Carmantine d’Amérique (Justicia americana) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2021
Titre officiel : Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la Carmantine d’Amérique (Justicia americana) au Canada 2021
Menacée
2021
Matériel appartenant à des tierces parties
Suite à l’Avis pour ce site Web, certaines photos ainsi que certains dessins et éléments graphiques se trouvant dans les documents produit par le COSEPAC peuvent être assujettis à des droits d'auteur appartenant à d'autres organisations et personnes. Dans de tels cas, des restrictions concernant l’utilisation, la reproduction, la communication de telles œuvres protégées par le droit d’auteur peuvent s'appliquer, et il peut être nécessaire de demander l'autorisation aux détenteurs de ces droits, avant de reproduire, utiliser ou communiquer ces œuvres
Information sur le document
Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :
COSEPAC. 2021. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la carmantine d’Amérique (Justicia americana) au Canada, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, xiii + 40 p. (Registre public des espèces en péril).
Rapport(s) précédent(s) :
COSEWIC. 2000. COSEWIC assessment and update status report on the American water-willow Justicia americana in Canada. Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. Ottawa. vi +11 pp. (www.registrelep-sararegistry.gc.ca/default_e.cfm). [Également disponible en français : COSEPAC. 2000. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la carmantine d’Amérique (Justicia americana) au Canada – Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vi + 11 p.]
White, D.J. May 2000. Update COSEWIC status report on the American water-willow Justicia americana in Canada, in COSEWIC assessment and update status report on the American water-willow Justicia americana in Canada. Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. Ottawa. 1–10 pp. [Également disponible en français : White, D. J. 2000. Rapport du COSEPAC sur la situation de la carmantine d’Amérique (Justicia americana) au Canada – Mise à jour, in Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la carmantine d’Amérique (Justicia americana) au Canada – Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vi + 11 p.]
Gauvin, C. 1984. COSEWIC status report on the American water-willow Justicia americana in Canada. Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. Ottawa. 49 pp.
Note de production :
Le COSEPAC remercie Audrey Lachance et Olivier Deshaies d’avoir rédigé le rapport de situation sur la carmantine d’Amérique (Justicia americana) au Canada, aux termes d’un marché conclu avec Environnement et Changement climatique Canada. La supervision et la révision du rapport ont été assurées par Del Meidinger, coprésident du Sous-comité de spécialistes des plantes vasculaires du COSEPAC.
Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :
Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement et Changement climatique Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3
Tél. : 819-938-4125
Téléc. : 819-938-3984
Courriel : ec.cosepac-cosewic.ec@canada.ca
www.cosepac.ca
Also available in English under the title “COSEWIC Assessment and Status Report on the American Water-willow Justicia americana in Canada”.
Illustration/photo de la couverture :
Carmantine d’Amérique — Photo fournie par l’auteur.
COSEPAC sommaire de l’évaluation
Sommaire de l’évaluation – Avril 2021
Nom commubn : Carmantine d’Amérique
Nom scientifique : Justicia americana
Statut : Menacée
Justification de la désignation : Cette fleur sauvage aquatique, qui habite les rives de lacs et de cours d’eau, se trouve dans 13 sites du sud de l’Ontario et du sud-ouest du Québec. Bien que l’espèce soit encore présente en grand nombre à l’échelle locale, ses effectifs ont considérablement diminué au cours des dix dernières années en raison de pertes importantes dans la région de la rivière des Mille-Îles, au Québec. Cette diminution est en grande partie attribuable aux fluctuations anormalement extrêmes ou prolongées du niveau de l’eau, causées par la gestion des niveaux d’eau et les changements climatiques. Les espèces envahissantes, comme le roseau commun et la quenouille glauque, sont susceptibles de contribuer aux futurs déclins de la population.
Répartition au Canada : Ontario, Québec
Historique du statut : Historique du statut selon le COSEPAC : Espèce désignée « menacée » en avril 1984. Réexamen et confirmation du statut en mai 2000 et en mai 2021.
COSEPAC résumé
Carmantine d’Amérique
Justicia americana
Description et importance de l’espèce sauvage
La carmantine d’Amérique est une plante herbacée aquatique vivace pouvant atteindre entre 20 et 100 cm de hauteur et dont les tiges peuvent être couchées ou dressées. Elle forme des colonies monospécifiques à partir de stolons s’enracinant aux nœuds. Les fleurs irrégulières à symétrie bilatérale sont regroupées en épis au bout de longs pédoncules partant de la jonction de la tige principale et des feuilles supérieures. La couleur des fleurs varie de blanc à violet pâle, et le pétale inférieur est marqué de taches violettes caractéristiques.
La carmantine d’Amérique est la seule représentante de la famille des Acanthacées au Canada.
Répartition
La carmantine d’Amérique est une espèce indigène au Canada, aux États-Unis et au Mexique. Le cœur de son aire de répartition se situe dans l’est des États-Unis. Au Canada, l’espèce est confinée au sud de l’Ontario et au sud du Québec. On y dénombre 13 sous-populations existantes, 5 historiques et 12 disparues.
Habitat
La carmantine d’Amérique vit dans des eaux douces légèrement acides à alcalines et privilégie les milieux dynamiques et assez ouverts où il y a peu de compétition de la part d’autres plantes aquatiques. Elle pousse le long de rives de cours d’eau et de lacs, en eau peu profonde, sur des substrats constitués principalement de gravier, de sable ou de matière organique. Elle peut tolérer d’importantes fluctuations du niveau de l’eau.
Biologie
La carmantine d’Amérique est une espèce vivace capable à la fois de reproduction sexuée et de reproduction végétative. La pollinisation semble majoritairement assurée par les insectes. Cependant, il n’est pas clair à l’heure actuelle si l’espèce est autofertile ou si elle a besoin de pollinisation croisée. La reproduction sexuée semble peu efficace au Canada, où aucun semis n’a été observé en nature, alors que des semis ont été observés aux États-Unis. La propagation de l’espèce se fait en majeure partie de manière végétative, grâce aux stolons s’enracinant aux nœuds. Ces structures végétatives peuvent établir de nouvelles sous-populations et former de nouvelles colonies.
Taille et tendances des populations
En 2020, on estimait à 1 432 595 individus matures la population canadienne de la carmantine d’Amérique. Selon les meilleures données dont on dispose, la population canadienne totale aurait connu un déclin de 94,4 % au cours des dix dernières années. Ce déclin est presque entièrement attribuable à la sous-population de la rivière des Mille-Îles, qui représentait en 2007 99 % de la population canadienne totale et qui a subi un déclin très marqué en 2010, pour ensuite se stabiliser. Les tendances des autres sous-populations sont diverses (augmentation, déclin, stabilité). À l’échelle canadienne, bien qu’une certaine stabilité de la population soit possible dans le futur, il est peu probable que la carmantine d’Amérique augmente ses effectifs sans la prise de mesures pour réduire certaines des menaces pesant sur l’espèce.
Menaces et facteurs limitatifs
Globalement, la principale menace qui pèse sur la carmantine d’Amérique vient des fluctuations anormalement extrêmes ou prolongées du niveau de l’eau à certains moments critiques du cycle vital de l’espèce, fluctuations qui sont principalement causées par l’activité humaine (gestion des niveaux d’eau) et les changements climatiques. Cependant, la compétition pour les ressources avec les espèces exotiques envahissantes, particulièrement le roseau commun, pourrait constituer une menace importante pour l’espèce à l’avenir, tout comme l’érosion intensive causée par les tempêtes plus violentes associées aux changements climatiques. Les menaces mineures sont entre autres le broutement par le cerf de Virginie, le piétinement par les humains et la pollution de l’eau.
Protection, statuts et classements
La carmantine d’Amérique a d’abord été désignée menacée au Canada en 1984. Elle a été intégrée à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril en 2003. L’espèce a également été désignée menacée au Québec en 1998 en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables, et désignée menacée en Ontario en 2008 en vertu de la Loi sur les espèces en voie de disparition.
À l’échelle canadienne, l’espèce est considérée comme étant à risque élevé à modéré de disparition (cote nationale : N2N3), alors qu’à l’échelle infranationale, ce risque est considéré comme élevé (cote S2 en Ontario et au Québec).
On retrouve la carmantine d’Amérique principalement sur des terres publiques provinciales ou fédérales; plusieurs des sous-populations sont par ailleurs incluses dans des aires protégées. Au total, 9 sous-populations existantes se trouvent dans des aires protégées, que ce soit un parc national fédéral, des parcs provinciaux ou des habitats d’espèces floristiques au Québec. De plus, la nouvelle sous-population de Saint-Michel-de-Bellechasse sera incluse dans les limites redéfinies d’un habitat d’espèces floristiques existant (aire protégée).
Résumé technique
Justicia americana
Carmantine d’Amérique
American Water-willow
Répartition au Canada : Ontario et Québec
| Sujet | Information |
|---|---|
| Durée d’une génération (généralement, âge moyen des parents dans la population; indiquez si une méthode d’estimation de la durée d’une génération autre que celle qui est présentée dans les lignes directrices de l’UICN [2011] est utilisée) | Inconnue, possiblement au moins 10 à 15 ans. Il s’agit d’une espèce clonale qui peut persister longtemps à un même endroit. |
| Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre total d’individus matures? | Oui, déclin observé de 94,4 % survenu au cours des dix dernières années (principalement entre 2007 et 2014) et déclin continu prévu en raison de l’impact des menaces. |
| Pourcentage estimé de déclin continu du nombre total d’individus matures sur [cinq ans ou deux générations] | Déclin de 48 % sur 2 générations (depuis le rapport de situation précédent paru en 2000), mais ce déclin est probablement plus élevé considérant que le dénombrement des plus grandes sous-populations lors des relevés antérieurs (1994-1995) n’est pas considéré complet. |
| Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix dernières années ou trois dernières générations] | Déclin de probablement > 50 % au cours des trois dernières générations (30-45 ans), compte tenu du déclin de 48 % survenu depuis 1994-1995. |
| Pourcentage [prévu ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix prochaines années ou trois prochaines générations] | Réduction présumée de > 10 % en raison de menaces continues. Le calculateur de l’impact des menaces prévoit un déclin de 10-100 % au cours des trois prochaines générations. |
| Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours de toute période de [dix ans ou trois générations] commençant dans le passé et se terminant dans le futur | Déclin observé et attendu de > 50 % au cours d’une période de trois générations (30-45 ans) commençant dans le passé et se terminant dans le futur, compte tenu du déclin de 94 % survenu depuis les estimations fournies dans le programme de rétablissement (établies pour la plupart en 2007–2008) et du déclin présumé d’au moins 10 % dans le futur. |
| Est-ce que les causes du déclin sont a) clairement réversibles et b) comprises et c) ont effectivement cessé? |
|
| Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures? | Non. On observe des fluctuations du nombre de tiges, mais les stolons souterrains peuvent être intacts; la population totale ne subit donc pas de fluctuations extrêmes. |
| Sujet | Information |
|---|---|
| Superficie estimée de la zone d’occurrence | 53 241 km2 |
| Indice de zone d’occupation (IZO) (Fournissez toujours une valeur établie à partir d’une grille à carrés de 2 km de côté) |
228 km2 |
| La population totale est-elle gravement fragmentée, c.-à-d. que plus de 50 % de sa zone d’occupation totale se trouvent dans des parcelles d’habitat qui sont a) plus petites que la superficie nécessaire au maintien d’une population viable et b) séparées d’autres parcelles d’habitat par une distance supérieure à la distance de dispersion maximale présumée pour l’espèce? |
|
| Nombre de localités (utilisez une fourchette plausible pour refléter l’incertitude, le cas échéant) | 11+ |
| Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] de la zone d’occurrence? | Oui, déclin (léger) observé par rapport à l’ancienne zone d’occurrence. |
| Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] de l’indice de zone d’occupation? | Oui, déclin observé principalement attribuable aux pertes subies par la sous-population de la rivière des Mille-Îles. |
| Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre de sous-populations? | Oui, déclin inféré parce qu’aucun individu de l’espèce n’a été trouvé lors de la dernière visite de deux sous-populations existantes (île Bélair et lac Sharbot). Il semble que la formation de sous-populations éphémères soit une caractéristique de l’espèce. |
| Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] du nombre de localités*? | Possiblement, parce qu’aucun individu de l’espèce n’a été trouvé lors de la dernière visite de deux sous-populations existantes (île Bélair et lac Sharbot). Dans certains sites, les sous-populations semblent éphémères et ne s’établissent pas. |
| Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] de [la superficie, l’étendue ou la qualité] de l’habitat? | Oui, déclin (léger) observé pour les trois paramètres. |
| Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de sous-populations? | Non |
| Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de localités*? | Non |
| Y a-t-il des fluctuations extrêmes de la zone d’occurrence? | Non |
| Y a-t-il des fluctuations extrêmes de l’indice de zone d’occupation? | Non |
| Sous-population (seules les sous-populations existantes sont indiquées) | Nombre d’individus matures ([tiges], voir la section « Abondance ») (année du dernier relevé) |
|---|---|
| 2. Parc national de la Pointe-Pelée | 11 420 (2014) |
| 10. Rivière Welland/ruisseau Lyons | 108 691 (2018) |
| 11. Île Dufferin | 19 520 (2018) |
| 12. Île Pelée – rive sud | 150 (2007) |
| 13. Île Hill | 59 007 (2008) |
| 14. Île Grenadier | 3 600 (2008) |
| 15. Marina de Leamington | 18 (2018) |
| 16. Lac Sharbot | 0 (2018 : aucun individu observé; relevé précédent : nombre de tiges inconnu) |
| 18. Rivière des Mille-Îles | 1 176 101 (2017, 2018 et 2020) |
| 19. Rivière Godefroy | 705 (2018) |
| 24. Île Rock | 53 376 (2017) |
| 29. Île Bélair | 0 (aucun individu observé; relevé précédent : nombre de tiges inconnu) |
| 30. Saint-Michel-de-Bellechasse | 7 (2018) |
| Total | 1 432 595 |
Analyse quantitative
La probabilité de disparition de l’espèce à l’état sauvage est d’au moins [20 % sur 20 ans ou 5 générations, ou 10 % sur 100 ans]. Non évaluée.
