Grive de Bicknell (Catharus bicknelli) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2022

Titre officiel : Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la Grive de Bicknell (Catharus bicknelli) au Canada 2022

Menacée

2022

Matériel appartenant à des tierces parties

Suite à l’Avis pour ce site Web, certaines photos ainsi que certains dessins et éléments graphiques se trouvant dans les documents produit par le COSEPAC peuvent être assujettis à des droits d'auteur appartenant à d'autres organisations et personnes. Dans de tels cas, des restrictions concernant l’utilisation, la reproduction, la communication de telles œuvres protégées par le droit d’auteur peuvent s'appliquer, et il peut être nécessaire de demander l'autorisation aux détenteurs de ces droits, avant de reproduire, utiliser ou communiquer ces œuvres.

Un petit oiseau perché à la cime d’un conifère ouvrant le bec comme s’il chantait. La tête et le dos de l’oiseau sont bruns, la poitrine est blanche et la gorge mouchetée.
Grive de Bicknell
Information sur le document

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

COSEPAC. 2022. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la Grive de Bicknell (Catharus bicknelli) au Canada, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, xii + 64 p. (Registre public des espèces en péril).

Rapport(s) précédent(s) :

COSEPAC. 2009. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la Grive de Bicknell (Catharus bicknelli) au Canada, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, vii + 46 p. (Registre public des espèces en péril).

COSEPAC. 1999. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la Grive de Bicknell (Catharus bicknelli) au Canada, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, vi + 48 p. (Registre public des espèces en péril).

NIXON, E. 1999. Rapport de situation du COSEPAC sur la Grive de Bicknell (Catharus bicknelli) au Canada, in Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la Grive de Bicknell (Catharus bicknelli) au Canada, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, Pages 1-49.

Note de production :

Le COSEPAC remercie Marc-André Villard d’avoir rédigé le rapport de situation sur la Grive de Bicknell (Catharus bicknelli) au Canada, aux termes d’un marché conclu avec Environnement et Changement climatique Canada. La supervision et la révision du rapport ont été assurées par Richard Elliot, coprésident du Sous-comité de spécialistes des oiseaux du COSEPAC.

Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :

Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement et Changement climatique Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3

Tél. : 819-938-4125
Téléc. : 819-938-3984
Courriel : ec.cosepac-cosewic.ec@canada.ca
Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC)

Also available in English under the title “COSEWIC assessment and status report on the Bicknell’s Thrush Catharus bicknelli in Canada”.

Illustration/photo de la couverture : Grive de Bicknell — Photo : Éric Deschamps

COSEPAC sommaire de l’évaluation

Sommaire de l’évaluation – Décembre 2022

Nom commun : Grive de Bicknell

Nom scientifique : Catharus bicknelli

Statut : Menacée

Justification de la désignation : L’aire de reproduction de cet oiseau chanteur est maintenant largement restreinte aux forêts en régénération en haute altitude, dans des portions du sud du Québec, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, ainsi que dans les montagnes adjacentes du nord-est des États-Unis. Selon les données de plusieurs relevés, le nombre de reproducteurs continue de diminuer de façon marquée, sous l’effet de la perte récente de sites de reproduction côtiers et d’anciens bastions de l’île du Cap-Breton. Les déclins devraient se poursuivent à cause d’une gamme de menaces : perte d’habitat d’hivernage boisé dans les îles des Caraïbes; répercussions de l’introduction de l’orignal au Cap-Breton et de rats non indigènes dans les aires d’hivernage; altération de l’habitat due à l’éclaircie précommerciale et à la conversion de forêts de sapins en plantations d’épinettes; conséquences des changements climatiques sur la composition des forêts.

Répartition : Québec, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse

Historique du statut : Espèce désignée « préoccupante » en avril 1999. Réexamen du statut : l’espèce a été désignée « menacée » en novembre 2009. Réexamen et confirmation du statut en décembre 2022.

COSEPAC résumé

Grive de Bicknell

Catharus bicknelli

Description et importance de l’espèce sauvage

La Grive de Bicknell (Catharus bicknelli) est une grive de taille moyenne dont l’aire de reproduction est confinée au nord-est de l’Amérique du Nord. Il s’agit d’une espèce très préoccupante sur le plan de la conservation en raison de son aire de répartition limitée, de ses besoins particuliers en matière d’habitat dans ses aires d’hivernage et de reproduction, du caractère naturellement fragmenté de son habitat et des nombreuses menaces qui pèsent sur elle. La Grive de Bicknell a été reconnue comme une espèce à part entière en 1995, sur la base de caractéristiques morphologiques, vocales et génétiques qui lui sont propres, et de son aire de répartition distincte de celle de la Grive à joues grises.

Répartition

La Grive de Bicknell se reproduit dans certaines parties du Québec, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, dans l’est du Canada, et de l’État de New York, du Vermont, du New Hampshire et du Maine, dans le nord-est des États-Unis. L’espèce hiverne uniquement dans les îles de la mer des Caraïbes, y compris Cuba, la Jamaïque, Puerto Rico, Haïti et la République dominicaine.

Habitat

L’aire de reproduction de la Grive de Bicknell est restreinte aux milieux de haute altitude et aux zones soumises à des stress environnementaux naturels comme les vents forts, l’accumulation de glace en hiver et le vent frais du large. L’espèce niche à des altitudes supérieures à 1 150 m dans les Appalaches, et près du niveau de la mer à différents sites dispersés le long de la côte. La Grive de Bicknell se reproduit habituellement dans des peuplements dominés par le sapin baumier, où le bouleau à papier et l’épinette rouge sont les essences sous-dominantes, ainsi que dans des blocs de coupe à blanc, mais elle évite les peuplements récemment éclaircis. La forte association de l’espèce avec le sapin baumier limite la disponibilité de son habitat sur les hauts plateaux. La Grive de Bicknell hiverne principalement dans les forêts montagnardes mésiques à humides de feuillus, et plus de la moitié de son habitat d’hivernage inféré est en République dominicaine. Selon les scénarios de changements climatiques les plus pessimistes, il est estimé que plus de la moitié de l’habitat de reproduction de l’espèce pourrait être perdu d’ici 2100.

Biologie

La Grive de Bicknell se distingue des autres grives par sa polygynandrie, une stratégie d’appariement dynamique où la femelle défend un territoire et peut recevoir l’aide d’un à quatre mâles pour l’approvisionnement au nid, certains mâles nourrissant deux nichées simultanément. Le nombre de mâles assurant l’approvisionnement est plus élevé lorsque les proies sont peu abondantes. Les femelles chantent et crient régulièrement, et chassent les femelles conspécifiques de leur domaine vital, tandis que les domaines vitaux des mâles se chevauchent largement. Dans les aires d’hivernage de l’espèce, les deux sexes défendent de petits territoires caractérisés par une végétation dense et des données indiquent que le partitionnement de l’habitat est déterminé par le sexe et que les mâles se rencontrent généralement à plus haute altitude.

Taille et tendances des populations

Selon l’estimation de population révisée pour le Québec et les résultats des deuxièmes atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional t des provinces maritimes, la population canadienne de Grives de Bicknell compterait entre 21 300 et 91 000 individus matures, ce qui reflète les récents déclins d’effectifs observés.

Le très faible nombre d’individus dénombrés dans le cadre du Relevé des oiseaux nicheurs (BBS) suggère que le nombre de Grives de Bicknell se reproduisant au Canada a diminué d’environ -53,7 % (IC à 95 % : -90,2, -10,3) sur 10 ans. Les tendances à long terme (de 1970 à 2019) sont également négatives et correspondent à un déclin cumulatif d’environ -87,2 % (IC à 95 % : -98,8, -32,7) sur 49 ans. Toutefois, la tendance sur 10 ans estimée présente un degré d’incertitude élevé et une faible fiabilité statistique en raison du nombre relativement limité de parcours du BBS couvrant l’habitat de la Grive de Bicknell. Il pourrait donc être plus approprié d’estimer la tendance par interpolation en se fondant sur le taux de déclin annuel à long terme, ce qui se traduit par un déclin d’environ -34,2 % (IC à 95 % : -59,6 à -7,8) sur 10 ans. La disparition récente de la Grive de Bicknell de certains sites côtiers du Québec, du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse et de la baie de Fundy, ainsi que d’anciens bastions de l’île du Cap-Breton, indique que la contraction de son aire de reproduction se poursuit.

Menaces et facteurs limitatifs

La Grive de Bicknell est particulièrement vulnérable aux menaces anthropiques en raison de sa grande spécialisation en matière d’habitat, de son taux de reproduction relativement faible et du partitionnement de son habitat d’hivernage selon le sexe, lequel peut rendre les femelles plus vulnérables aux perturbations anthropiques. La majorité des menaces importantes pèsent sur l’habitat de l’espèce, notamment l’altération de la qualité de l’habitat de reproduction attribuable aux éclaircies précommerciales et à la conversion de forêts de sapin baumier en plantations d’épinettes, ainsi que la perte d’habitat d’hivernage dans les îles des Caraïbes où les forêts locales sont défrichées pour l’agriculture. En outre, les orignaux introduits ralentissent la régénération de l’habitat forestier sur l’île du Cap-Breton. Les autres menaces comprennent la prédation par les rats non indigènes dans les aires d’hivernage de l’espèce ainsi que la dégradation et la perte de l’habitat causées par la construction de parcs éoliens dans les milieux de haute altitude utilisées pour la reproduction. Bon nombre de ces menaces peuvent être exacerbées par les effets continus des changements climatiques sur la composition des forêts.

Protection, statuts et classements

En 2012, la Grive de Bicknell a été désignée espèce menacée au Canada en vertu de la Loi sur les espèces en péril. L’espèce et ses nids sont protégés au Canada en vertu de la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs. La Grive de Bicknell est considérée comme vulnérable au Québec, menacée au Nouveau-Brunswick, et en voie de disparition en Nouvelle-Écosse. Elle est considérée comme une espèce apparemment non en péril par NatureServe (G4), et elle fait partie des espèces vulnérables inscrites sur la Liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La Grive de Bicknell figure aussi sur la liste des espèces d’oiseaux préoccupantes à l’échelle nationale du Fish and Wildlife Service des États-Unis et sur la liste de surveillance rouge (espèces dont la conservation est préoccupante) de Partenaires d’envol. Quatre grandes aires protégées, soit le parc national du Canada des Hautes-Terres-du-Cap-Breton, le parc national de la Gaspésie, le parc national des Monts-Valins et le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie, semblent abriter de vastes zones d’habitat de reproduction de bonne qualité pour la Grive de Bicknell.

Résumé technique

Catharus bicknelli

Grive de Bicknell

Bicknell’s Thrush

Répartition au Canada : Québec, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse

Données démographiques

Durée d’une génération (généralement, âge moyen des parents dans la population) :

2,32 ans

Bird et al., 2020.

Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre total d’individus matures?

Oui

Déclin inféré d’après les tendances estimées à l’aide des données du BBS, du Mountain Birdwatch Program, de eBird et de la banque de données ÉPOQ.

Pourcentage estimé de déclin continu du nombre total d’individus matures sur [5 ans ou 2 générations, selon la période la plus longue, jusqu’à un maximum de 100 ans] :

  1. -31,9 % (IC à 95 % : -68,7 %, +5,0 %) sur 5 ans; ou
  2. -18,9 % (IC à 95 % : -36,5 %, -4,0 %) sur 5 ans

Déclin de 2014 à 2019 estimé d’après les résultats limités du BBS : (a) fondé sur les données du BBS recueillies sur 5 ans, (b) inféré en appliquant le taux de déclin à long terme du BBS à la période de 5 ans.

Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [10 dernières années ou 3 dernières générations, selon la période la plus longue, jusqu’à un maximum de 100 ans] :

  1. -53,7 % (IC à 95 % : -90,2, -10,3) sur 10 ans; ou
  2. -34,2 % (IC à 95 % : -59,6 %, -7,8 %) sur 10 ans

Déclin de 2009 à 2019 estimé d’après les résultats limités du BBS : (a) fondé sur les données du BBS recueillies sur 10 ans, (b) inféré en appliquant le taux de déclin à long terme du BBS à la période de 10 ans (voir la section Fluctuations et tendances).

Pourcentage [prévu ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des 10 prochaines années :

Déclin continu prévu à un taux similaire

Inféré d’après les effets anticipés des menaces à impact élevé-moyen.

Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours de toute période de 10 ans commençant dans le passé et se terminant dans le futur :

Déclin continu prévu à un taux similaire

Le déclin récent devrait se poursuivre à un taux similaire, inféré d’après les effets anticipés des menaces à impact élevé-moyen.

Est-ce que les causes du déclin sont clairement comprises?

Oui, pour la plupart

La perte et la dégradation de l’habitat forestier de reproduction et d’hivernage sont les principales causes.

Est-ce que les causes du déclin ont effectivement cessé?

Non

L’aménagement forestier dans les aires de reproduction et la dégradation de l’habitat dans les aires d’hivernage se poursuivent.

Est-ce que les causes du déclin sont clairement réversibles?

Non, plusieurs causes ne sont pas réversibles à court terme

Les perturbations de l’habitat causées directement par l’humain pourraient être réversibles à long terme, mais ce n’est probablement pas le cas des effets liés aux changements climatiques.

Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures?

Non

Information sur la répartition

Superficie estimée de la zone d’occurrence :

311 985 à 427 065 km2

Calculée en traçant un polygone convexe minimum autour des aires de reproduction connues (minimum) et potentielles (maximum).

Indice de zone d’occupation (IZO) :

(Fournissez toujours une valeur établie à partir d’une grille à carrés de 2 km de côté.)

968 à 54 208 km2

Établi d’après les sites de reproduction connus (minimum) et potentiels (maximum); la valeur réelle peut être plus près de l’estimation maximale :

La population totale est-elle gravement fragmentée, c.-à-d. que plus de 50 % de sa zone d’occupation totale se trouvent dans des parcelles d’habitat qui sont a) plus petites que la superficie nécessaire au maintien d’une population viable et b) séparées d’autres parcelles d’habitat par une distance supérieure à la distance de dispersion maximale présumée pour l’espèce?

  1. Non
  2. Non

Nombre de « localités »*(utilisez une fourchette plausible pour refléter l’incertitude, le cas échéant) :

Inconnu, mais probablement >>10

Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] de la zone d’occurrence?

Oui

Déclin observé et prévu, réduction démontrée par les données des atlas des oiseaux nicheurs (Whittam, 2015; Aubry et Shaffer, 2019).

Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] de l’indice de zone d’occupation?

Oui

Déclin observé et prévu, réduction démontrée par les données des atlas des oiseaux nicheurs des provinces maritimes (Whittam, 2015).

Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre de sous-populations?

Non

Sans objet; aucune sous-population

Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre de « localités »*?

Non

Compte tenu du fait que les menaces posées par les activités forestières ont des répercussions différentes sur de nombreuses zones relativement petites et qu’elles évoluent dans le paysage au fil du temps.

Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] de [la superficie, l’étendue ou la qualité] de l’habitat?

Oui, déclin continu observé et inféré de la superficie et de la qualité de l’habitat de reproduction et d’hivernage

Inféré d’après une modélisation des changements climatiques et les observations des altérations de l’habitat attribuables à l’aménagement forestier et au déboisement pour l’agriculture.

Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de sous-populations?

Non

Sans objet

Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de « localités »*?

Non

Y a-t-il des fluctuations extrêmes de la zone d’occurrence?

Non

Y a-t-il des fluctuations extrêmes de l’indice de zone d’occupation?

Non

* Voir « Définitions et abréviations du COSEPAC » sur le site Web et IUCN pour obtenir des précisions sur ce terme.

Nombre d’individus matures dans chaque sous-population
Sous-populations (aucune sous-population; estimations provinciales présentées ici) Nombre d’individus matures Remarques sur les estimations
Québec 14 000 à 59 700 Fondée sur les estimations révisées (Aubry, comm. pers., 2021).
Nouveau-Brunswick 5 100 à 21 800 Fondée sur les estimations révisées pour le Québec et la proportion de parcelles occupées lors du plus récent atlas des oiseaux nicheurs (Stewart et al., 2015).
Nouvelle-Écosse 2 200 à 9 500 Fondée sur les estimations révisées pour le Québec et la proportion de parcelles occupées lors du plus récent atlas des oiseaux nicheurs (Stewart et al., 2015).
Total 21 300 à 91 000 Fondée sur les estimations révisées pour le Québec, la nombre relatif de parcelles d’atlas occupées et les taux de déclin récents établis d’après les données du BBS.

Analyse quantitative

La probabilité de disparition de l’espèce à l’état sauvage est-elle d’au moins [20 % sur 20 ans ou 5 générations, selon la plus longue période, jusqu’à un maximum de 100 ans, ou 10 % sur 100 ans]?

Inconnue

Analyse non effectuée.

Menaces et facteurs limitatifs

Un calculateur des menaces a-t-il été rempli pour l’espèce?

Oui, le 7 septembre 2021

Impact global des menaces :

élevé-moyen

Les menaces pesant sur l’espèce suivantes ont été déterminées. Elles sont présentées ici en ordre décroissant de gravité et celles dont l’impact est négligeable ont été exclues (voir l’annexe 1) :

UICN 5. Utilisation des ressources biologiques (impact moyen-faible)

UICN 8. Espèces et gènes envahissants ou autrement problématiques (impact moyen-faible)

UICN 1. Développement résidentiel et commercial (impact faible)

UICN 2. Agriculture et aquaculture (impact faible)

UICN 3. Production d’énergie et exploitation minière (impact faible)

UICN 7. Modifications des systèmes naturels (impact inconnu)

UICN 9. Pollution (impact inconnu)

UICN 11. Changements climatiques et phénomènes météorologiques violents (impact inconnu)

Quels autres facteurs limitatifs sont pertinents?

Besoins écologiques spécialisés dans les aires de reproduction et d’hivernage, partitionnement de l’habitat selon le sexe dans les aires d’hivernage, productivité relativement faible de l’espèce qui ne produit qu’une seule couvée relativement petite, et rapport des sexes biaisé en faveur des mâles. L’utilisation de milieux sexospécifiques dans les aires d’hivernage peut exposer les femelles à un risque plus élevé de perte d’habitat.

Immigration de source externe (immigration de l’extérieur du Canada)

Situation des populations de l’extérieur les plus susceptibles de fournir des individus immigrants au Canada

Généralement en baisse

La majorité des populations sources potentielles dans le nord-est des États-Unis sont en baisse, mais certaines populations au Vermont sont stables ou en légère augmentation (Hill, 2020).

Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible?

Possible

Oui, les mouvements entre les populations sont probables en raison de l’importante dispersion natale observée (Studds et al., 2012).

Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre au Canada?

Oui

Les conditions au Canada sont similaires à celles des zones occupées par les populations sources aux États-Unis.

Y a-t-il suffisamment d’habitat disponible au Canada pour les individus immigrants?

Oui

Il semble que des zones d’habitat de reproduction potentiel sont disponibles au Québec (Aubry et al., 2018; Aubry, comm. pers., 2020).

Les conditions se détériorent-elles au Canada+?

Oui

Il y a un déclin continu de la superficie et de la qualité de l’habitat de reproduction causé par les activités forestières, les infestations de tordeuses des bourgeons de l’épinette et les changements climatiques.

Les conditions de la population source se détériorent-elles+?

Oui

La qualité de l’habitat est en baisse dans le nord-est des États-Unis en raison du flétrissement des peuplements de conifères en haute altitude et des effets prévus des changements climatiques.

La population canadienne est-elle considérée comme un puits+?

Inconnu

La possibilité d’une immigration depuis des populations externes existe-t-elle?

Non, improbable

La majorité des populations sources dans le nord-est des États-Unis sont en baisse.

+ See Table 3 (Guidelines for modifying status assessment based on rescue effect).

Nature délicate de l’information sur l’espèce

L’information concernant l’espèce est-elle de nature délicate?

Non

Historique du statut

Historique du statut selon le COSEPAC : Espèce désignée « préoccupante » en avril 1999. Réexamen du statut : l’espèce a été désignée « menacée » en novembre 2009. Réexamen et confirmation du statut en décembre 2022.

Statut et justification de la désignation

Remarque : Le statut recommandé est changé à « statut actuel » lorsque le rapport est finalisé à la réunion d’évaluation des espèces sauvages.

Statut : Menacée

Codes alphanumériques : A2bce+3bce+4bce

Justification de la désignation (2022) : L’aire de reproduction de cet oiseau chanteur est maintenant largement restreinte aux forêts en régénération en haute altitude, dans des portions du sud du Québec, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, ainsi que dans les montagnes adjacentes du nord-est des États-Unis. Selon les données de plusieurs relevés, le nombre de reproducteurs continue de diminuer de façon marquée, sous l’effet de la perte récente de sites de reproduction côtiers et d’anciens bastions de l’île du Cap-Breton. Les déclins devraient se poursuivent à cause d’une gamme de menaces : perte d’habitat d’hivernage boisé dans les îles des Caraïbes; répercussions de l’introduction de l’orignal au Cap-Breton et de rats non indigènes dans les aires d’hivernage; altération de l’habitat due à l’éclaircie précommerciale et à la conversion de forêts de sapins en plantations d’épinettes; conséquences des changements climatiques sur la composition des forêts.

Justification du changement de statut : Sans objet

Applicabilité des critères

Critère A (déclin du nombre total d’individus matures)

Correspond aux critères de la catégorie « Espèce menacée », A2bce+3bce+4bce, car le déclin du nombre d’individus matures a été estimé à plus de 30 % au cours des 10 dernières années d’après les données limitées recueillies dans le cadre du Relevé des oiseaux nicheurs et les résultats d’autres relevés ciblés; l’effectif de la population devrait continuer de baisser à un taux similaire au cours des 10 prochaines années, ce qui s’applique également à l’IZO, à la zone d’occurrence et à la qualité de l’habitat, et les effets des mammifères introduits contribuent également au déclin de la population.

