Grue blanche (Grus americana) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2010
Table des matières
- COSEPAC - Sommaire de l’évaluation
- COSEPAC - Résumé
- Information sur l'espèce
- Répartition
- Habitat
- Biologie
- Tailles et tendances de la population
- Facteurs limitatifs et menaces
- Importance de l'espèce
- Protection actuelle ou autres désignations de statut
- Remerciements et experts contactés
- Sources d’information
- Sommaire biographique de la rédacteur du rapport
Liste des figures
- Figure 1. Aires de nidification et d’hivernage actuelles et anciennes de la Grue blanche (inspiré de Meine et Archibald 1996, tel que reproduit dans Environnement Canada, 2007). Les populations captives (y compris deux adultes au zoo de Calgary) sont indiquées par des carrés vides. ICF = International Crane Foundation; NWR = refuge faunique national
- Figure 2. Carte des zones de nidification actuelles de la Grue blanche qui se trouvent dans le parc national Wood Buffalo ou à proximité de ce dernier (d’après Environnement Canada, 2007). Ces zones sont plutôt contiguës et constituent en fait une seule et même aire de nidification
- Figure 3. Composition de la population de la Grue blanche du parc national Wood Buffalo et du refuge faunique d’Aransas (PNWB/ANWR), selon les données des recensements d’hiver (1938–2008)
Liste des annexes
- Annexe 1. Données sur les populations de Grues blanches sauvages et en captivité d’Amérique du Nord, en décembre 2008, selon les informations transmises par Brian Johns (SCF) et Tom Stehn (USFWS)
- Annexe 2. Composition de la population sauvage canadienne de la Grue blanche du Parc national Wood Buffalo et du refuge d’Aransas (PNWB/ANWR), selon les dénombrements annuels d’hiver effectués de 1938 à 2008
- Annexe 3. Composition de la bande de Grues blanches migratrices de l’Est, 2001-2008
- Annexe 4. Composition de la bande de Grues blanches sédentaires de Floride, 1993-2008
- Annexe 5. Efforts pertinents de rétablissement de la Grue blanche déployés en Amérique du Nord
Grue blanche Grus americana
En voie de disparition – 2010
COSEPAC – Comité sur la situation des espèces en péril au Canada
Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :
COSEPAC. 2010. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur sur la grue blanche (Grus americana) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xi + 37 p.
Rapport(s) précédent(s) :
COSEPAC. 2000. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la Grue blanche (Grus americana) au Canada – Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. viii + 32 p.
Wapple, R.D. 2000. Rapport du COSEPAC sur la situation de la Grue blanche (Grus americana) au Canada – Mise à jour, in Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la Grue blanche (Grus americana) au Canada – Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. Pages 1 – 32.
Gollop, M.A. 1978. COSEWIC status report on the Whooping Crane Grus americana in Canada. Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada. Ottawa. 23 p.
Note de production :
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) souhaite remercier Marie–Claire Classen, qui a rédigé le rapport de situation sur la Grue blanche (Grus Americana) au Canada en vertu d’un contrat avec Environnement Canada. Jon McCracken, coprésident du Sous–comité de spécialistes des oiseaux du COSEPAC, a supervisé les diverses étapes de la rédaction du présent rapport et en a fait la révision.
Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :
Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3
Tél. : 819–953–3215
Téléc. : 819–994–3684
Courriel
Site Web
Also available in English under the title COSEWICAssessment and Status Report on the Whooping Crane Grus americana in Canada.
Illustration/photo de la couverture :
Grue blanche -- Illustré par Judie Shore.
© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2010.
No de catalogue CW69–14/154–2010F–PDF
ISBN978–1–100–94184–4
Sommaire de l’évaluation – Avril 2010
Nom commun
Grue blanche
Nom scientifique
Grus americana
Statut
En voie de disparition
Justification de la désignation
La totalité de la population mondiale naturelle de cette espèce niche au Canada. Elle n’a jamais été commune, mais elle a frôlé l’extinction au début du siècle dernier lorsque sa population a chuté à seulement 14 adultes. Les mesures de conservation mises en place au Canada et aux États–Unis ont non seulement permis de sauver la population restante d’une disparition, mais elles ont par la suite entraîné une hausse des effectifs. Des mesures visant à assurer la persistance de l’espèce par l’établissement de volées sauvages d’oiseaux élevés en captivité à l’extérieur du Canada se poursuivent depuis plusieurs décennies. La population nicheuse du Canada demeure cependant très petite et est confinée à une aire de reproduction limitée et à une seule aire d’hivernage. Cette situation rend l’espèce vulnérable aux catastrophes naturelles (p. ex. sécheresses, ouragans) et à une variété de menaces anthropiques continues (p. ex. perte et dégradation de l’habitat de terres humides côtières dans l’aire d’hivernage, déversements d’hydrocarbures dans les zones côtières et collisions avec des lignes électriques et d’autres structures durant la migration). Comme l’espèce atteint sa maturité sexuelle tardivement et produit naturellement peu de jeunes chaque année, sa capacité intrinsèque de résister aux facteurs compromettant sa survie ou son succès reproducteur est faible.
Répartition
Territoires du Nord–Ouest, Alberta, Saskatchewan, Manitoba
Historique du statut
Espèce désignée « en voie de disparition » en avril 1978. Réexamen et confirmation du statut en novembre 2000 et en avril 2010.
Grue blanche Grus americana
Information sur l'espèce
La Grue blanche adulte porte un plumage tout blanc, sauf pour les rémiges primaires, qui sont noires, et des marques noires et rouges sur la face. Ses longues pattes et son long bec sont noirs ou gris très foncé. L’adulte peut atteindre une hauteur de 1,5 mètre et ressemble le plus à la Grue du Canada. Chez les jeunes, le plumage est d’un blanc grisâtre mêlé de brun rougeâtre.
