Collomia délicat (Collomia tenella) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 8

Facteurs limitatifs et menaces

Dans l’ensemble, seulement 2 p. 100 de la superficie de prairie de la Colombie-Britannique était officiellement protégée en 1992 (The Land Conservancy of BC, 2002). Or, diverses menaces pèsent sur les prairies et les forêts claires de cette province, notamment la pression d'aménagement exercée par la population humaine en expansion, la fragmentation des habitats, l’envahissement par les mauvaises herbes et l'utilisation de véhicules tout-terrain (BC WLAP, 2002).

La menace la plus immédiate pour le collomia délicat vient du très faible effectif de la population et de la très faible superficie qu’elle occupe, deux facteurs qui la rendent susceptible de disparaître complètement. De plus, vu son effectif réduit, la population est menacée par la dépression de consanguinité (Primack, 1998). En effet, le manque de diversité génétique rend les petites populations vulnérables aux fluctuations démographiques et environnementales. Par ailleurs, comme les milieux propices à l’espèce sont très restreints dans le sud de la province, les possibilités de dispersion sont également limitées.

Une autre menace vient de l’utilisation récréative des véhicules tout-terrain. En 2002, George W. Douglas et Jenifer L. Penny ont vu des pistes de VTT et de motos hors-route près du site de collomia délicat. Les pentes raides et peu stabilisées où pousse l’espèce sont très fragiles, mais, en même temps, elles présentent un défi intéressant aux adeptes des véhicules récréatifs.

L’espèce pourrait se trouver menacée par les activités autorisées au sein de la Réserve de terres agricoles (RTA). Le site de collomia délicat se trouve sur un terrain privé faisant partie de la RTA, dont la vocation première est l’agriculture. Pour l’heure, ces terres semblent échapper à la pression de développement. Les propriétaires du terrain où se trouve le site de collomia délicat n’ont encore présenté aucune demande visant à soustraire ce terrain de la RTA en vue de l’aménager (Wallace, comm. pers., 2003), mais ils pourraient décider de le faire dans l’avenir. Depuis un an, un an et demi, le marché de l’habitation est en hausse dans la région de Princeton, comme dans la vallée de l’Okanagan (Fabri, comm. pers., 2003).

Le statut de RTA interdit le lotissement mais non certaines autres activités qui risquent d’être néfastes pour la population de collomia délicat. Ainsi, il est permis d’extraire et de déposer certains types de matériaux sans en faire la demande à la Commission des terres agricoles (Provincial Agricultural Land Commission, 2003). Dans les dernières années, de nombreuses parcelles de la RTA du sud de la province ont été converties en lotissements résidentiels, en centres commerciaux et en terrains de golf, à la suite de décisions prises par la Agricultural Land Commission ou, très rarement, de décrets pris par l’assemblée législative provinciale.

L’agrotourisme pourrait être autorisé dans l’avenir, puisque cette industrie est en expansion dans la région (Town of Princeton, 2003). Selon le Small Farm Centre de la University of California, les exploitations agrotouristiques permettent de créer des liens entre les citadins et les ruraux (University of California Small Farm Centre, 2003). Les activités agrotouristiques possibles sont nombreuses : festivals, foires agroalimentaires, expositions d'artisanat, hébergement à la ferme, balades en VTT, moto hors-route ou vélo de montagne, rodéos, circuits touristiques, équitation, etc. Toutes ces activités peuvent générer une utilisation intensive des terres. La circulation en VTT, en moto ou à cheval dans certains secteurs peut avoir une incidence désastreuse sur les populations de plantes.

La lutte contre les mauvaises herbes pourrait toucher indirectement le collomia délicat. La Weed Control Act oblige les occupants à détruire les mauvaises herbes nuisibles qui poussent ou se trouvent sur leur terrain et leurs locaux. Or, les herbicides à spectre d’action peu spécifique employés contre les mauvaises herbes à grandes feuilles risquent de tuer le collomia délicat. On trouve déjà des espèces nuisibles, notamment le Linaria genistifolia et le Bromus tectorum, dans le milieu où pousse le collomia délicat, et ces espèces risquent de se répandre, comme cela s’est produit dans d’autres localités du sud de la province. De plus, plusieurs espèces introduites menacent à long terme de perturber l’intégrité écologique du milieu environnant et d’envahir l’habitat du collomia délicat, comme elles ont envahi d’autres types d’habitat voisins. La position des populations, à proximité d’une route et d’une ligne de transport d’électricité, augmente le risque lié à la lutte contre les mauvaises herbes.

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