Critère B (aire de répartition peu étendue et déclin ou fluctuation)

Sans objet. La zone d’occurrence estimée est supérieure aux seuils et, bien que l’estimation minimale de l’IZO soit inférieure à 2 000 km2, qu’il y ait un déclin continu inféré de l’IZO, de la zone d’occurrence, de la superficie et de la qualité de l’habitat, et qu’un déclin du nombre d’individus matures ait été observé, la population est présente dans plus de 10 localités, elle n’est pas gravement fragmentée et ne subit pas de fluctuations extrêmes.

Critère C (nombre d’individus matures peu élevé et en déclin)

Sans objet. L’estimation de la population minimale est de 21 300 individus matures, ce qui est supérieur aux seuils.

Critère D (très petite population totale ou répartition restreinte)

Sans objet. L’estimation de la population minimale (21 300 individus matures) et l’IZO sont supérieurs aux seuils.

Critère E (analyse quantitative)

Sans objet. Analyse non effectuée.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsables des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2022)

Espèce sauvage
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’un autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.
Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.
Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.
En voie de disparition (VD)*
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.
Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.
Préoccupante (P)**
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.
Non en péril (NEP)***
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.
Données insuffisantes (DI)****
Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.

* Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.

** Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.

*** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.

**** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».

***** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

Le Service canadien de la faune d’Environnement et Changement climatique Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

Description et importance de l’espèce sauvage

Nom et classification

Nom scientifique : Catharus bicknelli

Nom français : Grive de Bicknell

Nom anglais : Bicknell’s Thrush

Classe : Oiseaux

Ordre : Passériformes

Famille : Turdidés

Relativement petite et élancée par rapport à ses congénères, la Grive de Bicknell est une espèce sœur de la Grive à joues grises (C. minimus), dont elle a été considérée comme une sous-espèce jusqu’en 1995 (AOU, 1995). La Grive de Bicknell a été reconnue comme une espèce distincte d’après les données de Ouellet (1993) mettant en évidence des différences morphométriques, comportementales, génétiques, de vocalisation et de répartition. Un cas d’hybridation avec la Grive fauve (C. fuscescens) a été inféré à partir de données génétiques et des vocalisations d’un individu (Martinsen et al., 2018), et Fitzgerald et al. (2017) ont fait état d’un hybride présumé, issu d’un croisement avec la Grive à joues grises, en se fondant sur des données génétiques.

Description morphologique

La Grive de Bicknell est une petite grive du genre Catharus. Les deux sexes sont semblables, mais la corde de l’aile est légèrement plus courte chez la femelle (Frey et al., 2008). Le mâle pèse 28,2 g en moyenne et la femelle a un poids moyen de 32 g (Townsend et al., 2020). La longueur moyenne de la corde de l’aile est de 92,9 mm chez le mâle et de 87,8 mm chez la femelle (Townsend et al., 2020). Le plumage de la Grive de Bicknell est brun olive à brunâtre sur le dessus (tête, nuque et dos), ce qui contraste légèrement avec la queue teintée de marron (photo de la couverture; Townsend et al., 2020). La poitrine est pâle, teintée de chamois, et porte des taches sombres plus diffuses vers les côtés et le bas de la poitrine, et les flancs sont grisâtres. La Grive de Bicknell a des joues grises, un anneau oculaire gris pâle, un bec bicolore et des tarses roses.

Bien que la coloration du plumage permette de distinguer la Grive de Bicknell de la Grive à joues grises (par exemple Todd, 1963), il est difficile d’identifier ces espèces de façon fiable sur le terrain en se fondant sur ce critère (Townsend et al., 2020). Il est préférable d’identifier la Grive de Bicknell par son chant fluté et aigu qui est habituellement composé de quatre phrases et se termine par une légère montée. La longueur de l’aile peut être utilisée pour identifier la majorité des individus dans la main, puisque la corde de l’aile est habituellement supérieure à 95 mm chez la Grive à joues grises, tandis qu’elle est inférieure à 95 mm chez 85 % des Grives de Bicknell (Ouellet, 1993). Il peut toutefois y avoir un chevauchement de la longueur de l’aile chez les jeunes Grives à joues grises femelles et les Grives de Bicknell adultes mâles (Townsend et al., 2020).

Structure spatiale et variabilité de la population

Aucune sous-espèce de la Grive de Bicknell n’a été décrite (Townsend et al., 2020). Todd (1963) estime que le plumage des individus de l’État de New York et de la Nouvelle-Angleterre est plutôt brun fauve par rapport à celui des individus des provinces maritimes et du sud-est du Québec, qu’il décrit comme étant brun olive et plus froid. Il n’a pas été établi si cette possible variation nord-sud de la couleur du plumage constitue un véritable cline ou si ces colorations se rencontrent dans l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce (Townsend et al., 2020).

Unités désignables

La Grive de Bicknell était considérée comme formant une seule unité désignable (UD) au Canada lors des évaluations antérieures (par exemple COSEWIC, 2009). Étant donné qu’il n’y a pas de sous-espèce (Townsend et al., 2020), que les populations nicheuses se mélangent beaucoup dans les aires d’hivernage comme le suggèrent les ratios de deutérium (Hobson et al., 2001) et qu’il n’y a aucune donnée probante indiquant des différences génétiques ou morphologiques concrètes et importantes du point de vue évolutif chez la Grive de Bicknell au Canada, l’espèce est de nouveau traitée comme une seule et même unité désignable dans le présent document.

Importance de l’espèce

Selon McFarland et al. (2018), la Grive de Bicknell est l’un des oiseaux chanteurs migrateurs néarctiques-néotropicaux courant le plus grand risque de disparition, en raison de son aire de répartition limitée, de ses besoins stricts en matière d’habitat, de son système de reproduction inhabituel et des menaces liées à la diminution de la disponibilité de l’habitat. Dans l’ensemble, le Canada a une responsabilité élevée à l’égard de la conservation de la Grive de Bicknell. Aucune connaissance traditionnelle autochtone accessible au public n’a été relevée en ce qui concerne la Grive de Bicknell. L’espèce fait toutefois partie des écosystèmes canadiens qui sont importants pour les peuples autochtones, qui reconnaissent l’interdépendance de toutes les espèces au sein de ces écosystèmes.

Répartition

Aire de répartition mondiale

La Grive de Bicknell est une espèce endémique à l’Amérique du Nord qui se reproduit dans le nord-est du continent et hiverne dans les Caraïbes. Elle se reproduit dans le sud du Québec, le nord du Nouveau-Brunswick et le nord de la Nouvelle-Écosse (île du Cap-Breton) dans l’est du Canada, ainsi que dans le nord de l’État de New York, du Vermont, du New Hampshire et du Maine, dans le nord-est des États-Unis (figures 1 et 2). L’espèce hiverne seulement dans les Grandes Antilles de la mer des Caraïbes, ce qui comprend Cuba, la Jamaïque, Puerto Rico, Haïti et la République dominicaine (figures 1 et 3).

Lors de la migration automnale, la majorité des Grives de Bicknell se déplace vers le sud et longe la côte atlantique des États-Unis jusqu’en Virginie (Bégin-Marchand et al., 2020). C’est à partir du sud-est des États-Unis qu’elles traversent la mer pour rejoindre les Grandes Antilles. Au printemps, les oiseaux migrent vers le nord et semblent suivre une trajectoire côtière les menant de la Floride à la Virginie; le nombre d’individus dénombrés dans cette région au printemps est deux fois plus élevé qu’à l’automne (Townsend et al., 2020).

Carte de l’est de l’Amérique du Nord montrant les aires de reproduction, d’hivernage et de migration mondiales de la Grive de Bicknell. La description longue suit ci dessous.

Figure 1. Aires de reproduction, d’hivernage et de migration mondiales de la Grive de Bicknell (extrait de Townsend et al., 2020). La couleur saumon représente les aires de reproduction, le bleu, les aires d’hivernage, et le jaune, les voies migratoires de l’espèce.

Description longue

Carte montrant les aires de reproduction, d’hivernage et de migration mondiales de la Grive de Bicknell dans l’est de l’Amérique du Nord.

Les aires de reproduction de la Grive de Bicknell comprennent trois grandes aires dans l’est du Canada et trois aires plus petites, juste au sud de la frontière des États‑Unis, dans le nord de l’État de New York, au Vermont, au New Hampshire et dans le Maine. Il y a aussi deux aires très petites, l’une au centre du Maine et l’autre dans l’État de New York. L’aire de reproduction la plus vaste est une bande qui s’étend de l’ouest du golfe du Saint‑Laurent vers le sud‑ouest, légèrement à l’intérieur des terres, le long de la rive nord du fleuve Saint‑Laurent, jusqu’au nord de la ville de Québec. La deuxième aire la plus vaste couvre la majeure partie de la Gaspésie et s’étend vers le sud‑est jusqu’au centre‑nord du Nouveau‑Brunswick. La plus petite aire canadienne couvre l’ensemble du Cap‑Breton.

Les aires d’hivernage comprennent plusieurs grandes îles de la mer des Caraïbes (l’extrémité sud de Cuba, l’ensemble d’Haïti et de la République dominicaine), et il y a également deux très petites aires à l’extrémité sud‑est de la Jamaïque et à l’extrémité est de Porto Rico.

L’aire de migration est une bande qui s’étend de la limite sud des aires de reproduction de l’État de New York, du Vermont, du New Hampshire et du Maine, et longe la côte est des États‑Unis, rétrécissant progressivement jusqu’à la pointe sud de la Floride.

Carte du nord est de l’Amérique du Nord montrant les aires de reproduction modélisées de la Grive de Bicknell. La description longue suit ci dessous.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Bicknell’s Thrush Breeding Distribution and Extent of Occurrence = Aires de reproduction et zone d’occurrence de la Grive de Bicknell

Modelled Breeding Range in Canada = Aires de reproduction modélisée au Canada

Modelled Breeding Range in the United States = Aires de reproduction modélisée aux États-Unis

Breeding Bird Atlas Squares with Breeding Evidence = Parcelles d’atlas des oiseaux nicheurs avec indices de nidification

Extent of Occurrence in Canada = Zone d’occurrence au Canada

EOO (minimum convex polygon) : 427,065 km2 = Zone d’occurrence (polygone convexe minimum) : 427 065 km2

Figure 2. Aires de reproduction modélisées de la Grive de Bicknell dans le nord-est de l’Amérique du Nord (extrait d’ECCC, 2020). Les points noirs correspondent à des parcelles d’atlas de 10 x 10 km pour lesquelles des indices de nidification de la Grive de Bicknell ont été rapportés dans le cadre des récents atlas des oiseaux nicheurs des provinces maritimes (Stewart et al., 2015) et du Québec (Robert et al., 2019). La superficie maximale estimée de la zone d’occurrence au Canada est illustrée par un polygone convexe minimum tracé autour des aires de reproduction modélisées (gracieuseté de S. Allen, Secrétariat du COSEPAC).

Description longue

Carte montrant les aires de reproduction modélisées de la Grive de Bicknell au Canada et aux États‑Unis ainsi que la zone d’occurrence de l’espèce au Québec et dans les provinces maritimes.

Les aires de reproduction modélisées au Canada comprennent six grandes aires, dont quatre au Québec : la plus grande couvre la majeure partie de la Gaspésie, la deuxième plus grande est immédiatement au nord de la ville de Québec, et la troisième s’étend des environs du fleuve Saint‑Laurent vers l’intérieur des terres jusqu’au nord de la rivière Saguenay. L’aire la plus septentrionale est située dans les environs de Sept‑Îles, près de l’embouchure du fleuve Saint‑Laurent. Une aire plus petite couvre le centre‑nord du Nouveau‑Brunswick, et l’aire la plus petite et la plus à l’est correspond au quart nord‑ouest du Cap‑Breton. Il y a quelques très petites aires au nord‑ouest de Montréal, le long de la frontière du New Hampshire et du Maine, de même qu’au sud‑est de la ville de Québec et au sud de Rivière‑du‑Loup, tout près de la frontière du Maine.

Toutes ces aires, sauf une, correspondent à des parcelles d’atlas des oiseaux nicheurs pour lesquelles des indices de nidification ont été rapportés : aucun indice de nidification n’a été rapporté dans les parcelles d’atlas qui correspondent à l’aire de reproduction modélisée la plus au nord, près de Sept‑Îles. Quelques parcelles se trouvent à l’extérieur des aires de reproduction modélisées, et la majeure partie d’entre elles forment la limite sud du polygone convexe minimum tracé autour des aires de reproduction modélisées.

Le point le plus à l’ouest du polygone est au nord‑ouest de Montréal, et le point le plus au nord est dans la région de Sept‑Îles. Le point le plus à l’est se trouve au Cap‑Breton. De là, le polygone s’étend vers le sud‑ouest, traversant la baie de Fundy jusqu’à un point au nord de l’embouchure de la baie, à la frontière du Maine. Le polygone traverse ensuite le Maine, en direction du sud‑ouest, jusqu’à un point sur la frontière du Vermont.

La carte montre également des aires de reproduction modélisées aux États‑Unis, notamment dans les monts Adirondack, dans l’État de New York, une ligne traversant le Vermont vers le sud, un regroupement de nombreuses aires dans le New Hampshire et une partie du Maine, et quelques aires dans le centre du Maine et dans l’État de New York, au sud d’Albany. 

Carte montrant les aires d’hivernage modélisées de la Grive de Bicknell et les sites connus pour être occupés par l’espèce dans les îles des Caraïbes. La description longue suit ci dessous.

Figure 3. Aires d’hivernage modélisées de la Grive de Bicknell dans les îles des Grandes Antilles de la mer des Caraïbes (extrait d’ECCC, 2020). Les triangles rouges indiquent des sites connus pour être occupés (McFarland et al., 2013).

Description longue

Carte montrant les aires d’hivernage modélisées et les sites connus pour être occupés par la Grive de Bicknell dans les îles de la mer des Caraïbes.

Les sites d’hivernage les plus au nord sont à Cuba. Une très petite aire d’hivernage modélisée se trouve près du centre de l’île. Il y a deux aires plus étendues à l’extrémité sud de l’île, chacune ne comptant qu’un seul site connu pour être occupé.

Les plus grandes aires d’hivernage modélisées se trouvent à Haïti et en République dominicaine. Il s’agit de quatre aires allongées qui s’étendent du nord‑ouest au sud‑est sur presque toute la longueur de l’île. Il y a des sites connus pour être occupés dans chacune de ces aires. L’aire la plus vaste est située au milieu de l’île, du côté de la République dominicaine; elle semble former une ligne continue avec la plus grande aire de Cuba, qui se trouve à environ 120 kilomètres au nord‑ouest.

Une autre aire d’hivernage modélisée couvre une grande partie de l’île de la Jamaïque, à environ 200 km à l’ouest du point le plus à l’ouest d’Haïti, mais seulement deux sites connus pour être occupés sont indiqués sur la carte. Ils sont situés à proximité l’un de l’autre, sur la côte sud‑est de l’île.

La situation est sensiblement la même à Porto Rico, une île située à environ 150 km à l’est de la pointe sud‑est de la République dominicaine et à une latitude semblable à celle de la Jamaïque, où les aires d’hivernage modélisées couvrent la majeure partie de l’île et ne comptent que trois sites connus pour être occupés, lesquels sont tous près de la pointe la plus à l’est. 

Aire de répartition canadienne

Selon les prévisions modélisées, environ 95 % de l’habitat de reproduction actuellement disponible pour la Grive de Bicknell se trouverait au Canada (ECCC, 2020). Au Québec, la Grive de Bicknell se reproduit dans des peuplements denses à dominance de sapin baumier qui se rencontrent en altitude dans les Appalaches, depuis les monts Sutton jusqu’à la Gaspésie. Sur la rive nord du Saint-Laurent, la Grive de Bicknell a été observée depuis le mont Tremblant jusqu’aux hauts plateaux au nord-ouest de Sept-Îles. L’aire de reproduction est fragmentée naturellement par des zones de basses terres et des milieux où le sapin baumier (Abies balsamea) est absent. De vastes étendues de territoire situées entre les sommets des Appalaches et entre le mont Tremblant et les hautes terres laurentiennes en sont donc exclues. Au nord de la rivière Saguenay, l’espèce est également absente d’un vaste territoire compris entre les monts Valin et le plateau de Port-Cartier–Sept-Îles. Pendant la période de reproduction, la Grive de Bicknell n’a pas été signalée aux îles de la Madeleine, dans le golfe du Saint-Laurent, depuis 1989. Elle a également disparu de certains sites côtiers qui étaient occupés lors du premier Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional (figure 4).

Carte du sud du Québec montrant les sites de nidification possibles, probables et confirmés de la Grive de Bicknell. La description longue suit ci dessous.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Breeding Evidence = Indices de nidification

Possible = Possible

Probable = Probable

Confirmed = Confirmée

Found in second atlas only = Deuxième atlas uniquement

Found in first atlas only = Premier atlas uniquement

Figure 4. Aire de reproduction de la Grive de Bicknell dans le sud du Québec au cours de la période de 2010 à 2014 couverte par le Deuxième atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional (Robert et al., 2019). Les points noirs (n = 36) correspondent à des parcelles de 10 x 10 km pour lesquelles des indices de nidification de la Grive de Bicknell ont été rapportés dans le cadre du premier atlas (1984 à 1989), mais pas du deuxième, et les points jaunes (n = 33) indiquent les parcelles de 10 x 10 km pour lesquelles des indices de nidification ont été rapportés lors du deuxième atlas, mais pas du premier.

Description longue

Carte du sud du Québec montrant les parcelles pour lesquelles des indices de nidification possible, probable et confirmée de la Grive de Bicknell ont été rapportés lors du Deuxième atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional, de 2010 à 2014.

Sur cette carte, la plus grande zone où des indices de nidification ont été rapportés est au nord de la ville de Québec; cette zone comprend des sites de nidification possibles et probables et un plus petit nombre de sites de nidification confirmés. La deuxième zone la plus étendue est en Gaspésie. Il y a aussi de plus petits regroupements de sites de nidification possibles et probables au nord de la plus grande zone située immédiatement au nord de la ville de Québec, au nord‑ouest de Montréal, directement au sud de la ville de Québec, et le long des frontières du New Hampshire et du Maine, dans le sud du Québec. Les sites de nidification confirmés constituent la minorité dans toutes les régions.

La carte montre 36 parcelles où la Grive de Bicknell a été signalée dans le cadre du premier atlas (1984 à 1989), mais pas du deuxième (2010 à 2014). Celles‑ci sont principalement concentrées dans les régions de Québec et de la Gaspésie, mais elles sont aussi réparties un peu plus largement dans le sud du Québec. La carte montre également 33 parcelles où l’espèce a été signalée lors du deuxième atlas, mais pas du premier. 

Au Nouveau-Brunswick, la Grive de Bicknell se reproduit principalement dans l’écorégion des hautes terres et quelques individus fréquentent des sites de reproduction dispersés dans l’écorégion du bas-plateau du Nord. L’observation la plus récente faite en période estivale le long de la baie de Fundy est un individu chanteur signalé dans le parc national du Canada de Fundy en juillet 2009 (eBird, 2021). En Nouvelle-Écosse, l’habitat de reproduction se concentre dans les hautes terres de l’île du Cap-Breton et l’espèce a été observée à quelques reprises sur l’île St. Paul (aucune observation depuis 2010) et l’île Scatarie (le déploiement d’enregistreurs automatisés en 2018 et en 2019 a mené à une détection « probable » en 2019; L. Achenbach, données inédites). La Grive de Bicknell n’a pas été observée aux sites côtiers du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse (cap Fourchu, îles Seal et Outer) pendant la période de reproduction depuis 1935, et la dernière observation faite à West Advocate, dans la baie de Fundy, date de 1988 (eBird, 2021). L’espèce a disparu des autres sites côtiers de la baie de Fundy, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, qu’elle occupait lors du premier Atlas des oiseaux nicheurs des provinces maritimes (1986 à 1990; figure 5).

Carte du Nouveau Brunswick, de l’Île du Prince Édouard et de la Nouvelle Écosse montrant les sites de nidification de la Grive de Bicknell, de 2006 à 2010. La description longue suit ci dessous.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Breeding Evidence = Indices de nidification

Possible = Possible

Probable = Probable

Confirmed = Confirmé

Found in second atlas only = Deuxième atlas uniquement

Found in first atlas only = Premier atlas uniquement

Figure 5. Aire de reproduction de la Grive de Bicknell dans les provinces maritimes (Nouveau-Brunswick, Île-du-Prince-Édouard et Nouvelle-Écosse) au cours de la période de 2006 à 2010 du Deuxième atlas des oiseaux nicheurs des provinces maritimes (Stewart et al., 2015). Les points noirs (n = 60) correspondent à des parcelles de 10 x 10 km pour lesquelles des indices de nidification de la Grive de Bicknell ont été rapportés dans le cadre du premier atlas (1986 à 1990), mais pas du deuxième, et les points jaunes (n = 13) indiquent les parcelles de 10 x 10 km pour lesquelles des indices de nidification ont été rapportés lors du deuxième atlas, mais pas du premier.

Description longue

Carte du Nouveau‑Brunswick, de l’Île‑du‑Prince‑Édouard et de la Nouvelle‑Écosse montrant les parcelles pour lesquelles des indices de nidification de la Grive de Bicknell ont été rapportés lors du Deuxième atlas des oiseaux nicheurs des provinces maritimes, de 2006 à 2010.

La plus grande zone où des indices de nidification ont été rapportés est au centre‑nord du Nouveau‑Brunswick. Celle‑ci compte principalement des sites de nidification possibles et seulement un petit nombre de sites de nidification probables et confirmés. La deuxième plus grande zone couvre la pointe nord‑est du Cap‑Breton et, là encore, les sites de nidification possibles prédominent et il n’y a que quelques sites de nidification probables et confirmés.

Une zone plus petite ne comptant qu’un petit nombre de sites de nidification possibles est située au nord‑ouest de la plus grande zone dans le centre‑nord du Nouveau‑Brunswick, le long de la frontière du Québec. Il y a un très petit regroupement de sites de nidification possibles dans l’archipel de Grand Manan, à l’embouchure de la baie de Fundy.