Répartition
La Grue blanche n’est présente qu’en Amérique du Nord. Son aire de nidification s’étendait autrefois sur l’ensemble des prairies du Canada et des États–Unis, et ses principales aires d’hivernage se trouvaient sur la côte texane du golfe du Mexique et dans le nord–est du Mexique. L’espèce est pratiquement disparue de ces régions au début du XXe siècle, et la seule population naturelle viable se reproduit aujourd’hui dans le parc national du Canada Wood Buffalo (PNWB), qui se trouve dans les Territoires du Nord–Ouest et dans le nord de l’Alberta. Cette population passe l’hiver dans la région du refuge faunique d’Aransas (Aransas National Wildlife Refuge – ANWR), sur la côte texane du golfe du Mexique.
Il existe aux États–Unis deux autres populations sauvages de l’espèce (résultats d’un programme d’élevage en captivité mis en œuvre à l’aide d’œufs provenant du Canada). La première, établie en 1993, se trouve en Floride et est sédentaire. La seconde est une population migratrice établie en 2001, qui se trouve dans le Mid West et le sud–est des États–Unis. Aucune des deux populations n’est actuellement autosuffisante; l’une et l’autre ont été établies grâce à l’introduction d’oiseaux élevés en captivité.
Habitat
L’aire de nidification de la Grue blanche est un complexe de milieux humides unique en son genre, situé dans le PNWB et caractérisé par des étangs relativement petits à substrat mou. Les superficies recouvertes d’eaux libres sont vastes et facilitent la détection des prédateurs. Pour construire leur nid, les grues préfèrent le scirpe, mais utilisent également le carex et la quenouille. La végétation terrestre est constituée principalement d’épinettes noires, d’épinettes blanches, de mélèzes et de thé du Labrador.
Pendant ses migrations, la Grue blanche se pose dans des milieux humides et des terres agricoles pour se nourrir et se reposer. Les familles affichent une préférence plus nette que les autres groupes pour les milieux humides.
L’aire d’hivernage de la côte texane du golfe du Mexique est constituée de marais estuariens peuplés principalement de distichlis dressé, de Batis maritima, de spartine alterniflore, de salicorne et de Borrichia frutescens, et de marais salés où règne la Spartina spartinae. Les hautes terres servant de refuge aux grues et autres espèces animales sont peuplées de chênes, de lauriers bourbons et de barbons.
Biologie
La Grue blanche atteint sa maturité sexuelle vers l’âge de 4 ou 5 ans et se reproduit chaque année par après. Dans le PNWB, elle commence à construire son nid dès son arrivée, à la fin avril. La ponte se termine d’ordinaire vers la mi–mai, et l’incubation des œufs dure de 30 à 35 jours. La femelle monogame pond habituellement deux œufs, mais en règle générale, un seul oisillon survit. Les oisillons, précoces, se développent rapidement et sont capables de vol soutenu vers la mi–août. Selon les estimations, la superficie du domaine vital varie de 3,2 à 12 km².
On estime que la longévité chez les populations sauvages est de 22 à 30 ans ou plus. Le taux de mortalité global pour la population du PNWB/ANWRs’établit à 9,9 % par année. Les œufs et les oisillons laissés sans surveillance sont exposés à divers prédateurs aériens et terrestres, en particulier en périodes de sécheresse. La mortalité chez les adultes survient principalement lors des migrations et de l’hivernage; elle est principalement liée à l’activité humaine.
La migration automnale débute vers la mi–septembre et prend beaucoup de temps. Elle comprend souvent un arrêt de une à cinq semaines dans le centre–sud de la Saskatchewan. Les grues arrivent dans l’aire d’hivernage du Texas de la fin octobre à la mi–novembre. Les jeunes adultes non reproducteurs quittent l’aire de nidification avant les familles. Les couples et les familles établissent des territoires passablement vastes pendant leur séjour hivernal au Texas. Au printemps, les individus juvéniles quittent le Texas avec leurs parents et demeurent auprès d’eux durant la majeure partie du voyage de retour vers le nord, pour s’en séparer juste avant d’arriver ou en arrivant au site de nidification. De 1982 à 1984, 43,7 % du temps consacré à la migration printanière s’est écoulé en Saskatchewan.
La Grue blanche est omnivore en toutes saisons. Durant la période de reproduction, son menu se compose principalement de poissons et d’invertébrés aquatiques, mais peut également inclure des grenouilles, des serpents, des petits rongeurs, des graines et des petits fruits. Lorsqu’elle fait halte sur son parcours migratoire, elle se nourrit de grains laissés dans les chaumes, de tubercules, d’insectes et de petits rongeurs. Sur les sites d’hivernage, le crabe bleu et diverses myes constituent sa principale source de nourriture, à laquelle s’ajoutent des glands et des baies de lyciet dans les hautes terres environnantes.
Tailles et tendances des populations
La Grue blanche n’a jamais été très abondante, mais compte tenu de ce que l’on sait de son aire de répartition historique et de la superficie des territoires actuels, il est raisonnable de penser qu’il pouvait autrefois y en avoir plus de 10 000 en Amérique du Nord. En 1860, on estime qu’il n’y en avait plus que 1 400. Au début du XXe siècle, la population a atteint un creux historique de 14 adultes. En hiver 2008, la population sauvage canadienne comptait 270 individus, y compris 39 jeunes de l’année. La population introduite en Floride comptait 30 individus, tandis que l’autre population introduite dans l’est des États–Unis en comptait 88. La population sauvage canadienne a connu une croissance de 40 % pendant les dix années écoulées de 1998 à 2008. L’augmentation globale du nombre d’adultes de cette population s’est établie en moyenne à 4,85 % par année au cours des 36 dernières années (3 générations), ce qui correspond à une croissance globale de 450 %.
Facteurs limitatifs et menaces
La Grue blanche niche dans une aire restreinte du PNWB. La qualité de l’habitat et, par conséquent, les ressources alimentaires de la région constituent un des facteurs limitatifs importants influant sur la reproduction de l’espèce dans l’aire de nidification. Outre les dangers qui guettent les oiseaux sur leur parcours migratoire, les conditions qui règnent dans l’aire d’hivernage texane semblent plus limitatives encore pour cette population que les caractéristiques de l’aire de nidification. La concentration des Grues blanches au Texas les rend vulnérables aux catastrophes comme les ouragans ou les déversements de produits chimiques.
