de conservation de Daawuuxusda de la Province de la Colombie- Britannique. La troisième sous-population se trouve sur le territoire domanial.

Source : COSEPAC. 2019. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la séligérie de Carey (Seligeria careyana) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xii + 37 p.

Spiranthe des terrains inondés

Photo de Spiranthe des terrains inondés
Figure 1. Spiranthe des terrains inondés
Nom scientifique
Spiranthes diluvialis
Taxon
Plantes vasculaires
Statut du COSEPAC
En voie de disparition
Aire de répartition canadienne
Colombie-Britannique

Justification de la désignation

Cette orchidée de petite taille et rare à l’échelle mondiale se rencontre dans deux localités au Canada, dont une compte un seul individu en Colombie-Britannique. Son habitat est constitué de rives de lacs humides une partie de l’année, légèrement à modérément salins et exempts d’espèces très hautes/compétitives. Les espèces envahissantes sont la principale menace pesant sur l’espèce.

Description et importance de l’espèce sauvage

La spiranthe des terrains inondés (Spiranthes diluvialis) est une orchidée qui pousse dans les milieux humides de l’ouest de l’Amérique du Nord. Elle fleurit tard dans la saison et produit des fleurs blanches remarquables. Elle est l’une deux deux seules espèces du genre Spiranthes signalées en Colombie-Britannique. La spiranthe des terrains inondés est rare à l’échelle mondiale et est particulièrement rare au Canada, où se trouve seulement une petite fraction de la population mondiale de l’espèce.

Répartition

La spiranthe des terrains inondés est endémique de l’ouest de l’Amérique du Nord. Elle compte un faible nombre de sous-populations réparties en quelques groupes concentrés aux États-Unis. Au Canada, l’espèce compte deux sous-populations dans la vallée de l’Okanagan, dans l’extrême sud de la Colombie-Britannique, au lac Mahoney et au lac Osoyoos.

Voir description longue ci-dessous
Répartition de la spiranthe des terrains inondés au Canada.
Description longue

Carte indiquant l’emplacement géographique des deux sous‑populations de spiranthe des terrains inondés au Canada.

Source : COSEPAC. 2018. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la spiranthe des terrains inondés (Spiranthes diluvialis) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xi + 34 p.

Habitat

La spiranthe des terrains inondés se rencontre dans divers types de milieux humides dans son aire de répartition principale aux États-Unis, notamment des cariçaies riveraines, les bords de cours d’eau, des bancs de gravier, des  sources, des prés à alimentation souterraine et des marais salins de rivages lacustres. Les espèces associées varient d’un type de milieu à l’autre.

Les points communs entre les populations du Canada et des États-Unis donnent à penser que l’espèce a besoin d’un ensemble précis de caractéristiques chimiques du sol. La sous-population du lac Osoyoos est soumise à un régime hydrologique modifié, car le niveau d’eau y est régulé par un barrage contre les crues situé aux États-Unis. La sous-population du lac Mahoney n’est apparemment soumise à aucune modification artificielle du régime hydrologique, mais le niveau d’eau du lac fluctue en fonction des périodes de temps pluvieux et de temps sec.

Biologie

La spiranthe des terrains inondés est une plante herbacée vivace qui produit de nouvelles parties aériennes chaque année à partir de ses tubercules minces. La longévité des individus de l’espèce est inconnue. L’espèce se reproduit par voie sexuée et produit de minuscules graines qui sont dispersées par le vent. Il a été avancé que l’espèce pourrait se reproduire par voie végétative par fragmentation des racines ou par apomixie (maturation d’ovules non fécondés produisant des graines). Les Apidés sont les principaux et peut-être les seuls pollinisateurs efficaces de la spiranthe des terrains inondés. Les individus dans la population canadienne fleurissent à la fin de l’été. Les graines de la spiranthe des terrains inondés, comme celles de toutes les espèces d’orchidées, ne renferment pas de réserves énergétiques pour soutenir l’embryon, de sorte que celui-ci doit rapidement s’associer à un champignon mycorhizien pour pouvoir germer et s’établir. Les jeunes semis se développent dans le sol, avec le soutien de leur champignon hôte, durant quelques années avant de produire des parties aériennes photosynthétiques. Les individus matures peuvent aussi demeurer en dormance prolongée dans le sol.

