Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le crapet sac-à-lait au Canada - Mise à jour 2005


Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

COSEPAC. 2005. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le crapet sac-à-lait (Lepomis gulosus) au Canada – Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa . vi + 18 p.

Rapports précédents :

COSEWIC 2001 (Sous presse). COSEWIC assessment and status report on the warmouth Lepomis gulosus in Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vi + 19 p.

Crossman, E.J., J. Houston et R.R. Campbell. 1994. COSEWIC status report on the warmouth Lepomis gulosus in Canada. Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada. Ottawa. 19 p.

Note de production :

Le COSEPAC aimerait remercier Nicholas E. Mandrak et Becky Cudmore qui ont rédigé la mise à jour du rapport de situation sur le crapet sac-à-lait (Lepomis gulosus) en vertu d’un contrat avec Environnement Canada. Bob Campbell, coprésident du Sous-comité de spécialistes des poissons d’eau douce du COSEPAC, a supervisé le présent rapport et en a fait la révision. Une partie du financement pour la préparation du présent rapport de situation a également été fournie par Pêches et Océans Canada.

Also available in English under the title COSEWIC assessment and update status report on the warmouth Lepomis gulosus in Canada.

Photo de la couverture :

Crapet sac-à-lait - Smith, C.L. 1985. The Inland Fishes of New York State. Reproduite avec la permission du New York Department of Environmental Conservation.

©Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2005

PDF : CW69-14/35-2005F-PDF

ISBN 0-662-74219-2

HTML : CW69-14/35-2005F-HTML

ISBN 0-662-74220-6

Nom commun : Crapet sac-à-lait

Nom scientifique : Lepomis gulosus

Statut : Préoccupante

Justification de la désignation : L’aire de répartition de cette espèce est très limitée au Canada; en effet, l’espèce n’existe qu’à quatre emplacements le long de la rive du lac Érié, entre Pointe-Pelée et Long Point. L’espèce est vulnérable aux changements de l’habitat, ce qui donne lieu à la perte de végétation aquatique.

Répartition : Ontario

Historique du statut : Espèce désignée « préoccupante » en avril 1994. Réexamen et confirmation du statut en novembre 2001 et en mai 2005. Dernière évaluation fondée sur une mise à jour d'un rapport de situation.

Le crapet sac-à-lait (Lepomis gulosus) appartient à la famille des Centrarchidés et est une des huit espèces de crapets que l’on trouve au Canada. Il se distingue des autres crapets (Lepomis sp.) du bassin des Grands Lacs par sa grande bouche et par les barres foncées qui rayonnent de l’œil vers l’arrière.

L’espèce est très répandue dans l’est de l’Amérique du Nord, dans les bassins hydrographiques du Mississippi, de l’Atlantique et des Grands Lacs. Au Canada, elle a été prise à quatre endroits dans le bassin hydrographique du lac Érié.

Le crapet sac-à-lait est une espèce d’eau chaude qui préfère les zones de végétation dans les lacs et les cours d’eau, et ce, tout au long de sa vie.

L’âge maximal connu est de 8 ans. La taille semble être un facteur plus important que l’âge pour la maturité; la taille d’un poisson mature est de 89 mm. Bien que les mâles aient tendance à être plus gros que les femelles, on n’a observé aucune différence entre les sexes en ce qui concerne la croissance. La fraye a lieu au printemps, et les nids sont construits sur des fonds mous et boueux. Le poisson se nourrit de crustacés et de larves d’insectes aquatiques lorsqu’il est petit, puis d’écrevisses et de mollusques lorsqu’il est plus gros. Il est capable de tolérer de faibles teneurs en oxygène.

On ne connaît pas de façon certaine la taille des populations canadiennes de crapets sac-à-lait. Vu le nombre relativement élevé de poissons pris dans le parc national de la Pointe-Pelée en 2002 et en 2003, la faible possibilité d’immigration et la persistance de l’espèce à cet endroit, on peut sans aucun doute dire qu’il y a dans le parc une population bien établie.

La perte de l’habitat privilégié du crapet sac-à-lait (eaux peu profondes à forte végétation) due à l’envasement, au drainage ou à d’autres facteurs aurait une incidence négative sur l’espèce. Au Canada, la répartition actuelle est limitée par la température. L’aire de répartition pourrait toutefois s’accroître avec le réchauffement du climat.

