Ériogone du Nord (Eriogonum flavum var. aquilinum) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2017

Titre officiel : Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur L'ériogone du Nord (Eriogonum flavum var. aquilinum) au Canada 2017

Comité sur la situation des espèces en peril au Canada (COSEPAC)
Préoccupante 2017

Matériel appartenant à des tierces parties

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Photo de Érigone du Nord
L'ériogone du Nord
Information sur le document

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

COSEPAC. 2017. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’ériogone du Nord (Eriogonum flavum var. aquilinum) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. x + 34 p. 

Note de production: Le COSEPAC remercie Allan Harris et Robert Foster d’avoir rédigé le rapport de situation sur l’ériogone du Nord (Eriogonum flavum var. aquilinum) au Canada, aux termes d’un marché conclu avec Environnement et Changement climatique Canada. La supervision et la révision du rapport ont été assurées par Jana Vamosi, coprésidente du Sous-comité de spécialistes des plantes vasculaires du COSEPAC, avec une importante contribution de Bruce Bennett, ancien coprésident et actuel membre du Sous-comité de spécialistes des plantes vasculaires du COSEPAC.

Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :

Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement et Changement climatique Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3

Tél. : 819-938-4125
Téléc. : 819-938-3984
Courriel : ec.cosepac-cosewic.ec@canada.ca
Site web : COSEPAC

Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Status Report on the Species Name Eriogonum flavum var. aquilinum in Canada.

Illustration/photo de la couverture : Ériogone du Nord — Photo : Allan Harris.

COSEPAC sommaire de l’évaluation

Sommaire de l’évaluation : novembre 2017

Nom commun : Ériogone du Nord

Nom scientifique :Eriogonum flavum var. aquilinum

Statut : Préoccupante

Justification de la désignation : Au Canada, cette plante vivace est limitée à un petit nombre de sites dans le sud-ouest du Yukon. Elle vit sur des pentes de prairies sèches et orientées vers le sud, lesquelles sont de rares vestiges des vastes steppes de la Béringie, qui était restée libre de glace. Malgré un taux de recrutement apparemment faible, le nombre d’individus matures demeure stable. Cette espèce pourrait devenir « menacée » alors que les changements climatiques rapides entraînent une augmentation des précipitations et l’empiètement des prairies par les arbres et les arbustes indigènes.

Répartition : Yukon

Historique du statut : Espèce désignée « préoccupante » en novembre 2017.

COSEPAC résumé

Ériogone du Nord
Eriogonum flavum var. aquilinum

Description et importance de l’espèce sauvage

L’ériogone du Nord est une plante herbacée vivace produisant un coussin compact de feuilles basilaires qui mesure jusqu’à 35 cm de largeur. Les tiges et les feuilles sont densément recouvertes de courts poils blanchâtres et partent d’un robuste caudex (tige souterraine) ligneux. Les fleurs sont jaune vif et regroupées en une ombelle terminale. L’ériogone du Nord provient de la Béringie et est endémique aux zones non englacées du Yukon et de l’Alaska. Des espèces du genre Eriogonum sont utilisées à des fins médicinales par les peuples des Premières Nations.

Répartition

L’aire de répartition de l’ériogone du Nord se limite au sud-ouest du Yukon et au centre­est de l’Alaska. Les deux populations sont séparées par environ 400 km. L’aire de répartition canadienne se limite à une zone comprise entre les lacs Sekulmun et Aishihik, qui s’étend sur environ 8 km du nord au sud et 4,5 km d’est en ouest. Dans cette zone, l’ériogone du Nord a été signalé dans 23 parcelles de prairie qui forment 5 sous-populations d’une taille allant de 21 ha à moins de 0,1 ha.

Habitat

L’ériogone du Nord pousse dans des communautés de prairie occupant des pentes sèches orientées vers le sud. La population canadienne se rencontre à des altitudes comprises entre 900 et 1000 m, sur des sols sableux ou limoneux bien drainés contenant du gravier et des galets. La végétation est basse et relativement clairsemée.

Biologie

On en sait peu sur la biologie de l’ériogone du Nord. L’espèce est une plante herbacée vivace qui a une longue durée de vie. Elle fleurit en juin et en juillet, et les graines arrivent à maturité à la fin juillet. Les individus de grande taille produisent plusieurs centaines de fleurs, qui peuvent chacune produire un seul akène ressemblant à une graine. Les semis sont toutefois rares, et le taux de recrutement est apparemment faible. De plus, la reproduction végétative est apparemment peu courante chez l’espèce. Les akènes sont dépourvus de structures spécialisées de dispersion, et leur dispersion sur de longues distances est probablement rare. L’ériogone du Nord est probablement pollinisé par une vaste gamme d’insectes, dont des bourdons, des abeilles solitaires, des diptères et des papillons diurnes et nocturnes. Il est adapté aux milieux secs et dégagés et ne tolère apparemment pas l’ombre et la concurrence forte exercée par les graminées et d’autres végétaux.

Taille et tendances de la population

Au Canada, on trouve une seule population d’ériogone du Nord, composée de cinq sous-populations. En 2016, le nombre total d’individus matures a été estimé à 22 721 dans les 11 sites où des relevés ont été effectués. Il n’existe pas de données exhaustives sur les tendances, mais les quelques estimations de l’abondance faites en 2004 et en 2016 donnent à penser que la population est stable.

Facteurs limitatifs et menaces

La hausse des dommages causés à l’habitat par le bison des bois et les chevaux sauvages pourrait représenter une menace pour l’ériogone du Nord, mais l’impact de ces espèces est inconnu. Les plantes envahissantes sont une autre menace potentielle. Le peuplier faux-tremble a envahi certaines prairies dans le sud-ouest du Yukon au cours des 60 à 80 dernières années, peut-être à cause de la hausse des températures et des précipitations associée aux changements climatiques. L’empiètement du peuplier pourrait toutefois être limité par le drainage qui est rapide sur les pentes abruptes. L’ériogone du Nord est probablement limité par la répartition éparse des prairies dans sa zone d’occurrence ainsi que par son taux de recrutement apparemment faible et sa capacité de dispersion limitée.

Protection, statuts et classements

Toutes les occurrences canadiennes connues de l’ériogone du Nord se trouvent sur le territoire des Premières Nations de Champagne et de Aishihik. L’espèce ne jouit d’aucune protection juridique à l’échelle fédérale ou territoriale au Canada, et elle n’est pas visée par le Endangered Species Act des États-Unis. L’ériogone du Nord a été désigné espèce préoccupante par le COSEPAC en novembre 2017. Il est considéré comme en péril (au niveau de la variété) à l’échelle mondiale (G5T2), gravement en péril au Canada (N1), gravement en péril au Yukon (S1) et en péril en Alaska (S2).

Résumé technique

Nom scientifique : Eriogonum flavum var. aquilinum

Nom français : Ériogone du Nord

Nom anglais : Yukon Wild Buckwheat

Répartition au Canada (province/territoire/océan) : Yukon

Données démographiques

Durée d’une génération (généralement, âge moyen des parents dans la population; indiquer si une méthode d’estimation de la durée d’une génération autre que celle qui est présentée dans les lignes directrices de l’UICN [2011] est utilisée)
Inconnue, mais estimée à > 20 ans.
Y a-t-il un déclin continu du nombre total d’individus matures?
Inconnu
Pourcentage estimé de déclin continu du nombre total d’individus matures.
S/O
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix dernières années ou trois dernières générations].
Inconnu
Pourcentage [prévu ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix prochaines années ou trois prochaines générations].
Inconnu
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours de toute période de [dix ans ou trois générations] commençant dans le passé et se terminant dans le futur.
Inconnu
Est-ce que les causes du déclin sont a. clairement réversibles et b. comprises et c. ont effectivement cessé?
a. S/O
b. S/O
c. S/O
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures?
Non

Information sur la répartition

Superficie estimée de la zone d’occurrence :
40 km²
(Selon les lignes directrices du COSEPAC, dans les cas où la zone d’occurrence est inférieure à l’IZO, celle-ci doit être modifiée pour correspondre à la valeur de l’IZO à des fins de cohérence avec la définition voulant que l’IZO fasse partie de la zone d’occurrence. La superficie réelle de la zone d’occurrence est de 23,6 km²).
Indice de zone d’occupation (IZO) (Fournissez toujours une valeur établie à partir d’une grille à carrés de 2 km de côté :
40 km²
La population totale est-elle « gravement fragmentée », c.-à-d. que plus de 50 % de sa zone d’occupation totale se trouve dans des parcelles d’habitat qui sont a) plus petites que la superficie nécessaire au maintien d’une population viable et b) séparées d’autres parcelles d’habitat par une distance supérieure à la distance de dispersion maximale présumée pour l’espèce? :
a. Non
b. Non
Nombre de « localités »* (utilisez une fourchette plausible pour refléter l’incertitude, le cas échéant) :
1-5.
Tous les individus de l’espèce se trouvent à l’intérieur d’une zone de moins de 40 km2 où un seul phénomène menaçant, comme une modification de l’utilisation des terres, pourrait toucher rapidement tous les individus; il n’y a toutefois aucune menace imminente.
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] de la zone d’occurrence? :
Non
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] de l’indice de zone d’occupation? :
Non
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] du nombre de sous-populations? :
Non
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] du nombre de localités*? :
Non
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] de [la superficie, l’étendue ou la qualité] de l’habitat? :
Inconnu. Le bison des bois a modifié l’habitat, mais les effets de cette modification sur l’ériogone du Nord sont inconnus.
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de sous-populations? :
Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de localités*? :
Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de la zone d’occurrence? :
Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de l’indice de zone d’occupation? :
Non

* Voir « Définitions et abréviations » sur le site Web du COSEPAC et International Union for Conservation of Nature (IUCN) (février 2014; en anglais seulement) pour obtenir des précisions sur ce terme.