Menaces (réelles ou imminentes, pour les populations ou leur habitat, de l’impact le plus élevé à l’impact le plus faible)
Un calculateur des menaces a-t-il été rempli pour l’espèce? Oui, le 14 novembre 2019.
L’impact global des menaces calculé et attribué est très élevé à élevé.
- Espèces exotiques envahissantes (impact très élevé-élevé)
- Gestion et utilisation de l’eau et exploitation de barrages (impact moyen-faible)
- Changements climatiques (impact moyen-faible)
- Activités récréatives (impact faible)
- Zones résidentielles et urbaines (impact faible)
Quels autres facteurs limitatifs sont pertinents?
Diversité génétique faible, limite nord de l’aire de répartition, conditions de site dynamiques
| Sujet | Information |
|---|---|
| Situation des populations de l’extérieur les plus susceptibles de fournir des individus immigrants au Canada | États les plus susceptibles de fournir des individus immigrants : Michigan, S2; New York, S4; Pennsylvanie, S5; Ohio, SNR; Vermont, SX |
| Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible? | Immigration possible, particulièrement depuis le nord de l’État de New York vers la région des Mille-Îles, en Ontario |
| Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre au Canada? | Oui |
| Y a-t-il suffisamment d’habitat disponible au Canada pour les individus immigrants? | Oui (de grandes superficies d’habitat potentiel sont inoccupées) |
| Les conditions se détériorent-elles au Canada? | Possiblement, mais pas de façon importante |
| Les conditions de la population source se détériorent-elles?+ | On ne sait pas. |
| La population canadienne est-elle considérée comme un puits? | Non |
| La possibilité d’une immigration depuis des populations externes existe-t-elle? | Non. Immigration possible, depuis le nord de l’État de New York vers la région des Mille-Îles, en Ontario, mais d’une ampleur inconnue |
+ Voir le tableau 3 (Lignes directrices pour la modification de l’évaluation de la situation d’après une immigration de source externe).
Nature délicate de l’information sur l’espèce
L’information concernant l’espèce est-elle de nature délicate? Oui/Non
Non
Historique du statut
Historique du statut du COSEPAC : Espèce désignée « menacée » en avril 1984. Réexamen et confirmation du statut en mai 2000 et en mai 2021.
Statut recommandé et justification de la désignation
Statut recommandé : Menacée
Code alphanumérique : A2ace+4ace
Justification de la désignation : Cette fleur sauvage aquatique, qui habite les rives de lac et de cours d’eau, se trouve dans 13 sites du sud de l’Ontario et du sud-ouest du Québec. Bien que l’espèce soit encore présente en grand nombre à l’échelle locale, ses effectifs ont considérablement diminué au cours des dix dernières années en raison de pertes importantes dans la région de la rivière des Mille-Îles, au Québec. Cette diminution est en grande partie attribuable aux fluctuations anormalement extrêmes ou prolongées du niveau de l’eau, causées par la gestion des niveaux d’eau et les changements climatiques. Les espèces envahissantes, comme le roseau commun et la quenouille glauque, sont susceptibles de contribuer aux futurs déclins de la population.
Applicabilité des critères
Critère A (déclin du nombre total d’individus matures) :
Correspond au critère de la catégorie « Espèce menacée » A2 en raison a) du déclin observé du nombre d’individus matures de plus de 30 % au cours des trois dernières générations et c) du déclin de l’indice de zone d’occupation, de la zone d’occurrence et de la qualité de l’habitat, en partie attribuable e) aux espèces envahissantes introduites; et au critère A4 en raison du déclin observé et prévu de plus de 30 % au cours d’une période de trois générations commençant dans le passé et se terminant dans le futur. Même si le déclin observé du nombre total d’individus matures est de plus de 90 %, il est difficile de déterminer avec exactitude le nombre d’individus matures dans certaines conditions, p. ex. pendant les années de bas niveau d’eau. Comme la carmantine d’Amérique est une plante à reproduction clonale, les tiges sont comptées comme des individus matures ou servent à en estimer le nombre, ce qui crée de l’incertitude autour des données.
Critère B (aire de répartition peu étendue et déclin ou fluctuation) :
Sans objet. Même si l’IZO est bien inférieur au seuil de 2 000 km2 établi pour la catégorie « Espèce menacée » B2, et qu’il y a des déclins observés et/ou prévus de l’étendue et de la qualité de l’habitat et du nombre d’individus matures, la population est répartie dans plus de dix localités, elle n’est pas gravement fragmentée et ne subit pas de fluctuations extrêmes.
Critère C (nombre d’individus matures peu élevé et en déclin) :
Sans objet. Ne correspond pas au critère, car le nombre d’individus matures dépasse les seuils.
Critère D (très petite population totale ou répartition restreinte) :
Sans objet. Ne correspond pas au critère, car le nombre d’individus matures dépasse les seuils.
Critère E (analyse quantitative) :
Sans objet. Non évalué.
Préface
Historique du COSEPAC
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.
Mandat du COSEPAC
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.
Composition du COSEPAC
Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsables des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.
Définitions (2021)
- Espèce sauvage
- Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’un autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.
- Disparue (D)
- Espèce sauvage qui n’existe plus.
- Disparue du pays (DP)
- Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.
- En voie de disparition (VD)*
- Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.
- Menacée (M)
- Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.
- Préoccupante (P)**
- Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.
- Non en péril (NEP)***
- Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.
- Données insuffisantes (DI)****
- Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.
* Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.
** Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
*** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
**** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
***** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.
Le Service canadien de la faune d’Environnement et Changement climatique Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.
Description et importance de l’espèce sauvage
Nom et classification
Nom scientifique : Justicia americana (Linnaeus) Vahl
Synonymes pertinents : Dianthera americana Linnaeus, Dicliptera americana (Linnaeus) Alph. Wood
Nom français : Carmantine d’Amérique
Nom anglais : American Water-willow
Famille : Acanthacées
Grand groupe végétal : Angiospermes, dicotylédones
Description morphologique
La carmantine d’Amérique (voir la photo sur la couverture) est une plante herbacée aquatique vivace pouvant atteindre entre 20 et 100 cm de hauteur et dont les tiges peuvent être couchées ou dressées. La plante forme des colonies monospécifiques à partir de stolons s’enracinant aux nœuds. Les feuilles sont entières, linéaires à étroitement lancéolées ou étroitement oblongues, et mesurent de 8 à 16 cm de longueur et 0,5 à 1,5 cm de largeur. Les feuilles sont disposées par paires le long de la tige et se font face. Les fleurs irrégulières à symétrie bilatérale sont regroupées en épis au bout de longs pédoncules partant de la jonction de la tige principale et des feuilles supérieures. La couleur des fleurs varie de blanc à violet pâle, et le pétale inférieur est marqué de taches violettes caractéristiques. Le fruit est une capsule contenant 2 à 4 graines verruqueuses mesurant 3 mm (Gleason et Cronquist, 1963; Jolicoeur et Couillard, 2007).
Structure spatiale et variabilité de la population
Au Canada, la carmantine d’Amérique compte 13 sous-populations existantes, 5 sous-populations historiques et 12 sous-populations disparues, selon les critères établis par NatureServe (2002) et repris par le CDPNQ (Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec) et le CIPN (Centre d’information sur le patrimoine naturel de l’Ontario) (tableau 1). Même en prenant en considération les sous-populations historiques et disparues de la carmantine d’Amérique, il demeure que les sous-populations sont pour la plupart isolées les unes des autres, ce qui limite les possibilités d’échanges génétiques entre sous-populations. La distance entre les sous-populations existantes les plus proches va de 2 km (sous-populations de l’île Dufferin et de la rivière Welland/ruisseau Lyons) à plus de 284 km (sous-populations de l’île Grenadier et de l’île Dufferin). Une grande partie de l’habitat potentiel n’est apparemment pas occupée.
| Sous-population | Nom du site | Province | Nombre d’individus (visite la plus récente) | Mentions précédentes | Zone d’occupation (visite la plus récente) | Dernière visite | Dernière observation | Dernier observateur | Tendance | Statut officiel |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1 | Île Pelée – pointe Lighthouse | Ontario | 0 | Quelques tiges | 0 | 2007 | 1988 | Allen Woodliffe | Sans objet | Disparue |
| 2 | Parc national de la Pointe-Pelée | Ontario | 11 420 (partiel) | Étang Lake : 19 702 tiges (2013); 30 042 tiges (2007); 200 000 tiges (1999); 200 000 tiges (1983). Étang Redhead : colonie disparue (2007); 2 000 tiges (1999); 1 000 tiges (1984) | 148 m2 | 2014 | 2014 | Parcs Canada | En déclin | Existante |
| 3 | Île Pelée – pointe Fish | Ontario | 0 | Quelques tiges | 0 | 2007 | 1984 | Allen Woodliffe | Sans objet | Disparue |
| 4 | Péninsule Rondeau et Harbour Wetlands | Ontario | 0 | Dernière obs. en 1984 : 30 individus | 0 | 2010 | 1984 | Allen Woodliffe | Présumée existante | Historique |
| 5 | Delhi | Ontario | 0 | Inconnues | 0 | Inconnue | 1954 | Inconnu | Sans objet | Disparue |
| 6 | Réserve nationale de faune de Long Point | Ontario | 0 | Inconnues | 0 | 2009 | 1978 | Environne-ment Canada | Présumée existante | Historique |
| 7 | À l’est de Kingsville | Ontario | 0 | Inconnues | 0 | Inconnue | 1891 | Inconnu | Sans objet | Disparue |
| 8 | Île Middle | Ontario | 0 | Inconnues | 0 | 2007 | 1982 | R. L. Stuckey et K. Duncan | Sans objet | Disparue |
| 9 | Parc provincial Port Burwell | Ontario | 0 | 1 colonie dense (1989) | 0 | 2016 | 1989 | Mike Oldham | Disparition | Historique |
| 10 | Rivière Welland / ruisseau Lyons (portion rivière Welland) | Ontario | 3 236 | 6 000 tiges (2016), mais chevauchement possible avec la portion adjacente du ruisseau Lyons | 55 m2 | 2018 | 2018 | Land Care Niagara | Inconnue | Existante |
| 10 | Rivière Welland / ruisseau Lyons (portion du ruisseau Lyons) | Ontario | 105 455 | 101 541 tiges (2017); 69 300 tiges (2016); 2 855 tiges en amont de l’avenue Stanley (2015); 3 235 tiges en amont de l’avenue Stanley (2014); 12 568 tiges (2013) | 2 753 m2 | 2018 | 2018 | Land Care Niagara | En croissance | Existante |
| 11 | Île Dufferin | Ontario | 19 520 (relevé de 2017) | 6 880 tiges (2015); 3 000 tiges (2013) | 244 m2 (relevé de 2017) | 2018 | 2018 | Land Care Niagara | En croissance | Existante |
| 12 | Île Pelée – rive sud | Ontario | 150 | Aucune | 1 m2 | 2007 | 2007 | S. Brinker et M. Celestino | Inconnue | Existante |
| 13 | Île Hill | Ontario | 59 007 | Aucune | 500 m2 | 2014 | 2008 | S. Thompson | Inconnue | Existante |
| 14 | Île Grenadier | Ontario | 3 600 | Aucune | 120 m2 | 2008 | 2008 | S. Thompson | Inconnue | Existante |
| 15 | Marina de Leamington | Ontario | 18 | 1 clone de 2 m2 (2011); 86 tiges formant 1 clone (2010); 1 clone de 1,4 m2 (2009) | 2 m2 | 2018 | 2018 | Tammy Dobbie | Stable | Existante |
| 16 | Lac Sharbot | Ontario | 0 | Inconnues | 0 | 2018 | 2012 | Inconnu | Disparition | Existante |
| 17 | Île Ronde | Québec | 0 | Inconnues (grande population selon Jolicoeur et Couillard [2007]) | 0 | Inconnue | 1951 | Inconnu | Sans objet | Disparue |
| 18 | Rivière des Mille-Îles (portion ouest et centrale) | Québec | 1 171 920 (relevé de 2014) | Voir tableau 2 | 19 530,72 m2 (relevé de 2014) | 2017 | 2017 | Éco-Nature | En déclin | Existante |
| 18 | Rivière des Mille-Îles (portion est) | Québec | 4 181 | 10 261 tiges (2007) | 136 m2 | 2020 | 2018 et 2020 | Éco-Nature (2018); Bureau d’écologie appliquée (2020) | En déclin | Existante |
| 19 | Rivière Godefroy | Québec | 705 | 6 201,63 m2 (2014), mais pas d’estimation de l’abondance; 25 000 tiges (1994) | 30 m2 | 2018 | 2018 | Bureau d’écologie appliquée | En déclin | Existante |
| 20 | Kahnawake | Québec | 0 | Inconnues | 0 | Inconnue | 1940 | Inconnu | Sans objet | Disparue |
| 21 | Île aux Cochons | Québec | 0 | Inconnues | 0 | Inconnue | 1967 | Inconnu | Sans objet | Disparue |
| 22 | Île Plate (île Verte) | Québec | 0 | Inconnues | 0 | Inconnue | 1934 | Inconnu | Sans objet | Disparue |
| 23 | Saint-Lambert | Québec | 0 | Inconnues | 0 | Inconnue | 1950 | Inconnu | Sans objet | Disparue |
| 24 | Île Rock | Québec | 53 376 | 70 000 tiges (2007); 3 000 tiges (1998); 1 000 tiges (1977); 848 tiges (1976) | 493,5 m2 | 2017 | 2017 | Héritage Laurentien | Stable | Existante |
| 25 | Île Jésus – rivière des Prairies | Québec | 0 | Inconnues | 0 | 2018 | 1972 | Inconnu | Disparition | Historique |
| 26 | Brosseau | Québec | 0 | Tiges | 0 | Tiges | 1948 | Inconnu | Sans objet | Disparue |
| 27 | Île des Sœurs | Québec | 0 | Inconnues | 0 | Inconnue | 1964 | Inconnu | Sans objet | Disparue |
| 28 | Longueuil | Québec | 0 | Inconnues | 0 | 2018 | 1952 | Inconnu | Disparition | Historique |
| 29 | Île Bélair | Québec | 0 | Inconnues | 0 | 2018 | 2009 | Inconnu | Disparition | Existante |
| 30 | Saint-Michel-de-Bellechasse | Québec | 7 | 5 tiges (2015) | 1 m2 | 2018 | 2018 | Bureau d’écologie appliquée | Stable | Existante |
| Année | Superficie totale (m2) | Nombre de tiges |
|---|---|---|
| 2004 | 33 761,7 | 24 747 326 |
| 2005 | 28 421,1 | 20 832 666 |
| 2006 | 33 464,5 | 24 529 478 |
| 2007 | 34 548,1 | 25 323 757 |
| 2009 | 26 769,7 | Sans objet |
| 2010 | 4 566 (incomplète) | Sans objet |
| 2011 | 19 883,1 | 614 156 |
| 2012 | 16 070,64 | Sans objet |
| 2013 | 19 653,39 | Sans objet |
| 2014 | 19 530,72 | 1 171 920 |
Note 1 : La superficie totale, exprimée en mètres carrés, tout comme le nombre de tiges, correspond uniquement à la portion ouest et centrale de la sous-population de la rivière des Mille-Îles. Il s’agit néanmoins de la majeure partie de la sous-population.