Le crapet sac-à-lait pourrait être une espèce indigène relativement nouvelle au Canada.

Le crapet sac-à-lait figure sur la liste des espèces préoccupantes de l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril du Canada.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsables des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres ne relevant pas de compétences, ainsi que des coprésident(e)s des sous-comités de spécialistes des espèces et des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

* Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.
** Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
*** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
**** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».

***** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999.

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

Règne :
Animal
Phylum :
Cordés
Classe :
Actinoptérygiens
Ordre :
Perciformes
Famille :
Centrarchidés
Genre et espèce :
Lepomis gulosus (Cuvier, 1829)
Nom commun français :
crapet sac-à-lait (Coad, 1995)
Nom commun anglais :
warmouth ( Nelson et al. , 2004)

En raison des dents sur sa langue, le crapet sac-à-lait a d’abord été classé dans son propre genre monotypique, c’est-à-dire le genre Chaenobryttus. Ce dernier était considéré comme un synonyme du genre Lepomis par Bailey et al. (1970). Malgré des efforts récents pour ressusciter le genre Chaenobryttus (par exemple Wainwright et Lauder, 1992; Crossman et al., 1996), le American Fisheries Society Names Committee a retenu la synonymie avec le genre Lepomis (Nelson et al., 2004).

Le crapet sac-à-lait (Lepomis gulosus) appartient à la famille des Centrarchidés (figure 1) (Robins et al., 1991). On le reconnaît grâce aux caractéristiques suivantes (Trautman, 1981) : grande bouche; extrémité postérieure de la mâchoire supérieure se prolongeant bien au-delà du bord antérieur de l’œil, habituellement jusqu’au centre ou plus loin chez les adultes; de 3 à 5 barres foncées qui rayonnent de l’œil et du museau vers l’arrière; volet operculaire noir avec bordure blanchâtre et sans coloration rouge; courte nageoire pectorale à bout arrondi; bande de petites dents sur la langue.

Figure 1. Crapet sac-à-lait (Lepomis gulosus). Illustration de Joe Tomelleri, reproduite avec la permission de Pêches et Océans Canada.

Le crapet sac-à-lait est de couleur olive jaune pâle à vert olive foncé, avec des vermiculures plus pâles et des reflets bleu terne, violacés et dorés (Trautman, 1981). On trouve de 6 à 11 bandes doubles semblables à des chaînes de couleur olive foncé ou de couleur sombre sur le dos et les flancs, et de 3 à 5 barres gris foncé ou lavande qui rayonnent de l’œil et du museau vers l’arrière. Les nageoires dorsale, caudale et anale molles sont fortement vermiculées, et les nageoires paires sont transparentes ou olive et n’affichent aucune marque. Chez les mâles reproducteurs, on peut observer une tache orange vif à la base des trois rayons dorsaux postérieurs.

Le crapet sac-à-lait est une des huit espèces de crapets que l’on trouve au Canada (Scott et Crossman, 1998) et une des sept que l’on trouve dans le bassin canadien des Grands Lacs (Cudmore-Vokey et Crossman, 2000). Il se distingue des autres crapets (Lepomis sp.) du bassin des Grands Lacs par sa grande bouche et les barres foncées qui rayonnent de l’œil vers l’arrière (Page et Burr, 1991). Il s’agit de la seule espèce du genre Lepomis qui a des dents sur la langue (Page et Burr, 1991). Il a moins d’épines anales (3) que les mariganes (Pomoxis spp.; de 5 à 7 épines) et que le crapet de roche (Ambloplites rupestris; de 5 à 7 épines) (Trautman, 1981).

Toutes les populations canadiennes occupent l’écozone des Grands Lacs et de l’ouest du Saint-Laurent, selon la classification des écozones d’eau douce adoptée par le COSEPAC. La structure des populations dans cette écozone demeure inconnue.

L’espèce est très répandue dans l’est de l’Amérique du Nord, dans les bassins hydrographiques du Mississippi, de l’Atlantique et des Grands Lacs (figure 2) (Lee et al., 1980; Page et Burr, 1991). Dans le bassin hydrographique du Mississippi, on la trouve depuis le golfe du Mexique jusqu’au Wisconsin et depuis l’ouest de l’État de New York jusqu’au Nouveau-Mexique dans le sud-ouest. Dans le bassin hydrographique de l’Atlantique, on la trouve depuis l’Alabama et la Floride jusqu’en Caroline du Nord. Dans le bassin des Grands Lacs, on trouve des populations isolées dans les États de l’Illinois, de l’Indiana, du Michigan, de New York, de l’Ohio et du Wisconsin, et en Ontario. L’espèce a été introduite au Mexique (Nelson et al., 2004).

