Caribou des bois (Rangifer tarandus caribou) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7

Répartition

Répartition mondiale

Les caribous et les rennes sont indigènes des biomes arctiques, subarctiques et boréaux (Banfield, 1961; Røed et al., 1991). L’aire de répartition du caribou des bois s’étend en Alaska et sur une courte distance dans le Nord-Ouest des États-Unis. Celle de la population transfrontalière de Chisana est essentiellement confinée à l’Alaska. Cette population a été évaluée à 850 individus en 1993 (Valkenburg et al., 1996) et à 325 en 1999 (P. Valkenburg, comm. pers., 2000). La population de Selkirk Sud, qui fréquente la Colombie-Britannique, l’Idaho et l’État de Washington, était estimée à seulement 35 individus en 2002 (I. Hatter, comm. pers., 2002), soit à peu près autant qu’en 1980 (Williams et Heard, 1986). Au XIXe siècle, le caribou était présent dans la plupart des États du nord (Zager et al., 1996). La transplantation de caribous du Québec vers le Maine et le Wisconsin s’est soldée par un échec, en raison d’un parasite, le ver des méninges (Dauphiné, 1975; Bergerud et Mercer, 1989). La sous-espèce caribou est donc essentiellement endémique du Canada.

Parmi les autres sous-espèces forestières sauvages figure le renne forestier d’Europe, R. t. fennicus, dont la population, située sur la frontière entre la Finlande et la Russie, a été estimée à 600 individus (Nieminen, 1980). Il pourrait y avoir en Sibérie 195 000 rennes forestiers sauvages (Liakin et Novikov, 1999), appelés R. t. valentinae (Gruzdev et Davydov, 2001).


Répartition canadienne

Le caribou des bois forestier est présent dans cinq des huit AEN définies par le COSEPAC (figure 3) et 11 des 16 écozones de la carte des écozones du Canada (Groupe de travail sur la stratification écologique, 1996; Atlas national du Canada, 1999). On le trouve dans tous les territoires et provinces du Canada, exception faite de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Édouard et du Nunavut. La sous-espèce dawsoni, relique périphérique, est disparue des îles de la Reine-Charlotte aux environs de 1935. La réintroduction de 51 caribous en 1968 et en 1969 dans le Nord de l’île du Cap-Breton n’a pas connu de succès, probablement à cause du ver des méninges (Dauphiné, 1975).

On a signalé des pertes de territoire pouvant atteindre 40 p. 100 en Colombie-Britannique (MELP, 2000; Spalding, 2000) et en Ontario (Darby et al., 1989). En Alberta, le caribou n’occupe plus (figure 3 in Dzus, 2001) que quelque 39 p. 100 de son aire générale historique maximale (Edmonds, 1991). Les caribous forestiers exploitent les grandes tourbières et les couverts de forêts de conifères. Il y avait très certainement, dans la répartition historique, de grands « trous » – les zones de forêt caducifoliée et mixte. Les rétrécissements par rapport aux répartitions historiques semblent proportionnellement moindres en Saskatchewan et au Manitoba, mais on ne dispose pas de valeurs en pourcentage pour le confirmer. Dans l’Est du Canada, la limite sud de l’aire de répartition a remonté vers le Nord aux XIXe et XXe siècles. Autrefois, le caribou était présent dans les États du Nord de la Nouvelle-Angleterre, ainsi qu’au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et dans l’Île-du-Prince-Édouard (Kelsall, 1984). Il est probable que la répartition au Canada diminuera encore à mesure que disparaîtront les petites populations locales vivant sur sa lisière sud.

Les cartes de répartition des caribous des bois forestiers sont basées sur les données fournies par chaque instance en 2000 et 2001. L’actuelle zone d’occurrence (figure 4) est sensiblement la même qu’au moment de la revue de Kelsall, en 1984, mais on a fait des progrès considérables dans la délimitation des zones d’occupation (figure 5). Les besoins du caribou en matière d’habitat sont maintenant assez bien connus pour qu’on puisse estimer son occurrence passée à l’aide de données sur le couvert forestier et la présence de terres humides.

