Châtaignier d’Amérique (Castanea dentata) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 8
Biologie
Le châtaignier d’Amérique est une espèce forestière qui tolère l’ombre et peut vivre longtemps; les semis ont besoin du couvert d’autres arbres pour bien s’établir. Alors que d’autres espèces de cette famille sont pollinisées par le vent, celle-ci est pollinisée par les insectes. Les semis croissent dans l’ombre de peuplements mûrs, à partir de graines souvent dispersées et enfouies par les écureuils. Les sols sont en général légers (c.-à-d. sablonneux) et acides. L’aire de répartition naturelle du châtaignier se limite à la zone carolinienne, avec sa longue saison de végétation, mais on a réussi à le cultiver plus au nord.
Bien que d’autres membres de la famille soient pollinisés par le vent, le châtaignier d’Amérique est pollinisé par les insectes. Il s’agit d’une espèce monoïque (les fleurs mâles et les fleurs femelles sont réunies sur le même arbre), mais autostérile, les fleurs femelles devant être fécondées par le pollen d’un autre arbre pour produire des fruits (Ambrose et Kevan, 1990). L’espèce se croise facilement avec des espèces de châtaigniers exotiques, comme le C. mollissima. La floraison a lieu de la fin du printemps au début de l’été et les fruits parviennent à maturité à l’automne de la même année. Il semble que certains individus des milieux naturels soient le résultat de croisements avec le châtaignier chinois ou d’autres châtaigniers (Boland et al., 2000). À mesure que les populations diminuent et deviennent plus isolées les unes des autres, certains gros arbres sains se trouvent hors de portée d’une pollinisation croisée et ne peuvent ainsi produire de fruits, ce qui limite le potentiel de reproduction des populations. Les graines restent viables lorsqu’elles sont gardées humides, et on en a entreposées avec succès pendant trois ans et demi dans des conditions contrôlées (site Web du USDA Forest Service); cependant, on ne les entrepose normalement que pour un hiver parce qu’elles se mettent souvent à germer à la fin de la période de stratification. Les graines se dessèchent facilement et leur viabilité dans la nature est faible à moins qu’elles ne soient vite recouvertes par des feuilles qui tombent ou enfouies par les écureuils. Entreposées, les graines se dessèchent et perdent de leur viabilité si elles ne sont pas gardées humides. Un refroidissement, soit par semis directs à l’automne ou par stratification froide humide, est nécessaire pour que la germination soit bonne.
Bien que de nouvelles pousses émergent souvent du collet des arbres coupés ou atteints par la brûlure, on n’a jamais observé la formation de clones à partir des systèmes racinaires au-delà de la région du collet.
Malgré les ravages provoqués par la brûlure du châtaignier, il y a des survivants dans toute l’aire de répartition de l’espèce, y compris dans le sud de l’Ontario. Cette situation s’explique en partie par le fait que les systèmes racinaires survivent souvent après que le champignon ait provoqué l’annélation et la mort du tronc; en général, les nouvelles pousses apparaissent à partir du collet. Ces rejets peuvent aussi se couvrir de chancres de la brûlure qui peuvent en tuer la tige, mais ils deviennent souvent assez gros pour fleurir et produire des fruits avant de succomber eux aussi à la brûlure.
La pollinisation est assurée par les insectes, mais de nombreux arbres isolés sont hors de portée d’une pollinisation croisée.
Comme c’est le cas pour de nombreuses autres espèces de noix, les écureuils et les tamias s’emploient activement à ramasser et à enfouir ou cacher les châtaignes, puis en oublient certaines, qui germent avec succès et produisent des semis. Certains oiseaux indigènes, comme le Dindon sauvage et le Geai bleu, jouent peut-être aussi un rôle important dans la dispersion des châtaignes.
Le châtaignier d’Amérique croît en général dans des forêts mûres dont le sol est souvent sec mais aussi bien développé.
Bien qu’il dépende des insectes pour la pollinisation et des écureuils et d’autres animaux pour la dispersion efficace loin de l’arbre parent, ces deux dépendances ne semblent pas limitatives.
Le champignon qui provoque la brûlure du châtaignier a été le facteur le plus néfaste pour le châtaignier d’Amérique, ayant réduit cette espèce autrefois dominante dans les forêts de certaines régions de l’est de l’Amérique du Nord à de petits rejets poussant sur des souches vestigiales et à quelques rares arbres adultes. Les animaux de la forêt qui exploitaient la production annuelle de châtaignes ont perdu une source alimentaire importante.
Le châtaignier d’Amérique est une espèce des forêts mûres qui tolère cependant très bien une perturbation modérée de la forêt, comme celle causée par la coupe sélective. Il est possible de cultiver des semis et de les transplanter dans des sols et en des endroits appropriés. L’espèce semble cependant mal tolérer certains types de sols, comme les loams argileux alcalins qu’on trouve à Guelph.
Détails de la page
- Date de modification :