Note 2 : Le nombre de tiges estimé, lorsque disponible, a été calculé en multipliant la superficie des colonies délimitées par une densité type mesurée sur le terrain, puis en ajoutant le dénombrement des individus et des petites colonies isolées. Pour les années 2004 à 2007, la densité type (733 tiges par mètre carré) provient du relevé de 2004. Pour 2011 et 2014, la densité type provient des calculs effectués pour l’année en question.
Note 3 : Le nombre de tiges n’a pas été calculé par les observateurs d’Éco-Nature pour 2009, 2010, 2012 et 2013.
Note 4 : Le relevé de 2010 est incomplet, car le niveau de l’eau (crue) a empêché la réalisation de relevés exhaustifs. Néanmoins, les observations qualitatives de 2010, confirmées par les relevés exhaustifs de 2011, indiquent un déclin très marqué de la sous-population par rapport au niveau de 2009.
Note 5 : Le nombre de tiges signalé pour cette sous-population est de 225 000 en 1994 et de 2 500 000 en 1995 (White, 2000), mais on considère que ces nombres ont été sous-estimés (Labrecque, comm. pers., 2021).
Au Canada, la carmantine d’Amérique se trouve à la limite nord de son aire de répartition (Parks Canada Agency, 2011). Or, les espèces à la limite nord de leur aire de répartition forment généralement de plus petites populations (Nantel et Gagnon, 1999) et sont ainsi plus sensibles à l’effet fondateur, à la dérive génétique et à l’introgression, qui sont tous des facteurs de réduction de la diversité génétique (Maslovat, 2009).
Les colonies de l’île Dufferin et de la rivière Welland/ruisseau Lyons sont considérées comme des sous-populations distinctes malgré la courte distance qui les sépare (environ 2 km), car il est peu probable que des graines ou des fragments de plantes se déplacent entre la sous-population de l’île Dufferin et la rivière Niagara, dont elle est physiquement séparée par des installations de gestion des eaux.
La carmantine d’Amérique est reconnue pour sa propagation végétative étendue, qui la rend parfois envahissante et indésirable aux États-Unis (Penfound, 1940; Couch, 1976). Bien que sa reproduction sexuée soit peu connue (Ontario Ministry of Natural Resources, 2013), il semble qu’elle puisse jouer un rôle important dans la propagation de la plante, notamment au cœur de son aire de répartition (Penfound, 1940). Au Canada, la viabilité des graines a été testée pour deux sous-populations distinctes : celle de la rivière Welland/ruisseau Lyons et celle de la rivière des Mille-Îles. Dans les deux cas, le taux de germination était nul (Bisson et al., 2003; Vasseur, comm. pers., 2019). Par ailleurs, les observations faites sur le terrain laissent croire que la propagation végétative est responsable de la majeure partie (voire de la totalité) de la propagation de l’espèce au Canada (Deshaies, obs. pers.; Lachance, obs. pers.; Groff, comm. pers., 2018; Poulin, comm. pers., 2018). La reproduction sexuée limitée de la carmantine d’Amérique au Canada restreindrait grandement sa diversité génétique.
L’isolement géographique des différentes sous-populations pourrait également entraîner une faible diversité génétique. Cette possibilité fait présentement l’objet d’une étude de Liette Vasseur à l’Université Brock (Groff, obs. pers., 2018), étude qui utilise des spécimens provenant des sous-populations suivantes : rivière des Mille-Îles, rivière Welland/ruisseau Lyons et Parc national de la Pointe-Pelée.
Unités désignables
Au Canada, la population totale de la carmantine d’Amérique est comprise dans l’aire écologique des plaines des Grands Lacs, telle que définie par le COSEPAC (2015). De surcroît, il n’existe pas de sous-espèces ou de variétés de la carmantine d’Amérique (Brouillet et al., 2010+; USDA, 2018). Étant donné que l’écologie et l’habitat de l’ensemble des sous-populations canadiennes sont similaires, et qu’on ne dispose d’aucune information sur le caractère distinct ou l’importance sur le plan de l’évolution d’une ou de plusieurs des sous-populations, il convient de considérer la population canadienne comme une seule unité désignable.
Importance de l’espèce
Au Canada, la carmantine d’Amérique se trouve à la limite nord de son aire de répartition. Elle est la seule représentante de la famille des Acanthacées au Canada. Moins de 5 % de la population totale de l’espèce se trouve au Canada (Parks Canada Agency, 2011). Dans un contexte de changements climatiques, la population canadienne de la carmantine d’Amérique revêt une certaine importance, car si le climat devient plus clément au Canada, elle pourrait étendre son aire de répartition en Ontario et au Québec. Le Canada pourrait jouer un rôle important comme refuge climatique dans un tel contexte, notamment en permettant la migration vers le nord de taxons principalement méridionaux, comme la carmantine d’Amérique (Berteaux et al., 2018; Gendreau et al., 2018). Cependant, les sous-populations se trouvant à la limite nord de l’aire de répartition d’une espèce sont généralement de plus petite taille que les sous-populations centrales (Nantel et Gagnon, 1999) et sont ainsi plus susceptibles de présenter une faible diversité génétique (Leimu et al., 2006), ce qui pourrait les rendre moins aptes à s’adapter aux changements globaux à venir. Également, les sous-populations à la limite nord de l’aire de répartition d’une espèce peuvent présenter des taux de croissance plus faibles et plus variables, ce qui les rend plus vulnérables à d’éventuels phénomènes stochastiques ou à des changements globaux plus importants (Nantel et Gagnon, 1999).
Ce rapport ne comprend pas de connaissances traditionnelles autochtones sur cette espèce particulière. La carmantine d’Amérique, comme toutes les autres espèces, a cependant de la valeur pour les peuples autochtones, qui reconnaissent l’importance de toutes les interrelations qui se produisent au sein d’un écosystème.
Répartition
Aire de répartition mondiale
À l’échelle mondiale, la carmantine d’Amérique est présente du Canada jusqu’au Mexique (figure 1). Aux États-Unis, sa répartition s’étend du Wisconsin au Vermont, au nord, jusqu’au Texas et à la Floride, au sud. Le cœur de l’aire de répartition et la plus grande abondance de l’espèce se trouvent dans le Midwest américain (Missouri, Illinois, Indiana, etc.) et dans le sud des Appalaches (Kentucky, Virginie, Virginie-Occidentale, etc.) (Kartesz, 2015). La carmantine d’Amérique est une espèce périphérique sud et est peu répandue au Mexique : elle n’a été signalée que dans les États de Chihuahua et de Coahuila (Villaseñor, 2016).
Veuillez voir la traduction française ci-dessous :
Source: BONAP 2014 = Source : BONAP, 2014
Figure 1. Aire de répartition nord-américaine de la carmantine d’Amérique (excluant le Mexique). (Source : Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, 2019)
Longue description
Figure 1. Carte montrant l’aire de répartition nord‑américaine de la carmantine d’Amérique (excluant le Mexique).
Aire de répartition canadienne
Au Canada, la carmantine d’Amérique est confinée aux régions où les conditions climatiques sont les plus clémentes (figure 2). Elle se trouve exclusivement dans l’aire écologique des plaines des Grands Lacs (COSEWIC, 2015), plus particulièrement de l’extrême sud-ouest de l’Ontario (lac Érié) jusqu’à l’extrémité est du haut estuaire du Saint-Laurent (aux environs de l’île d’Orléans, au Québec). Dans ce grand corridor hydrique chevauchant le sud de l’Ontario et du Québec, la carmantine d’Amérique compte 13 sous-populations existantes, 5 sous-populations historiques et 12 sous-populations disparues.Note de bas de page 1
Veuillez voir la traduction française ci-dessous :
Kilometres = Kilomètres
Justicia americana distribution in Canada = Répartition des sous-populations du Justicia americana au Canada
Extant = Existante
Historical = Historique
Extirpated = Disparue
Extent of Occurrence [historical and extant] = Zone d’occurrence (historique et existante)
EOO [minimum convex polygon]: 58 371 km2 = Zone d’occurrence (plus petit polygone convexe) : 58 371 km2
EOO [within Canada’s jurisdiction]: 53 241 km2 = Zone d’occurrence (à l’intérieur du territoire canadien) : 53 241 km2
Index of Area of Occupancy = Indice de zone d’occupation (IZO)
IAO [historical and extant]: 57 grids = 228 km2 = IZO (historique et existant) : 57 carrés = 228 km2
Figure 2. Répartition de la carmantine d’Amérique au Canada
Longue description
Figure 2. Carte montrant la répartition de la carmantine d’Amérique au Canada, incluant les sites historiques et les sites disparus. La zone d’occurrence est indiquée.
Les sous-populations canadiennes sont en général très distantes les unes des autres (de quelques kilomètres à quelques centaines de kilomètres) (figure 2). De plus, malgré la continuité du milieu hydrique entre le lac Érié, le lac Ontario et le fleuve Saint-Laurent, les zones d’habitat potentiel sont en réalité largement dispersées en raison de la navigation et des aménagements hydroélectriques. Finalement, les rives des lacs Érié et Ontario et du fleuve Saint-Laurent sont grandement altérées par endroits, ce qui limite les possibilités de colonisation par la carmantine d’Amérique.
D’un point de vue historique, la répartition canadienne de la carmantine d’Amérique semble avoir peu changé. Parmi les ajouts récents à la répartition connue de l’espèce, la petite sous-population (ne comptant qu’un seul clone) de Saint-Michel-de-Bellechasse (découverte en 2015) est inhabituelle en ce sens qu’elle se situe dans la région du haut estuaire du Saint-Laurent. Il s’agit d’une zone où d’importantes marées quotidiennes sont observées (Fisheries and Oceans Canada, 2019), ce qui est atypique de l’habitat de l’espèce. Cela dit, la carmantine d’Amérique peut tolérer d’importantes fluctuations du niveau de l’eau (Fritz et al., 2004a; Strakosh et al., 2005; Jolicoeur et Couillard, 2007), mais les effets sur la santé des colonies sont parfois contradictoires et sont mal compris (Parks Canada Agency, 2011). La sous-population de Saint-Michel-de-Bellechasse, située à 180 km au nord-est de la sous-population la plus proche (rivière Godefroy), est également isolée. La région des Mille-Îles du fleuve Saint-Laurent, en Ontario, n’était pas connue pour abriter l’espèce jusqu’à ce que de nouvelles colonies soient découvertes autour de l’île Grenadier et de l’île Hill (2008). La sous-population du lac Sharbot, récemment découverte (2012), n’est pas directement reliée au fleuve Saint-Laurent (bien qu’elle se situe dans le bassin versant du fleuve Saint-Laurent).
En Ontario, toutes les sous-populations historiques et disparues sauf une se trouvent le long des rives du lac Érié et de certaines de ses îles. Au Québec, c’est la région de Montréal qui héberge la totalité des sous-populations historiques et disparues. Le remblayage lié au développement urbain ainsi que le dragage de la voie maritime du Saint-Laurent auraient contribué à la disparition de ces sous-populations (Jolicoeur et Couillard, 2007).
Zone d’occurrence et zone d’occupation
Selon les lignes directrices du COSEPAC (2015), la zone d’occurrence de la carmantine d’Amérique au Canada, mesurée en traçant un polygone convexe autour des sous-populations existantes et historiques, est de 53 241 km2.
L’indice de zone d’occupation (IZO) des sous-populations existantes et historiques de la carmantine d’Amérique au Canada, déterminé au moyen d’une grille à carrés de 2 km de côté, est de 228 km2. La zone d’occupation totale réelle est estimée à 0,02 km2.
Activités de recherche
La carmantine d’Amérique a toujours été considérée comme rare au Canada (Parks Canada Agency, 2011). L’espèce a été signalée pour la première fois en 1792 par André Michaux à Laprairie, au Québec (Marie-Victorin, 1929, cité dans Rousseau, 1974). Rousseau (1974) la considérait d’ailleurs exclusive à l’archipel d’Hochelaga, qui est formé de plus de 300 îles et îlots au confluent de la rivière des Outaouais et du fleuve Saint-Laurent (NCC, 2019). L’archipel comprend les îles et îlots sur la rivière des Mille-Îles, la rivière des Prairies et la portion du fleuve Saint-Laurent autour de l’île de Montréal (NCC, 2019). La mention la plus vieille de la sous-population de la rivière Godefroy date de 1973 (Canadensys, 2019). Étant donné la capacité de l’espèce de former des colonies, sa grande taille et sa floraison intéressante, il est peu probable que des colonies n’aient pas été aperçues et notées par les botanistes du 20e siècle, du moins dans la région de Montréal. Cependant, la propagation possible de l’espèce par fragmentation de tiges et de rhizomes (Strakosh et al., 2005; Collingsworth et al., 2007; Touchette et al., 2011), de même que la découverte de la sous-population de Saint-Michel-de-Bellechasse, laissent croire qu’il est fort possible que d’autres colonies soient présentes (ou aient déjà été présentes) le long du fleuve Saint-Laurent. Cela dit, les bandes riveraines du Saint-Laurent constituent, dans ces régions, un environnement très dynamique soumis à une grande variabilité intra et interannuelle, ce qui pourrait signifier que la plupart de ces colonies pionnières sont éphémères. Cette hypothèse a été avancée pour expliquer la disparition soudaine de certaines sous-populations en Ontario (White, 2000). Strakosh et al. (2005) et Touchette et al. (2011) ont d’ailleurs constaté des taux de mortalité élevés après transplantation dans certaines conditions environnementales, par exemple des inondations.
