Abronie à petites fleurs (Tripterocalyx micranthus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

Résumé

Abronie à petites fleurs
Tripterocalyx micranthus

Informationsur l’espèce

L’abronie à petites fleurs (Tripterocalyx micranthus (Torr.) Hook) est une annuelle de la famille des Nyctaginacées. La plante, haute de 2 à 5 dm, comporte de nombreuses tiges, traînantes avec l’extrémité redressée, pouvant atteindre 6 dm de longueur. Les tiges sont charnues, pâles, à nœuds renflés. Les feuilles sont opposées, entières et presque rondes et ont un limbe de 2 à 6 cm de long et de 1 à 3 cm de large avec des nervures saillantes. La fleur, apétale, comporte 5 sépales à lobes pétaloïdes soudés de manière à former un long tube de 5 mm de diamètre. Les fleurs, très petites, sont groupées à plusieurs dans un même involucre, formant une inflorescence voyante blanc verdâtre. Au moment de la maturation, la base du tube formé par le périanthe se transforme en structure ailée enfermant le fruit et facilitant sa dispersion. Le fruit mesure environ 2 cm de longueur, et l’enveloppe, vert pâle teinté de rose, comporte 2 ou 3 ailes papyracées à nervures très saillantes.

Répartition

L’abronie à petites fleurs ne se rencontre que dans l’ouest de l’Amérique du Nord. Au Canada, elle n’est présente que dans le Sud-Est de l’Alberta (6 sites) et le sud-ouest de la Saskatchewan (1 site situé près de la frontière entre cette province et l’Alberta, en bordure de la rivière Saskatchewan-Sud).

Habitat

L’abronie à petites fleurs pousse dans des milieux secs, principalement dans le sable meuble des dunes. La présence de sable mobile lui semble nécessaire. Parmi les espèces souvent associées à l’abronie à petites fleurs se trouvent la stipe chevelue (Stipa comata), le jonc des sables (Calamovilfa longifolia), la symphorine de l’Ouest (Symphoricarpos occidentalis), le rosier aciculaire (Rosa acicularis), le cerisier de Virginie (Prunus virginiana), le chalef argenté (Elaeagnus commutata), l’oryzopsis hyménoïde (Oryzopsis hymenoides), la psoralée lancéolée (Psoralea lanceolata), la koelérie à crêtes (Koeleria macrantha), le sporobole à fleurs cachées (Sporobolus cryptandrus), la chrysopside velue (Heterotheca villosa) et l’hélianthe des prairies (Helianthus petiolaris).

Biologie

L’abronie à petites fleurs est une espèce annuelle éphémère qui, au Canada, fleurit principalement à la mi-juin et produit ses graines à la mi-juillet. Comme la dispersion des graines est assurée par le vent ou l’eau, il est raisonnable de penser que les semis s’établissent en aval de la population reproductrice. Cette déduction peut être utile pour retrouver d’anciennes populations.

L’abronie à petites fleurs est parfaitement adaptée à la vie dans les dunes. Pour survivre en milieu aride, les annuelles ont dû développer la capacité de réagir rapidement à l’apparition sporadique de conditions favorables à leur croissance, de se développer rapidement et de produire de grandes quantités de graines pouvant résister longtemps à des conditions défavorables. La constitution d’un réservoir de graines viables est d’une importance capitale pour la survie de l’abronie à petites fleurs.

Taille et tendances des populations

En 2001, un seul individu de l’espèce a été trouvé en Alberta, à Bow Island. En 1994, un individu avait été observé dans la Réserve nationale de faune de Suffield. L’effectif canadien de l’abronie à petites fleurs, estimé à 1 000 individus dans le premier rapport sur la situation de l’espèce (1992), a donc connu un déclin alarmant. Les principales causes de ce déclin sont probablement la perte d’habitat liée à la stabilisation des dunes et la sécheresse.

Facteurs limitatifs et menaces

Au Canada, l’abronie à petites fleurs a perdu une partie importante de son habitat par suite de la stabilisation des dunes. L’espèce a besoin de sables mobiles. Or, ce type de substrat a complètement disparu de deux des cinq sites d’Alberta, et il en reste peu dans les autres sites d’Alberta de même que dans l’unique site de Saskatchewan. La lutte contre les incendies de végétation et l’abandon de la pratique de pâturage sont probablement les principaux facteurs à l’origine de la stabilisation des dunes. Par ailleurs, dans le passé et encore récemment, des changements d’utilisation des terres ont limité les possibilités de dispersion de l’espèce. La mise en culture des terres environnantes élimine également les milieux susceptibles d’abriter l’espèce. La plus grande population canadienne d’abronie à petites fleurs est située dans un grand champ de pétrole et de gaz naturel en exploitation. Enfin, les mauvaises herbes envahissantes contribuent probablement aussi à la stabilisation des dunes.

Importance de l’espèce

L’abronie à petites fleurs ne semble faire l’objet d’aucune exploitation commerciale. Vu la préférence marquée de l’espèce pour les sables mobiles, elle ne peut avoir une grande valeur horticole.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) détermine le statut, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés et des populations sauvages  canadiennes importantes qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées à toutes les espèces indigènes des groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, lépidoptères, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes fauniques des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans, et le Partenariat fédéral sur la biosystématique, présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres ne relevant pas de compétence, ainsi que des coprésident(e)s des sous-comités de spécialistes des espèces et des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions

Espèce
Toute espèce, sous-espèce, variété ou population indigène de faune ou de flore sauvage géographiquement définie.

Espèce disparue (D)
Toute espèce qui n’existe plus.

Espèce disparue du Canada (DC)
Toute espèce qui n’est plus présente au Canada à l'état sauvage, mais qui est présente ailleurs.

Espèce en voie de disparition (VD) Note de bas de pagea
Toute espèce exposée à une disparition ou à une extinction imminente.

Espèce menacée (M)
Toute espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitatifs auxquels elle est exposée ne sont pas renversés.

Espèce préoccupante (P) Note de bas de pageb
Toute espèce qui est préoccupante à cause de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.

Espèce non en péril (NEP) Note de bas de pagec
Toute espèce qui, après évaluation, est jugée non en péril.

Données insuffisantes (DI) Note de bas de paged
Toute espèce dont le statut ne peut être précisé à cause d’un manque de données scientifiques.

 

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation lors des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.

 

Service canadien de la faune

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

 

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