Grand requin blanc (Carcharodon carcharias) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2021

Titre officiel : Évaluation et rapport de situation du COSEPAC sur le Grand requin blanc (Carcharodon carcharias) au Canada

En voie de disparition 2021

Matériel appartenant à des tierces parties

Suite à l’Avis pour ce site Web, certaines photos ainsi que certains dessins et éléments graphiques se trouvant dans les documents produit par le COSEPAC peuvent être assujettis à des droits d'auteur appartenant à d'autres organisations et personnes. Dans de tels cas, des restrictions concernant l’utilisation, la reproduction, la communication de telles œuvres protégées par le droit d’auteur peuvent s'appliquer, et il peut être nécessaire de demander l'autorisation aux détenteurs de ces droits, avant de reproduire, utiliser ou communiquer ces œuvres.

Illustration du grand requin blanc (Carcharodon carcharias) montrant le museau long et conique de même que le corps corpulent. La base de la nageoire dorsale se situe au-dessus de la marge intérieure de la nageoire pectorale. La nageoire anale prend naissance légèrement derrière la base de la deuxième nageoire dorsale, et la nageoire caudale a la forme d’un croissant.
Information sur le document

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

COSEPAC. 2021. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le grand requin blanc (Carcharodon carcharias), population de l’Atlantique, au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, xii + 64 p. (Registre public des espèces en péril).

Rapport(s) précédent(s) :

COSEPAC. 2006. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le grand requin blanc (Carcharodon carcharias), populations de l'Atlantique et du Pacifique, au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. viii + 33 p. (www.registrelep.gc.ca/Status/Status_f.cfm).

Note de production :

Le COSEPAC remercie Geoffrey Osgood et Julia Baum d’avoir rédigé le rapport de situation sur le grand requin blanc (Carcharodon carcharias), population de l’Atlantique au Canada, aux termes d’un marché conclu avec Environnement et Changement climatique Canada. La supervision et la révision du rapport ont été assurées par John Neilson et Bruce Leaman, coprésidents du Sous-comité de spécialistes des poissons marins du COSEPAC.

Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :

Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement et Changement climatique Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3

Tél. : 819-938-4125
Téléc. : 819-938-3984
Courriel : ec.cosepac-cosewic.ec@canada.ca
www.cosepac.ca

Also available in English under the title “COSEWIC assessment and status report on the White Shark Carcharodon carcharias, Atlantic population, in Canada”.

Illustration/photo de la couverture : Grand requin blanc — Illustration : R. Aidan Martin.

COSEPAC sommaire de l’évaluation

Sommaire de l’évaluation – Avril 2021

Nom commun : Grand requin blanc – population de l’Atlantique

Nom scientifique : Carcharodon carcharias

Statut : En voie de disparition

Justification de la désignation : Cette espèce très mobile est une espèce migratrice saisonnière dans les eaux canadiennes de l’Atlantique et fait partie d’une population étendue de l’Atlantique Nord-Ouest. Le statut de la population canadienne est considéré comme étant le même que celui de la vaste population de l’Atlantique Nord-Ouest, qui aurait diminué de plus de 70 % au cours de la dernière génération et demie (depuis les années 1960) en raison de la mortalité accidentelle causée par les pêches. Cependant, la population semble être demeurée stable depuis les années 1990 et devrait le demeurer ou augmenter légèrement. Malgré la mise en place de mesures visant à améliorer les pratiques de pêche, la mortalité causée par les prises accessoires dans les pêches continue d’être la principale menace pesant sur l’espèce. L’espèce est encore vulnérable à cette menace en raison de sa longue durée de génération (42 ans) et de son faible taux de reproduction.

Répartition : Océan Atlantique, Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-et-Labrador, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard, Québec

Historique du statut : Espèce désignée « en voie de disparition » en avril 2006. Réexamen et confirmation du statut en mai 2021.

COSEPAC résumé

Grand requin blanc

Carcharodon carcharias

Description de l’espèce sauvage

Le grand requin blanc (Carcharodon carcharias [Linné, 1758]) est la seule espèce du genre Carcharodon. En anglais, on l’appelle « White Shark » ou « Great White Shark ». Les données génétiques, combinées à l’information de suivi des déplacements par satellite, montrent clairement que l’espèce est largement répandue dans les océans Pacifique et Atlantique. Le flux génétique entre les populations de l’Atlantique et du Pacifique est limité par une grande fidélité aux sites et à la philopatrie des femelles pour la reproduction (elles retournent aux mêmes lieux de frai). Il n’y a pas de distinction génétique connue dans la population de l’Atlantique du Canada et des États-Unis. L’ensemble de la population de l’Atlantique Nord-Ouest devrait donc être considérée comme une seule unité désignable.

Importance culturelle

Toutes les espèces sont importantes, et elles sont interconnectées et interreliées. Dans le cadre des évaluations de situation du COSEPAC, les rapports sur les connaissances traditionnelles autochtones (CTA) sont préparés par le Sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones (SC CTA) en s’appuyant sur la compilation des CTA accessibles publiquement et résument les CTA pertinentes pour les intégrer au rapport d’évaluation. Aucun rapport de CTA n’a été produit sur le grand requin blanc.

Répartition

Le grand requin blanc est largement répandu entre le 60e parallèle nord et le 60e parallèle sud, mais est plus souvent observé dans les eaux tempérées des plateaux continentaux de l’Atlantique Nord-Ouest, de la Méditerranée et du Pacifique Nord, et au large des côtes du sud de l’Afrique, du sud de l’Australie, et de la Nouvelle-Zélande. Sur la côte atlantique du Canada, la présence du grand requin blanc est connue sur la base de moins de 100 mentions confirmées ou probables depuis 1874, en plus du suivi des grands requins blancs munis d’un émetteur dans les eaux canadiennes et états-uniennes. Le grand requin blanc est une espèce migratrice saisonnière présente dans l’ensemble du Canada atlantique à la fin de l’été et au début de l’automne. Le suivi des déplacements montre que le grand requin blanc utilise la majeure partie de la zone d’exclusion économique (ZEE) du Canada au sud du 52e parallèle nord, mais que sa présence s’étend occasionnellement vers le nord le long du plateau continental, jusqu’aux eaux situées à proximité du Groenland.

Habitat

Le grand requin blanc est largement répandu dans les eaux côtières et en haute mer. La présence de requins juvéniles est commune dans les milieux côtiers, mais les adultes migrent vers le large selon un cycle saisonnier. La répartition bathymétrique s’étend de juste sous la surface à tout près du fond, jusqu’à une profondeur d’au moins 1 128 m, mais surtout entre moins de 50 m et 500 m de profondeur. Le grand requin blanc fréquente surtout les eaux dont la température se situe entre 14 °C et 25 °C, mais il peut se trouver dans des eaux de 1,6 °C à 30,4 °C.

Biologie

Le grand requin blanc est ovovivipare, et sa période de gestation est d’environ 10 à 20 mois. La taille moyenne d’une portée est de sept petits. Le golfe médio-atlantique est vraisemblablement une zone de mise bas, et la région côtière de New York serait une zone de croissance pour les nouveau-nés. On estime que le cycle de reproduction dure jusqu’à deux ans, mais cette durée pourrait être de plus de trois ans. Le rendement de la reproduction d’un individu au cours de sa vie serait d’environ 45 petits. Dans l’Atlantique Nord-Ouest, les mâles atteindraient la maturité sexuelle vers l’âge de 26 ans, avec une longueur d’environ 3,8 m, alors que les femelles atteignent probablement la maturité à l’âge de 33 ans, pour une longueur de 4 à 5 m. On estime que la longévité dans cette population est de 40 à 73 ans. Cette estimation s’appuie toutefois sur un échantillonnage limité, surtout en ce qui concerne les femelles. La durée d’une génération serait d’environ 42 ans, avec une faible mortalité naturelle de 0,063 à 0,125 par an. Le taux intrinsèque de l’augmentation de la population est également peu élevé : on estime qu’il est de 0,035 à 0,056 par an.

Taille et tendances des populations

Aucune estimation de la taille de la population n’a été effectuée dans les eaux atlantiques canadiennes. Seulement une centaine de mentions du grand requin blanc ont été consignées au large des côtes du Canada atlantique depuis 1874, quoique les observations soient en croissance puisqu’on compte plus de 40 signalements depuis 2009. Étant donné la faible fréquence des observations par les pêcheurs commerciaux et récréatifs au Canada et l’apparente saisonnalité de la présence du grand requin blanc, l’abondance de l’espèce au Canada a vraisemblablement toujours été beaucoup plus faible que celle dans les eaux voisines des États-Unis. La tendance suivie par la population de grands requins blancs dans l’Atlantique Nord-Ouest est incertaine, mais il est probable qu’elle soit stable ou en croissance. Même si toutes les analyses s’entendent pour dire qu’il y a eu un déclin majeur de la population entre 1960 et 1990, de nombreuses incertitudes persistent quant à une possible augmentation subséquente.

Menaces et facteurs limitatifs

L’activité humaine est la plus grande menace qui pèse sur le grand requin blanc. Celui-ci est pêché à des fins réactives, comme prise accessoire de la pêche commerciale, et pour le commerce international des parties de son corps. Dans l’Atlantique Nord-Ouest, le grand requin blanc est présent parmi les prises accessoires de la pêche commerciale dans les eaux américaines. Les signalements de capture accidentelle sont rares au Canada. L’âge avancé de la maturité, la petite taille des portées et la longévité sont des facteurs qui rendent le grand requin blanc très vulnérable à de faibles taux de mortalité. Sa position au sommet de la chaîne alimentaire et son mode de reproduction ovovivipare le rendent également vulnérable à la pollution par les toxines environnementales, en particulier les composés organochlorés.

Protection, statuts et activités de rétablissement

Au début de 2005, le grand requin blanc a été inscrit à l’annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). En 2009, l’Union internationale pour la conservation de la nature l’a désigné comme « vulnérable » à l’échelle mondiale. L’espèce est protégée depuis 1997 dans les eaux américaines dans le cadre du plan fédéral de gestion des pêches. Au Canada, elle est inscrite comme espèce « en voie de disparition » en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) depuis 2011. Les dispositions du paragraphe 32(1) de la Loi interdisent de tuer un grand requin blanc, de lui nuire, de le harceler, de le capturer ou de le prendre. Il est également illégal en vertu du paragraphe 32(2) de la LEP de posséder, de collectionner, d’acheter, de vendre ou d’échanger un grand requin blanc, y compris des parties d’un individu. Tous les requins capturés par les pêcheurs, tant aux États-Unis qu’au Canada, doivent être relâchés de manière à leur nuire le moins possible. Toutefois, la mortalité associée à ces relâchements est inconnue pour la plupart des pêches.

Résumé technique

Carcharodon carcharias

White Shark, Atlantic population

Grand requin blanc, population de l’Atlantique

Répartition au Canada (province/territoire/océan) : océan Atlantique, Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-et-Labrador, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard, Québec

Données démographiques
Sujet Information
Durée d’une génération (généralement, âge moyen des parents dans la population; indiquez si une méthode d’estimation de la durée d’une génération autre que celle qui est présentée dans les lignes directrices de l’UICN [2011] est utilisée) 42 ans. De nouvelles informations sur l’âge de la maturité laissent croire que l’estimation précédente, établie à 23 ans, était vraisemblablement une sous-estimation (voir Cycle vital et reproduction).
Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre total d’individus matures? Non
Pourcentage estimé de déclin continu du nombre total d’individus matures sur [cinq ans ou deux générations]. Déclin estimé de 73 % à 79 % sur 1,5 génération.
Pourcentage [prévu ou présumé] [de changement, de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix prochaines années ou trois prochaines générations]. Déclin estimé de 73 % à 79 % sur 1,5 génération.
Pourcentage [prévu ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix prochaines années ou trois prochaines générations]. Inconnu
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] [de changement, de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours de toute période de [dix ans ou trois générations] commençant dans le passé et se terminant dans le futur. Déclin estimé de 73 % à 79 % sur 1,5 génération, mais la tendance des prochaines années serait de stable à légèrement en croissance d’après l’abondance projetée si le régime de gestion actuel est maintenu (DFO, 2017).
Est-ce que les causes du déclin sont a) clairement réversibles et b) comprises et c) ont effectivement cessé?

a) Probablement

b) Oui

c) Non, mais considérablement réduites

Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures? Non
Information sur la répartition
Sujet Information
Superficie estimée de la zone d’occurrence Estimée à 1062 590 km2 (1 46 138 km2 si la superficie des terres est comprise)

Indice de zone d’occupation (IZO)

(Toujours reporter sur une grille à carrés de 2 km de côté).

Inconnue, mais supérieure à 2 000 km2
La population totale est-elle gravement fragmentée, c.-à-d. que plus de 50 % de sa zone d’occupation totale se trouvent dans des parcelles d’habitat qui sont a) plus petites que la superficie nécessaire au maintien d’une population viable et b) séparées d’autres parcelles d’habitat par une distance supérieure à la distance de dispersion maximale présumée pour l’espèce?

a) Non

b) Non

Nombre de localités* (utilisez une fourchette plausible pour refléter l’incertitude, le cas échéant) Sans objet
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] de la zone d’occurrence? Non
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] de l’indice de zone d’occupation? Non
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] du nombre de sous-populations? Non
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] du nombre de localités*? Non
Y a-t-il un déclin [observé, inféré ou prévu] de [la superficie, l’étendue ou la qualité] de l’habitat? Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de sous-populations? Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de localités*? Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de la zone d’occurrence? Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de l’indice de zone d’occupation? Non

* Voir « Définitions et abréviations » sur le site Web du COSEPAC et IUCN (février 2014; en anglais seulement) pour obtenir des précisions sur ce terme.

Nombre d’individus matures dans chaque sous-population
Sous-population (utilisez une fourchette plausible) Nombre d’individus matures
Sans objet Inconnu
Total Sans objet

Analyse quantitative

La probabilité de disparition de l’espèce à l’état sauvage est d’au moins [20 % sur 20 ans ou 5 générations, ou 10 % sur 100 ans]?

Analyse quantitative non réalisée

Menaces (directes, de l’impact le plus élevé à l’impact le plus faible, selon le calculateur des menaces de l’UICN)

Un calculateur des menaces a-t-il été rempli pour l’espèce? Oui, le 9 juillet 2020

5.4 Pêche et récolte de ressources aquatiques

  1. Prise accessoire dans les pêches – impact faible

Quels autres facteurs limitatifs sont pertinents à considérer? Âge avancé de la maturité, faible fécondité.

Immigration de source externe (immigration de l’extérieur du Canada)
Sujet Information
Situation des populations de l’extérieur les plus susceptibles de fournir des individus immigrants au Canada La population de l’Atlantique états-unien (même UD) est possiblement en croissance.
Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible? Oui
Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre au Canada? Oui
Y a-t-il suffisamment d’habitat disponible au Canada pour les individus immigrants? Oui
Les conditions se détériorent-elles au Canada+? Non
Les conditions de la population source se détériorent-elles+? Non
La population canadienne est-elle considérée comme un puits+? Non
La possibilité d’une immigration depuis des populations externes existe-t-elle? Peu probable

+ Voir le tableau 3 (Lignes directrices pour la modification de l’évaluation de la situation d’après une immigration de source externe).

Nature délicate de l’information sur l’espèce

L’information concernant l’espèce est-elle de nature délicate? Non.

Historique du statut

Historique du statut selon le COSEPAC :

Espèce désignée « en voie de disparition » en avril 2006. Réexamen et confirmation du statut en mai 2021.

Statut et justification de la désignation

Statut : En voie de disparition

Code alphanumérique : A2bd

Justification de la désignation : Cette espèce très mobile est une espèce migratrice saisonnière dans les eaux canadiennes de l’Atlantique et fait partie d’une population étendue de l’Atlantique Nord-Ouest. Le statut de la population canadienne est considéré comme étant le même que celui de la vaste population de l’Atlantique Nord-Ouest, qui aurait diminué de plus de 70 % au cours de la dernière génération et demie (depuis les années 1960) en raison de la mortalité accidentelle causée par les pêches. Cependant, la population semble être demeurée stable depuis les années 1990 et devrait le demeurer ou augmenter légèrement. Malgré la mise en place de mesures visant à améliorer les pratiques de pêche, la mortalité causée par les prises accessoires dans les pêches continue d’être la principale menace pesant sur l’espèce. L’espèce est encore vulnérable à cette menace en raison de sa longue durée de génération (42 ans) et de son faible taux de reproduction.

Applicabilité des critères

Critère A (déclin du nombre total d’individus matures) : Correspond aux critères de la catégorie « espèce en voie de disparition » A2bd. On estime que le nombre d’individus matures a diminué de 73 % à 79 % sur 1,5 génération; cette estimation s’appuie surtout sur la mortalité accidentelle causée par d’anciennes pratiques de pêche.

Critère B (aire de répartition peu étendue et déclin ou fluctuation) : Sans objet. La zone d’occurrence de plus de 1 000 000 km2 et l’IZO de plus de 2 000 km2 dépassent les seuils.

Critère C (nombre d’individus matures peu élevé et en déclin) : Sans objet. Le nombre absolu d’individus matures est inconnu. Les études les plus récentes indiquent une certaine augmentation des indices de population relative.

Critère D (très petite population totale ou répartition restreinte) : Sans objet. Le nombre absolu d’individus matures est inconnu; le critère n’est pas appliqué, mais une étude de la taille réelle de la population laisse croire qu’elle pourrait être inférieure à 1 000 individus. Cette analyse est toutefois très incertaine.

Critère E (analyse quantitative) : Sans objet. Aucune analyse effectuée.

Préface

Depuis la rédaction du rapport de situation du COSEPAC de 2006, de nouvelles études ont été réalisées sur la génétique, le cycle vital, les déplacements et l’abondance du grand requin blanc dans l’Atlantique Nord-Ouest, quoique peu d’indices de changement majeur dans la mortalité causée par la prise accessoire, la principale menace qui pèse sur la population, aient été relevés. De récentes analyses génétiques à l’échelle mondiale laissent croire que la population de l’Atlantique Nord-Ouest est isolée des autres populations sur le plan démographique, y compris celle de la Méditerranée, et qu’elle pourrait être sujette à de la consanguinité, ayant récemment subi un goulot d’étranglement génétique. De nouvelles études de détermination de l’âge ont permis de mettre à jour les données d’âge maximum, d’âge d’atteinte de la maturité, de productivité et de vulnérabilité à la mortalité causée par la prise accessoire. De récents travaux de pose d’émetteurs et de suivi des déplacements ont mené à un approfondissement des connaissances sur les déplacements entre les États-Unis et le Canada.

De nouvelles études de l’abondance relative de cette population laissent supposer un déclin de 73 % à 79 % entre les années 1960 et les années 1990. Dans le cadre d’une de ces récentes études, une estimation des tendances jusqu’à 2010 a été effectuée au moyen de trois indices normalisés. Les conclusions de cette étude laissent supposer une augmentation graduelle de la population depuis les années 1990; toutefois, de grandes incertitudes demeurent quant à l’ampleur de cette augmentation. La taille absolue de la population de grands requins blancs dans l’Atlantique Nord-Ouest n’est pas connue.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsables des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2021)

Espèce sauvage
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’un autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.
Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.
Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.
En voie de disparition (VD)*
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.
Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.
Préoccupante (P)**
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.
Non en péril (NEP)***
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.
Données insuffisantes (DI)****
Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.

* Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.

** Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.

*** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.

**** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».

***** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

Le Service canadien de la faune d’Environnement et Changement climatique Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

Description et importance de l’espèce sauvage

Nom et classification

Le grand requin blanc (Carcharodon carcharias [Linné, 1758]) est la seule espèce du genre Carcharodon. Au fil des ans, plusieurs propositions de désignation de populations régionales distinctes ont été formulées. Toutefois, jusqu’à maintenant, aucune distinction reconnaissable sur les plans de la morphométrie, des valeurs méristiques, de la couleur ou de l’anatomie squelettique n’a pu être établie entre les « foyers d’abondance ». Le nom commun anglais du grand requin blanc est « White Shark » ou « Great White Shark ».

Description morphologique

La description suivante est tirée principalement de Compagno (2001).

Le grand requin blanc possède un museau de forme conique tronquée (figure 1a). Les dents intérieures sont longues, tandis que les dents antérieures, intermédiaires et latérales sont compressées et forment un tranchant continu. Les dents intermédiaires, allongées, atteignent plus des deux tiers de la longueur des dents antérieures adjacentes. Au total, le grand requin blanc possède 44 à 52 dents. En général, le grand requin blanc est corpulent et possède une nageoire dorsale dont la base se situe habituellement au-dessus de la marge intérieure de la nageoire pectorale. La nageoire anale prend naissance à la même hauteur que la base de la deuxième nageoire dorsale ou légèrement derrière. On compte de 170 à 187 vertèbres. Les adultes atteignent une longueur totale de 3,8 à 6 m et peut-être plus. Normalement, le grand requin blanc porte une tache axillaire noire au point d’insertion de la nageoire pectorale. En général, les nageoires pectorales passent subitement au noir à l’extrémité de leur surface ventrale.

Figure 1 - s'il vous plaît lire une longue description

Figure 1. Caractères utiles sur le terrain pour identifier le grand requin blanc (Carcharodon carcharias); A. Vue latérale, B. Détail des dents antérieures supérieures et inférieures. Diagrammes de R. Aidan Martin.

Description longue

Illustration montrant a) les caractères utiles pour identifier le grand requin blanc sur le terrain, et b) certains détails des dents antérieures supérieures et inférieures.

Traits distinctifs : Le grand requin blanc, corpulent et fusiforme, possède un museau conique assez long. Ses dents sont longues, plates, triangulaires et dentelées comme des lames. Il possède de longues fentes branchiales, une grande première nageoire dorsale dont la pointe arrière, de couleur foncée, est libre, une minuscule seconde nageoire dorsale et une grande nageoire caudale en forme de croissant.

La surface dorsale passe du gris ou du brun grisâtre à presque noir sur le dessus, tandis que le ventre est blanc. Le contraste des couleurs délimite clairement les surfaces ventrale et dorsale. L’iris de l’œil est d’un noir profond.

Structure spatiale et variabilité de la population

Aucune étude génétique n’a été menée sur le grand requin blanc dans les eaux canadiennes, mais une analyse a récemment été effectuée dans les eaux états-uniennes. Les grands requins blancs de l’Atlantique Nord-Ouest sont relativement isolés de la population d’Afrique du Sud sur le plan génétique (O’Leary et al., 2015). D’après une analyse de l’ADN mitochondrial (ADNmt), deux lignées distinctes et trois haplotypes distincts ont été trouvés dans les populations mondiales de grands requins blancs : la lignée méditerranéenne/indopacifique et la lignée de l’Atlantique Nord-Ouest et de l’océan Indien/Afrique du Sud, avec un haplotype unique trouvé en Afrique du Sud (Pardini et al., 2001; Andreotti et al., 2016b). Les grands requins blancs de l’Atlantique Nord-Ouest s’apparentent davantage à ceux de l’Afrique du Sud, mais ces deux populations ont vraisemblablement été séparées depuis au moins un demi-million d’années et sont génétiquement distinctes (ADNmt ΦST = 0,10, p < 0,00001; FST des microsatellites = 0,1057, p < 0,021) (O’Leary et al., 2015; Andreotti et al., 2016b). Les grands requins blancs de la Méditerranée ont un haplotype distinct de ceux de l’Atlantique Nord-Ouest, mais la taille des échantillons inclus dans l’analyse est trop petite pour permettre de tirer des conclusions définitives quant au flux génétique entre ces populations (Gubili et al., 2011). Les données de suivi des déplacements par satellite provenant d’autres pays laissent croire que, même si l’espèce est très migratrice, elle se disperse rarement entre les bassins océaniques, faisant preuve d’une forte philopatrie pour certains sites de rassemblement pélagiques et côtiers en particulier (Pardini et al., 2001; Boustany et al., 2002; Jorgensen et al., 2010 – voir Dispersion et migration). À titre d’exemple, autant l’analyse de l’ADNmt que celle de l’ADN hérité des deux parents indiquent que les grands requins blancs australiens affichent une forte philopatrie reproductive à leurs sites de rassemblement côtiers et que le flux génétique entre bassins océaniques est restreint, même avec celui de la Nouvelle-Zélande (Blower et al., 2012). Des indices de philopatrie reproductive ont également été décelés dans l’ADNmt des grands requins blancs de l’île Guadalupe, confirmant la faiblesse de la dispersion (Diaz-Jaimes et al., 2016). Même si les données issues de l’ADNmt indiquent qu’il pourrait n’y avoir aucun flux génétique entre les femelles de l’Atlantique Nord-Ouest et celles des autres populations, la possibilité d’une dispersion des mâles ne peut être exclue, et ce, malgré l’apparente philopatrie constatée dans toutes les populations étudiées.

