Alouette hausse-col, sous-espèce strigata (Eremophila alpestris strigata) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Biologie

Généralités

On connaît peu l’écologie de l’Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata en Colombie-Britannique; c’est pourquoi la plupart des conclusions suivantes sont tirées d’études menées dans le sud de son aire de répartition ou portant sur d’autres sous-espèces ailleurs dans l’aire de répartition de l’espèce.

Reproduction

L’Alouette hausse-col est probablement monogame durant la saison de reproduction (Beason et Franks, 1974), mais on ne sait pas s’il y a maintien du lien dans le couple en dehors de cette période (Beason, 1995). En général, le mâle arrive en premier sur les lieux de reproduction et y établit un territoire. Dès que la femelle arrive, elle choisit probablement un mâle territorial, puis trouve un site de nidification à l’intérieur du territoire du mâle. Elle construit le nid en creusant un petit trou dans le sol ou en utilisant un creux (p. ex. l’empreinte d’un sabot; Campbell et al., 1997). Ensuite, elle y dépose des herbes fines et d’autres fibres végétales (Cannings, 1981; Campbell et al., 1997). Le nid est habituellement situé à proximité d’un objet qui le protège d’un côté (p. ex. une motte de terre ou une touffe d’herbes ou d’autres végétaux) et qui sert probablement à maintenir la température à l’intérieur du nid (With et Webb, 1993; Nelson et Martin, 1995). De plus, la femelle peut déposer des cailloux ou d’autres matériaux de revêtement des chaussées autour ou d’un côté du nid (Baicich et Harrison, 1997).

En général, la femelle pond quatre œufs, mais le nombre d’œufs peut varier de deux à sept (Baicich et Harrison, 1997). Dans la région de Puget Sound, on a mentionné un nombre d’œufs moyen de 2,5 chez Eremophila alpestris strigata (Bowles, 1900 in Cannings, 1981). En Colombie-Britannique, on a trouvé trois nids de la sous-espèce : deux contenaient trois œufs et l’autre, quatre (Campbell et al., 1997). Selon ces auteurs, la femelle couve les œufs durant onze ou douze jours. Elle s’occupe des oisillons, mais les deux parents nourrissent les petits encore au nid (Beason, 1995). Après environ dix jours, les oisillons quittent le nid pour la première fois (Cannings, 1981; Baicich et Harrison, 1997). À l’instar de beaucoup d’autres espèces d’oiseaux des prairies, la période de séjour des jeunes au nid est courte, et les oisillons quittent le nid dès qu’ils peuvent marcher, avant même de pouvoir voler (Beason, 1995).

Dans la dépression de Georgia, la saison de reproduction de l’Alouette hausse-col s’étend du 5 avril au 25 août (Campbell et al., 1997). Ailleurs, à de basses altitudes et latitudes, l’oiseau se reproduit deux ou trois fois par année (Sibley, 2001). En Colombie-Britannique, on ne sait pas si l’Eremophila alpestris strigata a plus d’une couvée par année.

L’Alouette hausse-col est rarement parasitée par le Vacher à tête brune (Molothrus ater; Beason, 1995). Cela peut être dû au fait qu’elle commence à nicher avant celui-ci, que les nids de l’alouette sont exposés et que la période de séjour des jeunes au nid est courte; ainsi, les oisillons de vacher sont encore au nid lorsque les jeunes alouettes quittent le leur (Friedman, 1963). En Colombie-Britannique, il n’existe aucune mention d’Alouette hausse-col de toutes sous-espèces qui soit parasitée par le Vacher à tête brune (Campbell et al., 1997).

Survie

L’échec de la nidification peut être attribuable à la prédation, au mauvais temps ou à la destruction accidentelle de nids. Par ailleurs, les adultes peuvent être tués par des prédateurs, empoisonnés ou écrasés accidentellement par de la machinerie ou du bétail (Beason, 1995).