Importance de l'espèce
La Grue blanche est considérée par certains comme l’espèce vedette du mouvement de conservation des espèces sauvages en Amérique du Nord; elle symbolise la situation critique des espèces en voie de disparition partout dans le monde. Il s’agit également d’un oiseau charismatique, qui a attiré l’attention des personnes de tous âges et de toutes les couches de la société.
Protection actuelle
La Grue blanche a été désignée « espèce en voie de disparition » par le COSEPAC en novembre 2000. Cette espèce est actuellement inscrite à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril; elle est protégée au Canada en vertu de la Loi sur la convention concernant les oiseaux migrateurs, de la Loi sur les parcs nationaux, de la Loi sur la faune du Canada et de la Loi sur les espèces en péril, ainsi que par les lois provinciales et territoriales portant sur la faune. Elle est aussi protégée aux États–Unis en vertu de la Migratory Bird Treaty Act et de la Endangered Species Act.
Résumé Technique
Grus americana
Grue blanche – Whooping Crane
Répartition canadienne : Territoires du Nord–Ouest, Alberta (nidification), Saskatchewan et Manitoba (migration)
Données démographiques
La population adulte du PNWB/ANWR a augmenté de 40 % au cours de la décennie 1998–2008. La croissance globale de la population d’adultes a affiché une augmentation annuelle moyenne de 4,85 % au cours des 36 dernières années (3 générations), ce qui correspond à une augmentation globale de 450 %.
du nombre total d’individus matures au cours de toute période
de dix ans, ou trois générations, couvrant une période antérieure
et ultérieure.
Information sur la répartition
Fondée sur la méthode du polygone convexe minimal pour la population nicheuse canadienne.
[Le ANWR et les terres avoisinantes du Texas renferment environ 900 km² d’habitats d’hivernage (SCF et USFWS, 2007).]
Compte non tenu des deux populations sauvages nicheuses réintroduites aux États–Unis.
Le PNWB est considéré comme une localité unique exposée aux mêmes menaces (on ne tient pas compte des populations captives ni des populations nicheuses réintroduites aux États–Unis
(définies en fonction des menaces)?
Nombre d’individus matures dans chaque population
2008–2009 (compte non tenu des populations
américaines de la Floride et du Wisconsin)
Analyse quantitative
Menaces (réelles ou imminentes pour les populations ou les habitats)
La population canadienne de cette espèce est particulièrement vulnérable dans son unique aire d’hivernage, située au Texas, où elle est menacée par la perte d’habitat due aux activités humaines, à l’élévation du niveau de la mer, à l’érosion, à la réduction des apports d’eau douce, aux perturbations anthropiques accrues, à la réduction des principales sources d’aliments et aux risques de catastrophes comme les ouragans, les sécheresses et les déversements de substances chimiques. L’aire de nidification canadienne est également exposée à des risques de catastrophes (p. ex. temps violent, sécheresse, feu).
Immigration de source externe (immigration de l’extérieur du Canada)
Statut existant
Statut et justification de la désignation
Applicabilité des critères
Critère A (déclin du nombre total d’individus matures) : Ne correspond pas au critère; la population a considérablement augmenté.
Critère B (petite aire de répartition, et déclin ou fluctuation) : Correspond au critère de la catégorie « en voie de disparition », B1ab(iii). La zone d’occurrence est inférieure à 5 000 km² (3 340 km²); l’espèce n’est présente que dans une seule localité, et il existe un déclin observé, inféré et prévu de la qualité de l’habitat d’hivernage dû à l’effet combiné des sécheresses et d’une série de menaces anthropiques.
Critère C (petite population et déclin du nombre d’individus matures) : Ne correspond pas au critère. La population compte moins de 2 500 individus matures, mais a connu une croissance sensible au cours des dernières décennies et ne subit pas de fluctuations extrêmes.
Critère D (très petite population totale ou aire de répartition limitée) : Correspond au critère de la catégorie « en voie de disparition », D1; la population compte moins de 250 individus matures (231 adultes).
Critère E (analyse quantitative) : Ne correspond pas au critère. L’analyse des caractéristiques démographiques de la population du PNWB laisse entendre un risque de disparition inférieur à 1 % au cours des 100 prochaines années, à condition qu’il n’y ait pas de nouvelle dégradation des variables environnementales.
Historique du COSEPAC
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale–provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.
Mandat du COSEPAC
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous–espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.
Composition du COSEPAC
Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous–comités de spécialistes des espèces et du sous–comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.
Définitions (2010)
- Espèce sauvage
-
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’une autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.
- Disparue (D)
-
Espèce sauvage qui n’existe plus.
- Disparue du pays (DP)
-
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.
- En voie de disparition (VD)*
-
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.
- Menacée (M)
-
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.
- Préoccupante (P)**
-
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.
- Non en péril (NEP) ***
-
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.
- Données insuffisantes (DI) ****
- Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.
* Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.
** Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000. Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
*** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
**** Catégorie « DSIDD» (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI)révisée en 2006.
Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.
Rapport de situation du COSEPAC sur Grue blanche Grus americana au Canada – 2010
Classe : Aves
Ordre : Gruiformes
Famille : Gruidae
Genre : Grus
Espèce : americana
Nom commun français : Grue blanche
Nom commun anglais : Whooping Crane
Le nom commun anglais de l’espèce – Whooping Crane – provient vraisemblablement des cris que lancent ces oiseaux ou des vocalisations qu’ils émettent à l’unisson. L’analyse de l’ADN effectuée par Love et Deininger (1992) laisse entendre que le parent le plus proche de la Grue blanche est la Grue cendrée (Grus grus), une espèce eurasienne. La Grue du Canada (G. canadensis) est la seule autre grue indigène d'Amérique du Nord.