Image de Spiranthe des terrains inondés dans habitat
Figure 2. Spiranthe des terrains inondés

Taille et tendances des populations

La spiranthe des terrains inondés compte deux sous-populations au Canada. Au total, 6 à 58 individus matures ont été observés, selon les années. La sous-population du lac Mahoney comptait 57 individus matures en 2017, mais seulement 5 individus matures en 2018. Dans le cadre des relevés menés au lac Osoyoos, un seul individu mature a été observé, en 2006 et en 2016.

Menaces et facteurs limitatifs

Les menaces pesant sur la spiranthe des terrains inondés au Canada sont les plantes envahissantes, la modification du régime hydrologique, les activités récréatives (piétinement), le pâturage du bétail, peut-être les déversements de produits chimiques ou d’hydrocarbures et la dérive d’herbicides. Les besoins en matière d’habitat de la spiranthe des terrains inondés limitent la répartition de l’espèce et réduisent la capacité de celle-ci d’étendre son aire de répartition. La persistance à long terme de l’espèce dépend du recrutement de nouvelles cohortes de graines viables. Le déclin des populations de pollinisateurs pourrait être limitatif pour la production de graines viables.

Protection, statuts et classements

NatureServe a attribué à la spiranthe des terrains inondés une cote de G2G3 (en péril à vulnérable) à l’échelle mondiale et de N1 (gravement en péril) au Canada. L’espèce est classée S1 (gravement en péril, liste rouge) par le Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique, mais elle ne jouit d’aucune protection juridique au niveau provincial ou fédéral. Aux États-Unis, elle est désignée comme espèce menacée (Threatened) en vertu de l’Endangered Species Act. Toutes les espèces d’orchidées sont protégées par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction. L’UICN a inscrit l’espèce sous la catégorie « préoccupation mineure » de sa liste rouge en 2014.

Source : COSEPAC. 2018. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la spiranthe des terrains inondés (Spiranthes diluvialis) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xi + 34 p.

Trichostome à feuilles recourbées

Photo de Trichostomes à feuilles recourbées
Figure 1. Trichostome à feuilles recourbées
Nom scientifique
Oxystegus recurvifolius
Taxon
Mousses
Statut du COSEPAC
En voie de disparition
Aire de répartition canadienne
Colombie-Britannique

Justification de la désignation

Cette mousse a une aire de répartition très restreinte au Canada, où elle ne compte que quatre sous-populations existantes à Haida Gwaii, en Colombie-Britannique; une autre sous-population est disparue du pays. La population la plus proche à l’extérieur du Canada se trouve à plus de 2 900 km, sur l’île Adak, dans l’océan Pacifique Nord. L’espèce a une niche physiologique étroite et pousse seulement dans des climats océaniques extrêmes et très humides. Elle est rare dans l’ensemble de son aire de répartition mondiale disjointe. Les principales menaces pesant sur l’espèce incluent les changements climatiques (surtout en haute altitude), les glissements de terrain, le cerf de Sitka (espèce envahissante introduite) et l’exploitation forestière. On s’attend à ce que la présente espèce ne soit pas en mesure de s’adapter aux changements climatiques prévus, et la migration de l’espèce en réponse aux changements climatiques est inhibée par son manque de moyens efficaces en matière de reproduction et de dispersion.

Description et importance de l’espèce sauvage

Le trichostome à feuilles recourbées (Oxystegus recurvifolius) est une mousse vert jaunâtre pâle qui pousse habituellement sur des sols organiques et humides. Les caractéristiques qui permettent de le distinguer des espèces étroitement apparentées sont, entre autres, ses feuilles liguliformes oblongues aux marges de couleur pâle dont le sommet s’incline vers le bas et est doté de dents pointues et irrégulières.

