Caribou (Rangifer tarandus) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2017

Titre officiel : COSEPAC Évaluation et Rapport de situation Caribou (Rangifer tarandus) Population de Dolphin-et-Union au Canada 2017

Comité sur la situation des espèces en peril au Canada (COSEPAC)
En voie de disparition 2017

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Caribou - population de Dolphin-et-Union
Information sur le document

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

COSEPAC. 2017. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le caribou, Population de Dolphin-et-Union (Rangifer tarandus) au Canada, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa. xiv + 60 p.

Rapport(s) précédent(s) :

COSEPAC 2004. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le caribou de Peary (Rangifer tarandus pearyi) et le caribou de la toundra (Rangifer tarandus groenlandicus) (population de Dolphin-et-Union) au Canada – Mise à jour, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, xi + 101 p. 

Gunn, A., F.L. Miller et D.C. Thomas. 1979. COSEWIC status report on the Peary caribou Rangifer tarandus pearyi in Canada. Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. Ottawa. 40 pp.

Miller, F.L. 1991. Update COSEWIC status report on the Peary caribou Rangifer tarandus pearyi in Canada. Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. Ottawa. 124 pp.

Note de production :

Le COSEPAC remercie Lee Harding (SciWrite Environmental Sciences Ltd.) d’avoir rédigé l’ébauche du rapport de situation sur le caribou, population de Dolphin-et-Union (Rangifer tarandus), et Justina Ray d’avoir rédigé le rapport provisoire révisé, aux termes d’un marché conclu avec Environnement et Changement climatique Canada. La supervision du rapport a été assurée par Graham Forbes, coprésident du Sous-comité de spécialistes des mammifères terrestres du COSEPAC.

Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :

Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement et Changement climatique Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3

Tél. : 819-938-4125
Téléc. : 819-938-3984
Courriel : ec.cosepac-cosewic.ec@canada.ca
Site web : COSEPAC

Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Status Report on the on Eastern Banded Tigersnail Anguispira kochi kochi and the Western Banded Tigersnail Anguispira kochi occidentalis,in Canada.

Illustration/photo de la couverture : Caribou de Dolphin-et-Union. Le mâle, deuxième à partir de la gauche, a perdu ses bois. Photo : Kim Poole, Aurora Wildlife Research.

COSEPAC sommaire de l’évaluation

Sommaire de l’évaluation – novembre 2017

Nom commun : Caribou - Population Dolphin-et-Union

Nom scientifique : Rangifer tarandus

Statut : En voie de disparition

Justification de la désignation : Cette population arctique de caribous est endémique au Canada, se trouvant au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest. Elle est reconnue pour ses tendances migratoires uniques dans le cadre desquelles elle se déplace de l’île de Victoria à la partie continentale en passant par la glace de mer. Selon les observations, l’aire de répartition de la population affiche des contractions et des extensions depuis le début du 20e siècle, et ces fluctuations correspondent plus ou moins à celles de la taille de la population. Au début des années 1900, la harde était grande, puis a fait l’objet d’un important déclin probablement précipité par l’introduction des armes à feu, combinée à des hivers rigoureux. Une période de 50 à 60 ans de faible densité sans migration apparente sur la glace de mer a ensuite suivi. La harde a commencé à augmenter à la fin des années 1970 et a repris sa migration vers le continent à la fin des années 1980; les effectifs se sont accrus jusque dans les années 1990. En 2015, la harde était estimée à environ 18 000 individus. Trois estimations tirées de relevés au cours des 18 dernières années ainsi que les connaissances traditionnelles autochtones indiquent un déclin de 50 à 60 %, qui semble s’être accéléré depuis 2010. La population fait face à de multiples menaces, dont une connectivité réduite et une migration perturbée entre les aires d’hivernage et d’estivage associées à la navigation commerciale dans le détroit de Dease, laquelle est de plus en plus soutenue par des brise-glaces. Les changements climatiques sont liés à la réduction des périodes de couverture de glace et à l’irrégularité des conditions de la glace de mer, lesquelles causent des mortalités par noyade et des retards de migration qui, à leur tour, ont des conséquences sur la nutrition et la charge parasitaire. La surexploitation a joué un rôle dans les déclins passés, et les taux d’exploitation récents sont inconnus, bien que les possibilités d’accès pour cinq autres collectivités aient augmenté. La propagation d’insectes nuisibles et d’agents pathogènes résultant des changements climatiques est une préoccupation additionnelle. Les fluctuations démographiques naturelles demeurent une source d’incertitude.

Répartition : Territoires du Nord-Ouest, Nunavut

Historique du statut : La désignation initiale considérée comme une seule unité comprenait le caribou de Peary, Rangifer tarandus pearyi, et ce qui est maintenant connu sous le nom de caribou (population Dolphin-et-Union), Rangifer tarandus. Cette unité a été désignée « menacée » en avril 1979. Division en 1991 pour permettre la désignation de trois populations distinctes : population de l’île Banks (en voie de disparition), population du Haut-Arctique (en voie de disparition) et population du Bas-Arctique (menacée). En mai 2004, les trois désignations de population ont été désactivées, et le caribou de Peary a été évalué séparément du caribou (population Dolphin-et-Union), Rangifer tarandus. Le caribou (population Dolphin-et-Union) est composée d’une partie de l’ancienne « population du Bas-Arctique » et il a été désignée espèce « préoccupante » en mai 2004. Réexamen du statut : l’espèce a été désignée « en voie de disparition » en novembre 2017.

COSEPAC résumé

Caribou - Population de Dolphin-et-Union
Rangifer tarandus

Description et importance de l’espèce sauvage

Le caribou de Dolphin-et-Union se distingue facilement, par sa taille moyenne, sa morphologie et son comportement, du caribou de la toundra et du caribou de Peary. Des analyses génétiques ont aussi confirmé avec constance son caractère unique. Une autre caractéristique comportementale clé permettant de distinguer le caribou de Dolphin-et-Union des autres populations de caribous tient à ses migrations saisonnières. Deux fois par année, les caribous de Dolphin-et-Union traversent la glace de mer entre l’île Victoria et le continent, de manière synchronisée et coordonnée pour rejoindre leurs aires d’estivage ou leurs aires d’hivernage. Le caribou de Dolphin-et-Union fait partie intégrante de la culture inuite et inuvialuite, et il possède une forte valeur spirituelle, économique et de subsistance.

Répartition

Le caribou de Dolphin-et-Union est endémique au Canada, et son aire de répartition chevauche deux territoires : les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut. Les caribous de Dolphin-et-Union forment une seule population, dont l’aire d’estivage s’étend sur la majeure partie de l’île Victoria. La première mention d’observation de caribous traversant le détroit de Dolphin et Union remonte au milieu des années 1850; désormais, ces caribous traversent le golfe Coronation, le détroit de Dease et le golfe Queen Maud afin de passer l’hiver sur le continent. Si on se fie aux mentions d’observation, la répartition du caribou de Dolphin-et-Union s’est rétrécie et s’est élargie à diverses périodes depuis le début du 20e siècle, ces fluctuations correspondant plus ou moins à celles de la taille de la population.

Habitat

Les aires de mise bas dans l’île Victoria, qui ne peuvent pas être délimitées de façon précise, sont dans l’écozone terrestre du Haut-Arctique, tandis que les aires d’hivernage sur la côte du continent sont dans l’écozone du Bas-Arctique. La répartition annuelle du caribou de Dolphin-et-Union comprend des milieux de toundra où poussent des arbustes nains prostrés, des cypéracées, des mousses, des lichens et d’autres plantes herbacées. Ces migrations régulières entre l’île Victoria et le continent font de la glace de mer qui relie saisonnièrement l’île au continent une caractéristique déterminante de l’habitat de cette population.

Les changements climatiques ont entraîné des changements de l’habitat notamment de la glace de mer, de la composition des communautés végétales et de l’abondance et de la période de croissance des plantes. Il y a eu très peu d’exploitation des ressources naturelles dans l’aire de répartition du caribou de Dolphin-et-Union à ce jour, mais il y a tout de même deux mines en exploitation et plusieurs projets d’exploitation minière et d’infrastructure connexe. Il est aussi prévu que des navires passent dans les endroits où les caribous traversent sur la glace de mer. Ces activités sont susceptibles de compromettre la qualité et la continuité de l’habitat à l’avenir.

Biologie

À l’instar du caribou de la toundra, le caribou de Dolphin-et-Union suit un cycle annuel, entreprenant des migrations avant la mise bas et à l’automne pour se déplacer entre ses différentes aires saisonnières. Même si la migration avant la mise bas est relativement grégaire, les femelles peuvent se disperser presque partout dans l’île Victoria pour la mise bas. Les accouplements ont lieu soit pendant la migration ou le rassemblement, et les mâles s’accouplent souvent avec plus d’une femelle. La vie reproductive du caribou de Dolphin-et-Union dure une douzaine d’années, les femelles mettant bas généralement pour la première fois à trois ans ou à deux ans si des sources d’alimentation de grande qualité sont disponibles. La durée d’une génération est estimée à 7 à 9 ans. La morphologie du caribou de Dolphin-et-Union est semblable à celle du caribou de Peary, ce qui semble résulter d’une adaptation convergente à un climat très saisonnier et froid. Le caribou de Dolphin-et-Union partage son territoire annuel avec quatre grands mammifères prédateurs, deux autres populations de caribous (caribou de la toundra et caribou de Peary), le bœuf musqué et plusieurs espèces de mammifères herbivores et de sauvagine de plus petite taille, qui ont tous connu des changements de population et de répartition au cours des dernières années. Les humains et les loups sont les principaux prédateurs du caribou de Dolphin-et-Union.

Taille et tendances de la population

Au début des années 1900, la population du caribou de Dolphin-et-Union aurait été d’environ 100 000 individus, selon la meilleure supposition possible. Peu de temps après, cette population a connu un déclin abrupt, causé probablement par l’introduction des armes à feu, combinée à des hivers rigoureux. Dès les années 1920, sa migration par le détroit de Dolphin et Union avait cessé. Au cours des cinq décennies suivantes, des caribous ont rarement été aperçus dans l’île Victoria. On estime que la population résidente (non migratrice) dans l’île Victoria en 1959 était de 671 individus. Les Inuits de Cambridge Bay ont commencé à voir des caribous dans les années 1970 et 1980 et, dès 1993, on dénombrait jusqu’à 7 000 individus traversant de nouveau chaque année le golfe Coronation et le détroit de Dease.

Une tendance quantitative a pu être estimée sur trois générations grâce à trois relevés effectués en 1997, en 2007 et en 2015 pour lesquels on a utilisé des méthodes uniformes et obtenu des résultats comparables. Les estimations tirées des deux premiers relevés ont été corrigées rétroactivement : l’estimation du relevé de 1997 qui s’élevait au total à 27 989 individus avec une erreur-type de ±3 367 pour la partie visuelle du relevé a été révisée à la hausse par la suite à 34 558 individus avec un IC de ±6 801, d’après une extrapolation visant à inclure les individus à l’extérieur de la zone du relevé compte tenu de données provenant de colliers émetteurs. L’estimation de 2007 s’élevait à 21 753 individus avec une erreur-type de ±2 343; elle a ensuite été révisée à 27 787 individus avec un IC de ±7 537. L’estimation de 2015, quant à elle, s’élevait à 18 413 individus ±6 795 (IC de 95 % = 11 664-25 182). En utilisant les estimations initiales et révisées d’après les relevés comme estimations minimales et maximales, on constate qu’il y a eu un déclin exponentiel global de plus de 50 % depuis 1997. En tenant compte de l’Inuit Qaujimajatuqagit (IQ), des connaissances traditionnelles autochtones et du savoir local, on arrive aussi à la même conclusion : il y a une tendance à la baisse d’environ 80 %, qui s’est accélérée après 2010. L’IQ recueilli en 2014 a permis de constater un déclin des effectifs dans les jeunes classes d’âge, une proportion élevée d’individus dont l’état corporel est piètre et une augmentation des observations d’individus malades.

Menaces et facteurs limitatifs

La pérennité de la population du caribou de Dolphin-et-Union fait face à de nombreuses menaces directes, dont l’impact a été évalué comme étant élevé à très élevé, malgré que l’incertitude à ce sujet soit grande. La réduction de la connectivité de la glace de mer est l’une des principales préoccupations, car il y a déjà des signes de perturbations à la migration causées par le transport maritime dans le détroit de Dease, rendu possible grâce aux services de brise-glaces. On a aussi constaté une réduction des périodes de couverture de glace et/ou de l’irrégularité dans les conditions de glace de mer, qui seraient associées aux changements climatiques et causent des mortalités par noyade et des retards de migration qui, à leur tour, ont des conséquences sur la nutrition et la charge parasitaire. La surexploitation a joué un rôle dans les déclins passés, et les taux d’exploitation actuels sont inconnus, mais l’on sait que les possibilités de chasse pour cinq autres collectivités ont augmenté. La prédation par les loups et les grizzlis constitue une préoccupation supplémentaire. De plus, la propagation d’insectes nuisibles et d’agents pathogènes résultant des changements climatiques est une menace. Un facteur de mortalité inconnu pourrait avoir favorisé les déclins de la population du caribou de Dolphin-et-Union, impliquant vraisemblablement les populations de bœufs musqués dans le cadre d’interactions avec de multiples proies, notamment dans le cadre de la prédation par les loups, et/ou d’interactions avec de multiples hôtes pour ce qui est des parasites et des agents pathogènes. On ne sait pas non plus exactement à quoi ressembleront les perturbations cumulatives et les changements de l’habitat dans le futur si la construction d’une partie, voire de l’ensemble, des projets miniers proposés et de l’infrastructure connexe (routes et ports) est approuvée.

Protection, statuts et classements

Le caribou de Dolphin-et-Union fait l’objet d’une cogestion conformément à l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut (ARTN) au Nunavut et à la Convention définitive des Inuvialuit dans les Territoires du Nord-Ouest. Ces accords confèrent le pouvoir principal de gestion des espèces sauvages aux conseils de gestion correspondants : au Conseil de gestion des ressources fauniques du Nunavut et, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Conseil consultatif de la gestion de la faune et au Conseil inuvialuit de gestion du gibier.

Le caribou de Dolphin-et-Union est actuellement classé comme espèce préoccupante en vertu de la Loi sur les espèces en péril (2003) (à l’annexe 1) du gouvernement fédéral et de la Loi sur les espèces en péril (TNO) des Territoires du Nord-Ouest (2013). Le COSEPAC a désigné le caribou de Dolphin-et-Union « espèce préoccupante » en mai 2004, puis il a réévalué la population du caribou de Dolphin-et-Union en novembre 2017 et l’a désignée « en voie de disparition ».

À l’échelle mondiale, le caribou est classé dans la catégorie « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), mais les sous-espèces ou écotypes du caribou ne sont pas différenciés. NatureServe a classé le caribou comme non en péril à l’échelle mondiale et n’a pas encore attribué de classement (Not Yet Ranked) au caribou de Dolphin-et-Union, qui est classé « en péril-vulnérable » à l’échelle nationale (N2N3) et « en péril-vulnérable » (S2S3) dans les Territoires du Nord-Ouest, et qui n’est pas classé (SNR) au Nunavut.

Le parc national Tuktut Nogait comprend une partie de la ligne côtière dans le sud-ouest de l’aire de répartition du caribou de Dolphin-et-Union, et le refuge d’oiseaux du golfe Queen Maud offre un certain niveau de protection de l’habitat dans une partie de l’aire d’hivernage.

Résumé technique

Nom scientifique : Rangifer tarandus

Nom français : Caribou

Nom anglais : Caribou

Population : Population Dolphin-et-Union (Unité désignable 2)

Répartition au Canada (province/territoire/océan) : Territoires du Nord-Ouest et Nunavut (île Victoria et parties côtières adjacentes sur le continent).

Données démographiques

Durée d’une génération (généralement, âge moyen des parents dans la population; indiquez si une méthode d’estimation de la durée d’une génération autre que celle qui est présentée dans les lignes directrices de l’UICN [2011] est utilisée)
7 à 9 ans
Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre total d’individus matures?
Oui
Pourcentage estimé de déclin continu du nombre total d’individus matures sur [cinq ans ou deux générations].
Déclin de 33,8 % depuis 2007
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix dernières années ou trois dernières générations].
Compte tenu de trois points d’observation, avec beaucoup d’incertitude en ce qui concerne les tendances et la courbe de déclin.
~52 % (en supposant que la durée d’une génération est de 7 ans) – 61 % (9 ans)
Pourcentage [prévu ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix prochaines années ou trois prochaines générations].
Inconnu
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours de toute période de [dix ans ou trois générations] commençant dans le passé et se terminant dans le futur.
Peut-être > 50 %
Est-ce que les causes du déclin sont a) clairement réversibles et b) comprises et c) ont effectivement cessé?
a) non
b) non
c) non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures?
Cela est peu probable.

Information sur la répartition

Superficie estimée de la zone d’occurrence
499 449 km2
Indice de zone d’occupation (IZO) (Fournissez toujours une valeur établie à partir d’une grille à carrés de 2 km de côté
391 292 km2
La population totale est-elle « gravement fragmentée », c.-à-d. que plus de 50 % de sa zone d’occupation totale se trouve dans des parcelles d’habitat qui sont a) plus petites que la superficie nécessaire au maintien d’une population viable et b) séparées d’autres parcelles d’habitat par une distance supérieure à la distance de dispersion maximale présumée pour l’espèce?
a.non
b. non
Nombre de « localités »* (utilisez une fourchette plausible pour refléter l’incertitude, le cas échéant)
1
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] de la zone d’occurrence?
C’est probable, mais cela n’a pas été quantifié.
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] de l’indice de zone d’occupation?
Inconnu
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] du nombre de sous-populations?
Sans objet (une sous-population)
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] du nombre de localités*?
Sans objet (une localité)
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] de [la superficie, l’étendue ou la qualité] de l’habitat?
Oui
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de sous-populations?
Sans objet
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de localités*?
Sans objet
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de la zone d’occurrence?
Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de l’indice de zone d’occupation?
Non

* (Voir « Définitions et abréviations » sur le site Web du COSEPAC et IUCN 2010 (en anglais seulement) pour obtenir des précisions sur ce terme.)