Le relief, le climat et les habitudes d’alimentation du caribou en hiver divisent la Cordillère en deux écotypes (Bergerud, 1978). Dans le Nord, les épaisseurs de neige sont modérées, et le caribou se nourrit surtout de lichens terrestres. Dans les montagnes du Sud, la neige profonde porte le caribou à consommer des lichens arboricoles à longs filaments. Un troisième écotype, le boréal, se trouve à l’est des montagnes (Heard et Vagt, 1998). Les modes alpin et forestier d’alimentation hivernale ont été constatés au Yukon (Kuzyk et al., 1999). La limite entre les montagnes du Nord et du Sud en Colombie-Britannique se situe approximativement entre les zones biogéoclimatiques à épinette, saule et bouleau et à épinette d’Engelmann et sapin subalpin (P. engelmannii-Abies lasiocarpa) (B.C. Ministry of Forests, 1992).

Population des montagnes du Nord (PMN) :

Vingt-deux populations locales de caribou de la PMN occupent la plus grande partie du territoire du Yukon au sud de la latitude 65N. L’aire de deux populations de la PMN (rivière Hart et Bonnet Plume) recoupe l’aire d’hivernage du troupeau de la Porcupine de caribous de la toundra. Une population en déclin, celle de la Chisana, chevauche la frontière Yukon-Alaska (Farnell et al., 1998). Quatre populations locales exploitent des territoires s’étendant jusqu’au versant est des monts Mackenzie, dans les Territoires du Nord-Ouest. Deux autres figurent aussi sur les listes de la Colombie-Britannique, mais six pourraient être transfrontalières. Une fois tenu compte du chevauchement des populations, la PMN se compose donc de 36 populations au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest et dans le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique (annexe 1a). L’aire de répartition des caribous de la PMN n’est guère plus petite que les territoires historiques. Les populations locales ont tendance à être plus distantes les unes des autres en Colombie-Britannique qu’au Yukon. Deux d’entre elles ont un domaine qui pénètre un peu, vers l’est, dans le domaine boréal, et trois chevauchent celui de la population des montagnes du Sud (Caribou in British Columbia, carte préliminaire, 2002; I. Hatter, comm. pers.).

Population des montagnes du Sud (PMS)

En Colombie-Britannique, on distingue trois métapopulations de caribous dans la PMS. Ce sont la population isolée du Centre-Ouest (cinq populations locales), celle du Centre-Nord (huit populations locales, dont une chevauche le domaine des montagnes du Nord et une autre l’Alberta), et celle du Sud (13 populations locales ou sous-populations) (Hatter, 2000, et comm. pers., 2002; annexe 1b). Les deux premières métapopulations sont de l’écotype « lichens terrestres » et la troisième, celle du Sud, se compose de ce qu’on appelle le caribou « montagnard » (Heard et Vagt, 1998). Sur le plan national, elles correspondraient mieux à l’appellation « se nourrissant de lichens arboricoles » parce que le caribou « montagnard » d’Alberta mange surtout des lichens terrestres en hiver. La population frontalière de Selkirk, qui fréquente aussi l’Idaho et de l’État de Washington, a fait l’objet de transplantations, soit un total de 60 caribous jusqu’en 1995 (Comptonet al., 1995) et 53 autres en 2000 (J. Quayle, comm. pers., 2002); pour les transplantations antérieures à 1995, les populations sources étaient celles de Revelstoke et d’Itcha-Ilgachuz. Quatre caribous marqués de l’État de Washington et de l’Idaho ont émigré dans la population de Purcell Sud en Colombie-Britannique (Kinley et Apps, 2001). Les populations de Selkirk et Purcell Sud, sur la bordure sud du domaine, ne comportent que 35 et 20 caribous, et pourraient disparaître si les changements des habitats ne sont pas renversés dans un avenir proche.

Cinq populations locales des Rocheuses et des contreforts albertains sont comprises dans la PMS, bien qu’elles se nourrissent surtout de lichens terrestres en hiver (Edmonds et Bloomfield, 1984; Thomas et al., 1996). Leur comportement alimentaire correspond à celui de l’écotype nordique de Colombie-Britannique (Edmonds, 1991). Les trois populations locales migratrices qui estivent dans le parc sauvage de Willmore, le Nord du parc national de Jasper et les régions adjacentes de Colombie-Britannique (Edmonds, 1988; Brown et Hobson, 1998) pourraient être considérées comme une métapopulation comportant des populations qui se reproduisent et hivernent dans trois régions distinctes des contreforts. Elles sont en fait considérées comme des populations locales distinctes, soit Narraway (Belcourt en Colombie-Britannique), Redrock/ruisseau Prairie et A la Pêche (Brown et Hobson, 1998; Dzus, 2001), à aires d’estivage chevauchantes. Une petite population, celle de Little Smoky, située en bordure de la PMS, et qui pourrait être une relique du clade du sud, est considérée comme une population forestière (boréale) (Edmonds, 1988). Les gens de l’endroit ont dit percevoir une différence entre deux types de caribous qui hivernaient près de la rivière Little Smoky (Edmonds et Bloomfield, 1984).