En Ontario, la première mention de la carmantine d’Amérique (sous-population de l’île Dufferin) date de 1879, suivie par une mention de 1891 à Kingsville, sur les rives du lac Érié (NHIC, 2018). Cette dernière sous-population est maintenant considérée comme disparue. La plupart des observations de la carmantine d’Amérique en Ontario ont été faites à l’intérieur ou à proximité de parcs nationaux (parc national de la Pointe-Pelée, parc national des Mille-Îles) ou provinciaux (parc provincial Port Burwell, parc provincial Rondeau) ou dans des marinas (Leamington). Il s’agit donc de lieux à fréquentation humaine modérée à élevée, souvent visités par les botanistes (mis à part la marina), ce qui augmente la probabilité que la carmantine d’Amérique y soit observée.
Dans le cadre de la préparation du présent rapport de situation, les rédacteurs ont réalisé des relevés sur le terrain et ont demandé des données à des collaborateurs. L’objectif était de faire une mise à jour des renseignements sur les sous-populations connues de l’espèce, principalement les sous-populations existantes et les sous-populations historiques (tableau 1). Les sites des sous-populations disparues n’ont pas fait l’objet de relevés sur le terrain.
Toutes les sous-populations (existantes, historiques et disparues) sont incluses dans les cartes de répartition (p. ex. figure 2).
Habitat
Besoins en matière d’habitat
D’après l’Agence Parcs Canada (2011), la carmantine d’Amérique a besoin d’un habitat dynamique et assez ouvert où la compétition de la part d’autres plantes aquatiques est faible ou nulle (Rousseau, 1974; Varga, 1984; Strakosh et al., 2005). L’espèce pousse le long de cours d’eau, dans l’estuaire du Saint-Laurent et en bordure de lacs peu profonds, sur un substrat de gravier, de sable ou de matière organique. Elle peut aussi pousser sur des tapis de tourbe flottants, dans des marais à quenouilles (Typha spp.) (Brinker, 2007, cité dans Parks Canada Agency, 2011) ou sur des substrats argileux ou rocheux (Jolicoeur et Couillard, 2007). La carmantine d’Amérique peut survivre dans des eaux atteignant 1,2 m de profondeur (Penfound, 1940) et tolère bien les sécheresses et les périodes où la couverture d’eau est moindre ou nulle, pourvu que le sol reste humide (Jolicoeur et Couillard, 2007). L’espèce doit en effet toujours maintenir ses racines sous la nappe phréatique (Varga, 1984, cité dans Parks Canada Agency, 2011). La carmantine d’Amérique tolère bien les fluctuations modérées du niveau de l’eau et les niveaux élevés de turbidité (Niering et Olmstead, 1997; Dick et al., 2004; Smart et al., 2005). L’espèce est connue pour vivre en eau douce (Parks Canada Agency, 2011; USDA, 2019).
Avant que la sous-population de Saint-Michel-de-Bellechasse ne soit découverte à l’extrémité est du haut estuaire du Saint-Laurent, aucune sous-population n’avait été observée dans cette portion du fleuve Saint-Laurent au Canada (Working Group on the State of the St. Lawrence Monitoring, 2014). La salinité réelle à laquelle la colonie est exposée devrait cependant être mesurée afin d’évaluer l’importance réelle de cette sous-population. En ce qui concerne le pH de l’eau, la carmantine d’Amérique ne peut pas survivre à des pH de 5,5 ou moins (Koryak et Reilly, 1984; Adams et al., 1973, cité dans Parks Canada Agency, 2011). Il semble même que les eaux dures ainsi que l’abondance de matière organique favorisent la croissance de l’espèce (Hill, 1981; Howell, 1975, cité dans Parks Canada Agency, 2011).
Tendances en matière d’habitat
Au cours du 20e siècle, le développement a exercé de fortes pressions sur l’habitat de la carmantine d’Amérique, qui a subi des pertes importantes. Les principales pressions provenaient du remblayage et du développement urbain, ainsi que de la construction de la voie maritime du Saint-Laurent et de la mise en place de grandes infrastructures dans la région du Niagara et ailleurs (Jolicoeur et Couillard, 2007). Au moins un quart des sous-populations sont à présent isolées, séparées des autres par des centaines de kilomètres à cause d’infrastructures (barrages, routes, etc.). Dans les dernières décennies, il y a eu relativement peu de perte réelle d’habitat causée par l’activité humaine. Les berges et bandes riveraines des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent sont de plus en plus incluses dans des aires protégées, et des lois de plus en plus sévères encadrent leur usage. Les pertes récentes d’habitat se sont principalement produites sur des berges et, dans une moindre mesure, dans des zones littorales, surtout par suite de l’invasion par des espèces exotiques.
Biologie
Cycle vital et reproduction
Le cycle vital et la reproduction de la carmantine d’Amérique sont peu connus. D’après Penfound (1940), la reproduction sexuée pourrait jouer un rôle important dans la propagation de la plante au Tennessee, mais on dispose de peu d’observations ou d’indicateurs récents permettant de confirmer que c’est aussi le cas au Canada. Dans certaines sous-populations, l’abondance de fruits a été constatée (Jolicoeur et Couillard, 2007) tandis que dans d’autres, les fruits semblent absents (MacPhail, 2013, cité dans MacPhail, 2015).
La pollinisation est assurée par quelques grands groupes d’insectes, dont les bourdons et les syrphes (MacPhail, 2015). Cependant, il n’est pas clair si l’espèce est autofertile ou si elle a besoin de pollinisation croisée. Le taux de germination des graines dans les populations naturelles n’est pas connu, mais il semble que ce ne soit pas la reproduction sexuée qui permette aux colonies de la carmantine d’Amérique de croître et de se propager. L’espèce se développe habituellement à partir d’un réseau dense de stolons et de rhizomes (Jolicoeur et Couillard, 2007) qui peuvent s’implanter profondément dans le substrat, améliorant ainsi la stabilité des berges et la rétention du sol (Fritz et al., 2004a). Des fragments de tiges ou de stolons peuvent aussi dériver le long de cours d’eau et s’établir lorsqu’ils finissent par se déposer sur la rive (Penfound, 1940).
Au Canada, la carmantine d’Amérique fleurit de juillet jusqu’à la mi-septembre (Comité Flore québécoise de FloraQuebeca, 2009). La production d’une plante en fleurs à partir d’une graine prend au moins un an (Penfound, 1940). Comme cette espèce est la seule représentante du genre Justicia dans son aire de répartition canadienne, le potentiel d’hybridation est nul.
Physiologie et adaptabilité
Puisque la carmantine d’Amérique est une espèce vivace se reproduisant principalement de manière végétative, il est probable que la diversité génétique au sein des sous-populations canadiennes soit faible, entraînant une capacité d’adaptation moindre aux changements et aux stress environnementaux (White, 2000). Cependant, l’espèce arrive à survivre et à se reproduire malgré l’effet que peuvent avoir les fluctuations du niveau de l’eau sur son habitat. Ses tiges sont flexibles et possèdent un système fibrovasculaire et un aérenchyme bien développés, ce qui rend la plante résistante aux crues et aux fluctuations importantes du niveau de l’eau (Penfound, 1940). Les rhizomes profonds de la plante lui assurent un accès à l’eau en tout temps, même en cas de sécheresse (Jolicoeur et Couillard, 2007). Par contre, des expériences en serre réalisées par Touchette et al. (2008) montrent que la carmantine d’Amérique est sensible aux conditions de sécheresse, puisque la totalité des plantes soumises à la sécheresse étaient mortes au bout de trois semaines de stress hydrique. En période de croissance, la plante semble plus vulnérable aux crues ou aux niveaux d’eau anormalement élevés ainsi qu’au manque de lumière et à la sécheresse (Fritz et al., 2004a; Strakosh et al., 2005). Les crues printanières, par contre, ont peu d’incidence sur l’espèce, car elle est alors en dormance (Haslam, 1978, cité dans Strakosh et al., 2005). Lorsqu’une crue extrême et de longue durée survient pendant la période de croissance, il est possible que la plante n’ait pas accès à suffisamment de lumière pour assurer sa reproduction et sa survie. Des essais en milieu contrôlé viennent appuyer cette hypothèse, car ils montrent que plus il y a de lumière disponible, plus la biomasse totale de la plante est élevée (Fritz et al., 2004a).
Le taux de survie de la carmantine d’Amérique est plus élevé dans des conditions d’assèchement que d’inondation (Strakosh et al., 2005). Une autre adaptation intéressante liée à la reproduction végétative de l’espèce est le transfert qui se fait entre la plante mère et les clones en période de sécheresse. Lors de l’expansion d’une colonie, en effet, la plante mère contribue à fournir les éléments nutritifs essentiels à ses clones (Touchette et al., 2011). En contrepartie, le clone soumis à une sécheresse envoie un signal vers la plante mère indiquant que la colonie devrait activer des mécanismes d’adaptation (p. ex. feuilles succulentes) pour pallier les conditions difficiles à venir.
Des taux de germination nuls ont été obtenus lors d’essais menés sur un nombre restreint de graines provenant de la sous-population de la rivière des Mille-Îles (Bisson et al., 2003) et de la rivière Welland/ruisseau Lyons (Vasseur, obs. pers., 2019). Cependant, les chercheurs cités avancent la possibilité que la méthodologie utilisée dans ces premiers essais pour stimuler la germination n’était pas optimale (Bisson et al., 2003; Vasseur, obs. pers., 2019). Par contre, la reproduction végétative a été testée avec succès lors d’essais de propagation de l’espèce à partir de fragments de tiges, dans la mesure où les fragments récoltés produisaient des tiges et des feuilles en conditions de culture appropriées (Strakosh et al., 2005; Collingsworth et al., 2007; Touchette et al., 2011). À cet effet, il semble que la culture de la carmantine d’Amérique sur un substrat inondé plutôt que seulement saturé produise de meilleurs résultats en ce qui concerne la propagation de l’espèce en milieu contrôlé (Touchette et al., 2011). De plus, il est préférable d’attendre que les fragments de tiges développent un système racinaire avant de les transplanter, étant donné que l’espèce vit dans des milieux dynamiques sur le plan hydrologique (Collingsworth et al., 2007). Selon cette dernière étude, le développement des racines montre ses premiers signes au onzième jour en milieu contrôlé, tandis qu’en milieu naturel, il débute au bout d’environ un mois. Lors d’un essai réalisé en milieu naturel à l’endroit où se trouve la sous-population de la rivière des Mille-Îles, des fragments de stolons ont été plantés directement dans un habitat convenable, mais n’ont pas réussi à former une nouvelle plante (Bisson et al., 2003).
Dispersion
La dispersion de la carmantine d’Amérique dépend grandement des courants, des crues, de l’érosion et de la dynamique naturelle des cours d’eau. L’espèce peut également bénéficier de la dispersion par l’homme grâce à la circulation des bateaux et d’autres embarcations (Penfound, 1940; Jolicoeur et Couillard, 2007), comme on l’a observé pour des sous-populations éphémères comme celles de Saint-Michel-de-Bellechasse et du lac Sharbot. Les graines de la carmantine d’Amérique peuvent demeurer à la surface de l’eau pendant au moins une heure. Elles arrivent aussi à germer après avoir été submergées jusqu’à deux jours. L’espèce a le potentiel de se disperser sur de longues distances par ses capsules (fruits), ses graines et ses plantules (Penfound, 1940). Cependant, le taux de germination et le succès de la reproduction sexuée sont peu documentés chez cette espèce au Canada. Le premier mécanisme par lequel la carmantine d’Amérique pourrait étendre son aire de répartition demeure donc la dispersion de fragments de tiges et de stolons par les courants.
Relations interspécifiques
La carmantine d’Amérique ne semble pas dépendre d’autres espèces pour assurer sa survie. L’espèce offre un refuge à une variété d’espèces, comme les moules ou d’autres invertébrés benthiques, car elle aide à stabiliser le milieu (Fritz et al., 2004b); elle rend aussi l’habitat du lit des cours d’eau plus hétérogène (Koryak et Reilly, 1984). Strakosh et al. (2009) et Stahr et Shoup (2015) décrivent les interactions de la carmantine d’Amérique avec les juvéniles de l’achigan à grande bouche, Micropterus salmoides. Groff (2019) mentionne que des sous-populations de l’Ontario sont l’hôte d’une espèce de cuscute (Cuscuta), une plante parasite dont on croit qu’elle inhibe la croissance et le développement de son hôte. La densité de parasites racinaires a une incidence sur la densité de tiges à la fin de la saison de croissance, mais n’a pas d’incidence sur la biomasse totale (Fritz et al., 2004b). Certaines sous-populations sont affectées par les herbivores, principalement le cerf de Virginie (Odocoileus virginianus), qui broute les tiges de la plante (Jolicoeur et Couillard, 2007).
Taille et tendances des populations
Activités et méthodes d’échantillonnage
Au Canada, la carmantine d’Amérique compte 13 sous-populations existantes, 5 sous-populations historiques et 12 sous-populations disparues (tableau 1). Depuis la publication du rapport de situation mis à jour sur la carmantine d’Amérique au Canada (White, 2000), toutes les sous-populations existantes et historiques ont fait l’objet de relevés visant à estimer leur taille et leur étendue. Aucun des sites où se trouvaient les sous-populations disparues, par contre, n’a fait l’objet de recherches depuis l’an 2000.