Nombre d’individus matures (dans chaque sous-population)

Total: Cette estimation comprend un nombre inconnu d’individus immatures.

Nombre d’individus matures : 18 413 ±6 795 (2015)

Analyse quantitative

La probabilité de disparition de l’espèce à l’état sauvage est d’au moins [20 % sur 20 ans ou 5 générations, ou 10 % sur 100 ans]? : Cette analyse n’a pas été effectuée.

Menaces (directes, de l’impact le plus élevé à l’impact le plus faible, selon le calculateur des menaces de l’UICN)

Un calculateur des menaces a-t-il été rempli pour l’espèce? Oui
Impact global : Très élevé à élevé

  1. Voies de transport par eau (menace 4.3 de l’UICN) (impact élevé)
  2. Espèces indigènes problématiques (menace 8.2 de l’UICN) (impact élevé-faible)
  3. Chasse (menace 5.1 de l’UICN) (impact moyen-faible)
  4. Changements climatiques et phénomènes météorologiques violents (menace 11 de l’UICN) (impact moyen-faible)
  5. Parasites et maladies (menace 8.1 de l’UICN [Espèces exotiques (non indigènes) envahissantes]) (impact moyen-faible)
  6. Tempêtes et inondations (menace 11.4 de l’UICN) (impact moyen-faible)
  7. Production d’énergie et exploitation minière (menace 3 de l’UICN) (impact faible)

Quels facteurs limitatifs supplémentaires sont pertinents?

Immigration de source externe (immigration de l’extérieur du Canada)

Situation des populations de l’extérieur les plus susceptibles de fournir des individus immigrants au Canada.
Sans objet (endémique au Canada)
Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible?
Sans objet
Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre au Canada?
Sans objet
Y a-t-il suffisamment d’habitat disponible au Canada pour les individus immigrants?
Sans objet
Les conditions se détériorent-elles au Canada+?
Sans objet
Les conditions pour la population source (c.-à-d. de l’extérieur) sont-elles en voie de se détériorer+?
Sans objet
La population canadienne est-elle considérée comme un puits+?
Sans objet
La possibilité d’une immigration depuis des populations externes existe-t-elle?
Non

+ Voir le tableau 3 (Lignes directrices pour la modification de l’évaluation de la situation d’après une immigration de source externe)

Nature délicate de l’information sur l’espèce

L’information concernant l’espèce est-elle de nature délicate? : Non

Historique du statut

COSEPAC : La désignation initiale considérée comme une seule unité comprenait le caribou de Peary, Rangifer tarandus pearyi, et ce qui est maintenant connu sous le nom de caribou (population Dolphin-et-Union), Rangifer tarandus. Cette unité a été désignée « menacée » en avril 1979. Division en 1991 pour permettre la désignation de trois populations distinctes : population de l’île Banks (en voie de disparition), population du Haut-Arctique (en voie de disparition) et population du Bas-Arctique (menacée). En mai 2004, les trois désignations de population ont été désactivées, et le caribou de Peary a été évalué séparément du caribou (population Dolphin-et-Union), Rangifer tarandus. Le caribou (population Dolphin-et-Union) est composée d’une partie de l’ancienne « population du Bas-Arctique » et il a été désignée espèce « préoccupante » en mai 2004. Réexamen du statut : l’espèce a été désignée « en voie de disparition » en novembre 2017.

Statut et justification de la désignation :

Statut : En voie de disparition

Code alphanumérique : A2ad+4acd

Justification de la désignation : Cette population arctique de caribous est endémique au Canada, se trouvant au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest. Elle est reconnue pour ses tendances migratoires uniques dans le cadre desquelles elle se déplace de l’île de Victoria à la partie continentale en passant par la glace de mer. Selon les observations, l’aire de répartition de la population affiche des contractions et des extensions depuis le début du 20e siècle, et ces fluctuations correspondent plus ou moins à celles de la taille de la population. Au début des années 1900, la harde était grande, puis a fait l’objet d’un important déclin probablement précipité par l’introduction des armes à feu, combinée à des hivers rigoureux. Une période de 50 à 60 ans de faible densité sans migration apparente sur la glace de mer a ensuite suivi. La harde a commencé à augmenter à la fin des années 1970 et a repris sa migration vers le continent à la fin des années 1980; les effectifs se sont accrus jusque dans les années 1990. En 2015, la harde était estimée à environ 18 000 individus. Trois estimations tirées de relevés au cours des 18 dernières années ainsi que les connaissances traditionnelles autochtones indiquent un déclin de 50 à 60 %, qui semble s’être accéléré depuis 2010. La population fait face à de multiples menaces, dont une connectivité réduite et une migration perturbée entre les aires d’hivernage et d’estivage associées à la navigation commerciale dans le détroit de Dease, laquelle est de plus en plus soutenue par des brise-glaces. Les changements climatiques sont liés à la réduction des périodes de couverture de glace et à l’irrégularité des conditions de la glace de mer, lesquelles causent des mortalités par noyade et des retards de migration qui, à leur tour, ont des conséquences sur la nutrition et la charge parasitaire. La surexploitation a joué un rôle dans les déclins passés, et les taux d’exploitation récents sont inconnus, bien que les possibilités d’accès pour cinq autres collectivités aient augmenté. La propagation d’insectes nuisibles et d’agents pathogènes résultant des changements climatiques est une préoccupation additionnelle. Les fluctuations démographiques naturelles demeurent une source d’incertitude.

Applicabilité des critères :

Critère A (déclin du nombre total d’individus matures) : Correspond au critère de la catégorie « espèce en voie de disparition », A2ad, un déclin de 51 à 61 % sur trois générations étant estimé, compte tenu de relevés aériens [a], l’exploitation [d] entraînant aussi un déclin de la population. Correspond aussi au critère A4acd (pour le passé et le futur), parce qu’on prévoit un déclin futur, compte tenu des menaces toujours présentes.

Critère B (petite aire de répartition, et déclin ou fluctuation) : Sans objet.

Critère C (nombre d’individus matures peu élevé et en déclin) : Sans objet.

Critère D (très petite population totale ou répartition restreinte) : Sans objet.

Critère E (analyse quantitative) : Sans objet.

Préface

Le présent rapport à jour comporte des renseignements qui sont devenus accessibles après la dernière mise à jour du rapport de situation du COSEPAC (COSEWIC, 2004) sur le caribou de Dolphin-et-Union. En 1991, avant l’adoption de la Loi sur les espèces en péril (LEP), le COSEPAC considérait que tous les caribous de l’ensemble de l’archipel arctique canadien, à l’exception de l’île de Baffin, étaient des caribous de Peary (Miller, 1991). Même s’il était reconnu comme une entité distincte, le caribou de Dolphin-et-Union a été évalué comme faisant partie de la population des îles du Bas-Arctique, qui comprenait le caribou de Peary. En 2004, le COSEPAC a évalué deux entités dans un seul rapport de situation (COSEWIC, 2004) : 1) le caribou de Peary, comprenant tous les caribous de l’archipel arctique, à l’exception de l’île de Baffin et du centre et du sud de l’île Victoria; 2) le caribou de Dolphin-et-Union, une population génétiquement distincte qui occupe le reste de l’île Victoria et passe l’hiver sur le continent.

Le COSEPAC a entrepris une analyse de la structure des unités désignables (UD) du caribou au Canada dans le cadre d’un projet spécial (COSEWIC, 2011) afin de définir les unités pour les futures évaluations et réévaluations de la situation de l’espèce, conformément aux dernières lignes directrices. La reconnaissance du caribou de Peary et du caribou de Dolphin-et-Union comme deux des 12 UD au Canada a été confirmée par cette analyse, et une mise à jour de l’évaluation du caribou de Peary a été entreprise en 2015 (COSEWIC, 2015).

Le présent rapport comporte des renseignements recueillis depuis la mise à jour du rapport de situation du COSEPAC (2004) sur le caribou de Dolphin-et-Union, y compris des données de relevés réalisés en 2007 (Dumond et Lee, 2013) et en 2015 (Leclerc et al., en préparation, 2016), permettant d’estimer les tendances sur une période de trois générations.

Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest a effectué une évaluation de la situation du caribou de Dolphin-et-Union (SARC, 2013) en vertu de la Loi sur les espèces en péril (TNO). Un plan de gestion en vertu de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral est en train d’être préparé conjointement par le gouvernement du Nunavut et le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, en collaboration avec le gouvernement du Canada et des partenaires de cogestion (GNU et GNWT, 2017). Le présent rapport du COSEPAC comprend les principales cartes et figures produites pour ces deux documents et a aussi tiré parti des connaissances traditionnelles autochtones (y compris l’Inuit Qaujimajatuqangit [IQ; savoir traditionnel inuit]) recueillies dans le cadre de ce processus. L’IQ et les CTA sont considérés comme des synonymes dans le présent rapport.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsables des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2017)

Espèce sauvage
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’un autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.
Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.
Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.
En voie de disparition (VD)
(Remarque : Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.)
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.
Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.
Préoccupante (P)
(Remarque : Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.)
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.
Non en péril (NEP)
(Remarque : Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.)
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.
Données insuffisantes (DI)
(Remarque :Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».)
Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.

Remarque : Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

Le Service canadien de la faune d’Environnement et Changement climatique Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

Description et importance de l’espèce sauvage

Nom et classification

Noms communs : caribou de Dolphin-et-Union, caribou du troupeau Dolphin-et-Union, caribou de la toundra (population Dolphin-et-Union), Dolphin and Union Caribou (anglais), Island caribou (Territoires du Nord-Ouest et Nunavut; anglais), Arctic island caribou (Territoires du Nord-Ouest et Nunavut; anglais), Mainland caribou (Ulukhaktok, Territoires du Nord-Ouest; anglais), Barren-ground Caribou (Dolphin and Union population) (anglais), Kiilliniq caribou (Inuinnaqtun; Nunavut), Killinik (Inuktituk).

Le caribou appartient à la famille des Cervidés (ordre : Artiodactyla (Artiodactyles), famille : Cervidae (Cervidés), sous-famille : Capreolinae (Capréolinés), genre : Rangifer, espèce : tarandus; Gilbert et al.,2006). Banfield (1961) a classé le genre Rangifer en sous-espèces et en formes intermédiaires, en se basant, en grande partie, sur les mesures morphométriques de crânes et d’os de pattes fournies par Manning (1960) ainsi que sur la couleur du pelage et la forme des bois. Cette classification taxinomique n’a pas été mise à jour, même si elle se fondait souvent sur un petit nombre de spécimens et que de nouvelles techniques, comme les analyses d’ADN, révèlent des relations évolutionnaires différentes entre les populations de caribous.

Le caribou de la toundra de l’Amérique du Nord et du Groenland (qui comprenait probablement le caribou de Dolphin-et-Union) s’est vu attribuer le nom Cervus groenlandicus par Borowski (1780) compte tenu d’un spécimen du Groenland, et il a ensuite été transféré au genre Rangifer (Kellogg, 1932). D’abord singularisé pour son caractère distinct par Manning (1960), le caribou de Dolphin-et-Union a été tour à tour classé comme R. t. groenlandicus, R. t. pearyi et R. t. groenlandicus × pearyi. Depuis quelque temps, les chercheurs, reconnaissant son caractère particulier par rapport à ses voisins – le caribou de Peary et le caribou de la toundra du continent, ont privilégié la dénomination R. t. groenlandicus × pearyi (Poole et al., 2010; Nagy et al., 2011; SARC, 2013; GNU et GNWT, 2017). Malgré qu’il règne une certaine confusion concernant la classification taxinomique du caribou de Dolphin-et-Union, son caractère distinct sur le plan génétique a récemment été reconfirmé (McFarlane et al., 2016; voir Structure spatiale et variabilité de la population). Une révision globale du genre est nécessaire pour clarifier la classification des sous-espèces (Geist, 2007; COSEWIC, 2011).

Les chasseurs et les aînés de la région d’Ulukhaktok qui ont été interviewés reconnaissent deux types de caribous (le caribou de Peary et le caribou de Dolphin-et-Union) dans l’île Victoria, et ils distinguent généralement le caribou de Dolphin-et-Union des autres caribous en se basant sur des différences de taille, de couleur et de goût (Elias, 1993 dans SARC, 2013).

Cette population de caribous tire son nom du détroit de Dolphin et Union, qu’elle traversait jadis deux fois par année pendant sa migration printanière vers le nord et sa migration automnale vers le sud. Ses habitudes de migration actuelles, cependant, la font passer principalement par le golfe Coronation et le détroit de Dease (voir Dispersion et migration).

Description morphologique

Les caribous de Dolphin-et-Union sont très faciles à reconnaître et à distinguer des caribous de la toundra et des caribous de Peary (GNU et GNWT, 2017; SARC, 2013). Ils sont plus petits que les caribous de la toundra, mais plus grands que la plupart des caribous de Peary (SARC, 2013). Ils présentent des motifs semblables à ceux des caribous de Peary sur leur pelage, mais sont légèrement plus foncés que ces derniers et arborent du gris, non pas du blanc, sur le devant des pattes. Au début de l’hiver, ils arborent un pelage blanc avec le dos brun pâle. Des différences du squelette et des bois permettent de les distinguer davantage de la plupart des caribous de Peary. Les caribous de Dolphin-et-Union et les caribous de Peary ont en commun trois caractéristiques qui les distinguent des caribous de la toundra : la couleur grise du velours des bois, des rangées de molaires proportionnellement longues et des sabots plus larges (Manning, 1960; Gunn et Fournier, 1996; SARC, 2013).

La longueur moyenne du corps du caribou de Dolphin-et-Union n’a pas été publiée, mais Gunn et Fournier (1996) ont comparé des mensurations crâniennes de caribous femelles du sud de l’île Victoria et de caribous de la toundra femelles de Pelly Bay : la longueur condylobasale moyenne du crâne était de 297,83 mm (±1,31 mm, erreur-type) chez les caribous de l’île Victoria, tandis qu’elle était de 317,86 mm (±3,21 mm, erreur-type) chez les caribous de Pelly Bay.

Structure spatiale et variabilité des populations

Structure génétique

Les caribous de l’Amérique du Nord ont été divisés en deux lignées d’après des analyses génétiques des séquences d’ADN mitochondrial (ADNmt). La lignée béringienne-eurasienne et la lignée d’Amérique du Nord renvoient aux refuges pléistocènes dont elles proviennent (COSEWIC, 2011; Klütsch et al., 2012; Yannic et al., 2014). Le caribou de la toundra (COSEWIC, sous presse), le caribou de Peary (COSEWIC, 2015) et le caribou de Dolphin-et-Union font partie de la lignée béringienne-eurasienne. Après la dernière période glaciaire, soit lorsque les populations se sont élargies et ont colonisé (ou recolonisé) les terres nordiques, l’hybridation a entraîné une introgression des haplotypes d’une lignée dans l’autre à une fréquence suffisamment faible pour que chaque lignée reste distincte et clairement séparable (Klütsch et al., 2012). Des données phylogénétiques fondées sur l’ADN mitochondrial (Eger et al., 2009) semblent indiquer que la population de caribous de Dolphin-et-Union et la sous-population de caribous de la toundra de Bathurst (voir Unités désignables) ont divergé l’une de l’autre il y a environ 1 000 ans (Eger et al., 2009; McFarlane et al., 2016). Des estimations à partir de microsatellites d’ADN portent à croire que la divergence par rapport aux autres sous-populations du continent s’est produite à peu près à la même époque, alors que la divergence entre la population de Dolphin-et-Union et les sous-populations des îles de l’est de l’Arctique se serait produite plus tôt (environ 3 000 ans avant le présent) (McFarlane et al., 2016).

Des analyses génétiques fondées sur des microsatellites d’ADN nucléaire confirment de façon constante le caractère distinct du caribou de Dolphin-et-Union par rapport aux autres unités désignables (Eger et al., 2009; Zittlau et al., 2009; COSEWIC, 2011; Serrouya et al., 2012; McFarlane et al., 2014, 2016). Malgré cela, un niveau faible à modéré de flux génique a été détecté entre le caribou de Dolphin-et-Union et les caribous de la toundra du continent, particulièrement dans le passé (c.-à-d. il y a plusieurs centaines d’années; McFarlane et al., 2016).

Structure des sous-populations

Toutes les données disponibles laissent supposer que le caribou de Dolphin-et-Union appartient à une seule unité démographique (sous-population). Même si les lieux de mise bas sont dispersés dans une grande partie de l’île Victoria, il n’y aurait qu’une seule aire de rut d’après les données provenant de caribous munis de colliers émetteurs (Gunn et Fournier, 2000; Nishi, 2000), ce qui corrobore l’existence d’une seule sous-population. Après que les effectifs de la harde aient été réduits à un petit nombre dans les années 1920, la migration a cessé, et elle n’est redevenue régulière que plusieurs décennies plus tard (voir Taille et tendances de la population). Il s’agissait, cependant, du même type de caribou qui migrait auparavant entre l’île Victoria et le continent, compte tenu des mensurations crâniennes, de la couleur du pelage et du comportement migratoire des caribous présents dans le sud de l’île Victoria dans les années 1980, qui ressemblaient à ceux décrits dans le passé par Manning (1960) pour la harde de Dolphin-et-Union (Gunn et Fournier, 1996).

Unités désignables

Le caribou de Dolphin-et-Union a été évalué pour la première fois par le COSEPAC en 1979 comme un caribou de Peary (Gunn et al., 1979). Puis, en 1991, il a été reconnu par le COSEPAC (Miller, 1991) comme constituant une « population » distincte de celle du caribou de Peary, mais il n’a été évalué séparément par le COSEPAC qu’en 2004 (COSEWIC, 2004). Le COSEPAC a confirmé en 2011 que le caribou de Dolphin-et-Union était l’une des 11 UD existantes du caribou (COSEWIC, 2011).

