Cimicaire élevée (Cimicifuga elata) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

Résumé

Cimicaire élevée

Cimicifuga elata

Description

La cimicaire élevée est une vivace de sous-bois, atteignant entre 1 et 2 m de hauteur. Ses tiges sont ramifiées dans leur partie supérieure. Les feuilles sont grandes, biternées et comportent de 9 à 17 folioles cordées à ovées, souvent palmées, normalement trilobées. La partie souterraine de la plante est constituée d’un rhizome horizontal tubéreux et foncé. L’inflorescence est une grappe simple ou composée, dense, réunissant de 50 à 900 petites fleurs blanches. Les fleurs présentent une symétrie radiale et sont apétales. Les sépales sont blancs ou rosâtres et caducs, tombant tous en même temps. Le fruit est un follicule subsessile, long de 9 à 12 mm, renfermant une dizaine de graines rouges à brun-violet. Les fleurs du sommet de la grappe produisent chacune un seul follicule, tandis que celles de la base en produisent deux, ou rarement trois.

Répartition

L’aire de la cimicaire élevée s’étend du Sud-Ouest de l’Oregon et de l’Ouest de l’État de Washington vers le nord jusque dans le Sud-Ouest de la Colombie-Britannique. En Colombie-Britannique, l’espèce ne se trouve que dans la vallée de la rivière Chilliwack, où elle est disséminée. En Colombie-Britannique et dans l’État de Washington, toutes les populations se trouvent à l’ouest de la chaîne Côtière et de la chaîne des Cascades, tandis que dans le Sud-Ouest de l’Oregon l’espèce pousse aussi en montagne.

Habitat

La cimicaire élevée pousse dans des forêts mixtes d’âge mûr, ombragées et humides, de douglas vert ou de thuya géant et de pruches, ainsi que dans des peuplements où les feuillus dominent. Les feuillus jouent un rôle extrêmement important dans son habitat, assurant un équilibre parfait d’ombre et de lumière, tout en retenant l’humidité. Parmi les espèces souvent associées à la cimicaire élevée, on trouve le Rubus parviflorus, l’Oplopanax horridus, l’Acer circinatum, le Dryopteris expansa, le Tolmeia menziesii, le Sambucus racemosa, le Circaea alpina et l’Asarum caudatum.

Biologie

Aucune donnée n’a été publiée sur la biologie de la cimicaire élevée en Colombie-Britannique. Par contre, des études sur la pollinisation et la variation génétique ont été effectuées sur des populations du Washington et de l’Oregon. On a également étudié les principes actifs d’intérêt pharmacologique que renferment certaines espèces du genre Cimicifuga. Chez le C. elata, le taux de germination est faible, les graines sont lourdes, et on ne connaît aucun agent de dispersion spécialisé.

Taille et tendances des populations

La vallée de la rivière Chilliwack abrite sept populations de cimicaire élevée connues et récemment vérifiées, dont l’effectif varie de un à 63 sujets. On a aussi pour cette région une mention historique et deux mentions non vérifiées. La population du mont Liumchen a probablement disparu, son habitat ayant été en grande partie transformé en un jeune peuplement. Un seul sujet a été observé sur le mont Cheam, où la coupe à blanc a été pratiquée à grande échelle il y a plusieurs années. La première fois que l’espèce a été mentionnée dans cette localité, la station comptait plusieurs sujets établis dans un parterre de coupe. Aucune tendance autre que ce lien avec le régime d’exploitation forestière n’a été observée chez les populations de l’espèce. 

Facteurs limitatifs et menaces

L’effectif de la cimicaire élevée est limité dans son aire de répartition à la fois par des facteurs biologiques intrinsèques et par le régime d’exploitation forestière. La cimicaire élevée forme de petites populations parsemées. Elle attire beaucoup moins les pollinisateurs que certaines autres espèces. Ses graines ne sont dispersées par aucun agent spécialisé. Les très petites populations accusent vraisemblablement une faible variation génétique et sont menacées de disparition imminente. À ces facteurs biologiques qui menacent la survie de l’espèce s’ajoute la fragmentation croissante des forêts du Nord-Ouest constituant son habitat. La cimicaire élevée est absente des peuplements aménagés de 15 à 30 ans, et il est peu probable qu’elle recolonise ces milieux, vu son faible taux de reproduction et sa faible capacité de dispersion.

Protection actuelle

À l’heure actuelle, aucune loi ne protège expressément la cimicaire élevée au Canada. Toutefois, le Ministry of Environment, Lands and Parks de la Colombie-Britannique a reconnu que les plantes vasculaires rares sont des « espèces sauvages » (wildlife), et la cimicaire élevée a été inscrite sur la « liste rouge » des espèces rares en voie de disparition ou menacées. Aucune des populations de l’espèce ne se trouve dans un secteur protégé, si ce n’est les deux petites réserves du service des forêts de la province, sur le mont Vedder, dont l’une est un petit îlot d’arbres sauvages et l’autre, un paysage protégé pour son aspect visuel.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) détermine la situation, à l’échelle nationale, des espèces, sous-espèces, variétés et populations (importantes à l’échelle nationale) sauvages jugées en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes des groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles, poissons, mollusques, lépidoptères, plantes vasculaires, lichens et mousses.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est formé de représentants des organismes provinciaux et territoriaux responsables des espèces sauvages, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans et Partenariat fédéral en biosystématique) et de trois organismes non gouvernementaux, ainsi que des coprésidents des groupes de spécialistes des espèces. Le Comité se réunit pour examiner les rapports sur la situation des espèces candidates.

Définitions

Espèce
Toute espèce, sous-espèce, variété ou population indigène de faune ou de flore sauvage géographiquement définie.

Espèce disparue (D)
Toute espèce qui n’existe plus.

Espèce disparue du Canada (DC)
Toute espèce qui n’est plus présente au Canada à l'état sauvage, mais qui est présente ailleurs.

Espèce en voie de disparition (VD)
Toute espèce exposée à une disparition ou à une extinction imminente.

Espèce menacée (M)
Toute espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitatifs auxquels elle est exposée ne sont pas renversés.

Espèce préoccupante (P)*
Toute espèce qui est préoccupante à cause de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.

Espèce non en péril (NEP)**
Toute espèce qui, après évaluation, est jugée non en péril.

Données insuffisantes (DI)***
Toute espèce dont le statut ne peut être précisé à cause d’un manque de données scientifiques.

* Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
*** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation lors des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

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