Nombre d’individus matures dans chaque sous-population
Sous-populations (utilisez une fourchette plausible) Nombre d’individus matures
1 8,867
2 282
3 10 045**
4 3 500**
5 27
Total 22 721

** dénombrement partiel

Analyse quantitative

La probabilité de disparition de l’espèce à l’état sauvage est d’au moins [20 % sur 20 ans ou 5 générations, ou 10 % sur 100 ans]
Évaluation non effectuée.

Menaces (directes, de l’impact le plus élevé à l’impact le plus faible, selon le calculateur des menaces de l’UICN)

Un calculateur des menaces a-t-il été rempli pour l’espèce? Oui. Voir l’annexe 1.

8.1 Espèces exotiques (non indigènes) envahissantes
8.2 Espèces indigènes problématiques
11.1 Déplacement et altération de l’habitat (plus particulièrement l’empiètement du peuplier associé aux changements climatiques).

Ces menaces sont considérées comme plausibles, mais elles sont peu comprises. Leur impact global a donc été considéré comme inconnu ou négligeable.

Quels facteurs limitatifs supplémentaires sont pertinents? Taux de reproduction apparemment faible, capacité de dispersion limitée.

Immigration de source externe (immigration de l’extérieur du Canada)

Situation des populations de l’extérieur les plus susceptibles de fournir des individus immigrants au Canada.
En péril (S2) en Alaska
Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible?
Possible
Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre au Canada?
Oui
Y a-t-il suffisamment d’habitat disponible au Canada pour les individus immigrants?
Oui
Les conditions se détériorent-elles au Canada+?
Inconnu
Les conditions de la population source se détériorent-elles+?
Inconnu
La population canadienne est-elle considérée comme un puits+?
Non
La possibilité d’une immigration depuis des populations externes existe-t-elle?
Non. La capacité de dispersion de l’espèce est limitée, et les parcelles d’habitat convenable sont très éloignées les unes des autres.

+ Voir le tableau 3 (Lignes directrices pour la modification de l’évaluation de la situation d’après une immigration de source externe)

Nature délicate de l’information sur l’espèce

L’information concernant l’espèce est elle de nature délicate?
Non.

Historique du statut

COSEPAC : Espèce désignée « préoccupante » en novembre 2017

Statut et justification de la désignation :

Statut
Préoccupante
Code alphanumérique
Sans objet
Justification de la désignation
Au Canada, cette plante vivace est limitée à un petit nombre de sites dans le sud-ouest du Yukon. Elle vit sur des pentes de prairies sèches et orientées vers le sud, lesquelles sont de rares vestiges des vastes steppes de la Béringie, qui était restée libre de glace. Malgré un taux de recrutement apparemment faible, le nombre d’individus matures demeure stable. Cette espèce pourrait devenir « menacée » alors que les changements climatiques rapides entraînent une augmentation des précipitations et l’empiètement des prairies par les arbres et les arbustes indigènes.

Applicabilité des critères :

Critère A (déclin du nombre total d’individus matures) Sans objet. Il est difficile d’estimer les déclins, et il est peu probable que ceux-ci atteignent les seuils fixés.

Critère B (petite aire de répartition, et déclin ou fluctuation) Même si la zone d’occurrence et l’IZO sont inférieurs aux seuils de la catégorie « en voie de disparition » et qu’il n’existe que 5 sous-populations de l’espèce, les données sont insuffisantes pour que des déclins de la population ou de l’habitat puissent être inférés.

Critère C (nombre d’individus matures peu élevé et en déclin) Sans objet. Dépasse les seuils.

Critère D (très petite population totale ou répartition restreinte) Bien qu’il n’y ait que 5 localités, on ne pense pas que l’espèce soit sujette à des menaces susceptibles de faire en sorte que sa population devienne gravement en péril en 1 ou 2 générations.

Critère E (analyse quantitative) Non réalisée.

Préface

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsables des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2017)

Espèce sauvage
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’un autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.
Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.
Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.
En voie de disparition (VD)
(Remarque : Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.)
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.
Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.
Préoccupante (P)
(Remarque : Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.)
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.
Non en péril (NEP)
(Remarque : Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.)
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.
Données insuffisantes (DI)
(Remarque :Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».)
Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.

Remarque : Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

Le Service canadien de la faune d’Environnement et Changement climatique Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

Description et importance de l’espèce sauvage

Nom et classification

Nom scientifique : Eriogonum flavum Nuttallvar. aquilinum Reveal

Synonymes : aucun

Nom français : ériogone du Nord (Brouillet et al., 2010)

Noms anglais : Yukon Wild Buckwheat (Reveal, 2005), Umbrella Plant, Yellow Eriogonum, Alpine Golden Buckwheat

Famille : Polygonacées

Grand groupe végétal : Angiospermes (Eudicotylédones)

Le genre Eriogonum est composé d’espèces tétraploïdes et a connu une évolution rapide. On trouve plus de 200 espèces appartenant à ce genre dans l’ouest de l’Amérique du Nord (Reveal, 2005). Trois variétés de l’Eriogonum flavum ont été décrites :la variété piperi est commune et répandue depuis le sud de la Colombie­Britannique et de l’Alberta jusqu’en Orégon et au Wyoming; la variété flavum se rencontre dans les prairies, depuis le sud de l’Alberta et du Manitoba jusqu’au Dakota du Sud et au Colorado; la variété aquilinum est présenteau Yukon et en Alaska(Reveal, 2005). La variété aquilinum est étroitement apparentée à la variété flavum. Ces deux variétés sont très peu différentes et ont probablement été isolées l’une de l’autre durant le Pléistocène (Reveal, 2005).

L’Eriogonum flavum var. aquilinum a été récolté pour la première fois en 1960 dans le centre-est de l’Alaska et a été décrit en 1967 (Reveal, 1967).

Description morphologique

L’ériogone du Nord est une plante herbacée vivace produisant un coussin compact de feuilles basilaires qui mesure jusqu’à 35 cm de largeur (figures 1 et 2). Ses tiges et ses feuilles sont densément recouvertes de courts poils blanchâtres et partent d’un robuste caudex (tige souterraine) ligneux surmontant une racine pivotante orange. Les tiges sont dépourvues de feuilles et mesurent jusqu’à environ 15 cm de hauteur. Les feuilles sont longues de 1,0 à 3,5 cm, entières et étroitement elliptiques ou légèrement élargies près de leur sommet. Les fleurs sont jaune vif et regroupées en une ombelle terminale. Les fleurs comportent quatre sépales longs de 3 à 5 mm, mais aucun pétale. Les akènes (fruits ressemblant à des graines) sont brun clair, mesurent 3 à 5 mm de long et comportent une pubescence clairsemée à leur sommet (Hultén, 1968; Cody, 1996; Reveal, 2005; Nawrocki et al., 2013).

Photo de Érigone du Nord 2
Figure 1. Ériogone du Nord. Lac Aishihik, Yukon. Juin 2016 (photo : A. Harris).
Photo de Érigone du Nord et abeille
Figure 2. Abeille solitaire (probablement de l’espèce Andrena transnigra) sur des fleurs d’ériogone du Nord. Lac Aishihik, Yukon. Juin 2016 (photo : A. Harris).

Structure spatiale et variabilité de la population

L’ériogone du Nord n’a fait l’objet d’aucune étude génétique ou morphologique, et la relation entre les sous­populations du Canada et celles de l’Alaska est inconnue.

L’aire de répartition canadienne de l’ériogone du Nord se trouve dans une zone d’environ 40 km2, et toutes les sous-populations se trouvent à environ 3 km ou moins d’une autre sous­population. On trouve entre les sous-populations des parcelles qui sont apparemment propices à l’espèce et ne semblent pas présenter d’obstacle à la dispersion.

Les populations du Canada et de l’Alaska sont séparées par environ 400 km. Les milieux propices à l’espèce entre le sud-ouest du Yukon et l’Alaska sont très épars et de petite superficie. Aucune sous­population additionnelle n’a été découverte au Yukon malgré les multiples relevés menés dans les milieux apparemment propices à l’espèce (Bennett, comm. pers., 2016).

Unités désignables

La population canadienne de l’ériogone du Nord comprend une seule unité désignable, située dans l’aire écologique des Montagnes du Nord (COSEWIC, 2015). Toutes les occurrences se trouvent dans des milieux semblables et sont situées à une distance maximale d’environ 3 km les uns des autres.

