Baleine noire du Pacifique Nord (Eubalaena japonica) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 4

Répartition

Aire de répartition mondiale

La baleine noire a déjà été abondante dans le Pacifique Nord. On trouvait et on exploitait des concentrations de ce cétacé dans le golfe de l’Alaska, dans l’est des îles Aléoutiennes, dans le centre-sud de la mer de Béring, dans la mer d’Okhotsk et dans la mer du Japon, ainsi qu’au large, dans une grande partie du Pacifique Nord (Braham et Rice, 1984; Scarff, 1991; Clapham et al., 2004). La figure 2, reproduite d’après Townsend (1935), illustre les données historiques de la chasse à la baleine noire dans l’est du Pacifique Nord d’après les livres de bord des baleiniers américains. Scarff (1991) souligne que les populations apparemment discrètes de baleines noires dans l’est et l’ouest du Pacifique Nord qu’on observe sur les cartes de Townsend pourraient être un artefact découlant de la répartition non aléatoire des baleiniers dans le Pacifique Nord et de leur concentration dans les régions est (zone nord-ouest du golfe de l’Alaska) et ouest (Kamtchatka/mer d’Okhostk) de l’océan.

Aujourd’hui, la répartition et la structure des stocks de baleines noires du Pacifique Nord sont mal connues (Brownell et al., 2001). Il n’existe presque pas de données sur les aires d’estivage et d’hivernage actuelles de la baleine noire de l’est du Pacifique Nord. D’après Gaskin (1987), les données sur la chasse à la baleine assemblées par Nemoto (1957, 1959 et 1962) et Gaskin (1976) indiquent que la plupart des baleines noires qu’il reste dans l’est du Pacifique Nord passent l’été sur le plateau sud-est de la mer de Béring, avoisinant l’est des Aléoutiennes et près de l’île Kodiak. D’autres études des concentrations historiques et quelques observations estivales récentes indiquent que la mer de Béring et le golfe de l’Alaska pourraient contenir d’importantes aires d’alimentation (Scarff, 1986; Scarff, 1991; Goddard et Rugh, 1998; Moore et al., 2000; Brownell et al., 2001; Clapham et al., 2004; Mellinger et al., 2004). L’emplacement des lieux de mise bas est inconnu.

Les observations faites au 20e siècle étayent l’hypothèse selon laquelle il y aurait deux populations dans le Pacifique Nord, du moins en ce qui concerne les concentrations dans les aires d’alimentation : l’une dans l’est et l’autre dans l’ouest, avec la possibilité que le groupe de l’ouest se compose de deux sous-populations séparées (Klumov, 1962; Brownell et al., 2001). Cependant, cette division des populations n’est pas concluante et la question demeure ouverte (IWC, 2001a).

Des observations postérieures à l’époque de la chasse à la baleine ont été signalées vers le sud jusqu’au centre de la Basse-Californie dans l’est du Pacifique Nord, jusqu’à Hawaï dans le centre du Pacifique Nord et, vers le nord, jusqu’aux eaux subarctiques de la mer de Béring et de la mer d’Okhotsk en été (Gilmore, 1956; Herman et al., 1980; Berzin et Doroshenko, 1982; Bruggeman et al., 1984; Scarff, 1986; Gaskin, 1987; NMFS, 1991; Gendron et al., 1999; Salden et Mickelson, 1999).

Figure 2. Carte des prises historiques de baleines noires dans l’est du Pacifique Nord, d’après les livres de bord des baleiniers américains (reproduit d’après Townsend, 1935). La couleur des points représente le mois de la capture.

Figure 2.   Carte des prises historiques de baleines noires dans l’est du Pacifique Nord, d’après les livres de bord des baleiniers américains (reproduit d’après Townsend, 1935). La couleur des points représente le mois de la capture.

Aire de répartition canadienne

Il n’y a actuellement aucune concentration connue de baleines noires dans les eaux canadiennes de l’est du Pacifique Nord. Il n’y a cependant eu aucun effort d’observation important au cours des dernières décennies. La répartition historique établie d’après les données sur la chasse au large (de 1785 à 1913) indique qu’il y avait des baleines noires dans les eaux britanno-colombiennes d’avril à octobre (Townsend, 1935; Clapham et al., 2004); on pense que ces animaux s’y alimentaient ou qu’ils passaient dans leurs voies de migration vers les lieux de mise bas et en revenaient (figure 2).