Figure 2. Répartition mondiale du crapet sac-à-lait, modifiée de Page et Burr (1991).

Au Canada, l’espèce n’a été prise qu’à quatre endroits dans le bassin hydrographique du lac Érié. Elle a d’abord été observée en 1966 dans le parc provincial Rondeau, puis en 1983 dans le parc national de la Pointe-Pelée (Crossman et Simpson, 1984) (figure 3). Un jeune de l’année a été pris dans la baie Long Point en 2003, et trois individus adultes, dans le milieu humide de l’embouchure du ruisseau Big (dans la baie Long Point) en 2004 (N.E. Mandrak, données inédites). On a signalé l’espèce dans le ruisseau Cedar, un affluent du lac Érié, d’après un jeune de l’année capturé en 1994 (Leslie et al., 1999), mais ce dernier a par la suite été identifié comme un crapet à longues oreilles (Lepomis megalotis) (E. Holm, Musée royal de l’Ontario [MRO], comm. pers.). L’espèce a aussi été signalée dans le ruisseau Duck, un affluent du lac Sainte-Claire (Leslie et Timmins, 1998), mais l’individu de référence de cette mention n’a pu être localisé. Celle-ci est donc considérée comme douteuse et a été exclue du présent rapport.

La découverte relativement récente de l’espèce au Canada soulève des questions quant à son origine. S’agit-il d’une espèce indigène ou d’une espèce introduite? Selon Crossman et al. (1996), le crapet sac-à-lait aurait récemment colonisé le Canada de façon naturelle.

Les poissons du ruisseau Big et des baies Long Point et Rondeau ont fait l’objet d’un échantillonnage intensif, principalement par pêche à la senne, avant les premières mentions de crapets sac-à-lait à ces endroits. Le Musée canadien de la nature (MCN) et la Wilfrid Laurier University (MRO, données inédites) avaient effectué quatre échantillonnages annuels (1979, 1983, 1984, 1985) avant la première mention dans la terre humide du ruisseau Big en 2004.

Figure 3. Répartition canadienne du crapet sac-à-lait.

Avant la première mention de 2003, le MCN, le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario (MRNO) et le MRO avaient effectué 18 échantillonnages annuels dans la baie Long Point depuis 1928 (MRO, données inédites). En 2004, en utilisant le même équipement et en déployant le même effort d’échantillonnage, on n’a pas réussi à prendre de poissons à l’endroit de la baie Long Point où l’espèce avait été observée pour la première fois ni à 30 autres endroits dans la baie qui avaient fait l’objet d’un échantillonnage intensif par pêche électrique par bateau (> 1 000 sec/site de 500 m) (N.E. Mandrak, données inédites). Avant la première observation de 1966, le MCN et le MRO avaient déjà effectué 14 échantillonnages annuels dans la baie Rondeau depuis 1921 (MRO, données inédites). À l’été 2004, une pêche électrique intensive par bateau (> 1 000 sec/site de 500 m) et une pêche au verveux (deux filets laissés toute une nuit) dans 8 sites n’ont permis de récolter aucun nouvel individu.

Avant la première mention de 1983 dans le parc national de la Pointe-Pelée, les étangs avaient été échantillonnés 15 années différentes depuis 1913 par le MCN, le MRO, le personnel du parc et d’autres (H. Surette, University of Guelph, données inédites). Presque tous les échantillonnages historiques avaient été réalisés par pêche à la senne. Vu la présence de substrats organiques mous et de grandes étendues de macrophytes émergentes, et vu les profondeurs habituellement de plus d’un mètre, ce type de pêche ne peut être réalisé que dans de très petites parties des étangs (H. Surette, University of Guelph, comm. pers.). Ces dernières sont habituellement des zones étroites (< 2 m) situées le long de la rive est des étangs bornée par la plage est dans lesquelles on trouve des substrats sableux et une quantité limitée de macrophytes aquatiques. Il ne s’agit pas là de l’habitat favori du crapet sac-à-lait. La capture de seulement 11 des 657 individus pris dans le parc national de la Pointe-Pelée en 2002 et en 2003 par pêche à la senne vient confirmer cette affirmation (H. Surette, University of Guelph, comm. pers.). Il est donc possible que le crapet sac-à-lait ait toujours été présent dans le parc national de la Pointe-Pelée, mais n’ait pas été repéré avant 1983. On trouve aussi des habitats problématiques semblables dans le ruisseau Big et dans les baies Long Point et Rondeau.