La structure génétique de la population de l’Atlantique Nord-Ouest n’a pas fait l’objet d’étude, et il serait nécessaire d’en réaliser une. Toutefois, un faible ratio M (0,71, p < 0,004) et un coefficient de consanguinité élevé (FIS = 0,222, p = 0,001) sont des indicateurs d’une faible diversité génétique, d’une possibilité de consanguinité et d’un récent goulot d’étranglement génétique dans cette population (O’Leary et al., 2015). De plus, la taille réelle de la population de grands requins blancs de l’Atlantique Nord-Ouest est petite, ou du moins plus petite que celle de la population d’Afrique du Sud, d’après une étude génétique comparative (O’Leary et al., 2015; Andreotti et al., 2016a). Selon les résultats d’études génétiques, les populations du Pacifique Nord-Est et de l’Afrique du Sud sont distinctes et, comme leur aire de répartition géographique est de taille similaire à celle de la population de l’Atlantique Nord-Ouest, il est aussi peu probable qu’il y existe une quelconque structuration génétique (Jorgensen et al., 2010; Onate-Gonzalez et al., 2015; Andreotti et al., 2016b; Diaz-Jaimes et al., 2016). Ces études génétiques, combinées au suivi actif de la migration saisonnière entre les États-Unis et le Canada (Skomal et al., 2017 – voir Dispersion et migration), laissent croire que les grands requins blancs de l’ensemble de l’Atlantique Nord-Ouest ne forment qu’une seule population. Toutefois, la structuration génétique entre les côtes est et sud-ouest de l’Australie laisse supposer que la philopatrie chez le grand requin blanc peut être suffisamment forte pour créer des structures génétiques à petite échelle (Blower et al., 2012).

Les fronts thermiques ainsi que la philopatrie reproductive et la fidélité élevée à l’égard des sites, tant pour les mâles que pour les femelles, forment les plus grands obstacles à la dispersion (Jorgensen et al., 2010; Gubili et al., 2011; Blower et al., 2012). L’isotherme de 15 °C est possiblement la principale limite nordique de la répartition dans l’Atlantique Nord-Ouest (Casey et Pratt, 1985). Cela dit, même s’ils peuvent être rares, il arrive que des épisodes de dispersion panocéanique se produisent, même à travers les eaux tropicales chaudes que les grands requins blancs évitent habituellement (p. ex. Bonfil et al., 2005). On ignore l’ampleur du flux génétique entraîné par ces rares épisodes de dispersion élargie.

Unités désignables

L’unité désignable (UD) définie dans le rapport du COSEPAC de 2006 est « population de l’Atlantique du Canada ». Toutefois, selon les nouvelles lignes directrices du COSEPAC, la population est mieux décrite comme l’UD de l’Atlantique Nord-Ouest, puisque la structuration en sous-populations est peu probable dans cette région (Curtis et al., 2014).

Dans l’océan Atlantique, les populations de grands requins blancs les plus apparentées, à savoir celle de l’Atlantique Nord-Ouest et celle de l’Afrique du Sud, ont des valeurs FST d’environ 0,1 (ADN microsatellite), ce qui indique un certain degré de distinction, quoiqu’une analyse par segmentation ait décelé des individus de l’Atlantique Nord-Ouest présentant un génotype très proche de ceux de la population de l’Afrique du Sud, et inversement (laissant supposer une dispersion bidirectionnelle). Les analyses fondées sur l’ADNmt ne sont pas concluantes parce qu’il est connu que les requins femelles présentent une philopatrie élevée, ce qui peut produire des degrés élevés de différenciation dans les marqueurs d’ADNmt hérités de la mère. Ces marqueurs ne peuvent donc pas représenter la différenciation de la population à l’échelle du génome si les mâles sont des vecteurs de dispersion. Toutefois, les données de suivi par satellite indiquent que les grands requins blancs passent rarement d’un bassin océanique à l’autre et présentent une philopatrie élevée dans toutes les populations étudiées. Par conséquent, tant qu’une étude approfondie de la structure des populations au moyen de marqueurs génétiques nucléaires ne sera pas menée, les grands requins blancs de l’Atlantique Nord-Ouest seront considérés comme une UD distincte. Enfin, même si les données de suivi des déplacements et les données génétiques indiquent que la population de grands requins blancs du Canada est distincte de celles des autres bassins océaniques, elle n’est pas distincte de celle des eaux états-uniennes.

Importance de l’espèce

Le grand requin blanc est le plus grand poisson prédateur, et l’une des rares espèces de requins qui chassent régulièrement des mammifères marins (Compagno, 2001). L’espèce est connue du peuple Mi’kmaq du Canada atlantique depuis des milliers d’années : une dent a été retrouvée dans un amas de coquilles d’huîtres daté d’il y a 1 000 à 2 000 ans à Pig Island, dans le détroit de Northumberland, en Nouvelle-Écosse (Gilhen, 1999). Aucune CTA propre à l’espèce n’est comprise dans le rapport. Toutefois, le grand requin blanc, comme toutes les autres espèces, est important pour les Autochtones, qui reconnaissent l’ensemble des interrelations au sein d’un écosystème.

Le grand requin blanc est célèbre pour ses attaques sur des humains et des bateaux (Miller et Collier, 1981; Burgess et Callahan, 1996). Au Canada atlantique, on connaît l’existence de quatre attaques de bateaux par de grands requins blancs (tableau 1), soit les suivantes : 1) en 1873 ou 1874, un grand requin blanc de 4 m attaque un doris au large du banc de Saint-Pierre, à Terre-Neuve; le requin est identifié au moyen de fragments de dents nichés dans la coque du bateau (Putnam, 1874); 2) en juin 1920, un grand requin blanc de 4,6 m attaque un bateau au large de l’anse Hubbards dans la baie St. Margaret, en Nouvelle-Écosse; le requin est identifié au moyen des marques laissées sur le bateau et la description d’une dent qui y était plantée (Piers 1934); 3) en juillet 1932, un grand requin blanc de 4,6 m attaque un bateau à 16 km au nord-ouest du goulet de Digby, en Nouvelle-Écosse; le requin est identifié au moyen d’une dent nichée dans la coque (Piers, 1934); 4) le 9 juillet 1953, un grand requin blanc de 3,7 m attaque et coule un doris au large de Fourchu, à l’île du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse; aucun des pêcheurs à bord n’a été attaqué, mais l’un d’eux s’est noyé. Le requin a été identifié au moyen de dents nichées dans la coque (Day et Fisher, 1954).

Tableau 1. Liste chronologique des signalements de grands requins blancs au Canada atlantique, provenant d’observations fortuites et d’observations par des pêcheurs (les observations découlant d’expéditions ciblées de pose d’émetteurs sur des grands requins blancs sont exclues). * = non authentifié. Source : base de données d’observations et d’échouements de grands requins blancs (DFO, 2020)
Lieu Date

Longueur totale (m)

Sexe Équipement de pêche Remarques Source
Île Pig, détroit de Northumberland (N.-É.) 1 000 à 2 000 ans avant aujourd’hui Sans objet Sans objet Sans objet Dent dans un amas d’huîtres Gilhen (1999)
Banc de Saint-Pierre (N.-É.) 1873 ou 1874 3,9 Sans objet Sans objet Dents dans un doris attaqué Putnam (1874)
Au large de l’anse Hubbards, baie St. Margaret (N.-É.) 27 juin 1920 4,6 Sans objet Sans objet Marques de dents sur un doris attaqué. Piers (1934)
Georgetown (Î.-P.-É.) 17 septembre 1921 2,1 Sans objet Filet à maquereau Capturé par le capitaine Sam Hemphill The Guardian (1921)
Georgetown (Î.-P.-É.) 17 septembre 1921 2,7 Sans objet Filet à maquereau Capturé par le capitaine Sam Hemphill The Guardian (1921)
Île White Head, près de Grand Manan (N.-B.) mi-juin 1930 11,3 Sans objet Fascine à hareng Taille douteuse, mais des dents auraient été prises. Vladykov et McKenzie (1935)
16 km au N.-O. du goulet de Digby (N.-É.) 2 juillet 1932 4,6 Sans objet Sans objet Dent dans un bateau à moteur Piers (1934)
Harbour De Loutre, île Campobello (N.-B.) 22 novembre 1932 7,9 Sans objet Fascine à hareng Pris dans une fascine à hareng Piers (1934)
French Village (N.-É.) 11 août 1934 4,57 M Senne à maquereau Rapporté dans un article de journal par un pêcheur Joyce, comm. pers. (2016)
Wedgeport (N.-É.) Août 1938 2,6 M Canne et ligne Pêché à la canne par Mme Michael Lerner Anon (1940) in Templeman (1963)
Whale Head, rive nord du fleuve Saint-Laurent, août 1938 Sans objet Sans objet Inconnu Sans objet Vladykov et McAllister (1961)
Île Caribou, rive nord du fleuve Saint-Laurent, août 1942 2,7 Sans objet Inconnu Sans objet Vladykov et McAllister (1961)
Île Caribou, rive nord du fleuve Saint-Laurent, août 1943 3 Sans objet Inconnu Sans objet Vladykov et McAllister (1961)
Île Deer (N.-B.) 24 août 1949 3,87 F Fascine à hareng Pris dans une fascine à hareng; immature. Scattergood et al. (1951)
Estuaire de la rivière Portneuf River, rive nord du fleuve Saint-Laurent 27 août 1949 4,6 Sans objet Sans objet Abattu par W.B. Scott Templeman (1963)
French Village (N.-É.) Années 1950 Sans objet F Senne coulissante à maquereau Juvénile. Signalé par un pêcheur. Pris dans un piège Joyce, comm. pers. (2016)
Entre la baie de Passamaquoddy et Grand Manan (N.-B.) 20 août 1952 4,3 Sans objet Sans objet Attaque sur un marsouin observée Day et Fisher (1954)
Au large de Fourchu, île du Cap-Breton (N.-É.) 9 juillet 1953 3,7 Sans objet Sans objet Dents dans un doris attaqué et coulé Day et Fisher (1954)
Wedgeport (N.-É.) 9 ou 10 juillet 1953 2,4 M Canne et ligne Pris par un pêcheur de thon Day et Fisher (1954)
Îles La Have (N.-É.) 12 août 1953 4,7 Sans objet Piège à hareng Pris dans un piège à hareng Day et Fisher (1954)
Rivière Sainte-Croix, près de l’île Dochet, entre le Maine et le N.-B. 25 août 1953 Sans objet Sans objet Sans objet Attaque sur un phoque observée Day et Fisher (1954)
Baie Maces, baie de Fundy (N.-B.) 3 août 1954 2,6 Sans objet Fascine à hareng Pris dans une fascine à hareng Leim et Day (1959)
Baie Maces (N.-B.) 10 septembre 1954 4,87 F Fascine à hareng Pris dans une fascine à hareng Hogans et Dadswell (1985)
Ireland Bight, baie aux Lièvres; profondeur : 26 m 10 août 1956 3,7 Sans objet Piège à morue Dent dans un avançon de piège à morue Templeman (1963)
Grand Banc S.-E. (44°30'N, 50°12'O) Août 1956 3,7 à 4,6 Sans objet Chalut à panneau Chalut à panneau espagnol Templeman (1963)

Détroit de Northumberland, 13 km au large de Wallace
(N.-É.)

30 juillet 1962 3 Sans objet filet maillant à merluche Dent examinée par L.R. Day Templeman (1963)

Détroit de Northumberland, 13 km au large de Wallace
(N.-É.)

Août 1962 2,7 Sans objet Filet maillant à merluche Identifié par W. G. Smith, agent des pêches Templeman (1963)
Wallace (N.-É.) Août 1962+ 6 Sans objet Filet maillant à merluche Échappé du filet maillant Templeman (1963)
Wallace (N.-É.) Septembre 1962+ 6 Sans objet Filet maillant à merluche Échappé du filet maillant Templeman (1963)
Noël, bassin des Mines (N.-É.) 2 septembre 1965 Sans objet Sans objet Filet ou palangrotte Signalé par un pêcheur Pêches et Océans Canada
Baie de Passamaquoddy, entre le Maine et le N.-B. 1969 Sans objet Sans objet Sans objet Attaque sur un marsouin observée Arnold (1972)
Baie de Passamaquoddy, au large de Leonardville, Deer Island (N.-B.) 13 ou 14 août 1971 4,3 F Chalut à panneau Pris dans un chalut à panneau. Scott et Scott (1988)
Passage Letite (N.-B.) 8 août 1977+ 5,05 F Fascine à hareng Pris dans une fascine à hareng Hogans et Dadswell (1985)

Baie de Passamaquoddy, au large de Mascarene
(N.-B.)

8 ou 9 août 1977+ 5,2 Sans objet Fascine à hareng Pris dans une fascine à hareng Scott et Scott (1988)

Golfe du Saint-Laurent, au large d’Alberton
(Î.-P.-É.)

4 août 1983 5,2 M Filet maillant à morue Pris dans un filet maillant à morue Scott et Scott (1988)

Au large de Tiverton
(Î.-P.-É.)

Juillet 1988 4,5 Sans objet Filet maillant Pris dans un filet maillant Connors Bros. Ltd. in Mollomo (1998)
Sud du plateau néo-écossais Novembre 1989 Sans objet Sans objet Palangre pélagique (thon) Palangrier japonais (thon obèse), relâché Base de données des observations de Scotia-Fundy
Île de Sable Fin des années 1980 Sans objet Sans objet Sans objet Dent récupérée d’une carcasse de phoque Pêches et Océans Canada
65 km à l’ouest de l’île de Sable Octobre 1992 Sans objet Sans objet Chalutier à morue Juvénile; chalutier à morue canadien, relâché Base de données des observations de Scotia-Fundy
Baie de Fundy Début des années 1990 4,2 Sans objet Filet maillant Pris dans un filet maillant Campana, comm. pers. (2004)
48°10,60 N, 64°09,00 O (4Tn), région du Québec 15 août 1998 Sans objet Sans objet Filet maillant (morue) Sans objet Base de données des observations de la région du Québec
49,08333°, -50,8833° (Terre-Neuve) 24 juillet 2009 Sans objet Sans objet Filet maillant Pris à une profondeur de 313 m. Base de données d’observations de Terre-Neuve-et-Labrador.
À 10 miles de Trout River (Terre-Neuve) 17 août 2010 2,00 Sans objet Filet maillant Sans objet Pêches et Océans Canada
Economy (N.-É.) 2010 3,05 M Fascine à hareng Juvénile pris dans une fascine Pêches et Océans Canada
Economy (N.-É.) 11 août 2011 3,00 F Fascine à hareng Juvénile pris dans une fascine Pêches et Océans Canada
Grand Manan (N.-B.) 44°52′93″N, 66°44′32″O 17 août 2012 > 3,0 Sans objet Sans objet Prédation observée sur un marsouin commun Turnbull et Dion (2012)

Baie de Passamoquoddy (N.-B.),
Fosse de sciage près du phare Swallowtail, Grand Manan

6 août 2013 Sans objet Sans objet Sans objet Vu en train de manger un phoque Wong, comm. pers. (2016)
Îles-de-la-Madeleine (Qc) 25 septembre 2013 Sans objet Sans objet Sans objet Morsure d’un grand requin blanc sur une carcasse de mammifère marin Pêches et Océans Canada
Saint-Andrews (N.-B.) 21 juillet 2014 Sans objet Sans objet Sans objet Pendant l’observation de baleines sur la baleinière Quoddy Link Pêches et Océans Canada
White Sands (Î.-P.-É.) 3 septembre 2014 Sans objet Sans objet Sans objet Carcasse de globicéphale mangée par un grand requin blanc The Eastern Graphic (2014)
Parsborro (passage des Mines – West Bay) (N.-É.) 30 juillet 2015 3,66 M Sans objet Signalé par le ministère des Ressources naturelles de la N.-É.; carcasse échouée sur la côte Pêches et Océans Canada
Port Mouton (N.-É.) 2015 Sans objet Sans objet Sans objet Possiblement jusqu’à 5 individus observés au cours d’une pêche au thon. Pêches et Océans Canada
Île au Phoque (N.-É.) Août 2015 Sans objet Sans objet Sans objet Possiblement un grand requin blanc attaquant un phoque Pêches et Océans Canada
Alice Head Cove, baie St. Margaret (N.-É.) Fin août / début septembre 2015 5,49 Sans objet Piège à thon et maquereau Requin de 18 pi signalé par un pêcheur Pêches et Océans Canada
Nouveau-Brunswick 15 septembre 2015 Sans objet Sans objet Sans objet Carcasse de marsouin mordue par un grand requin blanc Pêches et Océans Canada
Alma (N.-B.) Juin 2016 Sans objet Sans objet Sans objet Dent récupérée d’une bouée de casier à homard Pêches et Océans Canada

Pointe du cap Chignecto
45,324444, -64,950386

7 juillet 2016 Sans objet Sans objet Sans objet Marques de dents sur une bouée de casier à homard Chisholm, comm. pers. (2016)
Île Cross, Lunenburg (N.-É.) 31 juillet 2016 Sans objet Sans objet Sans objet Requin tentant de se nourrir d’un marsouin commun CTV News (2016)
Saint-Andrews (N.-B.) 1er août 2016 5,2 Sans objet Sans objet Vidéo captée par la St. Andrews Sport Fishing Co. CBC News (2016)

Île Moshers (N.-É.)
44,259194, -64,315125.

7 août 2016 3,05 à 3,66 Sans objet Sans objet Observation par un pêcheur de maquereau Pêches et Océans Canada
Baie St. Margaret (N.-É.) 19 août 2016 4,6 Sans objet Piège à maquereau et thon Pris dans un piège à maquereau et relâché Pêches et Océans Canada

Haut-fond de White Point (N.-É.)
43°56,25’ N,
64°43.02’ W

26 septembre 2016 3,66 à 3,96 Sans objet Sans objet Observation signalée par un pêcheur de thon (canne et moulinet) Pêches et Océans Canada

Environ à 43°55,65’ N,
64°44 103’ O

30 septembre 2016 3,05 à 3,66 Sans objet Sans objet Observation signalée par un pêcheur de thon (canne et moulinet) Pêches et Océans Canada
Wedgeport (N.-É.) Automne 2017 Sans objet Sans objet canne et moulinet (thon) Thon mordu par un requin Pêches et Océans Canada
Plage de Grand Desert (N.-É.) 21 septembre 2017 Sans objet Sans objet Sans objet Carcasse de phoque présentant des marques de morsure Pêches et Océans Canada
Cap de Sable 19 décembre 2017 Sans objet Sans objet Sans objet Morsure de requin sur une bouée de casier à homard Pêches et Océans Canada
Passage Letite (N.-B.) 20 juin 2018 4,6 Sans objet Sans objet Nageoire aperçue par des kayakistes près de l’île Hospital Pêches et Océans Canada
Economy (N.-É.) 22 juillet 2018 Sans objet Sans objet Sans objet Un requin s’est emparé d’un bar qui était pris une ligne de pêche et a fait surface Pêches et Océans Canada

Bothwell (Î.-P.-É.)
46° 24' 2,25", -62° 3' 59,76"

25 juillet 2018 3,66 à 4,57 Sans objet Sans objet Signalé par un capitaine de bateau affrété pour la pêche au thon rouge de l’Î.-P.-É. Pêches et Océans Canada

Île Big Tusket (N.-É.)
43°38,852’ N,
65°59,697’ O

17 août 2018
11 h 20

3,96 à 4,27 Sans objet Sans objet Vidéo captée par des plaisanciers CBC News (2018)

Baie St. Mary’s, Terre-Neuve
46°55,888 N, 53°43,950 O

5 septembre 2018 4,57 Sans objet Sans objet Signalé par le secteur des Sciences du MPO à Terre-Neuve Pêches et Océans Canada
Au sud-ouest de Port Mouton (N.-É.) 28 septembre 2018 Sans objet Sans objet Sans objet Carcasse de phoque présentant des marques de morsure Pêches et Océans Canada

Freeport (N.-É.)
44°23,260 N
66°21,750 O

8 septembre 2018 3,96 Sans objet Sans objet Grand requin blanc se nourrissant d’une carcasse de rorqual à bosse Corke, comm. pers. (2018)

Haut-fond de White Point (N.-É.)
43°54’ N, 64°33’ O

28 septembre 2018 3,35 à 3,66 Sans objet canne et moulinet (thon) Mordu à l’hameçon d’une canne à pêche Pêches et Océans Canada

Queue du Grand Banc

43°22' N, 50°06' O

28 novembre 2018 2,13 à 2,44 Sans objet Chalut à panneau Prise accessoire de la pêche à la limande à queue jaune Pêches et Océans Canada
Près de Walton (N.-É.) 23 juillet 2019 2,44 à 3,05 Sans objet Sans objet Pêche au bar Halifax Today (2019)
Île Gull (N.-É.) 27 juillet 2019 5,48 Sans objet Sans objet Un requin a nagé autour d’un surfeur Pêches et Océans Canada
Baie de Passamoquoddy (N.-B.) 12 août 2019 Sans objet Sans objet Sans objet Observation lors d’une excursion d’observation de baleines CBC News (2019)

Canso, 45°18,621' N,
60°55,930' O

15 août 2019 3,05 à 3,66 Sans objet Sans objet Observation lors d’une pêche au maquereau Pêches et Océans Canada
Black Beach (N.-B.) 18 août 2019 Sans objet Sans objet Sans objet Requin se nourrissant d’un rorqual à bosse Pêches et Océans Canada
Baie de Passamoquoddy (N.-B.) 24 août 2019 Sans objet Sans objet Sans objet Observation lors d’une excursion d’observation de baleines CBC News (2019)
Baie de Passamoquoddy (N.-B.) 9 septembre 2019 Sans objet Sans objet Sans objet Observation lors d’une excursion d’observation de baleines Jolly Breeze Whale Watching
Baie de Passamoquoddy (N.-B.) 10 septembre 2019 Sans objet Sans objet Sans objet Observation lors d’une excursion d’observation de baleines Jolly Breeze Whale Watching
Baie Back (N.-B.) 15 septembre 2019 Sans objet Sans objet Fascine Pris dans une fascine CBC News (2019)
Canso (N.-É.) 26 octobre 2019 Sans objet Sans objet Sans objet Thon pêché à la canne présentant des marques de morsures Pêches et Océans Canada
Point Lepreau (N.-B.) 29 octobre 2019 Sans objet Sans objet Sans objet Requin mort échoué sur la plage Pêches et Océans Canada

En raison de sa grande taille, de son apparence saisissante, de ses prouesses de prédation et du danger potentiel qu’il représente, le grand requin blanc a été à la fois vénéré et démonisé dans la culture populaire (Ellis, 1994). Ce statut de célébrité fait en sorte que les mâchoires et les dents de grand requin blanc sont particulièrement prisées comme objets de curiosité. De plus, ses nageoires sont vendues comme additif alimentaire sur les marchés destinés à la fine cuisine et à la médecine traditionnelle asiatiques. Malgré la législation qui vise à protéger l’espèce, les prix élevés qui sont payés pour obtenir des parties de grand requin blanc demeurent un incitatif puissant qui stimule le commerce illégal de tels produits et favorise le maintien d’un marché noir. Or, on ne connaît pas avec certitude l’origine des parties de requins que l’on trouve sur ce marché, ni l’espèce à laquelle elles appartiennent.