Importance de l’espèce

L’ériogone du Nord est endémique à la Béringie et ne se rencontre que dans les zones non englacées du Yukon et de l’Alaska. L’ériogone du Nord et certaines autres espèces du genre Eriogonum sont utilisées à des fins médicinales par les peuples des Premières Nations (Reveal, 2005; Bennett, 2015).

Répartition

Aire de répartition mondiale

L’aire de répartition mondiale de l’ériogone du Nord se limite au sud-ouest du Yukon et au centre-est de l’Alaska, où il pousse dans des parcelles de prairie et sur des pentes rocheuses (figure 3).

Carte de répartition mondiale du Nord. Voir description longue ci-dessous.
Figure 3    Aire de répartition mondiale de l’ériogone du Nord (Yukon CDC; Nawrocki et al., 2013).
Description longue

Carte de l’aire de répartition mondiale de l’ériogone du Nord, qui ne pousse que dans des parcelles de prairie et sur des pentes rocheuses, dans le sud-ouest du Yukon et le centre-est de l’Alaska. En Alaska, neuf occurrences de l’espèce ont été signalées, dans les bassins supérieurs du fleuve Yukon et de la rivière Porcupine. Au Canada, l’ériogone du Nord pousse uniquement dans une zone comprise entre les lacs Sekulmun et Aishihik.

En Alaska, neuf occurrences de l’espèce ont été signalées, dans les bassins supérieurs du fleuve Yukon et de la rivière Porcupine (Nawrocki et al. 2013; Fulkerson, comm. pers., 2017). Dans le bassin du fleuve Yukon, l’espèce pousse sur des escarpements et des falaises dans un tronçon d’environ 240 km du fleuve, entre Eagle et Circle; seulement environ 64 km de ce tronçon ne se trouvent pas dans la réserve nationale Yukon­Charley Rivers (Parker, 1995; Nawrocki et al., 2013). L’occurrence de la rivière Porcupine se situe à environ 170 km au nord du fleuve Yukon.

Les populations de l’Alaska et du Yukon sont séparées par environ 400 km (figure 3).

La zone d’occurrence mondiale de l’ériogone du Nord a une superficie d’environ 36 800 km2, calculée selon la méthode du polygone convexe minimum. Approximativement 16 000 km2 (44 %) de l’aire de répartition mondiale de l’espèce (mesurée selon la méthode du polygone convexe minimum) se trouvent au Canada.

Aire de répartition canadienne

L’aire de répartition canadienne de l’ériogone du Nord se limite à une zone comprise entre les lacs Sekulmun et Aishihik, dans le sud-ouest du Yukon. Cette zone se trouve sur des terres visées par un règlement et détenues en fief simple par les Premières Nations de Champagne et de Aishihik (R-02A). Au Canada, on trouve une seule population d’ériogone du Nord, composée de cinq sous­populations. Aux fins du présent rapport, les sous­populations sont définies selon les normes sur la délimitation des occurrences d’élément de végétaux fondée sur l’habitat (NatureServe, 2004). Selon ces normes, les occurrences forment une seule sous-population lorsqu’elles sont séparées par moins de 1 km, ou si elles ont séparées par 1 à 3 km sans discontinuité de plus de 1 km de l’habitat convenable.

L’aire de répartition occupe une zone faisant environ 8 km du nord au sud, depuis le nord du lac Poplar jusqu’à un point situé à environ 1,7 km du lac Sekulmun, et 4,5 km d’est en ouest. Dans cette zone, l’ériogone du Nord a été trouvé dans 23 parcelles de prairie d’une superficie allant de moins de 0,1 ha à 21 ha.

Zone d’occurrence et zone d’occupation

La zone d’occurrence de l’ériogone du Nord au Canada a une superficie de 23,6 km2, calculée d’après un polygone convexe minimum comprenant tous les sites connus. L’indice de zone d’occupation (IZO) est de 40 km2 (dix mailles) selon une grille à mailles de 2 km de côté. Selon les lignes directrices du COSEPAC, dans les cas où la zone d’occurrence est inférieure à l’IZO, celle-ci doit être modifiée pour correspondre à la valeur de l’IZO à des fins de cohérence avec la définition voulant que l’IZO fasse partie de la zone d’occurrence.

Activités de recherche

Au Canada, le premier spécimen d’ériogone du Nord a été récolté en 1981 à l’extrémité nord du lac Aishihik, mais celui-ci a été mentionné pour la première fois dans Cody (1994) (Bennett, 2015; Yukon Conservation Data Centre, 2016). Le site a été redécouvert en juin 2004 par des botanistes d’Environnement Yukon, dans le cadre de recherches ciblées ayant mené à la découverte de deux sous­populations (Bennett, 2015; Yukon Conservation Data Centre, 2016).

À partir de 2004, des relevés en hélicoptère ont été réalisés dans l’habitat potentiel de l’espèce. Des sites additionnels ont ainsi été découverts en 2011, 2013, 2014, 2015 et 2016 (tableau 1).

Tableau 1. Effectif estimatif des sous-populations de l’ériogone du Nord au Yukon

Sous-population (occurrence d’élément)

Sites (entité source) Superficie (ha) Année de la découverte 2004 2016 Remarques
1 (153) 396 0,5 1981 300a 363 H et F
1 (153) 372 2,8 1981 >5000a 8504b CWS
2 (212) 451 0,3 2004 300a 282 CWS
3 (214) 475 0,4 2004 150-200 n/a n/a
3 (214) 453 4,4 2004 10 000a 8756b H et F
3 (214) 479 0,9 2004 230 n/a n/a
3 (214) 478 0,4 2004 150-200 n/a n/a
3 (214) 480 0,9 2004 300-350 973 H et F
3 (214) 476 < 0,1 2004 50a n/a n/a
3 (214) 477 0,1 2004 50-100a n/a n/a
3 (214) 2470 0,1 2004 65a 44 Estimé à 30 en 2011
3 (214) 483 < 0,1 2004 35 n/a n/a
3 (214) 482 < 0,1 2004 5 n/a n/a
3 (214) 481 0,1 2004 500a n/a n/a
3 (214) 3665 < 0,1 2016 n/a 75 H et F. Nommé « 2016-01 » dans les notes de terrain.
3 (214) 3666 0,1 2016 n/a 197 H et F. Nommé « 2016-02 » dans les notes de terrain.
4 (946) 2788 20,7 2013 n/a 2752b SCF. Estimé à plus de 100 individus en 2013, mais seulement une partie de la pente a fait l’objet du relevé.
4 (946) 3495 3,6 2015 n/a n/a « Petite parcelle renfermant peu d’individus » en 2015.
4 (946) 3494 1,5 2015 n/a n/a Estimé à 100 individus en 2015.
4 (946) 2469 0,4 2011 n/a n/a Estimé à 500-700 individus en 2011.
4 (946) 3226 2,0 2014 n/a n/a Estimé à 500-1000 individus en 2014.
4 (946) 3662 2,0 2016 n/a 748 SCF. Initialement deux parcelles, qui ont été combinées en un seul polygone. Nommées SCF 2016 01 et 02 dans les notes de terrain.
5 (1444) 3364 0,2 2016 n/a 27 SCF
Minimum population estimate n/a n/a n/a 17 135 22 721 n/a
Note. Dans les sites associés à la mention « H et F », les relevés ont été réalisés par Harris et Foster en 2016. Dans les sites associés à la mention « SCF », les relevés ont été réalisés par les biologistes du Secvice canadien de la faune en 2016.

a estimé

b estimé par sous-échantillonnage

De vastes relevés de terrain ont été menés dans plus de 400 sites au cours de la dernière décennie dans la région située entre le lac Aishihik et la population de l’Alaska; plusieurs de ces relevés ciblaient l’ériogone du Nord et d’autres plantes rares, dont la drave du Yukon (Draba yukonensis), le podistère du Yukon (Podistera yukonensis), le vélar à feuilles étroites (Erysimum angustatum) et la saxifrage en épi (Micranthes spicata) (figure 4) (Bennett, comm. pers., 2016). Bien que bon nombre de ces relevés aient été réalisés dans des milieux propices à l’ériogone du Nord, aucune nouvelle sous­population de l’espèce n’a été découverte, mis à part celles mentionnées ci­dessus. Des relevés ciblant l’ériogone du Nord ont été menés dans des milieux propices en mai et en juin 2014 dans les portions canadiennes du fleuve Yukon, en amont des occurrences d’Eagle, en Alaska, et de la rivière Porcupine, également en amont des occurrences de l’Alaska (6,5 journées de recherche au total) (Dar, comm. pers., 2016).

L’ériogone du Nord est peu susceptible d’être confondu avec d’autres espèces. Cette espèce vivace est voyante et pousse dans des prairies dégagées. Aucune autre espèce du genre Eriogonum n’est présente au Yukon, en Alaska ou dans le nord de la Colombie-Britannique, et il n’existe aucune espèce semblable susceptible d’être confondue avec l’ériogone du Nord (Bennett, comm. pers., 2016).