Il est peu probable que le crapet sac-à-lait ait été introduit délibérément ou accidentellement (c.-à-d. déversé d’un seau à appâts) puisque la pêche sportive est limitée dans le parc national de la Pointe-Pelée (Vicki McKay, Parcs Canada, comm. pers.) et que les crapets ne constituent pas des appâts légaux ni populaires. Il est possible que l’espèce ait récemment colonisé de façon naturelle la rive nord du lac Érié (par exemple au cours des 50 dernières années) depuis la rive sud, où il est relativement commun. On s’attendrait toutefois à trouver l’espèce dans d’autres habitats adéquats qui auraient servi de points de départ pour la dispersion le long de la rive nord entre les populations de la Pointe-Pelée et de la rive sud. Elle est par exemple absente des milieux humides côtiers de la partie du lac Érié se trouvant au Michigan qui ont fait l’objet d’un échantillonnage (Bailey et al., 2004) et du milieu humide du ruisseau Big (Holiday Beach, comté d’Essex), dans laquelle on a réalisé un échantillonnage intensif par pêche électrique en bateau et par pêche au verveux deux fois par année en 2003 et en 2004. Elle est également absente du milieu humide du ruisseau Cedar (comté d’Essex). De plus, les étangs du parc national de la Pointe-Pelée sont habituellement isolés du lac Érié par la barre de sable est, qui subit rarement des brèches (des brèches se sont produites pendant une période de 5 ans avant 1983, et deux autres brèches ont été prévues d’après les niveaux d’eau) (H. Surette, University of Guelph, comm. pers.). Les occasions de colonisation étaient donc, et demeurent, peu fréquentes. Toutefois, des brèches sont survenues dans la barre de sable au cours d’années consécutives (entre 1973 et 1977), ce qui a donné à l’espèce, si elle était présente durant cette période, une plus grande possibilité de colonisation depuis la baie Rondeau, qui est située à proximité.

L’absence du crapet sac-à-lait d’habitats qui auraient peut-être pu servir de points de dispersion, la rareté des occasions récentes de colonisation dans le parc national de la Pointe-Pelée et la faible probabilité que l’espèce ait été introduite donnent à penser que cette dernière est indigène du Canada et a colonisé de façon naturelle les eaux canadiennes du bassin versant du lac Érié dans un passé plus lointain.

Le crapet sac-à-lait est une espèce d’eau chaude qui préfère les habitats couverts de végétation dans les lacs et les cours d’eau (Carlander, 1969; Scott et Crossman, 1998; Coker et al., 2001). On trouve les adultes à des profondeurs de 0,1 à 5 m, dans des zones qui contiennent de la végétation émergente et submergée au-dessus de substrats de sable ou de vase (Lane et al, 1996b; Page et Burr, 1991). On trouve les aires de croissance dans les deux premiers mètres de la colonne d’eau où de la végétation submergée pousse sur du sable, de la vase ou du gravier (Lane et al., 1996a), tandis que les frayères se trouvent dans les deux premiers mètres de la colonne d’eau où de la végétation à la fois émergente et submergée pousse sur des souches et des roches ou où des touffes de végétation croissent sur du gravier et du sable, ou, souvent, sur des blocailles et de la vase (Lane et al., 1996c).

En raison du manque de données historiques, on trouve peu d’information au sujet des changements de l’habitat dans les zones où le crapet sac-à-lait a été observé. Depuis les années 1980, qui ont été marquées par un déclin du couvert végétal aquatique dans la baie Rondeau, la végétation aquatique a augmenté de façon considérable, probablement en raison de la baisse des niveaux d’eau et d’une meilleure clarté due à l’envahissement des moules de la famille des Dreissénidés (S. Dobbyn, MRNO, comm. pers.). Cela a probablement augmenté le nombre d’habitats favorisés par l’espèce. Par contre, dans le parc national de la Pointe-Pelée, la baisse des niveaux d’eau a entraîné un accroissement de l’intervalle entre les brèches dans la barre de sable, et il est possible que le déclin de la qualité de l’eau (par exemple les teneurs en oxygène dissous) et la hausse de la turbidité (H. Surette, University of Guelph, comm. pers.) aient un impact négatif sur le crapet sac-à-lait.

