Crapaud de l’ouest (Bufo boreas) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Taille et tendances des populations

Taille actuelle

Aucune donnée à long terme ou d’estimés d’abondance qui permettraient d’estimer la taille de la population ne sont disponibles pour cette espèce au Canada. En se basant sur l’étendue de l’aire de répartition et la fréquence des mentions de l’espèce en Colombie-Britannque et en Alberta, nous estimons que la taille de la population canadienne dépasse les limites critiques établies par le COSEPAC pour désigner une espèce menacée ou en voie de disparition, p. ex. soit plus de 10 000 individus occupant une aire supérieure à 5 000 km².

Le crapaud de l’Ouest peut facilement sembler très commun et abondant. Les femelles pondent chacune des milliers d’œufs par saison de reproduction conduisant à une abondance de têtards dans les sites de reproduction. Cependant, les têtards subissent de fortes mortalités et les populations fluctuent fortement d’une année à l’autre en réponse aux conditions climatiques. Dans les secteurs montagneux du Colorado, le recrutement aux sites de reproduction est un succès au mieux une fois au trois ans (Jones, 1999a). Les populations peuvent également présenter des cycles. Par exemple, dans un étang situé dans le bassin de drainage du ruisseau Blackwater à Pemberton (Colombie-Britannique), la population atteint un pic majeur tous les cinq à dix ans (Dupuis, obs. pers.). Ainsi, sans un suivi à long terme, il paraît impossible d’estimer la taille actuelle des populations.

Tendances des populations

En Alberta, l’aire de répartition de B. boreas est en croissance, possiblement au détriment du crapaud du Canada, Bufo hemiophrys, qui est en déclin dans l’ensemble de son aire de répartition dans cette province (C. Paszkowski, comm. pers.).

À l’intérieur de la Colombie-Britannique, le crapaud de l’Ouest est le plus largement répandu de tous les amphibiens dans le parc national Kootenay (Poll et al., 1984), le Prince George Forest District (Kinsey et Law, 1998) et les bassins versants Williston et Dinosaur Reservoir à l’ouest de Fort St. John (Hengeveld, 2000), particulièrement en altitude. Bien que couramment rencontré le long de la côte centrale de Colombie-Britannique, des mentions de déclins apparents et de disparitions de populations de crapauds de l’Ouest sont rapportés dans la région de la côte sud de la province à l’intérieur de l’écoprovince de la Georgia Depression, la zone la plus peuplée par les humains (Dupuis et al., 1995; Haycock et Knopp, 1998; Dupuis, 1998; Beasley et al., 2000; Wind, 2000, 2001; B. Matsuda, données inédites; K. Ovaska, comm. pers.). En 1997, Haycock et Knopp (1998) ont dénombré les amphibiens de 94 étangs répartis sur une grande partie des basses-terres du fleuve Fraser. Ils ont noté une diminution marquée de l’abondance et de la fréquence de rencontres du crapaud de l’Ouest comparativement aux données historiques (R. Haycock, comm. pers.). Cette espèce était autrefois abondante et commune au sud de l’île de Vancouver (Carl, 1944; Hardy, 1949; Oliver, 1973). De nombreux résidents de longue date de Parksville prétendent que les crapauds sont moins abondants qu’il y a 30 ans (Davis, 2000). Hardy (1949) le décrit comme « de loin l’amphibien le plus communément rencontré » à Jordan Meadows (un large secteur de terre humide; 0,5 x 4,5 km), situé juste au nord de Victoria. Les crapauds de l’Ouest étaient abondants dans ce secteur du milieu à la fin des années 1970 (approximativement 0,8 crapaud par heure-personne de recherche) mais très peu ont été rencontrés au milieu des années 1980 et aucun n’a été trouvé lors d’inventaires intensifs menés entre 1997 et 1999 (Davis, 2000). Les mentions provenant de Jordan Meadows représentent la seule disparition locale documentée de B. boreas au Canada. Dans les îles de la Reine-Charlotte, quelques populations de crapauds pourraient être menacées par les prédateurs. Les populations situées sur les rives de l’île Moresby étaient très abondantes durant les saisons de reproduction jusqu’au début des années 1990, puis furent décimées par les ratons laveurs (Reimchen, 1992). Des rainettes adultes ont été observées se nourrissant voracement d’oeufs de crapauds de l’Ouest (Erhardt, 1996). À la fois le raton laveur et la rainette du Pacifique, Hyla regilla, ont envahi l’île Moresby à partir de l’île Graham où ils avaient été introduits (Reimchen, 1992).

Aux États-Unis, les populations de crapauds de l’Ouest ont diminué rapidement dans de nombreuses régions (tableau 1). Corn et al. (1989) n’ont trouvé aucun crapaud dans 49 des 59 localités connues au Colorado et au Wyoming. Dans ce dernier État, l’aire de répartition du crapaud pourrait se réduire en raison de l’altitude (Livo et Yeakley, 1997). L’espèce est considérée en danger au Colorado et au Nouveau-Mexique. C’est également une candidate pour la liste fédérale en raison du déclin rapide de la population du Sud des Montagnes Rocheuses au cours des derniers 20 ans (Jones, 2000). Il ne resterait qu’une seule population se reproduisant au Nouveau-Mexique où un seul adulte et un seul têtard ont été vus en 1996 (Jones, 2000). Au Colorado, on compte quatre métapopulations de crapauds comprenant de deux sites de reproduction ou plus avec plusieurs dizaines à plusieurs centaines d’individus chacune pour un total de 37 emplacements de reproduction connus (Jones, 2000). Des chercheurs tentent de réintroduire des crapauds dans des sites autrefois occupés par l’espèce dans cet État (Jones, 2000). Des déclins sévères ont été observés dans certaines régions de l’État de Washington. Le crapaud de l’Ouest est peu commun dans l’écorégion du Puget Lowland et dans les prairies alpines des North Cascades (Leonard et al., 1993; Hallock et Leonard, 1997). La situation des populations de l’Utah n’est pas claire principalement en raison de l’absence d’inventaires intensifs, particulièrement dans les secteurs peu peuplés (Ross et Esque, 1995). En 1992, Drost et Fellers (1996) ont revisité des sites précédemment inventoriés pour les amphibiens en 1915 dans la Sierra Nevada de Californie. Les crapauds étaient autrefois très abondants dans la plupart des sites, mais ils n’ont été trouvés en petit nombre qu’à un seul des six sites occupés dans le passé. La raison des déclins reste obscure mais les auteurs suggèrent que les insecticides utilisés dans le bas des vallées, la sécheresse et l’ensemencement de poissons pourraient être des facteurs impliqués. En Oregon, un déclin sérieux de B. boreas s’est produit dans deux sites de la chaîne de montagnes Cascade au début des années 1990, des cohortes complètes d’œufs et de larves ayant été perdues. Ces évènements ont été à l’origine de plusieurs études sur les causes potentielles de déclin comme les radiations UV, les maladies, la sécheresse, etc. (Olson, 2001). Ces deux populations ont connu un léger rétablissement depuis cette époque et la disparition que certains avaient prédit ne s’est pas produite (Olson, 2001). Le rétablissement de ces deux populations reposerait sur la longévité de l’espèce (Olson, 2001). Bien que ce sont des populations de montagne de B. boreas qui ont comme un déclin dans certaines régions, ce ne sont pas toutes les populations de haute altitude qui sont menacées, peut-être en raison de la variabilité de l’écologie de ces populations dans l’ensemble de leur aire de répartition (Olson, 2001).

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