Carte de sud-ouest du Yukon. Voir description longue ci-dessous.
Figure 4. Activités de recherche visant l’ériogone du Nord et d’autres plantes rares dans le sud-ouest du Yukon (d’après les données du CDC du Yukon et du SCF).
Description longue

Carte montrant l’emplacement des activités de recherche visant l’ériogone du Nord et d’autres plantes rares dans le sud-ouest du Yukon. Les symboles permettent de distinguer les activités ciblées des activités non ciblées.

Habitat

Besoins en matière d’habitat

L’ériogone du Nord pousse dans des communautés de prairie occupant des pentes sèches dans la zone bioclimatique du Haut-Boréal (Environment Yukon, 2016). Au lac Aishihik, les individus de l’espèce ont été observés à des altitudes de 900 à 1000 m, dans des sols sableux ou limoneux bien drainés contenant du gravier et des galets (figures 5 et 6). Un des sites se trouve sur une colline rocheuse recouverte d’une couche de sable limoneux (figure 7). Les pentes où on rencontre l’espèce ont une inclinaison de 20 à 45 degrés et ont généralement une orientation sud de 140 à 275 degrés (Vetter, 2000; Yukon Conservation Data Centre, 2016). Les prairies sont entourées de forêts et de boisés d’épinette blanche (Picea glauca) et de peuplier faux-tremble (Populus tremuloides).

La végétation des prairies est basse et relativement clairsemée. La couverture végétale totale est d’en moyenne 50 % à 75 % (Vetter, 2000). Parmi les espèces végétales associées à l’ériogone du Nord, on compte l’armoise douce (Artemisia frigida), le carex filifolié (Carex filifolia), la calamagrostide pourpre (Calamagrostis purpurascens), le pâturin glauque (Poa glauca), le penstémon de Gorman (Penstemon gormanii), le phlox de Hood (Phlox hoodii), la potentille des neiges (Potentilla nivea), le chamérhodos dressé (Chamaerhodos erecta), la vergerette cespiteuse (Erigeron caespitosus) et la koelérie d’Asie (Koeleria asiatica) (Vetter, 2000; Bennett, comm. pers., 2016; Yukon Conservation Data Centre, 2016). Des clones de peuplier et des épinettes blanches sont généralement présents au pied des pentes et sont parfois observés à l’intérieur de la prairie. La plupart des individus de l’espèce poussent en plein soleil.

Dans les prairies, des parcelles de sol exposé associées à des terriers et des pistes de spermophile arctique (Spermophilus parryii) et à des sentiers de bison des bois (Bison bison athabascae) et de cheval sauvage (Equus ferus caballus) sont couramment observées. De plus, sur certaines des pentes, des tanières de loup (Canis lupus) sont associées à du sol exposé (Jung, comm. pers., 2017).

L’ériogone du Nord pousse dans des milieux semblables en Alaska, sur des escarpements et des falaises rocheuses orientés vers le sud, le long du fleuve Yukon et de la rivière Porcupine (Parker, 1995). L’espèce se rencontre sur des escarpements rocheux, des pentes de gravats et des falaises verticales comportant du gravier et des dépôts alluviaux fins. Des individus de grande taille et sains ont été observés sur des substrats rocheux et sur des sols fins (Parker, 1995).

Photo de paysage 1
Figure 5. Habitat de l’ériogone du Nord. Lac Aishihik, Yukon. Juin 2016 (photo : R. Foster).
Photo de paysage 2
Figure 6. Habitat de l’ériogone du Nord. Lac Aishihik, Yukon. Juin 2016. Des sentiers de grands herbivores traversant la pente et des terriers de spermophile arctique sont bien visibles (photo : R. Foster).
Photo de paysage 3
Figure 7. Habitat de l’ériogone du Nord. Lac Aishihik, Yukon. Juin 2016 (photo : R. Foster).
Photo de paysage 4
Figure 8. Clones de peuplier faux-tremble en bordure de la prairie. Lac Aishihik, Yukon. Juin 2016 (photo : A. Harris).

Tendances en matière d’habitat

Dans le sud-ouest du Yukon, l’augmentation de la couverture forestière pourrait entraîner une diminution de la superficie et une fragmentation des prairies (Conway, 2012; Conway et Danby, 2014). Dans la région du lac Kluane (situé à 80 km à l’ouest du lac Aishihik), la prairie a perdu environ le tiers de sa superficie de 1947 à 2007 à cause de l’empiètement du peuplier faux-tremble sur les pentes orientées vers le sud. De plus, une augmentation de la fragmentation des prairies a été observée durant cette période. L’établissement des peupliers a été associé à la hausse des températures printanières ainsi qu’à l’augmentation des précipitations durant cette période (Conway, 2012; Conway et Danby, 2014).

Aucun suivi détaillé n’a été effectué au lac Aishihik, mais la prairie ne semble pas y avoir rétréci de façon considérable. L’empiètement des arbres et des arbustes est probablement limité par les conditions extrêmement sèches qui règnent sur les pentes très abruptes (Vetter, 2000). Comparativement à ce qui est observé dans de nombreuses prairies de la région du lac Kluane, le drainage est rapide sur les pentes abruptes, ce qui réduit les effets de la hausse des précipitations (Conway, 2012). Des peupliers sont présents au pied et en bordure des parcelles de prairie et forment parfois des bosquets sur les pentes (figure 8). Selon Vetter (2000), la superficie de prairie semblait stable au début des années 1980, vu l’absence de jeunes arbres. De plus, le lièvre d’Amérique (Lepus americanus) (Vetter, 2000) et le bison des bois (Foster et Harris, obs. pers.) pourraient limiter la progression des peupliers au lac Aishihik.

Le bison des bois a été réintroduit dans la région du lac Aishihik à la fin des années 1980 (voir la section Menaces). Des pistes et des sentiers de grands herbivores (figure 6) ainsi que des bouses et des dommages infligés à des gaules de peuplier ont été observés dans tous les sites ayant fait l’objet de relevés en 2016 aux fins de la présente étude. Les modifications de l’habitat causées par le bison et les répercussions de celles-ci sur l’ériogone du Nord n’ont pas encore été déterminées. Les données sur l’habitat présentées dans Vetter (2000) ont été recueillies en 1981, avant la réintroduction du bison des bois.

Des sentiers de véhicules tout-terrain sont présents sur les crêtes de certaines des pentes, mais de tels sentiers sont rarement observés sur les pentes abruptes qui renferment la majeure partie de l’habitat de l’ériogone du Nord.

Biologie

La biologie de l’ériogone du Nord a été peu étudiée, et la section qui suit est fondée sur les observations faites durant les relevés des plantes rares réalisés au Yukon (Yukon Conservation Data Centre, 2016) et en Alaska (Parker, 1995) plutôt que sur des études systématiques. Des études sur d’autres espèces du genre Eriogonum sont citées dans les cas où aucune autre donnée n’est disponible.

Cycle vital et reproduction

L’ériogone du Nord est une plante herbacée vivace. Sa durée de vie habituelle est inconnue, mais la grande taille de certains individus (> 40 cm), qui comprennent de multiples tiges, donne à penser que l’espèce a une longue durée de vie (Parker, 1995). Certaines espèces arbustives du genre Eriogonum présentes en Californie vivent plus de 100 ans (Anderson, 2006). L’âge auquel les individus parviennent à maturité est également inconnu, mais de nombreuses espèces du genre Eriogonum fleurissent à leur première année (Meyer, 2008).

L’espèce fleurit en juin et en juillet (Bennett, comm. pers., 2016), et les graines arrivent à maturité à la fin juillet (Parker, 1995). Les fleurs sont pour la plupart bisexuées. Au lac Aishihik, plus de 90 % des individus étaient en fleur à la fin juin 2016 (Harris et Foster, obs. pers.). Les individus de grande taille présentaient 70 tiges florifères ou plus, chaque tige comptant 25 fleurs ou plus. En revanche, seulement environ 50 % des individus possédaient des tiges florifères en Alaska (Parker, 1995). Chaque fleur comprend un seul ovaire et peut produire une seule graine (Meyer, 2008).

La viabilité des graines est très variable au sein du genre Eriogonum et va de 60 % chez dix espèces vivaces observées en Utah (Meyer et Paulsen, 2000) à moins de 1 % chez d’autres espèces (Anderson, 2006). Les graines ne possèdent pas de mécanismes les empêchant de germer la première année et sont donc peu susceptibles de persister dans le réservoir de semences du sol (Meyer et Paulsen, 2000).

L’ériogone du Nord peut se reproduire par voie végétative, par étalement des ramifications du caudex, mais ce mode de reproduction est apparemment peu commun chez l’espèce (Parker, 1995; Nawrocki et al., 2013). Certaines espèces vivaces du genre Eriogonum peuvent se reproduire par fragmentation (Anderson, 2006).