Répartition

Aire de répartition mondiale

Le grand requin blanc est réparti sur une vaste superficie qui s’étend des mers subpolaires aux mers tropicales dans les deux hémisphères, soit du 60e parallèle nord au 60e parallèle sud, mais les individus se rassemblent surtout dans les eaux tempérées des plateaux continentaux de l’Atlantique Nord-Ouest, de la mer Méditerranée, du sud de l’Afrique, du sud de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, et du Pacifique Nord-Est et Nord-Ouest (figure 2; Compagno, 2001; Fergusson et al., 2009). Dans l’Atlantique Nord-Ouest, le grand requin blanc est présent de la baie Hare, à Terre-Neuve, jusqu’au nord du Brésil (Templeman, 1963; Gadig et Rosa, 1996). Dans le Pacifique Nord-Est, il est présent du centre de la mer de Béring jusqu’à Mazatlan, au Mexique (Kato, 1965; Cook, comm. pers., 1987).

Figure 2 - s'il vous plaît lire une longue description

Figure 2. Aire de répartition mondiale du grand requin blanc. Source : IUCN (2019).

Description longue

Carte de l’aire de répartition mondiale du grand requin blanc, couvrant une vaste superficie qui s’étend des mers subpolaires aux mers tropicales dans les deux hémisphères, soit du 60e parallèle nord au 60e parallèle sud

Aire de répartition canadienne dans l’Atlantique

Le grand requin blanc est présent régulièrement et de manière saisonnière dans les eaux du Canada atlantique, comme en témoignent les 85 mentions confirmées ou probables depuis 1874 ainsi que le suivi des déplacements de requins munis d’un émetteur dans les eaux canadiennes et des 21 requins observés lors des activités de pose d’émetteurs (dont 19 ont été munis d’un émetteur) en 2018 et 2019 au large de la Nouvelle-Écosse (tableau 1 à 3, figure 3). Dans l’ensemble du Canada atlantique, le grand requin blanc a notamment été observé au large de la côte nord de Terre-Neuve, dans le nord-est du plateau de Terre-Neuve, dans les Grands Bancs, le banc de Saint-Pierre, le banc de l’île de Sable, la baie St. Margaret, la baie de Passamaquoddy, la baie de Fundy, au large de Grand Manan, dans le détroit de Northumberland, la baie des Chaleurs et le chenal laurentien aussi loin que l’estuaire de la rivière Portneuf (sur la rive nord de l’estuaire du Saint-Laurent) (Putnam, 1874; Piers, 1934; Vladykov et McKenzie, 1935; Day et Fisher, 1954; Leim et Day, 1959; Vladykov et McAllister, 1961; Templeman, 1963; Arnold, 1972; Mollomo, 1998, Skomal et al., 2017). Les mentions de grands requins blancs proviennent surtout de captures accidentelles et d’observations fortuites, en plus de quatre cas d’attaque sur des bateaux (Templeman, 1963; Mollomo, 1998). Le suivi des déplacements montre que les grands requins blancs utilisent la majeure partie du plateau continental peu profond au large de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve jusqu’aux limites de la zone économique exclusive (ZEE) du Canada, avec quelques déplacements vers le nord de Terre-Neuve (figure 3, Skomal et al., 2017). La présence des grands requins blancs au Canada atlantique est saisonnière et interannuelle, et découle probablement de la migration d’individus du sud vers le nord à la fin de l’été et durant les premiers mois de l’automne (figure 4b, Curtis et al., 2014; Skomal et al., 2017); ces mouvements sont possiblement corrélés avec le déplacement saisonnier des eaux chaudes du Gulf Sream vers la côte (Hogg, 1992). Les 76 mentions d’observation pour lesquelles on connaît le mois de l’année ont toutes eu lieu de juin à décembre. Le plus grand nombre d’observations (33) ont eu lieu en août, et le reste a eu lieu principalement en juin, juillet ou septembre (figure 4a). Les requins ayant fait l’objet d’un suivi par l’organisme privé Ocearch en 2020 ont migré vers les eaux canadiennes surtout entre juin et novembre, et seul un petit nombre ont été brièvement suivis au Canada en décembre, janvier et février (tableaux 2 et 3; Ocearch, 2020).

Pris ensemble, les renseignements précédents laissent croire que la portion canadienne de l’aire de répartition du grand requin blanc constitue la limite nord de celle-ci dans l’Atlantique Nord-Ouest.

Figure 3 - s'il vous plaît lire une longue description

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

W = O [longitude values on the horizontal axis, and on the compass]

Figure 3. Aire de répartition canadienne du grand requin blanc dans l’océan Atlantique fondée sur les observations, les captures accidentelles et le suivi des déplacements de grands requins blancs munis d’émetteurs PSAT (n = 25) et SPOT (n = 5), modifié de Slormal et al. (2017). Source : base de données d’observations et d’échouements de grands requins blancs (DFO, 2020) et données numérisées de positionnement tirées des cartes de Skomal et al. (2017).

Description longue

Carte de l’aire de répartition canadienne du grand requin blanc dans l’océan Atlantique fondée sur les observations, les captures accidentelles et le suivi des déplacements de grands requins blancs munis d’émetteurs PSAT et SPOT.

Figure 4 - s'il vous plaît lire une longue description

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Number of sightings = Nombre d’observations

Month = Mois

Degrees North Latitude = Degrés de latitude nord

Figure 4. a) Fréquence d’observations de grands requins blancs au Canada atlantique. Source : base de données d’observations et d’échouements de grands requins blancs (DFO, 2020). b) Répartition saisonnière des observations et des captures de grands requins blancs dans l’Atlantique Nord-Ouest, tirée de Curtis et al. (2014). La ligne pointillée représente la limite sud de la ZEE du Canada dans l’Atlantique.

Description longue

Graphiques illustrant a) la fréquence des observations de grands requins blancs au Canada atlantique selon le mois, et b) la répartition saisonnière des observations et des captures de grands requins blancs dans l’Atlantique Nord-Ouest.

Tableau 2. Liste de grands requins blancs munis d’un émetteur et d’observations de grands requins blancs au cours d’expéditions de pose d’émetteurs dans les eaux du Canada atlantique, entre septembre 2018 et octobre 2019. Sources : DFO (2020) et Ocearch (comm. pers., 2020)
Lieu d’observation/ pose d’émetteur Date Longueur totale (m) Sexe Lieux où le requin a été suivi au Canada Pose d’émetteur par
Port Mouton (Nouvelle-Écosse) Sept. 2018 3,0 M Plateau néo-écossais (sept. et oct. 2018) Pêches et Océans Canada
Lunenberg (Nouvelle-Écosse) Sept. 2018 3,9 M Lunenberg (sept. et oct. 2018, août et nov. 2019), île du Cap de Sable (juill. 2019), île Walter (nov. 2019) Ocearch
Lunenberg (Nouvelle-Écosse) Sept. 2018 3,9 M Lunenberg (sept. 2018, août et sept. 2019) Ocearch
Lunenberg (Nouvelle-Écosse) Sept. 2018 3,4 M Lunenberg (sept. et oct. 2018, oct. 2019) Ocearch

Lunenberg
(Nouvelle-Écosse)

Sept. 2018 Sans objet Sans objet Non muni d’un émetteur Ocearch

Lunenberg
(Nouvelle-Écosse)

Oct. 2018 4,3 F Lunenberg (oct. 2018), sud de la N.-É. au large de l’île au Phoque (oct. et nov. 2018, juill. 2019), plateau néo-écossais (nov. 2018), baie de Fundy (juill. à oct. 2019) Ocearch

Lunenberg
(Nouvelle-Écosse)

Oct. 2018 2,9 F Lunenberg (oct. 2018), sud-est de la N.-É. au large d’Halifax et de l’île du Cap de Sable (juill. 2019) Ocearch

Lunenberg
(Nouvelle-Écosse)

Oct. 2018 2,7 M Lunenberg (oct. 2018), au large de Wedgeport (juill. 2019), île du Cap de Sable (oct. 2018, août 2019), au large de Westport (oct. 2019) Ocearch
Île de Port Mouton (Nouvelle-Écosse) Sept. 2019 4,8 F Aucune donnée pour l’instant Pêches et Océans Canada
Port Medway (Nouvelle-Écosse) Sept. 2019 3,7 F Non muni d’un émetteur Pêches et Océans Canada
Green Bay Nouvelle-Écosse)

Sept. 2019 3,0 Sans objet Non muni d’un émetteur Pêches et Océans Canada
Île Scaterie (Nouvelle-Écosse) Sept. 2019 3,7 M Cap-Breton (sept. 2019) Ocearch
Île Scaterie (Nouvelle-Écosse) Sept. 2019 3,9 M Île Scaterie et au large de Port Morien (sept. 2019) Ocearch
Île Scaterie (Nouvelle-Écosse) Sept. 2019 4,3 F Île Scaterie, Sable Island, Southeast Scotian Shelf (sept. 2019) Ocearch
Île Scaterie (Nouvelle-Écosse) Sept. 2019 2,5 F Île Scaterie (sept. 2019), nord-est du plateau néo-écossais (sept. 2019), sud-est du plateau néo-écossais (oct. 2019) Ocearch
Lunenberg (Nouvelle-Écosse) Sept. 2019 3,6 F Lunenberg (sept. 2019) Ocearch
Lunenberg (Nouvelle-Écosse) Sept. 2019 3,3 M Lunenberg (sept. 2019) Ocearch

Lunenberg
(Nouvelle-Écosse)

Oct. 2019 2,9 M Lunenberg (oct. 2019), est et sud-ouest du plateau néo-écossais (oct. 2019) Ocearch
Lunenberg (Nouvelle-Écosse) Oct. 2019 3,1 F Lunenberg, est du plateau néo-écossais, sud de la N.-É. au large de l’île au Phoque et de Lockeport (oct. 2019) Ocearch
Lunenberg (Nouvelle-Écosse) Oct. 2019 3,5 M Lunenberg (oct. 2019) Ocearch
Lunenberg (Nouvelle-Écosse) Oct. 2019 3,1 M Lunenberg, sud-ouest du plateau néo-écossais (oct. 2019) Ocearch
Lunenberg (Nouvelle-Écosse) Oct. 2019 3,6 M Lunenberg, au large de Lockeport, sud-ouest du plateau néo-écossais (oct. 2019) Ocearch
Tableau 3. Liste des grands requins blancs munis d’un émetteur par Ocearch en eaux états-uniennes qui ont été suivis dans les eaux canadiennes en date de novembre 2019. Source : Ocearch (comm. pers., 2020)
Lieu de pose d’émetteur Date de pose d’émetteur Longueur totale (m) Sexe Lieux où le requin a été suivi au Canada
Jacksonville (Floride) Mars 2013 4,4 F Grands Bancs (oct. à déc. 2013, nov. et déc. 2014), plateau néo-écossais (nov. 2016 à janv. 2017)
Cape Cod (Massachusetts) Août 2013 3,8 F Halifax (oct. 2015), île Deer, N.-B. (oct. 2016), New Harbour et nord-est de la N.-É. (nov. 2016)
Cape Cod (Massachusetts) Août 2013 4,3 F Grands Bancs (déc. 2015 à févr. 2016)
Nantucket (Massachusetts) Octobre 2016 3,0 M Baie de Fundy (août 2017), Grands Bancs (août 2018)
Hilton Head (Caroline du Sud) Mars 2017 2,6 F Plateau néo-écossais (août à nov. 2017)
Hilton Head (Caroline du Sud) Mars 2017 3,8 M Côte est de la N.-É. (sept. à nov. 2017, juill. à sept. 2018), île du Cap-Breton (sept. 2018), sud de Terre-Neuve et péninsule d’Avalon (oct. et nov. 2018), Grands Bancs (oct. et nov. 2018)
Hilton Head (Caroline du Sud) Février 2019 2,7 M

Nord et est du plateau néo-écossais (juin 2019), Cap-Breton (juin et juill. 2019), sud-est du plateau néo-écossais (nov. 2019), Lunenberg (nov. 2019), Îles-de-la-Madeleine (juill. à sept. 2019),
Î.-P.-É. (sept. 2019), baie des Chaleurs (sept. 2019)

Hilton Head (Caroline du Sud) Février 2019 3,8 F Grands Bancs (juin et juillet 2019)
Hilton Head (Caroline du Sud) Février 2019 3,9 F Au large de l’île au Phoque (oct. 2019)

Zone d’occurrence et zone d’occupation

Lorsqu’on ajoute les travaux de suivi de Skomal et al. (2017) aux données limitées de la base de données d’observations, l’étendue de la zone d’occurrence du grand requin blanc dans le Canada atlantique est approximativement de 1 029 903 km2 (1 346 138 km2 si la superficie des terres est comprise). Toutefois, les récents travaux de pose d’émetteurs d’Ocearch en 2018 et 2019, qui ont permis de suivre de grands requins blancs près de la ZEE dans le nord-est des Grands Bancs, laissent supposer que la zone d’occurrence pourrait être d’au moins 1 062 590 km2 (1 380 744 km2 si la superficie des terres est comprise) (Ocearch, comm. pers., 2020; 2020). Les données sont insuffisantes pour calculer un indice de zone d’occupation (IZO) fiable, mais les données qui ont servi au calcul de la zone d’occurrence laissent croire qu’il dépasse de beaucoup 2 000 km2, étant donné les longs déplacements des grands requins blancs à travers la majeure partie de la ZEE atlantique du Canada au sud de Terre-Neuve. Comme les données étaient insuffisantes lors du précédent rapport du COSEPAC (COSEWIC, 2006), on ne peut déterminer s’il y a eu augmentation de la zone d’occurrence, mais il est peu probable qu’elle ait changé.

Activités de recherche

La première observation d’un grand requin blanc au Canada atlantique a eu lieu en 1874, lorsqu’un doris a été attaqué au banc de Saint-Pierre, au large de Terre-Neuve (tableau 1). Depuis plus d’un demi-siècle, des pêches commerciales capables de prendre de grands requins blancs, dont les pêches de poissons de fond, de hareng et de poissons pélagiques à la palangre, sont en activité au Canada atlantique. Historiquement, celles-ci sont les principales causes de prises accessoires de grands requins blancs au Canada et aux États-Unis (Skomal et al., 2012, tableau 1). Aucune activité de recensement n’a été effectuée au Canada atlantique hormis les deux programmes de pose d’émetteurs menés durant quelques semaines à l’automne 2018 et en 2019 par l’ONG Ocearch et le ministère des Pêches et des Océans du Canada (le MPO). Ocearch y a consacré un total de 412,5 heures réparties sur 35 jours, avec en moyenne 5 ou 6 hameçons déployés par jour, en septembre et octobre 2018 et 2019 (Ocearch, comm. pers., 2020). Les signalements d’observations fortuites et de pêche accidentelle ont augmenté au cours des dernières années, depuis que le grand requin blanc a été désigné comme espèce en voie de disparition en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) en 2011. Les efforts déployés par le MPO pour éduquer le public et les pêcheurs sur l’importance du signalement, de même que l’obligation de signaler toute interaction avec de grands requins blancs dans le cadre des pêches commerciales (2018) et récréatives (2019), ont aussi contribué à l’augmentation du nombre de mentions d’observation de grands requins blancs.

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Le grand requin blanc vit dans les eaux côtières et littorales, au large des côtes sur le plateau continental, et au-delà du plateau jusqu’en milieu pélagique. On le trouve donc de la zone intertidale à la lisière du talus continental, jusque dans la zone mésopélagique. La répartition bathymétrique connue de l’espèce dans l’Atlantique Nord-Ouest s’étend de juste sous la surface jusqu’à une profondeur d’au moins 1 128 m (Skomal et al., 2017). Le grand requin blanc est présent dans les brisants de plages de sable, au large de côtes rocheuses, et il entre volontiers dans les baies abritées, les lagunes, les havres et les estuaires. Toutefois, d’après ce que l’on sait, il n’entre pas dans les eaux saumâtres ni dans les eaux douces (Compagno, 2001). Les milieux sablonneux sont particulièrement importants pour la recherche de nourriture du grand requin blanc en Afrique du Sud (Kock et al., 2018).

Le grand requin blanc possède une grande tolérance thermique, puisqu’on a signalé sa présence dans des eaux entre 1,6 °C et 30,4 °C (figure 5d, Skomal et al., 2017). Malgré cette grande fourchette de températures, certaines données indiquent que la température joue un rôle dans le choix de l’habitat. En Afrique du Sud, l’abondance des grands requins blancs est plus élevée durant l’hiver lorsqu’il n’y a pas de remontée d’eau, que les conditions sont plus stables et que l’eau est plus chaude (Towner et al., 2013). À l’est de l’Australie, les captures de grands requins blancs dans le cadre des programmes de contrôle des requins atteignent un sommet lorsque les températures sont de 19 °C ou moins (Payne et al., 2018). Les études de suivi des déplacements montrent que les individus de l’espèce passent la majeure partie de leur temps dans des eaux entre 14 °C et 25 °C, et que lorsqu’ils ne se déplacent pas vers le large, l’occurrence la plus élevée se situe dans des eaux de 18 °C à 20 °C (Weng et al., 2007b; Bruce et Bradford, 2012, 2015; Lee et al., 2018; Wintner et Kerwath, 2018), y compris dans l’Atlantique Nord-Ouest (figure 5b,d; Curtis et al., 2014; Skomal et al., 2017). À cet endroit, la température moyenne où se produisent les captures accidentelles de grands requins blancs est de 19,5 °C dans le cas des jeunes de l’année, et de 16 °C dans le cas des requins adultes, ce qui témoigne d’un possible changement ontogénétique dans la préférence de température de l’habitat (Curtis et al., 2014).

Figure 5 - s'il vous plaît lire une longue description

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Percent of total = Pourcentage de l’ensemble

Depth (m) = Profondeur (m)

Unknown = Inconnu

Adult = Adultes

Juvenile = Juvéniles

YOY = Jeunes de l’année

Sea surface temperature (°C) = Température de surface (°C)

Onshelf = Sur le plateau

Offshelf = Au large du plateau

Water temperature (°C) = Température de l’eau (°C)

Time-at-depth (%) = Temps passé à la profondeur (%)

Time-at-temperature (%) = Temps passé à la température (%)

Figure 5. Répartition des observations et des captures de grands requins blancs dans l’Atlantique Nord-Ouest selon a) la profondeur de l’eau et b) la température de surface; figure reproduite de Curtis et al. (2014).
Pourcentage du temps (moyenne ± erreur type) passé par 21 requins munis d’un émetteur PSAT selon c) la profondeur et d) la température de surface; figure reproduite de Skomal et al. (2017).

Description longue

Graphiques montrant la répartition des observations et des captures de grands requins blancs dans l’Atlantique Nord-Ouest selon a) la profondeur de l’eau et b) la température de surface, ainsi que le pourcentage du temps passé par 21 requins munis d’un émetteur PSAT selon c) la profondeur et d) la température de surface.

Le grand requin blanc est une espèce migratrice largement répartie, capable de traverser des bassins océaniques, y compris l’Atlantique et le Pacifique (voir Dispersion et migration). Toutefois, l’espèce occupe principalement les eaux côtières profondes de moins de 100 m, migrant selon les saisons dans des eaux plus profondes pour se nourrir ou se reproduire (Boustany et al., 2002; Carlisle et al., 2012; Curtis et al., 2014, 2018). La recherche de nourriture se fait de manière plus intensive en milieu côtier (Carlisle et al., 2012), ce qui est particulièrement important pour la croissance des jeunes de l’année et des juvéniles qui utilisent ces milieux tout au long de l’année dans l’Atlantique Nord-Ouest (Skomal et al., 2017; Curtis et al., 2018). Les juvéniles y sont d’ailleurs prédominants (Curtis et al., 2014). L’abondance élevée des jeunes de l’année dans la région côtière de New York laisse supposer que ce milieu est une importante pouponnière pour l’espèce (Casey et Pratt, 1985, Curtis et al., 2014, 2018). Les requins de plus grande taille utilisent les milieux côtiers surtout durant l’été (Weng et al., 2007a,b; Jorgensen et al., 2010; Bonfil et al., 2010; Francis et al., 2012). Dans l’Atlantique Nord-Ouest, les adultes quittent le plateau continental pour gagner les profondeurs mésopélagiques de l’automne au printemps (Skomal et al., 2017, figure 6, voir Dispersion et migration).

Figure 6 - s'il vous plaît lire une longue description

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Spring = Printemps

Summer = Été

Fall = Automne

Winter = Hiver

Depth (m) = Profondeur (m)

Georges Bank = Banc Georges

Grand Banks = Grands Bancs

Sargassa Sea = Mer des Sargasses

Mid-Atlantic Ridge = Dorsale médio-atlantique

Figure 6. Positions (en noir : la zone côtière; en blanc : la zone pélagique) des grands requins blancs munis d’émetteurs SPOT (n = 5) et PSAT (n = 24) dans l’Atlantique Nord-Ouest, selon la saison. Figure reproduite de Skomal et al. (2017).

Description longue

Cartes montrant les positions des grands requins blancs munis d’émetteurs SPOT et PSAT dans l’Atlantique Nord-Ouest, selon la saison.

Les grands requins blancs peuvent occuper toute la colonne d’eau, mais présentent une occurrence plus élevée à certaines profondeurs. Dans les milieux côtiers, ils occupent les faibles profondeurs (Bruce et al. 2006; Weng et al. 2007b; Bonfil et al. 2010), et dans l’Atlantique Nord-Ouest, ils passent plus de la moitié de leur temps à des profondeurs de moins de 20 m (Skomal et al., 2017, figure 5a,c). Plus de 92 % des 564 événements d’observation fortuite et de capture accidentelle signalés dans ce milieu côtier depuis 1800 ont eu lieu là où la profondeur est de moins de 100 m, pour une profondeur médiane de 30 m (figure 5a, Curtis et al., 2014). En milieu océanique, au-delà des plateaux continentaux, les grands requins blancs ponctuent les périodes passées à faible profondeur (moins de 100 m) par des plongées dans la zone mésopélagique à des profondeurs de 200 m à 1 000 m, vraisemblablement pour se nourrir (figure 5c, Boustany et al., 2002; Bonfil et al., 2005; Weng et al., 2007a,b; Skomal et al., 2017; Gaube et al., 2018).

Les grands requins blancs affichent des comportements de philopatrie et de retour vers des lieux de rassemblement précis souvent associés avec la recherche de nourriture, comme les colonies d’otaries (Johnson et al., 2009; Jorgensen et al., 2010; Kock et al., 2013). Dans l’Atlantique Nord-Ouest, la présence du grand requin blanc près des côtes de la Nouvelle-Écosse, dans le golfe du Saint-Laurent et près de l’île de Sable est peut-être un indicateur de prédation sur le phoque gris de l’Atlantique (Halichoerus grypus) (Lucas et Natanson, 2010; Hammill et al., 2017), quoique, dans l’est du Pacifique, certains individus puissent se nourrir de proies dispersées sur de plus grandes superficies (Domeier et Nasby-Lucas, 2013).

