Fissident pygmée (Fissidens exilis) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Biologie

Très peu de données ont été publiées sur la biologie du Fissidens exilis. Cependant, comme il s’agit d’une mousse acrocarpe autoïque poussant sur le sol, elle doit présenter les caractéristiques biologiques résumées ci-dessous.

Généralités

Le cycle vital des mousses comporte quatre stades principaux, chacun se caractérisant par des exigences écologiques particulières.

Reproduction

Tel que le précise la description de l’espèce, le Fissidens exilis est autoïque, ce qui signifie que les anthéridies, qui produisent les anthérozoïdes, et les archégones, qui produisent les oosphères, sont produits par un même gamétophyte. Cela permet l’autofécondation; ainsi, il n’est pas nécessaire que des individus mâles et femelles distincts poussent à proximité pour assurer la production de spores. Au moins cinq des sept spécimens de F. exilis récoltés au Canada portaient des sporophytes (un des deux autres spécimens n’a pas été retrouvé) (annexe 1). Les spores arrivent à maturité en hiver (Steere, 1950).

Survie

Chez le Fissidens exilis, la persistance du protonéma pourrait jouer un rôle dans la survie de l’espèce. Enfoui dans le substrat et donc à l’abri des pertes d’eau et des perturbations mineures de la surface du sol, le protonéma pourrait constituer un important « réservoir de propagules » assurant la survie des populations pendant les périodes où les conditions environnementales empêchent la croissance et la reproduction des individus feuillés. La persistance du protonéma pourrait également faciliter l’expansion des colonies, en se propageant aux substrats adjacents. 

Le Fissidens exilis a besoin d’un sol argileux dénudé, ce qui le rend sensible aux effets de la succession végétale. Dans les milieux périodiquement soumis à des perturbations (berges de cours d’eau, plaines inondables, etc.), le sol peut demeurer dénudé, ou de nouvelles superficies de sol dénudé peuvent apparaître à mesure que d’autres sont recouvertes par la végétation. Par contre, dans les milieux où les perturbations ne se répètent pas, le F. exilis peut finir par être éliminé par la succession végétale. Or, les populations des espèces occupant des substrats dispersés et temporaires peuvent être plus difficiles à suivre que celles des espèces occupant des milieux plus permanents, car elles se déplacent plus fréquemment.

Dispersion

Comme il a été mentionné précédemment, le F. exilis est autoïque. L’autofécondation est donc possible, et la production de spores est probable. Or, la production de spores est très importante pour les espèces « nomades » poussant sur des substrats dispersés et temporaires qui se renouvellent régulièrement dans chaque localité (voir entre autres During, 1979). Il est possible que les perturbations répétées du sol, qui caractérisent les milieux riverains privilégiés par le F. exilis, fragmentent les protonémas enfouis dans la terre. Dans le cas où cette forme de dispersion serait importante, les corridors riverains constitueraient une autre voie de dispersion. Cependant, on ne dispose d’aucune donnée démographique permettant d’établir les taux et les modes de dispersion de l’espèce et sa capacité de colonisation.

Détails de la page

Date de modification :