Au Canada, on ne trouve le crapet sac-à-lait que dans des eaux qui sont de propriété publique, et tous les habitats des poissons qui s’y trouvent sont protégés par la Loi sur les pêches du gouvernement fédéral. On trouve le plus grand nombre de poissons de cette espèce dans le parc national de la Pointe-Pelée, puis dans le parc provincial Rondeau. Il est donc possible que l’habitat du poisson bénéficie d’une protection supplémentaire grâce à la Loi sur les parcs nationaux et la Loi sur les parcs provinciaux.

L’âge maximal connu est de 8 ans; la taille et le poids maximaux connus sont respectivement de 284 mm et de 500 g (Coker et al., 2001). La taille et le poids des individus pris dans le parc national de la Pointe-Pelée en 2002 et en 2003 (n = 657) variaient respectivement de 26 à 300 mm et de 1 à 236 g (H. Surette, University of Guelph, comm. pers.). Les mâles ont tendance à être plus gros que les femelles, mais aucune différence n’a été observée entre les sexes en ce qui concerne la croissance (Carlander, 1969). Un histogramme illustrant la fréquence des tailles des individus pris dans le parc national de la Pointe-Pelée indique que la population qui s’y trouve compte probablement au moins cinq classes d’âges (figure 4).

Le crapet sac-à-lait atteint la maturité à 2 ans ou lorsqu’il mesure 89 mm. La taille semble être un facteur plus important que l’âge pour la maturité (Carlander, 1969, Coker et al., 2001).

La fraye a lieu au printemps, lorsque l’eau atteint des températures entre 18 et 32 °C (Lane et al., 1996c). Les nids sont construits sur un fond mou et boueux, souvent parmi des algues ou des racines exposées de plantes vasculaires. Les œufs sont déposés dans les nids, qui sont tapissés d’une couche de vase ou de détritus, et protégés et ventilés par le mâle (Lane et al., 1996c; Coker et al., 2001). L’éclosion se produit après 34,5 heures, à une température de 25 à 26 °C (Becker, 1983).

Le crapet sac-à-lait peut se reproduire avec d’autres espèces de Lepomis, comme le crapet-soleil (L. gibbosus), le crapet arlequin (L. macrochirus) et le crapet de roche (Lane et al., 1996a, 1996c). En 2002, un crapet sac-à-lait a été observé sur un nid en compagnie d’un crapet-soleil dans le parc national de la Pointe-Pelée (H. Surette, University of Guelph, comm. pers.).

Figure 4. Histogramme illustrant la fréquence des tailles des individus (n = 332) pris (et remis à l’eau vivants) dans le parc national de la Pointe-Pelée en 2002 et en 2003. Les cinq colonnes identifiées par des flèches représentent probablement les classes d’âges de 0 à 4 ans.

L’âge maximal connu est de 8 ans (Coker et al., 2001). On ne connaît pas le taux de survie.

Selon une étude des tendances des déplacements du crapet sac-à-lait et de quatre autres Centrarchidés réalisée dans un cours d’eau du Tennessee, le crapet sac-à-lait semble relativement sédentaire comparativement aux autres Centrarchidés (Gatz et Adams, 1994).

Le crapet sac-à-lait se nourrit à la fois dans les zones pélagiques et dans les zones benthiques. Il mange des crustacés et des larves d’insectes aquatiques lorsqu’il est petit, puis des écrevisses et des mollusques lorsqu’il est plus gros (Carlander, 1969; Becker, 1983; Coker et al., 2001).

L’espèce est très répandue dans le parc national de la Pointe-Pelée, où l’on ne trouve pas le crapet vert (L. cyanellus). Elle est toutefois absente du marais Hillman adjacent, où le crapet vert est abondant (N.E. Mandrak, données inédites). Contrairement à la plupart des espèces de crapets, ces deux poissons sont hautement piscivores à l’âge adulte (Coker et al., 2001). D’autres recherches doivent être effectuées pour déterminer si cela est dû à des relations interspécifiques, à des facteurs abiotiques (par exemple des tolérances différentes à la turbidité et à l’envasement [Trautman, 1981]) ou à des antécédents différents de colonisation.