Tendances en matière d’habitat

On ignore dans quelle mesure la détérioration de l’habitat a pu contribuer au déclin apparent de l’espèce à l’échelle mondiale. Au Canada atlantique, on n’a connaissance d’aucune activité qui cause une dégradation de l’habitat et qui aurait une incidence sur l’abondance ou la répartition du grand requin blanc. Étant donné que l’espèce est associée aux milieux côtiers, il est possible que l’aménagement côtier et les projets énergétiques extracôtiers aux États-Unis aient des répercussions sur sa biologie (Curtis et al., 2018). L’habitat du grand requin blanc est en partie fonction de la disponibilité de proies, et l’augmentation de l’abondance du phoque gris de l’Atlantique au Canada et aux États-Unis a fait augmenter cette disponibilité (NMFS, 2009; Skomal et al., 2012; Hammill et al., 2015, 2017). Dans l’Atlantique canadien, la fréquence à la hausse des anomalies de températures plus chaudes que la normale (Brickman et al., 2018) pourrait repousser la limite de l’habitat thermique de l’espèce plus au nord, alors que les eaux plus chaudes pourraient faire reculer les limites de la répartition au sud (Payne et al., 2018).

Biologie

L’information la plus récente et la plus complète dont on dispose sur la biologie du grand requin blanc provient des populations de la Californie et de l’Australie. Peu de recherches ont été réalisées en eaux canadiennes. Toutefois, de récentes études de suivi des déplacements et analyses génétiques dans l’Atlantique Nord-Ouest ont permis de confirmer la connectivité entre les requins des eaux états-uniennes et des eaux canadiennes. Plusieurs organismes mènent actuellement des travaux de pose d’émetteurs et de suivi des déplacements dans l’Atlantique Nord, dont le MPO, Ocearch, la Division des poissons marins du Massachusetts (Massachusetts Division of Marine Fisheries [MDMF]), et l’Atlantic White Shark Conservancy. Certains renseignements portant sur le cycle vital des grands requins blancs dans l’Atlantique Nord-Ouest, provenant principalement des prises accessoires de la pêche aux États-Unis, ont aussi été mis à jour (Curtis et al., 2014).

Cycle vital et reproduction

La durée de vie des grands requins blancs dans l’Atlantique Nord-Ouest a récemment été estimée à 40 ans pour les femelles et à 73 ans pour les mâles, en s’appuyant sur la datation par radiocarbone tenant compte de l’effet bombe (Hamady et al., 2014; Natanson et Skomal, 2015). Même si l’âge maximal estimé des femelles est juste pour l’échantillon examiné, Natanson et Skomal (2015) font remarquer que les échantillons de femelles de grande taille étaient restreints. Des études sur d’autres requins pélagiques (Natanson et al., 2002) laissent supposer une durée de vie semblable pour les deux sexes, ce qui est probablement aussi le cas pour le grand requin blanc. De plus, Harry (2018) a suggéré que la longévité de nombreuses espèces de requins, dont le grand requin blanc, était sous-estimée, même avec des méthodes réputées fiables comme la validation par le radiocarbone corrigé pour l’effet bombe. On croit que l’estimation de la durée de vie des grands requins blancs femelles, beaucoup plus courte que celle des mâles, est en fait une sous-estimation et qu’elle pourrait bien être semblable à celle des mâles.

On estime que le taux intrinsèque d’augmentation des populations (r) est de 0,035 à 0,056, selon la méthode et les hypothèses, ce qui correspond à une valeur intermédiaire parmi les élasmobranches (Smith et al., 1998; Dillingham et al., 2016; DFO, 2017). Quant à la mortalité naturelle instantanée (M), on estime qu’elle se situe entre 0,063 et 0,125 (Smith et al., 1998; Mollet et Cailliet, 2002; DFO, 2017). Avec ces valeurs de r et le nombre de femelles produites au cours d’une vie (m) au sein de cette population, estimé par le MPO (DFO, 2017) selon l’hypothèse d’une plus longue durée de vie (70 ans), la durée d’une génération (G) est de :

G = ln(m)/r = ln(4,4)/0,035

On obtient ainsi une durée de génération d’environ 42 ans. Si on adopte plutôt l’hypothèse d’une durée de vie plus courte, m prend une valeur de 5,6, et r, de 0,101 (DFO, 2017), ce qui donne une durée de génération de 17 ans. Toutefois, en s’appuyant sur les récentes études menées sur la croissance et la durée de vie des grands requins blancs de l’Atlantique Nord-Ouest, on suppose que l’estimation de 42 ans est plus juste. Le taux de survie annuel des juvéniles, estimé au moyen d’études par capture-marquage-recapture dans l’est du Pacifique, est élevé (0,63, erreur type = 0,08) et augmente constamment avec l’âge pour atteindre 0,95 (erreur type = 0,02) chez les requins adultes, probablement en raison de l’expérience acquise dans la capture des proies et de la diminution du risque de prédation (Benson et al., 2018; Kanive et al., 2019).

La taille maximale que peut atteindre un grand requin blanc est inconnue, mais des études sur la croissance laissent croire que la longueur totale (LT) pourrait être de 5 à 6 mètres (Tanaka et al., 2011; Christiansen et al., 2016). Les mentions de requins d’une taille de plus de 7 m n’ont pas été confirmées (figure 7, Compagno, 2001). La plus grande taille vérifiée pour un grand requin blanc du Canada atlantique est de 5,6 m; l’individu avait été pris dans un filet maillant à morue au large de l’Île-du-Prince-Édouard en 1983 (Scott et Scott, 1988; Curtis et al., 2014).

Figure 7 - s'il vous plaît lire une longue description

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Percent of total = Pourcentage de l’ensemble

Fork length (m) = Longueur à la fourche (m)

Total length (m) = Longueur totale (m)

Figure 7. Réparition des grands requins blancs selon a) la longueur à la fourche estimée, d’après la base de données d’observations et d’échouements de grands requins requins blancs au Canada atlantique (DFO, 2020), et b) la longueur totale, d’après la base de données d’observations de l’ensemble de l’Atlantique Nord-Ouest (figure reproduite de Curtis et al. [2014]).

Description longue

Graphiques montrant la répartition des grands requins blancs selon a) la longueur à la fourche estimée, d’après la base de données d’observations et d’échouements de grands requins blancs au Canada atlantique (DFO, 2020), et b) la longueur totale, d’après la base de données d’observations de l’ensemble de l’Atlantique Nord-Ouest.

Les estimations de l’âge d’atteinte de la maturité sexuelle varient de 4 à 33 ans, selon l’emplacement géographique (Compagno, 2001; Dudley et Simpfendorfer, 2006; Tanaka et al., 2011; Natanson et Skomal, 2015; Christiansen et al., 2016). De façon similaire, les estimations de la taille à maturité varient de 3,1 à 4,1 m en LT pour les mâles et de 4 à 5 m en LT pour les femelles (Francis, 1996; Pratt, 1996; Tanaka et al., 2011). Les femelles peuvent mesurer un mètre de plus que les mâles du même âge, et on a estimé qu’il pouvait y avoir une différence d’âge de 33 ans entre des requins mâles et femelles de même taille (Hamady et al., 2014). Une seule estimation de la taille à la maturité des grands requins blancs mâles (environ 3,8 m de LT) a été effectuée dans l’Atlantique Nord-Ouest, en s’appuyant sur la morphologie des ptérygopodes (Pratt, 1996). Natanson et Skomal (2015) se sont servi de la datation par radiocarbone corrigée pour l’effet bombe et des estimations de la taille minimale à maturité pour estimer l’âge d’atteinte de la maturité à 33 ans pour les femelles et à 26 ans pour les mâles. Ces estimations sont toutefois élevées lorsqu’on tient compte des plus petites estimations de la durée de vie, témoignant des incertitudes qui demeurent quant à la croissance des grands requins blancs dans l’Atlantique Nord-Ouest.

Le grand requin blanc est ovovivipare (vivipare sans placenta). Les réserves du sac vitellin sont augmentées par l’histotrophie des lipides de la mère et l’oophagie dans les stades précédant la naissance (Gilmore, 1993; Francis, 1996; Uchida et al., 1996; Sato et al., 2016). La durée de la période de gestation est encore incertaine, possiblement aussi longue que de 18 à 20 mois (Francis, 1996; Mollet et al., 2000; Bruce, 2008), et d’au moins 10 mois dans le Pacifique Nord-Ouest (Christiansen et al., 2014). La taille des portées varie de deux à dix petits, possiblement jusqu’à 17 (7 en moyenne), et la fécondité augmente avec la taille de la femelle (Cliff et al., 2000; Compagno, 2001; Christiansen et al., 2014). Dans l’Atlantique Nord-Ouest, la taille des portées n’est pas connue. On estime à 45 le nombre maximal de petits qu’une femelle peut avoir au cours de sa vie (Compagno, 1991). La taille des petits à la naissance est présumée être entre 1,09 et 1,65 m (Compagno, 2001). La durée d’un cycle reproducteur est inconnue, mais pourrait être de deux ans d’après le suivi des déplacements et l’identification photographique (Dewar et al., 2013; Domeier et Nasby-Lucas, 2013; Chapple et al., 2016). Il pourrait aussi être de plus de trois ans, ou même imprévisible, puisque les femelles qui viennent de mettre bas pourraient avoir besoin d’un an ou plus entre les grossesses pour refaire leurs réserves d’énergie (Compagno, 1991).

L’accouplement peut se produire n’importe où dans les eaux côtières du nord-est des États-Unis, le cap Cod étant un possible lieu de rassemblement d’après l’observation de possibles marques d’accouplement (Pratt, 1996; Skomal et al., 2017). Les données fortuites provenant d’échouements et de prises accessoires ont permis de confirmer la présence de requins matures des deux sexes le long de la côte atlantique du Canada (figure 7, tableau 1). La parturition se fait probablement au printemps et à l’automne, mais on ignore à quel endroit. Les jeunes de l’année migrent ensuite de cet endroit vers de possibles habitats de pouponnières dans la région côtière de New York et dans le golfe médio-atlantique (Casey et Pratt, 1985; Curtis et al., 2014; Skomal et al., 2017).

Physiologie et adaptabilité

Le grand requin blanc est capable de tolérer un grand éventail de températures et de conditions environnementales (voir Habitat, Payne et al., 2018). On peut observer l’espèce depuis les régions subpolaires jusqu’en eaux tropicales, y compris dans l’Atlantique Nord-Ouest, de la côte au Gulf Stream et jusqu’à la dorsale médio-atlantique (Skomal et al., 2017). Le grand requin blanc demeure un prédateur agile même en eau froide, en partie grâce des échangeurs de chaleur vasculaires à contre-courant, qui lui permettent de maintenir une température corporelle plus élevée que la température de l’eau ambiante (Carey et al., 1982; Goldman, 1997; Compagno, 2001). Les études de suivi des déplacements montrent que le grand requin blanc entre régulièrement dans des eaux aussi froides que 4 °C dans l’Atlantique Nord-Ouest (Skomal et al., 2017). Sa grande taille, et donc sa grande inertie thermique, en plus de sa capacité thermorégulatrice, modulent vraisemblablement les possibles effets métaboliques causés par les changements de la température de l’eau (Goldman, 1997; Skubel et al., 2018).

Le grand requin blanc est un prédateur très visuel, dont la rétine mixte comporte des cônes et des bâtonnets dans une faible proportion de 1 cône pour 4 bâtonnets, ce qui lui confère une vision perçante et possiblement toute en couleurs (Gruber et Cohen, 1985). Il tend à inspecter visuellement les objets en surface (Strong, 1996; Collier, comm. pers., 1986; Fallows, comm. pers., 2000), ce qui le met souvent en contact avec les humains (Miller et Collier, 1981; Collier, comm. pers., 1986; Burgess et Callahan, 1996; Fallows, comm. pers., 2000).

Le cycle vital du grand requin blanc, en particulier l’âge avancé de la maturité, laisse supposer qu’il est vulnérable à une forte mortalité liée aux pêches (Francis, 1996; Wintner et Cliff, 1999; Hamady et al., 2014, Dapp et al., 2015). La combinaison d’une vaste aire de répartition et d’une stratégie d’alimentation opportuniste pourrait lui permettre de s’éloigner facilement de menaces localisées pour rejoindre des sites plus favorables à son alimentation. Toutefois, son cycle vital et son mode de reproduction ovovivipare le rendent plus vulnérable aux polluants organiques et augmentent la possibilité d’un transfert de polluants de la mère au petit durant la gestation (Lyons et al., 2013a; Mull et al., 2013).

Dispersion et migration

Les grands requins blancs peuvent nager sur de grandes distances, par exemple d’Hawaï à la Californie (Compagno, 2001; Boustany et al., 2002), d’Afrique du Sud à l’Australie (Bonfil et al., 2005), et depuis la Floride jusqu’à une zone située à 930 km au sud du Groenland (Skomal et al., 2017). C’est cette capacité de traverser des bassins océaniques qui fait en sorte qu’on peut observer de temps à autre le grand requin blanc au large d’îles océaniques comme Hawaï (Taylor, 1985, Jorgensen et al., 2010; Block et al., 2011) et les Açores (Compagno et al., 1997; Skomal et al., 2017).

Dans l’Atlantique Nord-Ouest, les renseignements obtenus par la pose d’émetteurs conventionnels et acoustiques montrent que les grands requins blancs se déplacent sur de vastes distances à travers les eaux canadiennes et états-uniennes (figure 6). Les individus se sont déplacés tout le long de la côte atlantique des États-Unis et du Canada, avec des migrations saisonnières entre la Floride et des régions plus au nord, aussi loin que Terre-Neuve (figure 6, Skomal et al., 2017). Neuf grands requins blancs munis d’une étiquette émettrice par Ocearch aux États-Unis, soit la moitié des requins étiquetés par l’organisme dans ce pays, ont migré en eaux canadiennes entre l’été et l’automne, aussi loin que les Îles-de-la-Madeleine, la baie des Chaleurs et les Grands Bancs (tableau 3, figure 3b, Ocearch, 2020; comm. pers., 2020). À l’inverse, 17 grands requins blancs étiquetés par Ocearch en eaux canadiennes se sont déplacés vers le sud en eaux états-uniennes (tableau 2, Ocearch, 2020; comm. pers., 2020).

Des études télémétriques portant spécialement sur la population canadienne n’ont été amorcées que récemment. Dans le cadre de ces études, le MPO a mis en œuvre un programme de pose d’émetteurs acoustiques et d’installation de récepteurs acoustiques le long de la côte est de la Nouvelle-Écosse en 2018 (Bowlby, comm. pers., 2019). Quant aux activités de pose d’émetteurs acoustiques aux États-Unis, elles ont montré qu’environ 60 % des requins étiquetés là-bas, autant des requins matures qu’immatures des deux sexes, ont migré vers le Canada depuis 2011 (Chisholm, comm. pers., 2019). Dans l’ensemble, environ 18 % de tous les requins munis d’un émetteur acoustique ont migré en eaux canadiennes (Chisholm, comm. pers., 2019). Des activités de pose d’émetteurs satellites sur des individus de la population canadienne, menés par le MPO (n = 2) et Ocearch (n = 17), ont aussi récemment commencé au large de la Nouvelle-Écosse (tableau 2, Ocearch, comm. pers., 2020). Six autres requins ont été munis d’un émetteur au large du cap Cod, fruit d’une collaboration entre le MPO, la MDMF, et l’Atlantic White Shark Conservancy. Cette collaboration se poursuivra afin de poursuivre l’étiquetage des requins au Canada et aux États-Unis à l’avenir. Les requins munis d’un émetteur par le MPO jusqu’à maintenant ont, pour la plupart, migré vers les États-Unis ou y sont restés, et seulement deux (dont l’un étiqueté aux États-Unis) ont passé beaucoup de temps en eaux canadiennes (de juin à octobre 2017, dans le cas du requin étiqueté aux États-Unis) avant de migrer vers le sud (Bowlby, comm. pers., 2019). Selon une évaluation préliminaire de la dispersion et des déplacements au Canada, ceux-ci sont cohérents avec un comportement de recherche de nourriture. Les six requins munis d’un émetteur par Ocearch à l’automne 2018 se sont brièvement déplacés le long des côtes de la Nouvelle-Écosse ou au large dans la ZEE du Canada et au-delà, avant de migrer vers le sud vers les Carolines ou la Floride. L’année suivante, ces requins sont tous revenus en Nouvelle-Écosse, soit à l’été, soit à l’automne 2019 (tableau 2, Hueter, comm. pers., 2018; Ocearch, 2020).

La fréquence des déplacements de longue distance le long des côtes et à travers les bassins océaniques change en fonction des saisons et du stade ontogénétique. Jusqu’à maintenant, les données de suivi des requins munis d’un émetteur montrent que la population se déplace sur de grandes distances dans l’Atlantique Nord-Ouest et que les individus passent beaucoup de temps en milieu côtier et en haute mer, en suivant quelques cycles saisonniers (Skomal et al., 2017; Curtis et al., 2018). Les plus petits requins (moins de 3 m) effectuent des migrations saisonnières depuis leur habitat d’été, dans les eaux du plateau continental du nord-est des États-Unis et du Canada atlantique, vers leur habitat d’hiver, au sud-est des États-Unis et dans le golfe du Mexique, en suivant leurs proies et les régimes de température (figure 6, Casey et Pratt, 1985; Curtis et al., 2014; Skomal et al., 2017). À mesure que les grands requins blancs grandissent, leurs migrations côtières augmentent en distance et en profondeur (Skomal et al., 2017; Curtis et al., 2018). Les subadultes et les adultes ont aussi tendance à rester près des côtes durant l’été, mais ils se déplacent souvent en haute mer durant le reste de l’année et ne suivent pas les cycles saisonniers clairement définis qu’on observe chez les requins juvéniles (figure 6). Ces déplacements extracôtiers, vraisemblablement associés à la recherche de nourriture, s’étendent sur 30° de latitude, et certains grands requins blancs ont même voyagé jusqu’aux Açores (Skomal et al., 2017). À l’automne et en hiver, les plus grands subadultes et les adultes se déplacent vers le sud aussi loin que les Bahamas, et en été, ils vont au nord aussi loin que Terre-Neuve et les eaux situées au sud-est du Groenland (Skomal et al., 2017). D’après la répartition de la taille des requins observés en eaux canadiennes, ce sont aussi les plus grands juvéniles et les adultes de cette population qui font la longue migration jusqu’au Canada chaque été (figure 7, Curtis et al., 2014). Les bases de données d’observations et de signalement par les pêcheurs contiennent des mentions de grands requins blancs de toutes les tailles en toutes saisons sur le plateau continental, mais c’est à la fin de l’été et au début de l’automne que les observations se font les plus fréquentes dans les eaux du Canada et de la Nouvelle-Angleterre, et qu’elles se produisent aux latitudes les plus au nord (figure 4, Curtis et al., 2014). Tant les requins munis d’émetteurs acoustiques que ceux munis d’émetteurs par Ocearch ont migré au Canada atlantique entre juin et novembre, quoique certaines détections acoustiques se sont produites en février et mars (tableaux 2 et 3, Chisholm, comm. pers., 2019; Ocearch, 2020). En hiver, les observations de grands requins blancs ont surtout eu lieu au sud du cap Hatteras (environ 35° N), plus près des côtes, là où ils sont rarement observés durant l’été (Curtis et al., 2014).

D’autres populations de grands requins blancs présentent des tendances de migration semblables (Bruce et al., 2006; Bonfil et al., 2010; Domeier et al., 2012; Andreotti et al., 2016b), mais moins d’individus migrent vers la haute mer (Bonfil et al., 2005; Bruce et Bradford, 2012). Les déplacements saisonniers de grands requins blancs adultes sur de grandes distances en milieu extracôtier sont aussi plus communs ailleurs (Domeier et Nasby-Lucas, 2008; Jorgensen et al., 2010; Duffy et al., 2012). La dispersion des grands requins blancs est limitée par une forte philopatrie et une grande fidélité à certains sites (Jorgensen et al., 2010; Blower et al., 2012; Bruce et Bradford, 2012). Toutefois, il n’est pas encore clair si une telle philopatrie et une telle fidélité à des sites caractérisent la population du Canada atlantique. Les populations croissantes de phoques à proximité du cap Cod, dans le nord-est des États-Unis, entraînent peut-être des regroupements de requins dans ces sites (Skomal et al., 2012).

Relations interspécifiques

À la naissance, les grands requins blancs ont une longueur totale de 1,09 à 1,65 m. Une telle taille à la naissance réduit les risques de prédation au minimum. Les humains ont donc été ciblés comme étant la principale cause de mortalité de l’espèce (Compagno, 2001). Malgré cela, on a signalé une attaque d’épaulard (Orcinus orca) sur un grand requin blanc au large de la Californie (Pyle et al. 1999). En Afrique du Sud, au moins deux épaulards ont tué des grands requins blancs dans des sites de rassemblement, à la suite de quoi les requins ont évité ces endroits pendant un certain temps (Engelbrecht et al., 2019).

Le grand requin blanc est un prédateur au sommet de la chaîne alimentaire qui a des besoins énergétiques importants et un rythme métabolique élevé, et la période pendant laquelle il peut rester sans manger est de moins de deux semaines (Semmens et al., 2013). Ainsi, il exploite un vaste éventail de proies de multiples niveaux trophiques. L’élargissement de sa dentition avec la croissance laisse supposer que, lorsqu’il atteint une longueur de 300 à 340 cm, son régime alimentaire change pour passer des poissons de fond aux mammifères marins (Tricas et McCosker, 1984; Estrada et al., 2006; Hussey et al., 2012).

Les plus petits requins blancs (LT < 2,5 m) ont tendance à consommer des poissons de fond relativement petits, comme des téléostéens, de petits élasmobranches et des invertébrés, alors que les plus grands tendent à se nourrir de plus gros nectons, comme des pinnipèdes, des odontocètes et de grands élasmobranches (Klimley, 1985, 1994; Cliff et al., 1989; Bruce, 1992; Fallows et le Sueur, 2001; Amorim et al., 2018). Le niveau trophique, qui varie de 4,2 à 5,0 ou plus (Hussey et al., 2015), augmente généralement avec l’âge (Estrada et al., 2006; Hussey et al., 2012). Le grand requin blanc change de proies et s’attaque aux poissons plutôt qu’aux otaries lorsque la période de mise bas des otaries se termine (Kock et al., 2013). L’espèce est généraliste, mais il existe des variations intraspécifiques qui s’échelonnent parfois sur plus d’un niveau trophique, ce qui laisse supposer un certain degré de spécialisation individuelle quant au choix des proies (Kim et al., 2012). Quoi qu’il en soit, à tous les stades de croissance, le grand requin blanc est très opportuniste et peut chasser une grande variété de proies (LeMier, 1951).