La carte montre également 60 parcelles où la Grive de Bicknell a été observée lors du premier atlas (1986 à 1990), mais pas du deuxième (2006 à 2010). Celles‑ci sont situées à proximité et à l’intérieur de parcelles pour lesquelles des indices de nidification ont été rapportés lors du deuxième atlas, mais certaines se trouvent dans des zones où aucun indice de nidification n’a été rapporté lors du deuxième atlas, y compris le long de la rive nord de la baie de Fundy, dans la partie sud du Cap‑Breton, et à deux endroits sur l’Île‑du‑Prince‑Édouard. Il y a aussi 13 parcelles où la Grive de Bicknell a été observée lors du deuxième atlas, mais pas du premier, lesquelles font toutes partie des grandes zones. 

Zone d’occurrence et zone d’occupation

Selon les estimations, la zone d’occurrence actuelle de la Grive de Bicknell s’étendrait sur 311 985 à 427 065 km2. La superficie de la zone d’occurrence a été estimée en traçant un polygone convexe minimum autour des aires de reproduction connues au Canada (figure 2). La valeur minimale est fondée sur un polygone tracé autour des parcelles de 10 x 10 km pour lesquelles des indices de nidification de la Grive de Bicknell ont été rapportés lors des plus récents atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional (Robert et al., 2019) et des provinces maritimes (Stewart et al., 2015). La valeur maximale est fondée sur un polygone tracé autour des zones susceptibles de constituer un habitat de reproduction convenable, lesquelles ont été identifiées au moyen du modèle utilisé dans le cadre du Programme de rétablissement de la Grive de Bicknell (ECCC, 2020). La zone d’occurrence réelle est probablement plus proche de l’estimation minimale, laquelle repose sur des observations, que de l’estimation maximale fondée sur l’habitat, puisque les sites présentant un habitat apparemment convenable ne sont pas tous occupés.

Précédemment, la zone d’occurrence avait été estimée à 297 000 km2 (COSEWIC, 2009) à l’aide de méthodes différentes (des individus nichant aux États-Unis avaient été pris en considération dans le calcul), de sorte que ces estimations ne peuvent pas être comparées directement. Toutefois, il est probable que la zone d’occurrence ait diminué légèrement depuis, car les données recueillies dans le cadre des atlas des oiseaux nicheurs (Whittam, 2015; Aubry et Shaffer, 2019) font état de pertes dans plusieurs régions, notamment dans le sud de l’île du Cap-Breton (figure 5).

L’indice de zone d’occupation (IZO) de la Grive de Bicknell au Canada a été établi en superposant un quadrillage à carrés de 2 km de côté sur les sites de reproduction possibles de l’espèce. Un IZO minimal de 484 km2 peut être estimé en comptabilisant un carré de 2 km de côté pour chaque carré de 10 km de côté qui était occupé lors des plus récents atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional (Robert et al., 2019) et des provinces maritimes (Stewart et al., 2015). Cette approche donne lieu à une sous-estimation de l’IZO. Il est probable que chaque parcelle d’atlas occupée contienne plus d’un carré de 2 km de côté, puisque les Grives de Bicknell ont tendance à se rassembler là où l’habitat est convenable et que les parcelles dans lesquelles se trouvent des zones d’habitat de reproduction potentiel n’ont pas toutes fait l’objet de relevés. Selon l’estimation minimale, la population canadienne de Grives de Bicknell compterait 21 300 individus matures, ce qui se traduit par une densité d’environ 44 individus par km2 (0,44 par hectare), soit près du double des densités estimées par Aubry dans plusieurs régions du Québec (tableau 1). Pour compenser cette sous-estimation probable, l’estimation minimale a été doublée, établissant ainsi l’IZO à 968 km2. L’IZO maximal de 54 208 km2 a été estimé en superposant un quadrillage à carrés de 2 km de côté sur l’ensemble de la zone d’habitat modélisée (ECCC, 2020; figure 2). La valeur réelle de l’IZO se situe probablement au milieu de cette plage, puisque l’IZO maximal de 54 208 km2 est fondé sur l’habitat convenable disponible, dont une bonne partie est apparemment inoccupée.

Tableau 1. Estimations de densité de la Grive de Bicknell (individus matures/hectare) inférées à partir des données de relevés de dénombrement ponctuel effectués au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse
Province Site ou région Densité (n)Note de bas de page 1 : <800 m au-dessus du niveau de la mer Densité (n)Note de bas de page 1 : >800 m au-dessus du niveau de la mer Référence
Québec Mégantic/Gosford --Note de bas de page 2 0,16 (57)-0,50 (131) Aubry (données inédites, 2003, 2008)
Québec Appalaches sud 0,05 (60) 0,16Note de bas de page 3 Aubry (données inédites, 2013)
Québec Massif du Sud 0,07 (111)-0,16 (26) 0,15 (35)-0,26 (39) Aubry (données inédites, 2008, 2010, 2011)
Québec Rimouski 0 (60) --Note de bas de page 2 Aubry (données inédites, 2013)
Québec Gaspésie 0,01 (379)-0,11 (40) 0,16 (10)-0,22 (16) Aubry (données inédites, 2001, 2005)
Québec Mont Tremblant 0,002Note de bas de page 4 0,002Note de bas de page 4 eBird
Québec Plateau laurentien 0,03Note de bas de page 5 0,02 (46)-0,13 (37) Aubry (données inédites, 2013, 2014)
Québec Monts Valin 0,03 (208)-0,08 (92) 0,06 (104)-0,29 (20) Aubry (données inédites, 2012, 2013)
Québec Sept-Îles/Port-Cartier 0,002 (401) --Note de bas de page 2 Aubry (données inédites, 2006)
Québec Massif du Sud 0,14 (210) Sans objet Aubry et al. (2016)
Québec Mont Gosford 0,22 (129)-0,50 (129) Sans objet Aubry et al. (2016)
Québec Monts Sutton -- Sans objet eBird
Nouveau-Brunswick Hautes terres du Nouveau-Brunswick 0,16 Sans objet Nixon et al. (2001)
Nouveau-Brunswick Hautes terres du Nouveau-BrunswickNote de bas de page 6 0,04-0,08 Sans objet Kouwenberg (2020)
Nouveau-Brunswick Hautes terres du Nouveau-BrunswickNote de bas de page 7 0,06-0,11 Sans objet Kouwenberg (2020)
Nouvelle-Écosse Hautes terres de l’île du Cap-Breton et île ScatarieNote de bas de page 6 0,04-0,10 Sans objet Kouwenberg (2020)
Nouvelle-Écosse Hautes terres de l’île du Cap-Breton et île ScatarieNote de bas de page 7 0,01 Sans objet Kouwenberg (2020)

Lors de la dernière évaluation de la situation de l’espèce (COSEWIC, 2009), l’IZO avait été estimé à 48 850 km2 au moyen d’un modèle prédictif de l’habitat de reproduction, et cette estimation a été citée dans le Programme de rétablissement de la Grive de Bicknell (ECCC, 2020). Cette estimation de l’IZO ne peut être comparée directement avec l’estimation actuelle puisque les méthodes de calcul diffèrent. Toutefois, l’IZO réel est probablement en baisse dans les provinces maritimes, compte tenu du grand nombre de parcelles où l’espèce avait été observée dans le cadre du premier atlas, mais pas lors du deuxième (figure 5), et ce, malgré l’accroissement des activités de recherche (Whittam, 2015). Au Québec, l’intensification des activités de recherche au cours du deuxième atlas a permis de trouver la Grive de Bicknell dans 21 parcelles de plus que lors du premier atlas. Cependant, il semble que la zone d’occupation ait diminué dans une grande partie du Québec puisque, lors du deuxième atlas, l’espèce n’a pas été observée aux îles de la Madeleine ainsi qu’à plusieurs sites qu’elle occupait dans les régions de la Gaspésie et de la Côte-Nord (Aubry et Shaffer, 2019; figure 4).

Biologie et utilisation de l’habitat

L’écologie de la Grive de Bicknell est méconnue parce que l’espèce se rencontre dans des régions éloignées, qu’elle préfère les zones de végétation dense et les pentes abruptes, et qu’il est difficile d’observer le comportement des individus détectés.

Le Vermont Centre for Ecostudies a mené des études approfondies sur la biologie de reproduction des Grives de Bicknell occupant quelques-unes des plus hautes montagnes de la Nouvelle-Angleterre, et des données ont été recueillies sur une longue période au mont Mansfield, au Vermont (Wallace, 1939; Hill et al., 2019; Townsend et al., 2020). Au Québec, la plupart des recherches portent sur les populations du mont Gosford, du Massif du Sud, de la mine Madeleine, du mont Copper et des hautes terres laurentiennes (par exemple Aubry et al., 2011; idem, 2016; idem, 2018). Les populations de l’écorégion des hautes terres du Nouveau-Brunswick sont les plus étudiées dans les provinces maritimes (par exemple Nixon et al., 2001; Chisholm et Leonard, 2008; McKinnon et al., 2014). Les chercheurs du Vermont Centre for Ecostudies ont mené des travaux de recherche considérables dans les aires d’hivernage de l’espèce, et plus particulièrement en République dominicaine (par exemple Townsend et al., 2010; idem, 2011; McFarland et al., 2013; idem, 2018).

Bien que l’appariement d’une femelle à plusieurs mâles ait été rapporté chez d’autres grives du genre Catharus (par exemple Grive fauve; Halley et al., 2016), la polygynandrie avec défense du territoire par la femelle est un système de reproduction inhabituel qui semble être la norme chez la Grive de Bicknell (Goetz et al., 2003). Ce régime d’appariement entre une femelle et jusqu’à quatre mâles est très dynamique, et certains mâles vont nourrir deux nichées simultanément (Askanas, 2012; Townsend et al., 2020; Y. Aubry, données inédites). Il y a une corrélation négative entre le nombre de mâles fournissant de la nourriture et l’abondance des proies (Strong et al., 2004). Les mâles ne sont pas territoriaux au sens classique du terme; leurs domaines vitaux se chevauchent largement, tandis que les femelles défendent leur territoire contre les femelles conspécifiques, en particulier pendant les périodes de nidification et de ponte (Townsend et al., 2020).

Cycle vital et reproduction

Le record de longévité de la Grive de Bicknell est de 11 ans et 11 mois (Lutmerding et Love, 2013). La maturité sexuelle est atteinte au cours de la deuxième année alors que les individus ont un peu moins d’un an. Bird et al. (2020) ont estimé que la durée d’une génération est de 2,32 ans en se fondant sur un taux de survie annuel de 0,58, l’âge à la première reproduction de 1 an et une longévité maximale de 8,77 ans.

Au Nouveau-Brunswick (n = 12; McKinnon et al., 2014) et au Vermont (n = 103; Townsend et al., 2020), la Grive de Bicknell niche dans des peuplements de conifères denses à dominance de sapin baumier, où le bouleau à papier (Betula papyrifera) est une essence secondaire. Au Vermont, 87 % des nids sont construits dans des sapins baumiers ou des arbustes (hauteur moyenne : 3,2 m; écart-type : ±1,6 m) sur des pentes abruptes d’une moyenne de 18,7° (écart-type : ±10,4°). La femelle construit seule le nid, une coupe ouverte de bonne taille qui est habituellement accolée au tronc et supportée par des branches horizontales. Un nouveau nid est construit chaque année et il est fréquent qu’une nouvelle tentative de nidification ait lieu après l’échec du premier nid (Townsend et al., 2020). Bien que les Grives de Bicknell aient tendance à se regrouper et qu’il y ait un chevauchement des domaines vitaux des mâles, rien n’indique qu’elles construisent leurs nids à proximité les uns des autres étant donné que le chevauchement des territoires des femelles est minime (Townsend et al., 2020). La superficie moyenne des territoires des femelles est de 18,1 ±5,3 ha (n = 9; Ward, 2020) au Nouveau-Brunswick, tandis qu’elle est de 13,9 ±2,4 ha (n = 16; Aubry et al., 2011) au Québec.

Au Vermont, les mâles regagnent leur aire de reproduction au terme de leur migration printanière au plus tôt à la mi-mai et les femelles arrivent environ une semaine plus tard (Townsend et al., 2020). La date de construction d’un nid la plus hâtive rapportée dans cet État est le 1er juin, et la ponte avait commencé au cours des trois premières semaines de juin dans le cas de 71 % des 89 couvées suivies. Les couvées comptent trois ou quatre œufs (moyenne : 3,6; écart-type : ±0,49, n = 59) et la durée de l’incubation est de 9 à 14 jours (moyenne : 12; écart-type : ±1,6, n = 8; Wallace, 1939). La femelle s’occupe seule de l’incubation et de la couvaison, mais les deux sexes nourrissent les oisillons et les jeunes. Les mâles peuvent nourrir deux nichées simultanément ou consécutivement (Goetz et al., 2003; Y. Aubry, données inédites). Au Vermont, les oisillons prennent leur premier envol de 9 à 13 jours après l’éclosion (moyenne : 11,4; écart-type : ±1,3, n = 17), et les jeunes avaient quitté 70 % des nids en date du 14 juillet (n = 53; Wallace, 1939; Townsend et al., 2020). Au Québec, les jeunes quittent le nid entre le 8 et le 24 juillet (n = 6; Y. Aubry, données inédites dans Townsend et al., 2020). Les nouvelles tentatives de nidification sont fréquentes au Vermont, mais la réussite d’une deuxième couvée n’a été rapportée qu’une seule fois (Townsend et al., 2020).

Le taux de survie annuel apparent des adultes d’une population de Grives de Bicknell au Vermont était de 0,61 (IC : 0,54-0,68; n = 178 adultes) sur une période de 14 ans (Hill et al., 2019). Un taux de survie apparent de 0,34 ±0,06 pour les individus dans leur deuxième année et de 0,48 ±0,07 pour les adultes (individus âgés de plus de deux ans) a été rapporté en Gaspésie, au Québec (Townsend et al., 2020). À partir de données recueillies dans la Sierra de Barohuco, en République dominicaine, Townsend et al. (2020) ont estimé un taux de survie de 72,9 % (±14,3 % erreur-type) à l’aide des modèles de Cormack-Jolly-Seber, et les estimations des paramètres variaient, en moyenne, de 68,4 % à 79,7 % pour tous les modèles. Il n’y a pas de données disponibles sur le taux de survie des juvéniles parce qu’il est difficile de retrouver des individus de retour de leur migration. La philopatrie est faible au Vermont; le taux de retour des individus bagués au stade d’oisillons ou de jeunes dépendants est de 2,6 % (n = 115; Townsend et al., 2020).

La productivité de la reproduction est relativement faible. Le nombre moyen de jeunes à l’envol par nid est de 2,1 ±1.37 écart-type (plage 0 à 4, n = 30) au mont Stratton, et de 1,5 ±1,59 écart-type (plage 0 à 4, n = 46) au mont Mansfield, au Vermont. Bien qu’il s’agisse d’estimations minimales, il appert que le succès de reproduction annuel de la Grive de Bicknell est faible. D’après des recherches menées en 1998 et en 1999, Townsend et al. (2020) précisent que parmi 21 mâles ayant une progéniture connue dans différents nids, 13 (62 %) avaient un lien de paternité avec un seul oisillon, 4 (19 %) avaient 2 descendants, 3 (14 %) avaient 3 descendants, et 1 mâle (5 %) avait 4 descendants.

L’écureuil roux (Tamiasciurus hudsonicus) est l’un des principaux prédateurs de nids de la Grive de Bicknell, et les effectifs de cette espèce varient directement en fonction de la production de cônes, en particulier de sapin baumier. Au Vermont, les taux quotidiens de survie au nid sont de 0,92 (14,7 % pour une période d’incubation de 12 jours et une période d’élevage au nid de 11 jours) au cours des années où la densité d’écureuils roux est faible, et de 0,79 (0,44 % pour une période de reproduction de 23 jours) au cours des années où la densité d’écureuils roux est élevée (Townsend et al., 2020). Le même phénomène a été observé au Québec (Aubry, comm. pers., 2020). La prédation des nids et les conditions météorologiques relativement humides enregistrées de décembre à mars ont eu une influence sur le succès de la nidification et le taux de survie apparent des adultes au mont Mansfield (Hill et al., 2019). Ces auteurs ont formulé l’hypothèse selon laquelle l’importante production de cônes de sapin baumier à la fin de l’été et au début de l’automne aurait accru le taux de survie hivernal de l’écureuil roux, ce qui aurait entraîné une baisse de la fidélité aux sites chez les Grives de Bicknell adultes l’année suivante en raison du faible taux de succès de la nidification. Ils estiment également que le taux de survie hivernal des Grives de Bicknell adultes est plus élevé suivant un hiver humide, car la nourriture est alors plus abondante. Finalement, les oisillons peuvent mourir s’ils sont exposés à des phénomènes météorologiques violents (Townsend et al., 2020).

Besoins en matière d’habitat

Habitat de reproduction

La Grive de Bicknell est une espèce spécialiste en matière d’habitat qui niche dans des peuplements de conifères denses dominés par le sapin baumier et exposés à des perturbations naturelles fréquentes (vents forts, accumulation de glace en hiver, températures fraîches) ou à des activités humaines qui créent des caractéristiques forestières similaires (Townsend et al., 2020). L’habitat de reproduction est concentré sur les hauts plateaux (par exemple hautes terres laurentiennes, hautes terres du Nouveau-Brunswick, hautes terres de l’île du Cap-Breton) ou dans les zones de haute altitude où les peuplements forestiers à dominance de sapin baumier n’ont pas été altérés récemment (moins de 10 ans) par des activités d’aménagement forestier (Connolly et al., 2002; Aubry et al., 2016, 2018; ECCC, 2020). Des individus se reproduisent occasionnellement près du niveau de la mer, dans des peuplements de sapins et d’épinettes de la zone côtière, au Québec (Ouellet, 1995), au Nouveau-Brunswick (Wilson, comm. pers., 2021) et en Nouvelle-Écosse (Erskine, 1992; Whittam, 2015).

L’habitat de reproduction type de la Grive de Bicknell est caractérisé par des peuplements denses de sapins baumiers rabougris, ou « krummholz », accompagnés principalement de bouleaux à papier, mais aussi d’épinettes rouges (Picea rubens), d’épinettes noires (P. mariana), de sorbiers d’Amérique (Sorbus americana) et de cerisiers de Pennsylvanie (Prunus pensylvanica). Les peuplements forestiers qui présentent ces caractéristiques se retrouvent en altitude, sur des crêtes exposées ou dans des sites altérés par des perturbations naturelles récurrentes (vents forts, accumulation de glace en hiver, vent frais du large). La Grive de Bicknell peut aussi utiliser des milieux altérés par l’activité humaine, soit des sites perturbés il y a plus de 10 ans (par exemple par des activités d’aménagement forestier), des milieux de lisière comme des pistes de ski alpin (ECCC, 2020; Townsend et al., 2020), et possiblement des chemins d’accès à des parcs éoliens (Artuso, comm. pers., 2022).

La Grive de Bicknell a été observée à des sites d’une altitude de plus de 1 100 m dans le sud de son aire de répartition, soit dans les montagnes Catskill dans l’État de New York. L’espèce est rarement détectée à moins de 800 m dans les hautes terres laurentiennes, au Québec. Par ailleurs, 67 % des individus détectés par Nixon et al. (2001) dans les hautes terres du Nouveau-Brunswick occupaient des sites d’une altitude supérieure à 600 m, mais certains individus ont été observés à des altitudes aussi basses que 457 m. Au Cap-Breton (Nouvelle-Écosse) et le long de la baie de Fundy (Nouveau-Brunswick), la Grive de Bicknell se rencontre occasionnellement dans des peuplements de sapins et d’épinettes de zones côtières situées près du niveau de la mer (Erskine, 1992; Stewart et al., 2015). Certains individus ont aussi été détectés dans des milieux côtiers au Québec (par exemple Percé et île Bonaventure; eBird, 2021; figure 6).

Des Grives de Bicknell occupant des forêts aménagées ont été suivies par radiotélémétrie, et il a été constaté qu’elles utilisaient des éclaircies précommerciales qui se trouvaient dans leur domaine vital, et ce, malgré la dominance de peuplements non éclaircis (Aubry et al., 2011). Chisholm et Leonard (2008) indiquent que c’est dans les peuplements en régénération, de 11 à 13 ans après une coupe à blanc, que l’espèce est la plus abondante au Nouveau-Brunswick, et que les éclaircies précommerciales ont un effet négatif sur le nombre d’individus nicheurs à l’échelle des localités et des peuplements. Au Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse, 78 % des Grives de Bicknell sont détectées dans des peuplements non aménagés dominés par le sapin, et le reste dans des forêts industrielles en régénération (Busby, comm. pers. dans Townsend et al., 2020). Dans les hautes terres laurentiennes, la Grive de Bicknell affiche une préférence pour les jeunes peuplements, de 20 à 25 ans après la récolte, qui se trouvent sur le sommet des collines et ne présentent aucun signe récent de récolte de bois ou de traitements sylvicoles (Desrochers et al., 2017; Aubry et al., 2018). Ailleurs au Québec (Charlevoix, Gaspésie et Cantons de l’Est), l’espèce a été observée dans des peuplements caractérisés par un couvert végétal d’une hauteur moyenne de 7,5, 5,3 et 9 m, respectivement (Rompré et al., 1999), ce qui donne à penser qu’elle occupe aussi des peuplements forestiers relativement anciens. Au Nouveau-Brunswick, la Grive de Bicknell occupe des sites où la densité de tiges de sapin baumier ayant un diamètre à hauteur d’homme de 5 à 10 cm est très élevée (Nixon et al., 2001; Chisholm et Leonard, 2008), et elle a aussi été rapportée dans des peuplements anciens et non éclaircis sur les sommets des monts Noël et dans les hautes terres de Kedgwick (Torrenta, 2021a).