En Colombie-Britannique, l’espèce est reconnue comme un élément particulier de la biodiversité en raison de sa rareté et de son aire de répartition très restreinte. La population canadienne représente environ un cinquième de la population mondiale. Le trichostome à feuilles recourbées se trouve également à l’île Adak, située dans l’archipel des îles Aléoutiennes de l’Alaska; dans les régions côtières de l’Irlande, de l’Angleterre, du pays de Galles et de l’Écosse; et dans la région du haut Himalaya, au Népal. Il est rare qu’on observe une répartition mondialement disjointe de type « nord-ouest de l’Europe – région sino-himalayenne – nord-ouest de l’Amérique du Nord » chez les mousses. Les relations phylogénétiques entre les populations n’ont pas été étudiées, mais présentent un grand intérêt scientifique.

Répartition

Au Canada, le trichostome à feuilles recourbées n’a été observé qu’à cinq sites sur la côte ouest de l’archipel Haida Gwaii (autrefois les îles de la Reine-Charlotte), en Colombie-Britannique : au lac Mercer, sur l’île Graham, et au mont Moresby, aux lacs Moresby et Takakia et au bras Newcombe, sur l’île Moresby. La sous-population du lac Moresby n’a pas été retrouvée au cours des dernières recherches ciblées et semble avoir disparu à la suite d’un projet d’aménagement hydroélectrique.

Voir description longue ci-dessous
Répartition du trichostome à feuilles recourbées (Oxystegus recurvifolius) au Canada.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Graham Island = Île Graham
Mercer Lake = Lac Mercer
Mount Moresby = Mont Moresby
Moresby Island = Île Moresby
Moresby Lake = Lac Moresby
Takakia Lake = Lac Takakia
Newcombe Inlet = Bras Newcombe

Description longue

Carte de l’aire de répartition canadienne du trichostome à feuilles recourbées sur l’archipel Haida Gwaii, en Colombie‑Britannique.

Source : COSEPAC. 2019. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le trichostome à feuilles recourbées (Oxystegus recurvifolius) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xiii + 52 p.

Habitat

Le trichostome à feuilles recourbées se trouve sur des saillies de falaises, des talus d’éboulis, des bords de lacs et des berges de cours d’eau soumis aux effets de suintements riches en composés alcalins dans l’ouest des îles Graham et Moresby. Le climat tempéré est caractérisé par des conditions fraîches et des précipitations élevées pendant la plus majeure de l’année. Les nuages bas et le brouillard sont courants, et les périodes de sécheresse sont peu fréquentes.

Biologie

La biologie reproductive du trichostome à feuilles recourbées est peu connue, mais l’on sait que cette mousse est une espèce dioïque, c’est-à-dire que les organes reproducteurs mâles et femelles se trouvent sur des gamétophytes (pousses) distincts. Dans l’ensemble de l’aire de répartition mondiale de l’espèce, uniquement des plantes femelles ont été observées. Comme chez de nombreuses espèces de mousses que l’on croit relictuelles, des sporophytes n’ont jamais été trouvés.

La stratégie du cycle vital du trichostome à feuilles recourbées ressemble étroitement à celle d’une « vivace persistante », dont la durée de vie est longue et l’effort de reproduction sexuée est faible. Il y a une forte association entre l’incapacité de produire des spores et la rareté d’une espèce : les espèces dont la dispersion est limitée doivent maintenir les populations locales au moyen de pousses longévives. La durée de vie des gamétophytes du trichostome à feuilles recourbées n’a pas été étudiée, mais elle est estimée à environ 20 ans d’après la stratégie biologique de vivace persistante de l’espèce, et l’âge moyen des individus d’une colonie est estimé entre 7 et 12 ans.

L’adaptabilité du trichostome à feuilles recourbées serait faible, puisqu’il ne possède aucun moyen de dispersion efficace et qu’il a une niche physiologique étroite.