Le comportement charognard sur des carcasses flottantes de cétacés représente une importante composante, auparavant sous-estimée, de l’écologie du grand requin blanc (Pratt et al., 1982; Dudley et al., 2000; Curtis et al., 2006). Une étude récente a recensé jusqu’à 40 requins s’alimentant pendant plus de 13 heures à la fois sur une seule carcasse dans la baie False, en Afrique du Sud (Fallows et al., 2013). L’espèce chasse également le dauphin (Wcisel et al., 2010, Sprogis et al., 2018) et a déjà été observée en train d’attaquer et de manger des marsouins communs (Phocoena phocoena) dans la baie de Fundy (Day et Fisher, 1954; Templeman, 1963; Arnold, 1972; Turnbull et Dion, 2012). Au Canada atlantique, il est probable que les grands requins blancs se nourrissent régulièrement des carcasses de cétacés, et ils les chassent aussi possiblement (tableau 1, Pratt et al., 1982; Casey et Pratt, 1985; Taylor et al., 2013). Lors du déclin passé des populations de pinnipèdes dans l’Atlantique Nord-Ouest, les cétacés ont probablement formé une importante part du régime alimentaire des grands requins blancs dans la région (Carey et al., 1982). Toutefois, les requins de l’Atlantique aux États-Unis incorporent davantage de phoques à leur alimentation à présent que leurs populations se rétablissent (Skomal et al., 2012). Des attaques sur des phoques gris par des grands requins blancs ont été observées au large des côtes de l’est du Canada (Brodie et Beck, 1983).

Taille et tendances des populations

Dans l’Atlantique Nord-Ouest, en plus de 210 ans (de 1800 à 2010) de consignation des observations et de signalement par les pêcheurs, il y a eu 649 mentions confirmées de grands requins blancs (Curtis et al., 2014), dont seulement 43 provenaient des eaux canadiennes. Aucun recensement des grands requins blancs n’a été réalisé dans les eaux canadiennes hormis les programmes récents de pose d’émetteurs (voir Répartition et Dispersion et migration). Avant la mise en œuvre de ces programmes, la plupart des mentions provenaient d’échouements et d’observations fortuites, d’observations historiques publiées, et de mentions occasionnelles de prise accessoire. Il se pratique un important effort de pêche capable de capturer le grand requin blanc au Canada, dont la pêche pélagique à la palangre, à la fascine et à la senne coulissante ainsi que la pêche de poissons de fond au chalut et au filet maillant. L’effort de pêche est surveillé en partie par des observateurs en mer, des contrôles à quai et des agents des pêches. Toutefois, la couverture des observateurs est incomplète et variable dans de nombreuses zones de pêche, et n’est donc pas en mesure de caractériser entièrement l’occurrence des grands requins blancs. À titre d’exemple, la majorité des pêches aux poissons de fond ont une couverture d’observateurs qui varie de moins de 1,5 %, à 25 % dans le cas des divisions 3NO pour la limande à queue jaune et à 100 % dans le cas de la pêche à la crevette nordique, alors que les pêches de thon et d’espadon à la palangre ont une couverture d’observations ciblées de moins de 10 %. L’effort international de pêche pélagique à la palangre qui se pratique au-delà des eaux canadiennes dans l’Atlantique Nord-Ouest a augmenté de manière exponentielle au cours d’une bonne partie des 50 dernières années (figure 8). Les signalements de grands requins blancs ont aussi augmenté au Canada depuis que l’espèce a été désignée « en voie de disparition » en vertu de la LEP en 2011.

Figure 8 - s'il vous plaît lire une longue description

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Estimated number of hooks (x107) = Nombre d’hameçons estimé (x 107)

Year = Année

Figure 8. Estimation de l’effort de pêche à palangre, représenté par le nombre total d’hameçons, dans l’Atlantique Nord-Ouest. Source : ICCAT (2019).

Description longue

Graphique illustrant l’estimation de l’effort de pêche à palangre, représenté par le nombre total d’hameçons, dans l’Atlantique Nord-Ouest entre les années 1950 et les années 2010.

Abondance et tendances

L’information sur la taille de la population mondiale de grands requins blancs est fragmentaire, mais la plupart des sources s’entendent pour dire qu’ils sont peu nombreux en comparaison d’autres espèces de requin à vaste répartition (Fergusson et al., 2009; Chapple et al., 2011; Towner et al., 2013; Andreotti et al., 2016a; Hillary et al., 2018), et que le taux de croissance naturelle de la population est faible (Smith et al., 1998; DFO, 2017). Partiellement en raison de cette rareté, l’information sur l’abondance mondiale du grand requin blanc est limitée par la disponibilité des données, en particulier sur les différents stades du cycle vital (Huveneers et al., 2018). La taille de la population est faible, mais comme l’espèce est un superprédateur, c’est compréhensible (Cortés, 1999; Estrada et al., 2006).

Aucune estimation de l’abondance du grand requin blanc au Canada atlantique n’a été effectuée, mais entre 1874 et septembre 2018, 85 observations de grands requins blancs ont été consignées, dont 45 (33 confirmées) depuis 2009 (tableau 1). De plus, 19 requins ont été munis d’étiquettes émettrices au Canada en 2018 et 2019, et trois autres ont été observés au cours de ces expéditions d’étiquetage (tableau 2). Même si moins de la moitié des mentions d’observations proviennent de prises accessoires par les pêches (voir Menaces – Utilisation des ressources biologiques), la faible couverture des observateurs des pêches ne permet pas de tirer des conclusions quant à la régularité des occurrences de grands requins blancs dans ces zones de pêche. La base de données sur la pêche pélagique à la palangre aux États-Unis de 1986 à 2000 contient 6 087 mentions, quoique non confirmées, de grands requins blancs parmi 200 000 entrées, mais la plupart de celles-ci (80 %) proviennent de zones situées au sud de la Floride (Baum, et al., 2003). Ces mentions sont contestées quant à la validité de l’identification de l’espèce (Burgess et al., 2005). La Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) n’a déclaré que six tonnes de grand requin blanc, soit environ 10 à 16 requins, pêchées dans l’Atlantic Nord-Ouest entre 1987 et 2018, surtout par des bateaux états-uniens (ICCAT, 2019).

Le nombre de requins blancs matures dans l’Atlantique Nord-Ouest est inconnu. La population d’Afrique du Sud a une abondance relativement faible, d’après la méthode de capture-recapture par identification photographique (n = 438, IC 95 % = 353-522) et l’analyse génétique de la taille réelle de la population (Ne = 333, IC 95 % = 247-487) (Andreotti et al., 2016a). Une étude génétique distincte a fait la comparaison entre la taille effective de la population sud-africaine (Ne = 365, IC 95 % = 188-1 998) et celle de la population de l’Atlantique Nord-Ouest (Ne = 44, IC 95 % = 31-66), mais elle ne permet de conclure que sur la différence relative, les nombres absolus n’étant pas fiables. Malgré cela, l’analyse laisse supposer que la population de l’Atlantique Nord-Ouest est, ou était récemment, moins abondante que celle de l’Afrique du Sud (O’Leary et al., 2015).

Seulement trois études publiées se sont penchées sur les tendances de l’abondance des grands requins blancs de l’Atlantique Nord-Ouest (Baum et al., 2003; McPherson et Myers, 2009; Curtis et al., 2014). De plus, une étude génétique a conclu que cette population aurait récemment subi un goulot d’étranglement génétique (O’Leary et al., 2015). Baum et al. (2003) ont fait des calculs sur les tendances en s’appuyant sur les données de capture par unité d’effort (CPUE) consignées dans les journaux de bord des flottes états-uniennes de pêche à la palangre d’esturgeon et de thon pélagiques dans l’Atlantique Nord-Ouest de 1986 à 2000. Ils ont estimé qu’un déclin de 79 % de la CPUE s’est produit durant cette prédiode (IC 95 % : de 59 à 89 %). Les données sur lesquelles s’appuie ce déclin estimé proviennent de 6 087 dossiers de voyage, surtout sur les côtes sud-est des États-Unis et dans les Caraïbes, mais dans de nombreux dossiers, les espèces n’ont pas été vérifiées. McPherson et Myers (2009) ont aussi estimé qu’il y a eu un déclin dans les observations historiques de grands requins blancs jusqu’en 2005 mais, en raison de la nature fortuite de ces données, l’ampleur de ce déclin est très incertaine. De plus, la diminution qu’ils avaient inférée est à présent contredite par une augmentation dans les observations depuis 2005 (tableau 1).

Curtis et al. (2014) ont estimé les tendances relatives de l’abondance des grands requins blancs en s’appuyant sur trois sources de données (figure 9) : le relevé à la palangre indépendant des pêches (1961-1989, 2009) du Northeast Fisheries Science Center (NEFSC), les prises de cinq tournois de pêche récréative (1965-1996), et les données d’observateurs états-uniens des pêches commerciales à la palangre de poissons de fond (1994-2010). Les tendances ont été estimées avec un modèle bayésien hiérarchique combinant les trois indices, quoique l’un d’entre eux (les données d’observateurs) ne coïncide pas avec les deux autres sur le plan de la période couverte (sauf pour la seule année 2009 où il y a un chevauchement des données d’observateurs et des séries de relevés du NEFSC). Leur analyse a conclu au même déclin entre les années 1960 et les années 1990 (-73 %) que celui estimé à partir des journaux de bord (-79 %) par Baum et al. (2003). Toutefois, l’analyse laisse supposer que, dans les années 1990, la population de grands requins blancs a commencé à augmenter le long des côtes de l’Atlantique Nord-Ouest, et que cette tendance s’est poursuivie dans les années 2000 (figure 10). La croissance estimée ne s’appuie que sur l’ensemble de données d’observateurs de la pêche à la palangre de poissons de fond, qui a débuté en 1994 et qui présente une tendance très variable, mais à la hausse, jusqu’à la dernière année (2010) (figure 9). En ne tenant compte que des estimations ponctuelles, les données laissent supposer que la population aurait presque doublé depuis les années 1990.

Figure 9 - s'il vous plaît lire une longue description

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Relative abundance = Abondance relative

Year = Année

FMP = PGP

Prohibited = Interdiction

NEFSC LL = NEFSC

OBS LL = OBS

TOURN = TOURN

NEFSC LL trend = Tendance NEFSC

OBS LL trend = Tendance OBS

TOURN trend = Tendance TOURN

Figure 9. Les tendances de l’abondance relative des grands requins blancs, selon chacun des trois indices provenant des eaux états-uniennes utilisés dans l’analyse de Curtis et al. (2014) (relevé à la palangre indépendant de la pêche du NEFSC, base de données des tournois, et programme d’observateurs de la pêche ciblée à la palangre), pris séparément. La ligne rouge pointillée indique l’année de mise en œuvre du plan de gestion des pêches (PGP) pour le grand requin blanc, et la ligne rouge pleine indique l’année où l’interdiction de capture du grand requin blanc à des fins commerciales ou récréatives est entrée en vigueur. Figure reproduite de Curtis et al. (2014).

Description longue

Graphiques illustrant les tendances de l’abondance relative des grands requins blancs sur une période de 50 ans, selon trois indices (relevé à la palangre indépendant de la pêche du Northeast Fisheries Science Center, base de données des tournois, et programme d’observateurs de la pêche ciblée à la palangre) pris séparément.

Figure 10 - s'il vous plaît lire une longue description

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Hierarchical index = Indice hiérarchique

Year = Année

Figure 10. La tendance (ligne rouge) de l’abondance relative du grand requin blanc selon un modèle bayésien hiérarchique combinant les trois indices provenant des eaux états-uniennes utilisés dans l’analyse de Curtis et al. (2014) (relevé à la palangre indépendant de la pêche du Northeast Fisheries Science Center, base de données des tournois, et programme d’observateurs de la pêche ciblée à la palangre). La ligne noire correspond à la moyenne postérieure et la zone grise représente l’intervalle de confiance à 95 % entourant la tendance. Figure reproduite de Curtis et al. (2014).

Description longue

Graphique illustrant la tendance de l’abondance relative du grand requin blanc dans les eaux états-uniennes sur une période de 50 ans, selon un modèle bayésien hiérarchique combinant trois indices (relevé à la palangre indépendant de la pêche du Northeast Fisheries Science Center, base de données des tournois, et programme d’observateurs de la pêche ciblée à la palangre).

Curtis et al. (2014) sont conscients que la compréhension des tendances d’après leur analyse de cette population de grands requins blancs est très incertaine. Ils affirment en effet que leur analyse de la tendance de l’abondance relative est associée à la plus grande incertitude, avec des intervalles de confiance de 4 à 5 fois plus grands que la valeur des estimations ponctuelles (figure 10). Ils ont cherché à valider la croissance estimée au moyen de l’examen des mentions d’observations (figure 11), et ils y ont trouvé une certaine corroboration de la présence d’une croissance. L’augmentation de la population des phoques gris, une proie importante pour le grand requin blanc, au large de la côte nord-est de l’Amérique du Nord (Wood et al., 2020), viendrait également appuyer la thèse d’une certaine croissance de la population de requins.

Figure 11 - s'il vous plaît lire une longue description

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Hierarchical index = Indice hiérarchique

Magnitude of change = Ampleur du changement

Year = Année

Figure 11. Comparaison des tendances de l’abondance relative des observations de grands requins blancs entre a) le modèle hiérarchique bayésien des trois indices provenant des eaux états-uniennes (relevé à la palangre indépendant de la pêche du Northeast Fisheries Science Center, base de données des tournois, et programme d’observateurs de la pêche ciblée à la palangre) et b) un sous-ensemble d’entrées de la base de données d’observations et de capture de 1959 à 2009. Figure reproduite de Curtis et al. (2014).

Description longue

Graphiques permettant la comparaison des tendances de l’abondance relative des observations de grands requins blancs entre a) le modèle hiérarchique bayésien de trois indices provenant des eaux états-uniennes (relevé à la palangre indépendant de la pêche du Northeast Fisheries Science Center, base de données des tournois, et programme d’observateurs de la pêche ciblée à la palangre) et b) le sous-ensemble des entrées de la base de données d’observations et de capture de 1959 à 2009.

Quoi qu’il en soit, il y a plusieurs raisons de se questionner sur l’importance de la croissance estimée découlant de l’analyse bayésienne de Curtis et al. (2014). D’abord, l’analyse laisse entendre qu’il y aurait eu une croissance de 155 % entre la fin des années 1990 et la fin des années 2000, ce qui implique un taux de croissance d’environ 11 %/an. Or, un tel taux est irréaliste, car beaucoup trop élevé pour l’espèce. Ensuite, la croissance estimée associée aux observations est fortement dépendante de l’hypothèse d’un effort d’observation constant. Or, il est probable que l’effort d’observation de même que l’effort de vérification aient augmenté depuis la mise en œuvre des plans de gestion, des programmes d’observation et des programmes de pose d’émetteurs au Canada et aux États-Unis, entraînant une certaine surestimation de la croissance de la population de grands requins blancs. Enfin, le seul ensemble de données couvrant la totalité de la période analysée (le relevé indépendant de la pêche du NEFSC) montre peu de changements dans l’abondance relative entre la fin des années 1990 et la fin des années 2000, quoique les données ne comportent qu’un seul point après 1990.

Bowlby et Gibson (2020) ont mené des analyses de simulation afin d’évaluer le nombre d’individus qui auraient dû être éliminés de la population pour causer le déclin passé, puis ont réalisé des projections relatives à la population future en tenant compte de ces retraits, dans le but d’évaluer sa capacité à croître par la suite. En supposant que les grands requins blancs de l’Atlantique Nord-Ouest vivent aussi longtemps que les recherches le montrent, la conclusion de leur analyse est qu’il est peu probable que l’abondance de la population ait doublé au cours des 30 dernières années. Les mesures d’atténuation mises en œuvre dans le secteur des pêches auraient dû permettre d’éliminer complètement toutes les sources de mortalité accidentelle pour que ce soit possible. Quant à savoir si les indices de CPUE utilisés dans Curtis et al. (2014) pour alimenter leur analyse des tendances peuvent être des indicateurs de l’abondance, Bowlby et Gibson (2020, p. 4999) énoncent ce qui suit [traduction] :

« Que l’indice d’abondance [en référence à l’analyse des tendances de Curtis et al.] ait augmenté si rapidement depuis les années 1990 laisse supposer que la variation climatique ou environnementale a modifié la répartition des grands requins blancs dans l’Arctique Nord-Ouest, et donc les probabilités de rencontre dans les données indépendantes de la pêche (voir par exemple Hobday et Evans, 2013), ou qu’il y a eu des changements dans le comportement des flottes de manière à augmenter la probabilité d’une capture (voir par exemple Tidd, Brouwer et Pilling, 2017). Il est très peu probable que la récente tendance soit attribuable seulement à des changements de l’abondance au fil du temps. »

Bowlby et Gibson (2020) avancent également que le cycle vital du grand requin blanc lui confère une grande vulnérabilité à des taux de mortalité accidentelle extrêmement faibles, et donc que leur vaste répartition et les interactions possibles qu’ils peuvent avoir avec de multiples flottes internationales (Queiroz et al., 2019) constituent un motif de préoccupation.

Même si toutes les analyses s’accordent sur la baisse d’effectif du grand requin blanc entre les années 1960 et les années 1990, une grande incertitude demeure quant à l’ampleur d’une éventuelle augmentation subséquente. En s’appuyant sur le seul ensemble de données qui soit constant sur toute la période (le relevé indépendant de la pêche du NEFSC), la population est au moins restée stable depuis les années 1990. Si c’est bien le cas et qu’elle est effectivement restée stable depuis les baisses d’effectif qu’on estime avoir eu lieu entre les années 1960 et 1990, la population actuelle serait donc de 73 % à 79 % inférieure à ce qu’elle était en 1960. Cette période correspond à environ 1,5 génération.

Certaines augmentations apparentes du nombre d’observations de grands requins blancs au Canada atlantique pourraient être associées au rétablissement de la population de phoques gris de l’Atlantique. Il est également possible que la hausse des observations puisse être un indicateur du déplacement de l’aire de répartition et du prolongement des migrations dans les eaux canadiennes en provenance des États-Unis, en raison de changements dans la température des milieux marins. Des changements dans l’interaction entre le courant du Labrador et les eaux chaudes du Gulf Stream, qui se déplace vers le nord, pourraient entraîner une hausse de la fréquence des anomalies de température élevée au large du plateau néo-écossais (Peterson et al., 2017; Saba et al., 2017; Brickman et al., 2018), rapprochant les eaux du Canada atlantique de la plage de température préférée des grands requins blancs. Enfin, la hausse des signalements d’observations au MPO a probablement contribué, au moins en partie, à l’augmentation rapide du nombre de mentions de l’espèce au Canada atlantique depuis la publication du dernier rapport de situation, en 2006 (Bowlby, comm. pers., 2019). La hausse récente du nombre d’observations dans l’ensemble de l’Atlantique Nord-Ouest se poursuit encore de façon anecdotique, même lorsque l’on exclut la hausse observée au cap Cod (Curtis, comm. pers., 2019). Il y a donc une indication de tendance à la hausse dans l’Atlantique Nord-Ouest, quoique son ampleur soit incertaine, mais il y a aussi une forte indication que l’abondance actuelle est beaucoup plus faible que l’abondance qu’il y avait dans le passé.

Les populations de grands requins blancs hors de l’Atlantique Nord-Ouest présentent des signes de déclin. Les programmes ciblés de contrôle des populations de requins peuvent en faire baisser rapidement les effectifs, comme en témoignent la chute marquée de 80 % à 90 % par rapport à l’abondance qu’il y avait dans le passé en Australie (Reid et Krogh, 1992; Roff et al., 2018) et les déclins irréguliers au large du Natal, en Afrique du Sud (Cliff et al., 1989). La diminution du nombre d’observations et d’interactions avec les pêcheurs dans le Pacifique Nord-Ouest (Christiansen et al., 2014), la baisse du nombre d’observations dans un important lieu de rassemblement de la baie False en Afrique du Sud (Amorim et al., 2018) et leur apparente disparition d’Amérique du Sud (Amorim et al., 2018) laissent supposer que même le retrait d’un petit nombre d’individus peut avoir un effet remarquable. À l’inverse, une protection accrue en Nouvelle-Galles du Sud a entraîné une stabilisation, et possiblement une augmentation des interactions de grands requins blancs avec des filets anti-requins (Reid et al., 2011; Lee et al., 2018). Dans la région côtière du sud de la Californie (Southern California Bight), l’interdiction des filets maillants et la réduction de l’effort de pêche sont des causes possibles de l’augmentation du nombre de captures accidentelles (Lowe et al., 2012). Quoi qu’il en soit, il demeure que le rythme de croissance des populations de grands requins blancs est lent (Smith et al., 1998; Braccini et al., 2017); en l’absence totale de pêche, on ne peut s’attendre qu’à seulement 2 à 6 % d’augmentation annuellement, selon une modélisation de la population de l’ouest de l’Australie (Braccini et al., 2017).

Immigration de source externe

L’information recueillie dans le cadre d’études génétiques et du suivi des déplacements indique qu’il se produit régulièrement des déplacements entre les eaux canadiennes et celles des États-Unis. Toutefois, il ne pourrait y avoir d’effet d’immigration externe pour rétablir la portion canadienne de la population depuis les États-Unis, puisque ces requins font partie de la même UD en voie de disparition.

En s’appuyant sur des analyses de la région de contrôle de l’ADN mitochondrial et de locus microsatellites nucléaires multiples, de même que sur l’analyse des données d’émetteurs, on estime que la population de grands requins blancs de l’Atlantique Nord-Ouest est isolée sur le plan démographique, et ce, même par rapport à la population de la Méditerranée, pourtant géographiquement proche. La population de l’Atlantique Nord-Ouest dépend donc surtout de sa croissance intrinsèque (Gubili et al., 2011; O’Leary et al., 2015). Des données indiquent un flux génétique restreint entre femelles avec celles de la population de l’Afrique du Sud, la population la plus proche sur le plan génétique de celle de l’Atlantique Nord-Ouest (Gubili et al., 2011; O’Leary et al., 2015). L’immigration de source extrarégionale est donc peu probable, et la population de l’Atlantique Nord-Ouest pourrait bien être en train de subir un goulot d’étranglement génétique et être sujette à la consanguinité (O’Leary et al., 2015).

Menaces et facteurs limitatifs

Menaces

Le calculateur des menaces de l’UICN a servi à évaluer la portée et la gravité des risques pour la population que présentent les menaces actuelles et imminentes (Master et al., 2012). La portée d’une menace est définie comme la proportion de l’espèce qui devrait vraisemblablement être touchée par la menace d’ici 10 ans si les conditions actuelles sont maintenues et que les tendances se poursuivent. La gravité correspond à l’ampleur des dommages (proportion de perte de population) que subirait vraisemblablement la population au sein de la portée établie de la menace, si les conditions actuelles sont maintenues et que les tendances se poursuivent au cours des 10 prochaines années ou des trois prochaines générations, selon la durée la plus longue. L’immédiateté est quant à elle définie comme le caractère actuel ou futur de la menace. Le calculateur des menaces de l’UICN pour l’UD du grand requin blanc est présenté à l’annexe 1.

Menace no 5 de l’UICN : Utilisation des ressources biologiques – impact faible

L’activité humaine est la plus importante cause de mortalité du grand requin blanc dans le monde, le plus souvent sous forme de prise accessoire dans les pêches commerciales à la palangre ou comme cible de la pêche récréative en raison du prix élevé des mâchoires, des dents et des nageoires de l’espèce (Compagno et al., 1997; Fergusson et al., 2009). Par le passé, les grands requins blancs n’étaient généralement pas ciblés par les pêches commerciales. Ils étaient plutôt capturés comme prises accessoires dans l’est du Pacifique (Lowe et al., 2012; Santana-Morales et al., 2012; Lyons et al., 2013b), en Australie (Bruce et Bradford, 2012) et dans l’Atlantique Nord-Ouest (Baum et al. 2003; Skomal et al., 2012; Curtis et al., 2014). En Afrique du Sud et en Australie, ils sont également la cible de filets anti-requins, installés dans le cadre de programmes visant à leur bloquer l’accès aux plages ou à limiter leur nombre à proximité de celles-ci; ces programmes ont indiqué une diminution des populations dans ces zones (Cliff et al., 1989; Reid et al., 2011; Roff et al., 2018). Comme ils utilisent surtout les milieux côtiers, les jeunes de l’année et les juvéniles sont susceptibles d’être pris dans les filets installés près des côtes, comme les filets maillants ou les sennes, de même que par la pêche à la palangre et la pêche récréative à la ligne (figure 12, Lowe et al., 2012; Santana-Morales et al., 2012; Lyons et al., 2013b; Ramirez-Amaro et al., 2013; Curtis et al., 2014).