Des mesures de la divergence génétique entre la population du caribou de Dolphin-et-Union et les populations du caribou de Peary et du caribou de la toundra corroborent leur caractère distinct. De nouvelles données génétiques depuis l’établissement des unités désignables par le COSEPAC (COSEWIC, 2011) réaffirment le caractère unique du caribou de Dolphin-et-Union (McFarlane et al., 2014, 2016). La morphologie (p. ex. la forme du crâne, la couleur du velours des bois, la taille des sabots et les motifs du pelage en période de reproduction; Gunn et Fournier, 1996; Manning, 1960; voir Description morphologique) corrobore davantage le caractère distinct du caribou de Dolphin-et-Union, qui est géographiquement ou temporellement isolé de la plupart des autres populations de caribous pendant la mise bas et le rut (Gunn et Fournier, 2000; Nishi et Gunn, 2004; Poole et al., 2010; Nagy et al., 2011). Néanmoins, il y a un chevauchement spatial avec la harde d’Ahiak (caribous de la toundra) pendant l’hiver (L. Leclerc, comm. pers., 2017).

En ce qui concerne l’importance du point de vue de l’évolution, le caribou de Dolphin-et-Union possède des haplotypes en commun avec les membres d’UD adjacentes, mais la préservation de certaines lignées génétiques distinctes (Eger et al., 2009) laisse entrevoir d’éventuelles adaptations locales chez ce caribou. Il diffère de façon significative du caribou de la toundra (UD3), car il est le seul dont la migration annuelle suppose deux traversées de la mer sur les glaces, ce qui témoigne des conditions écologiques particulières dans lesquelles il vit. L’échelle de cette migration (des milliers d’individus) lui confère aussi un caractère distinct par rapport aux déplacements sur les glaces non coordonnés, souvent individuels et dispersés, observés chez le caribou de Peary (COSEWIC, 2011). Les caribous de Dolphin-et-Union ont un cycle migratoire annuel bien défini, qui ressemble à celui du caribou de la toundra, mais ils ont une stratégie de mise bas individualiste et dispersée, semblable à celle du caribou de Peary (Nishi, 2000; Poole et al., 2010). De plus, ils sont isolés des autres populations pendant la période de rut sur l’île Victoria (Poole et al., 2010; Nagy, 2011).

Importance de l’espèce

Les peuples inuits et inuvialuits de l’Arctique canadien chassent le caribou depuis plus de 4 000 ans (Manseau et al., 2004). Le caribou de Dolphin-et-Union, tout comme le caribou de Peary, a une importance sur les plans culturel, historique, économique et écologique (COSEWIC, 2015). D’anciens systèmes de rabattage de caribous, composés de pierres alignées et de cairns, et des sites d’abattage communautaires de caribous, découverts dans le sud de l’île Victoria, auraient été utilisés pendant plusieurs millénaires, durant toute la période d’occupation par les Inuits d’aujourd’hui et, avant eux, par la culture dorsétienne, qui n’a aucun lien avec la culture inuite (Brink, 2005; Friesen, 2013). Ces mentions montrent que les caribous de l’île Victoria et du continent font partie intégrante de la culture inuite et inuvialuite, de l’écologie de l’Arctique et de l’histoire canadienne. Les humains ont chassé le caribou dans cette région pendant des siècles (Manning, 1960; Savelle et Dyke, 2002; Brink, 2005). De nos jours, cette population de caribous est une source de viande fraîche pour quatre collectivités inuvialuites et inuites et deux camps éloignés. De plus, le caribou de Dolphin-et-Union a probablement été un facteur important dans la répartition des signatures génétiques des loups (Canis lupus) qui les suivent (Carmichael, 2007).

Répartition

Aire de répartition mondiale

L’aire de répartition du caribou de Dolphin-et-Union se trouve entièrement au Canada.

Aire de répartition canadienne

L’aire de répartition du caribou de Dolphin-et-Union chevauche deux territoires : les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut (figure 1). La population du caribou de Dolphin-et-Union occupe la majeure partie de l’île Victoria (exception faite de la partie nord-ouest) ainsi que certains secteurs de la côte du continent. Sa répartition englobe l’île Gateshead, l’île Jenny Lind et l’île Admiralty, tout comme d’autres îles dans le golfe Coronation, le golfe Queen Maud et le détroit de Dolphin et Union, ainsi que la côte continentale adjacente (tel que résumé dans SARC, 2013). On sait aussi que le caribou de Dolphin-et-Union peut se rendre jusqu’à l’île Read et à Cambridge Bay (Elias, 1993 dans SARC, 2013).

Si on se fie aux mentions d’observation, la répartition du caribou de Dolphin-et-Union s’est rétrécie et s’est élargie à diverses périodes depuis le début du 20e siècle, ces fluctuations correspondant plus ou moins à celles de la taille de la population (tableau 2 dans GNU et GNWT, 2017). Par exemple, l’effectif de la population était si faible dans les années 1920 que les caribous ont cessé de traverser le détroit de Dolphin et Union durant plusieurs décennies (voir Taille et tendances de la population). Entre les années 1960 et 1990, pendant une période d’augmentation de la population, l’aire d’hivernage s’est étendue plus loin au sud dans l’île Victoria (sources de CTA et de connaissances des collectivités citées dans SARC, 2013).

Figure 1. Aire de répartition actuelle du caribou de Dolphin-et-Union, comprenant le nom de lieux importants (ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles des Territoires du Nord-Ouest, données sur l’aire de répartition élaborées aux fins du programme sur les espèces en péril, 2016).
Description longue

Carte montrant la répartition approximative des caribous de Dolphin‑et‑Union durant l’hivernage lors de deux périodes (la fin des années 1980 et du milieu des années 1990 au milieu des années 2000), établie à partir de caribous munis d’un collier émetteur à transmission par satellite.

Dans les années 1980, les mentions de chasseurs corroboraient les résultats de relevés faits par des biologistes et montrent un déplacement de la répartition hivernale du caribou de Dolphin-et-Union du sud et de l’est de l’île Victoria (Gunn et al., 1997). Dans les années 1990 et 2000, la population de Dolphin-et-Union a étendu son aire d’hivernage sur la côte du continent, et des individus ont été aperçus au nord du Grand lac de l’Ours, dans l’aire de répartition du caribou de la toundra du continent (d’après l’aîné Phillip Kadlun de Kugluktuk, cité dans Golder Associates Ltd., 2003; Tomaselli et al., 2018; figure 2). Des individus ont également été observés à l’ouest aussi loin que le parc national Tuktut Nogait (Gau, comm. pers., 2011; cité dans SARC, 2013).

Figure 2. Répartition approximative des caribous de Dolphin-et-Union durant l’hivernage à la fin des années 1980 (ligne rose) et du milieu des années 1990 jusqu’au milieu des années 2000 (ligne or), établie à partir de caribous munis d’un collier émetteur à transmission par satellite. Données de Poole et al. (2010); figure reproduite de SARC (2013) par B. Fournier, ENR, 2016.
Description longue

Carte illustrant la migration automnale du caribou de Dolphin‑et‑Union entre l’île de Victoria et le continent depuis 1986.

Zone d’occurrence et zone d’occupation

On estime que la zone d’occurrence de la population du caribou de Dolphin-et-Union est de 499 449 km2. Cette zone comprend les secteurs où des individus de cette population ont été observés depuis 1980. L’indice de zone d’occupation (IZO) est estimé comme étant la superficie totale des carrés de grille de 2 km de côté qui recoupent la zone d’occupation; il est de 391 292 km2 (SARC, 2013). Si on tient compte des directives de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), selon lesquelles il serait plus pertinent de mesurer la zone d’occupation comme étant la plus petite superficie essentielle à tout stade vital permettant d’assurer la survie des populations existantes d’un taxon (IUCN Standards and Petitions Subcommittee, 2017:49), la superficie de l’aire de rassemblement automnale située sur la rive sud de l’île Victoria pourrait se qualifier, mais cette aire n’a pas été cartographiée de façon uniforme, et son emplacement et sa taille varient. Le caribou de Dolphin-et-Union a une stratégie de mise bas en dispersion dans une grande partie de l’île Victoria.

Activités de recherche

Les Inuvialuits et Inuits, entre autres ceux des collectivités d’Ulukhaktok et de Paulatuk (Territoires du Nord-Ouest) et des collectivités de Cambridge Bay, de Kugluktuk, d’Umingmaktok et de Kingauk (anciennement Bathurst Inlet) au Nunavut, chassent régulièrement partout dans l’aire de répartition du caribou de Dolphin-et-Union. Ils font aussi du trappage et d’autres activités traditionnelles dans ces régions, et sont toujours à l’affût de la présence du caribou et décèlent son absence inhabituelle (SARC, 2013). Les chasseurs expérimentés peuvent distinguer visuellement le caribou de Dolphin-et-Union du caribou de la toundra et du caribou de Peary. Leurs observations ont été signalées (voir par exemple Nishi, 2000) et recueillies lors d’entrevues ciblées (voir par exemple Thorpe et al., 2001; SARC, 2013; Tomaselli et al., 2016, 2018; GNU et GNWT, 2017).

L’adoption généralisée des motoneiges dans les années 1970 a permis d’intensifier les activités de recherche, parce que les chasseurs pouvaient couvrir une plus grande distance à la recherche de caribous ou de bœufs musqués ou lors de leurs déplacements hors route pour d’autres raisons (Condon, 1996; cité dans SARC, 2013). Le temps qu’ils passent sur les terres et l’expérience et les compétences requises pour maintenir leurs traditions culturelles font en sorte que les Inuvialuits et les Inuits sont très sensibles à la présence du caribou et d’autres espèces sauvages, et qu’ils sont au fait de leur répartition, de leur densité et de leur état de santé (Dumond, 2007; SARC, 2012, 2013).

Des renseignements propres à la gestion des espèces sauvages sont également communiqués dans les réunions d’organisations (Nunavut) et de comités (Inuvialuits) de chasseurs et de trappeurs de la région, ainsi qu’entre ces groupes et les conseils régionaux de gestion de la faune. De cette façon, les connaissances sur la situation, les déplacements et l’état des espèces sauvages sont accumulées et diffusées entre les collectivités. Le niveau d’activités de recherche associé aux relevés aériens pour la gestion des espèces sauvages a varié avant 1997 mais, habituellement, la couverture était faible et/ou seules certaines parties de l’île étaient recensées (Jakimchuk et Carruthers, 1980; Gunn et Fournier, 2000; Nishi et Buckland, 2000), en partie à cause de la grande superficie de l’île Victoria. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles on est passé depuis 1986 aux colliers émetteurs VHF, GPS et à transmission par satellite pour repérer les caribous, malgré que le petit nombre de colliers (< 25/année) diminue la précision des analyses. Les emplacements détectés à l’aide des colliers sont utilisés pour cartographier la répartition des caribous à l’automne et déterminer les relevés aériens qui seront effectués (Nishi et Gunn, 2000; Dumond et Lee, 2013).

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Le caribou de Dolphin-et-Union a besoin de sources d’alimentation de grande qualité, mais aussi de réduire son risque d’exposition aux moustiques et aux hypodermes (Hypoderma sp.), aux parasites et aux prédateurs (CTA résumées dans SARC, 2013). Il peut utiliser les eskers pour ses déplacements, parce qu’ils sont exempts de mouches et que le silène acaule (Silene acaulis) y pousse; il s’agit de l’un de ses aliments préférés d’après le plan de conservation de la collectivité d’Olokhaktomuit (Olokhaktomiut Community Conservation Plan, 2008). On dispose de peu d’information sur les besoins en matière d’habitat d’alimentation propres au caribou de Dolphin-et-Union, étant donné que les descriptions sur son régime alimentaire sont peu nombreuses ou incomplètes, et à cause de la vaste répartition des plantes dont il se nourrit selon les types de végétation et les sites d’alimentation par rapport à la phénologie des plantes ou aux conditions de neige (SARC, 2013). On ne connaît pas non plus les coûts énergétiques de son alimentation lorsque la neige et la glace limitent l’accès à la nourriture.

La connectivité saisonnière de la glace de mer entre l’île Victoria et le continent est essentielle au caribou de Dolphin-et-Union. Selon Poole et al. (2010), le caribou de Dolphin-et-Union a besoin d’une couverture de glace supérieure à 90 % à l’automne. Même si les caribous peuvent traverser l’eau sur de la glace nouvellement formée (épaisseur < 10 cm), ils traversent généralement lorsque la majeure partie de la surface est formée de glace jeune (p. ex. de la glace grise d’une épaisseur variant entre 10 et 30 cm), qui est au stade de transition entre la nouvelle glace et la glace de première année.

Le climat est très saisonnier et continental, avec des étés courts et secs et des hivers longs et froids. La moyenne annuelle de la température quotidienne est de -13,9 °C (1981-2000), et la température moyenne en juillet est de 8,9 °C à Cambridge Bay dans l’île Victoria (Normales climatiques canadiennes). Les précipitations annuelles moyennes sont de 138,8 mm à Cambridge Bay (59 % sous la forme de neige) (Normales climatiques canadiennes).

Les parties ouest et sud de l’île Victoria se trouvent dans la zone où la température moyenne en juillet est de 7 à 9 °C, tandis que les parties centrale et est de l’île sont plus fraîches, étant dans la zone où la moyenne est de 5 à 7 °C (Gould et al., 2003). L’aire de répartition annuelle du caribou de Dolphin-et-Union se situe à l’intérieur des écozones du Haut-Arctique et du Bas-Arctique. Les aires de mise bas dans l’île Victoria sont dans l’écozone terrestre du Haut-Arctique, tandis que les aires d’hivernage sur la côte du continent sont dans l’écozone du Bas-Arctique (Gunn et al., 2011; Rankin et al., 2011).

Les faibles précipitations en été signifient que l’indice de sécheresse est élevé, particulièrement en août, comparativement à l’indice de sécheresse dans les régions occupées par les hardes continentales (CARMA, données inédites). Les étés plus frais diminuent l’indice d’activité des hypodermes de moitié environ par rapport à celui enregistré dans les aires de répartition de caribous du continent. L’épaisseur de la neige cumulative atteint en moyenne 80 cm dans l’aire d’hivernage, ce qui est une épaisseur relativement élevée, et la densité de la neige est aussi relativement élevée comparativement à celle qu’on observe dans les aires d’hivernage des caribous de la toundra.

La végétation est principalement composée de mousses, d’arbustes nains prostrés et de graminées non cespiteuses (Gould et al., 2002). Les aires de mise bas et de répartition estivale (d’estivage) et automnale dans l’île Victoria sont caractérisées par une couverture végétale de terrain élevé discontinue, où la couverture varie entre 5 et 80 % et où prédominent des arbustes nains prostrés, y compris la saxifrage à feuilles opposées (Saxifraga oppositifolia), des dryades (Dryas spp.) et le saule arctique (Salix arctica) ainsi que le vulpin boréal (Alopecurus alpinus), la luzule arctique (Luzula nivalis) et d’autres saxifrages (Gould et al., 2003). La végétation est relativement clairsemée, la couverture végétale variant entre 5 et 50 % et étant inférieure à 500 g/m2 dans la majeure partie de l’île, ce qui contraste avec la végétation sur le continent à proximité, où la biomasse aérienne et la productivité végétale sont plus élevées (Gould et al., 2003; Hughes, 2006). La variété d’arbustes nains, de graminées et d’autres plantes herbacées offre une source d’alimentation de grande qualité en quantité suffisante, malgré la couverture relativement faible de lichens.

Régime alimentaire

Le caribou de Dolphin et Union se nourrit principalement de plantes vasculaires riches en protéines (cypéracées, graminées et saules) et de fleurs en été. Pendant les étés anormalement secs, la qualité de ces sources d’alimentation est relativement faible, ce qui peut avoir des conséquences à l’échelle de la population l’année suivante (Dumond, 2007).

Le régime alimentaire hivernal du caribou de Dolphin-et-Union dans l’île Victoria à la fin des années 1980 et en mai 2004 était principalement constitué d’arbustes nains (de la dryade à huit pétales [Dryas octopetala] et de saules) et de cypéracées, mais, dans les régions continentales voisines, le cassiope tétragone (Cassiope tetragona) et des lichens étaient prédominants (Hughes, 2006; SARC, 2013; GNU et GNWT, 2017). La topographie et la géologie des régions continentales sont très différentes de celles de l’île Victoria, mais leur influence sur la sélection de sources d’alimentation n’a pas été mesurée.

Le caribou de Dolphin-et-Union doit adapter son alimentation en fonction de l’évolution des conditions de neige, qui dépend du relief (pente et orientation) et du moment de la fonte des neiges (Larter et Nagy, 2001; SARC, 2013). La couverture de neige peut aussi avoir une incidence sur les coûts énergétiques, p. ex. lorsque les caribous doivent creuser dans la neige pour se déplacer et pour se nourrir (Thorpe et al., 2001).

Tendances en matière d’habitat

Le manque de données nuit à l’évaluation des tendances en matière d’habitat. On dispose de peu de données, exception faite de la cartographie générale par satellite de la végétation arctique qui peut être reliée aux tendances sous-jacentes de chaleur en été et à la réduction de la couverture de glace de mer (voir par exemple Bhatt et al., 2017). Les tendances climatiques caractérisant l’île Victoria sont décrites à la section Menaces et facteurs limitatifs.

Les tendances en matière d’habitat pourraient également dépendre des effets du développement et d’activités anthropiques, mais aucune évaluation scientifique n’a été effectuée dans les aires de mise bas et d’estivage du caribou de Dolphin-et-Union. L’exploitation d’une mine (projet Hope Bay de TMAC Resources) a commencé en 2017, et il y a des camps d’exploration minérale et des propositions de projets miniers dans la partie continentale de l’aire d’hivernage, ce qui pourrait influer sur l’utilisation de l’habitat par les caribous à l’avenir (voir Production d’énergie et exploitation minière).

Les Inuits et Inuvialuits vivant dans l’aire d’estivage du caribou de Dolphin-et-Union ont rapporté une augmentation de la croissance des plantes, et donc des sources d’alimentation de meilleure qualité, au cours des trois dernières décennies du 20e siècle, ce qu’ils ont attribué aux changements climatiques (Thorpe et al., 2001). Les personnes interviewées ont aussi indiqué que des sources d’alimentation acceptables sont en train d’apparaître dans de nouveaux endroits, que la qualité des sources d’alimentation existantes augmente, et cette tendance a permis de maintenir l’augmentation de la population (SARC, 2013). Toutefois, selon des chasseurs de Kugluktuk, le couvert de graminées serait assez clairsemé dans l’aire d’estivage du caribou de Dolphin-et-Union (ENR, 1998; cité dans SARC, 2013), vraisemblablement à cause du broutage intense des caribous associé à un pic de la population aux alentours de 1997.