Carte du sud du Québec montrant le nombre de Grives de Bicknell détectées par des ornithologues amateurs de 1970 à 2020. La description longue suit ci dessous.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Nova Scotia = Nouvelle-Écosse

New Brunswick = Nouveau Brunswick

Prince Edward Island = Île-du-Prince-Édouard

Gulf of Saint Lawrence = Golfe du Saint-Laurent

Figure 6. Nombre de Grives de Bicknell détectées par des ornithologues amateurs au Québec entre le 10 juin et le 10 août au cours de la période de 1970 à 2020, données tirées de eBird (2021) et de la banque de données ÉPOQ (J. Larivée et Regroupement QuébecOiseaux). Seules les observations faites à l’est de 76,5° de longitude ouest et au sud de 51° de latitude nord ont été incluses. Les couleurs chaudes (du violet vers le jaune, en passant par le vert) indiquent le pourcentage d’années au cours desquelles la Grive de Bicknell a été détectée dans chaque carré de 10 km de côté visité par des observateurs. Les carrés où l’espèce n’a pas été observée ont été omis. La taille des points est proportionnelle au nombre de listes d’observation soumises pour chaque carré (A. Desrochers, données inédites).

Description longue

Carte du sud du Québec montrant le nombre de Grives de Bicknell détectées par des ornithologues amateurs de 1970 à 2020.

Les données sont présentées à l’aide de points de couleur. La couleur des points indique le pourcentage d’années au cours desquelles la Grive de Bicknell a été détectée dans chaque carré de 10 km de côté visité par des observateurs, et la taille des points indique le nombre de listes d’observation soumises pour chaque carré.

Le plus grand regroupement de points s’étend des environs du fleuve Saint‑Laurent, entre la ville de Québec, une zone à environ 125 km au nord‑est de la ville de Québec, et une autre zone située à 300 km au nord vers l’intérieur des terres. On y retrouve une proportion comparable de points de grande taille dont la couleur indique un faible pourcentage d’années de détection (20 % ou moins), ce qui signifie que de nombreuses listes d’observation ont été soumises, mais que peu de Grives de Bicknell ont été détectées; de points de taille moyenne d’une couleur indiquant un pourcentage d’années de détection de 40 à 80 %; et de petits points dont la couleur indique que des Grives de Bicknell ont été détectées chaque année (100 %).

Le deuxième plus grand regroupement de points est en Gaspésie, mais la proportion des points est différente dans cette région : la majorité sont des points de taille moyenne ou de petite taille dont la couleur indique un pourcentage d’années de détection d’environ 40 à 80 %.

Il y a quelques points de taille moyenne indiquant principalement un faible pourcentage d’années de détection dans la zone située entre Montréal et Trois‑Rivières, sur la rive nord du fleuve Saint‑Laurent. Au sud du fleuve, dans les Cantons de l’Est, principalement à proximité des frontières du Vermont, du New Hampshire et du Maine, les points sont aussi pour la plupart de taille moyenne, mais leur couleur varie (indiquant un pourcentage d’années de détection de 20 à 80 %). 

Habitat de migration

Bien qu’il existe peu de publications scientifiques sur l’habitat utilisé par la Grive de Bicknell pendant la migration, les mentions éparses semblent indiquer qu’elle se rencontre dans une grande variété de milieux végétaux, à l’instar de nombreux oiseaux chanteurs. Par exemple, la Grive de Bicknell est fréquemment capturée par des bagueurs d’oiseaux dans des milieux secs arbustifs et sur des dunes broussailleuses le long de la côte de la Virginie (Wilson et Watts, 1997). À Montréal, l’habitat utilisé par trois individus observés en migration automnale à l’Observatoire d’oiseaux de McGill comprenait des arbustaies denses dominées par l’aubépine (Crataegus sp.), le nerprun (Rhamnus cathartica et R. frangula) et le sumac vinaigrier (Rhus typhina), ainsi que de petits peuplements matures dominés par le frêne blanc (Fraxinus americanus) et l’érable à sucre (Acer saccharum; Morales, comm. pers., 2021). Trois Grives de Bicknell observées à l’automne sur l’île Charron, située à proximité de l’île de Montréal, étaient dans des peuplements ouverts codominés par le frêne blanc et différentes espèces de peuplier (Populus spp.) avec un sous-étage dense de sumac vinaigrier (Gauthier, comm. pers. 2021). Deux individus observés au printemps (des migrateurs présumés) à l’Observatoire des oiseaux de Rimouski étaient dans des fourrés denses dominés par l’aulne rugueux (Alnus rugosa), le cornouiller hart-rouge (Cornus stolonifera) et différentes espèces de saule (Salix spp.).

Habitat d’hivernage

L’habitat d’hivernage de la Grive de Bicknell se caractérise habituellement par des forêts montagnardes mésiques à humides de feuillus, et plus de la moitié de son habitat d’hivernage inféré se trouve en République dominicaine (Townsend et al., 2020). Dans les aires d’hivernage de l’espèce, les deux sexes défendent de petits territoires dans des zones de végétation dense, et seulement 2,7 à 5,6 % des individus se déplacent d’un site à l’autre (Townsend et al., 2010). La ségrégation de l’habitat selon le sexe a été démontrée; le rapport des sexes est biaisé en faveur des mâles dans les forêts brumeuses en altitude (74 % de mâles), alors que l’équilibre est pratiquement atteint (53 % de mâles) dans les forêts pluviales à plus basse altitude (Townsend et al., 2012). McFarland et al. (2013) ont cartographié l’habitat potentiel de la Grive de Bicknell dans les Grandes Antilles, et ils ont constaté que le couvert forestier est plus haut et plus dense, et que le sous-étage est aussi plus dense, aux sites utilisés par l’espèce par rapport aux sites inoccupés. La majorité des sites (85 %) utilisés par les hivernants se trouve dans des forêts de feuillus, et 12 % dans des forêts mixtes. L’occupation est plus élevée dans les sites de fin de succession plus humides. Townsend et al. (2009) rapportent que les individus qui s’alimentent dans une forêt brumeuse vont se reposer dans une forêt de pins à proximité (moins de 100 m), apparemment pour échapper aux prédateurs arboricoles (principalement des rats introduits).

Déplacements, dispersion et migration

La Grive de Bicknell est un migrateur néotropical nocturne. Les individus migrant vers le sud qui ont été suivis par géolocalisation sont partis entre le 30 septembre et le 12 octobre de plusieurs sites entre les montagnes Catskill et la Gaspésie (Townsend et al., 2020). À la forêt Montmorency, dans les hautes terres laurentiennes, des individus munis d’un radioémetteur sont partis aussi tard que le 7 octobre (Desrochers et al., 2017), ce qui concorde plutôt bien avec les dates des observations d’individus en migration à Montréal.

Lors de la migration automnale, la majorité des Grives de Bicknell se déplace vers le sud et longent la côte atlantique des États-Unis jusqu’en Virginie. Elles empruntent ensuite une trajectoire elliptique et traversent la mer pour rejoindre les Grandes Antilles à partir du sud-est des États-Unis. Au printemps, les oiseaux migrent vers le nord et semblent suivre la côte est de la Floride jusqu’à la Virginie; le nombre d’individus dénombrés dans ce segment de la côte atlantique au printemps est deux fois plus élevé qu’à l’automne (Townsend et al., 2020). Les Grives de Bicknell munies d’un radioémetteur dans les hautes terres laurentiennes qui ont été suivies pendant leur migration automnale à l’aide du système de radiotélémétrie Motus (Taylor et al., 2017) longeaient la côte atlantique de plus près que les Grives à dos olive (C. ustulatus) ou les Grives à joues grises (Bégin-Marchand et al., 2020). La durée moyenne de la migration automnale est de 29 ±10 jours, à laquelle s’ajoutent des haltes d’une durée de 6 à 33 jours, entre la fin d’octobre et le début de novembre (Townsend et al., 2020). Au printemps, les oiseaux quittent les Grandes Antilles entre le 28 avril et le 7 mai, et la durée moyenne de la migration vers le nord-est est de 17 ±4 jours (Townsend et al., 2020). Aucune halte migratoire printanière d’importance n’a été rapportée (Townsend et al., 2020).

Comme chez la plupart des espèces d’oiseaux chanteurs, il est probable que la dispersion postnatale observée chez la Grive de Bicknell représente la majeure partie des déplacements interpopulations. Studds et al. (2012) ont cartographié les ratios de deutérium obtenus par l’analyse d’échantillons de rectrices et ils ont estimé que la distance parcourue était inférieure à 200 km pour près de 70 % des mouvements de dispersion postnataux de 114 individus capturés à 25 sites sur différentes montagnes, et que quelques juvéniles s’étaient éloignés jusqu’à 700 km. Un mâle capturé alors qu’il était jeune de l’année a été retrouvé lors d’une autre période de reproduction à 17,2 km du site de sa première capture (Townsend et al., 2020), mais la distance de dispersion est généralement beaucoup plus faible chez les adultes. Au Vermont, la distance moyenne entre les nids utilisés par 26 femelles baguées pendant plusieurs années successives était de 182,9 m (±267,8 écart-type; Townsend et al., 2020).

Physiologie

Par rapport aux autres grives du genre Catharus qui se rencontrent dans le nord-est de l’Amérique du Nord, la Grive de Bicknell présente un plus faible taux de consommation d’oxygène lorsque la température diminue (Holmes et Sawyer, 1975). Il pourrait s’agir d’une adaptation métabolique aux conditions météorologiques extrêmes qui prévalent en été dans l’habitat de reproduction subalpin de l’espèce. Des échantillons sanguins prélevés chez des Grives de Bicknell au mont Mansfield, au Vermont, ont permis de déterminer que les concentrations de mercure provenant de dépôts atmosphériques étaient inférieurs aux seuils connus pour avoir un effet négatif sur la physiologie ou la reproduction d’autres passereaux invertivores (Rimmer et al., 2005, 2019).

Alimentation

La Grive de Bicknell se nourrit d’invertébrés arboricoles pendant la période de reproduction, y compris de fourmis, de coléoptères et de chenilles de lépidoptères (Wallace, 1939), et probablement de tordeuses des bourgeons de l’épinette (Choristoneura fumiferana). À l’instar des autres grives du genre Catharus, la Grive de Bicknell peut être frugivore à la fin de l’été et durant la migration automnale, mais cela n’est confirmé par aucune publication scientifique. La Grive de Bicknell se nourrit d’arthropodes et de fruits dans ses aires d’hivernage. En règle générale, les mâles préfèrent les milieux où les arthropodes sont abondants, tandis que les sites de basse altitude occupés par les femelles sont plus riches en fruits tendres (Townsend et al., 2012).

Relations interspécifiques

Prédateurs

La prédation de Grives de Bicknell adultes est relativement rare dans les aires de reproduction canadiennes de l’espèce, mais Townsend et al. (2020) rapportent des cas de prédation par l’Épervier brun (Accipiter striatus) et possiblement par la belette à longue queue (Mustela frenata). Il est probable que la Petite Nyctale (Aegolius acadicus) s’attaque aux jeunes ou aux adultes, étant donné que les Grives de Bicknell adultes houspillent activement cette espèce (Townsend et al., 2020).

Des données probantes directes (McFarland et Rimmer, 2002) et indirectes révèlent que l’écureuil roux est l’un des principaux prédateurs de nids de la Grive de Bicknell, en particulier les années qui suivent une importante production de cônes de sapin baumier (Hill et al., 2019). Des études de vidéosurveillance des nids à la mine Madeleine et au mont Gosford (Québec) montrent que les prédateurs comprennent l’écureuil roux, l’Épervier brun, la martre d’Amérique (Martes americana) et la souris sylvestre (Peromyscus maniculatus) (Y. Aubry, données inédites). Les autres prédateurs de nids sont la belette à longue queue, la Petite Nyctale, la Nyctale de Tengmalm (Aegolius funereus), le vison (Neovison vison), le tamia rayé (Tamias striatus) et le Mésangeai du Canada (Perisoreus canadensis) (Townsend et al., 2020).

La prédation nocturne par le rat noir (Rattus rattus) et le rat surmulot (R. norvegicus), tous deux introduits, pourrait constituer une importante cause de mortalité chez les adultes hivernant en République dominicaine (Townsend et al., 2009; voir la section Menaces).

Relations interspécifiques autres que la prédation

Des interactions agressives ont été rapportées entre des Grives à dos olive et des Grives de Bicknell (Able et Noon, 1976), et des observations font état de Grives de Bicknell chassées de leur perchoir de chant par des Merles d’Amérique (Turdus migratorius) et des Bruants à gorge blanche (Zonotrichia albicollis; Townsend et al., 2020). En revanche, Aubry et al. (2016) rapportent une forte cooccurrence de Grives de Bicknell et de Grives à dos olive au mont Gosford et au Massif du Sud, au Québec. Les tendances de population établies récemment (2011 à 2019) d’après les données d’un programme de suivi des oiseaux de montagne aux États-Unis (Mountain Birdwatch Program; n = 750 stations de dénombrement ponctuel réparties dans l’ensemble de l’aire de répartition aux États-Unis) indiquent une baisse de la plage altitudinale de la Grive à dos olive et une diminution de 24,6 % de l’abondance de l’espèce en Nouvelle-Angleterre (J. M. Hill, données inédites). Une expérience de repasse de vocalisations a permis d’observer, chez la Grive à dos olive, des agressions interspécifiques asymétriques envers la Grive de Bicknell (Freeman et Montgomery, 2016), mais la taille de l’échantillon est faible.

Fitzgerald (2017) a comparé les niches écologiques de la Grive de Bicknell et de la Grive à joues grises, et il en a conclu que la première niche dans des milieux plus chauds et humides où le sapin baumier est abondant, tandis que la deuxième se rencontre plus fréquemment dans les peuplements d’épinette noire.

Il n’y a pas de données probantes sur les relations interspécifiques autres que la prédation en dehors de la période de reproduction.

Adaptabilité

En tant qu’espèce spécialiste en matière d’habitat, la Grive de Bicknell semble fortement touchée par les pratiques d’aménagement forestier, notamment celles qui ont cours dans les provinces maritimes (Whittam, 2015). L’espèce est connue pour nicher dans des peuplements de conifères après récolte, plus particulièrement dans des milieux en régénération d’âge moyen (11 à 13 ans après une coupe à blanc) caractérisés par une forte densité de sapins baumiers (Chisholm et Leonard, 2008). La Grive de Bicknell est l’une des espèces d’oiseaux boréaux les plus vulnérables aux changements climatiques (Stralberg et al., 2019) en raison des pertes d’habitat projetées et de sa sensibilité démographique (faible effectif et succès de reproduction très variable). Les individus qui défendent un territoire dans une forêt brumeuse où ils hivernent vont généralement se reposer dans des peuplements de pins situés à proximité, apparemment pour réduire les risques de prédation par les rats arboricoles (Townsend et al., 2009).

Facteurs limitatifs

Les principaux facteurs limitatifs de la Grive de Bicknell semblent être ses besoins écologiques hautement spécialisés, lesquels limitent la disponibilité de l’habitat dans les aires de reproduction et d’hivernage, ainsi que sa productivité relativement faible (Townsend et al., 2012; idem, 2020). Il est probable que la faible productivité de la Grive de Bicknell et son système de reproduction, c.-à-d. la polygynandrie avec défense du territoire par la femelle (Goetz et al., 2003), soient attribuables à la courte période de reproduction et aux conditions météorologiques difficiles avec lesquelles l’espèce doit composer.

L’habitat de reproduction de la Grive de Bicknell est géographiquement restreint aux zones de haute altitude soumises à certaines perturbations naturelles chroniques (vents forts, épaisse couche de glace ou vent frais du large). La forte association de l’espèce avec le sapin baumier limite également la disponibilité de l’habitat sur les hauts plateaux, où les épinettes dominent souvent (Aubry, comm. pers., 2020). La Grive de Bicknell semble être associée à des fenêtres de succession relativement étroites au Nouveau-Brunswick (Chisholm et Leonard, 2008) et dans les hautes terres laurentiennes (Aubry et al., 2018), bien que des données récentes de Torrenta (comm. pers., 2021) semblent indiquer que l’espèce pourrait utiliser des peuplements plus anciens. Le fait que le nombre de mâles approvisionnant le nid diminue lorsque la nourriture est abondante (Strong et al., 2004) donne à penser que les conditions abiotiques (courte période de reproduction, conditions météorologiques difficiles) peuvent également être limitatives. Enfin, la prédation des nids par l’écureuil roux peut être très intense tous les deux ans, ce qui correspond au cycle de production massive de cônes par le sapin baumier (Hill et al., 2019). La fructification abondante des épinettes exerce également une influence sur les populations d’écureuil roux, puisque les cônes d’épinette peuvent être stockés dans des terriers, contrairement aux cônes de sapin (Aubry, comm. pers., 2021). La superficie de l’habitat d’hivernage de la Grive de Bicknell est limitée (environ 33 000 km2; McFarland et al., 2013) et seulement 30 % de cet habitat serait protégé selon les estimations.

L’infestation actuelle et émergente de tordeuses des bourgeons de l’épinette dans l’est du Canada pourrait réduire considérablement la qualité de l’habitat de la Grive de Bicknell à court terme. La tordeuse des bourgeons de l’épinette est un insecte défoliateur dont l’hôte principal est le sapin baumier (Hennigar et al., 2008). Lors d’infestations importantes, l’insecte peut tuer à la fois des sapins en régénération et des sapins matures, comme cela a été observé sur la rive nord du Saint-Laurent (Poulin, comm. pers., 2021). Dans le secteur des monts Valin et en Gaspésie, les milieux occupés par la Grive de Bicknell ont connu de graves infestations de tordeuse des bourgeons de l’épinette en 2020 (MFFP, 2020; figures 4 et 7). À plus long terme, les répercussions de ces infestations dépendront de la vigueur de la régénération du sapin baumier, laquelle sera influencée par les changements climatiques.

Carte du Québec montrant trois niveaux de défoliation des forêts par la tordeuse des bourgeons de l’épinette en 2020. La description longue suit ci dessous.

Figure 7. Intensité de la défoliation des forêts par la tordeuse des bourgeons de l’épinette au Québec en 2020, d’après des relevés aériens du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec (MFFP, 2020). Le vert indique une défoliation légère, l’orange, une défoliation modérée, et le rouge, une grave défoliation.

Description longue

Carte du Québec montrant trois niveaux de défoliation des forêts par la tordeuse des bourgeons de l’épinette en 2020.

La plus grande zone de défoliation est au nord du fleuve Saint‑Laurent, elle s’étend sur 400 à 500 kilomètres vers le nord, entre le nord‑est de la ville de Québec et les environs de Havre‑Saint‑Pierre. Le niveau de défoliation des forêts est léger dans la majeure partie de cette zone, mais la carte montre aussi deux zones de grave défoliation, entourées de zones de défoliation modérée, s’étendant vers l’intérieur des terres depuis le fleuve.

La défoliation des forêts est légère dans une grande partie de la Gaspésie, et une zone de défoliation modérée à grave s’étend de la rive sud du Saint‑Laurent jusqu’à la frontière du Nouveau‑Brunswick.

L’autre grande zone de défoliation s’étend de la frontière de l’Ontario sur environ 400 kilomètres du nord au sud et d’ouest en est. La défoliation dans cette zone est plus fragmentée; il y a une vaste zone de défoliation modérée au milieu et une plus petite zone de grave défoliation au centre de celle‑ci.

Il y a trois très petites zones de défoliation légère au nord‑ouest de Montréal, au nord‑ouest de Québec, et le long des rives de l’île d’Anticosti, dans l’estuaire du fleuve Saint‑Laurent.

Taille et tendances des populations

Sources de données, méthodes et incertitudes

Réaliser des relevés de la Grive de Bicknell au cours de sa période de reproduction représente un défi, car ses aires de reproduction sont éloignées et son activité vocale est principalement crépusculaire (Ball, 2000; Townsend et al., 2020). Les séries de cris et de chants sont habituellement de courte durée, soit de 15 à 20 minutes environ (Townsend et al., 2020). Il est donc difficile d’assurer un suivi de cette espèce au moyen de protocoles normalisés de dénombrement en bord de route qui reposent sur l’identification des vocalisations matinales. De plus, les cris sont beaucoup plus fréquents que les chants (Aubry, comm. pers., 2021) et il a été démontré que la réponse à un enregistrement de vocalisations conspécifiques ne reflète pas nécessairement les données recueillies à l’aide d’enregistreurs automatisés aux mêmes sites (Torrenta, comm. pers., 2021). La complexité du régime d’appariement de l’espèce et les femelles chanteuses compliquent davantage l’interprétation des vocalisations lorsqu’il s’agit d’estimer le nombre de couples. Le rapport des sexes biaisé en faveur des mâles pourrait laisser croire que les populations sont en partie protégées contre les baisses d’effectifs touchant principalement les mâles, mais le fait qu’il y ait plus de mâles assurant l’approvisionnement aux nids lorsque la nourriture est moins abondante (Strong et al., 2004) suggère que plusieurs mâles pourvoyeurs peuvent être nécessaires pour que la reproduction soit un succès dans de telles circonstances. Par conséquent, les individus isolés sont probablement des femelles ou des mâles non nicheurs.

Relevé des oiseaux nicheurs de l’Amérique du Nord

Le Relevé des oiseaux nicheurs (Breeding Bird Survey [BBS]) est un programme de science citoyenne qui suit les tendances des populations d’oiseaux à l’échelle de l’Amérique du Nord (Hudson et al., 2017; Sauer et al., 2017). Des bénévoles qualifiés se voient attribuer un parcours long de 39,2 km, composé de 50 points équidistants de 0,8 km où ils doivent s’arrêter en bordure de route. À chaque arrêt, ils doivent dénombrer tous les oiseaux entendus ou vus dans un rayon de 400 m pendant trois minutes (Hudson et al., 2017).