Les baleiniers britanno-colombiens du 20e siècle (de 1900 à 1951), qui pêchaient surtout dans les eaux côtières, n’ont capturé que sept baleines noires (figure 3 et tableau 1). La dernière observation d’une baleine noire qui semblait se trouver dans les eaux britanno-colombiennes a été faite en 1970 par S. Wada à bord d’un navire éclaireur japonais, à l’ouest des îles de la Reine-Charlotte (tableau 1). Cependant, en raison de la plage de coordonnées fournies sur cette observation, il est possible qu’elle ait eu lieu hors des eaux britanno-colombiennes. Braham (1986) mentionne une observation non confirmée d’une baleine noire sur le banc Swiftsure, du côté canadien, près de l’embouchure du détroit de Juan de Fuca en 1983 (Reeves et Leatherwood, 1985, cité dans Braham, 1986). Toutefois, une étude plus poussée laisse une incertitude quant à l’identification de l’espèce.

Figure 3. Observations et captures de baleines noires dans les eaux britanno-colombiennes et dans les eaux américaines adjacentes à la frontière canadienne, de 1900 à 2002. Remarques : 1) On n’a pas trouvé les coordonnées des prises localisées ici aux stations baleinières. 2) La plage des coordonnées de l’observation faite par Wada en 1970 est trop étendue pour qu’on puisse la situer sur cette carte.

Figure 3.  Observations et captures de baleines noires dans les eaux britanno-colombiennes et dans les eaux américaines adjacentes à la frontière canadienne, de 1900 à 2002.

Il n’y a eu aucune observation confirmée dans les eaux canadiennes depuis plus de cinquante ans. Cependant, entre 1959 et 1992, trois observations totalisant sept animaux ont été faites dans les eaux américaines près de la frontière entre la Colombie-Britannique et l’État de Washington, à proximité des eaux canadiennes (figure 3, tableau 2). Pour la période de 1958 à 1977, il n’existe que sept mentions dans les eaux du large (c.-à-d. de la limite des 200 milles jusqu’à 145° W) (tableau 3).

Tableau 1. Prises et observations de baleines noires dans les eaux britanno-colombiennes, de 1900 à 2002
Date Emplacement Type Nombre Source
Juin 1914 Naden Harbour (pas de coordonnées) Prise 1 Nichol et al., 2002
Juin 1918 Rose Harbour (pas de coordonnées) Prise 1 Nichol et al., 2002
15 juin 1924 Naden Harbour (54°35 N, 133°55 W) Prise 1 Nichol et al., 2002
24 juin 1924 Naden Harbour (54°05 N, 133°40 W) Prise 1 Nichol et al., 2002
10 juin 1926 Naden Harbour (53°40 N, 133°45 W) Prise 1 Pike et MacAskie, 1969
10 juin 1929 Rose Harbour (pas de coordonnées) Prise 1 Nichol et al., 2002
18 juillet 1951 Coal Harbour (50° N, 128° W) Prise 1 Pike et MacAskie, 1969
1970 À l’ouest des îles de la Reine-Charlotte (50-55° N, 130-140° W) Observation 2 Wada, 1975Note de bas de pagea
1983 Détroit de Juan de Fuca (48° 33 N, 124° 39 W) Observation 2 Reeves et Leatherwood, 1985, cité dans Braham, 1986Note de bas de pageb

 

Tableau 2. Observations de baleines noires dans les eaux adjacentes aux eaux canadiennes, de 1900 à 2002
Date Emplacement Nombre Source
8 avril 1959 Au sud-ouest de Grays Harbour, Washington (45°55 N, 125°25 W)
3
Fiscus et Niggol, 1965
17 janvier 1967 À l’ouest du cap Flaherty, Washington (48°20 N, 125°06 W)
3
Rice et Fiscus, 1968
24 mai 1992 Au nord-ouest de Grays Harbour, Washington (47°17 N, 125°11 W)
1
Rowlett et al., 1994

 

Tableau 3. Observations de baleines noires au large, de 1900 à 2002.
Date Emplacement Nombre Source
1958-1967 50° N, 145° W
2
Pike et MacAskie, 1969
1958-1967 54° N, 155° W
1
Pike et MacAskie, 1969
1963 51° N, 145° W
200
Berzin et Doroshenko1982 (cité dans Brownell et al., 2001)Note de bas de pagec
1973 45-50° N, 140-150° W
1
Wada, 1975
1974 40-50° N, 140-160° W
1
Anonyme, 1976
1975 40-45° N, 140-150° W
2
Wada, 1977
1977 40-50° N, 140-145° W
1
Wada, 1979
1977 45-50° N, 135-140° W
2
Wada, 1979

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