Il existe quelques cas de prédation directe d’Alouette hausse-col. Cependant, si on se fonde sur les connaissances relatives à d’autres espèces d’oiseaux des prairies, les prédateurs potentiels d’œufs, d’oisillons et d’adultes dans la dépression de Georgia sont les suivants : des oiseaux de proie (p. ex. l’Épervier de Cooper [Accipiter cooperii] et le Faucon émérillon [Falco columbarius]); des Corvidés (p. ex. la Corneille d’Alaska [Corvus caurinus] et le Grand Corbeau [C. corax]); des mammifères de petite et de moyenne taille (p. ex. le coyote [Canis latrans], le renard roux [Vulpes vulpes], le raton laveur [Procyon lotor], la mouffette [Mephitis mephitis] et le chien domestique [Canis familiaris]) et des serpents (p. ex. la couleuvre rayée [Thamnophis sirtalis] et la couleuvre de l’Ouest [T. elegans]). Cependant, le chat domestique (Felis catus) est sans doute le plus grand prédateur d’alouettes dans la région. Les chats sont de bons prédateurs de petits et de moyens oiseaux (George, 1974; Cooper, 1993; Coleman et al., non daté). Dans le sud-est de l’île de Vancouver, on a souvent signalé la présence de chats domestiques durant des relevés d’oiseaux effectués dans des prairies, notamment au seul endroit où l’Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata a été observée dans un comportement de parade (Beauchesne, 2002).

Le mauvais temps peut nuire au succès de la nidification. Cannings (1981) signale un nid dans lequel les oisillons ont été abandonnés durant une tempête de grêle. Par ailleurs, les petits encore au nid peuvent mourir de faim lorsque le mauvais temps empêche les adultes d’aller chercher de la nourriture.

Durant la saison de reproduction, des pratiques culturales comme le labour ou le fauchage peuvent entraîner la destruction accidentelle de nids ou l’écrasement d’oiseaux adultes (Kershner et Bollinger, 1996). Il existe aussi des cas d’alouettes empoisonnées par des pesticides (Beason, 1995; Sibley, 2001). On ne connaît pas l’effet sur la population de la contamination létale et sublétale par des produits chimiques agricoles et, selon Gard et al. (1993), il est difficile de l’évaluer.

Déplacements et dispersion

La migration varie selon les sous-espèces; ainsi, certaines populations nordiques entières migrent alors que certaines populations du sud ont des résidents toute l’année (Beason, 1995). On pense que l’E. a. strigata est un migrateur partiel. Des populations de la côte de la Colombie-Britannique peuvent se déplacer vers le sud à l’automne pour aller rejoindre des résidents permanents sur la côte des États de Washington et de l’Oregon ou se déplacer jusqu’en Californie (AOU, 1957); cependant, les spécimens mentionnés en hiver (en janvier) dans le delta du fleuve Fraser sont la preuve que quelques oiseaux hivernent dans la région (Munro et Cowan, 1947).

L’Alouette hausse-col migre durant le jour. À la fin de l’été, les jeunes de l’année se rassemblent, et les adultes les rejoignent plus tard. Par ailleurs, des individus se regroupent en bandes avec d’autres espèces (p. ex. des bruants; Beason, 1995; Sibley, 2000).

Nourriture et comportement alimentaire 

L’Alouette hausse-col adulte est principalement granivore, mais elle nourrit ses petits d’invertébrés. L’adulte mange aussi des invertébrés, mais il le fait davantage au printemps et au début de l’été que durant le reste de l’année. En hiver, il se nourrit presque exclusivement de graines (Beason, 1995).

En général, l’alouette cherche de la nourriture en se promenant sur le sol nu ou à travers la végétation clairsemée. De plus, elle se perche sur des plantes basses et mange directement les graines de la tête. Elle creuse parfois le sol à la recherche d’invertébrés et chasse les insectes qui s’envolent (Beason, 1995).

 Territoire

Le mâle établit un territoire dont il se sert pour la parade nuptiale, la nidification et la recherche de nourriture. Il le défend, parfois avec l’aide de la femelle, contre les conspécifiques. La grandeur du territoire varie selon la qualité de l’habitat, la densité de la population et la disponibilité de la nourriture (Beason, 1995). Il n’existe pas de données sur la grandeur du territoire dans la dépression de Georgia.

De plus, l’Alouette hausse-col montre une territorialité interspécifique (Sibley, 2001). Elle élimine toute espèce qui risque de lui faire compétition, comme le Bruant vespéral (Pooecetes gramineus; Beason, 1995).

Adaptabilité

Des études menées dans la région des grandes plaines indiquent que l’Alouette hausse-col est surtout présente dans les pâturages (Jones et Bock, 2002) et qu’elle tolère même des zones fortement pâturées (Kantrud, 1981; Bock et al., 1993). L’espèce occupe aussi des sites perturbés. Par exemple, Rogers (2000) constate que la sous-espèce strigata préfère chercher de la nourriture dans les ornières des zones de prairies. Cependant, elle a tendance à éviter les champs de foin (Kantrud, 1981) et à choisir des habitats assez éloignés des paysages urbains (Jones et Bock, 2002).

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