En 2018, un décompte précis des tiges a été effectué dans les sous-populations dont les colonies étaient de densité faible à moyenne. Lorsque les colonies avaient une densité de tiges élevée, la densité relative était calculée à partir de quadrats représentatifs de la densité observée, puis le nombre total de tiges était extrapolé à partir de la superficie de la colonie et de la densité calculée. De manière générale, dès qu’une colonie ou qu’un individu isolé de la carmantine d’Amérique était observé, ses coordonnées GPS étaient notées. Les seules exceptions à cette règle sont les sous-populations de l’île Rock, de l’île Dufferin, d’un tronçon de la rivière des Mille-Îles (entre le barrage des Moulins et l’embouchure de la rivière Mascouche) et de la rivière Welland/ruisseau Lyons. Pour l’île Rock (Di Fiore, 2020) et l’île Dufferin (Groff, obs. pers., 2019), les limites des colonies ont été établies précisément sur le terrain à l’aide d’un GPS. Pour la sous-population de la rivière Welland/ruisseau Lyons, la taille des colonies les plus étendues était évaluée à l’aide d’un équivalent visuel de superficie (un canot = environ 5 m × 1 m), et un point GPS était habituellement pris au début et à la fin de la colonie concernée (Groff, obs. pers., 2019). Pour le tronçon de la rivière des Mille-Îles mentionné plus haut, toutes les colonies ont été délimitées à l’aide d’un GPS de 2004 à 2007, mais seules les colonies de plus de 6 m2 ont été incluses dans la superficie totale, qui représente tout de même plus de 99 % de la superficie des colonies prises en compte (Bisson et Gauvin, 2008). De 2009 à 2014, les colonies constituées de plus de 100 tiges ont été délimitées à l’aide d’un GPS. Les autres colonies ou tiges isolées ont été uniquement localisées par un point GPS (Poulin, obs. pers., 2018).
En ce qui concerne les sous-populations de la carmantine d’Amérique visitées depuis la publication du rapport de situation mis à jour (White, 2000), les données sur l’abondance et la superficie sont considérées comme relativement exactes, bien qu’il s’agisse dans la plupart des cas d’estimations, tant pour l’abondance que pour la superficie. Quant aux sous-populations de l’île Hill et de l’île Grenadier, elles n’ont pas été visitées depuis 2008, ce qui fait que les données présentées sont les mêmes que celles publiées par l’Agence Parcs Canada (2011).
La carmantine d’Amérique est absente de la majeure partie de son habitat potentiel au Canada. Les sous-populations sont pour la plupart isolées, mais de grandes étendues d’habitat potentiel plus ou moins continues relient souvent celles-ci. Cela dit, les tendances historiques telles que consignées par Rousseau (1974) et White (2000) semblent indiquer qu’au Canada, l’espèce a toujours été rare et localisée.
Abondance
La population canadienne totale de la carmantine d’Amérique est estimée à 1 432 595 individus matures (tableau 1). Selon le COSEPAC (2015), un individu mature est un individu capable de se reproduire, ce qui inclut les individus (unités reproductrices) qui font partie d’un même clone. Étant donné que les plantes de carmantine peuvent se reproduire de manière végétative par fragmentation, chaque tige est considérée comme un individu mature. Cependant, le nombre de clones constituant cette population est beaucoup plus faible, bien qu’il ne soit pas connu de façon exacte. Il n’est d’ailleurs pas exclu qu’un seul clone ait pu donner naissance à des sous-populations distinctes (p. ex., celles de l’île Dufferin et de la rivière Welland/ruisseau Lyons, celles de l’île Middle [historique] et de l’île Pelée – rive sud). Les analyses génétiques qui seront réalisées (voir Structure spatiale et variabilité de la population) devraient donner un premier aperçu de cet aspect entièrement inconnu de la population canadienne de la carmantine d’Amérique.
Fluctuations et tendances
En ce qui concerne la tendance historique globale pour la population canadienne, la carmantine d’Amérique est en déclin. Les sous-populations les plus petites (île Bélair, marina de Leamington, Saint-Michel-de-Bellechasse, lac Sharbot) pourraient n’être que des colonies éphémères, phénomène qui a déjà été observé en Ontario (Parks Canada Agency, 2011). Les sous-populations de l’île Bélair et du lac Sharbot n’ont d’ailleurs pas été retrouvées en 2018.
Lors de la publication du dernier rapport de situation sur la carmantine d’Amérique (White, 2000), la population canadienne était d’environ 2 730 000 individus. Cependant, Labrecque (comm. pers., 2021) a récemment affirmé que les premières estimations de l’effectif de la sous-population de la rivière des Mille-Îles étaient sous-évaluées, car les observateurs n’avaient alors pas tenté de faire le relevé de l’ensemble de la sous-population. En 2007, la population canadienne totale était estimée à près de 25 500 000 tiges (Parks Canada Agency, 2011) à partir des relevés les plus à jour du CIPN (2010), du CDPNQ (2006) et de Bisson et Gauvin (2008). Ceci représente une population plus de huit fois plus élevée qu’en 2000, mais comme il est mentionné ci-dessus, les premières estimations sont considérées comme trop faibles. Quant à l’estimation de 2020 (1 432 595 tiges), elle ne représente qu’environ 5,6 % de celle de 2007. Ce déclin résulte principalement du déclin encore plus marqué de la sous-population de la rivière des Mille-Îles. Le nombre total de tiges indiqué pour cette sous-population dans le programme de rétablissement (Parks Canada Agency, 2011) n’est pas exact, car il ne prend pas en compte la portion est de la sous-population, qui totalise environ 104 261 tiges (Bisson et al., 2006). En 2007, on estimait que la portion ouest et centrale de la sous-population de la rivière des Mille-Îles comprenait 25 323 757 tiges (Bisson et Gauvin, 2008). Le grand total de la sous-population de la rivière des Mille-Îles estimé pour 2007 est donc de 25 428 018 tiges. Les données utilisées pour évaluer l’effectif actuel de la sous-population de la rivière des Mille-Îles ont été produites en 2014 pour la portion ouest et centrale, et en 2018 pour la portion est. Le total combiné pour les années 2014, 2018 et 2020 (1 176 101 tiges) représente 4,6 % du total de 2007.
Les données démographiques pour la portion de la sous-population de la rivière des Mille-Îles ayant fait l’objet d’un suivi entre 2004 et 2014 inclusivement sont présentées dans le tableau 2. Elles montrent que la superficie et l’abondance de cette portion de la sous-population ont subi un déclin important entre le début et la fin du suivi. Plus précisément, la sous-population est restée relativement stable de 2004 à 2007, puis a commencé à diminuer en 2009 – d’abord graduellement, puis de façon marquée en 2010. La superficie estimée pour 2014 (19 530,72 m2) équivaut à 56,5 % de celle estimée pour 2007 (34 548,1 m2). Il convient de noter qu’au cours de cette période, l’abondance a subi un déclin beaucoup plus important que la superficie; il semble donc que bien qu’il y ait eu un déclin majeur de la densité de tiges, l’étendue spatiale des colonies le long de la rivière des Mille-Îles soit demeurée essentiellement la même (bien que les colonies elles-mêmes aient vu leur taille réduite).
Lorsqu’on s’attarde aux autres sous-populations existantes, on observe différentes tendances. Les sous-populations de l’île Dufferin et de la rivière Welland/ruisseau Lyons sont en expansion. Même si la taille de ces sous-populations a fluctué, et qu’il se peut qu’un échantillonnage de cinq ans soit insuffisant pour détecter les tendances à long terme, les projections de population modélisées pourraient s’avérer utiles. La sous-population de l’île Rock s’est stabilisée après une période de forte croissance. Certaines sous-populations très petites (marina de Leamington et Saint-Michel-de-Bellechasse) sont stables, d’autres (parc national de la Pointe-Pelée, rivière Godefroy) sont en déclin, et d’autres n’ont pas été retrouvées lors de la dernière visite (île Bélair, lac Sharbot). La tendance des autres sous-populations existantes est inconnue, parce qu’elles n’ont pas fait l’objet de relevés assez fréquents ou assez récents (île Grenadier, île Hill, île Pelée – rive sud). Aucune des sous-populations historiques n’a été retrouvée, mais chacune d’entre elles a été revisitée. À noter que dans le cas des sous-populations de la rivière des Prairies et de Longueuil, les mentions historiques n’étaient pas associées à un site précis et l’habitat potentiel couvrait de grandes superficies; le relevé effectué en 2018 ne peut donc être qualifié que de partiel.
En somme, la sous-population de la rivière des Mille-Îles semble s’être stabilisée après avoir connu un déclin majeur. Certaines sous-populations plus petites sont en déclin, alors que d’autres sont stables ou même en augmentation. Il est donc difficile de prévoir la tendance future de la population canadienne de la carmantine d’Amérique.
Immigration de source externe
Étant donné la grande capacité de propagation végétative de la carmantine d’Amérique, de nouvelles colonies pourraient se former rapidement à partir de fragments produits par une colonie existante. L’espèce est présente dans la partie nord de tous les États américains en bordure des lacs Érié et Ontario (Kartesz, 2015). Les sous-populations de l’île Hill et de l’île Grenadier sont situées tout près de celles poussant sur l’île Wellesley, dans l’État de New York (NHIC, 2018). L’immigration à partir d’occurrences américaines n’est donc possible que pour quelques sous-populations, notamment celles du lac Ontario.
Menaces et facteurs limitatifs
Menaces
Bien que dans le passé la perte d’habitat par le remblayage ait contribué à la disparition de plusieurs sous-populations (Parks Canada Agency, 2011), elle ne constitue plus la principale menace à présent. Les menaces directes pesant sur la carmantine d’Amérique qui sont abordées dans le présent rapport ont été organisées et évaluées d’après le système unifié de classification des menaces de l’UICN-CMP (Union internationale pour la conservation de la nature – Partenariat pour les mesures de conservation) (Master et al., 2012; NatureServe, 2015). Les menaces sont définies comme les activités ou les processus immédiats qui ont une incidence directe et négative sur la population. Les résultats de l’évaluation de l’impact, de la portée, de la gravité et de l’immédiateté de ces menaces sont présentés sous forme de tableau à l’annexe A. L’impact global des menaces calculé et attribué pour la carmantine d’Amérique est très élevé à élevé.
7.2 Gestion et utilisation de l’eau et exploitation de barrages (impact moyen à faible)
Presque toutes les sous-populations existantes sont touchées dans une certaine mesure par la gestion des niveaux d’eau, que ce soit en lien avec la voie maritime du Saint-Laurent ou avec des barrages hydroélectriques ou d’autres installations. L’espèce tolère bien les grandes fluctuations du niveau de l’eau, mais une augmentation ou une réduction importante de ce niveau pourrait avoir pour effet de réduire la superficie d’habitat disponible. Cette menace touche presque toutes les sous-populations. De plus, dans le contexte des changements climatiques où l’on prévoit une augmentation de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes dans les régions concernées, on peut penser qu’au moment de prendre des décisions relatives à la gestion des niveaux d’eau le long du réseau hydrographique des Grands Lacs et du Saint-Laurent, la priorité sera donnée à la sécurité du public et aux impératifs économiques plutôt qu’à la conservation de l’habitat d’espèces en péril.
La sensibilité au gel, qui endommage les racines et les stolons de la carmantine d’Amérique, peut être un problème lorsque les niveaux d’eau sont bas. Les sous-populations de l’île Hill et de l’île Grenadier, par exemple, subissent des variations annuelles du niveau de l’eau de l’ordre de 60 à 90 cm, les niveaux d’eau étant artificiellement régulés par des barrages (Ontario Ministry of Natural Resources, 2013).
Deux sous-populations, celles de la rivière Welland et du ruisseau Lyons, pourraient subir les répercussions de travaux visant à améliorer l’efficacité d’une installation hydroélectrique, car le débit d’eau de la rivière Welland s’en trouvera modifié (Benner, 2008). Toutefois, les répercussions sur l’espèce de telles modifications demeurent incertaines, car le niveau d’eau et le débit prévus une fois ces travaux complétés n’ont pas encore été déterminés. Une expérience en serre réalisée par Touchette et al. (2008) montre que la carmantine d’Amérique est sensible aux conditions de sécheresse, la totalité des plantes soumises à des conditions de sécheresse étant mortes au bout de trois semaines de stress hydrique.
8.1 Espèces et gènes envahissants ou autrement problématiques (impact très élevé à élevé)
La présence d’espèces exotiques envahissantes est évaluée comme une menace à impact très élevé à élevé. D’après les connaissances actuelles, ce sont principalement le roseau commun (Phragmites australis ssp. australis) et la quenouille glauque (Typha ×glauca) qui sont en compétition avec la carmantine d’Amérique (Parks Canada Agency, 2011; Di Fiore, 2020).
11. Changements climatiques et phénomènes météorologiques violents (impact moyen à faible)
Les changements climatiques pourraient entraîner des changements importants dans les régimes de précipitations et les conditions hydrologiques. La combinaison de bas niveaux d’eau et de températures froides pourrait provoquer une forte mortalité chez l’espèce si les stolons et les rhizomes sont directement exposés au gel. L’impact de cette menace est évalué comme moyen à faible, car bien que plusieurs phénomènes météorologiques extrêmes se soient déjà produits, il est difficile de prévoir leur fréquence et leur intensité futures, de même que les répercussions qu’ils auront sur les sous-populations. Les risques associés aux changements climatiques touchent la carmantine d’Amérique dans l’ensemble de son aire de répartition.
Autres menaces
Les activités récréatives, de même que le développement résidentiel et commercial, ont un impact potentiel de faible intensité ou localisé, puisque ces menaces ne touchent que quelques sous-populations tout au plus. Une menace incertaine mais essentiellement irréversible est celle du batillage causé par le passage des bateaux dans la voie maritime du Saint-Laurent; cependant, l’action des vagues peut également être bénéfique à l’espèce en créant de nouvelles parcelles d’habitat.
Facteurs limitatifs
La propagation végétative, principal mode de reproduction de la carmantine d’Amérique au Canada, a pour effet de limiter la diversité génétique, ce qui peut rendre l’espèce plus vulnérable aux changements environnementaux (White, 2000). La nature dynamique des sites occupés par l’espèce peut également limiter son établissement et sa persistance.