Le crapet sac-à-lait tolère les faibles teneurs en oxygène caractéristiques des eaux polluées (Carlander, 1969; NatureServe, 2003).

On connaît peu de choses à propos de la taille des populations canadiennes de crapets sac-à-lait. Un relevé de la communauté de poissons mené dans le parc national de la Pointe-Pelée en 2002 et en 2003 a permis de prendre 657 crapets sac-à-lait dans 87 des 117 sites. Presque tous les individus étaient des juvéniles, et un grand nombre d’entre eux ont probablement été pris plusieurs fois (voir la figure 4 pour l’histogramme illustrant la fréquence des tailles). Les plus gros poissons ont été munis d’un transpondeur passif intégré (PIT) (n = 93), mais trop peu d’entre eux ont été recapturés (n = 3) pour permettre d’estimer la taille de la population. Vu le nombre relativement élevé de poissons capturés en 2002 et en 2003, l’immigration limitée (qui peut survenir durant les rares brèches dans la barre de sable) et la persistance de l’espèce depuis sa découverte, la population du parc national de la Pointe-Pelée est sans aucun doute bien établie.

Depuis la première mention de 1966 dans la baie Rondeau, seulement 10 individus (un en 1966, deux en 1967, cinq en 1968 et deux en 1999) ont été pris à cet endroit. Aucun individu n’a été pris durant l’échantillonnage intensif réalisé en 2004, ce qui pourrait indiquer qu’il n’y existe actuellement pas de population établie. L’échantillonnage ne s’étendait toutefois pas aux habitats adéquats très peu profonds (< 1 m).

Trop peu d’individus ayant été pris dans la baie Long Point (un jeune de l’année et trois adultes), il est impossible de déterminer s’il existe une population établie à cet endroit.

Étant donné la préférence de l’espèce pour des eaux peu profondes avec beaucoup de végétation, une baisse de la qualité des zones de végétation et de la quantité de celles-ci due à l’envasement, au drainage ou à d’autres facteurs aurait une incidence négative sur le crapet sac-à-lait. Selon Trautman (1981), l’espèce semble moins bien tolérer la turbidité et l’envasement que le crapet vert. À la Pointe-Pelée,à mesure qu’augmentent les intervalles entre les brèches dans la barre de sable, la qualité de l’eau (par exemple le taux d’oxygène dissous) diminue et la turbidité augmente (H. Surette, University of Guelph, comm. pers.).

La répartition canadienne actuelle de l’espèce est limitée par la température (Crossman et al., 1996). L’aire de répartition pourrait toutefois s’étendre en raison du réchauffement climatique prévu (Mandrak, 1989). Les tendances récentes du réchauffement dans le sud-ouest de l’Ontario pourraient expliquer la présence de l’espèce dans la baie Long Point. La température limite probablement la répartition du crapet sac-à-lait au Canada. L’espèce est menacée par la perte de son habitat privilégié; tous les stades biologiques dépendent tout au long de leur vie d’habitats calmes, peu profonds et pourvus de végétation.

Le crapet sac-à-lait est une espèce canadienne naturalisée qui a récemment colonisé les eaux canadiennes (Crossman et al., 1996). Sa présence pourrait être indicatrice des effets subtils de la récente période de réchauffement planétaire et/ou de l’accroissement continu de l’aire de répartition qui a suivi la dernière période glaciaire.

Le crapet sac-à-lait et son habitat sont protégés par laLoi sur les pêches du gouvernement fédéral. Au Canada, il figure sur la liste des espèces préoccupantes du COSEPAC et sur celle des espèces vulnérables du MRNO. Il est classé S1 par le Centre d’information sur le patrimoine naturel (2003). Aux États-Unis, il est classé S3, S4 ou S5 dans la plupart des États (tableau 1). On trouvera dans le tableau 1 les classements mondiaux, nationaux (États-Unis et Canada) et infranationaux (État ou province) de l’espèce. Le poisson figure actuellement sur la liste des espèces préoccupantes de l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril du Canada, ce qui ne lui confère aucune protection, mais exige la préparation d’un plan de gestion.