Une population composée de deux ou trois sous-populations fréquente le Sud du parc national de Jasper et l’aire de nature sauvage de Whitegoat, au sud. La sous-population de l’Ouest s’étend jusqu’au Fraser, en Colombie-Britannique. Une autre population isolée, dans le Nord du parc national de Banff et l’aire de nature sauvage de Siffleur (Brown et al., 1994; Brown et Hobson, 1998) semble avoir décliné d’entre 20 et 50 caribous en 1990 à une poignée d’individus en 1998 (Mercer, comm. pers., 2001). La population de l’extrême Sud de l’Alberta est donc probablement appelée à disparaître. En résumé, la PMS se compose de 30 populations locales, en excluant la population sédentaire de Little Smoky.

Population boréale (PB)

Cette population « écographique » s’étend sur un vaste territoire, allant des monts Mackenzie, au nord-ouest, au Sud du Labrador, à l’est, et jusqu’au lac Supérieur, au sud. À la lumière d’informations récentes, le domaine fréquenté par la PB dans les T.N.-O. a été agrandi (figure 5) (A. Gunn, comm. pers., 2001). On ne connaît pas de populations locales discrètes dans les Territoires du Nord-Ouest ni dans le Nord-Est de la Colombie-Britannique (Heard et Vagt, 1998). La densité de population est basse, et il y a probablement de vastes « trous » non occupés sur ce que l’on considère comme la zone d’occurrence potentielle. En hiver, les caribous toundriques migrateurs gagnent la périphérie des domaines des Territoires du Nord-Ouest.

Exception faite de la population locale de Little Smoky, isolée et précaire, située dans le Sud, l’écotype boréal du caribou des bois est présent au nord de 55 °N en Alberta (Edmonds, 1998; Dzus, 2001). L’occupation actuelle (figure 3 in Dzus, 2001) ne couvre qu’environ 39 p. 100 de la zone située au nord d’une ligne indiquant l’occurrence historique en Alberta (Edmonds, 1991). Cependant, l’actuelle zone d’occurrence, définie par les observations de caribous cartographiées dans Dzus (2001), est peut-être 50 p. 100 plus vaste que la zone d’occupation. En délimitant les observations par des répartitions lissées, on porte l’occurrence à environ 58 p. 100 de la répartition historique. Si on enlève les habitats insatisfaisants de la carte de la répartition historique, la réduction peut approcher 40 p. 100, soit une réduction du même ordre que celle observée en Colombie-Britannique et en Ontario. Les caribous ont récemment abandonné des domaines ou sont disparus de certaines parties des régions de Little Smoky, du lac Calahoo, de Pinto/ruisseau Nose, de Deadwood et du lac Slave (Dzus, 2001).

Après avoir muni de colliers radio-émetteurs plus de 300 caribous de la population boréale en Alberta, on a distingué 11 populations locales. À titre provisoire, on peut les regrouper en trois métapopulations comprenant respectivement à l’heure actuelle trois, deux et cinq ou six populations locales (figure 1 in Dzus, 2001). Les individus porteurs de colliers radio ne circulaient pas entre populations locales, exception faite des populations d’Athabasca Est et Ouest (Dzus, 2001). Il pourrait y avoir des sous-populations séparées par la rivière Athabasca. L’analyse des répartitions des individus porteurs de colliers dans quatre zones d’étude a montré que les caribous choisissaient les polygones d’habitat contenant plus de 30 p. 100 de tourbière ombrotrophe et évitaient ceux présentant plus de 50 p. 100 de superficie sans tourbe (Schneider et al., 2000).