Taille et tendances des populations

La population canadienne de trichostome à feuilles recourbées est composée de cinq sous-populations connues. Selon une recherche ciblée effectuée en 2017, l’une des sous-populations aurait disparu du territoire en raison d’un projet d’aménagement hydroélectrique. Trois sous-populations existeraient encore, et la situation de la sous-population restante est inconnue. La taille des populations historiques n’a pas été consignée, mais les spécimens d’herbier récoltés entre 1964 et 1975 indiquent qu’il y avait au moins huit colonies parmi les cinq sous-populations. À l’heure actuelle, il y aurait entre 10 et 12 colonies existantes parmi trois ou quatre sous-populations.

Menaces et facteurs limitatifs

Les principales menaces pesant sur le trichostome à feuilles recourbées au Canada sont les changements climatiques, les glissements de terrain, le broutage des graminées associées à l’espèce par des cerfs de Sitka et l’exploitation forestière. L’espèce est limitée par de multiples facteurs, notamment une niche écologique étroite dans l’ensemble de son aire de répartition mondiale et l’absence de moyens viables en matière de reproduction et de dispersion, ce qui expose l’espèce aux perturbations stochastiques et empêche sa migration en réponse aux changements climatiques.

Une immigration à partir de la population de l’île Adak, en Alaska, située à plus de 2 900 km à l’ouest de l’archipel Haida Gwaii dans le nord de l’océan Pacifique, est hautement improbable.

Protection, statuts et classements

Le trichostome à feuilles recourbées ne jouit actuellement d’aucune protection ni d’aucun statut juridiques au Canada. En Colombie-Britannique, l’espèce est classée vulnérable et est inscrite à la liste bleue. À l’échelle nationale, la cote de conservation qui lui a été attribuée est « en péril ». Deux des sous-populations canadiennes se trouvent à l’intérieur d’aires protégées : la sous-population du lac Mercer, qui se trouve dans la réserve écologique V.J. Krajina, et la sous-population du lac Takakia, qui fait partie du site patrimonial/de conservation SGaay Taw Siiwaay K’adjuu.

La cote de conservation attribuée au trichostome à feuilles recourbées à l’échelle mondiale est « vulnérable ». En Europe, l’espèce a été désignée comme une espèce rare. En Irlande, le trichostome à feuilles recourbées est classé non menacé, mais il a été inscrit à l’Irish Red List (sous le nom Paraleptodontium recurvifolium (Taylor) D.G. Long) en raison de la responsabilité particulière du pays. En Angleterre, l’espèce est considérée comme rare.

Source : COSEPAC. 2019. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le trichostome à feuilles recourbées (Oxystegus recurvifolius) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xiii + 52 p.

Valériane ciliée

Photo d'une Valériane cilliée
Figure 1. Valériane ciliée
Nom scientifique
Valeriana edulis ssp. ciliata
Taxon
Plantes vasculaires
Statut du COSEPAC
En voie de disparition
Aire de répartition canadienne
Ontario

Justification de la désignation

Cette plante vivace longévive se rencontre dans les prairies humides et les tourbières minérotrophes du sud-ouest de l’Ontario, qui sont des milieux très rares. Une diminution de la répartition, du nombre de localités et de la qualité de l’habitat a été observée, et une diminution du nombre d’individus matures a été inférée. Les trois localités restantes, qui comptent un faible nombre d’individus matures, sont menacées par le développement commercial, la présence d’espèces envahissantes et la succession naturelle.

Description et importance de l’espèce sauvage

La valériane ciliée (Valeriana edulis ssp. ciliata) est une grande plante à fleurs qui atteint souvent une hauteur d’un mètre ou plus. Dans le sud de l’Ontario, elle produit, à partir de ses rosettes basilaires, de hautes tiges portant une inflorescence composée de petites fleurs blanches s’épanouissant en mai et en juin. L’espèce possède une grosse racine pivotante que les Autochtones utilisaient à des fins alimentaires et médicinales.

Répartition

La valériane ciliée est endémique à la région des Grands Lacs et se rencontre dans une étroite bande passant par le Wisconsin, l’Iowa, le Michigan, l’Indiana et l’Ohio. Les sous-populations canadiennes, situées dans le sud-ouest de l’Ontario, représentent la limite nord-est de l’aire de répartition de la sous-espèce. Celle-ci est totalement distincte et isolée de la sous-espèce occidentale edulis, qui au Canada ne pousse que dans le sud de la Colombie-Britannique.