La Grue blanche est le plus grand oiseau d’Amérique du Nord, les mâles pouvant atteindre jusqu’à 1,5 m de hauteur. Elle dépasse la Grue du Canada d’environ 12 à 20 cm. Les mâles sont légèrement plus grands que les femelles; ils pèsent en moyenne 7,3 kg, comparativement à 6,4 kg pour les femelles (SCF et USFWS, 2007).
La Grue blanche adulte porte un plumage blanc contrastant avec les rémiges primaires noires qu’on ne voit que lorsque les ailes sont déployées. Le sommet de la tête est nu et rouge foncé, et la base du bec est rose. Une marque gris foncé de forme triangulaire orne la nuque, et des plumes foncées sont présentes dans la région malaire. Les longues pattes et le long bec sont noirs ou gris très foncé. Chez les jeunes, le plumage est d’un blanc grisâtre mêlé de brun rougeâtre jusqu’à l’âge de quatre mois, après quoi des plumes blanches commencent à apparaître sur le cou et le dos. Les individus juvéniles commencent à acquérir leur plumage d’adulte, y compris la peau rouge foncé du sommet de la tête et de la région malaire, au cours du premier hiver; cette transformation s’achève à la fin du deuxième été.
La Grue blanche partage certaines portions de son aire de répartition avec plusieurs espèces qui lui ressemblent, notamment l’Oie des neiges (Chen caerulescens) et le Pélican d’Amérique (Pelecanus erythrorhynchos) qui, comme elle, ont un plumage blanc et le bout des ailes noires, mais des pattes et un cou plus courts et un bec dont la forme est nettement différente. Les aigrettes et les cygnes ont aussi un plumage blanc, mais n’ont pas de rémiges primaires noires. Les cygnes ont des pattes noires et courtes qui ne dépassent pas beaucoup en vol. Les aigrettes, dont les longues pattes noires sont très visibles en vol, volent le cou rentré dans les épaules. En vol, la Grue blanche se reconnaît facilement grâce à ses ailes aux bouts noirs, ainsi qu’à ses longues pattes et à son long cou en extension. La Grue du Canada ressemble à la Grue blanche, mais elle est un peu plus petite et son plumage est gris et souvent teinté de rouille.
La population de la Grue blanche a atteint un creux historique en 1938, alors qu’il ne subsistait plus que 14 adultes dans la population du PNWB/ANWR. L’analyse de l’ADN mitochondrial prélevé avant et après ce point crucial permet de constater une réduction de 66 % des haploptypes (Glenn et al., 1999). L’haplotype le plus commun d’aujourd’hui était le plus rare à l’époque du creux historique. La diversité génétique de la Grue blanche est beaucoup moins grande que celle des autres grues, y compris la sous-espèce mississippienne de la Grue du Canada, qui a elle aussi frôlé l’extinction (Dessauer et al., 1992). Même si 87 % de la variabilité génétique présente après le creux historique était toujours observable dans la nature en 1990, 33 % seulement du matériel génétique présent avant cette époque existe toujours aujourd’hui dans la population de Grue blanche constituée des descendants d’un groupe de 6 à 8 oiseaux (Mirande et al., 1993; Glenn et al., 1999).
Des analyses de la viabilité de la population ont été effectuées par Mirande et al. (1997), Brook et al. (1999) et Tischendorf (2003) afin de déterminer le seuil de viabilité minimal de la population, c’est-à-dire le nombre d’individus requis pour assurer une haute probabilité de survie de la population sur une période de temps donnée (Primack, 1993). Pour éviter une perte continue de matériel génétique, la population du PNWB/ANWRdoit atteindre un niveau à partir duquel la perte de diversité génétique sera compensée par la création de nouveaux allèles (SCF et USFWS, 2007). Si les tentatives d’établissement de la population de Floride et de la population migratrice de l’est des États–Unis échouent, l’équipe de rétablissement internationale a fixé à 1 000 individus (250 couples reproducteurs) l’objectif minimal à atteindre dans le PNWB/ANWR (SCF et USFWS, 2007).
Toutes les Grues blanches qui nichent actuellement au Canada sont concentrées dans une seule petite région géographique. Il n’y a pas de sous–espèce. Le présent rapport ne vise donc qu’une seule unité désignable. Il existe actuellement plusieurs populations réintroduites, mais elles sont confinées aux États–Unis et donc exclues de l’unité désignable dont il est question ici. La présente évaluation porte uniquement sur la population migratrice sauvage, dont l’aire de répartition canadienne s’étend des Territoires du Nord–Ouest et de l’Alberta (nidification) à la Saskatchewan et au Manitoba (haltes migratoires). On peut également apercevoir des individus vagabonds dans d’autres régions du Canada (p. ex. au Yukon et en Ontario).
D’après la carte de la répartition illustrée à la figure 1, la population nidificatrice actuelle du PNWB serait nettement séparée de l’aire de répartition historique des Prairies, mais les données historiques sont incomplètes, et il est très possible que l’aire de nidification d’origine de la Grue blanche se soit étendue vers le nord jusqu’au parc national et à ses environs. Les informations disponibles ne permettent donc pas de conclure à l’existence de plus d’une unité désignable historique au Canada.
La Grue blanche n’existe qu’en Amérique du Nord : au Canada et aux États–Unis. Les aires de nidification principales s’étendaient autrefois dans la région des Prairies, du nord–est du Dakota du Nord au nord–ouest du Minnesota et de l’Iowa au centre de l’Illinois vers le sud, et vers le nord jusque dans le sud du Manitoba et de la Saskatchewan, à l’est du centre de l’Alberta et au sud–est des Territoires du Nord-Ouest (Allen, 1952; voir figure 1).
Les aires d’hivernage se trouvaient autrefois dans les prairies hautes du sud–ouest de la Louisiane, sur la côte texane du golfe du Mexique et dans le nord–est du Mexique (Allen, 1952). La Grue blanche utilisait deux voies de migration principales, la première reliant les aires de nidification des États–Unis aux aires d’hivernage de la Louisiane, et la seconde reliant les aires de nidification des provinces canadiennes des Prairies et des Territoires du Nord–Ouest aux aires d’hivernage du Texas et du Mexique (Allen, 1952; voir figure 1).