Figure 12 - s'il vous plaît lire une longue description

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Number of sharks = Nombre de requins

Fishing Gear = Engin de pêche

Unknown = Inconnu

Adult = Adulte

Juvenile = Juvénile

YOY = Jeune de l’année

Rod and Reel = Canne et moulinet

Longline-FD = Palangre-DP

Longline-FI = Palangre-IP

Gillnet = Filet maillant

Harpoon = Harpon

Trap/Weir = Piège/fascine

Other = Autre

Figure 12. Nombre de grands requins blancs capturés selon le stade de leur cycle vital et l’équipement de pêche utilisé, d’après la base de données d’observations et de captures accidentelles dans l’Atlantique Nord-Ouest (Curtis et al., 2014). DP : dépendant de la pêche; IP : indépendant de la pêche. Figure reproduite de Curtis et al. (2014).

Description longue

Nombre de grands requins blancs capturés selon le stade de leur cycle vital et l’équipement de pêche utilisé, d’après la base de données d’observations et de captures accidentelles dans l’Atlantique Nord-Ouest (Curtis et al., 2014).

L’ampleur des effets de la mortalité causée par les pêches sur la population de l’Atlantique Nord-Ouest comporte beaucoup d’incertitude en raison de la faible couverture des observateurs dans la plupart des zones de pêche. Aux États-Unis, l’effort de pêche déployé dans les pêches auxquelles on attribue généralement le plus de prises accessoires (c.-à-d. les pêches à la palangre de poissons de fond et de thon rouge) a diminué au cours des 20 à 30 dernières années (Skomal et al., 2012; Curtis, comm. pers., 2019), mais on ignore encore quels effets a cette réduction sur la population de grands requins blancs.

L’âge avancé auquel le grand requin blanc atteint la maturité fait en sorte que l’espèce se rétablit plus lentement à la suite d’une surexploitation, même lorsque le taux de mortalité causée par les pêches est faible (Hamady et al., 2014; Braccini et al., 2017). D’après les données de suivi actif des déplacements de requins en Californie, on estime que la mortalité naturelle (0,08) est de six fois moins élevée que le taux d’interaction avec des filets maillants (0,48), ce qui indique que les interactions accidentelles avec les activités de pêche auraient des répercussions sur la croissance de la population (Benson et al., 2018). En fait, la mortalité attribuable aux prises accessoires par les pêches a probablement causé la disparition de la population sud-américaine de grands requins blancs dans l’Atlantique (Cione et Barla, 2008; Amorim et al., 2018).

Comme les interactions avec les activités de pêche sont sous-estimées au Canada atlantique en raison de la faible couverture des observateurs et des erreurs d’identification des espèces, l’estimation de la mortalité causée par la capture accidentelle manque beaucoup de précision (DFO, 2017). D’après un maigre ensemble de données d’observation, 38 des 85 mentions de grand requin blanc au Canada atlantique depuis 1874, soit 45 %, étaient des captures accidentelles (y compris deux provenant du Programme des observateurs de Scotia-Fundy, une de la base de données des observateurs de la région du Québec, et une de la base de données des observateurs de Terre-Neuve), et 10 de ces captures se sont produites en 2009 ou après (tableau 1). De ces interactions avec les activités de pêche, 32 se sont soldées par une mortalité (DFO, 2017; tableau 1), et la dernière fois que deux mentions de mortalité ont eu lieu la même année remonte à 1977; il est toutefois possible qu’il s’agisse de deux mentions du même requin. Il y a certainement d’autres cas de mortalité non signalés, et on ignore dans quelle mesure ils peuvent contribuer à des variations de la taille de la population. Cependant, la population de grands requins blancs demeure probablement sensible à de très faibles taux de mortalité. Dans le cadre d’une simulation réalisée au moyen d’un modèle du cycle vital, le retrait théorique de 20 individus par année causait un déclin dans 72 % des trajectoires de population projetées dans l’avenir (DFO, 2017)

Des mesures de gestion ont récemment été mises en place afin de mieux connaître les risques de mortalité en cas de capture accidentelle et de les atténuer. En vertu de la LEP, il est devenu obligatoire de consigner les interactions avec des grands requins blancs dans les journaux de bord de toutes les flottes de pêche concernées depuis 2019. Toutefois, pour que cette mesure soit efficace, il est essentiel de prendre des moyens pour la faire appliquer, sans quoi les prises accessoires de requins continueront d’être absentes des bases de données à moins qu’un observateur soit à bord. De plus, depuis 2019, les permis d’affrètement et de pêche récréative du requin délivrés dans la région des Maritimes du MPO sont assortis d’une limite imposée sur la taille des hameçons et la résistance des lignes, afin de réduire les risques de blessure pour le grand requin blanc. En 2020, des restrictions semblables ont également été ajoutées aux conditions des permis de pêche récréative du requin délivrés dans la région de Terre-Neuve (Dunne, comm. pers., 2020).

Menace no 9 de l’UICN : Pollution – impact inconnu

Comme le grand requin blanc est un superprédateur à longue durée de vie qui se nourrit de proies riches en gras, on s’attend à ce que des polluants s’accumulent dans ses tissus, comme on l’a observé chez d’autres élasmobranches (Cagnazzi et al., 2019). D’après Zitko et al. (1972), les tissus des muscles et du foie des grands requins blancs de la zone de la baie de Fundy et du golfe du Maine contiennent des BPC et des pesticides organochlorés en concentrations plus élevées que celles trouvées dans les tissus d’autres poissons. Bien que les effets de ces polluants sur la santé des requins n’aient pas fait l’objet de recherches, ceux-ci pourraient avoir des effets néfastes sur le succès reproducteur des mâles; ces effets pourraient être causés par une gamétogenèse compromise ou une motilité réduite des spermatozoïdes (Cadbury, 1997). Des études menées sur des Carcharhinidés laissent supposer qu’une exposition à des polluants organiques peut entraîner des effets toxiques chez les raies, dont la perturbation des réactions au stress (Cullen et al., 2019, Lyons et al., 2019). Les grands requins blancs juvéniles de la région côtière du sud de la Californie ont des concentrations moyennes de mercure six fois plus élevées que la valeur seuil établie comme préoccupante pour la faune (0,5 μg/g) et des concentrations élevées de contaminants organiques dans les tissus du foie, notamment le DDT (72,37 μg/g), les plus élevées jamais mesurées chez un élasmobranche (Mull et al., 2012). En Afrique du Sud, les grands requins blancs ont des concentrations plasmatiques de mercure et d’arsenic si élevées qu’elles seraient toxiques pour d’autres animaux, pourtant ces requins ne présentent pas de signe d’effet nocif sur leur santé, laissant supposer l’existence de mécanismes de protection (Merly et al., 2019). La possibilité de transmission de contaminants de la mère vers ses petits est aussi probablement accrue en raison de la position trophique élevée de l’espèce (Lyons et al., 2013b). En somme, les composés organochlorés et les métaux lourds peuvent être préoccupants, mais l’étendue et les effets biologiques de ces contaminants sont encore inconnus.

Facteurs limitatifs

Le degré de rétablissement de la population de grands requins blancs de l’Atlantique Nord-Ouest par rapport aux valeurs de référence depuis la mise en place de mesures de protection de l’espèce aux États-Unis dans les années 1990 est incertain, mais on estime que l’effectif est en croissance (Curtis et al., 2014). La situation du grand requin blanc au Canada est en grande partie déterminée par les événements qui se produisent en dehors des eaux canadiennes. Les principaux facteurs qui limitent le rétablissement de cette population, comme c’est le cas pour la majorité des espèces de requins, sont l’âge avancé d’atteinte de la maturité et le faible taux de fécondité, qui limitent la vitesse de croissance de la population (Smith et al., 1998; Hamady et al., 2014; Natanson et Skomal, 2015). De plus, même si les adultes peuvent facilement migrer pour s’adapter aux changements climatiques, aux changements dans les types de proies disponibles, à l’augmentation des températures marines et à l’acidification des océans, ces deux derniers facteurs pourraient perturber les pouponnières de l’espèce et nuire aux jeunes requins, qui eux ne peuvent pas franchir de longues distances pour trouver des conditions favorables à leur survie et à leur croissance.

Nombre de localités

Le grand requin blanc est une espèce très mobile et migratrice, ce qui signifie que, au cours de sa vie, un même individu peut parcourir l’ensemble de l’aire de répartition de l’Atlantique Nord-Ouest. Tous les individus qu’on trouve au Canada appartiennent vraisemblablement à la même population, et la principale menace est la prise accessoire par les pêches, laquelle est présente dans l’ensemble des eaux canadiennes. Toutefois, les grands requins blancs de l’UD se déplacent sur de très grandes distances et le risque de mortalité est aléatoire et éphémère. Par conséquent, le concept de localité n’est pas pertinent.

Protection, statuts et classements

Statuts et protection juridiques

En raison de sa notoriété et de son faible effectif, le grand requin blanc est l’une des espèces de requins les mieux protégées dans le monde. Au début de 2005, il a été inscrit à l’annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de flore et de faune sauvages menacées d’extinction (CITES). L’espèce est également inscrite aux annexes I et II de la Convention sur la conservation des espèces migratrices, régie par un traité des Nations Unies. Depuis 1997, l’espèce est protégée des pêches commerciales et récréatives le long des côtes états-uniennes de l’Atlantique et du golfe du Mexique, dans le cadre du plan fédéral de gestion des pêches (NMFS, 1997). Au Canada, le prélèvement des nageoires de requins est illégal depuis 1993 (DFO, 2006), et le grand requin blanc a été officiellement inscrit comme espèce « en voie de disparition » à l’annexe 1 de la LEP en 2011. Les dispositions du paragraphe 32(1) de la Loi interdisent de tuer un grand requin blanc, de lui nuire, de le harceler, de le capturer ou de le prendre. Il est également illégal en vertu du paragraphe 32(2) de la LEP de posséder, de collectionner, d’acheter, de vendre ou d’échanger un grand requin blanc, y compris des parties d’un individu. Ainsi, dans les eaux de la ZEE du Canada et des États-Unis, le grand requin blanc est relativement bien protégé de la pêche. Toutefois, il se déplace souvent en eaux internationales où ces protections ne tiennent plus (Skomal et al., 2017; Huveneers et al., 2018). De plus, les interdictions ne font rien pour réduire les interactions avec les engins de pêche, dont certains, comme les filets maillants et les chaluts d’eaux profondes, causent la mort du requin dans 100 % des cas.

Statuts et classements non juridiques

Le grand requin blanc a été désigné comme espèce « vulnérable » par l’UICN en 2019, selon les critères A2bd, en raison de la diminution passée et actuelle du nombre d’individus matures (Rigby et al., 2019). NatureServe (2019) ne lui a pas encore attribué de cote à l’échelle nationale, mais sa cote mondiale varie de « non classé » à « en péril ». La cote de conservation générale du grand requin est « non classable », mais la population de l’Atlantique Nord-Ouest est « en péril », indiquant un risque de disparition mis en évidence par le petit nombre d’occurrences, tant pour la population migratrice (S2M) que pour la population non reproductrice (S2N).

Protection et propriété de l’habitat

De façon générale, peu d’efforts ont été déployés pour la protection de l’habitat du grand requin blanc. Celui-ci bénéficie d’une certaine protection en raison de la fermeture, permanente ou temporaire à des périodes déterminées, de certaines zones le long des côtes états-uniennes, ainsi que de quelques zones de protection marine au Canada, comme celle de Gully et celle du banc de Sainte-Anne. Ces zones de protection sont toutefois bien petites par rapport à la taille du domaine vital du grand requin blanc, et on ignore dans quelle mesure elles sont utilisées par l’espèce.

Remerciements et experts contactés

Les rédacteurs remercient Heather Bowlby, de l’Institut océanographique de Bedford, d’avoir fourni et commenté les données d’observations du MPO; Erin Dunne, du Centre des pêches de l’Atlantique nord-ouest pour ses commentaires sur les restrictions imposées aux permis de pêche récréative du requin à Terre-Neuve; Tobey Curtis, du National Marine Fisheries Service, pour la discussion; Bob Hueter, du Mote Marine Laboratory, pour la discussion sur les données d’Ocearch; Nigel Hussey, de l’Université de Windsor, pour la discussion et les échanges sur les requins munis d’un émetteur par Ocearch; Gregory Skomal, du Massachusetts Department of Fish and Game, pour la discussion sur ses travaux de suivi des déplacements; et John Chisholm, pour la discussion sur les grands requins blancs munis d’émetteurs acoustiques par la Massachusetts Division of Marine Fisheries. Enfin, les rédacteurs remercient les rédacteurs du précédent rapport de situation du COSEPAC sur le grand requin blanc, R. Aidan Martin et Scott Wallace. Les rédacteurs remercient aussi Scott Wallace pour sa rédaction sommaire de l’évaluation du grand requin blanc en 2017, qui a préparé le terrain et grandement facilité la rédaction du présent rapport.

Experts contactés

En plus des personnes mentionnées ci-dessus, les experts suivants ont été contactés :

Andrew Boyne, du Service canadien de la faune; Shelly Pruss, de Parcs Canada; Tom Dooley, du Department of Fisheries, Forestry and Agriculture de Terre-Neuve; Sherman Boates, du département de biologie de l’Université Acadia; Mary Sabine, du ministère des Ressources naturelles du Nouveau-Brunswick; le Centre des sciences de la mer Huntsman; Don McAlpine, du Musée du Nouveau-Brunswick; Andrew Hebda, du Nova Scotia Museum; Adam Durocher, du Centre de données sur la conservation; Steven Campana, de l’Université d’Islande.

Sources d’information

Ainley, D.G., R.P. Henderson, H.R. Huber, R.J. Boekelheide, S.G. Allen et T.L. McElroy. 1985. Dynamics of White Shark/pinniped interactions in the Gulf of the Farralones. Memoirs of the Southern California Academy of Sciences 9:109-122.

Amorim, A.F., C.A. Arfelli, H. Bornatowski et N.E. Hussey. 2018. Rare giants? A large female great White Shark caught in Brazilian waters. Marine Biodiversity 48:1687–1692.

Andreotti, S., M. Rutzen, S. van der Walt, S. von der Heyden, R. Henriques, M. Meÿer, H. Oosthuizen et C.A. Matthee. 2016a. An integrated mark-recapture and genetic approach to estimate the population size of White Sharks in South Africa. Marine Ecology Progress Series 552: 241-253.

Andreotti, S., S. von der Heyden, R. Henriques, M. Rutzen, M. Meÿer, H. Oosthuizen et C.A. Matthee. 2016b. New insights into the evolutionary history of White Sharks, Carcharodon carcharias. Journal of Biogeography 43: 328-339.

Arnold, P.W. 1972. Predation on harbour porpoise, Phocoena phocoena, by a White Shark, Carcharodon carcharias. Journal of the Fisheries Research Board of Canada 29:1213-1214.

Baum, J.K., R.A. Myers, D.G. Kehler, B. Worm, S.J. Harley et P.A. Doherty. 2003. Collapse and conservation of shark populations in the northwest Atlantic. Science 299:389-392.

Benson, J.F., S.J. Jorgensen, J.B. O'Sullivan, C. Winkler, C.F. White, E. Garcia‐Rodriguez, O. Sosa‐Nishizaki et C.G. Lowe. 2018. Juvenile survival, competing risks, and spatial variation in mortality risk of a marine apex predator. Journal of Applied Ecology 55:2888–2897.

Block, B.A., I.D. Jonsen, S.J. Jorgensen, A.J. Winship, S.A. Shaffer, S.J. Bograd, E.L. Hazen, D.G. Foley, G.A. Breed, A.L. A.L. Harrison, J.E. Ganong, A. Swithenbank, M. Castleton, H. Dewar, B.R. Mate, G.L. Shillinger, K.M. Schaefer, S.R. Benson, M.J. Weise, R.W. Henry et D.P. Costa. 2011. Tracking apex marine predator movements in a dynamic ocean. Nature 475(7354):86-90.

Blower, D.C., J.M. Pandolfi, B.D. Bruce, M. del C. Gomez-Cabrera et J.R. Ovenden. 2012. Population genetics of Australian White Sharks reveals fine-scale spatial structure, transoceanic dispersal events and low effective population sizes. Marine Ecology Progress Series 455:229-244.

Boldrocchi, G., J. Kiszka, S. Purkis, T. Storai, L. Zinzula et D. Burkholder. 2017. Distribution, ecology, and status of the White Shark, Carcharodon carcharias, in the Mediterranean Sea." Reviews in Fish Biology and Fisheries 27:515-534.

Bonfil, R., M. P. Francis, C. Duffy, M. J. Manning et S. O’Brien. 2010. Large-scale tropical movements and diving behavior of White Sharks Carcharodon carcharias tagged off New Zealand. Aquatic Biology 8:115-123.

Bonfil, R., M. Meÿer, M.C. Scholl, R. Johnson, S. O'brien, H. Oosthuizen, S. Swanson, D. Kotze et M. Paterson. 2005. Transoceanic migration, spatial dynamics, and population linkages of White Sharks. Science 310(5745):100-103.

Boustany, A.M., S.F. Davis, P. Pyle, S.D. Anderson, B.J. Le Boeuf et B.A. Block. 2002. Expanded niche for White Sharks. Nature 415:35-36.

Bowlby, H.D. et A.J.F. Gibson. 2020. Implications of life history uncertainty when evaluating the status in the Northwest Atlantic population of white shark (Carcharodon carcharias). Ecology and Evolution 2020:10:4990-5000.

Bowlby, H.D., comm. pers. 2019. Correspondance par courriel adressée à Geoffrey Osgood. Octobre 2018 à juillet 2019. Chercheur scientifique à l’Institut océanographique de Bedford, Dartmouth (Nouvelle-Écosse).

Braccini, M., S. Taylor, B. Bruce et R. McAuley. 2017. Modelling the population trajectory of West Australian White Sharks. Ecological modelling 360:363-377

Brickman, D., D. Hebert et Z. Wang. 2018. Mechanism for the recent ocean warming events on the Scotian Shelf of eastern Canada. Continental Shelf Research 156:11-22.

Brodie, P. et B. Beck. 1983. Predation by sharks on the grey seal (Halichoerus grypus) in eastern Canada. Canadian Journal of Fisheries and Aquatic Sciences 40:267-271.

Bruce, B.D. 2008. The biology and ecology of the White Shark, Carcharodon carcharias. Pg. 69-81. In M.D. Camhi and E.K. Pikitch (eds.). Sharks of the open ocean: biology, fisheries, and conservation. Oxford, Blackwell Publishing.

Bruce, B.D. et R.W. Bradford. 2012. Habitat use and spatial dynamics of juvenile White Sharks, Carcharodon carcharias, in eastern Australia. Pg 225-254. In M.L. Domeier (ed). Global perspectives on the biology and life history of the White Shark, CRC Press, Boca Raton, Florida.

Bruce, B.D. et R.W. Bradford. 2015. Segregation or aggregation? Sex‐specific patterns in the seasonal occurrence of White Sharks Carcharodon carcharias at the Neptune Islands, South Australia. Journal of Fish Biology 87(6):1355-1370.

Bruce, B. D., J.D. Stevens et H. Malcolm. 2006. Movements and swimming behaviour of White Sharks (Carcharodon carcharias) in Australian waters. Marine Biology 150:161-172.

Burgess, G.H., L.R. Beerkircher, G.M. Cailliet, J.K. Carlson, E. Cortés, K.J. 2005. Goldman, R.D. Grubbs, J.A. Musick, M.K. Musyl et C. A. Simpfendorfer. Is the collapse of shark populations in the Northwest Atlantic Ocean and Gulf of Mexico real? Fisheries 30:19-26.

Burgess, G.H. et M. Callahan. 1996. Worldwide patterns of White Shark attacks on humans. Pp. 457-469. in A.P. Klimley and D.G. Ainley (eds.). Great White Sharks: the Biology of Carcharodon carcharias. Academic Press, San Diego.

Cadbury, D. 1997. The Feminization of Nature. Penguin Books, London.

Cagnazzi, D., G. Consales, M.K. Broadhurst et L. Marsili. 2019. Bioaccumulation of organochlorine compounds in large, threatened elasmobranchs off northern New South Wales, Australia. Marine Pollution Bulletin 139:263-269.

Carey, F.G., J.W. Kanwisher, O. Brazier, G. Gabrielson, J.G. Casey et H.L. Pratt, Jr. 1982. Temperature and Activities of a White Shark, Carcharodon carcharias. Copeia 1982: 254-260.

Carlisle, A.B., S.L. Kim, B.X. Semmens, D.J. Madigan, S.J. Jorgensen, C.R. Perle, S.D. Anderson, T.K. Chapple, P.E. Kanive et B.A. Block. 2012. Using stable isotope analysis to understand the migration and trophic ecology of northeastern Pacific White Sharks (Carcharodon carcharias). PloS one 7(2):e30492.

Casey, J.G. et H.L. Pratt, Jr. 1985. Distribution of the White Shark, Carcharodon carcharias, in the western North Atlantic. Memoirs of the Southern California Academy of Sciences, 9:2-14.

Chapple, T.K., S.J. Jorgensen, S.D. Anderson, P.E. Kanive, A.P. Klimley, L.W. Botsford et B.A. Block. 2011. A first estimate of White Shark, Carcharodon carcharias, abundance off Central California. Biology Letters 7:581-583.

Chapple, T. K., T. Chambert, P.E. Kanive, S.J. Jorgensen, J.J. Rotella, S.D. Anderson, A.B. Carlisle et B.A. Block. 2016. A novel application of multi‐event modeling to estimate class segregation in a highly migratory oceanic vertebrate. Ecology 97:3494-3502.

Chisholm, J., comm. pers. 2019. Correspondance par courriel adressée à Geoffrey Osgood. Juillet 2019. Chercheur scientifique à la Massachusetts' Division of Marine Fisheries, New Bedford (Massachusetts).

Christiansen, H.M., S.E. Campana, A.T. Fisk, G. Cliff, S.P. Wintner, S.F.J Dudley, L.A. Kerr et N.E. Hussey. 2016. Using bomb radiocarbon to estimate age and growth of the White Shark, Carcharodon carcharias, from the southwestern Indian Ocean. Marine Biology 163:144.

Christiansen, H.M., V. Lin, S. Tanaka, A. Velikanov, H.F. Mollet, S.P. Wintner, S.V. Fordham, A.T. Fisk et N.E. Hussey. 2014. The last frontier: Catch records of White Sharks (Carcharodon carcharias) in the Northwest Pacific Ocean. PLoS One 9(4):e94407.

Cione, Al. et M.J. Barla. 2008. Causes and contrasts in current and past distribution of the White Shark (Lamniformes: Carcharodon carcharias) off southeastern South America. Revista del Museo Argentino de Ciencias Naturales nueva serie 10:175-184.

Cliff, G., L.J.V. Compagno, M.J. Smale, R.P. van der Elst et S.P. Wintner. 2000. First records of White Sharks, Carcharodon carcharias, from Mauritius, Zanzibar, Madagascar and Kenya. South African Journal of Science 96:365-367.

Cliff, G., S.F.J. Dudley et B. Davis. 1989. Sharks caught in the protective nets off Natal, South Africa. 2. The great White Shark Carcharodon carcharias (Linnaeus). South African Journal of Marine Science 8:131-144.