Après le passage d’individus de la population du caribou de Dolphin-et-Union dans une zone pendant leur migration, la végétation se trouve en si mauvais état que deux années sont nécessaires pour qu’elle repousse (Phillip Kadlun de Kugluktuk, cité dans Golder Associates Ltd., 2003). La concentration de caribous dans le sud de l’île Victoria pendant la période de rut et le long de la côte en attendant la migration automnale a eu des effets visibles, mais non quantifiés, sur la végétation au fil du temps (Nishi et Gunn, 2004).

Biologie

Cycle vital et reproduction

À l’instar du caribou de la toundra, les caribous de Dolphin-et-Union suivent un cycle annuel, entreprenant des migrations avant la mise bas et à l’automne pour se déplacer entre leurs différentes aires saisonnières. Au printemps, ils migrent vers le nord, jusqu’au territoire où la mise bas a lieu du début à la mi-juin (Gunn et Fournier, 2000; Nishi, 2000) et où ils passent l’été à prendre du poids. À l’automne, ils se déplacent vers la côte méridionale de l’île Victoria, où ils attendent la prise des glaces, puis ils migrent vers leurs quartiers d’hiver (Poole et al., 2010; SARC, 2013) (voir Dispersion et migration). Même si la migration avant la mise bas est relativement grégaire (en groupes de douzaines de femelles), les individus se dispersent, et la mise bas peut avoir lieu sur une grande partie de l’île Victoria, vers l’est jusqu’à la côte est (Gunn et Fournier, 2000; Nishi, 2000; Nishi et Buckland, 2000). La période de rut coïncide probablement avec la migration ou le rassemblement, et le régime d’appariement est polygyne (voir par exemple. Holand et al., 2007), les mâles portant leur attention sur de petits groupes de femelles dont le cycle œstral est relativement synchronisé (Mysterud et al., 2003).

La vie reproductive du caribou de Dolphin-et-Union dure une douzaine d’années (SARC, 2013) et, en supposant que le caribou de Dolphin-et-Union est semblable au caribou de Peary (Thomas, 1982) à cet égard, les femelles mettent bas généralement pour la première fois à trois ans ou à deux ans si des sources d’alimentation de grande qualité sont disponibles. Le Comité sur les espèces en péril des Territoires du Nord-Ouest (SARC, 2013) a présenté des données sur les taux de gravidité pour le caribou de Dolphin-et-Union pour la période allant de 1987 à 1997; ces taux variaient entre 43 % et 100 %. Pour sa part, Hughes (2006) a rapporté que l’âge des caribous de Dolphin-et-Union femelles récoltés variait de 1,8 à 13,8 ans, pour une moyenne de 6,5 ans.

On ne possède pas d’information à propos de la durée d’une génération pour le caribou de Dolphin-et-Union. De plus, le rapport des sexes et le rapport des âges changent chaque hiver rigoureux, qui est suivi de périodes de survie et de fécondité réduites. Pour la population de Dolphin-et-Union, le COSEPAC (COSEWIC, 2004) et le Comité sur les espèces en péril des Territoires du Nord-Ouest (SARC, 2013; citant Boulanger, comm. pers., 2011) ont estimé une durée intergénérationnelle de 7 à 9 ans, en tenant compte de données inédites sur la survie et la fécondité des adultes.

Physiologie et adaptabilité

On ne dispose pas de descriptions des adaptations spéciales du caribou de Dolphin-et-Union. Ses mouvements migratoires ressemblent généralement à ceux des populations de caribous de la toundra, sauf qu’il emprunte de longs passages de glace de mer et que ses aires d’hivernage et d’estivage sont plus loin au nord. Sa similarité morphologique avec le caribou de Peary (des sabots relativement grands, une rangée de dents molariformes et une taille corporelle plus petite) semble indiquer qu’il est adapté à des pressions de sélection semblables, comprenant un climat très saisonnier et froid et la nourriture relativement rare (Miller et al., 2007; Zittlau et al., 2009).

Dispersion et migration

Jusqu’en 1920 environ, alors que les effectifs étaient encore élevés, les caribous traversaient le détroit de Dolphin et Union à divers endroits, au printemps, depuis le cap Bexley et le golfe Coronation à l’ouest jusqu’au golfe Queen Maud à l’est (résumé dans SARC, 2013). Ils se déplaçaient rapidement vers le nord vers la côte nord et se dispersaient sur la majeure partie de l’île Victoria. Certains individus restaient sur la péninsule Wollaston pendant l’été, pendant que la harde principale poursuivait sa route vers le nord, dépassant la baie Prince Albert. À l’automne, après la période de rut, ils retournaient sur le continent au sud du golfe Coronation et au moins jusqu’au cap Dalhousie à l’ouest (Nishi, 2000; Poole et al., 2010). Selon les observations de scientifiques et de chasseurs, durant les années 1980, les caribous auraient décalé leurs aires de rassemblement automnales vers le sud et l’est sur l’île Victoria (Gunn et al., 1997).

Actuellement, la plupart des caribous du centre, du sud et de l’est de l’île Victoria migrent vers le continent pendant l’hiver. Certains de ces caribous traversent jusqu’à l’île Read, alors que d’autres vont vers l’est jusqu’à Cambridge Bay. Quelques individus restent sur l’île Victoria à longueur d’année (Thorpe et al., 2001). Elias (1993 dans SARC, 2013) a compilé les connaissances traditionnelles inuvialuites et a constaté que les caribous résidents de l’île Victoria migrent au nord de la baie Prince Albert pour mettre bas au printemps, et qu’ils passent l’hiver dans les environs ou sur des îles à l’est ou au sud de la côte. Les caribous qui migrent en novembre sur la glace de mer pour passer l’hiver sur le continent retournent au sud-est de l’île Victoria en avril.

Des études archéologiques dans le sud-est de l’île Victoria révèlent une forte probabilité que le rassemblement et la migration d’automne du caribou de Dolphin-et-Union remontent à une époque lointaine. Les peuples prédorsétiens (11-13e siècle de notre ère) et les peuples de Thulé (16-18e siècle de notre ère) dépendaient du caribou et du poisson pour leur survie (Howse, 2008; Howse et Friesen, 2016). On a associé des os de carcajou (Gulo gulo) aux peuples prédorsétiens et des os de loups aux peuples de Thulé (Howse et Friesen, 2016). L’examen des os semble indiquer que ces caribous ont été tués à l’automne et au printemps. Rae (1852; cité dans Manning, 1960) a été le premier explorateur européen à décrire la migration jusqu’au sud-ouest de l’île Victoria en 1851.

Les principales routes migratoires suivent une tendance constante (CTA dans SARC 2013, Poole et al., 2010). À l’automne, les caribous présents dans la région du cap Colborne dans l’île Victoria traversent le détroit de Dease vers le sud pour aller sur la presqu’île Kent, atteignant Umingmaktok (Bathurst Inlet) au plus tard à la mi-novembre, et ceux se trouvant sur l’île Read traversent le détroit de Dolphin et Union vers le continent, malgré que cela se produise beaucoup plus rarement qu’au début des années 2000. Au printemps, les caribous se déplacent du continent vers l’île Melbourne et traversent le golfe Queen Maud ou le détroit de Dease pour se rendre dans l’île Victoria. Les caribous se trouvant dans la région de la baie Brown traversent depuis la baie Arctic et l’île Rideout jusqu’au bras Elu (côté sud de la presqu’île Kent), puis ils traversent le détroit de Dease jusqu’à Cambridge Bay, tandis que ceux se trouvant plus loin à l’ouest traversent le golfe Coronation à l’ouest de Bathurst Inlet jusqu’à la pointe Ross dans l’île Victoria.

Les données scientifiques sur la migration par le détroit de Dolphin et Union concordent avec les CTA (figure 3). Les données de télémesure satellitaire pour 46 individus dans la période 1987-2006 montrent que les caribous passent par le secteur ouest formé par le golfe Queen Maud, le détroit de Dease et le golfe Coronation, et que seuls deux individus sont passés par le détroit de Dolphin et Union (Poole et al., 2010), comme ils le faisaient dans le passé.

Les caribous de Dolphin-et-Union commencent à se déplacer vers le sud en octobre vers les aires de rassemblement le long de la côte sud de l’île Victoria, où ils attendent la prise des glaces; les caribous qui passent l’été plus loin au nord sur l’île Victoria arrivent plus tard, de sorte qu’ils passent moins de temps dans l’aire de rassemblement. Les caribous entament leur migration vers le sud à l’automne dès que la glace de mer est formée, et la plupart d’entre eux partent à partir de quelques endroits seulement, où ils retournent invariablement année après année (Poole et al., 2010). Les CTA portent à croire que, en hiver, il y a un chevauchement grandissant entre les hardes de caribous de Dolphin-et-Union et de caribous de la toundra sur le continent (résumé dans SARC, 2013).

L’Association des chasseurs et des trappeurs d’Ekaluktuktiak à Cambridge Bay rapporte que l’île Melbourne est une aire importante pour les caribous de Dolphin-et-Union au printemps (cité dans Gunn et al., 1997). Ces derniers se rassemblent et se nourrissent aussi de façon intense sur la presqu’île Kent et dans d’autres secteurs le long de la côte continentale. On croit que les voies migratoires couvrant plusieurs îles sont choisies pour que les individus puissent se nourrir le plus possible avant la traversée de la glace de mer jusqu’à l’île Victoria (Gunn et al., 1997).

Figure 3. Migration automnale du caribou de Dolphin-et-Union entre l’île Victoria et le continent depuis 1986 (établie d’après Poole et al., 2010, par B. Fournier, ENR, 2016). Note : Même s’ils ne sont pas illustrés ici, des déplacements ont toujours lieu par le détroit de Dolphin et Union (SARC, 2013).
Description longue

Carte illustrant les corridors migratoires du caribou de Dolphin-et-Union entre l’île Victoria et le continent depuis 1986.

Relations interspécifiques

Le caribou de Dolphin-et-Union partage son territoire annuel avec quatre mammifères prédateurs (le loup, le grizzly [Ursus horribilis], le carcajou et l’ours blanc [U. maritimus]), deux autres populations (unités désignables) de caribous (le caribou de la toundra et le caribou de Peary), le bœuf musqué et plusieurs herbivores de plus petite taille : le lièvre arctique (Lepus arcticus), des lagopèdes (Lagopus spp.) et deux espèces de lemmings (Dicrostonyx groenlandicus, Lemmus trimucronatus). Les loups sont les principaux prédateurs du caribou de Dolphin-et-Union, mais on sait que des grizzlys s’attaquent aussi aux caribous, particulièrement aux faons.

Au cours de la dernière décennie, on a documenté des changements chez les populations de certaines espèces sympatriques. Par exemple, le nombre de loups connaît une augmentation d’après les observations plus fréquentes durant les relevés aériens du caribou et du bœuf musqué (SARC, 2013). L’aire de répartition du grizzly, quant à elle, s’est élargie récemment et comprend l’île Victoria (COSEWIC, 2012). On ne dispose d’aucune donnée directe sur les taux de prédation.

L’abondance du bœuf musqué s’est accrue sur l’île Victoria dans les années 1980 et 1990 (Gunn et Patterson, 2012), mais montrait un déclin dès 2013-2014 (L. Leclerc, comm. pers., 2016). En ce qui concerne les petits herbivores, il est normal que leurs effectifs fluctuent dans les îles de l’Arctique. (Selon Schaefer et al., (1996), les lièvres, les lagopèdes et le bœuf musqué présentent généralement des tendances en matière d’utilisation de l’habitat différentes de celles du caribou, d’après une étude réalisée dans le sud-est de l’île Victoria pendant l’hiver au milieu des années 1990.)

Dans la partie est de l’aire d’hivernage du caribou de Dolphin-et-Union (golfe Queen Maud), les populations d’oies (notamment de l’Oie des neiges [Chen caerulescens] et de l’Oie de Ross [C. rossi]) ont augmenté de façon si importante qu’elles ont récemment été désignées espèces surabondantes (CWS Waterfowl Committee, 2014, 2015).

Taille et tendances de la population

Activités et méthodes d’échantillonnage

Il est difficile de documenter les tendances de la population de caribous de l’Arctique avec une bonne précision statistique (c.-à-d. selon un intervalle de confiance statistique étroit), compte tenu de l’irrégularité des relevés et de l’incohérence relative de leur couverture et des méthodes appliquées jusqu’en 1997. Les relevés sont coûteux en raison du vaste territoire visé, et les conditions météorologiques peuvent empêcher l’exécution des relevés prévus. Les premières estimations non officielles des effectifs du caribou de Dolphin-et-Union étaient fondées sur le nombre d’individus traversant le détroit de Dolphin et Union (Anderson, 1917). Les dénombrements estimés de cette population ont été effectués, en grande partie, à partir d’observations répertoriées au cours de relevés aériens non systématiques réalisés pendant l’été par Macpherson (1961), qui a compilé les observations de caribous lors d’un levé géologique aérien des îles de l’ouest de l’Arctique qui s’est déroulé aux étés de 1958 et de 1959. Au cours des dernières décennies, les estimations de l’abondance du caribou de Dolphin-et-Union ont été fondées sur le dénombrement d’individus à l’intérieur de transects en bandes survolés pendant des relevés aériens systématiques.

Jakimchuk et Carruthers (1980) ont effectué le premier relevé aérien systématique de l’ensemble de l’île Victoria pendant l’été pour déterminer la répartition et l’abondance des caribous et des bœufs musqués dans le cadre d’une évaluation environnementale aux fins du projet Polar Gas. Les relevés aériens systématiques suivants, au début des années 1990, ont été réalisés pendant la période de mise bas et ont couvert la partie ouest de l’île; ils ont été suivis par un plus grand relevé des parties ouest et centrale de l’île Victoria effectué en juin 1994 (Nishi et Buckland, 2000). Les relevés aériens systématiques suivants en 1998, 2001, 2005 et 2010 n’ont couvert que le nord-ouest de l’île Victoria (voir SARC, 2013), mais ils ciblaient les caribous de Peary et les bœufs musqués.

À la fin des années 1990, les biologistes ont reconnu que les relevés aériens permettant d’estimer l’abondance du caribou de Dolphin-et-Union seraient plus efficaces s’ils étaient effectués à l’automne (octobre), lorsque les individus se rassemblent le long de la côte méridionale de l’île Victoria en attendant la prise des glaces. Toutefois, on doit composer avec de mauvaises conditions de vol à cette époque de l’année. Nishi et Gunn (2004) ont élaboré un plan de relevé le long de transects, orientant les lignes de vol principalement de façon perpendiculaire à la côte, avec quelques lignes à l’intérieur des terres pour déterminer les gradients de répartition. Le relevé officiel serait précédé d’un relevé aérien de reconnaissance et du pistage radioélectrique de colliers émetteurs VHF afin de stratifier le relevé conformément aux densités observées. 

Des relevés suivant cette méthodologie ont été réalisés en 1997 (Nishi et Gunn, 2004), en 2007 (Dumond et Lee, 2013) et en 2015 (Leclerc et al. en préparation, 2016). Dumond et Lee (2013) ont corrigé les résultats des relevés faits à l’automne 1997 et 2007 pour tenir compte des individus qui n’étaient pas encore rendus à l’aire de rassemblement côtière. Cependant, l’utilisation des données provenant de colliers émetteurs à transmission par satellite pour la période 2000-2002 en vue d’estimer les probabilités que des caribous soient à proximité de la côte en 2007 et de dériver des facteurs de correction a été remise en question par le Comité sur les espèces en péril des Territoires du Nord-Ouest (SARC, 2013). Dumond et Lee (2013) ont utilisé les données provenant de colliers émetteurs VHF recueillies en 1997 comme facteur de correction même si tous les caribous munis de ces émetteurs se trouvaient sur la côte en 1997, et Leclerc et al. (en préparation, 2016) ont utilisé les données de colliers recueillies en 2015 pour extrapoler des estimations pour le relevé de 2015. Dans le présent rapport, compte tenu, d’une part, de l’incertitude quant à savoir si tous les caribous se rassemblent sur la côte méridionale en même temps et, d’autre part, de l’applicabilité des facteurs de correction, les estimations non corrigées et corrigées (figure 4) pour les relevés de 1997, de 2007 et de 2015 sont présentées sous forme d’estimations minimales et maximales, respectivement. Le nombre d’individus matures ne peut pas être estimé, étant donné que les individus non matures et les faons ont été pris en compte dans les dénombrements.

Les estimations des effectifs obtenues pour 1997, 2007 et 2015 peuvent être comparées et couvrent une période de presque trois générations (en supposant que la durée d’une génération est de 7 à 9 ans, à partir de 2017) pour laquelle on peut estimer la tendance démographique. Toutefois, le calcul de cette tendance comporte de nombreuses incertitudes concernant, entre autres, les corrections appliquées aux estimations d’une population en particulier, le manque de données sur la durée d’une génération, et le fait qu’on ne comprend pas bien les tendances en matière de déclin ni la mesure dans laquelle les fluctuations naturelles entrent en ligne de compte.

Abondance

Selon Anderson (1917), le nombre de caribous qui traversent le détroit de Dolphin et Union varierait entre 100 000 et 200 000. Manning (1960) a fourni une description détaillée de la migration historique. D’après lui, ces observations et d’autres observations effectuées auparavant indiquent qu’il y a une population migratrice et une population résidente de caribous dans l’île Victoria, et il désigne la première comme étant la harde du détroit de Dolphin et Union. Il a utilisé la limite inférieure de la plage selon Anderson (100 000 caribous passant l’été dans l’île Victoria avant les années 1920), car il juge cette estimation comme étant la plus réaliste. Cependant, le Comité sur les espèces en péril des Territoires du Nord-Ouest (SARC, 2013:86) est d’avis que cette estimation est probablement trop élevée et irréaliste, car la densité globale pour 100 000 caribous serait de 0,4 caribou/km2. À titre de comparaison, la densité maximale de caribous de Peary dans l’île Banks au cours des années 1970 (12 000 caribous; Urquhart, 1973) était de 0,2 caribou/km2.

