Colin de Virginie (Colinus virginianus) sommaire du statut de l'espèce du COSEPAC : chapitre 5

Habitat

Besoins de l’espèce

Le Colin de Virginie a besoin d’un habitat de début de succession à divers types de végétation (Brennan, 1999). Les conditions minimums sont un mélange de prairies, de terres en culture et de broussailles. En Ontario, l’oiseau est habituellement associé aux terres en culture plutôt qu’aux limites des prairies indigènes. Il a besoin de prairies pour nidifier en été, se nourrir et se reposer, de terres en culture en été et en automne pour se nourrir, prendre des bains de poussière, se reposer et se percher et de broussailles denses pour se mettre à l’abri et se reposer tout au long de l’année et pour se nourrir durant l’automne et l’hiver.

Par ailleurs, il faut que les trois types d’habitats soient mélangés de manière à ce que chacun soit situé à proximité des deux autres. Les superficies de chaque type d’habitats peuvent être très variables, à condition que le mélange soit efficace (Rosene, 1969). De plus, l’oiseau a besoin d’une quantité adéquate d’habitats. À long terme, la population variera en fonction de la quantité d’habitats disponibles dans le temps (Guthery, 1997).

Tendances

Selon Brennan (1999), la valeur des terres agricoles en tant qu’habitats a diminué récemment en raison de l’augmentation de leur superficie, les clôtures ont été enlevées, les pesticides et les herbicides ont épuisé les sources de nourriture et fait mourir indirectement les oiseaux, et les broussailles ont été éliminées ou de plus en plus isolées.

Dans l’extrême sud-ouest de l’Ontario, il y avait autrefois des milliers d’hectares de prairies à herbes hautes (Lumsden, 1987). Après l’arrivée des Européens, la création de nombreuses petites exploitations agricoles à cultures diverses, des méthodes de récolte inefficaces et de grandes haies-clôtures envahies de mauvaises herbes ont beaucoup amélioré les habitats potentiels du Colin de Virginie et ont fait augmenter énormément les populations.Cependant, au cours du siècle dernier, l’élimination des pâturages (un déclin de 65 p. 100 entre 1921 et 1986; et un autre déclin de 19 p. 100 entre 1986 et 1996) et des cultures sur jachères (un déclin de 44 p. 100 entre 1931 et 1986; un autre déclin de 76 p. 100 entre 1986 et 1996) a réduit grandement les habitats potentiels pour l’oiseau (Page et Austen, 1994; Statistique Canada, 1997). Ainsi, la plupart des prairies naturelles ont disparu.

La fragmentation de l’habitat constitue sans doute la menace la plus grave pour le Colin de Virginie. En général, comme l’oiseau ne se déplace pas beaucoup, les risques de disparition d’une population locale augmentent à mesure que des parcelles d’habitats deviennent isolées; dans pareil cas, les chances que la population puisse se reconstituer à partir d’individus provenant d’autres régions sont faibles ou nulles; de plus, le rétablissement des populations dont l’effectif est réduit sera long ou ne se fera peut-être jamais (Roseberry et Klimstra, 1984). Par ailleurs, dans les paysages dominés par les humains, l’augmentation des populations de chats domestiques, de ratons laveurs, de renards, de coyotes et de mouffettes, qui sont des prédateurs de l’oiseau, nuit à la survie de celui-ci (Burger et al., 1995; Brennan, 1999).

Dans l’ensemble, les habitats du sud de l’Ontario ont grandement diminué au cours du siècle dernier. Dans de nombreux endroits où ils semblent propices au Colin de Virginie, on ne signale pas la présence de l’oiseau, probablement parce que ces endroits sont isolés. Au Canada, la principale cause du déclin des populations est sans contredit la perte et la fragmentation des habitats, comme ce fut le cas dans plusieurs régions des États-Unis (Brennan, 1991; Page et Austen, 1994). Cependant, après avoir subi des pertes importantes au cours d’hivers rigoureux, les populations sont demeurées petites en raison de la fragmentation des habitats et de la forte pression des prédateurs. En Ontario, la survie du Colin de Virginie est fonction de la disponibilité du couvert et de la nourriture en hiver; de plus, l’oiseau persiste lorsqu’il existe une quantité suffisante de bons habitats.

