Épilobe densifore (Epilobium densiflorum) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 5

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Raven et Moore (1965) décrivent l’habitat de l’espèce, constitué de lieux humides qui connaissent parfois une saison sèche, à une altitude variant entre le niveau de la mer et 2 600 mètres. Au Canada, l’Epilobium densiflorum occupe des bords de chemin et des prés qui sont humides au printemps, mais qui s’assèchent jusqu’à dépasser le point de flétrissement permanent pendant une bonne partie de l’été, dans les parties basses de la zone côtière sèche (zone côtière à douglas – sous-zone maritime humide) de la Colombie-Britannique (Douglas et Meidinger, 2002). Le point de flétrissement permanent est atteint lorsqu’il n’y a plus assez d’humidité dans le sol pour répondre aux besoins de la plante et que celle-ci en meurt.

 En Oregon, selon Gilkey et Dennis (1967), l’habitat de l’espèce est constitué de terrains bas et de mares asséchées. En Californie, on trouve l’espèce le long de cours d’eau et de plaines d’épandage fluvio-glaciaire, à moins de 2 600 mètres d’altitude (Hoch, 1993).

Au Montana, l’espèce occupait un milieu perturbé, à sol humide au printemps, en bordure de mares, à environ 900 mètres d’altitude (Booth et Wright, 1966; Montana Natural Heritage Program, 2003). En Idaho, l’Epilobium densiflorum est présent dans des terrains qui sont plus ou moins humides en début de saison, mais qui s’assèchent par la suite (Davis, 1952). En Utah, l’espèce occupe des zones marécageuses situées entre 1 310 et 1 435 mètres d’altitude, dans deux comtés de cet État (Welsh et al., 1987).

Tendances en matière d’habitat

La superficie d’habitat possible a diminué considérablement au cours du dernier siècle, en raison du développement résidentiel et récréatif des régions côtières du sud-est de l’île de Vancouver. Moins de 1 p. 100 de la zone biogéoclimatique côtière à douglas est demeurée dans un état relativement intact (Pacific Marine Heritage Legacy, 1996). Dans la région de Victoria, la superficie occupée par l’écosystème des chênes de Garry est passée de 10 510 ha, en 1800, à 512 ha, en 1997 (Lea, 2002). Le déclin s’est poursuivi par la suite, et la plus grande partie de ce qui restait de cet écosystème a été considérablement endommagé en étant envahi par des arbustes et des graminées exotiques. Les milieux convenant à l’Epilobium densiflorum ont probablement subi des déclins semblables en termes de superficie et de qualité.

Cette destruction ou altération passée de l’habitat correspond à la disparition de certaines populations d’Epilobium densiflorum. L’étiquette de la plupart des spécimens récoltés avant 1980 manque de détails sur le lieu de récolte; il est donc difficile de préciser quels changements sont survenus dans chacune de ces populations. Neuf des 19 localités (Qualicum, baie Departure, University of Victoria, route de White Rapids, baie Swartz, tourbière Rithet, parc Uplands, étang King et île North Pender) ont connu un développement résidentiel intensif depuis le moment des récoltes, et il est probable que les habitats y ont été détruits. Deux autres sites (chemin Wallace et lac Swan) ont été grandement modifiés en étant envahis par des espèces robustes, et il est probable que les milieux occupés en ont été considérablement modifiés.

Protection et propriété

La population 4 se trouve dans un parc appartenant au District régional de la capitale (DRC). C’est la seule qui occupe un terrain bénéficiant d’une protection officielle. Dernièrement, le DRC a accordé la préséance, sur toute autre utilisation du parc, à la conservation et à la gestion des espèces animales et végétales rares qui sont menacées ou en voie de disparition ainsi que de leurs habitats (Capital Regional District Parks, 2000). La Ville de Victoria avait planté des Abies grandis il y a plusieurs années, avant que le terrain ne soit cédé au DRC. En plus de la menace que constituent en soi ces conifères, le milieu a été envahi par d’autres espèces ligneuses, notamment le Crataegus monogyna (espèce introduite) et l’Alnus rubra (espèce indigène). Ces arbres ont un impact majeur sur le milieu et pourraient finir par causer un déclin de la population.

La population 1 et la population 3 se trouvent sur des terres privées. La population 2 se trouve le long d’une emprise routière traversant des terres de la nation autochtone Cowichan (réserve indienne). Un développement résidentiel a été proposé dans la zone où se trouve la population 1 (les études d’impact environnemental préalables ont débuté en septembre 2003). Aucune des trois populations occupant des terres privées ne bénéficie d’une quelconque forme de protection.

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