Les caribous ont connu un déclin marqué et, dès le début des années 1920, ils ne traversent plus le détroit de Dolphin et Union. Ce déclin coïncide avec l’ouverture de postes de traite le long de la côte, qui a entraîné des changements dans les pratiques de chasse (Manning, 1960; Freeman, 1975). À la même époque, les aînés inuits ont constaté que les graves tempêtes de verglas avaient provoqué la mort de caribous (Gunn, 1990). La harde a été présumée disparue (Macpherson, 1961), et on a rarement aperçu des caribous de cette harde dans l’île Victoria au cours des cinq décennies suivantes (Poole et al., 2010).

Macpherson (1961) a compilé les observations de géologues, qui ont répertorié des observations de caribous pendant l’été 1959, obtenant une estimation de 670 individus. Les Inuits de Cambridge Bay ont commencé à apercevoir des caribous dans les années 1970 et 1980. Jackimchuk et Carruthers (1980) ont effectué des relevés dans l’île Victoria durant l’été et ont estimé qu’il y avait 7 936 caribous, avec une erreur-type de ±1 100 (Miller, 2004), dont un peu moins de 3 500 étaient probablement des caribous de Dolphin-et-Union (SARC, 2013). Dès 1993, jusqu’à 7 000 caribous traversent chaque année le golfe Coronation et le détroit de Dease pendant leur migration (Gunn et al., 1997; Gunn et Nishi, 1998).

En juin 1994, Nishi et Buckland (2000) ont survolé des transects couvrant 63 % de l’île Victoria, du côté ouest, et ils ont estimé qu’il y avait 14 539 caribous de Dolphin-et-Union adultes avec une erreur-type de ±1 015. Les relevés ont été effectués, entre autres, dans l’aire de répartition du caribou de Peary dans le nord-ouest de l’île Victoria, mais quatre caribous seulement ont été observés dans ce territoire, une proportion négligeable du nombre total d’individus. Des relevés aériens non systématiques ainsi que le pistage radioélectrique de colliers émetteurs VHF ont, cependant, permis de repérer des caribous partout dans la partie est (37 %) de l’île. Dumond et Lee (2013) ont révisé et rehaussé l’estimation de Nishi et Buckland (2000) à 22 368 individus (aucune variance calculée), en tenant compte de la proportion d’individus munis de colliers émetteurs VHF. Toutefois, des facteurs tels que la variabilité des densités pour l’ensemble des strates d’un relevé, ainsi que les différences sur le plan de la taille du groupe entre les relevés systématiques dans l’ouest et les relevés de reconnaissance dans l’est, semblent indiquer qu’il pourrait être problématique d’extrapoler les densités moyennes d’individus dans la partie est de l’île d’après les densités constatées dans la partie ouest.

Nishi et Gunn (2004) ont survolé des transects en octobre 1997, juste avant la prise des glaces lorsque des caribous mâles et femelles se rassemblent le long de la rive sud de l’île Victoria avant de traverser les détroits, en ayant comme hypothèse que la majeure partie de la population prend part au rassemblement avant la migration. Ils ont estimé que le nombre total était de 27 989 caribous avec une erreur-type de ±3 367. Dumond (2007), pour sa part, a estimé qu’il y avait 21 753 caribous avec une erreur-type de ±2 343 dans la zone recensée dans le sud de l’île Victoria en 2007, et Dumond et Lee (2013) ont plus tard revu et rehaussé cette estimation à 27 787 caribous avec un IC de ±7 537 en extrapolant pour les zones non couvertes que l’on avait supposé inoccupées, mais pour lesquelles on a su qu’elles étaient bel et bien occupées grâce aux données de télémesure satellitaire (voir Activités et méthodes d’échantillonnage). Dumond et Lee (2013) ont appliqué rétroactivement ces mêmes probabilités fondées sur les caribous munis de colliers émetteurs VHF comme facteur de correction à l’estimation de 1997 (pour laquelle on avait utilisé les mêmes méthodes et qui couvrait la même zone), ce qui a donné une estimation révisée de 34 558 caribous avec un IC de ±6 801pour 1997.

Le gouvernement du Nunavut a effectué une évaluation aérienne de la population à l’automne 2015, arrivant à une estimation de 14 730 caribous de Dolphin-et-Union, qu’il a extrapolé pour obtenir 18 413 caribous ±6 795 (IC de 95 % : 11 664 à 25 182) au moyen des données sur les caribous qui avaient été munis de colliers émetteurs la même année (Leclerc et al., en préparation; Leclerc, 2016; GNU et GNWT, 2017). On a également documenté des changements dans la répartition, aucun individu n’ayant été observé dans le tiers est de la zone recensée, à l’est de la baie de Wellington (Leclerc, 2016).

Fluctuations et tendances

Une estimation de la tendance générale de la population de Dolphin-et-Union peut être dérivée à partir des trois seuls relevés relativement comparables entrepris en 1997, en 2007 et en 2015, couvrant une période de 18 ans, ce qui ne correspond pas tout à fait à trois générations (21-27 ans). L’incertitude entourant ces estimations de la population, qui supposent toutes une extrapolation et/ou des facteurs de correction, constitue un autre facteur de complication. Avant 1997, les relevés aériens n’ont pas couvert la partie sud-est de l’île Victoria, où les individus se rassemblent avant la migration vers le continent. Le changement du plan de relevé et de la zone recensée porte à croire qu’il n’est pas approprié de comparer les estimations et les tendances de la population obtenues à partir du relevé de 1995 avec celles obtenues à partir des relevés de 1997, de 2007 et de 2015 (figure 4).

D’après Dumond et Lee (2013), le déclin apparent entre 1997 et 2007 n’est pas statistiquement significatif (test Z bilatéral; Z = 1,51, P = 0,13), et la population serait donc, au mieux, statistiquement stable. Toutefois, les données fournies par les chasseurs et les agents de conservation locaux (SARC, 2013) ainsi que les faibles taux de survie des adultes dans la période 1999-2006 (Poole et al., 2010) dénotent davantage un déclin de la population durant cette période. Le relevé le plus récent (2015) confirme un déclin par rapport aux estimations fondées sur le relevé de 2007 (test Z; Z = -2,19, P = 0,036). Pour leur part, Leclerc et al. (en préparation) ont conclu que la population a diminué de 33,8 % de 2007 à 2015.

Les estimations tirées du relevé le plus récent, effectué en 2015 (Leclerc et al., en préparation; Leclerc, 2016; GNU et GNWT, 2017), offrent un certain fondement à partir duquel on peut dériver une tendance approximative sur trois générations d’après les estimations non corrigées (minimales) et corrigées (maximales) issues des relevés (figure 4). En présumant que la durée d’une génération est de 7 ans, on a extrapolé une tendance sur trois générations (commençant en 2017) pour la population en ajustant un modèle fondé sur un taux de déclin exponentiel, au moyen de l’outil d’évaluation de la liste rouge de l’UICN pour le critère A (voir IUCN Standards et Petitions Subcommittee, 2017). On a ainsi obtenu une tendance sur trois générations de -52 % et de -52,6 % pour les estimations corrigées et non corrigées, respectivement. Pour une durée d’une génération de 9 ans, on obtenait des taux de déclin plus élevés (-61,1 % et -61,7 %) dans les deux cas.

Figure 4. Estimations de la population (± É.-T.) de 1997 à 2015, et estimations minimales (Nishi et Buckland. 2000) et extrapolées (Dumond et Lee, 2013) pour 1994. Tiré de GNU et GNWT (2017).
Description longue

Graphique montrant les estimations de la population de caribous de Dolphin‑et‑Union de 1997 à 2015 ainsi que les estimations minimales et extrapolées pour 1994.

On conclut aussi à une tendance à la baisse depuis les années 1990 d’après l’Inuit Qaujimajatuqangit (CTA) et les connaissances locales recueillies dans le cadre d’une étude réalisée en 2014, dans la collectivité d’Ikaluktutiak (Cambridge Bay) située dans l’île Victoria, dans la région de Kitikmeot, au Nunavut. Les membres de la collectivité ont constaté un déclin de 80 % (75-90 %) des caribous de Dolphin-et-Union dans la région de Cambridge Bay comparativement au nombre de caribous qu’ils avaient l’habitude de voir dans les années 1990, et, d’après eux, ces déclins auraient commencé vers 2005, un déclin majeur étant survenu après 2010 (Tomaselli et al., 2018). Les participants ont également observé une diminution globale des jeunes classes d’âge et de la taille des groupes ainsi qu’une augmentation de la proportion des individus en piètre état corporel et du nombre d’observations d’individus malades, ce qui expliquerait jusqu’à un certain point le déclin (Tomaselli et al., 2018).

Pour considérer le taux de déclin sur les trois dernières générations dans un contexte plus large (figure 5), il faut se souvenir que la population du caribou de Dolphin-et-Union a déjà connu un déclin abrupt dont elle s’est rétablie une fois déjà durant le siècle dernier. Au début des années 1900, la harde était présente en grands nombres, cette période étant suivie d’une période de 50-60 ans au cours de laquelle les densités étaient très faibles sans aucun signe de migration par la glace de mer. Les effectifs de la harde ont commencé à augmenter à la fin des années 1970, et la harde a repris ses migrations à la fin des années 1980 (Gunn et Nishi, 1998; Gunn et Fournier, 2000). Les effectifs ont continué d’augmenter jusqu’à la fin des années 1990, puis ils ont commencé à diminuer quelque temps après, les CTA et les données de relevés indiquant un changement significatif au milieu des années 2000 et un déclin accéléré depuis 2010 environ. Les données semblent indiquer que le goulot d’étranglement extrêmement marqué, survenu il y a 100 ans, a été causé par l’introduction des armes à feu, combiné peut-être à des épisodes de verglas en hiver, et que le rétablissement par la suite s’est déroulé sur sept décennies. Le degré selon lequel cette population fluctue de façon naturelle comme les autres populations de caribous (voir par exemple COSEWIC, 2016) demeure donc incertain (SARC, 2013).

Figure 5. Illustration de la trajectoire démographique approximative du caribou de Dolphin‑et‑Union depuis le début des années 1900 (Anderson, 1922; Manning, 1960; Banfield, 1950; MacPherson, 1961; Jackimchuck et Carruthers, 1980; Nishi et Buckland, 2000; Nishi et Gunn, 2004; Dumond et Lee, 2013; Leclerc, 2016).
Description longue

Graphique montrant la trajectoire démographique approximative du caribou de Dolphin‑et‑Union depuis le début des années 1900.

Immigration de source externe

Pour la population endémique du caribou de Dolphin-et-Union, l’immigration de l’extérieur du Canada n’est pas possible.

Menaces et facteurs limitatifs

Les menaces directes abordées dans le présent rapport ont été organisées et évaluées individuellement d’après le système unifié de classification des menaces de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN; acronyme anglais : IUCN) et du Partenariat pour les mesures de conservation (Conservation Measures Partnership ou CMP) (Master et al., 2009). Les menaces sont définies comme étant les activités ou les processus immédiats qui ont une incidence directe et négative sur chacune des populations.

Le tableau de classification des menaces pesant sur le caribou de Dolphin-et-Union (annexe 1) a été rempli par un groupe d’experts de l’Inuit Qaujimajatuqangit, des connaissances traditionnelles et des connaissances scientifiques sur le caribou de Dolphin-et-Union en décembre 2014 et a été mis à jour en février 2016. Chaque menace a été évaluée séparément en fonction de son impact, de sa portée, de sa gravité et de son immédiateté.

Des descriptions des menaces sont présentées ci-après par ordre décroissant d’impact global. L’impact de bon nombre de menaces comporte une incertitude importante. Par exemple, les voies de transport par eau et la prédation auront un impact élevé selon certains scénarios futurs, et il est difficile de déterminer ou de prévoir la façon dont ces menaces interagissent et s’aggravent potentiellement entre elles. Plusieurs autres menaces dont l’impact varie de faible à moyen surviennent ensemble, de sorte que l’impact global des menaces calculé et la valeur de l’impact global attribuée sont : « très élevé-élevé ».

Voies de transport par eau (menace 4.3 de l’UICN) (impact élevé)

La diminution de la glace de mer dans les eaux de l’Arctique canadien (voir Perte de glace de mer) ouvre plus de possibilités en ce qui concerne le passage du Nord-ouest par l’archipel arctique canadien, qui pourrait devenir une autre route de navigation viable de façon saisonnière (Pizzolato et al., 2016). Compte tenu de la migration des caribous par la glace de mer, une augmentation du transport maritime dans le golfe Queen Maud, le détroit de Dease et le détroit de Dolphin et Union (par où la majorité des navires passent) pourrait retarder les déplacements du caribou de Dolphin-et-Union ou nuire gravement à ceux-ci, selon le moment où les navires passent et la fréquence de leurs passages. La saison glacielle de plus en plus courte a accru l’accès à la circulation maritime sur une période plus longue (Poole et al., 2010). Une augmentation du transport maritime grâce aux brise-glaces aggraverait l’effet du climat qui fait en sorte que la glace est plus mince et que les périodes sans glace sont plus longues (Poole et al., 2010; Gunn et al., 2011).

Le transport maritime a augmenté de façon significative entre 1990 et 2015 le long de la route méridionale du passage du Nord-ouest (Pizzolato et al., 2016). Le nombre de navires de croisière qui passent a plus que triplé de 1993 à 2007, malgré que le nombre total soit demeuré faible (Judson, 2010; cité dans Gunn et al., 2011). Pendant la saison de navigation de 2016, onze navires de croisière ont déclaré des itinéraires comprenant des déplacements dans l’Arctique canadien, mais tous ces déplacements avaient lieu dans les mois d’été (Marine Security Operations Centre East, 2016).

En 2007, Dumond et al. (2013) ont photographié environ 1 000 caribous de Dolphin-et-Union qui tentaient de traverser le détroit de Dease à l’automne et qui n’ont pas pu le faire pendant au moins 6 jours, car un canal d’eaux libres maintenu par un remorqueur brise-glace près de Cambridge Bay les en empêchait. Les chasseurs locaux ont remarqué une hausse du nombre de noyades de caribous ces dernières années, les noyades se comptant parfois par centaines (Thorpe et al., 2001; GNU et GNWT, 2017; Miller et al., 2005; First Joint Meeting, 2015; Leclerc, 2016; Second Joint Meeting, 2016). On a récemment observé un navire se frayant un passage en brisant la glace d’une épaisseur d’environ 30 cm pendant la troisième semaine d’octobre (migration automnale) (Ekaluktutiak HTO, 2016). Étant donné qu’une épaisseur de glace d’au moins 10 cm est nécessaire pour que les caribous puissent traverser, certains ont soulevé des inquiétudes quant au fait qu’une augmentation supplémentaire de la circulation maritime ne laissera probablement pas assez de temps pour que la glace se forme de nouveau (First Joint Meeting, 2015). Miller et al. (2005) sont d’avis que les activités de déglaçage et la circulation maritime à longueur d’année pourraient finir par empêcher le caribou de Dolphin-et-Union d’effectuer sa migration à l’automne et au printemps et fragmenter son aire de répartition.

Tout impact à l’échelle de la population du caribou de Dolphin-et-Union attribuable au transport maritime sera nécessairement associé aux brise-glaces exploités pendant la période de la migration sur la glace de mer; le transport maritime en eaux libres pendant la saison sans glace ne constituerait pas une menace directe. Toutefois, étant donné que la traversée des caribous de Dolphin-et-Union Caribou peut commencer dès le 15 octobre et se poursuivre jusqu’en décembre, il suffirait de deux ou trois bateaux passant à cette période de l’année pour retarder, voire empêcher, la migration et augmenter le nombre de noyades de caribous. Cette menace dépend du moment où le regel des glaces peut avoir lieu et peut prendre plusieurs formes, les caribous pouvant mourir en essayant de traverser la glace pendant le regel ou se retrouver piégés dans les chenaux ou dans les eaux libres lorsque la glace de mer se détache. Le transport maritime à la fin de l’automne (p. ex. à la fin de septembre ou au début d’octobre) pourrait retarder la formation de la glace et avoir une incidence sur l’état des glaces (en raison des chenaux formés dans le sillage de navires) (ENR, 2015; 2016). Le taux de survie des femelles adultes munies de colliers émetteurs à transmission par satellite dans la période 1999-2006 a été le plus bas durant la période de traversée, à l’automne et au début de l’hiver, puis du milieu à la fin de l’hiver sur la côte du continent (Patterson, données inédites, 2002, dans Poole et al., 2010). Le risque auquel le caribou fait face est considérablement moindre lors du retour à la fin de l’hiver et au printemps, alors qu’il quitte ses quartiers d’hiver sur le continent et se dirige vers ses aires de mise bas sur l’île Victoria, grâce à la plus grande prévisibilité de l’état des glaces durant cette période, au fait qu’il n’y a pas de rassemblement et à la rapidité relative de la migration (Poole et al., 2010).

Les conséquences d’un retard ou d’un arrêt de la migration sont incertaines, mais comprennent probablement la détérioration de l’état corporel des individus, car ces derniers se nourriraient dans des zones où la productivité végétale est plus faible et où la neige, compactée par le vent, serait plus dure par rapport à ce que l’on observe sur le continent. Si la migration est retardée, les caribous feraient halte le long de la côte méridionale, là où la qualité des sources d’alimentation est probablement déjà réduite (Nishi et Gunn, 2004).

À l’échelle mondiale, l’accès aux ressources de l’Arctique (y compris pour les pêches, l’exploitation minière et le tourisme) et leur exploration sont les principaux facteurs déterminant l’ampleur du transport maritime dans l’Arctique (Eguíluz et al., 2016). Par exemple, la Commission du Nunavut chargée de l’examen des répercussions (CNER) (NIRB, 2017) se penche actuellement sur plusieurs projets (voir Production d’énergie et exploitation minière ci-dessous), notamment la construction d’un nouveau port en eau profonde et d’une route reliant le port à plusieurs mines proposées, ce qui augmenterait la circulation maritime.