Collier, R.S., comm. pers. 1986. Entrevue par R.A. Martin. Novembre 1986. Shark Research Committee, Van Nuys (Californie).

Compagno, L.J.V. 1991. A review of the general biology and conservation of the White Shark (Carcharodon carcharias). Pp. 30-31. In T. Condon (ed.). Great White Sharks – Carcharodon carcharias – a Perspective. Underwater, Special Edition, 17.

Compagno, L.J.V. 2001. Sharks of the world. An annotated and illustrated catalogue of shark species known to date. Volume 2. Bullhead, mackerel and carpet sharks (Heterodontiformes, Lamniformes and Orectolobiformes). United Nations Food and Agricultural Organization Species Catalogue for Fishery Purposes 1(2) Rome, FAO. 269 pp.

Compagno, L.J.V., M.A. Marks et I.K. Fergusson. 1997. Threatened fishes of the world: Carcharodon carcharias (Linnaeus, 1758) (Lamnidae). Environmental Biology of Fishes 50:61-62.

Cortéz, E. 1999. Standardized diet compositions and trophic levels of sharks. ICES Journal of Marine Science 56:707-717.

COSEWIC 2006. COSEWIC assessment and status report on the White Shark Carcharodon carcharias (Atlantic and Pacific populations) in Canada. Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. Ottawa. vii + 31 pp. (Également disponible en français : COSEPAC. 2006. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le grand requin blanc (Carcharodon carcharias) populations de l'Atlantique et du Pacifique au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada.Ottawa. viii + 33 p.).

Cook, S.F., comm. pers. ;1987. Lettre adressée à R.A. Martin. Avril 1987. Argus Mariner Consulting Scientists, Corvallis (Oregon).

Cullen, J.A., C.D. Marshall et D. Hala. 2019. Integration of multi-tissue PAH and PCB burdens with biomarker activity in three coastal shark species from the northwestern Gulf of Mexico. Science of The Total Environment 650:1158-1172.

Curtis, T.H., comm. pers. 2019. Correspondance par courriel adressée à Geoffrey Osgood. Janvier 2019. Chercheur scientifique au National Marine Fisheries Service.

Curtis, T.H., C.T. McCandless, J.K. Carlson, G.B. Skomal, N.E. Kohler, L.J. Natanson, G.H. Burgess, J.J. Hoey et H.L. Pratt Jr. 2014. Seasonal distribution and historic trends in abundance of White Sharks, Carcharodon carcharias, in the western North Atlantic Ocean. PLoS One 9(6):e99240.

Curtis, T.H., G. Metzger, C. Fischer, B. McBride, M. McCallister, L.J. Winn, J. Quinlan, et M.J. Ajemian. 2018. First insights into the movements of young-of-the-year White Sharks (Carcharodon carcharias) in the western North Atlantic Ocean. Scientific Reports 8:10794.

Curtis, T.H., J.T. Kelly, K.L. Menard, R.K. Laroche, R.E. Jones et A.P. Klimley. 2006. Observations on the behavior of White Sharks scavenging from a whale carcass at Point Reyes, California. California Fish and Game 92:113-124.

Dapp, D.R., T.I. Walker, C. Huveneers et R.D. Reina. 2016. Respiratory mode and gear type are important determinants of elasmobranch immediate and post‐release mortality. Fish and Fisheries 17:507-524.

Day, L.R. et H.D. Fisher. 1954. Notes on the great White Shark in Canadian Atlantic waters. Copeia 4:295-296.

Dewar, H., T. Eguchi, J. Hyde, D.H. Kinzey, S. Kohin, J. Moore, B.L. Taylor et R. Vetter. 2013. Status review of the northeastern Pacific population of White Sharks (Carcharodon carcharias) under the Endangered Species Act. NOAA, La Jolla, 176 p.

DFO. 2017. Evaluation of Scope for Harm for White Shark (Carcharodon carcharias) in Atlantic Canada. DFO Canadian Science Advisory Secretariat Science Response 2017/025. Ottawa, 29 p. (Également disponible en français : MPO. 2017. Évaluation de l’étendue des dommages admissibles pour le grand requin blanc (Carcharodon carcharias) dans le Canada atlantique. Secr. can. de consult. sci. du MPO, Rép. des Sci. 2017/025).

DFO. 2006. Recovery Potential Assessment Report on White Sharks in Atlantic Canada. DFO Canadian Science Advisory Secretariat Science Advisory Report 2006/052. (Également disponible en français : MPO. 2006. Évaluation du potentiel de rétablissement du requin blanc au Canada atlantique. Secr. can. de consult. sci. du MPO, Avis sci. 2006/052).

DFO. 2020. White Shark sightings and strandings database. Bedford Institute of Oceanography, Dartmouth, Nova Scotia, Canada

Díaz-Jaimes, P., C. Reeb, O. Sosa-Nizhisaki et J.B. O’Sullivan. 2016. Assessing genetic variation in juvenile White Sharks using teeth collected from landfills in Baja California, México. Conservation Genetics Resources 8:431-434.

Dillingham, P.W., J.E. Moore, D. Fletcher, E. Cortés, K.A. Curtis, K.C. James et R.L. Lewison. 2016. Improved estimation of intrinsic growth rmax for long‐lived species: integrating matrix models and allometry. Ecological Applications 26:322-333.

Domeier, M.L. et N. Nasby-Lucas. 2008. Migration patterns of White Sharks Carcharodon carcharias tagged at Guadalupe Island, Mexico, and identification of an eastern Pacific shared offshore foraging area. Marine Ecology Progress Series 370:221-237.

Domeier, M.L. et N. Nasby-Lucas. 2013. Two-year migration of adult female White Sharks (Carcharodon carcharias) reveals widely separated nursery areas and conservation concerns. Animal Biotelemetry 1(2):9 pages.

Domeier, M.L. N. Nasby-Lucas et D.M. Palacios. 2012. The Eastern Pacific White Shark “Shared Offshore Foraging Area” (SOFA): A First Examination and Description from Ship Observations and Remote Sensing. Pp. 144. In M.L. Domeier (ed). Global perspectives on the biology and life history of the White Shark, CRC Press, Boca Raton, Florida.

Dudley, S.F.J et C.A. Simpfendorfer. 2006. Population status of 14 shark species caught in the protective gillnets off KwaZulu–Natal beaches, South Africa, 1978–2003. Marine and Freshwater Research 57:225-240.

Dudley, S.F.J., M.D. Anderson-Reade, G.S. Thompson et P.B. McMullen. 2000. Concurrent scavenging off a whale carcass by great White Sharks, Carcharodon carcharias, and tiger sharks, Galeocerdo cuvier. Fisheries Bulletin 98:646-649.

Duffy, C., M.P. Francis, M.P. Manning et R. Bonfil. 2012. Regional population connectivity, oceanic habitat, and return migration revealed by satellite tagging of White Sharks, Carcharodon carcharias, at New Zealand aggregation sites. Pp. 301-318. In M.L. Domeier (ed). Global perspectives on the biology and life history of the White Shark, CRC Press, Boca Raton, Florida.

Dunne, E., comm. pers. 2020. Correspondance par courriel adressée à Geoffrey Osgood. Octobre février 2020. Senior Resource Manager, Pelagic Fisheries at the Northwest Atlantic Fisheries Center, St. John’s, Newfoundland.

Ellis, R. 1994. Monsters of the Sea. Alfred A. Knopf, New York.

Engelbrecht, T.M., A.A. Kock et M.J. O'Riain. 2019. Running scared: when predators become prey. Ecosphere 10: e02531.

Estrada, J.A., A.N. Rice, L.J. Natanson et G.B. Skomal. 2006. Use of isotopic analysis of vertebrae in reconstructing ontogenetic feeding ecology in White Sharks. Ecology 87:829-834.

Fallows, C., comm. pers. 2000. Entrevue par R.A. Martin. Août 2000. Apex Shark Expeditions, Cape Town (Afrique du Sud).

Fallows, C., A.J. Gallagher et N. Hammerschlag. 2013. White Sharks (Carcharodon carcharias) scavenging on whales and its potential role in further shaping the ecology of an apex predator. PLoS One 8(4):e60797.

Fallows, C. et M. le Sueur. 2001. Depth chargers. BBC Wildlife 19:48-55.

Francis, M.P. 1996. Observations on a pregnant White Shark with a review of reproductive biology. Pp. 157-172. In A.P. Klimley and D.G. Ainley (eds.). Great White Sharks: the Biology of Carcharodon carcharias. Academic Press, San Diego.

Francis, M. P., C. A. J. Duffy, R. Bonfil et M. J. Manning. 2012. The third dimension: vertical habitat use by White Sharks, Carcharodon carcharias. New Zealand and in oceanic and tropical waters of the Southwest Pacific ocean. Pp. 319-345. In M.L. Domeier (ed). Global perspectives on the biology and life history of the White Shark, CRC Press, Boca Raton, Florida.

Gadig, O.B.F. et R.S. Rosa. 1996. Occurrence of the White Shark along the Brazilian coast. Pp. 347-350. In A.P. Klimley and D.G. Ainley (eds.). Great White Sharks: the Biology of Carcharodon carcharias. Academic Press, San Diego.

Gaube, P., C.D. Braun, G.L. Lawson, D.J. McGillicuddy, A.D. Penna, G.B. Skomal, C. Fischer et S.R. Thorrold. 2018. Mesoscale eddies influence the movements of mature female White Sharks in the Gulf Stream and Sargasso Sea. Scientific Reports 8:7363.

Gilhen, J. 1999. Fishes of Nova Scotia: species reported in the accession books of Henry Piers, Curator of the Provincial Museum, Halifax, from 1899-1940. Curatorial Report, Nova Scotia Museum of Natural History, Halifax.

Gilmore, R.G. 1993. Reproductive biology of lamnoid sharks. Environmental Biology of Fishes 38:95-114.

Goldman, K.J. 1997. Regulation of body temperature in the White Shark, Carcharodon carcharias. Journal of Comparative Physiology B 167(6):423-429.

Gruber, S.H. et J.L. Cohen. 1985. Visual system of the White Shark, Carcharodon carcharias, with emphasis on retinal structure. Memoirs of the Southern California Academy of Sciences 9:61-72.

Gubili, C., R. Bilgin, E. Kalkan, S.U. Karhan, C.S. Jones, D.W. Sims, H. Kabasakal, A.P. Martin et L.R. Noble. 2011. Antipodean White Sharks on a Mediterranean walkabout? Historical dispersal leads to genetic discontinuity and an endangered anomalous population. Proceedings of the Royal Society B 278:1679 – 1686.

Hamady L.L., L.J. Natanson, G.B. Skomal et S.R. Thorrold. 2014. Vertebral bomb radiocarbon suggests extreme longevity in White Sharks. PLoS ONE 9(1):e84006. doi:10.1371/journal.pone.0084006.

Hammill, M.O., G.B. Stenson, T. Doniol-Valcroze et A. Mosnier. 2015. Conservation of northwest Atlantic harp seals: Past success, future uncertainty? Biological Conservation 192:181-191.

Hammill, M.O., C.E. den Heyer, W.D. Bowen et S.L. Lang. 2017. Grey Seal Population Trends in Canadian Waters, 1960-2016 and harvest advice. DFO Canadian Science Advisory Secretariat Research Document 2017/052. Ottawa, 30 p.

Harry, A.V. 2018. Evidence for systemic age underestimation in shark and ray ageing studies. Fish and Fisheries 19:185-200.

Hewitt, A. M., A.A. Kock, A.J. Booth et C.L. Griffiths. 2018. Trends in sightings and population structure of White Sharks, Carcharodon carcharias, at Seal Island, False Bay, South Africa, and the emigration of subadult female sharks approaching maturity. Environmental Biology of Fishes 101:39-54.

Hillary, R. M., M. V. Bravington, T. A. Patterson, P. Grewe, R. Bradford, P. Feutry, R. Gunasekera, V. Peddemors, J. Werry, M.P. Francis et C.A.J. Duffy. 2018. Genetic relatedness reveals total population size of White Sharks in eastern Australia and New Zealand. Scientific Reports 8:2661.

Hobday, A.J. et K. Evans. 2013. Detecting climate impacts with oceanic fish and fisheries data. Climate Change 119, 49–62. https://doi. org/10.1007/s1058 4-013-0716-5

Hogg, N. 1992. The Gulf Stream and its recirculations. Oceanus 35(2):18-24.

Hueter, B. comm. pers. 2018. Correspondance par courriel adressée à Geoffrey Osgood. Novembre 2018. Scientifique principal et directeur, Center for Shark Research, Mote Marine Laboratory, Sarasota (Floride).

Hussey, N.E., H.M. McCann, G. Cliff, S.F.J Dudley, S.P. Wintner et A.T. Fisk. 2012. Size-based analysis of diet and trophic position of the White Shark (Carcharodon carcharias) in South African waters. Pp. 27-49. In M.L. Domeier (ed). Global perspectives on the biology and life history of the White Shark, CRC Press, Boca Raton, Florida.

Hussey, N.E., M.A. MacNeil, M.C. Siple, B.N. Popp, S.F. Dudley et A.T. Fisk. 2015. Expanded trophic complexity among large sharks. Food Webs 4:1-7.

Huveneers, C., K. Apps, E.E. Becceri-Garcia, B. Bruce, P.A. Butcher, A. Carlisle, T. Chapple, H.M. Christiansen, G. Cliff, T.H. Curtis, T.S. Daly-Engel, H. Dewar et al. 2018. Future research directions on the ‘elusive’ White Shark. Frontiers in Marine Science 5:455.

ICCAT. 2019. The International Commission for the Conservation of Atlantic Tunas. https://www.iccat.int/en/index.asp. Consulté le 12 janvier 2019.

IUCN. 2019. The IUCN Red List of Threatened Species. Version 2019-2. http://www.iucnredlist.org. Liste téléchargée le 13 janvier 2019.

Jaime-Rivera, M., J. Caraveo-Patiño, M. Hoyos-Padilla et F. Galván-Magaña. 2014. Feeding and migration habits of White Shark Carcharodon carcharias (Lamniformes: Lamnidae) from Isla Guadalupe inferred by analysis of stable isotopes δ15N and δ13C. Revista de biologia tropical 62:637-647.

Jewell, O.J.D, R.L. Johnson, E. Gennari et M.N. Bester. 2013. Fine scale movements and activity areas of White Sharks (Carcharodon carcharias) in Mossel Bay, South Africa. Environmental Biology of Fishes 96: 881-894.

Johnson, Ryan, M.N. Bester, S.F.J Dudley, W.H. Oosthuizen, M. Meÿer, L. Hancke et E. Gennari. 2009. Coastal swimming patterns of White Sharks (Carcharodon carcharias) at Mossel Bay, South Africa. Environmental Biology of Fishes 85:189-200.

Jorgensen, S.J., C.A. Reeb, T.K. Chapple, S.Anderson, C.Perle, S.R. van Sommeran, C. Fritz-Cope, A.C. Brown, A.P. Klimley et B.A. Block. 2010. Philopatry and migration of Pacific White Sharks. Proceedings of the Royal Society of London B: Biological Sciences 277:679-688.

Jorgensen, S.J., T.K. Chapple, S. Anderson, M. Hoyos, C. Reeb et B.A. Block. 2012. Connectivity among White Shark coastal aggregation areas in the Northeastern Pacific. Pp. 159-168. In M.L. Domeier (ed). Global perspectives on the biology and life history of the White Shark, CRC Press, Boca Raton, Florida.

Kato, S. 1965. White Shark, Carcharodon carcharias, from the Gulf of California with a list of sharks seen in Mazatlan, Mexico. Copeia 1965:384.

Klimley, A.P. 1985. The areal distribution and autoecology of the White Shark, Carcharodon carcharias, off the west coast of North America. Memoirs of the Southern California Academy of Sciences 9:15-40.

Klimley, A.P. 1994. The predatory behavior of the White Shark. American Scientist 82:122-133.

Kock, A., M.J. O’Riain, K. Mauff, M. Meÿer, D. Kotze et C. Griffiths. 2013. Residency, habitat use and sexual segregation of White Sharks, Carcharodon carcharias in False Bay, South Africa. PloS one 8(1):e55048.

Kock, A.A., T. Photopoulou, I. Durbach, K. Mauff, M. Meÿer, D. Kotze, C.L. Griffiths et M. Justin O’Riain. 2018. Summer at the beach: spatio-temporal patterns of White Shark occurrence along the inshore areas of False Bay, South Africa. Movement Ecology 6(1):7.

Kohler, N.E., J.G. Casey et P.A. Turner. 1998. NMFS Cooperative Shark Tagging Program, 1962-1993: an atlas of shark tag and recapture data. Marine Fisheries Review 60(2):1-87.

Kanive, P.E., J.J. Rotella, S.J. Jorgensen, S.J., Chapple, T.K., J.E. Hines, S.D. Anderson et B.A. Block. 2019. Size-specific apparent survival rate estimates of White Sharks using mark-recapture models. Canadian Journal of Fisheries and Aquatic Sciences 76:2027-2034.

Kim, S.L., M.T. Tinker, J.A. Estes et P.L. Koch. 2012. Ontogenetic and among-individual variation in foraging strategies of northeast Pacific White Sharks based on stable isotope analysis. PLoS One 7(9):e45068.

Lee, K.A., M. Roughan, R.G. Harcourt et V.M. Peddemors. 2018. Environmental correlates of relative abundance of potentially dangerous sharks in nearshore areas, southeastern Australia. Marine Ecology Progress Series 599:157-179.

Leim, A.H. et L.R. Day. 1959. Records of uncommon and unusual fishes from eastern Canadian waters, 1950-1958. Journal of the Fisheries Research Board of Canada 16:503-514.

LeMier, E.H. 1951. Recent records of the great White Shark, Carcharodon carcharias, on the Washington coast. Copeia 1951:259.

Lowe, C.G., M.E. Blasius, E.T. Jarvis, T.J. Mason, G.D. Goodmanlowe et J.B. O’Sullivan. 2012. Historic fishery interactions with White Sharks in the Southern California Bight. Pp. 169-186. In M.L. Domeier (ed). Global perspectives on the biology and life history of the White Shark, CRC Press, Boca Raton, Florida.

Lucas, Z.N. et L.J. Natanson.2010. Two shark species involved in predation on seals at Sable Island, Nova Scotia, Canada. Proceedings of the Nova Scotian Institute of Science (NSIS) 45:64-88.

Lyons, K., A. Carlisle, A. Preti, C. Mull, M. Blasius, J. O'Sullivan, C. Winkler et C.G. Lowe. 2013a. Effects of trophic ecology and habitat use on maternal transfer of contaminants in four species of young of the year lamniform sharks. Marine Environmental Research 90:27-38.

Lyons, K., E.T. Jarvis, S.J. Jorgensen, K. Weng, J. O'Sullivan, C. Winkler et C.G. Lowe. 2013b. The degree and result of gillnet fishery interactions with juvenile White Sharks in southern California assessed by fishery-independent and-dependent methods. Fisheries Research 147:370-380.

Lyons, K. et K.E. Wynne-Edwards. 2019. Legacy environmental polychlorinated biphenyl contamination attenuates the acute stress response in a cartilaginous fish, the Round Stingray. Stress 22(3):395-402.

McPherson, J.M. et R.A. Myers. 2009. How to infer population trends in sparse data: examples with opportunistic sighting records for great White Sharks. Diversity and Distributions 15:880-890.

Merly, L., L. Lange, M. Meÿer, A.M. Hewitt, P. Koen, C. Fischer, J. Muller, V. Schilack, M. Wentzel et N. Hammerschlag. 2019. Blood plasma levels of heavy metals and trace elements in white sharks (Carcharodon carcharias) and potential health consequences. Marine Pollution Bulletin 142:85-92.

Miller, D.J. et R.S. Collier. 1981. Shark attacks in California and Oregon, 1926-1979. California Fish and Game 67:76-104.

Mollet, H.F. et G.M. Cailliet. 2002. Comparative population demography of elasmobranchs using life history tables, Leslie matrices and stage-based matrix models. Marine and Freshwater Research 53:503-516.

Mollet, H.F., G. Cliff, H.L. Pratt, Jr. et J.D. Stevens. 2000. Reproductive biology of the female shortfin mako, Isurus oxyrinchus Rafinesque, 1810, with comments on the embryonic development of lamnoids. Fisheries Bulletin 98:299-318.

Mollomo, P. 1998. The White Shark in Maine and Canadian Atlantic waters. Northeastern Naturalist 5(3):207-214.

Mull, C.G., K. Lyons, M.E. Blasius, C. Winkler, J.B. O’Sullivan et C.G. Lowe. 2013. Evidence of maternal offloading of organic contaminants in White Sharks (Carcharodon carcharias). PloS one 8(4):e62886.

Mull, C.G., M.E. Blasius, J.B. O’Sullivan et C.G. Lowe. 2012. Heavy metals, trace elements, and organochlorine contaminants in muscle and liver tissue of juvenile White Sharks, Carcharodon carcharias, from the Southern California Bight. Pp. 59-75. In M.L. Domeier (ed). Global perspectives on the biology and life history of the White Shark, CRC Press, Boca Raton, Florida.

Natanson, L.J. et G.B. Skomal. 2015. Age and growth of the White Shark, Carcharodon carcharias, in the western North Atlantic Ocean. Marine and Freshwater Research 66:387-398.

Natanson, L.J., J. Mello et S.E. Campana. 2002. Validated age and growth of the porbeagle shark (Lamna nasus) in the western North Atlantic Ocean. Fishery Bulletin 100:266-278.

National Marine Fisheries Service (NMFS). 1997. Framework seasonal adjustment of management measures under the fishery management plan for sharks, final environmental assessment and regulatory impact review/final regulatory flexibility analysis. United States Department of Commerce, National Oceanic and Atmospheric Administration, National Marine Fisheries Service, Office of Sustainable Fisheries, Silver Spring, Maryland.

NMFS. 2009. Gray seal (Halichoerus grypus): western North Atlantic stock. Silver Spring, MD.

NatureServe. 2019. NatureServe Explorer: An online encyclopedia of life. Version 7.1. NatureServe, Arlington, Virginia. Site Web : http://explorer.natureserve.org (consulté le 30 juillet 2019).

Ocearch. 2020. Ocearch Shark Tracker. Publication électronique en ligne, https://www.ocearch.org/tracker/?list. Consulté en janvier 2020.

Ocearch, comm. pers. 2020. Correspondance par courriel de Nigel Hussey et Bob Hueter adressée à Geoffrey Osgood. Janvier 2020.

O’Leary, S.J., K.A. Feldheim, A.T. Fields, L.J. Natanson, S. Wintner, N. Hussey, M.S. Shivji et D.D. Chapman. 2015. Genetic diversity of White Sharks, Carcharodon carcharias, in the Northwest Atlantic and southern Africa. Journal of Heredity 106:258-265.

Oñate-González, E.C., A. Rocha-Olivares, N.C. Saavedra-Sotelo et O. Sosa-Nishizaki. 2015. Mitochondrial genetic structure and matrilineal origin of White Sharks, Carcharodon carcharias, in the Northeastern Pacific: implications for their conservation. Journal of Heredity 106:347-354.

Pardini, A.T., C.S. Jones, L.R. Noble, B. Kreiser, H. Malcolm, B.D. Bruce, J.D. Stevens, G. Cliff., M.C. Scholl, M. Francis, C.A.J. Duffy et A.P. Martin. 2001. Sex-biased dispersal of Great White Shark. Nature 412:139-140.