Le taux de recrutement semble être faible, et aucun semis n’a été observé au lac Aishihik en 2004, 2013 et 2016 (Yukon Conservation Data Centre, 2016), ni dans le cadre d’une étude menée en Alaska (Parker, 1995). Chez l’Eriogonum brandegeei, espèce indigène du Colorado, le recrutement est apparemment rare et se produit seulement en présence de conditions favorables (Anderson, 2006). La fourchette de tailles des individus au lac Aishihik donne à penser que le recrutement est régulier chez l’espèce (en supposant que le taux de croissance est relativement uniforme chez les individus). En 2016, environ le tiers des individus avaient un diamètre inférieur à 15 cm, environ 60 % avaient un diamètre de 15 à 30 cm et autour de 5 % avaient un diamètre supérieur à 30 cm.

La durée d’une génération chez l’ériogone du Nord est inconnue, mais l’absence apparente de recrutement entre les relevés de 2004 et de 2016 laisse croire que la plupart des individus sont âgés d’au moins 15 ans. Selon des estimations prudentes, l’âge moyen des individus de la population serait de vingt ans.

L’ériogone du Nord est probablement pollinisé par une grande variété d’insectes, comme d’autres espèces du genre Eriogonum (Anderson, 2006; Meyer, 2008). Les fleurs des Eriogonum ne sont pas spécialisées pour un groupe de pollinisateurs en particulier, mais elles renferment du pollen et une petite quantité de nectar accessibles pour de nombreuses espèces d’insectes (Anderson, 2006). Les insectes ayant visité les fleurs de l’ériogone du Nord lors du relevé de 2016 au lac Aishihik étaient le Bombus bifarius, une abeille solitaire (probablement l’Andrena transnigra; famille des Andrénidés) (figure 2), un syrphe (famille des Syrphidés) et un bombyliidé (Anastoechus c.f. barbatus; famille des bombyliidés) (Harris et Foster, obs. pers.). Des Bombus bifarius ont été observés à plusieurs occasions sur les fleurs de l’espèce; certains présentaient des corbicules remplies de pollen jaune, ce qui donne à penser qu’ils pourraient avoir une fonction de pollinisateur. L’abeille solitaire présentait elle aussi du pollen jaune adhérant à son corps. Parmi les autres insectes observés sur les fleurs de l’ériogone du Nord au lac Aishihik, on compte l’Euphydryas chalcedona et plusieurs espèces de papillons nocturnes (Cannings, comm. pers., 2016).

Physiologie et adaptabilité

L’ériogone du Nord a une aire de répartition limitée et est adapté aux milieux secs et dégagés situés sur des pentes orientées vers le sud. La pubescence laineuse recouvrant les feuilles et les tiges de l’ériogone du Nord constitue probablement une adaptation visant à réduire les pertes d’eau ou à dissuader les herbivores de les consommer. D’autres espèces du genre Eriogonum réduisent leurs pertes d’eau en refermant rapidement leurs stomates lorsque le taux d’humidité baisse (Anderson, 2006).

Les perturbations ont un effet positif chez certaines espèces du genre Eriogonum, et la plupart des espèces de ce genre n’ont pas une bonne capacité de concurrence contre les graminées vivaces denses (Anderson, 2006; Meyer, 2008). Certaines espèces tolèrent un broutage de faible intensité (Ladyman, 2006).

D’autres espèces du genre Eriogonum ont été multipliées au moyen de semences (Meyer, 2008) ou par bouturage (Anderson, 2006), mais aucun essai de ce type portant sur l’ériogone du Nord n’a été effectué. Les graines des espèces du genre Eriogonum sont faciles à récolter et peuvent être utilisées pour le semis direct ou le semis en pépinière.

Dispersion

La dispersion des graines n’a pas été étudiée chez l’espèce, mais les akènes de celle-ci sont dépourvus de crochets (dispersion par les animaux) et d’ailes (dispersion par le vent), de sorte que leur dispersion sur de longues distances est probablement rare. Les akènes sont le plus probablement dispersés par la pluie et la gravité ou, sur de courtes distances, par le vent (Reveal, 2005; Anderson, 2006).

La migration est probablement limitée par la répartition morcelée des prairies au Yukon et en Alaska. Les analyses du pollen ancien laissent croire que les prairies n’ont jamais été étendues dans le sud-ouest du Yukon au cours des 10 000 dernières années (Keenan et Cwynar, 1992).

Interactions interspécifiques

Comme d’autres espèces du genre Eriogonum (Young-Mathews, 2012), l’ériogone du Nord pourrait constituer une source importante de nectar pour les insectes à l’échelle locale (voir la section Cycle vital et reproduction). Les akènes de l’ériogone à ombelle (Eriogonum umbellatum) sont une source de nourriture pour les oiseaux et les petits mammifères (Young-Mathews, 2012).

Aucun signe de dommages causés par les insectes n’a été observé chez l’ériogone du Nord durant les relevés de 2016, mais des pucerons (Homoptères) ont été photographiés sur des feuilles au lac Aishihik (Cannings, comm. pers., 2016). De plus, de minuscules trous créés par des insectes s’alimentant sur les feuilles ont été observés dans les sous­populations d’ériogone du Nord de l’Alaska (Parker, 1995).

Quelques individus de l’espèce avaient été broutés légèrement en 2016, peut-être par le spermophile arctique ou le lièvre d’Amérique, mais la plupart des individus ne présentaient aucun signe de broutage. Des indices de la présence de ces deux mammifères ont été observés dans tous les sites.

Des signes de la présence du bison des bois ont également été observés dans tous les sites au lac Aishihik en 2016, y compris des sentiers traversant les pentes, des gaules de peuplier endommagées, des bouses et des dépressions. Des traces et des excréments de chevaux ont été observés dans certains sites. Les pentes sont utilisées par le cerf mulet (Odocoileus hemionus), l’orignal (Alces americanus) et le caribou des bois (Rangifer tarandus) en hiver et par le grizzli (Ursus arctos) en été (Jung, comm. pers., 2017). Aucun signe de dommages directs causés par ces espèces n’a été observé chez l’ériogone du Nord, mais une analyse plus poussée à ce sujet est présentée dans les sections Tendances en matière d’habitat et Menaces.

Taille et tendances de la population

Activités et méthodes d’échantillonnage

En 2016, les individus ont été dénombrés dans les sites de petite superficie (n = 8). Les sites 372 et 453 (tableau 1) ont fait l’objet d’un sous-échantillonnage : les observateurs ont parcouru des transects parallèles (espacés d’environ 25 m) orientés dans le sens de la pente et ont dénombré les individus se trouvant dans les bandes de 1,5 m de part et d’autre de la ligne centrale du transect. Pour produire l’estimation du nombre total d’individus dans ces sites, la densité de l’ériogone du Nord a été multipliée par la superficie totale du polygone d’habitat. Dans le site 2788, un sous-échantillonnage a été effectué par trois employés de terrain qui ont parcouru à pied une portion de la parcelle et ont estimé le nombre total d’individus par extrapolation et par estimation visuelle (Dar, comm. pers., 2016). Dans le cas des quatre nouveaux sites découverts dans le cadre de la présente étude, la superficie du polygone convexe renfermant tous les individus de l’espèce a été mesurée.

Dans certains sites, on a consigné la catégorie de taille (< 15 cm de hauteur, 15-30 cm de hauteur ou > 30 cm de hauteur) et le caractère florifère ou non florifère (floraison en 2016) des individus (associés à la mention « H et F » dans le tableau 1).

Abondance

En 2016, selon les dénombrements et les estimations, il y avait 22 721 individus au total dans les 11 sites échantillonnés (tableau 1). Les pourcentages d’individus florifères étaient très élevés et plutôt uniformes dans l’ensemble des sites (98 à 100%, moyenne = 98,8 %), de sorte que le nombre d’individus florifères peut être considéré comme une estimation raisonnable du nombre d’individus matures. Dans les 12 sites qui n’ont pas fait l’objet de relevés en 2016, le nombre total minimum d’individus a été estimé à 2 270 selon les relevés réalisés de 2004 à 2015 (tableau 1).

Fluctuations et tendances

Il n’existe pas de données exhaustives sur les tendances pour l’ériogone du Nord, mais l’effectif était à peu près stable dans les six sites où celui-ci a été estimé en 2004 et en 2016 (tableau 1). L’espèce est vivace, a apparemment une longue durée de vie, présente un faible taux de recrutement et ne connaît probablement pas de fluctuations extrêmes.

Immigration de source externe

Une immigration de source externe est peu probable, vu la distance qui sépare les populations de l’Alaska et du Canada (> 400 km), la répartition très éparse des milieux convenant à l’espèce dans le paysage s’intercalant entre ces populations et la capacité de dispersion apparemment limitée des akènes.

Facteurs limitatifs et menaces

Menaces

Les menaces directes pesant sur l’ériogone du Nord qui sont abordées dans le présent rapport ont été structurées et évaluées en fonction du système unifié de classification des menaces proposé par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et le Partenariat pour les mesures de conservation (Conservation Measures Partnership, ou CMP) (Master et al., 2012). Les menaces sont définies comme étant les activités ou les processus immédiats qui ont une incidence directe et négative sur la population. Les résultats de l’évaluation de l’impact, de la portée, de la gravité et de l’immédiateté de ces menaces sont présentés sous forme de tableau à l’annexe 1.