Étant donné qu’il y a relativement peu de routes qui permettent d’accéder aux sites en haute altitude où se trouve principalement l’habitat de la Grive de Bicknell, les relevés effectués le long des routes, comme le BBS, ne couvrent qu’une petite partie des milieux fréquentés par l’espèce. Les tendances de la population de Grives de Bicknell sont estimées à partir des résultats à long terme de 14 parcours du BBS au Canada, ainsi que des résultats à court terme de 9 autres parcours (de 2009 à 2019), dont 3 se trouvent au Québec et 6 en Nouvelle-Écosse (tableau 2; Smith et al., 2020). Aux États-Unis, la Grive de Bicknell n’a été observée que sur cinq parcours entre 2009 et 2019. Les données du BBS étaient insuffisantes pour établir les tendances de la population au Nouveau-Brunswick (Smith, comm. pers., 2021). La fiabilité statistique relativement faible des estimations des tendances de la population de Grives de Bicknell est attribuable à la faible taille des échantillons. Par conséquent, il pourrait être préférable d’estimer les tendances à court terme (5 et 10 ans) d’après une interpolation du taux annuel de déclin à long terme, conformément aux lignes directrices de l’UICN (IUCN Standards and Petitions Committee, 2022). Les résultats des deux démarches analytiques sont présentés ci-dessous.

Tableau 2. Tendances à court terme (de 2009 à 2019) et à long terme (de 1970 à 2019) de la population de Grives de Bicknell au Canada, d’après les données du Relevé des oiseaux nicheurs de l’Amérique du Nord. Les données étaient insuffisantes pour établir les tendances de la population au Nouveau-Brunswick (A. Smith, données inédites)
Années Région Taux de changement annuel (%)(IC à 95 %, limites inférieure et supérieure) Changement cumulatif (%) (IC à 95 %, limites inférieure et supérieure) Probabilité d’une baisse de plus de 30 % Nombre de parcours Fiabilité
De 2009 à 2019 Canada -7,40 (-20,73, 0,99) -53,65 (-90,20, -10,34) 0,79 9 Faible
De 2009 à 2019 Québec -7,63 (-20,73, 1,34) -54,78 (-90,20, 14,21) 0,79 3 Faible
De 2009 à 2019 Nouvelle-Écosse -7,79 (-21,50, 1,74) -55,55 (-91,11, 18,78) 0,79 6 Faible
De 1970 à 2019 Canada -4,10 (-8,67, -0,80) -87,17 (-98,83, -32,66) 0,98 14 Faible
De 1970 à 2019 Québec -4,09 (-8,73, -0,59) -87,07 (-98,86, -25,15) 0,97 8 Faible
De 1970 à 2019 Nouvelle-Écosse -4,40 (-9,05, -0,72) -88,96 (-99,04, -29,73) 0,97 6 Faible

Programmes de suivi ciblés

Les méthodes de relevé conçues spécifiquement pour le suivi des populations d’oiseaux en haute altitude, y compris le programme d’étude des oiseaux de haute altitude (High Elevation Landbird Program [HELP]; Campbell et Stewart, 2012) et le programme de suivi des oiseaux de montagne (Mountain Birdwatch Program [MBP]; Hill et Lloyd, 2017), se sont avérées utiles pour dénombrer les Grives de Bicknell. À l’origine, les parcours prédéterminés du HELP consistaient en quatre dénombrements ponctuels de 10 minutes espacés de 250 m sur une distance de 1 km (Campbell et Stewart, 2012). La méthode de dénombrement du HELP a été modifiée il y a quelques années pour qu’elle soit conforme au Mountain Birdwatch 2.0, un protocole normalisé de suivi de la Grive de Bicknell dans l’ensemble de son aire de répartition, et le HELP a été combiné au MBP en 2016 (Kouwenberg, 2020). Le protocole de dénombrement matinal du MBP a été conçu pour détecter la variation annuelle minimale de 3 % sur 30 ans indiquée dans Un plan d’action pour la conservation de la grive de Bicknell (Catharus bicknelli) publié en 2010 (IBTCG, 2010). Le protocole du MBP consiste en 4 périodes de dénombrement consécutives de 5 minutes, pour une durée totale de 20 minutes par station. Au cours de la première période de 10 minutes, l’observateur consigne la distance (selon 4 catégories) de tous les individus détectés de minute en minute. Pendant les 10 dernières minutes, les Grives de Bicknell sont dénombrées au moyen de la même méthode que les autres espèces focales du MBP (Kouwenberg, 2020). Le protocole Mountain Birdwatch 2.0 a été utilisé pour la première fois au Nouveau-Brunswick en 2016, avant d’être utilisé en Nouvelle-Écosse en 2018 et en 2019 (Kouwenberg, 2020). C’est pour cette raison que ces données ne peuvent être utilisées pour établir des tendances démographiques significatives sur 10 ans. De 2018 à 2020, Oiseaux Canada a également déployé des enregistreurs automatisés sur les îles du Cap-Breton et Scatarie, en Nouvelle-Écosse, ainsi que dans le nord du Nouveau-Brunswick (Kouwenberg, 2020; Torrenta, 2021a). Au Québec, le protocole Mountain Birdwatch 2.0 a fait l’objet d’un projet pilote d’un an, mais il a été remplacé par des dénombrements ponctuels effectués à des sites focaux parce que le nombre d’individus détectés au moyen de ce protocole était trop faible (Aubry, comm. pers., 2021). Cependant, des données récentes recueillies au moyen d’enregistreurs automatisés semblent indiquer que des individus nicheurs pourraient en fait être présents à plusieurs sites où la repasse de vocalisations conspécifiques n’avait donné aucun résultat (Torrenta, comm. pers., 2021).

Tendances établies d’après les bases de données EPOQ et eBird

Au Québec, les tendances de la population de Grives de Bicknell peuvent être établies d’après les données extraites des listes d’observation soumises par des ornithologues amateurs aux bases de données EPOQ (Étude des populations d’oiseaux du Québec; J. Larivée et Regroupement QuébecOiseaux; EPOQ, 2021) et eBird. Le programme eBird est un outil de gestion de listes d’observation en ligne que de nombreux ornithologues amateurs utilisent pour consigner leurs observations (eBird, 2021). Le site a été créé en 2002, et son utilisation a considérablement augmenté au cours des dernières années. Les données d’EPOQ ont été intégrées à eBird et, bien que la quantité de données recueillies au cours des dernières années soit beaucoup plus importante que par le passé, les mentions consignées dans eBird constituent une bonne source d’information sur les tendances de répartition récentes et les concentrations importantes d’individus.

Il est possible de sous-échantillonner les bases de données EPOQ et eBird de façon à n’inclure que les données qui correspondent à la période de reproduction de la Grive de Bicknell et aux limites latitudinales et longitudinales de son aire de reproduction. André Desrochers a effectué une telle analyse aux fins du présent rapport (Desrochers, données inédites). Bien que les mentions d’espèces rares soient validées par les coordonnateurs régionaux d’EPOQ et les réviseurs bénévoles de eBird, des erreurs d’identification de la Grive de Bicknell sont toujours possibles, comme c’est le cas pour toutes les méthodes de dénombrement présentées ici.

Atlas des oiseaux nicheurs

Les atlas des oiseaux nicheurs sont des projets de science citoyenne à grande échelle qui visent à documenter la répartition et l’abondance relative des oiseaux nicheurs à l’échelle provinciale ou régionale. Chaque atlas est structuré au moyen d’une grille de parcelles contiguës de 10 km × 10 km. Les relevés sont effectués sur une base bénévole par des ornithologues amateurs expérimentés qui recueillent des indices de nidification (possible, probable ou confirmée) pour toutes les espèces d’oiseaux dans chaque unité d’échantillonnage (parcelle) de 100 km2. Au cours de la campagne de terrain, les bénévoles sont également invités à effectuer des dénombrements ponctuels et à noter des détails se rapportant aux nids trouvés.

Depuis la parution du dernier rapport de situation (COSEWIC, 2009), de nouveaux atlas des oiseaux nicheurs ont été publiés pour le Québec (Robert et al., 2019) et les provinces maritimes (Stewart et al., 2015), ce qui a permis d’estimer les variations régionales de la répartition et de la probabilité d’occurrence de la Grive de Bicknell entre les périodes 1984 à 1989 et 2010 à 2014, et les périodes 1986 à 1990 et 2006 à 2010, respectivement. Toutefois, il est possible que de grandes parties de l’habitat potentiel de la Grive de Bicknell aient été sous-échantillonnées dans le cadre de ces atlas en raison de la difficulté d’accès à certains sites, en particulier dans les régions éloignées du Québec (Robert et al., 2019; figure 3.1).

Abondance

Le COSEPAC (2009) a estimé que la population canadienne de Grives de Bicknell comptait de 40 570 à 49 258 individus matures. Cette estimation était fondée sur l’extrapolation des densités calculées à partir des données des dénombrements ponctuels effectués à des sites présentant un habitat convenable, lesquels avaient été déterminés par une modélisation de l’habitat de reproduction dans l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce. Dans une analyse plus récente des résultats du HELP, la population de Grives de Bicknell a été estimée à 2 851 (IC à 95 % : de 1 137 à 10 652) individus matures au Nouveau-Brunswick et à 3 848 (IC à 95 % : de 1823 à 7049) individus matures en Nouvelle-Écosse (Campbell et Stewart, 2012). Par ailleurs, la population aux États-Unis a été estimée en 2016 (71 318 individus; IC à 95 % : de 56 788 à 90 219) d’après des données du MBP, et une estimation de la population mondiale d’environ 120 000 individus matures a été proposée (Hill et Lloyd, 2017).

Une estimation à jour de la population de Grives de Bicknell au Québec a été fournie par Y. Aubry pour le présent rapport. Celle-ci repose sur les données de relevés de dénombrements ponctuels et les superficies d’habitat estimées à des altitudes supérieures ou inférieures à 800 m dans chaque région ou parcelle d’habitat importante (tableau 1; Aubry, comm. pers., 2021). Cette estimation a été obtenue en extrapolant les densités estimées à partir des données des dénombrements ponctuels effectués dans la parcelle ou la région correspondante (COSEWIC, 2009). Pour chaque parcelle ou région, des estimations de densité minimale et maximale fondées sur les données de dénombrements ponctuels distincts ont été utilisées pour établir une plage d’estimations de population (voir tableau 1). Lorsqu’aucune donnée de relevé n’était disponible, mais que la présence de la Grive de Bicknell était connue, l’approche consistait à utiliser la densité de la parcelle ou de la région la plus proche présentant un habitat de qualité comparable. Selon cette approche, l’estimation initiale de la population de Grives de Bicknell au Québec était de 27 986 à 119 347 individus matures (Aubry, comm. pers., 2021). Cependant, les données des dénombrements ponctuels utilisées pour produire ces estimations dataient de 7 à 20 ans (tableau 1), ce qui signifie qu’une correction doit être apportée à la tendance à la baisse à court terme indiquée par le BBS (-54,78 %; tableau 2). À l’échelle du Canada, les tendances mobiles sur 10 ans correspondent à un taux moyen de déclin dépassant 30 % en 2008 et 50 % en 2017 (figure 8). En se fondant sur une baisse d’environ 50 %, l’estimation finale de la population au Québec serait de 14 000 à 59 700 individus matures (tableau 3).

Graphique montrant les tendances mobiles sur 10 ans de la variation de la population de Grives de Bicknell au Canada, de 1970 à 2019. La description longue suit ci dessous.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Bicknell’s Thrush rolling 10 year trends Canada = Tendances mobiles sur 10 ans de la variation de la population de Grives de Bicknell au Canada

Based on Trend in 2019 : 79% probability of 30% decrease and 55% probability of 50% decrease = Tendance en 2019 : 79 % de probabilité d’une baisse de 30 % et 55 % de probabilité d’une baisse de 50 %

95% CI = IC à 95 %

−30% over 10 years = −30 % sur 10 ans

−50% over 10 years = −50 % sur 10 ans

10 year trends = Tendances sur 10 ans

−54% Change over 14 years = Variation de −54 % sur 10 ans

50% CI = IC à 50 %

Ending year of 10 trend = Dernière année de la tendance sur 10 ans

Figure 8. Tendances mobiles sur 10 ans de la variation de la population de Grives de Bicknell au Canada, estimées à partir des données du Relevé des oiseaux nicheurs de la période 1970 à 1980 à la période 2009 à 2019 (A. Smith, données inédites, 2020). L’axe vertical représente le pourcentage moyen de variation annuelle de la taille de la population sur une période de 10 ans. L’axe horizontal représente la dernière année de la tendance mobile sur 10 ans (le point de 2019, par exemple, montre la tendance pour la période 2009 à 2019). Les lignes horizontales orange et rouge représentent les taux de déclin cumulatifs à court terme de 30 % et de 50 %, qui correspondent aux seuils du COSEPAC pour qu’une espèce soit désignée « menacée » et « en voie de disparition », respectivement. Les bandes verticales montrent les intervalles de crédibilité à 50 % (bandes larges, bleu foncé) et à 95 % (bandes étroites, bleu clair).

Description longue

Graphique montrant les tendances mobiles sur 10 ans de la variation de la population de Grives de Bicknell au Canada, de 1970 à 2019, ainsi que les intervalles de crédibilité et les seuils de déclin du COSEPAC.

Les bandes verticales indiquent les intervalles de crédibilité à 50 et 95 % pour chaque point de données, et les lignes horizontales correspondent aux seuils de déclin de 30 et 50 % du COSEPAC. La valeur du point de données de 1980 est approximativement -2,5. Les points de données reflètent une très légère baisse après 1980, puis une hausse, de sorte que la valeur du point de données de 2000 s’établit à environ -2,5. Après l’année 2000, les points de données affichent une forte baisse, et la valeur du dernier point de données, celui de 2019, est de -7,5. Les intervalles de crédibilité affichent une tendance similaire : les bandes verticales sont légèrement plus courtes entre les années 1990 et 2000, puis elles s’allongent considérablement en suivant la tendance à la baisse des données, et la bande la plus longue correspond à l’année 2019.

La valeur de la ligne qui représente le taux de déclin cumulatif à court terme de 30 % du COSEPAC, soit le seuil pour qu’une espèce soit désignée « menacée », est d’environ -3. De 1980 à 2006, les points de données se situent juste au‑dessus de cette ligne. Le point de données de 2007 se trouve sur la ligne, ce qui marque le début d’une forte baisse. La valeur de la ligne qui représente le taux de déclin cumulatif à court terme de 50 % du COSEPAC, soit le seuil pour qu’une espèce soit désignée « en voie de disparition », est d’environ -7. Le point de données de 2017 se trouve sur la ligne, et la baisse se poursuit en 2018 et en 2019.

Le graphique indique que, selon la tendance de 2019, la probabilité d’un déclin de 30 % est de 79 % et celle d’un déclin de 50 % est de 55 %. 

Tableau 3. Nombre estimé de Grives de Bicknell matures au Canada, par province, d’après les données de dénombrements ponctuels du Québec (voir le tableau 1), le nombre relatif de parcelles occupées lors des deuxièmes atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional (Robert et al., 2019) et des provinces maritimes (Stewart et al., 2015), et une baisse de 50 % des effectifs depuis 2009 (voir figure 8)
Province Nombre d’individus matures Pourcentage de la population canadienne
Québec 14 000-59 700 65,6 %
Nouveau-Brunswick 5 100-21 800 24,0 %
Nouvelle-Écosse 2 200-9 500 10,4 %
Canada (total) 21 300-91 000 100 %

La Grive de Bicknell a été observée dans 30 parcelles d’atlas au Nouveau-Brunswick (24 % des parcelles d’atlas occupées au Canada), 13 en Nouvelle-Écosse (10,4 %; Stewart et al., 2015; figure 5) et 82 au Québec (65,6 %; Robert et al., 2019; figure 4). En supposant qu’il n’y ait pas d’écarts significatifs de densité des adultes nicheurs entre les provinces, et que la probabilité de détection soit équivalente dans chaque province, la population a été estimée entre 5 100 et 21 800 individus matures au Nouveau-Brunswick et entre 2 200 et 9 500 individus matures en Nouvelle-Écosse. Cependant, l’hypothèse selon laquelle les densités seraient égales dans toutes les provinces ne semble pas s’appliquer à la Nouvelle-Écosse (tableau 1), de sorte que le nombre d’individus nicheurs dans cette province a très probablement été surestimé. Au total, la population canadienne de Grives de Bicknell compterait de 21 300 à 91 000 individus matures (tableau 3). Partenaires d’envol n’a pas fourni d’estimation de population pour cette espèce, et la proportion de la population mondiale de Grives de Bicknell qui se trouve au Canada est inconnue, mais elle pourrait se situer entre le tiers et la moitié (selon Aubry et Shaffer, 2019).

Fluctuations et tendances

Fluctuations de la population

Hill et al. (2019) ont démontré que le taux de survie apparent de la Grive de Bicknell au mont Mansfield, au Vermont, varie en fonction des cycles de production annuelle de cônes par le sapin baumier (voir Cycle vital et reproduction), mais que la Grive de Bicknell ne connaît pas de fluctuations démographiques extrêmes.

Tendances historiques à long terme

Les données du BBS indiquent que le taux de déclin annuel à long terme (de 1970 à 2019) de la population de Grives de Bicknell nichant au Canada est de 4,1 % (IC à 95 % : -8,67, -0,80; tableau 2; figure 9), ce qui correspond à un déclin cumulatif de 87,17 % (IC à 95 % : -98,83, -32,66) au cours de cette période de 49 ans (Smith, comm. pers., 2020). Cette tendance à long terme reflète un déclin graduel continu présentant des pics de dénombrement occasionnels (par exemple, 2002 et 2007; figure 9). Les données d’EPOQ et de eBird, notamment le pourcentage de mentions au Québec (figure 10; Desrochers, données inédites), reflètent une tendance à long terme plus complexe avec une période initiale au cours de laquelle les mentions étaient relativement nombreuses (de 1970 à 1977), puis une période de mentions relativement peu nombreuses jusqu’au milieu des années 1990, suivie d’une période de hausse du nombre de mentions, puis d’une autre baisse des mentions à partir de 2013. Cependant, étant donné que la Grive de Bicknell a été reconnue comme une espèce à part entière en 1995, il est possible que l’identification des individus observés avant cette date ait été irrégulière, et que l’intérêt suscité par la reconnaissance de l’espèce ait poussé les ornithologues amateurs à chercher cette « nouvelle » espèce, ce qui aurait contribué à l’augmentation des observations après 1995.

Graphique montrant l’indice d’abondance annuel de la population de Grives de Bicknell au Canada, de 1970 à 2019. La description longue suit ci dessous.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Bicknell’s Thrush trajectory Canada = Trajectoire de la Grive de Bicknell au Canada

Annual index of abundance (mean count) = Indice d’abondance annuel (nombre moyen)

Year = Année

Figure 9. Indice d’abondance annuel de la population de Grives de Bicknell au Canada d’après les données du Relevé des oiseaux nicheurs de 1970 à 2019 (n = 14 parcours). La tendance du modèle additif généralisé (MAG) correspond à la courbe de meilleur ajustement des données. L’ombrage bleu représente les intervalles de crédibilité à 95 % de la tendance du MAG (A. Smith, données inédites).

Description longue

Graphique montrant l’indice d’abondance annuel de la population de Grives de Bicknell (nombre moyen) au Canada d’après les données du Relevé des oiseaux nicheurs de 1970 à 2019, ainsi que la tendance du modèle additif généralisé (MAG) et les intervalles de crédibilité à 95 %.

La valeur initiale de la tendance du MAG est de 0,05, et le graphique indique que la tendance est légèrement supérieure à 0,00 en 2019. Le graphique de tendance comporte quelques pics, le plus important s’élève à environ 0,07 en 1974, et le deuxième plus élevé correspond à une hausse marquée à 0,05, qui est survenue en 1980 après une chute à environ 0,03 au cours des deux années précédentes. Il y a deux autres légères hausses vers 2002 et 2008, mais la tendance générale est à la baisse.

Les intervalles de crédibilité à 95 % de la tendance du MAG suivent la tendance, et le graphique montre deux pics marqués à environ 0,24 et 0,14, en 1974 et en 1980, respectivement. La zone ombragée qui correspond aux intervalles de crédibilité est assez large en 1970. Elle rétrécit ensuite jusqu’en 2019. 

Graphique linéaire montrant le nombre de Grives de Bicknell observées par des ornithologues amateurs au Québec, de 1970 à 2020. La description longue suit ci dessous.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

% 10 km x 10 km squares occupied = Pourcentage de carrés de 10 km de côté occupés

Year = Année

Figure 10. Nombre de Grives de Bicknell observées par des ornithologues amateurs au Québec entre le 10 juin et le 10 août au cours de la période de 1970 à 2020, données tirées de eBird (2021) et d’EPOQ (J. Larivée et Regroupement QuébecOiseaux). Seules les observations faites à l’est de 76,5° de longitude ouest et au sud de 51° de latitude nord ont été incluses. Les points représentent le pourcentage de carrés de 10 km de côté visités par des observateurs où la Grive de Bicknell était présente au cours d’une année donnée, par rapport à l’ensemble des carrés pour lesquels il y a eu au moins une mention de la Grive de Bicknell au cours de cette période de 50 ans (A. Desrochers, données inédites).

Description longue

Graphique linéaire montrant le nombre de Grives de Bicknell observées par des ornithologues amateurs au Québec. Le premier point de la ligne indique un pourcentage de 0,22 % de carrés de 10 km de côté occupés en 1970 et le dernier point se situe à environ 0,16 % en 2020. La ligne zigzague de façon assez marquée du début à la fin, mais surtout au cours de la première décennie, où elle atteint le point le plus bas (0,0 %) en 1972, et le point le plus haut (0,35 %) en 1977. De 1980 à 2000, les écarts sont moins importants dans l’ensemble, les valeurs sont comprises entre 0,02 et 0,25 % environ. Exception faite d’un pic à 0,3 % en 2005 et d’un creux de 0,1 % en 2018, la plage est très étroite de 2000 à 2020.   

