Grand corégone (Coregonus clupeaformis) au Lac Simcoe évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 5

Habitat

Besoins en matière d'habitat

Généralement, les grands corégones passent la majorité de l'année dans les eaux profondes des lacs, puis migrent vers les eaux moins profondes au début du printemps et pendant l'automne (Scott et Crossman, 1974). Dans le lac Simcoe, les grands corégones sont associés au fond; ils sont disséminés sur l’ensemble du lac, notamment dans le bassin principal, dans la baie Cook et dans la baie Kempenfelt, à l'hiver et au printemps (MacCrimmon et Skobe, 1970). À la fin du printemps, lorsque la température de l'eau s’élève, les grands corégones descendent à des profondeurs de 20 m à 40 m, là où l'eau est plus froide.

Les grands corégones migrent vers les eaux peu profondes à l'automne pour frayer, généralement de novembre à décembre dans la région des Grands Lacs, et plus tôt au nord (Scott et Crossman, 1974). Dans le lac Simcoe, les grands corégones migrent vers les frayères en octobre et y restent jusqu'au début du mois de décembre (Willox, 1986; McMurtry, 1989; Amtstaetter, 1997). Les grands corégones pondent leurs œufs sur des hauts-fonds constitués de rochers, de pierres et de gravier. Les œufs, pondus au hasard, se déposent dans les interstices du substrat. Les prises de grands corégones enregistrées à l'automne sur de nombreuses frayères connues indiquent que la fraye se déroule dans une vaste zone du lac Simcoe. Amtstaetter (1997) signale que des femelles matures sont généralement présentes sur les frayères de la mi-novembre à la fin novembre, lorsque la température de l'eau se situe entre 0,5 °C et 10 °C, et qu'elles sont capturées à la trappe dans des eaux de 3 m de profondeur environ.

Les œufs des grands corégones éclosent en avril ou en mai, et les jeunes poissons quittent le littoral au début de l'été pour les eaux plus profondes (Scott et Crossman, 1974). Des traits effectués à la surface dans le lac Simcoe commençaient à capturer des larves de grands corégones lorsque la température atteignait 4 °C. Les prises chutaient abruptement lorsque la température dépassait 9 °C, et les prises étaient rares à 14 °C (DesJardine, 1979). Ces poissons étaient largement répandus tant dans les eaux littorales qu'au large et se trouvaient à diverses profondeurs pouvant atteindre 31 m (à 8 km du rivage). En juillet 2002, des juvéniles ont été capturés au filet maillant dans le lac Simcoe à des profondeurs de 20 m à 38 m et à des températures d'environ 9 °C à 11 °C.

Tendances en matière d'habitat

Le déclin du grand corégone pourrait être attribuable aux conséquences de l’accumulation de nutriments et de l'eutrophisation accélérée sur l’habitat de fraye et l’hypolimnion du lac Simcoe (Evans, 1978; Evans et al., 1988; Evans et al., 1996; McMurtry et Amtstaetter, 1999). La charge en phosphore (P) a triplé par rapport au niveau pré-colonisation, ce qui a détérioré la qualité de l'eau (Johnson et Nicholls, 1989). Selon Evans et al. (1996), la concentration d'oxygène dissous dans l’hypolimnion, corrigée pour la température et pondérée en fonction du volume, mesurée entre le 30 août et le 19 septembre, est passée d'environ 4,5 mg/l en 1975 à 2,0 mg/l en 1993. Nicholls (2001) rapporte que les récentes analyses des données à long terme montrent certaines améliorations dans la qualité de l'eau du lac Simcoe. Depuis les années 1990, le taux de raréfaction de l'oxygène en eau profonde en fonction du volume de l'eau (température normalisée à 4 °C) a diminué, ce qui contraste avec la tendance à la hausse observée dans les années 1980. Cela dit, ce taux demeure élevé, et il est peu probable que soient atteints les objectifs provisoires en matière d'oxygène dissous à la fin de l'été établis pour la Stratégie de gestion environnementale du lac Simcoe (SGELS).

La reproduction des grands corégones du lac Simcoe dépend de la présence d’un habitat de fraye propice à l'incubation des œufs et à l'émergence des alevins. Bien que la dégradation des hauts-fonds de fraye soit considérée comme un des facteurs responsables des problèmes de recrutement des poissons d'eau froide dans le lac Simcoe (Evans et al., 1988; McMurtry et al., 1997), ses conséquences réelles sur le succès d’éclosion des grands corégones demeurent inconnues. De plus, on ne sait pas si la moule zébrée, introduite au milieu des années 1990, a eu un impact sur l’habitat de fraye des hauts-fonds du lac Simcoe.

Protection et propriété

La majorité des terrains bordant le lac Simcoe sont privés. Il s'agit de résidences permanentes et de chalets d'été. On compte également de nombreuses marinas, trois parcs provinciaux (Sibbald Point, McRae et Mara) et deux zones protégées provinciales : la réserve provinciale de faune Holland Marsh et la réserve naturelle provinciale Duclos Point. Les parcs et les zones protégées n’offrent toutefois que peu de protection directe pour l’habitat de fraye du grand corégone.

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