Payne, N.L., C.G. Meyer, J.A. Smith, J.D. Houghton, A. Barnett, B.J. Holmes, I. Nakamura, Y.P. Papastamatiou, M.A. Royer, D.M. Coffey et J.M. Anderson. 2018. Combining abundance and performance data reveals how temperature regulates coastal occurrences and activity of a roaming apex predator. Global Change Biology 24:1884-1893

Peterson, I., B. Greenan, D. Gilbert et D. Hebert. 2017. Variability and wind forcing of ocean temperature and thermal fronts in the Slope Water region of the Northwest Atlantic. Journal of Geophysical Research: Oceans 122:7325-7343.

Piers, H. 1934. Accidental occurrence of the man-eater or great White Shark, Carcharodon carcharias (Linn.) in Nova Scotian waters. Proceedings of the Nova Scotian Institute of Science 18:192-203.

Pratt, H.L., Jr. 1996. Reproduction in the male White Shark. Pp. 131-138. In A.P. Klimley and D.G. Ainley (eds.). Great White Sharks: the Biology of Carcharodon carcharias. Academic Press, San Diego.

Pratt, H.L., J.G. Casey et R.B. Conklin. 1982. Observations on Large White Sharks, Carcharodon carcharias, off Long Island, New York. Fish Bulletin 80:153-156.

Putnam, F.W. 1874. Tooth of a man-eater that attacked a dory near St. Pierre Bank. Bulletin of the Essex Institute, Salem 6(4):72.

Pyle, P., M.J. Schramm, C. Keiper et S.D. Anderson. 1999. Predation on a White Shark (Carcharodon carcharias) by a killer whale (Orcinus orca) and a possible case of competitive displacement. Marine Mammal Science 15:563–568.

Queiroz, N., N.E. Humphries, A. Couto, M. Vedor, I. da Costa, A.M.M. Sequeira et D.W. Sims. 2019. Global spatial risk assessment of sharks under the footprint of fisheries. Nature, 572, 461–466. https://doi.org/10.1038/s41586-019-1444-4

Ramirez-Amaro, S.R., D. Cartamil, F. Galvan-Magaña, G. Gonzalez-Barba, J.B. Graham, M. Carrera-Fernandez, O. Escobar-Sanchez, O. Sosa-Nishizaki et A. Rochin-Alamillo. 2013. The artisanal elasmobranch fishery of the Pacific coast of Baja California Sur, Mexico, management implications. Scientia Marina 77(3):473-487.

Reid, D.D. et M. Krough. 1992. Assessment of catches from protective shark meshing off New South Wales beaches between 1950 and 1990. Australian Journal of Marine and Freshwater Research 43:283-296.

Reid, D.D., W.D. Robbins et V.M. Peddemors. 2011. Decadal trends in shark catches and effort from the New South Wales, Australia, Shark Meshing Program 1950–2010. Marine and Freshwater Research 62(6):676-693.

Rigby, C.L., R. Barreto, J. Carlson, D. Fernando, S. Fordham, M.P. Francis, K. Herman, R.W. Jabado, K.M. Liu, C.G. Lowe, A. Marshall, N. Pacoureau, E. Romanov, R.B. Sherley et H. Winker. 2019. Carcharodon carcharias. The IUCN Red List of Threatened Species 2019: e.T3855A2878674. Downloaded on 14 December 2019.

Roff, G., C.J. Brown, M.A. Priest et P.J. Mumby. 2018. Decline of coastal apex shark populations over the past half-century. Communications Biology 1:223.

Santana-Morales, O., O. Sosa-Nishizaki, M.A. Escobedo-Olvera, E.C. Oñate-González, J.B. O’Sullivan et D. Cartamil. 2012. Incidental catch and ecological observations of juvenile White Sharks, Carcharodon carcharias, in western Baja California, Mexico: Conservation implications. Pp. 187-198. In M.L. Domeier (ed). Global perspectives on the biology and life history of the White Shark, CRC Press, Boca Raton, Florida.

Saba, V.S., S.M. Griffies, W.G. Anderson, M. Winton, M.A. Alexander, T.L. Delworth, J.A. Hare, M.J. Harrison, A. Rosati, G.A. Vecchi et G.R. Zhang. 2016. Enhanced warming of the Northwest Atlantic Ocean under climate change. Journal of Geophysical Research: Oceans 121:118-132

Sato, K., M. Nakamura, T. Tomita, M. Toda, K. Miyamoto et R. Nozu. 2016. How great White Sharks nourish their embryos to a large size: evidence of lipid histotrophy in lamnoid shark reproduction. Biology Open 5:1211-1215.

Scott, W.B. et M.G. Scott. 1988. Atlantic Fishes of Canada. Canadian Bulletin of Fisheries and Aquatic Sciences 219: 731 p. (Également disponible en français : Scott, W.B. et M.G. Scott. 1991. Les poissons de l’Atlantique canadien. Bull. can. Sc. halieut. aquat. nº 219. 911 p.).

Semmens, J.M., N.L. Payne, C. Huveneers, D.W. Sims et B.D. Bruce. 2013. Feeding requirements of White Sharks may be higher than originally thought. Scientific Reports 3:1471.

Skomal, G.B., C.D. Braun, J.H. Chisholm et S.R. Thorrold. 2017. Movements of the White Shark Carcharodon carcharias in the North Atlantic Ocean. Marine Ecology Progress Series 580:1-16.

Skomal, Gregory B., J. Chisholm et S.J. Correia. 2012. Implications of increasing pinniped populations on the diet and abundance of White Sharks off the coast of Massachusetts. Pp. 405-418. In M.L. Domeier (ed). Global perspectives on the biology and life history of the White Shark, CRC Press, Boca Raton, Florida.

Skubel, R.A., B.P. Kirtman, C. Fallows et N. Hammerschlag. 2018. Patterns of long-term climate variability and predation rates by a marine apex predator, the White Shark Carcharodon carcharias. Marine Ecology Progress Series 587:129-139.

Smith, S.E., D.W. Au et C. Show. 1998. Intrinsic rebound potentials of 26 species of Pacific sharks. Marine and Freshwater Research 49:663-678.

Sprogis, K.R., C. King, L. Bejder et N. R. Loneragan. 2018. Frequency and temporal trends of shark predation attempts on bottlenose dolphins (Tursiops aduncus) in temperate Australian waters. Journal of Experimental Marine Biology and Ecology 508:35-43.

Strong, W.R., Jr. 1996. Shape discrimination and visual predatory tactics in White Sharks. Pp. 229-240. In A.P. Klimley and D.G. Ainley (eds.). Great White Sharks: the Biology of Carcharodon carcharias. Academic Press, San Diego.

Strong, W.R., Jr., B.D. Bruce, D.R. Nelson et R.C. Murphy. 1996. Population dynamics of White Sharks in Spencer Gulf, South Australia. Pp. 401-414. In A. Peter Klimley and David G. Ainley (eds.). Great White Sharks: the Biology of Carcharodon carcharias. Academic Press, San Diego.

Tanaka, S., T. Kitamura, T. Mochizuki et K. Kofuji. 2011. Age, growth, and genetic status of the White Shark (Carcharodon carcharias) from Kashima-nada, Japan. Marine and Freshwater Research 62:548-556.

Taylor, L.R. 1985. White Sharks In Hawaii: historical and contemporary records. Memoirs of the Southern California Academy of Sciences 9:41-48.

Taylor, J.K.D, J.W. Mandelman, W.A. McLellan, M.J. Moore, G.B. Skomal, D.S. Rotstein et S.D. Kraus. 2013. Shark predation on North Atlantic right whales (Eubalaena glacialis) in the southeastern United States calving ground. Marine Mammal Science 29:204-212.

Templeman, W. 1963. Distribution of sharks in the Canadian Atlantic (with special reference to Newfoundland waters). Bulletin of the Fisheries Research Board of Canada 140:1-77. (Également disponible en français : Templeman, W. 1963. Repartition des requins dans l'Atlantique canadien (et plus particulierement dans les eaux de Terre-Neuve). Bulletin de l'Office des recherches sur les pecheries du Canada 140: 1-83).

Tricas, T.C. et J.E. McCosker. 1984. Predatory behavior of the White Shark (Carcharodon carcharias), with notes on its biology. Proceedings of the California Academy of Science 43(14):221-238.

Tidd, A., S. Brouwer et G. Pilling. 2017. Shooting fish in a barrel? Assessing fisher-driven changes in catchability within tropical tuna purse seine fleets. Fish and Fisheries, 18, 808–820. https://doi.org/10.1111/faf.12207

Towner, A.V., L.G. Underhill, O.J.D Jewell et M.J. Smale. 2013. Environmental influences on the abundance and sexual composition of White Sharks Carcharodon carcharias in Gansbaai, South Africa. PLoS one 8(8):e71197.

Turnbull, S.D. et D. Dion. 2012. White Shark (Carcharodon carcharias) attack on a harbor porpoise (Phocaena phocaena) in the Bay of Fundy, Canada. Northeastern Naturalist 19:705-707.

Uchida, S., M. Toda, K. Teshima et K. Yano. 1996. Pregnant White Sharks and full-term embryos from Japan. Pp. 139-155. In A.P. Klimley and D.G. Ainley (eds.). Great White Sharks: the Biology of Carcharodon carcharias. Academic Press, San Diego.

Vladykov, V.D. et D.E. McAllister. 1961. Preliminary list of marine fishes of Quebec. Le Nature Canadien 88(3):53-78.

Vladykov, V.D. et R.A. McKenzie. 1935. The marine fishes of Nova Scotia. Proceedings of the Nova Scotian Institute of Science 19:17-113.

Wcisel, M., W. Chivell et M.D. Gottfried. 2010. A potential predation attempt by a great White Shark on an Indo-Pacific humpback dolphin. South African Journal of Wildlife Research 40:184-187.

Weng, K.C., A.M. Boustany, P. Pyle, S.D. Anderson, A. Brown et B.A. Block. 2007a. Migration and habitat of White Sharks (Carcharodon carcharias) in the eastern Pacific Ocean. Marine Biology 152:877-894.

Weng, K.C., J.B. O’Sullivan, C.G. Lowe, C.E. Winkler, H. Dewar et B.A. Block. 2007b. Movements, behavior and habitat preferences of juvenile Carcharodon carcharias in the eastern Pacific. Marine Ecology Progress Series 338:211-224.

Wintner, S.P. et G. Cliff. 1999. Age and growth determination of the White Shark, Carcharodon carcharias, from the east coast of South Africa. Fisheries Bulletin 97:153-169.

Wintner, S.P. et S.E. Kerwath. 2018. Cold fins, murky waters and the moon: what affects shark catches in the bather-protection program of KwaZulu–Natal, South Africa? Marine and Freshwater Research 69:167-177.

Wood, S.A., K.T. Murray, E. Josephson et J. Gilbert. 2020. Rates of increase of gray seal (Halichoerus grypus atlantica) pupping at recolonized sites in the United States, 1988-2019. Journal of Mammaology 101:121-128.

Zitko, V., O. Huntzinger et P.M.K. Choi. 1972. Contamination of the Bay of Fundy-Gulf of Maine area with polychlorinated biphenyls, polychlorinated terphenyls, chlorinated dibenzodioxins, and dibenzofurans. Environmental Health Perspectives 4:47-50.

Sommaire biographique des rédacteurs du rapport

Geoffrey Osgood (B.Sc.) a obtenu avec distinction un baccalauréat en sciences, spécialisé en écologie et en zoologie, de l’Université de Calgary en 2014. Depuis, il travaille à obtenir un doctorat en biologie de l’Université de Victoria, en étudiant la possibilité d’utiliser les zones de protection marine pour la conservation des requins.

Julia K. Baum est professeure agrégée en biologie à l’Université de Victoria, en Colombie-Britannique, et boursière en conservation marine 2017 de la fiducie caritative Pew. Elle a obtenu un baccalauréat en sciences de l’Université McGill, à Montréal, en 1999, puis une maîtrise (2002) et un doctorat (2007) en sciences de l’Université Dalhousie, à Halifax, tous avec spécialisation en biologie. Julia a par la suite été titulaire d’une bourse de recherche en conservation David H. Smith au Scripps Institution of Oceanography de l’Université de Californie à San Diego, suivie d’une bourse postdoctorale du Schmidt Ocean Institute au National Center for Ecological Analysis and Synthesis (NCEAS) de l’Université de Californie à Santa Barbara. Entre autres centres d’intérêt, les recherches de Julia ont porté sur le déclin des populations de requins et sur les effets de la perte de prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire.

Annexe 1 Calculateur des menaces

Nom scientifique de l’espèce ou de l’écosystème : Grand requin blanc (Carcharodon carcharias), population de l’Atlantique

Identification de l’élément : Sans objet

Code de l’élément : 899

Date : 9 juillet 2020

Évaluateurs : D. Lepitzki (animateur), B. Leaman (coprésident), G. Osgood (rédacteur du rapport), J. Baum (rédacteur du rapport), R. Claytor (Co-Chair), B. McBride, D. Keith, J. Shaw, M. Trudel, M. Trebel, S. Lenhert, A. MacNeil, D. Sam

Références : Rapport de situation post-provisionnel

Guide pour le calcul de l’impact global des menaces
Impact des menaces Comptes des menaces de niveau 1 selon l’intensité de leur impact : maximum de la plage d’intensité Comptes des menaces de niveau 1 selon l’intensité de leur impact : minimum de la plage d’intensité
A - Très élevé 0 0
B - Élevé 0 0
C - Moyen 0 0
D - Faible 1 1
Impact global des menaces calculé Faible Faible

Impact global des menaces attribué : D = Faible

Ajustement de la valeur de l’impact global calculée – justifications : La valeur calculée de l’impact global des menaces, « faible », a été maintenue comme valeur attribuée de l’impact global des menaces. Toutefois, le groupe d’évaluateurs a conclu que le minimum de la plage du déclin prévu de la population au cours des 100 prochaines années en raison des menaces qui seront présentes au cours des 10 prochaines années pourrait être de zéro, au lieu de la plage de 1 à 10 % projetée en raison de la portée « généralisée » combinée à la gravité « légère » pour la menace 5.4.

Impact global des menaces – commentaires : L’espèce est répartie mondialement dans les eaux subtropicales et tempérées, mais elle est absente des eaux froides polaires. Ainsi, les populations de l’Atlantique et du Pacifique du Canada sont isolées l’une de l’autre et forment des unités désignables distinctes. Ce très grand superprédateur est rare dans la majeure partie de son aire de répartition, et c’est particulièrement le cas en eaux canadiennes, qui représentent la limite nord de sa répartition et où sa présence est surtout saisonnière. Toutefois, de plus en plus de mentions d’occurrence sont signalées au Canada atlantique en lien avec le réchauffement de l’eau des océans, quoiqu’on en compte encore moins de 100 depuis 1874. Aucune information sur les tendances en matière d’abondance n’est disponible pour le Canada atlantique. On estime que le nombre de requins aurait diminué de 73 à 79 % sur une ou deux générations dans les zones de l’Atlantique Nord-Ouest situées en dehors des eaux canadiennes. L’espèce est très mobile, et les individus du Canada atlantique sont vraisemblablement des migrateurs saisonniers appartenant à une population largement répandue dans l’Atlantique Nord-Ouest. Par conséquent, on considère que le statut de la population canadienne est le même que celui de la population dans son ensemble. La longue durée d’une génération de l’espèce (environ 42 ans) et son faible taux de reproduction (temps de gestation estimée de 10 à 20 mois et fécondité moyenne de 7 petits vivants par portée) sont d’autres facteurs à considérer, puisqu’ils peuvent restreindre la capacité de l’espèce d’encaisser les pertes issues d’une augmentation du taux de mortalité. On estime que les prises accessoires par les pêches commerciales, en particulier la pêche pélagique à la palangre, sont la principale cause de mortalité, de même que la pêche récréative. L’intervalle de temps utilisé pour l’évaluation de la gravité et de l’immédiateté est de 100 ans, soit le maximum permis. L’évaluation des menaces qui pèsent sur la population canadienne comprend celles qui sont présentes en dehors des eaux canadiennes. La tendance de la population dans les eaux de l’Atlantique Nord-Ouest est entourée d’une grande incertitude, mais elle semble indiquer une croissance, qui pourrait être le résultat du renforcement des mesures visant la réduction de la mortalité causée par la capture accidentelle dans les pêches commerciales.

Tableau d'évaluation des menaces
Numéro Menace Impact Impact (calculé) Portée (10 proch. années) Gravité (10 ans ou 3 générations) Immédiateté Commentaires
1 Développement résidentiel et commercial Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
1.1 Zones résidentielles et urbaines Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
1.2 Zones commerciales et industrielles Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
1.3 Zones touristiques et récréatives Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
2 Agriculture et aquaculture Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
2.1 Cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
2.2 Plantations pour la production de bois et de pâte Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
2.3 Élevage de bétail Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
2.4 Aquaculture en mer et en eau douce Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Les données probantes actuelles (observation et émetteurs) montrent des interactions entre le grand requin blanc et les sites de salmoniculture, où il y a possibilité d’enchevêtrement, quoique les filets ont été modifiés récemment pour réduire ce risque au minimum. L’enchevêtrement devrait se produire rarement, mais l’aquaculture croissante pourrait en faire augmenter la probabilité.
3 Production d’énergie et exploitation minière Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
3.1 Forage pétrolier et gazier Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Des grands requins blancs ont été observés à proximité de plateformes pétrolières et pourraient éventuellement subir un déplacement si le nombre de plateformes augmente. Toutefois, on considère que la probabilité est faible dans un avenir proche.
3.2 Exploitation de mines et de carrières Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
3.3 Énergie renouvelable Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Probablement non pertinent pour cette UD. Les parcs éoliens pourraient avoir des répercussions sur l’UD en raison des champs électromagnétiques associés à la transmission énergétique par câbles sous-marins ou des perturbations physiques au moment de la pose des câbles. Les données provenant de la mer du Nord laissent supposer des répercussions possibles, mais pour l’instant rien n’indique que le grand requin blanc puisse être touché.
4 Corridors de transport et de service Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
4.1 Routes et voies ferrées Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
4.2 Lignes de services publics Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Les lignes de transmission des parcs éoliens auraient des répercussions possibles en raison des effets des champs électromagnétiques autour des câbles. Les recherches menées ailleurs montrent des effets qui varient selon l’espèce, mais pour l’instant rien n’indique que cette UD puisse être touchée.
4.3 Voies de transport par eau Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Les grands requins blancs sont normalement présents à des profondeurs de moins de 100 m, et les observations dans les milieux côtiers ont lieu là où la profondeur est d’environ 30 m en moyenne. La relative mobilité de l’espèce la rend moins susceptible d’entrer en collision avec la circulation maritime.
4.4 Corridors aériens Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
5 Utilisation des ressources biologiques D Faible Généralisée (71-100 %) Légère (1-10 %) Élevée (continue) Sans objet
5.1 Chasse et capture d’animaux terrestres Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
5.2 Cueillette de plantes terrestres Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
5.3 Exploitation forestière et récolte du bois Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
5.4 Pêche et récolte de ressources aquatiques D Faible Généralisée (71-100 %) Légère (1-10 %) Élevée (continue) L’effort de pêche pélagique à la palangre dans l’Atlantique Nord-Ouest, connu pour être une cause de mortalité de grands requins blancs associée aux prises accessoires, a augmenté de façon continue depuis les années 1960, bien qu’une diminution ait été observée au cours des dernières années. La couverture limitée des observateurs pour ce type de pêche (< 10 %) donne des renseignements tout aussi limités sur l’ampleur de la mortalité causée par les prises accessoires. Toutefois, même une faible mortalité par prise accessoire peut entraîner une diminution des populations de grands requins blancs. Des cas d’enchevêtrement dans des fascines à hareng ont été signalés, et ils représentent une cause possible de mortalité. L’exposition au risque de prise accessoire par les pêches commerciale et récréative est probablement élevée, mais la probabilité de mortalité après une capture est beaucoup plus faible. En général, la portée est considérée comme généralisée (au minimum de la plage) et la gravité, comme légère ou négligeable, puisque les données indiquent une augmentation de la population (quoique l’incertitude est grande). On estime que les mesures actuelles d’atténuation des effets de la prise accessoire par les pêches sont efficaces et qu’elles se poursuivent.
6 Intrusions et perturbations humaines Sans objet Négligeable Petite (1-10 %) Négligeable (< 1 %) Élevée (continue) Sans objet
6.1 Activités récréatives Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
6.2 Guerre, troubles civils et exercices militaires Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
6.3 Travail et autres activités Sans objet Négligeable Petite (1-10 %) Négligeable (< 1 %) Élevée (continue) Pose d’émetteurs pour la recherche (non létale), sur environ 10 à 15 individus par année actuellement.
7 Modifications des systèmes naturels Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
7.1 Incendies et suppression des incendies Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
7.2 Gestion et utilisation de l’eau et exploitation de barrages Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
7.3 Autres modifications de l’écosystème Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Inconnu. Les adultes peuvent facilement migrer pour s’adapter aux changements climatiques, qui pourraient modifier la disponibilité des proies; les modifications entraînées par les changements climatiques peuvent être positives ou négatives selon le type de proie.
8 Espèces et gènes envahissants ou autrement problématiques Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
8.1 Espèces ou agents pathogènes exotiques (non indigènes) envahissants Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
8.2 Espèces ou agents pathogènes indigènes problématiques Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
8.3 Matériel génétique introduit Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
8.4 Espèces ou agents pathogènes problématiques d’origine inconnue Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Inconnu
8.5 Maladies d’origine virale ou maladies à prions Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Inconnu
8.6 Maladies de cause inconnue Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Inconnu
9 Pollution Sans objet Inconnu Généralisée (71-100 %) Inconnue Élevée (continue) Diverses sources de pollution (9.1, 9.2, 9.3, et 9.5) prises en compte de manière combinée.
9.1 Eaux usées domestiques et urbaines Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Microplastiques provenant des eaux usées urbaines (cosmétiques) dans les proies.
9.2 Effluents industriels et militaires Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Comme le grand requin blanc est un superprédateur à longue durée de vie qui se nourrit de proies riches en gras, on s’attend à ce que des polluants, en particulier des composés organochlorés et des métaux lourds, se bioaccumulent dans ses tissus. Bien que les effets de ces polluants sur la santé des requins n’aient pas fait l’objet de recherches, ils pourraient avoir un impact négatif sur le succès reproducteur des mâles.
9.3 Effluents agricoles et sylvicoles Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
9.4 Déchets solides et ordures Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
9.5 Polluants atmosphériques Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
9.6 Apports excessifs d’énergie Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD.
10 Phénomènes géologiques Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
10.1 Volcans Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
10.2 Tremblements de terre et tsunamis Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
10.3 Avalanches et glissements de terrain Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
11 Changements climatiques et phénomènes météorologiques violents Sans objet Pas une menace Généralisée (71-100 %) Neutre ou avantage possible Élevée (continue) Sans objet
11.1 Déplacement et altération de l'habitat Sans objet Pas une menace Généralisée (71-100 %) Neutre ou avantage possible Élevée (continue) Le réchauffement à long terme peut entraîner un déplacement vers le nord du foyer de répartition, modifiant possiblement l’impact des captures accidentelles au Canada atlantique, mais diminuant cet impact au sud. Le réchauffement de l’eau et l’acidification des océans pourraient avoir des effets néfastes sur les sites de mise bas et les pouponnières du grand requin blanc, puisque les petits ne peuvent se déplacer sur de longues distances pour trouver des conditions favorables à leur survie et à leur croissance.
11.2 Sécheresses Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
11.3 Températures extrêmes Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
11.4 Tempêtes et inondations Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Non pertinent pour cette UD
11.5 Autres impacts Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Inconnu

Classification des menaces d’après l’UICN-CMP, Salafsky et al. (2008).

Détails de la page

Date de modification :