En Saskatchewan, il existe peu de documents antérieurs à 1987 sur la répartition des caribous des bois (Trottier, 1987, 1988a, 1988b). À partir de 1992, 36 colliers radio ont été placés sur des individus de quatre populations locales de la plaine boréale (zone de forêt commerciale) et sur un autre qui estivait sur le bouclier boréal (Rettie et al., 1998; Rettie et Messier, 1998; Rettie et Messier, 2000). Ces populations sont considérées comme des reliques isolées d’une ancienne répartition plus vaste (Rettie et Messier, 2000).

Des travaux menés dans les années 1990 ont permis en 2000 de cartographier 18 populations locales (figure 5) dans une zone d’occurrence générale (figure 4). Ce n’est que dans les dernières années qu’on a effectué des relevés des caribous forestiers sur le bouclier boréal en Saskatchewan (Godwin et Thorpe, 2000). Les données ont été regroupées en trois écorégions (Godwin et Thorpe, 2000), parce qu’on ne dispose pas de connaissances suffisantes sur les populations locales, à l’exception de quatre situées dans l’écorégion boréale du centre (écozone des plaines boréales) et une dans les hautes terres de la rivière Churchill (taïga du bouclier) (Rettie et Messier, 2000). Ces cinq populations locales sont considérées comme une métapopulation (Rettie et Messier, 2000). Une carte dressée en 2001 montre sept zones géographiques d’occupation, quelques pistes ou individus ayant été observés entre elles (A. Arsenault, comm. pers., 2001). La répartition en Saskatchewan a été étendue vers le nord par rapport à celle de Kelsall (1984), pour inclure le Sud des lacs Reindeer et Wollaston et le nord du lac Athabasca. Les densités autour du lac Athabasca sont présumées très basses, puisqu’une grande partie de la région a brûlé dans les 50 dernières années (BQCMB, 1994). En hiver, les caribous toundriques de la population de Beverly gagnent périodiquement cette région. En combinant les deux cartes, on compte au moins 21 populations locales.

En Saskatchewan, tout comme en Colombie-Britannique et en Alberta, un certain nombre des petites populations locales ou sous-populations sur la bordure sud du territoire ont disparu ou sont dans un état précaire (Trottier, 1988a; Rock, 1992). C’est le cas près du lac Kazan, des lacs Waterhen-Keeley-Canoe, du lac Sled, du lac Deschambault, dans le Nord-Est du parc national Prince-Albert, à l’est et au sud du lac Montreal, aux lacs Little Bear, Candle et White Gull, à Creighton, et dans les collines Pasquia et Woody (Trottier, 1987; Rock, 1992; Godwin et Thorpe, 2000; J. Rettie, comm. pers., 1998).

Au Manitoba, la partie sud, arable, de l’ancien domaine du caribou des bois n’est plus occupée (Johnson, 1993). Cependant, le caribou continue d’exploiter la plus grande partie de son aire de répartition traditionnelle (Larche, 1996), et l’on a cartographié 14 populations locales, toutes situées sur une bande coupant la province du Sud-Est au Nord-Ouest, exception faite de la population de Nelson-Hayes, dans le Nord-Est. Sa répartition chevauche celle de la population de l’île Pen du caribou toundrique (Abraham et Thompson, 1998). Certains individus ont pu migrer de la population de Nelson-Hayes à celle de l’île Pen, en croissance (Cam Elliott, comm. pers., 2002).

En Ontario, l’écotype forestier est présent sur une bande située au sud de l’écotype toundrique (Harris, 1999). La limite entre les écotypes coupe par le centre l’écozone des plaines hudsonniennes, mais pourrait devoir être modifiée quand on disposera d’informations sur les caribous de l’Ouest de la baie James. La ceinture de toundra côtière combinée à la ceinture de lichens subarctique (taïga) correspond à peu près à la partie des plaines hudsonniennes en Ontario (Darby et al., 1989). On trouve des populations locales de génotype inconnu au cap Henrietta Maria, à Shagamu et au lac Hawley (Harris, 1999). Depuis le début du siècle dernier, époque où la limite sud du caribou des bois en Ontario atteignait le lac Huron, la lisière sud du domaine occupé a remonté vers le Nord jusqu’aux environs du 50 °N (Darby et al., 1989), les groupes de caribous présents dans la forêt commerciale ayant disparu (Racey et Armstrong, 2000). Il demeure au moins six petites populations reliques au sud de la ligne de répartition semi-continue; ce sont les populations des îles Slate (Butler et Bergerud, 1978), de l’île Pic (Ferguson et al., 1988), de Pukaskwa (parc national), de Caramat, du comté de Flanders et de la route Hagarty (Darby et al., 1989). En outre, deux de trois populations transplantées pourraient s’être maintenues.