D’autres régions ont été fréquentées par la Grue blanche au cours des périodes historique et préhistorique (au moins pendant les migrations), notamment sur la côte de l’Atlantique – Caroline du Sud, New Jersey, Géorgie et Floride. On a également signalé la présence de l’espèce à l’intérieur des États–Unis, au Kansas, au Missouri, en Arkansas, au Kentucky et en Alabama (SCF et USFWS, 2007).
L’aire de répartition nord–américaine actuelle de la Grue blanche est beaucoup plus petite que l’aire historique. La seule population migratrice autosuffisante – celle du PNWB/ANWR– niche dans une zone qui chevauche la frontière entre l’Alberta et les Territoires du Nord–Ouest, dans le parc national Wood Buffalo (PNWB; SCF et USFWS, 2007). L’aire d’hivernage se trouve dans le refuge faunique d’Aransas (ANWR), le long du golfe du Mexique, au sud du Texas. La voie de migration traverse le centre des États–Unis : Montana, Dakota du Nord, Dakota du Sud, Nebraska, Kansas, Oklahoma et Texas. Au Canada, la voie de migration passe par l’Alberta, la Saskatchewan et l’ouest du Manitoba. Le principal couloir de migration entre l’aire de nidification du Canada et l’aire d’hivernage du Texas ne mesure qu’environ 320 km de largeur (SCF et USFWS, 2007).
Deux populations supplémentaires non autosuffisantes ont été établies aux États-Unis à partir d’œufs provenant du Canada. La première, une population sédentaire établie en Floride en 1993 (Nesbitt et al., 1997), se trouve dans la prairie de Kissimmee, au sud d’Orlando, dans un habitat constitué principalement de prairies et de marais d’eau douce. En novembre 2008, la Florida Fish and Wildlife Conservation Commission a décidé de mettre un terme à son programme de lâchers de grues élevées en captivité en Floride pour consacrer ses ressources à d’autres projets. Cette décision a été prise à la suite d’une recommandation formulée par l’équipe multipartite internationale de rétablissement de la Grue blanche (Tom Stehn, ANWR, comm. pers.). On trouvera en annexe des informations supplémentaires concernant les populations introduites.
La seconde population réintroduite porte le nom de « population migratrice de l’Est »; elle se trouve dans le Mid West et le sud des États–Unis et migre entre le Wisconsin et la Floride. Cette population a été réintroduite à partir de 2001, et les grues migrent chaque année entre leurs aires d’hivernage et de nidification. À l’heure actuelle, les individus juvéniles sont accompagnés vers le sud par un aéronef ultra léger ou migrent en compagnie d’autres grues à la suite de lâchers automnaux directs (Tom Stehn, ANWR, comm. pers.). Dans le premier cas, les individus juvéniles sont accompagnés vers le sud lors de leur premier automne par un aéronef ultra léger; ils reviennent seuls vers le nord le printemps suivant. Dans le deuxième cas, des grues immatures élevées en captivité sont relâchées à l’automne dans la population sauvage et suivent les grues matures jusqu’à l’aire d’hivernage. Au printemps, elles retournent vers le nord en compagnie des grues de la population fondatrice.
Figure 1. Aires de nidification et d’hivernage actuelles et anciennes de la Grue blanche (inspiré de Meine et Archibald 1996, tel que reproduit dans Environnement Canada, 2007). Les populations captives (y compris deux adultes au zoo de Calgary) sont indiquées par des carrés vides. ICF = International Crane Foundation; NWR = refuge faunique national.
Une petite population expérimentale a été établie dans les Rocheuses vers la fin du XXe siècle à partir d’œufs de Grue blanche déposés dans des nids de Grue du Canada de 1975 à 1988. Ces oiseaux d’adoption ne se sont pas reproduits, et la population a diminué graduellement jusqu’à disparaître de la région en 2002 (SCF et USFWS, 2007). Aucune autre Grue blanche n’a été réintroduite depuis dans la région.
Toutes les Grues blanches passent l’hiver aux États–Unis. Si on tient compte des trois populations sauvages actuelles, 17 % des grues nichent aux États–Unis et 83 % nichent au Canada (Brian Johns, SCF, comm. pers.). Si on ne tient compte que de la population du PNWB/ANWR, le Canada accueille la totalité des grues sauvages nicheuses.
Reproduction
Seule la population du PNWB/ANWR niche au Canada, dans l’écozone des plaines boréales. L’habitat de nidification se trouve principalement dans le parc national Wood Buffalo (PNWB), près de la frontière entre le nord de l’Alberta et le sud des Territoires du Nord–Ouest, dans la région des rivières Klewi, Sass, Nyarling et Little Buffalo (figure 2). Il existe à l’heure actuelle six zones de nidification caractérisées par des rassemblements relativement denses de couples nicheurs et parfois séparées l’une de l’autre par des habitats non utilisés mais qui paraissent propices à la nidification. Quatre de ces zones (Klewi, Sass, Alberta et Nyarling) se trouvent à l’intérieur des limites du parc; une autre se trouve sur la frontière nord–ouest du parc (North Nyarling) et la dernière, près de sa frontière nord–est (Lobstick). On considère que ces zones appartiennent à une seule et même aire de nidification pour les raisons suivantes : a) elles forment une bande d’habitat propice plus ou moins contigu; b) certains couples nichent entre deux zones; c) toutes les grues sont exposées sur le terrain aux mêmes menaces et facteurs limitatifs (p. ex. feu, sécheresse, prédation par les carnivores).