Nombre de localités
Le nombre de sous-populations existantes connues de la carmantine d’Amérique est de 13, mais comme 2 des sous-populations historiques sont présumées existantes, le total est plutôt de 15. Cependant, certaines petites sous-populations (c.-à-d. île Bélair, Saint-Michel-de-Bellechasse, lac Sharbot et île Pelée – rive sud) sont possiblement éphémères et ne devraient pas être considérées comme des sous-populations établies. Les menaces plausibles les plus graves sont les espèces envahissantes et la fluctuation des niveaux d’eau causée par les changements climatiques ou la gestion de l’eau. D’après ces menaces, rien n’indique qu’une ou plusieurs sous-populations devraient être divisées en plusieurs localités. Ainsi, le nombre de localités se situe entre 11 et 15. Trois sous-populations historiques n’ont pas été prises en compte, car elles n’ont pas été revues depuis au moins 30 ans et sont donc probablement disparues.
Protection, statuts et classements
Statuts et protection juridiques
Le COSEPAC a attribué à la carmantine d’Amérique le statut d’espèce menacée en 1984. Ce statut a été réexaminé et confirmé en 2000. L’espèce a été intégrée à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril en 2003. Elle est désignée menacée en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec depuis 1998. En Ontario, elle est également désignée menacée selon la Loi sur les espèces en voie de disparition depuis 2008 (Parks Canada Agency, 2011). Diverses formes de protection juridique s’appliquent, dont la protection de l’espèce et l’interdiction de récolter la plante entière ou une ou plusieurs de ses parties sans autorisation. L’espèce n’est pas visée par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Un programme de rétablissement (Parks Canada Agency, 2011) a permis de désigner l’habitat essentiel de chacune des dix sous-populations existantes connues à l’époque. Parmi les mesures de rétablissement et les indicateurs de rendement énoncés dans le programme, plusieurs ne semblent pas avoir été mis en œuvre, dont le maintien ou l’accroissement du nombre d’individus, la prise de contact avec plus de 60 % des propriétaires avoisinant les populations existantes afin de les sensibiliser à la présence de l’espèce, et l’élaboration d’un plan d’action avant janvier 2016. Le nombre de sites bénéficiant d’une protection juridique a néanmoins augmenté, et les dix sous-populations dont on a cartographié l’habitat essentiel sont toujours présentes.
Au Québec, un plan de conservation des sous-populations de la carmantine d’Amérique a été élaboré en 2007, dressant les actions prioritaires à mettre en place dans un horizon de cinq ans (Jolicoeur et Couillard, 2007). Parmi celles-ci, un statut d’habitat d’espèces floristiques a été attribué pour la sous-population de la rivière des Milles-Îles en 2011. Le suivi démographique de certaines sous-populations s’est poursuivi, une signalisation a été mise en place et des mesures de sensibilisation des utilisateurs ont également été prises ou sont en cours de réalisation. Parmi les actions non réalisées à ce jour figurent l’évaluation de l’impact du broutement par le cerf de Virginie sur les sous-populations de la rivière Godefroy et de la rivière des Milles-Îles, la caractérisation détaillée du microhabitat des différentes sous-populations ainsi que la poursuite des essais de transplantation et de culture (Jolicoeur et Couillard, 2007). Un plan de conservation de la sous-population de l’île Rock est présentement mis en œuvre (Di Fiore, 2020).
En Ontario, des relevés réalisés de 2006 à 2010 ont permis de découvrir quelques nouvelles sous-populations et de vérifier que d’autres semblaient avoir disparu. L’élaboration d’un programme de rétablissement de l’espèce est en cours (Ontario Ministry of Natural Resources, 2013) mais reste à compléter.
Statuts et classements non juridiques
Selon NatureServe, la carmantine d’Amérique est cotée G5 à l’échelle mondiale et N5 à l’échelle nationale aux États-Unis, ce qui signifie que l’espèce ne risque pas de disparaître de la planète ou de ce pays et qu’elle est commune et abondante. Cependant, l’espèce est cotée N2N3 au Canada, c’est-à-dire qu’elle est considérée comme une espèce à risque élevé à modéré de disparition du pays ou de la planète. Au Québec et en Ontario, la cote infranationale est S2, c’est-à-dire que l’espèce est à risque élevé de disparition (Tardif et al., 2016). Le COSEPAC a d’abord évalué l’espèce comme menacée en 1984 et a confirmé ce statut en 2000.
Aux États-Unis, on retrouve la carmantine d’Amérique dans la plupart des États de l’est du pays. L’espèce est désignée en voie de disparition (« Endangered ») en Iowa, menacée (« Threatened ») au Michigan, vulnérable (« Vulnerable ») en Louisiane et disparue (« Extirpated ») au Vermont. Elle est considérée comme non en péril (« Secure ») dans 7 États, et aucune cote ne lui a été attribuée dans 16 autres États.
Protection et propriété de l’habitat
L’habitat de la carmantine d’Amérique se trouve le long des rives de lacs et de cours d’eau, et donc la plupart du temps sur des terres publiques provinciales ou fédérales. Certaines sous-populations (trois) peuvent se trouver en partie sur des terres privées. Plusieurs des sous-populations sont par ailleurs incluses dans des aires protégées. Au total, neuf sous-populations existantes ou présumées existantes se trouvent dans des aires protégées, que ce soit un parc national fédéral, des parcs provinciaux ou des habitats d’espèces floristiques au Québec (tableau 3). De plus, la sous-population de Saint-Michel-de-Bellechasse, nouvellement découverte, sera incluse dans les limites redéfinies d’un habitat d’espèces floristiques existant (Tremblay, comm. pers.). Si l’on prend en compte cette future protection juridique, la majorité des sous-populations se trouveront à l’intérieur ou à proximité immédiate d’une aire protégée.
| Sous-population | Province | Nom du site | Tendance | Statut | Régime foncier | Protection |
|---|---|---|---|---|---|---|
| 2 | Ontario | Parc national de la Pointe-Pelée | En déclin | Existante | Territoire domanial | Parc national |
| 4 | Ontario | Péninsule Rondeau et Harbour Wetlands | Présumée existante | Historique | Public | Parc provincial |
| 6 | Ontario | Réserve nationale de faune de Long Point | Présumée existante | Historique | Territoire domanial | Réserve nationale de faune |
| 9 | Ontario | Parc provincial Port Burwell | Disparition | Historique | Public | Parc provincial |
| 10 | Ontario | Rivière Welland / ruisseau Lyons (portion rivière Welland) | Inconnue | Existante | Public et privé | Sans objet |
| 10 | Ontario | Rivière Welland / ruisseau Lyons (portion ruisseau Lyons) | En croissance | Existante | Public et privé | Sans objet |
| 11 | Ontario | Île Dufferin | En croissance | Existante | Public | Sans objet |
| 12 | Ontario | Île Pelée – rive sud | Inconnue | Existante | Public | Sans objet |
| 13 | Ontario | Île Hill | Inconnue | Existante | Public | Sans objet |
| 14 | Ontario | Île Grenadier | Inconnue | Existante | Public | Sans objet |
| 15 | Ontario | Marina de Leamington | Stable | Existante | Public | Sans objet |
| 16 | Ontario | Lac Sharbot | Disparition | Existante | Public et privé | Parc provincial |
| 18 | Québec | Rivière des Mille-Îles (portion est) | En déclin | Existante | Public | Habitat floristique |
| 18 | Québec | Rivière des Mille-Îles (portion ouest et centrale) | En déclin | Existante | Public | Habitat floristique |
| 19 | Québec | Rivière Godefroy | En déclin | Existante | Public | Réserve écologique et habitat floristique |
| 24 | Québec | Île Rock | Stable | Existante | Public | Habitat floristique |
| 25 | Québec | Île Jésus, rivière des Prairies | Disparition | Historique | Public | Sans objet |
| 28 | Québec | Longueuil | Disparition | Historique | Public | Sans objet |
| 29 | Québec | Île Bélair | Disparition | Existante | Public | Sans objet |
| 30 | Québec | Saint-Michel-de-Bellechasse | Stable | Existante | Public | Sans objet |
Remerciements et experts contactés
Les rédacteurs du rapport tiennent à remercier tous les collaborateurs qui ont fourni des données ou participé aux relevés visant à mettre à jour la situation de la carmantine d’Amérique : Allen Woodliffe (retraité du MRNFO); Dave Jolly de Earthquest for the Environment; Jason Di Fiore d’Héritage Laurentien; Liette Vasseur de l’Université Brock; Mathilde Poulin d’Éco-Nature; Olivia Groff de Land Care Niagara; Tammy Dobbie, Sheldon Lambert et Joanne Tuckwell de Parcs Canada; Judith Girard d’Environnement et Changement climatique Canada; Courtney Dunn du Centre d’information sur le patrimoine naturel de l’Ontario et Vincent Piché du Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec. Merci également à Sophie Benoit, Jacques Labrecque, Benoit Tremblay et Michèle Dupont-Hébert, du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec, pour avoir produit la carte de l’aire de répartition nord-américaine de la carmantine d’Amérique et pour avoir fourni des renseignements pertinents sur les habitats floristiques abritant l’espèce.
| Nom | Titre | Organisation | Ville | Province/territoire |
|---|---|---|---|---|
| Allen Woodliffe | Biologiste | Ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario (retraité) | Chatham | Ontario |
| Dave Jolly | Biologiste | Earthquest for the Environment | London | Ontario |
| Jacques Labrecque | Botaniste | Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec – Direction de la protection des espèces et des milieux naturels | Québec | Québec |
| Liette Vasseur | Professeure | Department of Biological Sciences, Brock University | St. Catharines | Ontario |
Sources d’information
Benner, A. 2018. OPG to drain Niagara power canal. Welland River flow will temporarily revert to normal. St. Catharines Standard, News, March 18, 2018.
Berteaux, D., M. Ricard, M.H. St-Laurent, N. Casajus, C. Perie, F. Beauregard et S. de Blois. 2018. Northern protected areas will become important refuges for biodiversity tracking suitable climates. Scientific Reports 8:4623.
Bisson, R., G. Dufour et I. Mathieu. 2003. Rapport sur les actions de rétablissement pour la carmantine d’Amérique (Justicia americana). Programme d'intendance de l’habitat des espèces en péril de la rivière des Mille Îles, Phases III et IV. Éco-Nature. Laval. 15 pp. + annexes.
Bisson, R., I. Mathieu, M. Paquette, and L. Plamondon. 2006. Rapport sur les actions de rétablissement pour la carmantine d’Amérique (Justicia americana). Programme d’intendance de l’habitat des espèces en péril de la rivière des Mille Îles, Phase VI. Éco-Nature. Laval. 13 p. + 9 annexes.
Bisson, R. et Gauvin, V. 2008. Rapport sur les actions de rétablissement de la carmantine d’Amérique (Justicia americana) sur la rivière des Mille Îles en 2007-2008. Éco-Nature, Parc de la Rivière des Mille Îles, Laval, iii+25 p.
Brinker, S. 2007. American Water willow (Justicia americana). Detailed Assessment Form General Park Status Ranking. Parks Canada Agency. Draft v1. 8 p.
Brouillet, L., F. Coursol, S.J. Meades, M. Favreau, M. Anions, P. Bélisle et P. Desmet. 2010+. Database of Vascular Plants of Canada (VASCAN). Site Web : http://data.canadensys.net/vascan/search?lang=en [consulté en janvier 2019]. [Également disponible en français : Brouillet, L., F. Coursol, S.J. Meades, M. Favreau, M. Anions, P. Bélisle et P. Desmet. 2010+. Base de données des plantes vasculaires du Canada (VASCAN). Site Web : http://data.canadensys.net/vascan/search?lang=fr]
Canadensys. 2019. Acadia University, Université de Montréal Biodiversity Centre, University of Toronto Mississauga, University of British Columbia. Site Web : http://data.canadensys.net/explorer [consulté en janvier 2019]. [Également disponible en français : Canadensys. 2019. Université Acadia, Centre sur la biodiversité de l’Université de Montréal, Université de Toronto à Mississauga, Université de la Colombie-Britannique. Site Web : http://data.canadensys.net/explorer]
CDPNQ. 2006. Liste des occurrences de Justicia americana répertoriées au Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ). Gouvernement du Québec, Ministère de l’Environnement, Direction de la conservation et du patrimoine écologique. 6 p.
CDPNQ. 2018. Liste des occurrences de Justicia americana répertoriées au Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ). Gouvernement du Québec, Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Direction de la conservation et du patrimoine écologique. 6 p.
CEHQ. 2019. Centre d’expertise hydrique du Québec. Fiche signalétique de la station 043205 (Barrage du Grand-Moulin), fichiers historiques des niveaux. Gouvernement du Québec. Site Web : https://www.cehq.gouv.qc.ca/hydrometrie/historique_donnees/fiche_station.asp?NoStation=043205 [consulté en janvier 2019].
Collingsworth, P., R.A. Oster, C.W. Hickey, R.C. Heidinger et C.C. Kohler. 2007. Effect of propagule type and holding method on survival of transplanted water willow (Justicia americana). Journal of Aquatic Plant Management 45:61-62.
Comité flore québécoise de FloraQuebeca. 2009. Plantes rares du Québec méridional. Guide d’identification produit en collaboration avec le Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ). Les Publications du Québec, Québec. 406 p.
COSEWIC (Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada). 2015. Instructions for preparing COSEWIC status reports. Site Web : https://www.canada.ca/en/environment-climate-change/services/committee-status-endangered-wildlife/instructions-preparing-status-reports.html [consulté en décembre 2018 et janvier 2019]. [Également disponible en français : COSEPAC (Comité sur la situation des espèces en péril du Canada). 2015. Directives pour la préparation de rapports de situation du COSEPAC. Site Web : https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/comite-situation-especes-peril/directives-redaction-rapports-situation.html]
Couch, R. 1976. Reconnaissance survey of aquatic weed infestation in lakes and navigable streams in Oklahoma. pp. 25-35 In U.S. Army Corps of Engineers (ed.). Proceedings of the Research Planning Conference on the Aquatic Plant Control Program. U.S. Army Engineer Waterways Experiment Station, Miscellaneous Paper A-76-1, Vicksburg.