Espèces indigènes problématiques (menace 8.2 de l’UICN) (impact élevé-faible)

Des interactions possibles avec de multiples proies et prédateurs ont été mentionnées auparavant (voir Relations interspécifiques). Ce sujet fait l’objet de nombreuses spéculations, et on dispose de peu de données objectives, de sorte que les conséquences futures à l’échelle de la population demeurent très incertaines. Les répercussions de la prédation par le loup sur la dynamique des populations de caribous de l’Arctique sont inconnues, mais de nombreux auteurs sont d’avis que cette prédation pourrait devenir une menace majeure pour le rétablissement lorsque la taille des populations est faible (Nagy et al., 1996; Gunn et al., 2000b; SARC, 2012).

Au cours des réunions visant à orienter l’élaboration du plan de gestion conjoint du caribou de Dolphin-et-Union (GNU et GNWT, 2017), des Inuits et des Inuvialuits ont exprimé à plusieurs reprises de sérieuses préoccupations concernant l’augmentation du nombre de loups et ses répercussions potentielles (Ulukhaktok TK interviews, 2011-2013; First Joint Meeting, 2015; Ekaluktutiak HTO, 2016; Kugluktuk HTO, 2016; Second Joint Meeting, 2016). Selon le Comité sur les espèces en péril des Territoires du Nord-Ouest (SARC, 2013), les populations sympatriques de bœufs musqués pourraient favoriser la présence de loups en plus grands nombres, augmentant ainsi la vulnérabilité des caribous de Dolphin-et-Union à la prédation (SARC, 2013). Cependant, le bœuf musqué connaît actuellement un déclin plus rapide que le caribou dans l’île Victoria (Kutz et al., 2016).

Les populations de plus en plus nombreuses d’oies pourraient avoir une incidence sur la végétation, ce qui pourrait nuire à la qualité de l’habitat dans les écosystèmes fragiles de l’Arctique (Batt, 1997). Parmi les répercussions possibles, on compte l’enlèvement de la végétation par l’altération ou l’élimination de communautés végétales, et les changements de la salinité, de la dynamique de l’azote et de l’humidité du sol, pouvant compromettre l’habitat d’hivernage et l’alimentation du caribou de Dolphin-et-Union (CWS Waterfowl Committee, 2014, 2015).

Chasse (menace 5.1 de l’UICN) (impact moyen-faible)

Les Inuits d’aujourd’hui et les cultures qui les ont précédés, y compris les peuples de Thulé desquels les peuples inuits sont des descendants, et les cultures dorsétienne et prédorsétienne qui ne leur sont pas apparentées, chassent le caribou dans la région depuis au moins 4 000 ans (Manseau et al., 2005; Howse, 2008; Friesen, 2013).

Les bénéficiaires (c.-à-d. les Inuits) de l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut (ARTN) et de la Convention définitive des Inuvialuit ne sont pas empêchés par des lois et des règlements de chasser le caribou, sauf si un enjeu de conservation est soulevé entraînant l’établissement d’une récolte totale autorisée (RTA); en l’absence d’une RTA, on dispose seulement d’un rapport volontaire sur les caribous récoltés (NLCA, art. 5.6.1; IFA, art. 14., [36] [a,b,c,d]). Les registres de récolte, en l’absence d’une RTA et de déclaration obligatoire, ne sont pas tenus à jour régulièrement, ce qui empêche toute analyse quantitative ou énumération des tendances. L’absence de données sur la chasse devient une menace grave lorsqu’une population est en déclin, car les effets de la chasse s’accentuent pendant un déclin.

La répartition de la population et les déplacements des individus par rapport aux établissements humains déterminent les possibilités de récolte et les conséquences potentielles à l’échelle de la population. En général, les résidents de Cambridge Bay et d’Ulukhaktok (anciennement Holman) chassent le caribou de Dolphin-et-Union au printemps et à l’automne, pendant sa migration entre l’île Victoria et le continent. Les membres des collectivités de Kugluktuk, d’Umingmaktok et de Kingauk chassent pendant l’hiver et le printemps. Il existe aussi un niveau limité de chasse sportive du caribou de Dolphin-et-Union par des non-résidents, ces expéditions de chasse automnales étant gérées à partir de Cambridge Bay (GNU et GNWT, 2017).

On ne connaît pas les niveaux de chasse de subsistance, étant donné qu’il n’est pas obligatoire de la déclarer (SARC, 2013). Des études portant sur la récolte fondées sur la participation volontaire (voir par exemple Inuvialuit Harvest Study, 2003; NWMB, 2004) sont assujetties à plusieurs sources d’erreurs et à un degré de variabilité interannuelle significatif (GNU et GNWT, 2017). Des données et estimations inédites compilées par Dumond (2007) et résumées par le Comité sur les espèces en péril des Territoires du Nord-Ouest (SARC, 2013) semblent indiquer que le nombre total de caribous récoltés par les chasseurs de Kugluktuk était semblable dans les périodes 1997-2001 et 2004-2007 et qu’il s’élevait à environ 1 000 à 2 000 individus; cependant, on estime que la proportion de la récolte que représentent les caribous de Dolphin-et-Union est passée d’environ 20 % à 30 % de tous les caribous récoltés pendant la période de 1997 à 2001 à environ 75 % dans la période 2006-2007. De 1991 à 2010, les chasseurs de la région de la baie Prince Albert de l’île Victoria ont récolté annuellement entre 40 et 400 caribous de Dolphin-et-Union (SARC, 2013).

Le nombre de chasseurs ciblant le caribou de Dolphin-et-Union pourrait être en hausse, vraisemblablement à cause de la réduction de disponibilité ou de l’accès dans le cas d’autres populations de caribous (Second Joint Meeting, 2016), mais le nombre global de chasseurs est en baisse (First Joint Meeting, 2015). Selon le Comité sur les espèces en péril des Territoires du Nord-Ouest (SARC, 2013), la récolte annuelle varierait entre 2 000 et 3 000 individus récoltés au Nunavut et serait inférieure à 200 individus dans les Territoires du Nord-Ouest, ce qui signifie qu’elle correspondrait plus ou moins à 11 % de l’estimation démographique corrigée de 2007 qui est d’environ 27 000 individus (voir Taille et tendances des populations). Le Comité sur les espèces en péril des Territoires du Nord-Ouest (SARC, 2013) a aussi mentionné que ce taux de récolte ne serait pas durable à moins que les effectifs de la harde ne soient en train d’augmenter et que celle-ci ne présente un recrutement élevé de faons. Compte tenu de la tendance à la baisse qui prévaut actuellement, la chasse pourrait devenir une menace de plus en plus importante, particulièrement si les taux de mortalité dus à la prédation et aux noyades augmentent.

L’évolution des technologies utilisées pour la chasse a probablement été une cause des déclins observés chez le caribou de Dolphin-et-Union dans le passé. On pense que la disparition du caribou de Dolphin-et-Union aux alentours de 1920 aurait été causée, du moins en partie, par la chasse après l’introduction des armes à feu (Anderson, 1934; Manning, 1960). Elias (1993 dans COSEWIC, 2004) a rapporté, en se basant sur des CTA, la grande disponibilité d’armes à feu à cette époque et d’autoneiges après les années 1960, ce qui a eu une incidence sur l’efficacité de la chasse. Plusieurs aînés ont évoqué des gaspillages de viande après qu’on ait commencé à utiliser des fusils performants et à tuer les caribous uniquement pour la peau.

Changements climatiques et phénomènes météorologiques violents (menace 11 l’UICN) (impact moyen-faible)

Les changements climatiques ont déjà des effets dans l’Arctique. Des Inuits de la région de Kitkmeot ont rapporté toute une gamme d’effets pour le continent (Golder Associates Ltd., 2003 et sources qui y sont citées), y compris des étés plus longs, des cycles gel-dégel anormaux au printemps, une débâcle printanière hâtive et de la glace en eaux libres, une prise des glaces automnale tardive, une couche de glace plus mince (sur les lacs et la mer), des niveaux d’eau plus bas, moins de neige, des changements dans la migration des caribous, et des changements de la répartition des animaux (COSEWIC, 2015; GNU et GNWT, 2017). Même si on prévoit que la fréquence et la gravité des phénomènes météorologiques violents vont augmenter, une grande incertitude plane quant à l’emplacement et le moment où ils vont survenir, et aux effets qu’ils auront sur la dynamique des populations au cours des trois prochaines générations.

Déplacement et altération de l’habitat (menace 11.1)

La tendance au réchauffement de l’Arctique à long terme se poursuit à une vitesse sans précédent. La température moyenne de l’air à la surface pour la période d’un an se terminant en septembre 2016 a été la plus élevée enregistrée depuis 1900 (Richter-Menge et al., 2016) et, depuis 2005, les températures sont supérieures à celles de toute autre période de cinq ans depuis les premières mesures effectuées dans les années 1880 (AMAP, 2012). Des données sur les sédiments lacustres, les anneaux de croissance des arbres et les carottes de glace semblent indiquer que les températures estivales récentes ont été plus élevées que durant n’importe quelle autre période au cours des deux derniers millénaires (AMAP, 2012). L’étendue minimale de glace de mer en 2016 arrive au second rang des étendues les plus faibles depuis que les données ont commencé à être recueillies en 1979, et l’étendue de la couverture de neige au printemps est la plus basse jamais enregistrée (depuis 1967) (Richter-Menge et al., 2016). L’épaisseur de la glace de mer est aussi en diminution, et la couverture est de plus en plus constituée de glace plus jeune, moins épaisse (AMAP, 2012).

Il est difficile de modéliser les températures futures dans l’Arctique, en raison d’incertitudes concernant la réduction de l’étendue de la couverture de neige et le retrait de la glace de mer, qui s’accélèrent beaucoup plus rapidement que prévu (voir ci-dessous). Néanmoins, les experts conviennent que, d’ici 2100, selon les projections moyennes pour la température hivernale de l’air dans l’Arctique dans divers scénarios de concentrations de CO2, il y aura une augmentation de 2 à 9 °C au-dessus de la moyenne de 1986-2005. Ils conviennent aussi que, d’après les projections les plus élevées, cette augmentation pourrait atteindre jusqu’à 15 °C environ au-dessus de la moyenne de 1986-2005 (IPCC, 2013). D’ici 2035, Christensen et al. prévoient que la température moyenne annuelle à la surface dans l’Arctique augmentera de 1,5 °C, la température moyenne en hiver (décembre à février) étant censée augmenter plus que la température moyenne en été (juin à août) (+1,7 °C en hiver et 1 °C en été). Dans la période de 1951 à 2008, les précipitations moyennes annuelles ont augmenté de 0,63 à 5,83 mm/an/décennie à l’échelle de l’Arctique (IPCC, 2013). Les données recueilles par les stations climatologiques des Territoires du Nord-Ouest indiquent que les chutes de neige ont augmenté de 20-40 % dans la toundra arctique (GNWT, 2014). Les précipitations moyennes annuelles devraient encore augmenter de 6 % d’ici 2035, et l’augmentation devrait être plus élevée en hiver qu’en été (Christensen et al., 2013).

Cette série de changements aura une incidence directe sur le caribou de Dolphin-et-Union, car elle entraînera une perte de glace de mer, des changements de l’habitat terrestre et la hausse du niveau de la mer. Que ce soit de façon individuelle ou collective sur le caribou de Dolphin-et-Union, on s’attend à ce que ces changements touchent toute son aire de répartition, l’impact global allant de moyen à élevé, selon de nombreux facteurs concurrents.

Perte de glace de mer

En ce qui concerne les changements climatiques, l’impact le plus grave pour l’habitat du caribou de Dolphin-et-Union sera probablement dû à la réduction de la glace de mer le long de la route migratoire de ce dernier. D’ores et déjà, la hausse des températures retarde la prise des glaces de mer et accélère le dégel printanier (Miller et al., 2005; Gunn, 2004; Poole et al., 2010; First Joint Meeting, 2015; Kugluktuk HTO, 2016; Second Joint Meeting, 2016). Les températures plus élevées à l’automne sur la côte méridionale de l’île Victoria ont une incidence sur les probabilités que la glace de mer puisse devenir suffisamment et uniformément épaisse pendant la saison. Par exemple, la formation de nouvelle glace (< 10 cm d’épaisseur) a été retardée de 10 jours et celle de la glace grise (de 10 à 15 cm d’épaisseur) de 8 jours en 2008, comparativement au moment où elles se sont formées en 1982 (Poole et al., 2010).

De tels changements de l’épaisseur de la glace entraînent diverses conséquences. De cas de mortalité de caribous de Dolphin-et-Union traversant sur une glace de mer mince, instable et nouvellement formée sont de plus en plus signalés, notamment des noyades lorsque la glace mince se brise et que les individus tombent à l’eau (First Joint Meeting, 2015; Second Joint Meeting, 2016; SARC, 2013). Une certaine proportion d’individus peuvent rester coincés sur la glace et partir à la dérive sur la mer (Kugluktuk HTO, 2016), où ils peuvent mourir d’épuisement, d’inanition ou d’hypothermie. À cause des retards de la prise des glaces, les caribous peuvent tenter de changer leurs habitudes de déplacement, ce qui entraîne des pertes d’énergie (GNU et GNWT, 2017). Les territoires d’automne du caribou de Dolphin-et-Union peuvent aussi être affectés par le retard dans la formation de la glace de mer, la migration retardée et les périodes de rassemblement plus longues forçant les individus à épuiser leurs réserves de graisse emmagasinées au cours de l’été, augmentant la pression du broutage sur le territoire et la vulnérabilité des individus à la prédation et à la chasse (Poole et al., 2010). Les périodes de rassemblement plus longues ainsi que les densités et les stress social et nutritionnel qui s’en trouvent accrus localement se traduisent par une exposition et une vulnérabilité accrues aux parasites dans l’environnement et à ceux qui se transmettent par contact (Altizer et al., 2013, Kutz et al., 2014).

Ultimement, la fonte des glaces de mer pourrait mettre fin à la migration à destination et en provenance de l’île Victoria pour le caribou de Dolphin-et-Union, en raison des conséquences combinées des changements climatiques et de l’augmentation du transport maritime. Bien que la migration de cette population se soit arrêtée à une certaine époque (voir Dispersion et migration et Taille et tendances des populations), elle a repris dès que les effectifs ont été suffisamment élevés, ce qui semble indiquer que la connectivité de la glace de mer pourrait jouer un rôle fondamental pour la taille, la viabilité et le rétablissement du caribou de Dolphin-et-Union (GNU et GNWT, 2017; Miller et al., 2005; Dumond et al., 2013).

La réduction de la glace de mer et le réchauffement des eaux arctiques ont aussi changé la végétation de l’Arctique circumpolaire, mais les tendances sont complexes : une mesure satellitaire du verdissement de la végétation (indice de végétation par différence normalisée ou NDVI pour « normalized difference vegetation index ») a connu une augmentation dans la période 1982-1998, ce qui porte à croire que le verdissement a été plus hâtif, mais le NDVI a ensuite diminué dans la période 1999-2015 (Bhatt et al., 2017). On commence à peine comprendre les causes de ces changements, et celles-ci mettent en évidence combien il est complexe de prévoir la façon dont les changements climatiques vont influer sur le caribou de Dolphin-et-Union.

Changements de l’habitat terrestre

L’augmentation des températures (et, vraisemblablement, d’autres conséquences des changements climatiques, comme l’augmentation du CO2) a entraîné des augmentations de la biomasse végétale. Ahern (2010) a utilisé l’analyse du NDVI satellitaire pour montrer que la croissance des plantes a connu une augmentation dans l’aire de répartition du caribou de Dolphin-et-Union au cours des 30 dernières années. Ces changements incluent la feuillaison et la floraison hâtives des plantes, qui sont corrélées au réchauffement général au cours de la même période (Oberbauer et al., 2013). Les réactions de l’écosystème comprendront probablement le déplacement de la limite forestière vers le nord de 5 à 10 km par année, ou de 500 km au cours du présent siècle, et la réduction de moitié de la superficie mondiale de la toundra (Callaghan et al., 2005). Malgré que cela laisse supposer qu’il pourrait y avoir des sources d’alimentation plus nombreuses dans l’île Victoria, le verdissement est principalement dû à un changement vers une biomasse ligneuse (particulièrement des arbustes à feuillage persistant). Par conséquent, on ne sait pas dans quelle mesure cela améliorera l’habitat ou la disponibilité de nourriture et offrira un apport nutritionnel suffisant pour le caribou de Dolphin-et-Union.

Hausse du niveau de la mer

Le niveau de la mer a augmenté d’environ 0,19 m au cours des 110 dernières années (IPCC, 2013), et il est probable qu’il augmentera encore de 0,26 à 0,82 m au cours des 90 prochaines années (IPCC, 2013). Une telle hausse pourrait entraîner l’inondation de zones indéterminées dans l’île Victoria, provoquant la perte d’habitat pour le caribou de Dolphin-et-Union.

Parasites et maladies (menace 8.1 de l’UICN [Espèces exotiques (non indigènes) envahissantes]) (impact moyen-faible)

Les caribous de Dolphin-et-Union sont soumis à des niveaux d’exposition accrus aux parasites, aux maladies et au harcèlement par les insectes, qui sont tous déjà exacerbés par l’évolution du climat. La détérioration de l’état corporel et une baisse de la fertilité et de la productivité ainsi que de la survie peuvent avoir des conséquences à l’échelle de la population. En outre, les collectivités locales ont signalé un nombre de plus en plus grand de caribous malades (Poole et al., 2010; First Joint Meeting, 2015; Tomaselli et al., 2018).