En 1954, lors de la découverte de l’aire de nidification du PNWB, les grues nichaient sur les rives de la rivière Sass (Allen, 1954). Peu de temps après, elles ont commencé à occuper le territoire longeant la rivière Klewi, où les premiers nids ont été découverts en 1967. Les zones de nidification de Nyarling, Alberta, Sass–Klewi et Lobstick ont été colonisées par la suite, de 1970 à 1982 (Brian Johns, SCF, comm. pers.). North Nyarling a été la dernière zone adoptée par les grues nicheuses. Toutes ces zones ont connu une croissance du nombre de territoires de nidification (Brian Johns, SCF, comm. pers.), à mesure que de nouveaux couples s’installaient sur les terrains inoccupés voisins des sites déjà utilisés (Kuyt, 1978; Johns, 1998). Les possibilités d’expansion de l’aire de nidification au Canada sont vastes puisqu’il existe dans le PNWB et dans les zones adjacentes des milliers d’hectares (196 286 ha) de milieux propices (probabilité de nidification de 0,70 ou plus) (Olson et Olson, 2003).
Figure 2. Carte des zones de nidification actuelles de la Grue blanche qui se trouvent dans le parc national Wood Buffalo ou à proximité de ce dernier (d’après Environnement Canada, 2007). Ces zones sont plutôt contiguës et constituent en fait une seule et même aire de nidification.
La zone d’occurrence de la Grue blanche au Canada, estimée à l’aide de la méthode du polygone convexe minimal sur les zones de nidification, atteint une superficie totale de 3 340 km². De multiples recensements des grues nicheuses ont été réalisés chaque été depuis 1965 (Brian Johns, SCF, comm. pers.), ce qui a permis d’établir avec exactitude la superficie moyenne du territoire occupé par chaque couple nicheur. Au début des années 2000, la superficie totale utilisée par les grues nicheuses a été estimée à 315 km² (Olson et Olson, 2003). À l’heure actuelle, compte tenu d’une superficie estimée des territoires de nidification variant de 3,2 à 12 km² et du nombre de couples nicheurs établi à 72 (Brian Johns, SCF, comm. pers.), la zone d’occupation biologique se situerait entre 230 et 864 km². L’indice de la zone d’occupation (IZO), fondé sur une grille de 2 x 2 km, n’a pas été calculé à cause, en partie, de la vaste gamme des superficies des territoires de nidification.
Migration
L’habitat de migration de la population du PNWB/ANWR traverse l’Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba, tel qu’indiqué dans la section intitulée Répartition.
PNWB/ANWR– nidification
La Grue blanche niche dans un complexe de milieux humides unique en son genre, situé dans le PNWB et caractérisé par des étangs à substrat extrêmement mou. Ces étangs sont relativement petits et alimentés par des sources d’eau souterraine, mais ils peuvent être reliés l’un à l’autre en périodes de crue des cours d’eau au printemps. D’une manière générale, il y a peu de végétation terrestre, mais les étangs peuvent être séparés par d’étroites bandes de terre peuplées d’épinette noire (Picea mariana), d’épinette blanche (P. glauca), de mélèze (Larix laricina), de thé du Labrador (Ledum groenlandicum), de sphaignes (Sphagnum spp.) et d’autres espèces. Les plantes aquatiques – par exemple, le scirpe des étangs (Schoenoplectus tabernaemontani), le carex aquatique (Carex aquatilis) et les quenouilles (Typha spp.) – sont abondantes (Allen, 1956), mais habituellement limitées aux rives des étangs (Timoney et al., 1997).
Le complexe de milieux humides du PNWB renferme un grand nombre de plans d’eau qui permettent aux grues de repérer de loin de possibles prédateurs (Timoney et al., 1997). Le scirpe constitue le matériau de prédilection pour la construction des nids, mais on trouve souvent des quenouilles et des carex sur le site des nids (Timoney et al., 1997). Les zones de nidification propices sont quelque peu éparses, séparées par des zones à végétation terrestre plus dense que dans les habitats de nidification occupés.
PNWB/ANWR– autres activités
Pendant ses migrations entre le PNWB et le ANWR, la Grue blanche se pose dans des milieux humides et des terres agricoles qui se trouvent le long du couloir de migration où elle se nourrit surtout d’organismes aquatiques et de grains laissés dans les chaumes. Au printemps, elle préfère les milieux humides temporaires ou saisonniers, et à l’automne, les milieux humides semi–permanents ou permanents (Johns et al., 1997). Howe (1989) a constaté que 67 % des sites où les familles se posent pour s’alimenter sont des milieux humides, alors que les autres groupes choisissent dans 70 % des cas des terres cultivées. Il semble que les familles plus que les autres groupes fréquentent des milieux humides où la végétation est dense. Il est possible que ces milieux offrent aux jeunes oiseaux inexpérimentés une meilleure protection contre les prédateurs. Les individus juvéniles passent 25 % plus de temps à s’alimenter que les parents. On peut donc penser que les parents choisissent pour se percher des milieux humides où les individus juvéniles peuvent trouver les aliments à teneur relativement élevée en protéines dont ils ont besoin pour assurer leur croissance. Bien que les grues fréquentent les grands milieux humides au cours de leurs migrations, 41 % de ceux qu’elles choisissent pour se reposer ont une superficie inférieure à 0,5 ha, et 15 % de ces sites ont une superficie inférieure à 0,1 ha. Les grues montrent une préférence pour les sites où elles peuvent se percher à moins de 1 km du lieu où elles s’alimentent (Howe, 1989; Johns et al., 1997).
Les habitats d’hivernage, d’une superficie d’environ 900 km², se trouvent dans le NWR d’Aransas et ses environs, sur la côte texane du golfe du Mexique (SCF et USFWS, 2007). Ce sont des marais estuariens peuplés de distichlis dressés (Distichlis spicata), de Batis maritima, de spartine alterniflore (Spartina alterniflora), de salicorne (Salicornia spp.) et de Borrichia frutescens, et des marais salés peuplés par la Spartina spartinae. Sur les hautes terres des environs où les grues et d’autres espèces animales trouvent refuge, on trouve du chêne (Quercus virginiana), du laurier bourbon (Persea borbonia) et du barbon (Andropogon spp.) (Allen, 1952; Labuda et Butts, 1979).