Selon l’évaluation des menaces, l’impact des menaces à l’échelle de l’aire de répartition est considéré comme très faible (voir l’annexe 1). Parmi les risques potentiels déterminés, les menaces plausibles les plus graves étaient associées au bison des bois réintroduit, aux plantes envahissantes et à l’empiètement des peupliers lié aux changements climatiques. Cependant, ces menaces sont mal comprises, et leur impact est actuellement inconnu ou négligeable. D’autres menaces plausibles ont été déterminées : l’agriculture, la cueillette et les activités récréatives. L’incertitude liée à la gravité et à l’imminence de ces menaces est toutefois relativement élevée. Par conséquent, elles sont plutôt classées dans la catégorie des « menaces dont l’imminence et les incidences sont hypothétiques, mais possibles » (COSEWIC, 2011). Toutes les menaces sont présentées ci-dessous, selon les catégories de menaces correspondantes du système de classification des menaces de l’UICN (Master et al., 2012).

Menace 8 de l’UICN. Espèces et gènes envahissants ou autrement problématiques

8.1 Espèces exotiques (non indigènes) envahissantes

Aucune plante envahissante n’a encore été signalée dans l’habitat de l’ériogone du Nord au lac Aishihik (Bennett, comm. pers., 2016), ce qui explique que l’impact de cette menace est actuellement considéré comme étant négligeable, mais certaines espèces envahissantes se propagent le long des chemins dans le sud-ouest du Yukon. Les espèces qui sont susceptibles de menacer l’ériogone du Nord sont le crépis des toits (Crepis tectorum), le mélilot blanc (Melilotus albus), le brome inerme (Bromus inermis), la centaurée du Rhin (Centaurea stoebe) et l’agropyre à crête (Agropyron cristatum), qui envahissent les milieux secs et dégagés (Bennett, comm. pers., 2016; Environment Yukon, 2011). Les véhicules récréatifs, les bisons et l’équipement servant à la récolte des bisons constituent des vecteurs potentiels. Les prairies situées sur des pentes orientées vers le sud sont parmi les milieux présentant le microclimat le plus chaud et le plus sec dans la zone bioclimatique du Haut-Boréal et elles pourraient donc être particulièrement susceptibles d’être colonisées par des espèces envahissantes des climats tempérés (Flagstad et al., 2012)

8.2 Espèces indigènes problématiques

Le bison des bois pourrait devenir une menace potentielle pour l’ériogone du Nord. Au total, 170 bisons des bois ont été relâchés de 1986 à 1992 dans la vallée de la Nisling. La harde connaît une croissance rapide en l’absence de prédateurs naturels et a étendu son aire de répartition jusqu’à la région du lac Aishihik (Government of Yukon, 2012). La harde comptait environ 1 200 individus en 2011 (Government of Yukon, 2012) et 1 470 individus en 2014 (Jung et Egli, 2014). Aucun signe de broutage par le bison n’a été signalé chez l’ériogone du Nord, mais le piétinement des semis pourrait avoir une incidence sur le recrutement. Des traces, des sentiers et des dépressions créés par le bison des bois et d’autres grands herbivores ainsi que des bouses ont été observés dans tous les sites visités en 2016 (figure 6).

La hausse continue de la population de bison pourrait représenter une menace pour l’ériogone du Nord si l’utilisation accrue des pentes entraîne une augmentation du piétinement et de l’érosion, favorise l’invasion de mauvaises herbes ou modifie autrement le milieu physique ou la communauté végétale.

L’ériogone du Nord a probablement évolué avec de grands herbivores et pourrait tolérer la présence du cheval et du bison. Le bison des steppes (Bison priscus), le mammouth (Mammuthus primigenius) et des chevaux (Equus spp.) étaient présents en Béringie durant la majeure partie du Pléistocène (Harington, 2008; Shapiro et al., 2004), mais ils ont décliné à mesure que les prairies ont été remplacées par la forêt boréale lorsque le climat est devenu plus chaud et plus humide. Des chevaux (y compris l’Equus lambei) étaient présents au Yukon il y a environ 200 000 à 35 000 ans (Harington, 2002). Comme d’autres espèces végétales des prairies, l’ériogone du Nord pourrait profiter de la présence de populations modérées de grands herbivores, qui réduisent les espèces concurrentes, ralentissent l’empiètement des peupliers et créent des microsites propices à la germination des graines (p. ex., Knapp et al., 1999). L’impact calculé des grands herbivores est donc inconnu. Un programme de suivi de la végétation comprenant des exclos contre les bisons est actuellement mené au lac Aishihik, mais les résultats de celui-ci ne sont pas encore disponibles (Schroeder, comm. pers., 2017).

Menace 11 de l’UICN. Changements climatiques et phénomènes météorologiques violents

11.1 Déplacement et altération de l’habitat

Selon les modèles d’habitat, les effets des changements climatiques varieront d’une écorégion à l’autre dans l’aire de répartition de l’ériogone du Nord en Alaska, mais les steppes connaîtront peu de changements nets (Boucher et al., 2016; Fulkerson, comm. pers., 2017). L’impact calculé de cette menace est donc inconnu. Les modèles climatiques prédisent une hausse des températures et une augmentation des précipitations, qui seront toutefois variables. Les forêts occupant des pentes orientées vers le sud pourraient être remplacées par des steppes là où la hausse de l’évapotranspiration n’est pas compensée par une augmentation des précipitations. Par contre, la couverture arborée pourrait augmenter dans les zones humides. Une perte d’habitat de faible envergure pourrait être observée dans la région du fleuve Yukon, alors qu’une légère hausse pourrait se produire dans la région de Forty Mile (Boucher et al., 2016; Fulkerson, comm. pers., 2017).

On ne dispose pas de modèles climatiques détaillés pour le Yukon, mais la hausse des précipitations et des températures au cours des 60 à 80 dernières années pourrait avoir permis au peuplier faux-tremble d’empiéter sur les prairies dans le sud-ouest du Yukon (Conway, 2012; Conway et Danby, 2014), ce qui pourrait avoir entraîné une perte d’habitat pour l’ériogone du Nord. L’empiètement des peupliers sur les prairies n’a pas été étudié dans la région du lac Aishihik, mais les pentes abruptes entraînant un drainage rapide pourraient maintenir le sol sec et atténuer les effets de la hausse des précipitations.

Menace 2 de l’UICN. Agriculture et aquaculture

2.3 Élevage de bétail

Les chevaux utilisent les prairies de la région du lac Aishihik depuis au moins 70 ans. Les peuples des Premières Nations de Champagne et de Aishihik utilisaient des chevaux avant la construction de la route Aishihik et de l’aéroport en 1941. Des chevaux sauvages et domestiqués étaient présents dans la région, et les familles d’Aishihik capturaient des poulains sauvages. La harde sauvage a persisté jusqu’au début des années 1970 et a été observée pour la dernière fois dans la région de Nisling (à environ 50 km au nord du lac Aishihik) vers cette période (Jim, comm. pers., 2017). Les chevaux domestiques actuellement présents dans la région d’Aishihik descendent directement des chevaux sauvages (Jim, comm. pers., 2017).Les effets de cette disparition sur l’ériogone du Nord et son habitat sont inconnus, mais l’espèce a probablement évolué avec de grands herbivores et pourrait tolérer leur présence, voire même profiter de celle-ci. L’impact calculé de cette menace est considéré comme négligeable.

Menace 5 de l’UICN. Utilisation des ressources biologiques

5.2 Cueillette de plantes terrestres

L’ériogone du Nord est utilisé à des fins médicinales par les membres des Premières Nations au lac Aishihik (Bennett, 2015), mais l’intensité de cette utilisation et ses effets sur la population sont considérés comme négligeables.

Menace 6 de l’UICN. Intrusions et perturbations humaines

6.1 Activités récréatives

On trouve des sentiers de véhicules tout-terrain de long des crêtes de certaines pentes adjacentes à l’habitat de l’ériogone du Nord. Les pentes où pousse l’ériogone du Nord sont généralement trop abruptes pour que les véhicules tout-terrain y circulent, et ceux­ci sont donc peu susceptibles d’avoir un impact sur l’espèce; leur impact calculé est donc considéré comme négligeable.

Facteurs limitatifs

L’ériogone du Nord est probablement limité par la répartition éparse des prairies dans sa zone d’occurrence ainsi que par son taux de recrutement apparemment faible et sa capacité de dispersion limitée.

Nombre de localités

Aux fins des évaluations du COSEPAC, le terme « localité » désigne une zone dans laquelle un seul phénomène menaçant peut affecter rapidement tous les individus présents (COSEWIC, 2015). La détermination du nombre de localités dépend de l’interprétation qui est faite des menaces. Comme il est expliqué en détail à la section Menaces, aucune menace n’est considérée comme étant à la fois de grande ampleur et imminente, mais certaines d’elles sont plausibles. Tous les individus connus de l’ériogone du Nord se trouvent dans une zone faisant environ 8 km sur 4,5 km où un seul phénomène menaçant, comme une modification de l’utilisation des terres, pourrait toucher rapidement tous les individus. Cependant, aucune menace n’est d’une ampleur ou d’une immédiateté suffisante pour justifier la définition de localités, de sorte que chacune des 5 sous­populations pourrait représenter une localité (pour un total de 5 localités). Le nombre de localités serait donc de 1 à 5.