Voir description longue ci-dessous
Répartition de la valériane ciliée en Ontario, au Canada.
Description longue

Carte montrant l’emplacement des endroits où la valériane ciliée a été signalée au Canada. Les symboles indiquent la situation des populations à chaque endroit : existantes (2008 à 2017); disparues depuis 1935; disparues entre 1870 et 1900.

Source : COSEPAC. 2018. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la valériane ciliée (Valeriana edulis ssp. ciliata) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xi + 41 p.

Habitat

La valériane ciliée est généralement observée dans les prairies humides à mésiques et les tourbières minérotrophes, mais elle peut également occuper des sites plus secs, comme des versants et des escarpements présentant un écoulement d’eau souterraine. Elle pousse dans les zones ensoleillées ou légèrement ombragées et est parfois associée aux sites riches en calcium. Les trois sous-populations canadiennes existantes se trouvent dans des sites secs anciennement dégagés où des fourrés d’arbustes s’installent progressivement.

Biologie

La valériane ciliée est dioïque, c’est-à-dire que les fleurs mâles et les fleurs femelles sont portées par des individus distincts. Elle est vivace et longévive, et les individus matures ne fleurissent pas nécessairement chaque année. Ses fleurs sont visitées et probablement pollinisées par divers insectes, et le pollen est majoritairement déposé dans un rayon de 10 m de la plante source. Les graines sont petites et probablement dispersées par la gravité, le vent et l’eau. La valériane ciliée ne se reproduit pas par voie végétative.

Image d'une Valériane cilliée
Figure 2. Valériane ciliée

Taille et tendances des populations

Les trois sous-populations du sud de l’Ontario comprennent au total 609 individus (336 florifères et 273 non florifères). Une des sous-populations ne compte qu’un seul individu florifère et n’est plus viable. Les sites de l’Ontario n’ont fait l’objet d’aucune estimation de l’abondance dans le passé, de sorte que les tendances sont inconnues. Toutefois, on peut inférer que le nombre total d’individus au Canada a connu un déclin. L’abondance de la valériane ciliée a diminué en bordure de la rivière Maitland à cause de l’établissement récent d’un cultivar non indigène d’alpiste roseau. Cinq des huit sous-populations connues au Canada sont considérées comme disparues.

Menaces et facteurs limitatifs

La destruction et la dégradation de l’habitat associées au développement urbain et agricole ont été la principale cause de la disparition d’au moins la moitié des sous-populations canadiennes connues. Un cultivar exotique agressif d’alpiste roseau semble avoir récemment entraîné une diminution considérable de l’habitat convenant à la valériane ciliée dans la plus grande sous-population canadienne. De façon générale, les espèces envahissantes sont la principale menace pesant sur le taxon. Les autres menaces possibles sont le développement industriel, la succession végétale, l’utilisation d’herbicides et les sentiers récréatifs.

Protection, statuts et classements

NatureServe a attribué à la valériane ciliée la cote de conservation G5T3, ce qui signifie que l’espèce dans son ensemble (V. edulis) est considérée comme non en péril à l’échelle mondiale (G5), mais que la sous-espèce endémique au centre de l’Amérique du Nord (ssp. ciliata) est considérée comme vulnérable (T3). La valériane ciliée est classée N3 (vulnérable) aux États-Unis, N1 (gravement en péril) au Canada et S1 en Ontario. Elle jouit d’une protection juridique dans six des sept États des États-Unis où elle est présente. En Ontario et au Canada, aucun statut ne lui a été attribué et elle ne bénéficie d’aucune protection juridique. Aucune des sous-populations canadiennes connues ne se trouve actuellement dans une aire de conservation ou un parc protégés.

Source : COSEPAC. 2018. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la valériane ciliée (Valeriana edulis ssp. ciliata) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xi + 41 p.

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