Population de la Floride et population migratrice de l’Est élevées en captivité
La population résidente de la Floride est établie principalement dans la prairie de Kissimmee, au sud d’Orlando, et dans les régions avoisinantes (SCF et USFWS, 2007). La prairie de Kissimmee est une prairie à chou palmiste nain (Serenoa repens) de 5 000 km² ponctuée de marais et de lacs de faible profondeur. Cette prairie est entourée de ranchs et de milieux humides de propriété publique ou privée.
La population migratrice de l’Est passe l’été dans le NWRde Necedah ou à proximité, au Wisconsin. Les grues sont accompagnées vers le sud par des aéronefs ultra légers jusqu’aux marais salés des NWR de Chassahowitzka et de St. Marks, sur la côte floridienne du golfe du Mexique (SCF et USFWS, 2007) pour passer leur premier hiver; au cours des années suivantes, elles choisissent généralement d’autres habitats d’eau douce.
La disparition des milieux humides isolés nécessaires à la reproduction est probablement une des principales raisons qui expliquent que la Grue blanche de la population du PNWB/ANWR ne niche plus de nos jours au sud du PNWB. Il est peu probable qu’elle revienne nicher dans les vestiges des habitats de nidification du sud à cause du niveau élevé de perturbations anthropiques et de la disparition de milieux isolés. Toutefois, un projet de cartographie de l’habitat de la Grue blanche réalisé par Olson et Olson (2003) a permis de circonscrire une zone de 1 963 km² qui pourrait être propice à la nidification, à l’intérieur et près des limites du PNWB (superficie totale de 2 064 km² , y compris l’habitat d’estivage propice aux grues non nicheuses; voir figure 2). L’estimation de la superficie de l’habitat propice effectuée au cours des années 1970 n’était que de 625 km²(Gollop, 1978). Les grues n’utilisent présentement que 10,4 % de cette vaste superficie de milieux propices à la nidification (Olson et Olson, 2003). De plus, le complexe de milieux humides de la rivière Nyarling offre la plus grande superficie d’habitats contigus propices (548 km²), dont la vaste majorité se trouve à l’extérieur des limites du PNWB (Olson et Olson, 2003). Les calculs fondés sur des superficies moyennes des sites de nidification variant entre 3,2 et 12,0 km² (voir la description de la zone d’occupation dans la section portant sur la répartition) laissent penser que les milieux propices pourraient satisfaire aux besoins de 107 à 472 couples nicheurs de la Grue blanche (Olson et Olson, 2003). Comme la Grue blanche n’utilise actuellement que 10 % environ des habitats propices, on doit conclure que l’aire de nidification ne constitue vraisemblablement pas un obstacle à la croissance de la population du PNWB/ANWR dans le voisinage immédiat de la zone actuellement occupée.
Les experts attribuent généralement l’incapacité de la Grue blanche du PNWB à étendre son aire de nidification aux conditions qui règnent dans son aire d’hivernage au Texas (USFWS, 1994; Lewis, 1995; Johns, 1998).
Les milieux humides de la côte texane où la Grue blanche passe l’hiver ne cessent de se détériorer et de rapetisser à cause des activités d’aménagement, de l’érosion, des déviations de cours d’eau et de l’augmentation de la salinité (SCF et USFWS, 2007; voir Facteurs limitatifs et menaces). L’habitat de la Grue blanche le long de son couloir de migration se détériore également à cause de la présence de nombreuses lignes électriques et structures hautes (p. ex. tours de télécommunication; Environnement Canada, 2007).
Le parc national Wood Buffalo, une vaste étendue (4,2 millions d’hectares) de forêt boréale subarctique et de fondrières, a été créé en 1922 pour protéger les hardes de bisons des bois qui habitaient la région, et ce n’est qu’au cours des années 1950 qu’on a découvert que la région abritait également l’aire de nidification de la population entière de la Grue blanche. Cette région a été désignée « zone de préservation spéciale » (zone 1) par Parcs Canada, et l’accès y est interdit du 15 avril au 31 octobre, sauf pour le personnel du parc et les chercheurs. Cette zone a été désignée « habitat essentiel » pour la nidification de la Grue blanche (Section des avis du gouvernement de la Gazette du Canada, partie 1, le 29 novembre 2008). Le parc a aussi été désigné « site du patrimoine mondial » en 1983 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), qui le reconnaissait ainsi comme un site d’une valeur universelle exceptionnelle, à protéger dans l’intérêt de toute l’humanité. Enfin, l’aire de nidification de la Grue blanche au sein du PNWB a été désignée « milieu humide d’importance internationale » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) en vertu de la Convention de Ramsar en 1982.
Tel qu’indiqué dans la section intitulée Besoins en matière d’habitat, il existe au nord des limites du PNWB, le long de la rivière Nyarling, une vaste étendue de terres qui pourraient se révéler propices à la nidification de la Grue blanche (Olson et Olson, 2003). Ces milieux pourraient être menacés par diverses activités humaines, et les mesures nécessaires pour définir l’habitat essentiel de la Grue blanche ont été décrites dans le programme de rétablissement (Environnement Canada, 2007) et seront examinées en détail dans le plan d’action en voie de préparation (L. Craig–Moore, comm. pers., 2010).
Johns et al. (1997) ont constaté que 85 % des sites où les grues blanches font halte durant leurs migrations se trouvent sur des terres privées, ce qui montre bien l’importance d’une collaboration entre les propriétaires fonciers et les gestionnaires de la faune pour la protection des sites où l’espèce se repose et s’alimente pendant ses migrations. Quelques–uns des milieux humides les plus importants sur la voie de migration de la Grue blanche sont des sites protégés, notamment la réserve nationale de faune du lac Last Mountain (également désignée site Ramsar) et le marais patrimonial du lac Luck, qui se trouvent tous les deux dans la région de la Saskatchewan où l’espèce fait halte lors de ses migrations automnales vers le sud.