Tendances à court terme

Les tendances de la population de Grives de Bicknell établies d’après les données de programmes de suivi ciblés ne sont pas disponibles pour la période de 10 ans précédente (de 2009 à 2019), car les relevés du HELP qui étaient effectués dans les provinces maritimes ont été remplacés par les relevés du MBP à partir de 2013 (Kouwenberg, 2020). Cependant, les relevés du HELP ont révélé des baisses annuelles marquées de 7,4 % en Nouvelle-Écosse, et de 11,5 % au Nouveau-Brunswick, par rapport à la dernière période de 10 ans pour laquelle des données sont disponibles (de 2002 à 2011; Campbell, 2014). Les effectifs de la Grive de Bicknell ont continué de diminuer en Nouvelle-Écosse au cours des dernières années. Dans le cadre des relevés du MBP, seulement quatre individus ont été observés en 2015, deux en 2016 et aucun en 2017, la dernière année où des relevés ont été effectués (Kouwenberg, 2020), et ce, malgré le fait que 25 individus avaient été détectés sur ces parcours en 2013 (Campbell, 2014). De 2016 à 2019, aucune observation n’a été faite à la pointe Money, dans l’extrême nord de l’île du Cap-Breton, anciennement le bastion régional affichant la plus forte densité d’individus nicheurs au Canada atlantique (Kouwenberg, 2020). Toutefois, le nombre d’individus dénombrés lors des relevés du MBP effectués dans le nord du Nouveau-Brunswick semble être demeuré relativement stable au cours de la période de 2016 à 2020 (Torrenta, 2021b), alors que des baisses marquées avaient été décelées dans cette région lors des relevés du HELP (voir ci-dessus).

Au Québec, une analyse des données d’EPOQ et de eBird indique une légère baisse des mentions de la Grive de Bicknell au cours de la période de 2013 à 2020, ce qui succède à une période de hausse du nombre de mentions qui semble avoir commencé au milieu des années 1990 (figure 10). Il est important de tenir compte du fait que les données d’EPOQ et de eBird proviennent de listes d’observation d’ornithologues amateurs qui n’effectuaient pas de relevés officiels ciblant la Grive de Bicknell dans un habitat convenable, mais que ces observateurs étaient peut-être à la recherche de cette espèce (voir aussi Tendances à long terme ci-dessus), c’est pourquoi il faut interpréter ces données avec prudence.

Au Canada, le taux de déclin annuel établi d’après les données du BBS pour la période de 2009 à 2019 était de 7,4 % (IC à 95 % : -20,73, 0,99), ce qui correspond à une baisse cumulative de 53,7 % (IC à 95 % : -90,20, -10,34) calculée à partir de ce taux annuel (Smith et al., 2020; tableau 2, figure 11). Le taux de déclin comparable sur cinq ans (période de 2014 à 2019) a été de 31,9 % (IC à 95 % : -68,7 %, 5,0 %; Smith et al., 2020). Des taux de déclin semblables ont été rapportés pour le Québec, la Nouvelle-Écosse et le nord-est des États-Unis (Smith et al., 2020), mais comme les tendances du BBS à l’échelle provinciale ou nationale n’étaient pas statistiquement significatives et qu’elles étaient fondées sur de petits échantillons, elles devraient être interprétées avec prudence. En effet, aucune Grive de Bicknell n’a été détectée sur l’ensemble des parcours du BBS au Canada lors de 7 des 10 relevés réalisés entre 2009 et 2019. L’interpolation de la tendance décennale fondée sur le taux de déclin annuel à long terme de 4,1 % donne une autre estimation de la diminution à court terme de 34,2 % (IC à 95 % : -59,6, -7,8) entre 2009 et 2019.

Graphique montrant les taux annuels de variation de la population de Grives de Bicknell au Canada, d’après les données du Relevé des oiseaux nicheurs recueillies de 2007 à 2019. La description longue suit ci dessous.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

Bicknell’s Thrush trajectory Canada = Trajectoire de la Grive de Bicknell au Canada

Annual index of abundance (mean count) = Indice d’abondance annuel (nombre moyen)

Year = Année

Figure 11. Taux annuels de variation de la population à court terme (de 2007 à 2019) estimés d’après les données du Relevé des oiseaux nicheurs recueillies dans les régions de conservation des oiseaux des provinces pour lesquelles les données disponibles permettent d’estimer les tendances de la population de Grives de Bicknell. L’ombrage bleu représente les intervalles de crédibilité à 95 % de la tendance du modèle additif généralisé (MAG) (A. Smith, données inédites).

Description longue

Graphique montrant les taux annuels de variation de la population de Grives de Bicknell au Canada, ainsi que les intervalles de crédibilité à 95 % de la tendance du MAG. En 2007, la ligne représentant la tendance du MAG indique que l’indice annuel d’abondance (nombre moyen) est d’environ 0,013, puis elle descend de façon assez régulière jusqu’à environ 0,008 en 2019. La baisse la plus marquée a lieu entre 2011 et 2012, l’indice passe alors de 0,012 à 0,009. L’intervalle de crédibilité à 95 % est plus large en 2007, les valeurs inférieures et supérieures sont d’environ 0,004 et 0,049, puis il diminue progressivement jusqu’en 2018, avant de s’élargir légèrement en 2019. En 2019, les valeurs inférieures et supérieures de l’intervalle de crédibilité sont d’environ 0,002 et 0,032. 

Résumé

Compte tenu de la quantité relativement faible de données du BBS disponibles sur les tendances de la population de Grives de Bicknell et des possibles biais d’échantillonnage inhérents aux bases de données comme eBird, il est judicieux d’évaluer la valeur probante des données pour estimer les tendances démographiques. Le taux de déclin au cours des 10 dernières années a été calculé à partir des données du BBS, et les baisses d’effectifs ont été estimées à 34,2 et à 53,7 % selon la méthode analytique utilisée. Les données de eBird (eBird, 2021; figure 10) et du MBP (par exemple Kouwenberg, 2020; Torrenta, 2021b) indiquent des baisses récentes de même ampleur (eBird : environ 39 %), plusieurs sites de reproduction parmi les plus importants en Nouvelle-Écosse ayant été abandonnés au cours des 10 dernières années. Les données canadiennes du BBS indiquent une probabilité de 79 % que la population ait diminué d’au moins 30 % au cours de la période de 2009 à 2019, et une probabilité de 55 % qu’elle ait diminué d’au moins 50 % au cours de la même période, mais ces probabilités sont fondées sur un ensemble de données limité (Smith et al., 2020; figure 8). Les résultats des atlas des oiseaux nicheurs montrent que la Grive de Bicknell a maintenant disparu de certains sites côtiers au Québec (Robert et al., 2019) et des îles côtières du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse et de la baie de Fundy (Stewart et al., 2015), et que l’espèce n’occupe plus les anciens bastions de l’île du Cap-Breton (Kouwenberg, 2020), ce qui confirme que la contraction de l’aire de reproduction et la diminution des effectifs se poursuivent.

Fragmentation de la population

Bien que l’habitat de reproduction montagnard utilisé par la Grive de Bicknell soit naturellement assez fragmenté (figure 2), il appert que les Grives de Bicknell sont bien adaptées et qu’elles peuvent rejoindre d’autres groupes d’individus nicheurs, comme en témoigne la dispersion natale relativement importante observée chez l’espèce (Studds et al., 2012; Townsend et al., 2020; voir Déplacements, dispersion et migration).

Immigration de source externe

Il a été établi que les déplacements et les échanges sont nombreux entre les populations canadiennes et américaines. Par exemple, une analyse des ratios de deutérium dans les plumes (Studds et al., 2012) a démontré que la dispersion natale avait contribué à créer des liens entre des populations de la Gaspésie et du nord de la Nouvelle-Angleterre.

Les tendances à long terme fondées sur les données du BBS aux États-Unis (de 1970 à 2019) indiquent que le taux de déclin annuel continu est de 4,06 % (IC à 95 % : -8,83, -0,34), ce qui est similaire au taux de déclin annuel estimé pour la même période d’après les données du BBS au Canada. Les diminutions à court terme observées aux États-Unis dans le cadre du BBS (-7,19 %, IC à 95 % : -20,91, 2,55) sont également semblables aux taux calculés pour les populations canadiennes. Selon les tendances récentes (de 2011 à 2019) établies d’après les données du MBP (Hill, 2020), le taux de déclin annuel était de 2,41 % pour tous les États combinés, avec une plage relativement étroite (IC à 95 % : -4,44, -0,45). C’est dans l’État de New York (-6,35) et au New Hampshire (-5,00) que les taux de déclin annuels estimés dans le cadre du MBP (de 2011 à 2019) étaient les plus élevés, tandis que le Vermont affichait une variation légèrement positive (1,61). Les populations sources potentielles dans le nord-est des États-Unis connaissent un déclin, à l’exception peut-être de celle du Vermont (Hill, 2020). De plus, bien qu’il semble y avoir des zones d’habitat de reproduction potentiel relativement étendues dans certaines régions du Québec (par exemple Aubry et al., 2018), la superficie et la qualité de l’habitat de reproduction au Canada continuent de diminuer en raison des activités d’aménagement forestier. Les effets des changements climatiques ont probablement aussi une incidence sur la qualité de l’habitat (voir Tendances en matière d’habitat). Par conséquent, la probabilité d’immigration de source externe à partir des États-Unis est considérée comme très faible.

Menaces

Menaces actuelles et futures

La Grive de Bicknell est vulnérable aux impacts cumulatifs de diverses menaces. Ces impacts sont catégorisés ci-dessous et à l’annexe 1, suivant le système unifié de classification des menaces de l’UICN-CMP (Union internationale pour la conservation de la nature et Partenariat pour les mesures de conservation) (fondé sur Salafsky et al., 2008). L’impact est évalué pour chacune des 11 principales catégories de menace et leurs sous-catégories, en fonction de la portée (proportion de la population exposée à la menace au cours de la prochaine période de 10 ans), de la gravité (déclin prévu de la portion de la population exposée à la menace, au cours des 10 prochaines années ou des 3 prochaines générations, selon la plus longue de ces deux éventualités) et de l’immédiateté de la menace. L’impact global des menaces est calculé à partir de l’impact de chacune des catégories de menace et peut être ajusté par les experts de l’espèce qui participent à l’évaluation.

L’impact global des menaces pour la Grive de Bicknell est considéré comme étant élevé à moyen, ce qui correspond à un recul anticipé de 3 à 70 % au cours des 10 prochaines années (voir l’annexe 1 pour plus de détails). Les menaces dont l’impact est supérieur à « négligeable » sont présentées en ordre décroissant de gravité de l’impact, et se terminent par celles dont la portée ou la gravité est inconnue.

UICN 5. Utilisation des ressources biologiques (impact moyen-faible)

Description de la menace :

L’exploitation forestière et la récolte du bois (UICN 5.3) peuvent altérer, voire maintenir dans certains cas, l’habitat de reproduction de la Grive de Bicknell dans une grande partie de l’aire de reproduction de l’espèce au Canada (ECCC, 2020). La Grive de Bicknell se reproduit dans des peuplements dominés par une repousse dense de sapins baumiers (Rompré et al., 1999), en particulier ceux dont les individus ont un diamètre à hauteur d’homme de 5 à 10 cm (Nixon et al., 2001; Chisholm et Leonard, 2008). De tels peuplements font généralement l’objet d’éclaircies précommerciales, lesquelles sont souvent effectuées pendant la période de reproduction (ECCC, 2020). Les éclaircies précommerciales réduisent la densité des tiges dans les peuplements de conifères en régénération les plus denses, et il a été démontré qu’elles entraînent une diminution des deux tiers de l’abondance des Grives de Bicknell nicheuses (Chisholm et Leonard, 2008). Ces auteurs rapportent que l’abondance de la Grive de Bicknell est plus élevée dans les peuplements non éclaircis, de 11 à 13 ans après une coupe à blanc, ce qui correspond à peu près à la période à partir de laquelle des éclaircies précommerciales sont normalement effectuées. À l’échelle du peuplement, l’abondance de la Grive de Bicknell est positivement corrélée avec la superficie des peuplements non éclaircis (Chisholm et Leonard, 2008), et les proportions de peuplements non éclaircis faisant partie des domaines vitaux des individus sont plus importantes qu’attendu aléatoirement (Aubry et al., 2011). Une faible régénération naturelle à la suite d’une éclaircie précommerciale peut accroître le recours aux plantations sylvicoles, lesquelles favorisent la croissance des épinettes (Picea spp.). Les plantations d’épinettes se rencontrent aux altitudes occupées par la Grive de Bicknell au Nouveau-Brunswick (Hadley, comm. pers., 2021) et au Québec (Aubry, comm. pers., 2021). La récolte du bois pour la production de charbon de bois (UICN 5.3) a une incidence sur l’habitat dans les aires d’hivernage (Lloyd et MacFarlane, 2017). Aucune information n’est disponible sur l’incidence de la chasse ou du piégeage de la Grive de Bicknell (UICN 5.1), mais il semble que ces activités soient rarement pratiquées.

Portée :

Grande-restreinte. Au Canada, environ 90 % de l’habitat de reproduction de la Grive de Bicknell se trouve sur des terres aménagées à des fins d’exploitation forestière (ECCC, 2020), et l’éclaircie précommerciale est une pratique répandue dans l’écorégion des hautes terres du Nouveau-Brunswick (Diamond, comm. pers., 2021) et dans certaines parties de l’aire de répartition de l’espèce au Québec (Aubry et al., 2011; idem 2018). La production de charbon de bois est un phénomène relativement localisé dans les aires d’hivernage (Lloyd et McFarland, 2017).

Gravité :

Modérée. La Grive de Bicknell a tendance à éviter les peuplements récemment éclaircis dans son domaine vital (Aubry et al., 2011) ou à l’échelle des peuplements (Chisholm et Leonard, 2008; Aubry et al., 2016). Les éclaircies peuvent également être une cause de mortalité directe puisqu’elles entraînent la destruction des nids ou de l’habitat après l’envol (ECCC, 2020). Cependant, la Grive de Bicknell peut persister à des densités plus faibles dans des paysages où des peuplements éclaircis sont entrecoupés de zones de repousse dense de sapins baumiers (Chisholm et Leonard, 2008; Aubry et al., 2011). L’espèce peut également persister dans les zones perturbées par la production de charbon de bois, à condition que seules de petites parcelles soient touchées (Lloyd et McFarland, 2017).

UICN 8. Espèces et gènes envahissants ou autrement problématiques (impact moyen-faible)

Description de la menace :

Les mammifères prédateurs introduits (UICN 8.1), y compris le rat noir et le rat surmulot (Townsend et al., 2009), le chat domestique (Felis catus) et la mangouste (famille des Herpestidae; Lloyd et McFarland, 2017) peuvent causer la mortalité directe de la Grive de Bicknell dans ses aires d’hivernage. Le sanglier (Sus scrofa) peut également entraîner une dégradation de l’habitat dans les aires d’hivernage, car il perturbe la végétation du sous-étage (Lloyd et McFarland, 2017).

Une faible régénération naturelle à la suite d’une éclaircie précommerciale peut accroître le recours aux plantations d’épinettes comme approche d’aménagement forestier. Le remplacement de peuplements dominés par le sapin baumier par des plantations d’épinettes noires pourrait entraîner une augmentation de la densité des écureuils roux (UICN 8.2), une espèce qui fait des réserves de cônes et préfère les cônes d’épinette puisque ceux-ci contiennent des graines qui peuvent être consommées sur plusieurs années, tandis que les cônes de sapin persistent rarement d’une année à l’autre (Burns et Honkala, 1990; McDermott et al., 2020). Les plantations d’épinettes sont une source de nourriture plus stable pour les écureuils, et une population d’écureuils plus élevée peut se traduire par un accroissement de la prédation des nids de Grives de Bicknell.

Les infestations importantes des tordeuses des bourgeons de l’épinette (UICN 8.2), comme celles qui ont lieu sur la rive nord du Saint-Laurent et en Gaspésie, au Québec (figure 7), peuvent entraîner la mortalité des sapins baumiers dans de vastes zones (voir Facteurs limitatifs). L’intensité et l’étendue des infestations sont influencées par les pratiques d’aménagement forestier qui favorisent les peuplements équiennes dominés par le sapin baumier, ce qui les rend vulnérables à des infestations qui peuvent être à la fois plus étendues et plus intenses que celles qui se produisent dans des paysages forestiers naturellement hétérogènes (Robert et al., 2018). L’infestation actuelle touche de grandes parties de l’aire de reproduction de la Grive de Bicknell (figure 7), et les sapins baumiers en régénération sont souvent tués dans les peuplements les plus gravement touchés (Poulin, comm. pers., 2021).

Au cours des dernières années, la surabondance de l’orignal (Alces americanus) dans le nord de l’île du Cap-Breton a causé une dégradation importante de l’habitat, si bien que des peuplements denses de sapins baumiers en régénération ont été remplacés localement par des clairières à graminées (Smith et al., 2010).

Portée :

Généralisée. La portée des impacts des mammifères prédateurs introduits (UICN 8.1) est considérée comme généralisée, car deux espèces de rats représentent une menace dans tout l’habitat d’hivernage de la Grive de Bicknell sur l’île d’Hispaniola (Rimmer, comm. pers., 2021). La portée des effets des infestations de tordeuses des bourgeons de l’épinette (UICN 8.2) est également considérée comme généralisée, puisque de vastes zones d’habitat de reproduction peuvent être touchées et qu’il est probable que les effets durent de nombreuses années (figure 7). Les effets des plantations d’épinettes sur les populations d’écureuils roux devraient être plus localisés, tout comme l’impact de l’orignal dans les hautes terres du Cap-Breton.

Gravité :

Modérée-légère. La gravité globale des impacts des mammifères prédateurs introduits (UICN 8.1) sur la Grive de Bicknell est considérée comme étant faible. Les impacts de la hausse des populations d’écureuils roux peuvent être importants à l’échelle régionale, ce qui dépend de la superficie des plantations d’épinettes. Les effets à court et à long terme de la tordeuse des bourgeons de l’épinette (UICN 8.2) sur la qualité, l’occurrence ou la productivité de l’habitat ne sont pas bien documentés, mais il est estimé qu’ils sont importants à l’échelle locale, comme c’est le cas pour la dégradation de l’habitat par l’orignal. La gravité de ces impacts est donc considérée comme étant modérée à légère.

UICN 1. Développement résidentiel et commercial (impact faible)

Description de la menace :

La Grive de Bicknell fréquente généralement des milieux éloignés des zones de développement résidentiel et commercial. Cependant, des cas de mortalité due à des collisions contre des bâtiments ont été observés pendant la migration, principalement dans des zones urbaines (UICN 1.1; Georgia Museum of Natural History in Townsend et al., 2020), mais également dans des zones commerciales ou industrielles (UICN 1.2).

Portée :

Petite. La proportion d’individus susceptibles d’être touchés est relativement faible, mais certains individus peuvent s’exposer à un risque de collision contre des bâtiments lorsqu’ils traversent des centres de villégiature et des lotissements urbains denses pendant leur migration le long de la côte atlantique des États-Unis (Bégin-Marchand et al., 2020). Le développement du ski dans l’arrière-pays (par exemple au Massif du Sud et dans les monts Chic-Chocs; UICN 1.3) entraîne une certaine perte directe d’habitat, et l’aménagement de sentiers peut réduire le couvert forestier jusqu’à 70 % (Lemaître, comm. pers., 2021).

Gravité :

Légère. Il est probable que la plupart des Grives de Bicknell qui se heurtent à des bâtiments soient tuées instantanément ou meurent peu de temps après, mais beaucoup moins de 10 % de la population serait touchée selon les estimations. L’aménagement de pistes de ski dans l’arrière-pays peut avoir une incidence sur des zones relativement restreintes, et ce, principalement en Gaspésie, au Québec.

UICN 2. Agriculture et aquaculture (impact faible)

Description de la menace :

La destruction et la dégradation des forêts causées par l’agriculture itinérante sur brûlis et l’agriculture industrielle (UICN 2.1) peuvent constituer une menace considérable dans les aires d’hivernage, notamment pour les Grives de Bicknell femelles dont l’habitat de forêts pluviales de basse altitude est particulièrement vulnérable à l’expansion de l’agriculture (McFarland et al., 2018).

Portée :

Restreinte. Les impacts sont concentrés dans des zones restreintes des aires d’hivernage.

Gravité :

Modérée. La gravité est jugée modérée en raison de la disponibilité limitée d’un habitat de remplacement. Cependant, les effets négatifs actuels sur l’habitat de la Grive de Bicknell dans ses aires d’hivernage pourraient diminuer, car la forêt se régénère sur les terres agricoles abandonnées que l’espèce fréquente en hiver (Townsend et al., 2020).

UICN 3. Production d’énergie et exploitation minière (impact faible)

Description de la menace :

La principale menace dans cette catégorie est l’effet du développement de parcs éoliens (UICN 3.3) sur les crêtes montagneuses de haute altitude qui se trouvent dans les aires de reproduction de l’espèce, puisque le défrichage nécessaire pour construire les fondations et les routes d’accès peut entraîner la perte d’habitat, et qu’il y a un risque de mortalité associé aux collisions directes avec les éoliennes. Cependant, il est présumé que l’impact de la production continue d’énergie éolienne est beaucoup plus faible.

Portée :

Restreinte-petite. Des zones relativement petites d’habitat de la Grive de Bicknell sont directement touchées par le développement de parcs éoliens, et Lemaître et Lamarre (2020) rapportent que la probabilité d’occurrence de la Grive de Bicknell n’augmente pas avec la distance par rapport aux éoliennes. Toutefois, la portée de cette menace pourrait s’accroître, car les zones présentant un potentiel de développement de l’énergie éolienne coïncident souvent avec l’habitat de la Grive de Bicknell (Lloyd et McFarland, 2017; Aubry, comm. pers., 2020) et de nouveaux projets de parcs éoliens sont en cours au Québec et dans les provinces maritimes.

