Antennaire stolonifère (Antennaria flagellaris) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 4

Répartition

Répartition mondiale

L’aire de répartition de l’Antennaria flagellaris s’étend depuis le sud-ouest de la Colombie-Britannique jusqu’à l’Idaho, le Wyoming, le Nevada et la Californie, dans l’ouest des États-Unis (Cronquist, 1994; figure 2). Le site connu situé le plus près des populations de Colombie-Britannique se trouve à environ 190 km au sud, dans le centre du Washington, le long de la rivière Naches (Hitchcock, 1964). Le vent est l’agent de dispersion. Si l’on considère la distance en jeu et le manque de milieux propices, il ne faut pas s’attendre à un sauvetage par immigration à partir des États-Unis.

Figure 2. Répartition de l’Antennaria flagellaris en Amérique du Nord.

Figure 2. Répartition de l’Antennaria flagellaris en Amérique du Nord

Répartition canadienne

Au Canada, l’espèce n’a été vue que dans la vallée de la Similkameen, au sud-ouest de Princeton, dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique, le long d’un tronçon de 3,2 km de la route 3, dans un secteur d’environ 4,8 km² (Douglas, 1998; Douglas et al. 2002a et b; figure 3).

Figure 3. Répartition de l’Antennaria flagellaris en Colombie-Britannique (les numéros se rapportent aux populations du tableau 2).

Figure 3.  Répartition de l’Antennaria flagellaris en Colombie-Britannique

L’Antennaria flagellaris fait partie d’un groupe d’espèces qui ont été découvertes récemment (depuis les années 80) le long de la frontière sud de la Colombie-Britannique, depuis la région de Princeton jusqu’à celle de Roosville. En voici quelques exemples : Carex vallicola, Collomia tenella, Floerkea proserpinacoides, Hedeoma hispida, Lipocarpha micrantha, Orobanche ludoviciana, Orthocarpus barbatus, Phacelia ramosissima, Psilocarphus brevissimus, Silene spaldingii et Trichostema oblongum (Douglas et al.,1998a et b). La plupart de ces espèces ont au moins une caractéristique en commun : les sites où elles ont été trouvées n’avaient jamais été explorés sur le plan botanique. L’examen des localités de récolte dans tous les grands herbiers du Canada a montré qu’aucun des nombreux botanistes de terrain travaillant le long de la frontière n’avait jamais récolté de spécimens dans le voisinage immédiat des plantes récemment récoltées.

L’espèce a été découverte en Colombie-Britannique en 1996 par F. Lomer. Elle pousse dans des milieux naturels éphémères, dans un secteur non aménagé n’abritant que des espèces indigènes; il est donc improbable qu’elle ait été introduite à cet endroit. De plus, comme la région a été dans l’ensemble peu explorée sur le plan botanique, l’espèce est sans doute passée inaperçue. Une seule des dix autres espèces végétales rares de la région de Princeton a été récoltée (en une autre occasion) avant 1996. Il se peut que la région ait été négligée par les nombreux herborisateurs qui l’ont traversée alors qu’ils se rendaient, partis de la côte, à des lieux de récolte situés plus à l’est, dans vallée de l’Okanagan, plus riche sur le plan biologique. Un autre argument appuyant le caractère indigène de l’espèce est l’existence de nombreux taxons ayant une répartition semblable dans le nord-ouest des États-Unis et ayant leur limite nord en Colombie-Britannique. La steppe arbustive et les forêts claires du sud de la province font partie d’un ensemble écologique beaucoup plus vaste qui s’étend vers le sud au Washington, à l’Oregon et aux États de la région intermontagnarde. De plus, il s’agit probablement d’une population indigène, car elle comprend plusieurs sous-populations, et on peut croire qu’il aura fallu un certain temps à l’espèce pour se propager comme elle l’a fait dans ce secteur.

Finalement, le paragraphe 2(2) de la Loi sur les espèces en péril précise que « dans la définition de "espèce sauvage" au paragraphe (1), une espèce, une sous-espèce, une variété ou une population géographiquement ou génétiquement distincte est, sauf preuve contraire, réputée être présente au Canada depuis au moins cinquante ans » (Gouvernement du Canada, 2003). Par conséquent, comme rien n’indique qu’il puisse d’agir d’une espèce non indigène, il faut présumer qu’elle est indigène.

Frank Lomer a été le premier herborisateur à explorer intensivement la région, en particulier les secteurs comportant des sols de la série Roany (figure 4). Depuis qu’il y a découvert l’Antennaria flagellaris, en 1996, il cherche à trouver de nouveaux sites de l’espèce dans la région (Lomer, comm. pers., 2003). Il herborise régulièrement dans toute la partie intérieure de la Colombie-Britannique, dans des milieux uniques ou intéressants, dans l’espoir de faire de nouvelles découvertes, et il garde l’œil ouvert pour plusieurs espèces rares, dont l’A. flagellaris. Or, durant cette période, il n’a découvert aucun nouveau site de l’espèce. En 2002 et en 2003, dans le cadre d’un contrat, il a entrepris des recherches visant spécifiquement à découvrir de nouveaux sites des espèces rares déjà signalées dans la région de Princeton. Il a exploré en vain la rive est de la Similkameen, en face des sites connus.

Figure 4.  Secteurs occupés par des sols de la série Roany en Colombie-Britannique (quatre secteurs en jaune, ou de couleur pâle si le document est en noir et blanc). Les trois sites de l’Antennaria flagellaris sont indiqués par de petits cercles blancs; ils sont situés entre le lac Stevenson et le lac Tracey.

Figure 4.  Secteurs occupés par des sols de la série Roany en Colombie-Britannique

George Douglas a également exploré la région de Princeton, durant les années 1996, 1999, 2002 et 2003. Il n’a pas fait ses premières recherches (en 1996 et 1999) dans les secteurs où pousse l’Antennaria flagellaris, mais il a exploré les secteurs au nord de Princeton où se trouvent les sols de la série Roany. Toutes les populations d’Antennaria flagellaris poussent dans la partie sud-ouest du polygone de sols de la série Roany (figure 4). On estime qu’au moins 70 p. 100 de l’habitat potentiel a été exploré.

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