Tableau 1. Classements mondiaux (G), nationaux (N) et infranationaux (S) (État ou province) du crapet sac-à-lait (Lepomis gulosus) (tiré du CCCEP, 2001; NHIC, 2003; NatureServe, 2005).
Mondial National (aux États-Unis) National
(au Canada)
États américains
Infranational
Ontario
Infranational
G5*
  • N5*
  • pas trouvée dans TESS (la base de données du USFWS sur les espèces menacées et en voie de disparition)
  • N1*
  • COSEPAC = espèce préoccupante
  • S1S2* = PA
  • S2* = WV
  • S3* = MD
  • S3S4* = IL
  • S4* = AR, IN, WI
  • S4S5* = GA, KS, KY
  • S5* = AL, LA, MS, MI, NC, OK, TN, TX, VA
  • SNA* = AZ, DE, DC, ID, NV, NJ, NM,NY, OR, WA
  • S?*, NR = FL, IA, MD, MO, OH, SC
  • S1*
  • cote du MRNO = espèce préoccupante
  • cote générale = 3

* Cotes G et S : 1 = gravement en péril; 2 = en péril; 3 = vulnérable; 4 = apparemment non en péril; 5= répandue, abondante et non en péril; NA = sans objet (dans ce cas, exotique); NR = espèce non classée, statut de conservation pas encore évalué.

crapet sac-à-lait –warmouth

Répartition au Canada :
Ontario – ruisseau Cedar (comté Essex); parc national de la Pointe-Pelée; parc provincial Rondeau; baie Long Point

Information sur la population

Préciser la tendance du nombre de populations (en déclin, stable, en croissance, inconnue).

Menaces (réelles ou imminentes pour les populations ou les habitats)

Sans objet

Classifications de Nature Conservancy (NatureServe 2005)

Voir le tableau 1

Espèces sauvages 2000(Conseil canadien pour la conservation des espèces en péril, 2001)
COSEPAC

Statut : Préoccupante

Code alphanumérique : Répond au critère D2 d’espèce menacée, mais il y a une possibilité d’une immigration de populations des États-Unis. L’espèce est donc désignée préoccupante.

Justification de la désignation : L’aire de répartition de cette espèce est très limitée au Canada; en effet, l’espèce n’existe qu’à quatre emplacements le long de la rive du lac Érié, entre Pointe-Pelée et Long Point. L’espèce est vulnérable aux changements de l’habitat, ce qui donne lieu à la perte de végétation aquatique.

Critère A (Population globale en déclin) : Sans objet, aucune preuve de déclin.

Critère B (Petite aire de répartition, et déclin ou fluctuation) : Sans objet, bien que l’espèce ait une répartition très limitée, les tendances sont inconnues.

Critère C (Petite population globale et déclin) : Sans objet, bien que la population soit sans doute petite, le nombre d’individus et les tendances de la population sont inconnus.

Critère D (Très petite population ou aire de répartition limitée) : L’espèce ne se trouve qu’à quatre emplacements et la reproduction n’a été observée qu’à deux de ces emplacements.

Critère E (Analyse quantitative) : Non évalué.

Jason Barnucz, de Pêches et Océans Canada, et Heather Surette, de la University of Guelph, ont fourni des données inédites. Carolyn Bakelaar a offert du soutien relativement au SIG. Dusan Markovic a préparé la carte de la répartition mondiale. Le programme de financement du MRN de l’Ontario relatif à l’Accord Canada-Ontario a permis de réaliser l’échantillonnage dans la baie Rondeau en 2004.

Le financement pour la préparation du présent rapport de situation a été fourni par le Service canadien de la faune d’Environnement Canada et par Pêches et Océans Canada.

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Nicholas E. Mandrak travaille comme chercheur pour le ministère des Pêches et des Océans du Canada à Burlington en Ontario. Son travail porte sur la biodiversité, la biogéographie et la conservation des poissons d’eau douce canadiens. Il a corédigé 12 rapports pour le COSEPAC.

Becky Cudmore travaille comme consultante sur la biodiversité aquatique pour des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux. Ses intérêts incluent la biodiversité, les espèces aquatiques en péril et les espèces non indigènes. Elle a corédigé cinq rapports pour le COSEPAC.

Aucune

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