Dick, G. O., R. M. Smart et J. K. Smith. 2004. Aquatic vegetation restoration in Cooper Lake, Texas: a case study, U.S. Army Corps of Engineers, Research and Development Center, Report ERDC/EL TR-04-05 Mississippi: Vicksburg.
Di Fiore, 2020. Suivi de la mise en œuvre des actions du plan de conservation - Île Rock, Héritage Laurentien, Québec. 15 p.
Dobbie, T., comm. pers. 2018. Correspondance par courriel adressée à A. Lachance. Juillet et octobre 2018. Biologiste (écologiste) du parc, Parc national de la Pointe-Pelée, Parcs Canada, Gouvernement du Canada, Leamington (Ontario).
Éco-Nature. 2010. Résumé des actions réalisées pour la carmantine d’Amérique en 2010, Programme d'intendance de l’habitat des espèces en péril de la rivière des Mille Îles. Laval. 6 p.
Fisheries and Oceans Canada. 2019. Tides, Currents, and Water Levels – Fluvial estuary zone. Site Web : http://www.waterlevels.gc.ca/eng/find/zone/1 [consulté en janvier 2019]. [Également disponible en français : Pêches et Océans Canada. 2019. Marées, courants et niveaux d’eau – Zone de l’estuaire fluvial. Site Web : https://www.waterlevels.gc.ca/fra/trouver/zone/1]
Fritz, K.M., M.A. Evans et J.W. Feminella. 2004a. Factors affecting biomass allocation in the riverine macrophyte Justicia americana. Aquatic Botany 78:279-288.
Fritz, K.M., M.M. Gangloff et J.W. Feminella. 2004b. Habitat modification by the stream macrophyte Justicia americana and its effects on biota. Oecologia 140:388-397.
Gauvin, C. 1984. COSEWIC status report on the American water-willow Justicia americana in Canada. Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. Ottawa. 49 pp.
Gendreau, Y., A. Lachance, M. Ricard, H. Gilbert, N. Casajus et D. Berteaux. 2018. Changements climatiques : défis et perspectives pour les plantes vasculaires en situation précaire au Québec. Le Naturaliste canadien 142:16-35.
Gleason, H. A. et A. Cronquist. 1963. Manual of vascular plants of northeastern United States and adjacent Canada. D. Van Nostrand Company, New York, New York. 274 pp.
Gleason, H.A. et A. Cronquist. 1991. Manual of the Vascular Plants of Northeastern United States and Adjacent Canada. 2nd ed. New York Botanical Garden. 810 pp.
Government of Ontario. 2018. Natural Heritage Information Centre. Site Web : https://www.ontario.ca/page/natural-heritage-information-centre [consulté en janvier 2019] [Également disponible en français : Gouvernement de l’Ontario. 2018. Centre d’information sur le patrimoine naturel. Site Web : https://www.ontario.ca/fr/page/centre-dinformation-sur-le-patrimoine-naturel]
Groff, O., comm. pers. 2018. Correspondance par courriel et échanges téléphoniques avec O. Deshaies. Juillet, septembre, octobre et décembre 2018. Stewardship Manager, Niagara Land Care, St. Catharines, Ontario.
Groff, O., comm. pers. 2019. Correspondance par courriel adressée à O. Deshaies. Janvier 2019. Stewardship Manager, Niagara Land Care, St. Catharines, Ontario.
Groff, O. 2019. 2018 American water-willow (Justicia americana) fieldwork summary. Report prepared for Land Care Niagara SAR Stewardship Fund Project 40-18.
Hammerson et al. 2008. Site Web : http://help.natureserve.org/biotics/Content/Methodology/Generic_Guidelines_for_Applic_of_EO_Ranks_2008_species.htm [consulté en janvier 2019]
Héritage Laurentien. 2019. Plan de conservation de la carmantine d’Amérique (Justicia americana) - Population de l'île Rock. Rapport inédit.
Hill, B.H., 1981. Distribution and production of Justicia americana in New River, Virginia. Castanea 46:162-169.
IUCN, 2012. Catégories et critères de la Liste rouge de l’UICN : Version 3.1. Deuxième édition. Gland, Suisse et Cambridge, Royaume-Uni : UICN. vi + 32 p.
Originalement publié en tant que IUCN Red List Categories and Criteria: Version 3.1. Second edition. (Gland, Switzerland and Cambridge, UK: IUCN, 2012).
Jolicoeur, G. et L. Couillard. 2007. Plan de conservation de la carmantine d’Amérique (Justicia americana) : Espèce menacée au Québec. Gouvernement du Québec, ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Direction du patrimoine écologique et des parcs, Québec. 12 p.
Jolly, D., comm. pers. 2018. Correspondance par courriel adressée à A. Lachance. Août 2018. Biologiste, président de EARTHQUEST for the Environment, London (Ontario).
Kartesz, J.T. 2015. The Biota of North America Program (BONAP). North American Plant Atlas. Chapel Hill, N.C. [maps generated from Kartesz, J.T. 2015. Floristic Synthesis of North America, Version 1.0. Biota of North America Program (BONAP). (sous presse)]. Site Web : http://bonap.net/napa [consulté en janvier 2019].
Koryak, M. et R.J. Reilly, 1984. Vascular Riffle Flora of Appalachian Streams: The Ecology and Effects of Acid Mine Drainage on Justicia americana (L.) Vahl. Proc. of the Penn. Acad. of Sc. 58:55-60.
Labrecque, J., comm. pers. 2021. Correspondance par courriel adressée à Del Meidinger. Mars 2021. Écologiste et botaniste, Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
Leimu, R., P. Mutikainen, J. Koricheva et M. Fischer. 2006. How general are positive relationships between plant population size, fitness and genetic variation? Journal of Ecology 94:942–952.
MacPhail, V.J. 2013. Investigating the pollination biology of SAR plants in southern Ontario - Final Report, Nov 2013. Wildlife Preservation Canada Report. Guelph, Ontario. 36 pp.
MacPhail, V.J. 2015. American water-willow surveys at Point Pelee National Park in 2014 - Final report, Jan 2015. Wildlife Preservation Canada Report. Guelph, Ontario. 4 pp.
Marie-Victorin, F. 1929. Le dynamisme dans la flore du Québec : essai sur les forces d’évolution et d’élimination en œuvre dans certaines populations végétales. Contributions de l’Institut botanique de l’Université de Montréal no. 13. 89 p.
Maslovat, C. 2009. Guidelines for Translocation of Plant Species at Risk in British Columbia, 2009. Ministry of environment. British Columbia. 72 pp.
Master L., D. Faber-Langendoen, R. Bittman, G.A. Hammerson, B. Heidel, L. Ramsay, K. Snow, A. Teucher et A. Tomaino. 2012. NatureServe conservation status assessments: factors for evaluating species and ecosystems risk. NatureServe, Arlington, Virginia. Site Web : http://www.natureserve.org/sites/default/files/publications/files/natureserveconservationstatusfactors_apr12_1.pdf [consulté en janvier 2019].
Nantel, P. et D. Gagnon. 1999. Variability in the dynamics of northern peripheral versus southern populations of two clonal plant species, Helianthus divaricatus and Rhus aromatica. Journal of Ecology 87:748-760.
NatureServe. 2002. Element occurrence data standard, NatureServe in cooperation with the Network of Natural Heritage Programs and Conservation Data Centers. 201 pp.
NatureServe. 2015. NatureServe Conservation Status Assessments: Rank Calculator Version 3.185. NatureServe, Arlington, VA.
NatureServe. 2018. NatureServe Explorer: An online encyclopedia of life [application Web]. Version 7.1. NatureServe, Arlington, Virginia. Site Web : http://explorer.natureserve.org [consulté en janvier 2019].
NCC. 2019. Nature Conservancy Canada. Quebec/Featured Projects/St. Lawrence River. Site Web : http://www.natureconservancy.ca/en/where-we-work/quebec/featured-projects/st-lawrence-river/hochelaga-archipelago.html [consulté en janvier 2019] [Également disponible en français : CNC. 2019. Conservation de la nature Canada. Québec/Projets vedettes/Fleuve Saint-Laurent. Site Web : https://www.natureconservancy.ca/fr/nous-trouver/quebec/projets-vedettes/fleuve-saint-laurent/archipel-hochelaga.html]
NHIC. 2010. Element Occurrence records of American Water-willow (Justicia americana) from the database of the Natural Heritage Information Centre, Ontario Ministry of Natural Resources, Peterborough. [CIPN. 2010. Mentions d’occurrences d’éléments de la carmantine d’Amérique (Justicia americana) extraites de la base de données du Centre d’information sur le patrimoine naturel, ministère des Richesses naturelles de l’Ontario, Peterborough].
NHIC. 2018. Element Occurrence records of American Water-willow (Justicia americana) from the database of the Natural Heritage Information Centre, Ontario Ministry of Natural Resources, Peterborough. [CIPN. 2018. Mentions d’occurrences d’éléments de la carmantine d’Amérique (Justicia americana) extraites de la base de données du Centre d’information sur le patrimoine naturel, ministère des Richesses naturelles de l’Ontario, Peterborough]
Niering, W. A. et N. C. Olmstead. 1997. National Audubon Society field guide to North American wildflowers, eastern region New York: Knopf.
Ontario Ministry of Natural Resources. 2009. Species at Risk in Ontario List. Ontario Regulation 230/08 (February 19, 2009). Site Web : http://www.e-laws.gov.on.ca/ 6 pp. [Également disponible en français : Ministère des Richesses naturelles de l’Ontario. 2009. Liste des espèces en péril de l’Ontario. Règlement de l’Ontario 230/08 (19 février 2009). Site Web : https://www.ontario.ca/fr/lois 6 p.]
Ontario Ministry of Natural Resources. 2013. Recovery Strategy for the American Water-willow (Justicia americana) in Ontario. Ontario Recovery Strategy Series. Ontario Ministry of Natural Resources, Peterborough, Ontario. iii + 5 pp + Appendix vi + 36 pp. Adoption of the Recovery Strategy for the American Water-willow (Justicia americana) in Canada (Parks Canada Agency 2011).
Parks Canada Agency. 2011. Recovery Strategy for the American Water-willow (Justicia americana) in Canada. Species at Risk Act Recovery Strategy Series. Parks Canada Agency. Ottawa. vi + 36 pp. [Également disponible en français : Agence Parcs Canada. 2011. Programme de rétablissement de la carmantine d'Amérique (Justicia americana) au Canada. Loi sur les espèces en péril, Série de Programmes de rétablissement. Agence Parcs Canada. Ottawa. vii + 37 p.]
Parks Canada Agency. 2012. Detailed Assessment for the American Water willow (Justicia americana) in Point Pelee National Park of Canada. Species at Risk Detailed Assessments. Parks Canada Agency. Ottawa. 8 pp.
Penfound, W.T., 1940. The biology of Dianthera americana L. American Midland Naturalist 25:242-247.
Poulin, M., comm. pers. 2018. Correspondance par courriel et échanges téléphoniques avec O. Deshaies. Septembre, octobre, novembre 2018. Biologiste et éco-conseillère, Éco-Nature, Laval (Québec).
Rousseau, C. 1974. Géographie floristique du Québec/Labrador – distribution des principales espèces vasculaires. Travaux et documents du Centre d’études nordiques, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 800 p.
Smart, R. M., G. O. Dickand et J. R. Snow. 2005. Update to the propagation and establishment of aquatic plants handbook, U.S. Army Corps of Engineers, Waterways Experiment Station, Report ERDC/EL TR-05-4 Mississippi: Vicksburg.
Smith, K. 2016. Justicia americana. The IUCN Red List of Threatened Species 2016: e.T64315830A67729917. Site Web : https://www.iucnredlist.org/species/64315830/67729917 [consulté en janvier 2019].
Stahr, K. J. et D. E. Shoup. 2015. American Water Willow Mediates Survival and Antipredator Behavior of Juvenile Largemouth Bass. Transactions of the American Fisheries Society 144: 903–910.
Strakosh, T.R., J.L. Eitzmann, K.B. Gido et C.S. Guy. 2005. The Response of Water Willow Justicia americana to Different Water Inundation and Desiccation Regimes. North American Journal of Fisheries Management 25:1476-1485.
Strakosh, T. R., K. B. Gido et C. S. Guy. 2009. Effects of American Water Willow Establishment on Density, Growth, Diet, and Condition of Age-0 Largemouth Bass in Kansas Reservoirs. Transactions of the American Fisheries Society 138: 269–279.
Tardif, B., B. Tremblay, G. Jolicoeur et J. Labrecque. 2016. Les plantes vasculaires en situation précaire au Québec. Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ). Gouvernement du Québec, ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC), Direction de l’expertise en biodiversité, Québec, 420 p.
Touchette, B., M. Poole, M. Mccullough, E. Adams et C. Niedziela. 2011. Vegetative propagation in the emergent macrophyte American water willow (Justicia americana L. Vahl). Journal of Aquatic Plant Management 49:122-125.
USDA. 2019. United States Department of Agriculture - Natural Resources Conservation Service. Plant Database, Plants profile for Justicia americana (American water-willow). Site Web : https://plants.usda.gov/core/profile?symbol=JUAM [consulté en janvier 2019].
Vasseur, L., comm. pers. 2019. Correspondance par courriel adressée à O. Deshaies. Janvier 2019. Biologiste, professeure en sciences biologiques, Brock University, St. Catharines (Ontario).
Varga, S. 1984. Status and Species/Habitat Management Analysis for 16 Plant Species, Point Pelee National Park. Parks Canada, Ontario Region, Cornwall, Ontario. 226 pp.
Villaseñor, J.L. 2016. Checklist of the native vascular plants of Mexico. Revista Mexicana de Biodiversidad 87:559-902.
White, D.J. 2000. Update COSEWIC status report on the American Water-willow Justicia americana in Canada, in Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada (COSEWIC). Ottawa. vi + 10 pp. [Également disponible en français : White, D. J. 2000. Rapport du COSEPAC sur la situation de la carmantine d’Amérique (Justicia americana) au Canada – Mise à jour, in Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la carmantine d’Amérique (Justicia americana) au Canada – Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vi + 11 p.]