Au Québec, au sud du 49 °N, les populations « sédentaires » de Val-d'Or et des Grands Jardins s comptent respectivement de 40 à 90 et 103 individus. La population des Grands Jardins avait disparu aux environs de 1926. De 1966 à 1972, elle a été reconstituée par l’installation de 82 caribous (Vandal et Barrette, 1985) élevés en captivité.

Les populations locales de caribou forestier dans la forêt boréale et le Sud de la taïga entre environ 51 °N et 54 °N sont celles du lac Bienville, de Caniaspiscau, de La Forge, de Nitchicun, d’Opiscoteo (Bélangier et Le Hénaff, 1985) et du lac Joseph (commune avec le Labrador). On a posé des colliers radio sur certains individus (lac Bienville, Caniapiscau, lac Joseph) au début des années 1980, mais leurs domaines restent mal définis. On pense qu’il s’agit essentiellement de populations distinctes (Brown et al., 1986). Il est difficile de définir l’état des populations de ces caribous sédentaires parce que, en hiver, ils sont rejoints par des milliers de caribous migrateurs venus surtout de la population de la rivière George (Brown et al., 1986; Couturier, 1996). La population de la rivière Leaf, en croissance, gagne aussi en hiver le territoire de caribous sédentaires dans l’Ouest du Québec. Il pourrait y avoir d’autres populations locales entre Waskaganish et Nemiscau, à l’est de la baie James (Caribou Québec, 2000), et la rivière McPhaden, à l’ouest de Schefferville (Brown et al., 1986). Les études en cours devraient permettre de clarifier la situation du caribou au Québec.

Au Labrador, la population des monts Red Wine exploite le Sud de la taïga (Brown et Théberge, 1985; Schaefer et al., 1999), et celles du mont Mealy et du lac Joseph (autrefois Waco) chevauchent les écozones boréale et de la taïga (Schaefer, 1997).

En résumé, on a à ce jour identifié plus de 64 populations locales de caribou forestier dans l’AEN boréale (tableau 2). Ce nombre va augmenter à mesure que l’on fixera des colliers radio à d’autres individus, que les répartitions seront délimitées, et que l’exploitation et les activités humaines isoleront de nouvelles populations locales. On devrait aussi identifier d’autres populations locales dans le Nord de la Saskatchewan et dans des bandes d’occurrence générale en Ontario et au Québec. On trouve des populations locales plus ou moins distinctes en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba, où elles sont souvent associées à de grands complexes tourbiers (Stuart-Smith et al., 1997; Rettie et Messier, 2000; Brown et al., 2000b; Dzus, 2001). Il y a également des tourbières dans la forêt boréale de l’Ontario, mais les îles et les rives de lacs constituent aussi des aires d’estivage pour de petits groupes de caribous qui semblent exploiter de vastes territoires (Armstrong et al., 2000; Racey et Armstrong, 2000). Cela pourrait aussi être le cas pour les caribous forestiers du bouclier précambrien en Saskatchewan, au Manitoba et au Québec.

Population de Terre-Neuve (PTN)

Le caribou des bois de Terre-Neuve est présent sur l’île principale et les îles du large, en 15 populations naturelles et 22 populations introduites (Mahoney, 2000; Doucet, comm. pers., 2001). On dispose de données pour toutes les populations naturelles et pour 12 des populations introduites. Après une forte baisse au début des années 1900, les populations se sont concentrées dans les zones les plus reculées de leur territoire. Ces dernières décennies, cependant, le territoire s’est graduellement élargi, et le caribou des bois occupe maintenant la plus grande partie de son aire de répartition historique (Mahoney et Schaefer, 1996).

Population de la Gaspésie-Atlantique (PGA)

Cette population isolée est la seule qu’on trouve au sud du Saint-Laurent. Sa répartition est essentiellement confinée au parc de conservation de la Gaspésie (Crête et al., 1994; Ouelett et al., 1996). Elle occupait autrefois les forêts de conifères du Québec, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de l’Île-du-Prince-Édouard, du Maine et du Nord du New Hampshire, du Vermont et de l’État de New York, et devrait être génétiquement distincte de tous les autres caribous des bois à cause de son long isolement et de son faible effectif.

 

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