La hausse des températures pourrait entraîner l’agrandissement de l’aire de répartition et/ou l’amplification d’agents pathogènes thermodépendants (Dobson et al., 2015). Par exemple, en 2010, le ver du poumon (Varestrongylus eleguneniensis), qui était présent seulement sur le continent auparavant, s’est établi dans l’île Victoria et touche désormais tant les caribous que les bœufs musqués sur l’île – vraisemblablement une conséquence directe du réchauffement climatique dans la région (Kutz et al., 2013; Kafle et al., données inédites). Bien que ce parasite ne soit pas considéré comme étant particulièrement pathogène à moins qu’il ne soit présent en forte densité, sa récente émergence dans l’île Victoria démontre que les conditions écologiques ont changé et facilitent la survie et la transmission de certains agents pathogènes. Les CTA, l’Inuit Qaujimajatuqangit et les connaissances locales corroborent cette situation. En effet, les membres de collectivités signalent un nombre grandissant de caribous malades (Poole et al., 2010; First Joint Meeting, 2015; Tomaselli et al., 2018). Les gens de la région ont aussi remarqué une incidence accrue des kystes cysticerques (Taenia) et sont préoccupés par la possibilité que les caribous de Dolphin-et-Union soient exposés à un plus grand nombre de maladies s’ils se rendent plus loin au sud (ENR, 1998; cité dans SARC, 2013).

Parmi les principaux parasites et agents pathogènes préoccupants connus pour le caribou de Dolphin-et-Union, on compte des bactéries, l’Erysipelothrix rhusiopathiae et le Brucella suis (biovar 4), des nématodes gastro-intestinaux et un niveau de plus en plus élevé de harcèlement par les insectes.

L’Erysipelothrix rhusiopathiae, une bactérie généraliste et opportuniste, a émergé en 2010-2014, s’avérant comme une cause auparavant inconnue de mortalité élevée chez le bœuf musqué dans les îles Victoria et Banks (Kutz et al., 2015a). Chez les porcs domestiques et la volaille, la maladie causée par cette bactérie est souvent associée à un niveau accru de stress et peut se manifester sous la forme de divers syndromes : lésions cutanées, arthrite, endocardite et mortalité aiguë. Des cas de mortalité de caribous des bois de la population boréale et de bœufs musqués en Alaska ont récemment été attribués à cette bactérie (Schwantje et al., 2014; Forde et al., 2016; Kutz et al., 2017), et il y a de nombreux signes d’exposition (séropositivité) chez les caribous partout en Amérique du Nord, y compris chez le caribou de Dolphin-et-Union (Kutz, Anholt, données inédites). Toutefois, on ne connaît pas l’impact de cette bactérie chez les populations de caribous.

Le Brucella suis (biovar 4) est la bactérie qui cause la brucellose. C’est une cause importante de claudication et d’infertilité chez le caribou, et on l’a associée à des déclins d’autres populations, par exemple dans l’île Southampton (Kutz et al., 2015b). Cette bactérie a été décelée chez le caribou de la toundra dans toute son aire de répartition. Toutefois, les observations de plus en plus nombreuses d’individus qui boitent (Tomaselli et al., 2018), l’isolement récent de la bactérie dans un prélèvement effectué chez un caribou de Dolphin-et-Union (RCSF), et l’augmentation du nombre de cas et de la séropositivité chez des bœufs musqués de l’île Victoria (Kutz et al., 2015b; Tomaselli et al., 2018; Tomaselli, Kutz et al., données inédites) portent à croire que la fréquence de la maladie serait de plus en plus grande dans l’île.

Les nématodes gastro-intestinaux, particulièrement ceux qui parasitent l’abomasum, ont un effet négatif sur l’état corporel et la fécondité des caribous (Albon et al., 2002; Stien et al., 2002; Irvine et al., 2006; Hughes et al., 2009). Hughes et al. (2009) ont constaté que les caribous de Dolphin-et-Union femelles matures perdaient du poids en fonction de la gravité de l’affection et qu’elles étaient plus minces et présentaient une plus faible probabilité de gravidité si elles étaient gravement infestées d’hypodermes, ces effets étant plus marqués dans la fraction non gravide de la population.

Il y a eu une augmentation des niveaux de harcèlement par les insectes (p. ex. par les moustiques, les œstres et les hypodermes) en raison des étés plus longs (First Joint Meeting, 2015; Russell et Gunn, 2016). Dans l’île Victoria, le harcèlement par les hypodermes et les œstres du nez (Cephenemyia trompe) est en train de s’intensifier, et l’on peut désormais apercevoir des hypodermes plus tôt au début de l’été (Dumond, 2007). Les Inuits de Cambridge Bay ont aussi rapporté la présence de moustiques de plus en plus nombreux dans l’île Victoria (Bates, 2006 dans SARC, 2013).

Russell et Gunn (2016) ont constaté une tendance à la hausse dans les degrés-jours de croissance (DJC) cumulatifs en juin-juillet pour la partie continentale de l’aire de répartition dans la période 2000-2014, qui est attribuable à l’augmentation des températures. La même augmentation des températures a causé la tendance à la hausse de l’indice d’activité des hypodermes, qui est fonction de la température et du vent. Le Comité sur les espèces en péril des Territoires du Nord-Ouest (SARC, 2013) décrit comment l’indice cumulatif d’activité des hypodermes et la durée de la saison des hypodermes ont augmenté, en moyenne, de 7 % et de 2 % par décennie, respectivement, entre 1979 et 2009. Le nombre d’hypodermes comptés sur des peaux de caribous recueillies à la fin de l’hiver a augmenté depuis la fin des années 1980 (SARC, 2013).

Les agents pathogènes individuels sont rarement préoccupants mais, lorsqu’ils sont combinés ou associés à d’autres facteurs de stress de plus en plus importants, comme le réchauffement climatique, le gel et diverses perturbations, ils peuvent constituer un facteur cumulatif important influant sur la dynamique des populations. Ils risquent de constituer un problème croissant pour le caribou de Dolphin-et-Union, car le climat et l’isolement ont fait en sorte qu’il a été peu exposé à de nombreux agents pathogènes, que ces derniers soient indigènes ou nouveaux.

Tempêtes et inondations (menace 11.4) (impact moyen-faible)

Plusieurs occurrences de mortalité élevée ont été signalées chez les populations de caribous de l’Arctique après des épisodes de temps violent au cours des quatre dernières décennies. Par exemple, des cas de mortalité massive de caribous de Peary ont été liés au temps inhabituellement chaud au début de l’hiver, qui a causé la fonte des quelques premiers centimètres de neige, qui ont ultérieurement gelé complètement, bloquant ainsi l’accès à de la nourriture. Il en est résulté des taux de mortalité en un hiver de 46 % (1973-1974) et de 30 % (1996-1997), et un taux de plus de 90 % lorsque se suivaient trois années de mauvais temps. Un tel événement a tendance à produire une croûte de glace sur la neige, ou à favoriser la percolation de la neige fondue à travers le manteau neigeux, qui gèle de nouveau en profondeur ou au contact du sol (COSEWIC, 2015). Ce type d’événement est généralement localisé, mais pourrait vraisemblablement toucher une grande proportion de la population de Dolphin-et-Union, et entraîner un taux de mortalité important par inanition. Au cours de l’hiver 1987-1988, des chasseurs de Cambridge Bay ont fait mention d’épisodes de pluie verglaçante et de caribous périssant apparemment de malnutrition (Gunn et Fournier, 2000).

L’importance de la menace que pourraient représenter les changements climatiques pour le caribou de Dolphin-et-Union dépendra de la fréquence et de la gravité des épisodes de verglas (épisodes de pluie sur neige et fonte-gel) dans son aire de répartition. Même si on prévoit que les phénomènes météorologiques violents seront de plus en plus fréquents et de plus en plus graves (Hansen et al., 2011; IPCC, 2013), il y a une grande incertitude quant à l’emplacement et au moment où ces phénomènes vont se produire, et quant aux effets qui en découleront sur la dynamique des populations au cours des trois prochaines générations. D’après les modèles climatiques, la fréquence et l’intensité des phénomènes météorologiques vont augmenter (Gunn et Skogland, 1997; Gunn, 1998b; Miller et Gunn, 2003; Harding, 2004; Tews et al., 2007; Sharma et al., 2009; Tews et al., 2012).

Production d’énergie et exploitation minière (menace 3 de l’UICN) (impact faible)

À l’intérieur de l’aire de répartition du caribou de Dolphin-et-Union, dans la région de Kitikmeot au Nunavut, à l’ouest de Bathurst Inlet, il y a actuellement deux mines en exploitation et deux mines abandonnées ainsi que quatre projets miniers (NIRB, 2017) et baux d’exploitation minière en vigueur. Les infrastructures (routes, lignes de transport d’électricité, ports) et les activités (circulation d’hélicoptères, circulation de véhicules, nombre de vols nolisés, le dynamitage, etc.) résultant de ces projets élargiront la zone perturbée et faciliteront potentiellement la réalisation d’autres projets d’exploitation. Le transport de matériaux à destination des sites miniers et de minerais et de résidus en provenance de ces derniers augmentera vraisemblablement la circulation maritime et les activités de déglaçage dans les zones fréquentées par le caribou de Dolphin-et-Union pendant sa migration. Par exemple, un partenariat a été établi en 2017 entre le gouvernement du Nunavut et l’Association des Inuits de Kitikmeot au sujet d’une proposition de port en eau profonde dans l’océan Arctique associé à une route praticable en toute saison de 230 kilomètres vers la province géologique des Esclaves, un endroit riche en minéraux. Dans une phase future, le Nunavut serait relié par voie terrestre pour la première fois dans l’histoire du Canada par la prolongation de la route toute saison de 95 km jusqu’à la frontière avec les Territoires du Nord-Ouest (GNU, 2017).

La perte d’habitat résultant des répercussions cumulatives des projets et de l’infrastructure connexe est la plus grande source d’inquiétude en ce qui concerne les caribous en général (Vistnes et al., 2008; Festa-Bianchet et al., 2011). L’ampleur des activités d’exploitation envisagée actuellement par l’industrie et le gouvernement du Canada – la construction de ports, de mines et de routes et la croissance démographique (Government of Canada, 2013) – pourrait devenir une menace si on n’assure pas la gestion de l’intensité (répercussions cumulatives), de l’emplacement et du moment (routes migratoires, aires de mise bas et de rut) des travaux de construction. Les caribous modifient leur comportement et évitent parfois les activités industrielles, notamment les routes et la circulation de véhicules hors route, particulièrement si des activités de chasse sont associées à la route (Plante et al., 2016, Nellemann et Cameron, 1998), et ils réagissent aussi à la présence d’hélicoptères (Gunn et Miller, 1980). Bien que ces effets soient localisés, ils peuvent exiger une plus grande dépense d’énergie de la part des caribous pendant les périodes difficiles sur le plan nutritionnel et inciter ces derniers à quitter leur habitat de prédilection.

Nombre de localités

L’ouverture du passage du Nord-ouest en bordure de l’île Victoria comme chenal de navigation et la circulation maritime qui en résultera, si cette dernière a lieu pendant la migration d’individus de la population sur la glace ou si elle empêche ou retarde la formation de la glace, constitue une menace potentielle pour le caribou de Dolphin-et-Union (voir Menaces). Si elle se concrétise, cette menace perturberait la migration annuelle et aurait des conséquences inconnues, mais potentiellement graves, sur la population, ce qui correspond à la définition d’une localité.

Protection, statuts et classements

Le caribou de Dolphin-et-Union fait l’objet d’une cogestion conformément à l’ARTN au Nunavut et conformément à la Convention définitive des Inuvialuit dans les Territoires du Nord-Ouest. Ces accords confèrent le pouvoir principal de gestion des espèces sauvages aux conseils de gestion correspondants : au Conseil de gestion des ressources fauniques du Nunavut et, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Conseil consultatif de la gestion de la faune et au Conseil inuvialuit de gestion du gibier.

Statuts et protection juridiques

Le caribou de Dolphin-et-Union est actuellement classé comme espèce préoccupante en vertu de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral (annexe 1, partie 4; Gazette du Canada, Partie II, vol. 145, nº 4, 2011-02-16). Il a été inscrit comme espèce préoccupante aux termes de la Loi sur les espèces en péril (TNO) des Territoires du Nord-Ouest en 2015. Les règlements concernant la désignation d’espèce en péril en vertu du Nunavut Wildlife Act (2011) n’ont pas encore été promulgués. Le COSEPAC a désigné le caribou de Dolphin-et-Union « espèce préoccupante » en mai 2004, puis il a réévalué la population du caribou de Dolphin-et-Union en novembre 2017 et l’a désignée « en voie de disparition ».

Statuts et classements non juridiques

À l’échelle mondiale, le caribou a été classé dans la catégorie « préoccupation mineure » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) jusqu’en 2016, année où l’espèce a été réévaluée, puis classée comme vulnérable (IUCN, 2016). Les sous-espèces ou écotypes du caribou ne sont pas différenciés.

NatureServe a classé le caribou (R. tarandus) comme non en péril à l’échelle mondiale, et n’a pas encore attribué de classement au caribou de Dolphin-et-Union (tel qu’il est défini par le COSEPAC), en date de 2012. Le caribou de Dolphin-et-Union est classé en péril-vulnérable à l’échelle nationale (N2N3) et en péril-vulnérable (S2S3) dans les Territoires du Nord-Ouest, et il n’est pas classé (SNR) au Nunavut (NatureServe, 2017). La situation générale du caribou au Canada en 2015 ne sera connue qu’en août 2017, quand le rapport sur la situation générale des espèces de 2015 sera publié. Cette situation à l’échelle du pays s’appliquera à toutes les unités désignables du caribou, aucune cote spécifique n’étant attribuée au caribou de Dolphin-et-Union. Dans les Territoires du Nord-Ouest, la cote territoriale S3 (sensible) a été attribuée au caribou de Dolphin-et-Union en 2015 (WGGSNS, 2016). À l’heure actuelle, au Nunavut, aucune cote spécifique n’a été attribuée au caribou de la toundra; cependant, la cote générale S4 (apparemment non en péril) a été attribuée à toutes les UD combinées (Etiendem, comm. pers., 2017).

Protection et propriété de l’habitat

Une partie de la ligne côtière dans le sud-ouest de l’aire de répartition du caribou de Dolphin-et-Union fait partie du parc national Tuktut Nogait. Le refuge d’oiseaux du golfe Queen Maud, situé dans la partie continentale vis-à-vis de Cambridge Bay, chevauche une partie de l’aire d’hivernage du caribou de Dolphin-et-Union. Cela assure une certaine protection de l’habitat contre le développement industriel et les grands projets d’infrastructure.

Remerciements et experts contactés

Les membres du Sous-comité de spécialistes des mammifères terrestres du COSEPAC ont fourni de judicieux examens, conseils et analyses tout au long du processus de compilation du présent rapport de situation. Les rédacteurs du rapport remercient les personnes suivantes qui ont fourni des renseignements, des analyses et des examens exhaustifs et approfondis à diverses étapes :

Les membres du Sous-comité de spécialistes des mammifères terrestres du COSEPAC
Autorité responsable Nom de la personne-ressource
Service canadien de la faune Dawn Andrews, Donna Bigelow, Ruben Boles, Isabelle Duclos, Any Ganton, Kerry McFarlane
Territoires du Nord-Ouest Suzanne Carrière, Nic Larter, Joanna Wilson, Lisa Worthington
Nunavut Lisa-Marie Leclerc, Mathieu Dumond
Conseil(s) de gestion des ressources fauniques (Conseil consultatif de la gestion de la faune; Conseil de gestion des ressources fauniques du Nunavut) Larry Carpenter
Secrétariat du COSEPAC Neil Jones, Karen Timm
Autres personnes-ressources pertinentes Anne Gunn, Kim Poole
Sous-comité de spécialistes des mammifères terrestres du COSEPAC Nicolas Lecomte, Susan Kutz, Christopher Kyle, Chris Johnson, Martin-Hughes St.-Laurent, Graham Forbes, Hugh Broders, Scott Gilbert, Stephen Petersen, Ian Thompson

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Sommaire biographique des rédacteurs du rapport

Justina Ray (Ph.D.) est la présidente de la Wildlife Conservation Society (WCS) Canada, où elle est aussi chercheuse principale, et elle est coprésidente du Sous‑comité de spécialistes des mammifères terrestres du COSEPAC depuis 2009. En plus de superviser les activités au sein de la WCS Canada, elle participe à la recherche et aux activités stratégiques en lien avec la planification de la conservation dans les paysages nordiques, ses travaux portant en particulier sur le carcajou et le caribou. Elle a travaillé pendant plusieurs années dans les forêts tropicales d’Afrique et d’Asie, mais a principalement concentré ses activités en Amérique du Nord au cours des deux dernières décennies. Elle est membre du Groupe de travail de l’UICN sur la biodiversité et les aires protégées (IUCN Taskforce on Biodiversity and Protected Areas). Elle est également professeure auxiliaire à l’Université de Toronto (Faculty of Forestry) et à l’Université Trent (Environmental and Life Sciences Graduate Program).

Lee E. Harding (Ph.D.) est titulaire d’un baccalauréat ès sciences en gestion de la faune et d’un doctorat en toxicologie de la faune. Aujourd’hui directeur de la SciWrite Environmental Sciences Ltd., il était auparavant, de 1976 jusqu’à sa retraite anticipée en 1997, biologiste principal et gestionnaire de programmes scientifiques à Environnement Canada. De 1977 à 1980, M. Harding a géré la Division de l’évaluation des impacts au bureau régional du Service de la protection de l’environnement, à Yellowknife, dans les Territoires du Nord‑Ouest. De 1972 à1976, à titre de consultant en environnement évaluant l’impact des développements industriels dans l’Arctique, il a étudié le caribou de la toundra et le renne dans le delta du Mackenzie, le caribou des montagnes au Yukon et en Colombie‑Britannique, et le caribou de Peary dans les îles Bathurst, Melville et Little Cornwallis. Il a été le premier à attirer l’attention sur le risque de disparition du caribou des montagnes en Colombie‑Britannique dans un article de revue en 1975. Il est le rédacteur de la réévaluation par le COSEPAC du caribou de Peary et du caribou de Dolphin-et-Union, publiée en 2004.