Gravité :

Légère. La durée précise des effets des travaux de construction sur l’occurrence est inconnue, mais elle sera probablement brève, bien que cette conclusion soit fondée sur les dénombrements ponctuels effectués pendant et après la construction d’un seul parc éolien (Lemaître et Lamarre, 2020).

UICN 7. Modifications des systèmes naturels (impact inconnu)

Description de la menace :

La fréquence et l’intensité des incendies (UICN 7.1) ont été modélisées par Cadieux et al. (2019) selon différents scénarios de changements climatiques. L’habitat de la Grive de Bicknell est sensible aux effets des incendies, puisque ceux-ci ont tendance à favoriser les essences d’arbres les mieux adaptées, soit celles qui se régénèrent plus rapidement que le sapin baumier après un incendie comme l’épinette noire et le pin gris (Pinus banksiana) (Burns et Honkala, 1990).

Portée :

Inconnue. L’analyse de Cadieux et al. (2019) n’indique pas la contribution relative des incendies à la réduction prévue de l’habitat de la Grive de Bicknell attribuable aux changements climatiques.

Gravité :

Modérée-légère.

UICN 9. Pollution (impact inconnu)

Description de la menace :

Les dépôts atmosphériques de mercure et d’autres polluants atmosphériques, comme le plomb et les oxydes d’azote et de soufre, peuvent avoir des effets directs sur la santé de la Grive de Bicknell, ainsi que des effets indirects causés par la dégradation de l’habitat découlant de l’acidification du sol (UICN 9.5). La méthylation et la bioamplification du mercure ont été observées dans les forêts de haute altitude du nord-est des États-Unis, et il a été établi que le méthylmercure est neurotoxique (Rimmer et al., 2005). Bien que les concentrations de plomb dans les sols diminuent en Nouvelle-Angleterre, l’acidité des précipitations dans le nord-est de l’Amérique du Nord n’a pas diminué (Townsend et al., 2020, et références citées). Dans les monts Adirondack, les grives du genre Catharus (y compris la Grive de Bicknell) affichaient certaines des concentrations sanguines de mercure les plus élevées enregistrées parmi 15 espèces d’oiseaux chanteurs (Sauer et al., 2020). À l’exception d’un échantillon prélevé sur un individu capturé dans les aires d’hivernage (Townsend et al., 2013), les concentrations de mercure dans les échantillons sanguins de Grives de Bicknell (0,05 à 0,180 µg/g; Rimmer et al., 2019; Sauer et al., 2020) étaient inférieures aux concentrations connues pour avoir une incidence négative sur la physiologie ou la reproduction d’autres espèces d’oiseaux chanteurs (Whitney et Cristol, 2017). Au Canada, les dépôts de mercure sont demeurés relativement stables dans les écosystèmes côtiers entre 1972 et 2008 (Burgess et al., 2013). Les concentrations de mercure dans les plumes d’oiseaux chanteurs suivent un gradient longitudinal à l’échelle du pays, atteignant les niveaux les plus élevés dans l’est du Canada (Ma et al., 2021).

La pulvérisation de l’insecticide bactérien Btk (Bacillus thuringiensis var. kurstaki) pour lutter contre la tordeuse des bourgeons de l’épinette et l’arpenteuse de la pruche (Lambdina fiscellaria) peut réduire l’abondance de nourriture en raison de ses effets sur de nombreuses larves de lépidoptères (UICN 7.3). Néanmoins, les études sur les effets directs de la pulvérisation de Btk sur les oiseaux chanteurs ne sont pas concluantes. Sopuck et al. (2000) n’ont signalé aucun effet important sur l’abondance relative de presque toutes les espèces d’oiseaux chanteurs ayant fait l’objet d’un suivi, tandis qu’Awkerman et al. (2011) ont constaté que, dans les parcelles où du Btk avait été pulvérisé, le comportement d’approvisionnement des nids chez les adultes avait changé, ce qui avait entraîné une diminution de la masse des oisillons.

La pulvérisation de glyphosate est rare dans le bastion de la Grive de Bicknell (écorégion des hautes terres) au Nouveau-Brunswick, car les plantations d’épinettes ne sont pas répandues à ces altitudes, et la régénération des feuillus n’est pas aussi vigoureuse qu’à des altitudes plus basses.

Portée :

Généralisée. Il y a probablement des dépôts de mercure dans toute l’aire de reproduction canadienne de la Grive de Bicknell, les concentrations augmentant en fonction de l’altitude. Du mercure a également été détecté dans des échantillons de sang d’individus hivernant dans des forêts brumeuses sur l’île d’Hispaniola. Ces individus affichaient des concentrations sanguines de mercure deux à trois fois plus élevées que celles détectées dans les aires de reproduction de l’espèce (Townsend et al., 2013). De vastes zones de l’est du Canada sont touchées par des infestations de tordeuses des bourgeons de l’épinette (figure 7), et bon nombre d’entre elles sont traitées au Btk, ce qui comprend sans doute l’habitat de reproduction de la Grive de Bicknell.

Gravité :

Inconnue. Les effets à long terme qu’auront les concentrations sanguines de mercure détectées sur la santé des Grives de Bicknell sont incertains, mais des modèles semblent indiquer que la reproduction des oiseaux chanteurs peut être perturbée à des concentrations sanguines de mercure plus élevées que celles qui ont été observées (0,7 µg/g; Jackson et al., 2011).

UICN 11. Changements climatiques et phénomènes météorologiques violents (impact inconnu)

Description de la menace :

Des changements dans la superficie et la qualité de l’habitat de reproduction sont prévus d’après les modèles de changements climatiques, et ils se traduiront notamment par une réduction de l’étendue des peuplements de sapin baumier en haute altitude et sur les plateaux sous l’effet de la hausse des températures (Rodenhouse et al., 2008; Cadieux et al., 2019). Les modèles indiquent que l’habitat de la Grive de Bicknell pourrait disparaître en raison de changements dans la composition des forêts, lesquels favoriseraient les espèces de feuillus des régions tempérées (voir Tendances en matière d’habitat; Cadieux et al., 2019). Les conditions plus chaudes et plus sèches devraient nuire au sapin baumier, tandis que les aires de répartition des feuillus des régions tempérées devraient s’étendre vers le nord (ou en altitude; Savage et Vellend, 2014). Selon les prévisions, la perte de 50 % de l’habitat attribuable aux changements climatiques devrait survenir plus tôt (vers 2038) dans le nord-est des États-Unis (Rodenshouse et al., 2008) qu’au Canada (vers 2100; Cadieux et al., 2019). Les changements climatiques devraient accroître la fréquence des phénomènes météorologiques violents, en particulier les tempêtes tropicales qui se forment dans les Caraïbes à l’automne, ce qui pourrait réduire le taux de survie des individus pendant la migration ou dans les aires d’hivernage, ou nuire à l’espèce indirectement par la dégradation de l’habitat. Les changements climatiques pourraient également perturber le cycle biennal de fructification abondante du sapin baumier, ce qui entraînerait des incursions plus régulières de l’écureuil roux dans l’habitat de la Grive de Bicknell et, par conséquent, des taux de prédation des nids élevés qui seront maintenus à long terme (Rimmer, comm. pers., 2021). Une tendance à l’assèchement qui se manifeste déjà dans l’habitat d’hivernage sur l’île d’Hispaniola pourrait avoir de graves incidences sur l’état de santé, voire la survie, de la Grive de Bicknell, comme semblent l’indiquer les résultats d’une expérience d’amélioration de l’habitat menée chez une autre espèce de migrant néotropical (Studds et Marra, 2005).

Portée :

Généralisée. Les effets des changements climatiques devraient toucher l’ensemble de l’aire de reproduction de la Grive de Bicknell et la majeure partie de son aire d’hivernage.

Gravité :

Inconnue. La gravité des changements prévus de l’habitat devrait être assez élevée et la fréquence des phénomènes météorologiques violents devrait augmenter. En outre, il est probable que la majeure partie des impacts ne commencent à se manifester que dans 10 ans.

Tendances en matière d’habitat

Au Canada, environ 90 % de l’habitat de la Grive de Bicknell se trouve sur des terres aménagées à des fins d’exploitation forestière (ECCC, 2020). Il a été démontré que les éclaircies précommerciales ont des effets négatifs sur l’occurrence et l’abondance de l’espèce (par exemple Chisholm et Leonard, 2008; Aubry et al., 2016; idem, 2018). Par conséquent, l’aménagement forestier intensif a une incidence sur la qualité de l’habitat, mais aucune étude n’a été menée sur ces effets (comparaison des conditions avant et après des activités d’aménagement) ou sur les interactions potentielles entre certaines méthodes de récolte du bois et les changements climatiques (Lloyd et McFarland, 2017). Cadieux et al. (2019) ont simulé de telles interactions et ont conclu que la coupe à blanc sans éclaircie précommerciale pourrait compenser en partie la perte d’habitat de reproduction.

La combinaison des effets directs et indirects des polluants atmosphériques (y compris des métaux lourds toxiques comme le plomb et le mercure), des dépôts atmosphériques d’ions acides (NOx, SOx) et de la fréquence accrue des blessures que subissent les épinettes en raison du gel en hiver a été reliée au flétrissement généralisé de l’épinette rouge en altitude dans le nord-est des États-Unis (DeHayes et al., 1999). Les effets de ces facteurs sur le sapin baumier ne sont pas aussi clairs. Les concentrations de plomb dans la couverture morte diminuent, mais il n’y a aucun signe de réduction de l’acidité des précipitations, malgré une baisse des émissions (EPA, 2014; Lawrence et al., 2015).

Cadieux et al. (2019) ont modélisé les effets des changements climatiques dans l’écozone du bouclier boréal (au Québec) et dans l’écozone maritime de l’Atlantique (au Québec et au Nouveau-Brunswick). En se fondant sur le pire scénario de changements climatiques, ils estiment que plus de 50 % de l’habitat actuel de la Grive de Bicknell disparaîtra d’ici 2100, en raison des conditions plus chaudes et plus sèches qui favoriseront les essences de feuillus au détriment du sapin baumier. Iverson et al. (2008) prévoient que le sapin baumier et l’épinette rouge feront partie des espèces d’arbres dont l’aire de répartition diminuera dans l’est des États-Unis d’après les scénarios de changements climatiques prévus. Rodenhouse et al. (2008) ont en outre indiqué qu’une augmentation de 1 °C de la température pourrait entraîner la perte de plus de la moitié de l’habitat des espèces d’arbres qui se rencontrent actuellement en haute altitude (par exemple sapin baumier, épinette rouge, bouleau à papier).

La tendance à l’assèchement qui se manifeste déjà dans l’habitat d’hivernage sur l’île d’Hispaniola est très préoccupante, notamment parce qu’elle pourrait avoir des effets négatifs, quoiqu’inconnus, surtout dans les milieux de basse altitude où les Grives de Bicknell femelles prédominent (Townsend et al., 2012).

Les autres facteurs de changement d’habitat comprennent la perte d’habitat de reproduction potentiel causée par la construction de parcs éoliens et de tours de télécommunication sur les sommets des montagnes (Townsend et al., 2020), ainsi que le broutage par les orignaux dans les hautes terres du Cap-Breton (voir Menaces). La perte et la dégradation de l’habitat d’hivernage se poursuivent sous l’effet de l’agriculture itinérante sur brûlis et de l’agriculture industrielle, bien qu’il soit possible que les tendances antérieures de l’habitat soient renversées à mesure que la forêt se régénérera sur les terres agricoles abandonnées (Lloyd et McFarland, 2017).

Nombre de localités fondées sur les menaces

L’habitat de reproduction de la Grive de Bicknell est naturellement fragmenté, il se concentre sur les hauts plateaux et dans les zones de haute altitude et ses parcelles sont reliées par la dispersion natale des individus (voir Déplacements, dispersion et migration). Il est peu probable que la plupart des principales menaces affectent toutes les occurrences simultanément, à l’exception des polluants atmosphériques et des changements climatiques dont les effets devraient se manifester graduellement au cours des prochaines décennies (Rodenhouse et al., 2008; Cadieux et al., 2019). L’exploitation forestière et la récolte du bois (UICN 5.3) constituent la menace la plus grave et la plus vraisemblable pour la Grive de Bicknell. Les activités forestières touchent des zones relativement petites au cours de la période visée et elles évoluent dans le paysage au fil du temps. Chaque zone est considérée comme une localité distincte, et le nombre total de localités est inconnu, mais nettement supérieur à 10.

Protection, statuts et classements

Statuts et protection juridiques

La Grive de Bicknell a été inscrite sur la liste des espèces menacées de l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril en 2012, et la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs protège les individus et les nids de cette espèce au Canada. La Grive de Bicknell est considérée comme une espèce menacée au Nouveau-Brunswick (2013) et en voie de disparition (2013) en Nouvelle-Écosse (tableau 4). Au Québec, la Grive de Bicknell est désignée comme une espèce vulnérable aux termes de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec (RLRQ, c. E-12.01) et elle est protégée en vertu de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune (RLRQ, c. C-61.1).

Aux États-Unis, la Grive de Bicknell est une espèce apparemment non en péril (« Apparently Secure », USFWS, 2017) à l’échelle nationale, ce qui signifie qu’elle n’est pas protégée aux termes du Endangered Species Act. Par ailleurs, la Grive de Bicknell est considérée comme une espèce préoccupante (« Special Concern ») dans l’État de New York, au Vermont et dans le Maine, une espèce préoccupante de catégorie B (« Special Concern, Category B ») au New Hampshire, et une espèce vraisemblablement disparue (« Presumed Extirpated ») au Massachusetts (tableau 4).

Tableau 4. Statuts de conservation de la Grive de Bicknell au Canada et aux États-Unis d’après le rapport Espèces sauvages 2015 : la situation générale des espèces au Canada, Birdlife International (2021) et NatureServe (2021)
Territoire NatureServeNote de bas de page 8 StatutsNote de bas de page 9
Monde G4 Apparemment non en péril (NatureServe, 2021)
Canada N2B,N2M Menacée (6/20/2012)
Québec S2B Vulnérable (9/2009)
Nouveau-Brunswick S2B Menacée (2013)
Île-du-Prince-Édouard SHB Sans objet
Nouvelle-Écosse S1B En voie de disparition (2013)
États-Unis N4B Non inscrite
Maine S3B Préoccupante
Massachusetts SXB Vraisemblablement disparue
New Hampshire S2S3B Préoccupante, catégorie B
New Jersey S3N Sans objet
New York S2S3B Préoccupante
Vermont S2B Préoccupante

Statuts et classements non juridiques

La Grive de Bicknell est inscrite sur la Liste rouge de l’UICN en tant qu’espèce « vulnérable » à l’échelle mondiale (BirdLife International, 2021). Selon le classement de NatureServe (2021), l’espèce est apparemment non en péril (G4), et les cotes suivantes lui ont été attribuées : N2B, N2M au Canada, N4B aux États-Unis, S1B en Nouvelle-Écosse, S2B au Nouveau-Brunswick, S2B au Québec et au Vermont, S2S3B au New Hampshire et dans l’État de New York, S3B dans le Maine, et S3N au New Jersey (NatureServe, 2021).

La Grive de Bicknell figure sur la liste de surveillance rouge de Partenaires d’envol, en raison de ses besoins très spécialisés en matière d’habitat et de ses aires de répartition estivale et hivernale restreintes (Partenaires d’envol, 2021), et elle est considérée comme une espèce préoccupante à l’échelle nationale par le Fish and Wildlife Service des États-Unis (Lloyd et McFarland, 2017).

Protection et propriété de l’habitat

Depuis 2010, la Grive de Bicknell a été observée dans huit parcs nationaux ou provinciaux au Québec, un au Nouveau-Brunswick et un en Nouvelle-Écosse (tableau 5), ainsi que dans le Baxter State Park, dans le Maine. L’espèce a également été signalée dans plusieurs zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO), certaines étant situées dans des parcs nationaux ou provinciaux, y compris le mont Gosford, le mont Mégantic, Charlevoix, l’île Bonaventure, la péninsule de Forillon et l’île Brion, au Québec; les hautes-terres de Nepisiguit et l’archipel de Grand Manan, au Nouveau-Brunswick; le parc national du Canada des Hautes-Terres-du-Cap-Breton, le cap North et la pointe Money, l’île St. Paul et l’île Scatarie, en Nouvelle-Écosse. Toutefois, l’espèce n’a pas été observée depuis 1989 dans la ZICO de l’île Brion, depuis le deuxième atlas des oiseaux nicheurs dans la ZICO de l’archipel de Grand Manan (Stewart et al., 2015) et depuis 2010 dans la ZICO de l’île St. Paul. La dernière mention dans la ZICO de l’île Scatarie est une détection « probable » au moyen d’enregistreurs automatisés (L. Achenbach, données inédites). La seule mention dans la ZICO de l’île d’Anticosti, au Québec, était probablement une Grive à joues grises (EPOQ, J. Larivée et Regroupement QuébecOiseaux). Enfin, la Grive de Bicknell a été observée à plusieurs sites sur des terres mises en réserve dans les monts Chic-Chocs, au Québec, en vue de la création d’une aire protégée (Jean St-Laurent, comm. pers., 2021).

Tableau 5. Aires protégées avec au moins une mention de la Grive de Bicknell depuis 2010
Nom Province ou État Habitat potentiel (ha)Note de bas de page 10 Dernière mention (année) Source d’information
Parc national du Mont-Tremblant Québec 1949 2020 eBird, 2021
Parc national de la Jacques-Cartier Québec 50 894 2016 B. Dubeau, données inédites 2016
Parc national du Mont-Mégantic Québec 2 280 2020 eBird, 2021
Parc national de la Gaspésie Québec 57 550 2019 eBird, 2021
Parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie Québec 9 294 2012 eBird, 2021
Parc national des Grands-Jardins Québec 30 846 2017 eBird, 2021
Parc national des Monts-Valin Québec 7 864 2020 eBird, 2021
Parc national de l’Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé Québec 416 2019 eBird, 2021
Parc national du Canada de Forillon Québec 4 927 2004Note de bas de page 10 A. Plouffe Leboeuf, comm. pers., 2022
Réserve écologique de Tantaré Québec 196 S.O. COSEWIC, 2009
Réserve écologique Claude-Mélanson Québec 447 2020 eBird, 2021
Propriété Bélanger (Mont Sutton) Québec 40 2020 eBird, 2021
Parc provincial Mont-Carleton Nouveau-Brunswick 3 226 2016 eBird, 2021
Parc national du Canada de Fundy Nouveau-Brunswick S.O. 2009Note de bas de page 10 J. Wilson, comm. pers., 2021
Parc national du Canada des Hautes-Terres-du-Cap-Breton Nouvelle-Écosse 61 500 2017 eBird 2021
Île Scatarie Nouvelle-Écosse S.O. 2019Note de bas de page 11 L. Achenbach, données inédites
Aire de nature sauvage de la rivière Margaree Nouvelle-Écosse 2 898 S.O. COSEWIC, 2009
Baxter State Park Maine, États-Unis S.O. 2020 eBird, 2021
Total Sans objet 234 031 Sans objet Sans objet

Activités de rétablissement

Le Groupe international de conservation de la grive de Bicknell a publié un premier plan d’action en 2010 (IBTCG, 2010), puis une version révisée en 2017 (Lloyd et McFarland, 2017). Des modèles ont été élaborés pour estimer la qualité de l’habitat au Québec (Broeckaert, 2011), et l’habitat essentiel a été en partie défini d’après la meilleure information disponible (ECCC, 2020). Des sites prioritaires ont été désignés pour la conservation (Julien et al., 2014) au Québec, et des recommandations ont été formulées pour planifier la gestion et la protection de l’habitat (Bussière et Julien, 2012 a et b). Le gouvernement du Québec (2014) a identifié des peuplements de sapin baumier côtiers et en altitude qui présentent un fort potentiel d’occupation par la Grive de Bicknell, ainsi que des sites où sa présence a été confirmée. Le gouvernement a imposé une limite maximale de perturbation de l’habitat de 33 % pour les activités d’aménagement forestier dans des zones présentant un potentiel élevé, et interdit toute perturbation dans les zones où la présence de la Grive de Bicknell est confirmée.

Remerciements et experts contactés

Remerciements

Le financement nécessaire à la production du présent rapport a été fourni par Environnement et Changement climatique Canada. Le rédacteur du présent rapport souhaite remercier les rédacteurs du précédent rapport de situation (COSEWIC, 2009) : Yves Aubry, Sébastien Paradis, Julie Hart, Kent McFarland, Chris Rimmer, Julie Paquet et Becky Whittam. Richard Elliot, coprésident du Sous-comité de spécialistes des oiseaux du COSEPAC, a émis des commentaires constructifs tout au long de la production du rapport. Yves Aubry a compilé et fourni d’importantes quantités de données, effectué des estimations de la population au Québec et échangé de précieux renseignements sur l’écologie et le statut de conservation de la Grive de Bicknell dans cette province. François Landry, Mathieu Allard et Véronique Connolly ont mesuré les zones d’habitat qui ont servi à établir une nouvelle estimation de la population au Québec. André Desrochers a gracieusement analysé les données d’EPOQ pour dégager les tendances et préparer les figures 7 et 8. Adam Smith a contribué à l’interprétation des tendances de la population fondées sur les données du BBS. Christian Artuso, Andrew Horn et Jean-Pierre Savard, ainsi que des collègues de divers organismes au Canada, ont contribué, de par leurs commentaires, à améliorer la version provisoire du rapport. Les experts énumérés ci-dessous ont fourni des données et des conseils précieux.

Experts contactés

Allen, Sydney. Agent de projets scientifiques et SIG, Secrétariat du COSEPAC, Service canadien de la faune, Environnement et Changement climatique Canada, Ottawa (Ontario).

Aubry, Yves. Biologiste – Oiseaux migrateurs, Service canadien de la faune, Environnement et Changement climatique Canada, Québec (Québec).

Campbell, Greg. Landbird Biologist. Service canadien de la faune, Environnement et Changement climatique Canada, St. John’s (Terre-Neuve-et-Labrador).