Woodliffe, A., comm. pers. 2018. Correspondance par courriel adressée à A. Lachance. Août 2018. Biologiste, naturaliste du ministère des Richesses naturelles de l’Ontario (district d’Aylmer) (retraité), Chatham (Ontario).
Working Group on the State of the St. Lawrence Monitoring. 2014. Overview of the State of the St. Lawrence 2014. St. Lawrence Action Plan. Environment Canada, Quebec Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec, Quebec Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, Parks Canada, Fisheries and Oceans Canada and Stratégies Saint-Laurent, 52 pp. [Également disponible en français : Groupe de travail Suivi de l’état du Saint-Laurent. 2014. Portrait global de l’état du Saint-Laurent 2014. Plan d’action Saint-Laurent. Environnement Canada, Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec, Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, Parcs Canada, Pêches et Océans Canada, et Stratégies Saint-Laurent, 53 p.]
Sommaire biographique des rédacteurs du rapport
Audrey Lachance possède une expertise dans la caractérisation d’habitats naturels et d’écosystèmes forestiers exceptionnels, dans l’identification et la délimitation de milieux humides et dans la réalisation de relevés et de suivis de plantes rares. Elle a obtenu un diplôme en techniques du milieu naturel – aménagement de la faune en 2005. Elle participe depuis plusieurs années à la réalisation de relevés et de suivis de populations et à la rédaction de documents variés portant sur plusieurs espèces végétales en péril, dont le ginseng à cinq folioles (Panax quinquefolius), la gentiane de Victorin (Gentianopsis virgata ssp. victorinii), la cicutaire de Victorin (Cicuta maculata var. victorinii), l’ériocaulon de Parker (Eriocaulon parkeri), la vergerette de Provancher (Erigeron philadelphicus var. provancheri) et la polémoine de Van Brunt (Polemonium vanbruntiae). Audrey Lachance est membre de deux équipes de rétablissement (flore menacée de l’estuaire d’eau douce du Saint-Laurent et polémoine de Van Brunt). Elle travaille également sur des espèces rares au Québec et participe à l’évaluation de menaces et de la vulnérabilité de plantes rares aux changements climatiques. Elle a rédigé récemment une étude de cas sur la migration assistée du chardon écailleux (Cirsium scariosum var. scariosum).
Olivier Deshaies est biologiste et détient un diplôme de maîtrise en gestion de la faune et de ses habitats (2012). Il a publié, comme coauteur, un article scientifique dans la revue Forest Ecology and Management (2014) portant sur le legs biologique de l’aménagement forestier pour la flore de sous-bois dans les forêts mixtes boréales d’Amérique du Nord. Plus récemment, il s’est spécialisé en écologie végétale du Québec méridional, d’abord comme employé d’une firme de consultants puis comme membre du Bureau d’écologie appliquée. M. Deshaies a développé d’excellentes habiletés dans la caractérisation de milieux naturels, dont une expertise dans la délimitation de milieux humides et d’habitats essentiels et dans la réalisation de relevés de plantes rares. Il offre d’ailleurs diverses formations à d’autres professionnels de l’environnement au Québec dans ses domaines d’expertise.
Collections examinées
Les données issues de spécimens d’herbiers québécois ont été consultées au moyen d’outils disponibles en ligne. Aucun herbier n’a été visité.
Annexe 1. Calculateur des menaces pesant sur la carmantine d’Amérique
Nom scientifique de l’espèce ou de l’écosystème : Justicia americana – carmantine d’Amérique
Identification de l’élément : 2297 (QC), 158000 (ON)
Code de l’élément : Sans objet
Date : 2019-11-12
Évaluateurs : Dwayne Lepitzki (modérateur), Del Meidinger (coprésident), Audrey Lachance (rédactrice), Stéphanie Pellerin (SCS), Sam Brinker (SCS, Ontario), Bruce Bennett (SCS), Jacques Labrecque (Québec), Christina Rohe (SCF), Tammy Dobbie (parc national de la Pointe-Pelée)
Références : Sans objet
| Impact des menaces | Comptes des menaces de niveau 1 selon l’intensité de leur impact maximum de la plage d’intensité | Comptes des menaces de niveau 1 selon l’intensité de leur impact minimum de la plage d’intensité |
| A- Très élevé | 1 | 0 |
| B- Élevé | 0 | 1 |
| C - Moyen | 2 | 0 |
| D - Faible | 2 | 4 |
| Impact global des menaces calculé | Très élevé | Élevé |
Impact global des menaces attribué : AB = Très élevé-élevé
Ajustement de la valeur de l’impact global calculée – justifications : Il est plausible que les menaces entraînent un déclin important sur trois générations, puisque la sous-population de la rivière des Milles-Îles a déjà connu une forte baisse et que la présence de plantes envahissantes, particulièrement le roseau commun, est préoccupante pour le futur.
Impact global des menaces – commentaires : La durée d’une génération est inconnue; comme il s’agit d’une espèce clonale longévive, cette durée est possiblement de 10-15+ ans, donc 3 générations ≥ 30-45 ans. Pourcentage de la population canadienne dans chaque sous-pop. : rivière des Milles-Îles, 82 %; rivière Welland/ruisseau Lyons, 8 %; île Hill et île Rock, 4 % chacune; île Dufferin, 1,4 %; autres sous-pop., < 1 %. Déclin de ∼ 94,4 % de la population dans les dix dernières années, principalement attribuable au déclin de la sous-pop. de la rivière des Milles-Îles.
| Numéro | Menace | Impact des menaces | Impact (calculé) | Portée (10 pro-chaines années) | Gravité (10 ans ou 3 géné-rations | Immédiateté | Commentaires |
|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1 | Développement résidentiel et commercial | D | Faible | Petite (1-10 %) | Extrême (71-100 %) | Élevée (continue) | Sans objet |
| 1.1 | Zones résidentielles et urbaines | D | Faible | Petite (1-10 %) | Extrême (71-100 %) | Élevée (continue) | L’impact serait élevé dans les sites touchés par le développement. |
| 1.2 | Zones commerciales et industrielles | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 1.3 | Zones touristiques et récréatives | Sans objet | Négligeable | Négligeable (< 1 %) | Extrême (71-100 %) | Élevée-modérée | Au Québec, l’espèce est protégée, mais un certain degré de développement demeure possible si des mesures d’atténuation sont prises. En Ontario, des mécanismes sont en place pour demander des exemptions. La désignation pourrait ne pas suffire à assurer la protection de l’espèce. |
| 2 | Agriculture et aquaculture | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 2.1 | Cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 2.2 | Plantations pour la production de bois et de pâte | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 2.3 | Élevage de bétail | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 2.4 | Aquaculture en mer et en eau douce | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 3 | Production d’énergie et exploitation minière | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 3.1 | Forage pétrolier et gazier | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 3.2 | Exploitation de mines et de carrières | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 3.3 | Énergie renouvelable | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 4 | Corridors de transport et de service | Sans objet | Inconnu | Petite (1-10 %) | Inconnue | Élevée (continue) | Sans objet |
| 4.1 | Routes et voies ferrées | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 4.2 | Lignes de services publics | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 4.3 | Voies de transport par eau | Sans objet | Inconnu | Petite (1-10 %) | Inconnue | Élevée (continue) | Les sites de l’île Rock et de la rivière Welland se trouvent dans un couloir de navigation. Les vagues produites par les bateaux peuvent avoir des effets négatifs et positifs : l’action des vagues cause de l’érosion, mais maintient aussi l’habitat ouvert. Un dragage peu profond a été fait à l’embouchure de la rivière des Milles-Îles en 2010 pour pallier le niveau d’eau trop bas. Il est possible que davantage de dragage soit fait pour améliorer le débit de l’eau pendant les années où son niveau est bas, mais l’immédiateté et l’impact associés sont inconnus. |
| 4.4 | Corridors aériens | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 5 | Utilisation des ressources biologiques | Sans objet | Négligeable | Négligeable (< 1 %) | Négligeable (< 1 %) | Élevée (continue) | Sans objet |
| 5.1 | Chasse et capture d’animaux terrestres | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 5.2 | Cueillette de plantes terrestres | Sans objet | Négligeable | Négligeable (< 1 %) | Négligeable (< 1 %) | Élevée (continue) | La récolte de l’espèce à des fins de recherche a parfois lieu, mais demeure très limitée. Les mesures de lutte proposées contre les espèces exotiques présentes dans l’habitat, notamment le roseau commun, pourraient avoir des répercussions sur la carmantine d’Amérique. |
| 5.3 | Exploitation forestière et récolte du bois | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 5.4 | Pêche et récolte de ressources aquatiques | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 6 | Intrusions et perturbations humaines | D | Faible | Restreinte (11-30 %) | Légère (1-10 %) | Élevée (continue) | Sans objet |
| 6.1 | Activités récréatives | D | Faible | Restreinte (11-30 %) | Légère (1-10 %) | Élevée (continue) | Cette menace inclut le piétinement par les kayakistes et les chasseurs le long des rives. Les kayakistes peuvent fragmenter les plantes lorsqu’ils pagaient. Un piétinement local a été constaté au parc national de la Pointe-Pelée et à l’île Rock; l’impact constaté à Pointe-Pelée est faible. |
| 6.2 | Guerres, troubles civils et exercices militaires | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 6.3 | Travail et autres activités | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 7 | Modifications des systèmes naturels | CD | Moyen-faible | Généralisée (71-100 %) | Modérée-légère (1-30 %) | Élevée (continue) | Sans objet |
| 7.1 | Incendies et suppression des incendies | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 7.2 | Gestion et utilisation de l’eau et exploitation de barrages | CD | Moyen-faible | Généralisée (71-100 %) | Modérée-légère (1-30 %) | Élevée (continue) | Présence d’installations de gestion des eaux sur la rivière Niagara et les Grands Lacs, et travaux proposés sur la rivière Welland. Le principal motif de préoccupation est l’impact du gel printanier lorsque les niveaux d’eau sont bas. Les barrages sont en place depuis plusieurs années, mais ils ne sont plus gérés de la même façon; leur impact réel est incertain et donc exprimé sous forme de fourchette. |
| 7.3 | Autres modifications de l’écosystème | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Un enrochement a été ajouté sur le site de la sous-population de Leamington, et les plantes ont poussé à travers. |
| 8 | Espèces et gènes envahissants ou autrement problématiques | AB | Très élevé-élevé | Généralisée (71-100 %) | Extrême–élevée (31-100 %) | Élevée (continue) | Sans objet |
| 8.1 | Espèces ou agents pathogènes exotiques (non indigènes) envahissants | AB | Très élevé-élevé | Généralisée (71-100 %) | Extrême–élevée (31-100 %) | Élevée (continue) | Les plantes envahissantes, notamment le roseau commun et la quenouille glauque, abondent dans certaines sous-populations. Un envahissement par le roseau commun au Jardin botanique de Montréal a entraîné un déclin de 100 % de la carmantine d’Amérique. Des déclins ont été observés à l’île Rock. |
| 8.2 | Espèces ou agents pathogènes indigènes problématiques | Sans objet | Négligeable | Négligeable (< 1 %) | Inconnue | Élevée (continue) | Les cerfs de Virginie ont un impact dans les aires protégées, là où ils sont présents en grand nombre par suite de l’interdiction de la chasse (p. ex. rivière Godefroy). Le broutement aurait aussi eu un impact sur la sous-population historique de l’île Hill (Parks Canada Agency, 2011). Par le passé, le broutement a été identifié comme une menace à documenter (Couillard et Jolicoeur, 2007; Parks Canada Agency, 2011) – son impact sur les sous-populations actuelles est cependant toujours inconnu. |
| 8.3 | Matériel génétique introduit | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 8.4 | Espèces ou agents pathogènes problématiques d’origine inconnue | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 8.5 | Maladies d’origine virale ou maladies à prions | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 8.6 | Maladies de cause inconnue | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 9 | Pollution | Sans objet | Inconnu | Généralisée (71-100 %) | Inconnue | Élevée (continue) | L’incidence de la pollution provenant de sources variées est inconnue. |
| 9.1 | Eaux usées domestiques et urbaines | Sans objet | Inconnu | Généralisée (71-100 %) | Inconnue | Élevée (continue) | Sans objet |
| 9.2 | Effluents industriels et militaires | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Peu d’industries sont présentes dans les régions d’intérêt. |
| 9.3 | Effluents agricoles et sylvicoles | Sans objet | Inconnu | Généralisée (71-100 %) | Inconnue | Élevée (continue) | Sans objet |
| 9.4 | Déchets solides et ordures | Sans objet | Négligeable | Petite (1-10 %) | Négligeable (< 1 %) | Élevée (continue) | Sans objet |
| 9.5 | Polluants atmosphériques | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 9.6 | Apports excessifs d’énergie | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 10 | Phénomènes géologiques | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 10.1 | Volcans | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 10.2 | Tremblements de terre et tsunamis | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 10.3 | Avalanches et glissements de terrain | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 11 | Changements climatiques et phénomènes météorologiques violents | CD | Moyen-faible | Généralisée (71-100 %) | Modérée-légère (1-30 %) | Élevée (continue) | Sans objet |
| 11.1 | Déplacement et altération de l’habitat | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
| 11.2 | Sécheresses | CD | Moyen-faible | Généralisée (71-100 %) | Modérée-légère (1-30 %) | Élevée (continue) | Le gel causé par les bas niveaux d’eau en période de sécheresse constitue le principal motif de préoccupation. |
| 11.3 | Températures extrêmes | CD | Moyen-faible | Généralisée (71-100 %) | Modérée-légère (1-30 %) | Élevée (continue) | Un gel printanier peut se produire lorsque les niveaux d’eau sont bas. |
| 11.4 | Tempêtes et inondations | CD | Moyen-faible | Généralisée (71-100 %) | Modérée-légère (1-30 %) | Élevée (continue) | L’érosion causée par les changements climatiques entraînera la perte d’habitat. Énergie des tempêtes; couverture de glace insuffisante à cause des changements climatiques; rivage moins bien protégé en hiver. |
| 11.5 | Autres impacts | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet | Sans objet |
Classification des menaces d’après l’UICN-CMP, Salafsky et al. (2008).