Protection, statuts et classements

Statuts et protection juridiques

L’ériogone du Nord ne jouit actuellement d’aucune protection et d’aucun statut juridiques au Canada et aux États-Unis. Il ne figure pas sur la liste des espèces protégées par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES).

Statuts et classements non juridiques

L’ériogone du Nord a été désigné espèce préoccupante par le COSEPAC en novembre 2017. Les cotes de conservation attribuées à l’ériogone du Nord sont les suivantes (NatureServe, 2016) :

Cote mondiale :
en péril au niveau de la variété (G5T2)
Canada:
gravement en péril (N1)
États-Unis :
en péril (N2)
Yukon:
gravement en péril (S1)
Alaska:
en péril (S2)

Protection et propriété de l’habitat

Toutes les occurrences canadiennes connues de l’ériogone du Nord se trouvent sur des terres visées par un règlement et détenues en fief simple par les Premières Nations de Champagne et de Aishihik (R-02A).

Remerciements

Les Premières Nations de Champagne et de Aishihik ont autorisé les rédacteurs du rapport à mener des relevés dans leur territoire traditionnel. Les rédacteurs remercient Michael Jim et Graham Boyd de les avoir aidés à obtenir cette autorisation. De plus, Michael leur a fourni des renseignements sur l’histoire de la région.

Bruce Bennett s’est révélé d’une aide inestimable en répertoriant les sites des relevés ainsi que d’autres renseignements et en autorisant l’accès à l’herbier B.A. Bennett Yukon. Son aide a été grandement appréciée. Les rédacteurs du rapport remercient également Syd Cannings et Saleem Dar, du Service canadien de la faune, ainsi que Randi Mulder, du ministère de l’Environnement du Yukon, qui leur ont fourni les données recueillies dans le cadre des relevés précédents. Ils remercient également Randi et Bruce pour leur hospitalité.

Justin Fulkerson nous a fourni des renseignements sur les occurrences d’ériogone du Nord en Alaska. Syd Cannings, Joel Kits et Cory Sheffield ont identifié les insectes à partir de photographies. Robert Anderson, Jennifer Doubt et Lyndsey Sharp, du Musée canadien de la nature, ont effectué des recherches concernant les spécimens d’herbier.

Experts contactés
Nom Titre Organisme Ville Province/État
Bruce Bennett Sous-comité de spécialistes des plantes vasculaires Comité sur la situation des espèces en péril au Canada Whitehorse Yukon
Syd Cannings Biologiste des espèces en péril Service canadien de la faune. Environnement et Changement climatique Canada Whitehorse Yukon
Saleem Dar Biologiste Service canadien de la faune. Environnement et Changement climatique Canada Whitehorse Yukon
Justin Fulkerson Botaniste Alaska Center for Conservation Science Anchorage Alaska, États-Unis
Michael Jim Agent des pêches et de la faune Premières Nations de Champagne et Aishihik Whitehorse Yukon
Randi Mulder Spécialiste de l’information sur la biodiversité Ministère de l’Environnement du Yukon Whitehorse Yukon
Lori Schroeder Assistante de recherche. Laboratoire d’écologie forestière Département des ressources renouvelables. Faculté des sciences de l’agriculture, de la vie et de l’environnement. Université de l’Alberta Edmonton Alberta

Sources d’information

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Brouillet, L., F. Coursol, S.J. Meades, M. Favreau, M. Anions, P. Bélisle et P. Desmet. 2010. Base de données des plantes vasculaires du Canada (VASCAN). Site Web : Canadensys).

Cannings, S., comm. pers. 2016. Correspondance par courriel adressée à A. Harris, octobre 2016. Biologiste des espèces en péril, Service canadien de la faune.

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Schroeder, L., comm. pers. 2017. Correspondance par courriel adressée à A. Harris, janvier 2017. Assistante de recherche, Laboratoire d’écologie forestière (Ellen Macdonald), Département des ressources renouvelables, Faculté des sciences de l’agriculture, de la vie et de l’environnement, Université de l’Alberta, Edmonton, Alberta.

Shapiro, B., A.J. Drummond, A. Rambaut, M.C. Wilson, P.E. Matheus, A.V. Sher, O.G. Pybus, M. T.P. Gilbert, I. Barnes, J. Binladen, E. Willerslev, A.J. Hansen, G.F. Baryshnikov, J.A. Burns, S. Davydov, J.C. Driver, D.G. Froese, C. R. Harington, G. Keddie, P. Kosintsev, M.L. Kunz, L.D. Martin, R.O. Stephenson, J. Storer, R. Tedford, S. Zimov et A. Cooper. 2004. Rise and fall of the Beringian Steppe Bison. Science 306:1561-1565.

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Young-Mathews, A. 2012. Plant fact sheet for sulphur-flower buckwheat (Eriogonum umbellatum). USDA-Natural Resources Conservation Service, Plant Materials Center, Corvallis, OR.

Sommaire biographique des rédactrices du rapport

Allan Harris compte plus de 25 années d’expérience comme biologiste dans le nord de l’Ontario. Il détient un diplôme de baccalauréat (B.Sc.) en biologie de la faune de l’Université de Guelph (University of Guelph) et une maîtrise (M.Sc.) en biologie de l’Université Lakehead. Après avoir occupé un poste de biologiste au ministère des Richesses naturelles de l’Ontario pendant sept ans, il a cofondé Northern Bioscience, une entreprise de consultation écologique établie à Thunder Bay, en Ontario. Allan Harris a rédigé ou a corédigé avec Rob Foster des douzaines d’articles scientifiques, de rapports techniques et d’articles de vulgarisation, y compris des rapports de situation du COSEPAC sur le Pyrrhia aurantiago, la cicadelle à queue rouge, le monarque, l’héliotin d’Aweme, l’hémileucin de Nuttall, le criquet du lac Huron, le gomphe riverain, le gomphe de Laura, le gomphe des rapides, la cicindèle à grandes taches de Gibson, la cicindèle verte des pinèdes, l’hespérie de Powesheik, le mormon, l’amiral de Weidemeyer, l’hémileucin du ményanthe, le perceur du ptéléa, la gnaphose de Snohomish, l’escargot-forestier à larges bandes, l’aster de la Nahanni, l’aster fausse-prenanthe, la buchnéra d’Amérique, le trille à pédoncule incliné et le lipocarphe à petites fleurs. Il est également auteur d’un rapport provincial sur la situation du caribou des bois en Ontario et auteur ou coauteur de programmes de rétablissement nationaux et provinciaux visant des espèces de plantes vasculaires et d’oiseaux en péril.

Robert Foster est cofondateur et partenaire principal de Northern Bioscience, entreprise qui offre des services professionnels de consultation écologique en appui aux travaux de gestion, de planification et de recherche sur les écosystèmes. Il est titulaire d’un baccalauréat en biologie (B.Sc) de l’Université Lakehead (Lakehead University) et d’un doctorat en zoologie (D.Phil.) de l’Université d’Oxford (Oxford University). Robert Foster a travaillé pendant plus de 25 ans comme écologiste en Ontario et a réalisé de nombreux relevés d’insectes à des fins de planification et d’évaluation environnementales d’aires protégées en Ontario, ainsi qu’au Manitoba, au Minnesota, au Québec, en Alberta et en Colombie-Britannique. Rob a rédigé ou corédigé plus de 20 rapports de situation du COSEPAC sur diverses espèces, dont 15 insectes, 5 plantes vasculaires, une araignée, un escargot terrestre et un oiseau.

Collections examinées

Herbier B.A. Bennett Yukon (BABY) : recherche effectuée par Bruce Bennett, conservateur.

Musée canadien de la nature (CANM) : recherche effectuée par Lyndsey Sharp, responsable des collections, Botany Research and Collections.

Annexe 1. Tableau d’évaluation des menaces pesant sur l’ériogone du Nord (Eriogonum flavum var. aquilinum) au Canada

La classification des menaces présentée ci-dessous est fondée sur le système unifié de classification des menaces proposé par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et le Partenariat pour les mesures de conservation (Conservation Measures Partnership, ou CMP) (IUCN–CMP). Pour une description détaillée du système de classification des menaces, veuillez consulter le site Web « Open Standards » (Open Standards, 2017). Les menaces peuvent être observées, inférées ou prévues à court terme. Les menaces sont caractérisées ici en fonction de leur portée, de leur gravité et de leur immédiateté. « L’impact » d’une menace est calculé selon sa portée et sa gravité. Pour plus de renseignements, voir Salafsky et al. (2008) et Master et al. (2009, 2012).