Desrochers, André. Professeur. Département des sciences du bois et de la forêt, Université Laval, Québec (Québec).

Diamond, Anthony. Professeur émérite, Faculté de foresterie et de gestion de l’environnement, Université du Nouveau-Brunswick, Fredericton (Nouveau-Brunswick).

Dubeau, Benoit. Responsable du service de la conservation et de l’éducation, parc national de la Jacques-Cartier. Stoneham-et-Tewksbury (Québec).

Gauthier, Isabelle. Coordonnatrice provinciale des espèces fauniques menacées ou vulnérables du Québec. Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Québec (Québec).

Gauthier, Yves. Ornithologue amateur. Montréal (Québec).

Hadley, Adam. Biologiste. Ministère des Ressources naturelles et du Développement de l’énergie. Gouvernement du Nouveau-Brunswick, Fredericton (Nouveau-Brunswick).

Hill, Jason M. Quantitative Ecologist, Vermont Center for Ecostudies. White River Junction, Vermont.

Jean-St-Laurent, Étienne. Direction de la conservation des habitats, des affaires législatives et des territoires fauniques, ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Québec (Québec).

Lamoureux, Stéphane. Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, Québec (Québec).

Lemaître, Jérôme. Direction de l’expertise sur la faune terrestre, l’avifaune et l’herpétofaune, ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Québec (Québec).

McFarland, Kent. Biologist. Vermont Center for Ecostudies. White River Junction, Vermont.

Morales, Ana. Ornithologue. Observatoire d’oiseaux de McGill, Montréal (Québec).

Poulin, Jean-François. Biologiste et chef d’équipe - Environnement, WSP Ltd., Baie-Comeau (Québec).

Smith, Adam. Biostatisticien principal. Service canadien de la faune, Environnement et Changement climatique Canada, Centre national de la recherche faunique, Ottawa (Ontario).

Thomas, Peter. Biologiste des oiseaux terrestres. Service canadien de la faune, Environnement et Changement climatique Canada, Sackville (Nouveau-Brunswick).

Torrenta, Rémi. Biologiste chargé de projets sur les oiseaux. Oiseaux Canada, Sackville (Nouveau-Brunswick).

Tremblay, Junior. Chercheur scientifique, Direction des sciences de la faune et du paysage, Environnement et Changement climatique Canada, Québec (Québec).

Watts, Todd. Ornithologue amateur. St. Stephen (Nouveau-Brunswick).

Whittam, Becky. Gestionnaire – Conservation marine et terrestre, Service canadien de la faune, Environnement et Changement climatique Canada, Sackville (Nouveau-Brunswick).

Sources d’information

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Artuso, C., comm. pers. 2022. Correspondance par courriel adressée à M.-A. Villard, janvier 2022. Biologiste, Service canadien de la faune, Environnement et Changement climatique Canada, Ottawa, Canada.

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Aubry, Y., comm. pers. 2020. Correspondance par courriel adressée à M.-A. Villard, décembre 2020. Biologiste, Service canadien de la faune, Environnement et Changement climatique Canada, Québec (Québec).

Aubry, Y., comm. pers. 2021. Conversation téléphonique avec M.-A. Villard, février 2021. Biologiste, Service canadien de la faune, Environnement et Changement climatique Canada, Québec (Québec).

Aubry, Y., données inédites 2021. Biologiste, Service canadien de la faune, Environnement et Changement climatique Canada,, Québec (Québec).

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Sommaire biographique du rédacteur du rapport

Marc-André Villard est un écologiste aviaire qui se concentre sur la réponse des populations à l’aménagement forestier et aux processus au niveau du paysage. Ses recherches doctorales ont porté sur les effets de la fragmentation de l’habitat sur la répartition et le succès d’appariement d’espèces de passereaux focales, notamment la Grive des bois (Hylocichla mustelina) et la Paruline couronnée (Seiurus aurocapilla). Plus récemment, il a examiné les effets de l’aménagement forestier intensif sur les paramètres démographiques des espèces focales, notamment la Grive à dos olive, par le biais d’expériences de terrain à grande échelle, ainsi que les relations trophiques reliant la reproduction des arbres à production accrue de cônes, des rongeurs et de la reproduction des oiseaux chanteurs. Ses recherches sur le terrain ont été menées principalement dans les forêts tempérées et boréales du Québec, du Nouveau-Brunswick et de l’Alberta. M. Villard est l’un des coéditeurs fondateurs de la revue Avian Conservation and Ecology. Il travaille au Québec comme biologiste de la conservation pour la Sépaq, sur des projets portant sur les espèces en péril, les espèces envahissantes et les effets des loisirs de plein air sur la biodiversité.

Collections examinées

Aucune collection n’a été examinée lors de la rédaction du présent rapport.

Annexe 1. Résultats du calculateur des menaces pour la Grive de Bicknell

Tableau d’évaluation des menaces

Nom scientifique de l’espèce ou de l’écosystème : Grive de Bicknell (Catharus bicknelli)

Identification de l’élément : Sans objet

Code de l’élément : Sans objet

Date (Ctrl + ";" pour la date d’aujourd’hui) : 2021-09-07

Évaluateurs : David Fraser (animateur), Marc-André Villard (rédacteur), Richard Elliot (coprésident du Sous-comité de spécialistes des oiseaux du COSEPAC), Sydney Allen (Secrétariat du COSEPAC), Christian Artuso, Yves Aubry, Louise Blight, Greg Campbell, Pete Davidson, Tony Diamond, Marcel Gahbauer, Adam Hadley, Andrew Horn, Tara Imlay, Mary Sabine, Jean-Pierre Savard, Peter Thomas, Junior Tremblay, Rémi Torrenta, Chris Rimmer, Liana Zanette, Erin Whidden, Chris Ward

Références : Version provisoire du calculateur des menaces, version provisoire du rapport de situation sur la Grive de Bicknell, tableau d’évaluation des menaces du Programme de rétablissement de la Grive de Bicknell (ECCC, 2020).

Guide pour le calcul de l’impact global des menaces
Impact des menaces Comptes des menaces de niveau 1 selon l’intensité de leur impact maximum de la plage d’intensité Comptes des menaces de niveau 1 selon l’intensité de leur impact minimum de la plage d’intensité
A (Très élevé) 0 0
B (Élevé) 0 0
C (Moyen) 2 0
D (Faible) 3 5
Impact des menaces calculé Élevé Moyen

Impact global des menaces attribué : Élevé-moyen

Ajustement de la valeur de l’impact global calculée — justifications : Sans objet

Impact global des menaces — commentaires : La durée d’une génération est d’environ 2,3 ans (Bird et al., 2020); la période utilisée pour déterminer la gravité et l’immédiateté est donc de 10 ans. Les menaces pèsent sur l’espèce dans ses aires de reproduction au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, dans son habitat de migration dans l’est des États-Unis et dans ses aires d’hivernage dans les îles des Grandes Antilles de la mer des Caraïbes, où les impacts de nombreuses menaces peuvent être plus élevés.

Calcul de l’impact global des menaces
Numéro Menace Impact des menaces Impact (calculé) Portée (10 prochaines années) Gravité (10 ans ou 3 générations) Immédiateté Commentaires
1 Développement résidentiel et commercial D Faible Petite (1-10 %) Légère (1-10 %) Élevée (continue) Sans objet
1.1 Zones résidentielles et urbaines D Faible Petite (1-10 %) Légère (1-10 %) Élevée (continue) Aucun développement de zones résidentielles ou urbaines n’est prévu dans les aires de reproduction ou d’hivernage, bien que certaines haltes migratoires puissent être touchées, notamment par la perte d’habitat et les collisions directes contre des bâtiments attribuables au développement urbain.
1.2 Zones commerciales et industrielles D Faible Petite (1-10 %) Légère (1-10 %) Élevée (continue) Le développement de zones commerciales ou industrielles devrait être limité dans les aires de reproduction ou d’hivernage, bien que certaines haltes migratoires puissent être touchées. La construction de tours de télécommunication dans les aires de reproduction en altitude peut constituer une menace locale en raison de la perte d’habitat de reproduction.
1.3 Zones touristiques et récréatives D Faible Petite (1-10 %) Légère (1-10 %) Élevée (continue) Le développement de stations de ski et l’aménagement de pistes de ski et de sentiers dans l’arrière-pays entraînent une perte directe d’habitat en raison du déboisement, bien qu’il ait été démontré que la Grive de Bicknell peut se reproduire avec succès en bordure des sentiers.
2 Agriculture et aquaculture D Faible Restreinte (11-30 %) Modérée (11-30 %) Élevée (continue) Sans objet
2.1 Cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois D Faible Restreinte (11-30 %) Modérée (11-30 %) Élevée (continue) L’agriculture itinérante et l’agriculture industrielle continuent d’entraîner la déforestation et la dégradation de l’habitat dans les aires d’hivernage, bien que les zones où l’agriculture itinérante a été pratiquée finissent par se régénérer et offrir un habitat forestier utilisable.
2.2 Plantations pour la production de bois et de pâte Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Les aires de reproduction et d’hivernage ne sont pas touchées par cette menace.
2.3 Élevage de bétail D Faible Petite (1-10 %) Légère (1-10 %) Élevée (continue) Le développement de petites exploitations d’élevage de bétail et le déboisement pourraient entraîner des pertes d’habitat forestier dans les aires d’hivernage.
2.4 Aquaculture en mer et en eau douce Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
3 Production d’énergie et exploitation minière D Faible Restreinte-petite (1-30 %) Légère (1-10 %) Élevée (continue) Sans objet
3.1 Forage pétrolier et gazier Sans objet Inconnu Inconnue Inconnue Modérée (possiblement à court terme, <10 ans ou 3 générations) Aucune interaction n’a été observée entre la Grive de Bicknell et les activités de forage pétrolier et gazier, mais de telles interactions peuvent survenir occasionnellement lors de la migration.
3.2 Exploitation de mines et de carrières Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Peu importe le moment de l’année, aucune interaction importante n’est attendue entre la Grive de Bicknell et les activités d’exploitation de mines et de carrières.
3.3 Énergie renouvelable D Faible Restreinte-petite (1-30 %) Légère (1-10 %) Élevée (continue) Le développement de parcs éoliens dans l’habitat de reproduction (sommets de montagnes éloignées au Québec et au Nouveau-Brunswick) peut causer des perturbations et des pertes d’habitat, en raison de la construction et de l’utilisation de routes d’accès et du défrichage pour la construction des fondations des éoliennes, lesquelles posent un risque de mortalité associé aux collisions directes occasionnelles.
4 Corridors de transport et de service Sans objet Négligeable Restreinte-petite (1-30 %) Négligeable (<1 %) Élevée (continue) Sans objet
4.1 Routes et voies ferrées Sans objet Négligeable Restreinte-petite (1-30 %) Négligeable (<1 %) Élevée (continue) La plupart des sites de reproduction et d’hivernage sont isolés et éloignés des routes et des voies ferrées, à l’exception de routes peu utilisées permettant d’accéder à des parcs éoliens, à des tours de communication ou à des zones d’exploitation forestière ou agricole.
4.2 Lignes de services publics Sans objet Négligeable Négligeable (<1 %) Légère (1-10 %) Élevée (continue) Le défrichage, la construction et l’entretien de corridors et de lignes de transport d’électricité à haute tension peuvent causer des perturbations et des pertes d’habitat limitées dans les aires de reproduction. Les tours de télécommunication présentes dans les aires de reproduction peuvent constituer une menace locale en raison du risque de mortalité par collision directe.
4.3 Voies de transport par eau Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
4.4 Corridors aériens Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
5 Utilisation des ressources biologiques CD Moyen-faible Grande-restreinte (11-70 %) Modérée (11-30 %) Élevée (continue) Sans objet
5.1 Chasse et capture d’animaux terrestres Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
5.2 Cueillette de plantes terrestres Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
5.3 Exploitation forestière et récolte du bois CD Moyen-faible Grande-restreinte (11-70 %) Modérée (11-30 %) Élevée (continue) Environ 90 % de l’habitat de reproduction de la Grive de Bicknell se trouve sur des terres aménagées à des fins d’exploitation forestière. Lorsque des coupes d’éclaircies précommerciales sont effectuées à grande échelle dans des peuplements denses de sapins et d’épinettes en régénération, les individus nicheurs évitent pendant plusieurs années les peuplements récemment éclaircis. Une recherche récente menée au Nouveau-Brunswick donne à penser que la Grive de Bicknell pourrait préférer les peuplements de conifères plus anciens, ce qui rend l’espèce d’autant plus vulnérable à l’aménagement forestier intensif. Au Québec et dans les provinces maritimes, le remplacement à grande échelle des sapins baumiers récoltés par des plantations d’épinettes entraîne une conversion du type de forêt et une perte de l’habitat de reproduction principal de l’espèce. En outre, il est probable que les vastes plantations d’épinettes abritent des densités beaucoup plus élevées d’écureuils roux, une espèce qui récolte des cônes d’épinette, ce qui se traduit par un accroissement de la prédation des nids (voir 8.2 Espèces ou agents pathogènes indigènes problématiques). Dans les aires d’hivernage, la récolte du bois pour la production de charbon de bois peut entraîner la perte d’habitat à l’échelle locale.
5.4 Pêche et récolte de ressources aquatiques Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
6 Intrusions et perturbations humaines Sans objet Négligeable Petite (1-10 %) Négligeable (<1 %) Élevée (continue) Sans objet
6.1 Activités récréatives Sans objet Négligeable Petite (1-10 %) Négligeable (<1 %) Élevée (continue) La plupart des sites de reproduction et d’hivernage se trouvent dans des peuplements forestiers denses, loin des sentiers et des routes d’accès. L’accroissement des activités de plein air (par exemple sentiers de randonnée, pistes de vélo de montagne, de ski alpin et de ski nordique) peut entraîner une certaine pression sur l’habitat de reproduction. Dans certaines aires protégées, la pression exercée peut parfois être forte en bordure des sentiers, mais une étude sur les effets de l’utilisation des sentiers de randonnée dans les montagnes Blanches, au New Hampshire (DeLuca et King, 2014), semble indiquer que les effets sur l’occurrence et l’abondance sont minimes.
6.2 Guerre, troubles civils et exercices militaires Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
6.3 Travail et autres activités Sans objet Négligeable Négligeable (<1 %) Négligeable (<1 %) Élevée (continue) Les activités de recherche sur la Grive de Bicknell peuvent avoir des effets limités sur son abondance à l’échelle locale. Toutefois, Townsend et al. (2012) rapportent que les radioémetteurs n’ont aucun effet sur le taux de survie apparent, ce qui donne à penser que l’espèce est assez résistante à ce type de perturbation.
7 Modifications des systèmes naturels Sans objet Inconnu Inconnue Modérée-légère (1-30 %) Élevée (continue) Sans objet
7.1 Incendies et suppression des incendies Sans objet Inconnu Inconnue Modérée-légère (1-30 %) Élevée (continue) Les modèles de changements climatiques (Cadieux et al., 2019) indiquent que la fréquence des incendies pourrait augmenter dans la forêt boréale. La portée de cette menace est inconnue parce que, contrairement à d’autres facteurs, l’impact additionnel des incendies n’a pas été estimé et que ceux-ci peuvent même avoir des effets positifs, notamment en stimulant la succession naturelle. Il est peu probable que la suppression des incendies ait un effet important dans les zones éloignées occupées par l’espèce.
7.2 Gestion et utilisation de l’eau et exploitation de barrages Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Aucun projet de gestion de l’eau d’envergure ne devrait être mis en œuvre dans l’aire de reproduction boréale de l’espèce au cours de la prochaine décennie. La plupart des projets ont un effet direct limité sur la Grive de Bicknell puisqu’elle se reproduit à des altitudes relativement élevées.
7.3 Autres modifications de l’écosystème Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Les activités humaines qui entraînent des modifications de l’habitat dans les aires de reproduction ou d’hivernage, autres que celles liées aux changements climatiques abordées à la section 11.1 (Déplacement et altération de l’habitat), ne devraient pas avoir d’incidence sur la Grive de Bicknell ou ses ressources alimentaires.
8 Espèces et gènes envahissants ou autrement problématiques CD Moyen-faible Généralisée (71-100 %) Modérée-légère (1-30 %) Élevée (continue) Sans objet
8.1 Espèces ou agents pathogènes exotiques (non indigènes) envahissants D Faible Généralisée (71-100 %) Légère (1-10 %) Élevée (continue) Il a été démontré que les prédateurs introduits dans les aires d’hivernage (par exemple rat noir, rat surmulot, chat domestique, mangouste) tuent des Grives de Bicknell qui dorment dans les arbres pendant la nuit. Des rats sont présents à tous les sites d’hivernage étudiés sur l’île d’Hispaniola, y compris dans les forêts occupées par les Grives de Bicknell pendant l’hiver. Les rats peuvent pousser les Grives de Bicknell à abandonner leur habitat de prédilection et à se déplacer vers les forêts de pins adjacentes. Les sangliers peuvent causer une légère dégradation de l’habitat dans les aires d’hivernage.
8.2 Espèces ou agents pathogènes indigènes problématiques CD Moyen-faible Généralisée (71-100 %) Modérée-légère (1-30 %) Élevée (continue) La croissance des populations d’écureuils roux est stimulée en partie par des activités d’aménagement forestier, c.-à-d. la conversion de peuplements dominés par le sapin baumier en plantations d’épinettes, ce qui fait en sorte que les écureuils roux ont un impact plus important que dans des conditions naturelles puisqu’il est probable que la prédation des nids augmente, en particulier lors des années de faible production de cônes d’épinette. Les infestations de tordeuses des bourgeons de l’épinette en cours, dont l’intensité est probablement plus élevée que dans des conditions naturelles en raison de l’utilisation de techniques d’aménagement forestier créant des peuplements équiennes, pourraient entraîner une dégradation de l’habitat de reproduction au Québec et dans les provinces maritimes au cours des 10 prochaines années. Les infestations de tordeuses des bourgeons de l’épinette pourraient avoir des effets plus positifs à long terme puisqu’elles favorisent le processus de succession forestière. Au Cap-Breton, la surabondance de l’orignal a entraîné une dégradation de l’habitat de reproduction de la Grive de Bicknell. Il est probable que l’orignal ait aussi des impacts dans des zones limitées de l’aire de répartition de la Grive de Bicknell.
8.3 Matériel génétique introduit Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
8.4 Espèces ou agents pathogènes problématiques d’origine inconnue Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
8.5 Maladies d’origine virale ou maladies à prions Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
8.6 Maladies de cause inconnue Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
9 Pollution Sans objet Inconnu Généralisée (71-100 %) Inconnue Élevée (continue) Sans objet
9.1 Eaux usées domestiques et urbaines Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
9.2 Effluents industriels et militaires Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
9.3 Effluents agricoles et sylvicoles Sans objet Inconnu

Restreinte-petite

(1-30 %)

Inconnue Élevée (continue) La pulvérisation de Btk en milieu forestier pour lutter contre la tordeuse des bourgeons de l’épinette et l’arpenteuse de la pruche peut réduire l’abondance de nourriture puisque cet insecticide tue les larves de lépidoptères, y compris la tordeuse des bourgeons de l’épinette, dont se nourrit la Grive de Bicknell.
9.4 Déchets solides et ordures Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
9.5 Polluants atmosphériques Sans objet Inconnu Généralisée (71-100 %) Inconnue Élevée (continue) Les dépôts atmosphériques de mercure et d’autres polluants, comme le plomb et les oxydes d’azote et de soufre, peuvent avoir des effets directs sur la santé de la Grive de Bicknell, mais ces impacts n’ont fait l’objet d’aucune publication et les concentrations de contaminants mesurées sont relativement faibles. Les précipitations acides peuvent avoir des effets négatifs, en particulier en altitude, puisqu’elles entraînent des carences calciques et une accumulation accrue d’aluminium, de plomb et d’autres métaux lourds chez les invertébrés dont s’alimente la Grive de Bicknell.
9.6 Apports excessifs d’énergie Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
10 Phénomènes géologiques Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
10.1 Volcans Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
10.2 Tremblements de terre et tsunamis Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
10.3 Avalanches et glissements de terrain Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet
11 Changements climatiques et phénomènes météorologiques violents Sans objet Inconnu Généralisée (71-100 %) Inconnue Élevée (continue) Sans objet
11.1 Déplacement et altération de l’habitat Sans objet Négligeable Généralisée (71-100 %) Négligeable (<1 %) Élevée (continue) Les modèles de changements climatiques prévoient des réductions de la superficie et de la qualité de l’habitat de reproduction, lesquelles seront principalement attribuables à la réduction de l’étendue des peuplements de sapin baumier en altitude ou sur les plateaux sous l’effet de la hausse des températures. Par conséquent, l’habitat convenable pourrait se rencontrer plus au nord ou à des altitudes plus élevées, et son étendue pourrait connaître un déclin généralisé. De nombreux effets pourraient survenir au-delà de 10 ans, en particulier dans les milieux de haute altitude.
11.2 Sécheresses Sans objet Inconnu Généralisée (71-100 %) Inconnue Élevée (continue) La tendance à l’assèchement prévue a déjà commencé à se manifester dans les forêts humides que la Grive de Bicknell occupe dans ses aires d’hivernage, et il est présumé que l’assèchement aura des effets négatifs, quoiqu’incertains, sur l’espèce.
11.3 Températures extrêmes Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Il n’y a aucune donnée probante sur les impacts de la hausse des températures dans les aires de reproduction et d’hivernage.
11.4 Tempêtes et inondations Sans objet Inconnu Généralisée (71-100 %) Inconnue Élevée (continue) L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des tempêtes tout au long de l’année et des ouragans pendant la migration d’automne peuvent accroître la mortalité de l’espèce. En République dominicaine, les ouragans plus violents et plus fréquents modifient déjà considérablement les milieux d’hivernage de haute et de basse altitude.
12 Autres impacts Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet Sans objet

Classification des menaces d’après l’IUCN-CMP, Salafsky et al. (2008).

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