Actuellement, l’habitat du Colin de Virginie n’est pas protégé en Ontario. Les pratiques agricoles modernes et le développement urbain continuent à menacer les habitats qui restent dans la plupart des régions. Cependant, de récents signes encourageants font renaître l’optimisme en ce qui concerne le Colin de Virginie et d’autres espèces des prairies dans le sud de l’Ontario. On trouve apparemment dans le sud-ouest de la province beaucoup d’habitats qui semblent convenables à l’espèce mais où il n’en reste aucun représentant (Hunter, 1990). L’amélioration des zones mélangées d’habitats et le maintien des habitats actuels laissent penser que des populations beaucoup plus grandes pourraient y vivre.

Protection et propriété des terrains

Une grande partie des terres convenables sont des propriétés privées, dont les propriétaires s’intéressent fortement au Colin de Virginie. Beaucoup veulent participer à des programmes d’amélioration des habitats. L’île Walpole, qui est gérée par la bande indienne de l’endroit, constitue un important habitat; les gens le savent et sont prêts à y maintenir les populations aviennes (P. Hunter et R. Ludolph, comm. pers., 1999).

Les travaux menés par le conseil d’intendance de Lambton sur la restauration des prairies à herbes hautes offrent probablement la perspective la plus encourageante en ce qui concerne le Colin de Virginie et d’autres espèces des prairies. Le conseil a déjà mis en terre plus d’un demi-million de plants, en a presque un autre million prêts à planter et prévoit ensemencer plusieurs autres régions; de plus, deux équipes travaillent à la restauration, quatre autres ramassent et nettoient les graines et font pousser plus de 70 plantes de prairies indigènes; par ailleurs, le conseil effectue des brûlages dirigés et élimine les broussailles qui ne conviennent pas à l’espèce dans le but de rétablir et de maintenir les prairies. Ces équipes travaillent en collaboration avec les propriétaires fonciers pour restaurer et relier des prairies dans plusieurs parties du comté de Lambton et dans d’autres comtés du sud de l’Ontario. Bien qu’une grande partie des travaux porte sur de petites parcelles de prairies peu importe où elles sont situées, le conseil se concentre sur trois régions du comté de Lambton et fournit des plants à plusieurs autres régions qui offrent de bons habitats potentiels pour le Colin de Virginie ou dans lesquelles vivent des oiseaux qui peuvent profiter de nouveaux habitats. Environ trois quarts des travaux du conseil d’intendance portent sur la restauration des habitats dont bénéficieront directement le Colin de Virginie, d’autres espèces d’oiseaux des prairies, des papillons et les plantes indigènes des prairies (R. Ludolph, comm. pers.).

Bien que les programmes de restauration des prairies soient récents (1993), ils ont pris beaucoup d’importance durant les deux dernières années, et on s’attend à ce qu’ils continuent à prendre de l’ampleur. Ils visent à obtenir des quantités suffisantes d’habitats de manière à maintenir les populations d’oiseaux provenant d’autres régions, dans le cas où les oiseaux de la région n’en profiteraient pas rapidement.

Des relevés menés à l’été 1999 indiquent aussi que les régions où les populations de Colin de Virginie vont bien offrent un excellent couvert en hiver, ce qui permet aux oiseaux de survivre aux conditions de neige et de glace. La restauration de prairies à herbes hautes fournit aussi de hauts refus qui constituent un bon couvert durant l’hiver. Cependant, quelques facteurs rendent sa survie plus difficile. Il semble que l’on effectue des brûlages pour rétablir des prairies. Cela ne constitue pas un problème, tant qu’il s’agit de petites zones. Cependant, et particulièrement durant les années sèches, il arrive qu’on brûle plus que ce qu’il faut; or, si le brûlage est fait durant l’automne et l’hiver, il peut réduire le taux de survie des colins durant l’hiver (A. Woodliffe, comm. pers.).

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