Nom scientifique de l’espèce ou de l’écosystème
Ériogone du Nord (Eriogonum flavum var. aqulinum)
Identification de l’élément
n/a
Code de l’élément
n/a
Date
10/30/2017
Évaluateur(s) :
Del Meidinger (animateur et coprésident du sous-comité de spécialistes des plantes vasculaires); Jana Vamosi (coprésidente du sous-comité de spécialistes des plantes vasculaires); Allan Harris (rédacteur du rapport); Syd Cannings et Saleem Dar (SCF); Daniel Brunton, James Pojar, Karen Samis, Bruce Bennett (sous-comité de spécialistes des plantes vasculaires); Lori Schroeder (U de l’Alberta); Joanna James (Secrétariat du COSEPAC)
Références :
n/a
Calcul de l’impact global des menaces
Impact des menaces Impact des menaces (descriptions) Comptes des menaces de niveau 1
selon l’intensité de leur impact :
Maximum de la plage d’intensité
Comptes des menaces de niveau 1
selon l’intensité de leur impact :
Minimum de la plage d’intensité
A Très élevé 0 0
B Élevé 0 0
C Moyen 0 0
D Faible 0 0
n/a Impact global des menaces calculé : n/a n/a
Impact global des menaces attribué
I = Inconnu
Justification de l’ajustement de l’impact
Il existe des menaces, mais on ignore comment celles-ci se manifestent. Le bison et les plantes envahissantes sont les principales menaces potentielles. Aucun signe de déclin au cours des 15 dernières années
Commentaires sur l’impact global des menaces
La durée d’une génération est estimée à 20 ans. Explication : certaines populations ont fait l’objet de relevés en 2004 et en 2016. La structure par âge de celles-ci a été consignée, mais aucun signe de recrutement (semis) n’a été observé, ce qui laisse supposer que les individus étaient âgés d’au moins 15 ans. Une durée de 20 ans a été proposée comme estimation prudente et a été acceptée par les participants de la téléconférence. Le régime foncier et le régime d’utilisation des terres sont les mêmes pour la totalité de la population (tous les individus se trouvent dans le même bloc R, et il n’y a pas de concession minière), qui se trouve sur le territoire d’une Première Nation.
Tableau d’évaluation des menaces
Numero Menace Impact
(calculé)
Portée
(10 prochaines
années)
Gravité
(10 années
ou
3 générations)
Immédiateté Commentaires
1 Développement résidentiel et commercial sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
1.1 Zones résidentielles et urbaines sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
1.2 Zones commerciales et industrielles sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
1.3 Zones touristiques et récréatives sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
2 Agriculture et aquaculture Négligeable Grande (31-70%) Négligeable (<1%) Élevée (continue) sans objet
2.1 Cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
2.2 Plantations pour la production de bois et de pâte sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
2.3 Élevage de bétail Négligeable Grande (31-70%) Négligeable (<1%) Élevée (continue) Des chevaux en liberté et des chevaux sauvages utilisent l’habitat de l’ériogone du Nord. L’aire de répartition de l’ériogone du Nord se trouve entièrement sur le territoire d’une Première Nation. Les chevaux en liberté sont très peu nombreux, mais il y en a quelques-uns près des villages (peu susceptibles de se trouver sur les pentes abruptes où l’ériogone du Nord est le plus couramment observé).Environ 12n/achevaux sauvages se trouvent dans la région, et certains pourvoyeurs ont des chevaux en liberté.
2.4 Aquaculture en mer et en eau douce sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
3 Production d’énergie et exploitation minière sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
3.1 Forage pétrolier et gazier sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
3.2 Exploitation de mines et de carrières sans objet sans objet sans objet sans objet Dans les secteurs où pousse l’ériogone du Nord, le substrat est propice à l’exploitation de carrières (gravières), mais il n’y a aucun projet d’exploitation à l’heure actuelle.
3.3 Énergie renouvelable sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
4 Corridors de transport et de service sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
4.1 Routes et voies ferrées sans objet sans objet sans objet sans objet Il n’y a aucune route à moins de 20n/am des occurrences de l’ériogone du Nord.
4.2 Lignes de services publics sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
4.3 Voies de transport par eau sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
4.4 Corridors aériens sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
5 Utilisation des ressources biologiques Négligeable Restreinte (11-30%) Négligeable (<1%) Élevée (continue) sans objet
5.1 Chasse et capture d’animaux terrestres sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
5.2 Cueillette de plantes terrestres Négligeable Restreinte (11-30%) Négligeable (<1%) Élevée (continue) Pour usage médicinal. Les peuples des Premières Nations récoltent l’ériogone du Nord à des fins médicinales, mais cette activité ne semble pas avoir de répercussions négatives sur les populations de l’espèce.
5.3 Exploitation forestière et récolte du bois sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
5.4 Pêche et récolte de ressources aquatiques sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
6 Intrusions et perturbations humaines Négligeable Grande (31-70%) Négligeable (<1%) Élevée (continue) sans objet
6.1 Activités récréatives Négligeable Grande (31-70%) Négligeable (<1%) Élevée (continue) On trouve des sentiers de véhicules tout­terrain dans les milieux adjacents à l’habitat de l’espèce. On n’a observé aucun signe de dommages causés par des véhicules récréatifs (VTT, camionnettes à quatre roues motrices, motoneiges), mais cette activité demeure une menace, car sa fréquence pourrait augmenter.
6.2 Guerre, troubles civils et exercices militaires sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
6.3 Travail et autres activités sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
7 Modifications des systèmes naturels sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
7.1 Incendies et suppression des incendies sans objet sans objet sans objet sans objet La suppression des incendies ne constitue pas une menace pour l’espèce, car il n’y a aucune intervention en cas de feu de forêt dans la région, sauf à proximité des villages. De plus, il y a peu de combustibles dans l’habitat de l’espèce. Un empiètement des arbustes a été observé, mais ce phénomène ne devrait pas toucher l’ériogone du Nord, car il pousse le plus souvent sur des pentes abruptes.
7.2 Gestion et utilisation de l’eau et exploitation de barrages sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
7.3 Autres modifications de l’écosystème sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
8 Espèces et gènes envahissants ou autrement problématiques Inconnu Généralisée (71­100%) Inconnue Élevée (continue) sans objet
8.1 Espèces ou agents pathogènes exotiques (non indigènes) envahissants Négligeable Négligeable (<1%) Inconnue Modérée (possiblement à court terme, <10n/aans /3n/agén.) Les plantes envahissantes représentent une menace potentielle. Voir aussi le pointn/a2.3 - chevaux. Aucune espèce végétale envahissante n’est actuellement présente dans les sites où l’ériogone du Nord a été signalé. Le crépis des toits (Crepis tectorum), espèce envahissante, pourrait empiéter sur l’habitat, mais il est peu susceptible d’avoir des répercussions négatives sur l’ériogone du Nord. Le mélilot blanc peut rapidement envahir les communautés végétales indigènes. Les vecteurs sont les véhicules récréatifs, le bison et l’équipement de récolte du bison.
8.2 Espèces ou agents pathogènes indigènes problématiques Inconnu Généralisée (71­100%) Inconnue Élevée (continue) Le bison des bois, espèce réintroduite, est présent dans toutes les occurrences. Des recherches récentes donnent à penser que le broutage des bisons a entraîné une augmentation de la diversité des communautés végétales. Il est possible que ce phénomène entraîne hausse de la concurrence exercée par d’autres espèces végétales, mais cela est peu probable, car l’écosystème est adapté au broutage qui était effectué par le bison des steppes, espèce disparue. Il a été souligné que les habitudes de broutage du bison des steppes différaient peut-être de celles du bison des bois, mais ces deux espèces de bison représentaient probablement une menace semblable en ce qui a trait au piétinement.
8.3 Matériel génétique introduit sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
8.4 Espèces ou agents pathogènes problématiques d’origine inconnue sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
8.5 Maladies d’origine virale ou maladies à prions sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
8.6 Maladies de cause inconnue sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
9 Pollution sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
9.1 Eaux usées domestiques et urbaines sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
9.2 Effluents industriels et militaires sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
9.3 Effluents agricoles et sylvicoles sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
9.4 Déchets solides et ordures sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
9.5 Polluants atmosphériques sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
9.6 Apports excessifs d’énergie sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
10 Phénomènes géologiques sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
10 Volcans sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
10 Tremblements de terre et tsunamis sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
10 Avalanches et glissements de terrain sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
11 Changements climatiques et phénomènes météorologiques violents Inconnu Généralisée (71­100%) Inconnue Élevée (continue) sans objet
11 Déplacement et altération de l’habitat Inconnu Généralisée (71­100%) Inconnue Élevée (continue) Selon les modèles d’habitat, les steppes augmenteront en conditions sèches, mais le peuplier deviendra envahissant si les précipitations augmentent. Le peuplier a envahi certaines prairies dans le sud-ouest du Yukon au cours des 80n/adernières années. Les projections à long terme sur les changements climatiques indiquent qu’il y aura une hausse des températures et des précipitations, ce qui pourrait entraîner un empiètement du peuplier. On ignore toutefois quels seront les effets dans les différents sites, les pentes occupées par l’ériogone du Nord étant particulièrement abruptes et peu propices à l’empiètement d’espèces ligneuses.
11 Sécheresses sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
11 Températures extrêmes sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
11 Tempêtes et inondations sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet
12 Autres impacts sans objet sans objet sans objet sans objet sans objet

Classification des menaces d’après l’IUCN-CMP. Salafsky et al. (2008).

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