Annexe 1. Évaluation des menaces pesant sur le caribou, population de Dolphin-et-Union

Tableau d’évaluation des menaces

Nom scientifique de l’espèce ou de l’écosystème
Caribou de Dolphin-et-Union (UD2)
Identification de l’élément
S/O
Code de l’élément
S/O
Date
08-12-2014
Évaluateur(s) :
Réunion n° 1 : Justina Ray (COSEPAC), Dave Fraser (COSEPAC, C.-B.), Suzanne Carrière (COSEPAC, T.N.-O.), Nic Larter (COSEPAC, T.N.-O.), Donna Hurlburt (COSEPAC, CTA), Lee Harding (rédacteur du rapport), Tracy Davison (GNWT), Lisa Worthington (GNWT), Lisa-Marie LeClerc (GNU), Melanie Wilson (GNU), Donna Bigelow (EC/SCF), Dawn Andrews (EC/SCF), Lisa Pirie (EC/SCF), Kim Poole (Aurora Wildlife Research), David Nivingalok (Kugluktuk HTA), Kevin Klengenberg (Kugluktuk HTA), Ema Qaggutaq (Kitikmeot Regional Wildlife Board), Joseph Oliktoak (Olohaktomiut HTC)

Réunion n° 2 : Justina Ray (COSEPAC), David Fraser (COSEPAC), Lisa-Marie LeClerc (GNU), Ema Qaggutaq (KRWB), Amy Ganton (EC/SCF), Isabelle Duclos (EC/SCF), Peter Sinkins (Parcs Canada), Jimmy Haniliak (Ekaluktutiak HTA), Howard Greenley (Ekaluktutiak HTA), George Angohiatok (Ekaluktutiak HTA), Joshua Oliktoak (Olohaktomiut HTC), Myles Lamont (GNU), Diane Ruben (Paulatuk HTC), Joe Illasiak (Paulatuk HTC).
Références :
S/O
Calcul de l’impact global des menaces
Impact des menaces (descriptions) Comptes des menaces de niveau 1
selon l’intensité de leur impact :
Maximum de la plage d’intensité
Comptes des menaces de niveau 1
selon l’intensité de leur impact :
Minimum de la plage d’intensité
A (Très élevé) 0 0
B (Élevé) 2 1
C (Moyen) 2 0
D (Faible) 1 4
Impact global des menaces calculé : Très élevé Élevé
Valeur de l’impact global attribuée :
AB = Très élevé – Élevé
Ajustement de la valeur de l’impact – justification :
S/O
Impact global des menaces – commentaires
Deux réunions portant sur le calculateur des menaces ont été tenues (08-12-2014 et 08-02-2016), et les résultats ont été combinés.
Tableau d’évaluation des menaces.
Numéro Menace Impact
(calculé)
Portée
(10 prochaines
années)
Gravité
(10 années
ou
3 générations)
Immédiateté Commentaires
1 Développement résidentiel et commercial (en anglais seulement) Négligeable Négligeable (< 1 %) Extrême (71-100 %) Élevée (menace toujours présente) S/O
1.1 Habitations et zones urbaines Négligeable Négligeable (< 1 %) Extrême (71-100 %) Élevée (menace toujours présente) La portée comprend des parties de l’aire de répartition du caribou de Dolphin-et-Union aliénées par des établissements humains ainsi qu’une zone tampon pour les animaux déplacés par les perturbations. Même si dans les prochaines années les limites des municipalités étaient étendues, la portée de la menace demeurerait très faible. Bien que de très rares caribous de Dolphin-et-Union sont ou seront exposés à la menace, les caribous qui s’approchent à une certaine distance des établissements humains seront fort probablement tués; la gravité de la menace est donc élevée.
1.2 Zones commerciales et industrielles S/O S/O S/O S/O S/O
1.3 Tourisme et espaces récréatifs S/O S/O S/O S/O S/O
2 Agriculture et aquaculture (en anglais seulement) S/O S/O S/O S/O S/O
2.1 Cultures annuelles et pluriannuelles de produits autres que le bois S/O S/O S/O S/O S/O
2.2 Plantations pour la production de bois et de pâte S/O S/O S/O S/O S/O
2.3 Élevage et élevage à grande échelle S/O S/O S/O S/O S/O
2.4 Aquaculture en mer et en eau douce S/O S/O S/O S/O S/O
3 Production d’énergie et exploitation minière (en anglais seulement) Faible Restreinte
(11-30 %)
Légère (1-10 %) S/O S/O
3.1 Forage pétrolier et gazier Non calculé (en dehors de la période d’éval.) S/O S/O Non significative/ négligeable (menace passée ou sans effet direct) Aucune activité de prospection sismique et aucun développement pétrolier et gazier ne se déroulent à l’heure actuelle, et de telles activités ne sont pas prévues dans un avenir prévisible dans l’aire de répartition du caribou de Dolphin-et-Union.
3.2 Exploitation de mines et de carrières Faible Restreinte
(11-30 %)
Légère (1-10 %) Élevée (menace toujours présente) La portée actuelle de la menace est très faible, mais il se pourrait qu’elle augmente, parce qu’un pourcentage élevé de la population sera touché directement par les mines elles-mêmes au cours des dix prochaines années. Cette menace exclut le transport maritime, les vols d’aéronefs ou les routes associées aux mines, qui sont inclus ailleurs dans le présent tableau. Les cas de mortalité directe attribuable aux mines elles-mêmes seront très peu nombreux.
3.3 Énergie renouvelable S/O S/O S/O S/O S/O
4 Corridors de transport et de service (en anglais seulement) Élevé Généralisée-grande (31-100 %) Élevée
(31-70 %)
Modérée (peut-être à court terme, < 10 ans) S/O
4.1 Routes et voies ferrées Faible Restreinte
(11-30 %)
Légère (1-10 %) Modérée (peut-être à court terme, < 10 ans) À l’heure actuelle, la portée est négligeable, mais si la société MMG réalise le projet minier du corridor d’Izok dans le cadre duquel il y aura exploitation et construction d’une route toutes saisons de 325 km à partir de la côte (ou d’une route semblable, p. ex. à l’intérieur de la ceinture de roches vertes de la baie Hope), l’impact des routes sera beaucoup plus grand. Il est possible que d’autres aménagements voient le jour au cours des dix prochaines années. On ne pense pas que le projet inclura un réseau de routes d’hiver reliées à la route toutes saisons. Même une seule route, selon l’endroit où elle se situerait, pourrait toucher une grande partie de la population de caribous. L’impact direct d’une telle route (mortalité) demeurerait faible, même si ses effets indirects pourraient être élevés.
4.2 Lignes de services publics Négligeable Négligeable (< 1 %) Négligeable (< 1 %) Inconnue S/O
4.3 Transport par eau Élevé Généralisée-grande (31-100 %) Élevée
(31-70 %)
Élevée (menace toujours présente) Cette catégorie comprend le transport maritime en eaux libres et la circulation de navires capables de briser la glace. Le transport maritime en eaux libres (qui a cours actuellement) ne cause pas de problème; l’impact découle plutôt entièrement du transport maritime hivernal impliquant toute forme de bris de glace (y compris la glace assez mince qui ne nécessite pas de déglaçage selon les définitions de Transports Canada). À l’heure actuelle, le gros de l’activité est associé à un déglaçage local tôt en saison aux environs de Cambridge Bay mais, comme il y a passage occasionnel de navires, la menace est déjà présente. La proposition actuelle de projet de transport maritime depuis le fond du bras Bathurst pourrait toucher la moitié de la population de Dolphin-et-Union. L’impact du transport maritime dépend du moment. Le caribou peut commencer à traverser sur la glace aussi tôt que le 15 octobre et jusqu’en décembre. Le passage de deux ou trois navires durant la migration pourrait interrompre celle-ci complètement et causer la noyade de 40 % des caribous. Par contre, ce ne sont pas tous les individus de la population qui traversent en même temps, et la glace peut geler de nouveau entre les traversées. Les cas de bris de glace liés au transport maritime ne sont pas tous susceptibles de causer une mortalité massive de caribous.
4.4 Trajectoires de vol Faible Restreinte
(11-30 %)
Légère (1-10 %) Élevée (menace toujours présente) Cette catégorie vise les vols réguliers, c.-à-d. vers les mines. Il est possible que les vols réguliers augmentent considérablement, en particulier à partir du moment où l’exploitation des projets proposés débutera, le cas échéant. Il pourrait y avoir davantage de vols de gros avions vers les mines que vers les collectivités. Par contre, la plupart des vols se font à haute altitude, et les avions descendent seulement au moment de l’atterrissage. Des travaux de modélisation ont indiqué que l’impact direct des corridors aériens était assez faible. La gravité de la menace se situe probablement dans le bas de la fourchette de la gravité légère (1-10 %). Si les corridors aériens étaient modifiés au point où ils auraient un impact sur la mise bas, la gravité de la menace augmenterait.
5 Utilisation des ressources biologiques (en anglais seulement) Moyen-faible Généralisée (71-100 %) Modérée-légère (1-30 %) Élevée (menace toujours présente) S/O
5.1 Chasse et prélèvement d’animaux terrestres Moyen-faible Généralisée (71-100 %) Modérée-légère (1-30 %) Élevée (menace toujours présente) La chasse au caribou de Dolphin-et-Union n’est pas réglementée. Il n’y a ni saison de chasse ni limite de prises. Les niveaux de récolte changent selon l’endroit où se trouvent les caribous d’une année à l’autre, et selon la disponibilité d’autres espèces chassées. Trois collectivités chassent le caribou de Dolphin-et-Union : Ulukhaktok (chasse en été), Cambridge Bay (chasse en automne) et Kugluktuk (chasse en hiver et au printemps lorsque les caribous traversent sur la glace). Un changement pourrait se produire en ce qui concerne la chasse au caribou du continent, qui connaît un déclin abrupt. La population de Dolphin-et-Union a connu un déclin depuis les derniers relevés, et sa répartition a changé également, de sorte que les individus ne sont plus aussi accessibles pour les collectivités. Cela aura pour conséquence de réduire le nombre de prises. Une très grande incertitude entoure la gravité de la menace en raison des niveaux de récolte inconnus et de l’incertitude relative à l’effectif futur de la population. La cote de la gravité s’étend sur une fourchette allant du pire scénario au meilleur. De plus, un changement de répartition pourrait faire que des individus seraient chassés ailleurs.
5.2 Cueillette de plantes terrestres S/O S/O S/O S/O S/O
5.3 Exploitation forestière et récolte du bois S/O S/O S/O S/O S/O
5.4 Pêche et récolte des ressources aquatiques S/O S/O S/O S/O S/O
6 Intrusions et perturbations humaines (en anglais seulement) Négligeable Restreinte
(11-30 %)
Négligeable (< 1 %) Élevée (menace toujours présente) S/O
6.1 Activités récréatives Négligeable Négligeable (< 1 %) Négligeable (< 1 %) Élevée (menace toujours présente) S/O
6.2 Guerre, troubles civils et exercices militaires Non calculé (en dehors de la période d’éval.) S/O S/O Non significative/ négligeable (menace passée ou sans effet direct) Les exercices militaires ne constituent pas une menace dans la région; il n’y a aucun chevauchement saisonnier avec le caribou de Dolphin-et-Union.
6.3 Travaux et autres activités Négligeable Restreinte
(11-30 %)
Négligeable (< 1 %) Élevée (menace toujours présente) Cette menace comprend (principalement) des activités de recherche (p. ex. les relevés ainsi que la capture/pose de colliers).
7 Modification du système naturel (en anglais seulement) S/O S/O S/O S/O S/O
7.1 Incendies et suppression des incendies S/O S/O S/O S/O S/O
7.2 Barrages, gestion et utilisation de l’eau S/O S/O S/O S/O S/O
7.3 Autres modifications de l’écosystème S/O S/O S/O S/O S/O
8 Espèces et gènes envahissants ou problématiques (en anglais seulement) Élevé-faible Généralisée (71-100 %) Élevée-légère (1-70 %) Élevée (menace toujours présente) S/O
8.1 Espèces exotiques/non indigènes envahissantes Moyen-faible Grande-restreinte (11-70 %) Modérée
(11-30 %)
Élevée (menace toujours présente) Cette catégorie comprend l’ensemble des maladies et des pathogènes (tant indigènes que non indigènes). Les changements climatiques devraient faire augmenter les parasites et les maladies. Les parasites augmentent et devraient augmenter encore davantage. La présence de strongles pulmonaires augmente chez le bœuf musqué, mais ces vers n’entraînent pas nécessairement la mortalité. Il faut préciser que nous constatons qu’il pourrait y avoir un plus grand nombre de maladies et de parasites. Les mouches piqueuses posent aussi problème.
8.2 Espèces indigènes problématiques Élevé-faible Généralisée (71-100 %) Élevée-légère (1-70 %) Élevée (menace toujours présente) Cette catégorie comprend l’ensemble des interactions avec les espèces prédatrices/concurrentes (tant indigènes que non indigènes). Au cours des quelque dix dernières années, les grizzlis qui se sont déplacés jusqu’à l’île Victoria peuvent avoir eu un impact sur le nombre de caribous. Le nombre de loups a augmenté sur l’île Victoria. Étant donné leurs interactions avec de multiples proies, les prédateurs comme les loups pourraient décimer la population de caribous lorsque les effectifs de bœufs musqués sont élevés. L’impact est plus grand lorsque la population de caribous est petite, et moins grand lorsque les caribous ont la possibilité d’échapper à leurs prédateurs. La gravité et la portée de la menace pourraient être élevées durant la migration automnale, lorsque les caribous attendent que la glace de mer se forme, mais une énorme incertitude entoure ces deux paramètres.
8.3 Introduction de matériel génétique Inconnu Grande-petite (1-70 %) Inconnue Élevée (menace toujours présente) Croisement avec le caribou de la toundra et le caribou de Peary. Bien que certains mentionnent que le caribou de Dolphin-et-Union est un hybride (Rangifer groenlandicus x pearyi), ceci n’est pas le cas. Des études génétiques menées au cours des dix dernières années montrent que la population de caribous de Dolphin-et-Union est génétiquement distincte et ne renferme qu’un très faible apport de gènes du caribou de Peary. Il faudrait qu’il y ait croisement entre un grand nombre d’individus pour que la population subisse un impact. Les membres des collectivités ont vu des caribous de Dolphin-et-Union se déplacer en compagnie de caribous de Peary, et des caribous de Dolphin-et-Union se déplacer en compagnie de caribous de la toundra (ce qui est toutefois plus rare). Les probabilités d’hybridation sont faibles en raison de l’existence d’aires de rut distinctes. La menace se situe probablement dans le bas des fourchettes de la portée et de la gravité, bien que le fort degré d’incertitude entourant la gravité de la menace témoigne du manque de connaissances au sujet des conséquences du croisement. En fait, si l’on considère particulièrement les connaissances traditionnelles autochtones, les conséquences sont inconnues.
9 Pollution (en anglais seulement) S/O S/O S/O S/O S/O
9.1 Eaux usées domestiques et urbaines S/O S/O S/O S/O S/O
9.2 Effluents industriels et militaires S/O S/O S/O S/O S/O
9.3 Effluents agricoles et forestiers S/O S/O S/O S/O S/O
9.4 Détritus et déchets solides S/O S/O S/O S/O Les contaminants ne sont pas considérés actuellement comme étant une menace, parce que la décontamination du réseau d’alerte avancé (réseau DEW) est une réussite.
9.5 Polluants atmosphériques S/O S/O S/O S/O S/O
9.6 Énergie excessive S/O S/O S/O S/O S/O
10 Phénomènes géologiques (en anglais seulement) S/O S/O S/O S/O S/O
10.1 Volcans S/O S/O S/O S/O S/O
10.2 Tremblements de terre et tsunamis S/O S/O S/O S/O S/O
10.3 Avalanches et glissements de terrain S/O S/O S/O S/O S/O
11 Changement climatique et phénomènes météorologiques violents (en anglais seulement) Moyen-faible Généralisée (71-100 %) Modérée-légère (1-30 %) Élevée (menace toujours présente) S/O
11.1 Déplacement et altération de l’habitat Moyen-faible Généralisée (71-100 %) Modérée-légère (1-30 %) Élevée (menace toujours présente) Cette catégorie comprend les modifications des conditions de l’habitat (végétation et glace) qui seront attribuables aux changements climatiques au cours de la prochaine décennie. La portée de la menace touchera l’ensemble de la population. En ce qui concerne la gravité de la menace, elle varie et variera considérablement (c.-à-d. qu’elle aura des effets positifs et négatifs). Il pourrait y avoir un changement des conditions trophiques suivant lequel il y aurait désynchronisation entre le verdissement et le cycle vital des caribous, ce qui pourrait affecter la mise bas et la survie des faons. Il est possible aussi que la quantité de nourriture augmente avec les changements climatiques. Dans les deux cas, la gravité ne devrait probablement pas être élevée. Il pourrait y avoir une ou deux mauvaises années, mais l’habitat se rétablira à moins qu’il ne soit touché d’année en année, ce qui est peu probable. Pour ce qui est de la glace, comme l’aire principale du caribou de Dolphin-et-Union est de petite taille, les conditions de glace ne présentent pas une menace aussi étendue que pour le caribou de Peary.
11.2 Sécheresses S/O S/O S/O S/O S/O
11.3 Températures extrêmes S/O S/O S/O S/O S/O
11.4 Tempêtes et inondations Moyen-faible Grande
(31-70 %)
Modérée-légère (1-30 %) Modérée (peut-être à court terme, < 10 ans) Les épisodes de verglas (tempêtes) ne représentent pas pour le caribou de Dolphin-et-Union un aussi gros problème que pour le caribou de Peary, et l’ampleur de ce problème est actuellement inconnue pour le caribou de Dolphin-et-Union. Portée : comme l’aire d’hivernage du caribou de Dolphin-et-Union est peu étendue, une tempête de verglas pourrait avoir un impact sur une grande partie de la population. Sur 3 générations, la population devrait être capable de se rétablir d’un épisode de mauvais temps, à moins que de tels épisodes ne surviennent d’année en année. Bien qu’il soit peu probable que des épisodes de mauvais temps surviennent sur de multiples années consécutives, une telle situation pourrait décimer la population au point qu’elle ne pourrait plus se rétablir.

Classification des menaces d’après l’IUCN-CMP, Salafsky et al. (2008).

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