On étudie actuellement la région afin de repérer d’autres haltes importantes pour la Grue blanche lors de ses migrations et qui pourraient éventuellement bénéficier de la protection du programme des Zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO). Ce programme a été lancé au Canada en 1996, en même temps que d’autres programmes semblables aux États–Unis et au Mexique, dans le but de créer un réseau de secteurs ornithologiques protégés à l’échelle du globe pour assurer la survie à long terme dans leur milieu naturel de populations d’oiseaux. Au nombre des sites désignés ZICO (à partir de 2001) se trouvent les sites de nidification de la Grue blanche situés dans le PNWB à proximité de Fort Smith, dans les Territoires du Nord–Ouest, et dans la partie albertaine du parc, ainsi qu’un certain nombre de sites en Saskatchewan qui sont fréquentés par la Grue blanche lors de ses migrations, notamment les lacs Blaine, Buffer, Last Mountain (extrémité nord), Luck, Midnight, Quill, Radisson et Rice (Étude d’oiseaux Canada et Nature Canada, 2009). Toutefois, les ZICOn’offrent aucune protection légale spéciale aux oiseaux.
Aux États–Unis, cinq sites ont été désignés essentiels à la Grue blanche (SCF et USFWS, 2007) : le site de gestion de la sauvagine de Cheyenne Bottoms, au Kansas; le NWR de Quivira, au Kansas; le site de Platte River Bottoms, entre Lexington et Denman, au Nebraska; le NWR de Salt Plains, en Oklahoma; et le NWR d’Aransas et la zone environnante, au Texas.
Les biologistes spécialistes de la Grue blanche du Service canadien de la faune et du Fish and Wildlife Service des États–Unis étudient la population du PNWB/ANWR dans les aires de nidification et d’hivernage depuis 20 à 25 ans. Ils sont à l’origine de la plupart des informations fournies ci-après au sujet de cette population de grues. D’autres travaux ont été réalisés récemment dans les zones de nidification afin de mieux décrire les sources d’aliments des grues (Bergeson et al., 2001a; Sotiropoulos, 2002; Classen, 2008).
Selon les estimations, la longévité de la Grue blanche peut atteindre de 22 à 24 ans (Binkley et Milner, 1983) jusqu’à 30 ans (Mirande et al., 1993). L’espèce peut atteindre la maturité sexuelle dès l’âge de trois ans (Kuyt et Goossen, 1987; Brian Johns, SCF, comm. pers., dans SCF et USFWS, 2007), mais ne commence à se reproduire qu’à cinq ans en moyenne (Kuyt et Goossen, 1987).
Certains individus ne se reproduisent pas tous les ans (George Gee, comm. pers., dans SCF et USFWS, 2007). Les couples commencent la construction du nid dès leur arrivée au PNWB, à la fin avril, et la femelle pond peu de temps après. La ponte dure habituellement jusqu’à la mi–mai. Les œufs éclosent après 30 à 35 jours d’incubation (Kuyt, 1981). Les couples se forment pour la vie. Les nichées comptent habituellement deux œufs, mais il est rare que les parents réussissent à élever les deux petits (7 % seulement le font; Brian Johns, SCF, comm. pers.). Les parents se partagent les soins aux petits. Étant donné la durée de la période d’élevage (90 jours), les couples ne produisent qu’une couvée par saison.
En règle générale, les couples s’isolent pour nicher, mais on a vu des nids construits à aussi peu que 350 mètres de distance les uns des autres dans les zones de nidification de plus forte densité (Brian Johns, SCF, comm. pers.). Il semble que les couples novices qui construisent leur premier nid loin d’un cours d’eau se rapprochent graduellement de l’eau au cours des années suivantes (Kuyt, 1993). Le taux de mortalité global de l’espèce est de 9,9 % par année; celui des individus juvéniles s’établit à 26,7 % la première année et à 9,1 % la deuxième année (Brian Johns, SCF, comm. pers.). La durée d’une génération a été estimée à 12 ans (Mirande et al., 1993).
La Grue blanche est un oiseau territorial aussi bien dans son aire d’hivernage que dans son aire de nidification, et c’est généralement le mâle qui défend le territoire. Dans le PNWB, les familles n’ont pas d’interaction sociale directe avec leurs congénères; c’est la raison pour laquelle les territoires de nidification sont habituellement assez espacés les uns des autres. Kuyt (1993) a observé que les territoires de nidification des couples nichant isolément avaient une superficie comprise entre 12,0 et 18,9 km², et ceux des couples nichant dans une région plus densément occupée, entre 3,2 et 4,2 km². La superficie moyenne des territoires des 13 couples étudiés atteignait 4,1 km².
D’après Kuyt (1981), chaque année dans le PNWB, environ 80 % des adultes se reproduisent et 60 % élèvent des jeunes. De 1976 à 1989, 172 des 234 oisillons (environ 73 %) ont complété leur première migration vers le sud jusqu’au NWR d’Aransas. Johns et al. (2005) ont constaté que sur un groupe de 134 Grues blanches baguées lorsqu’elles étaient juvéniles, 71 ont atteint l’âge de la nidification et 67 ont niché. Boyce (1987) a montré que la démographie de la Grue blanche suit un cycle de 10 ans, largement déterminé par le taux de survie des individus juvéniles, lequel pourrait dépendre des cycles des prédateurs (Boyce et al., 2005). Il existe également un cycle d’années pluvieuses et d’années sèches dans les aires de nidification, et le nombre de jeunes est moins élevé pendant les années de sécheresse (Kuyt et al., 1992; Lewis, 1995). La structure d'âge de la population du PNWB/ANWR s’établit actuellement à environ 50 % d’adultes nicheurs et à environ 50 % d’adultes non nicheurs (Brian Johns, SCF, comm. pers.).
D’une manière générale, les seules périodes où la Grue blanche adulte risque d’être exposée à la prédation sont celles de la mue, alors qu’elle est incapable de voler, et celles où elle est affaiblie par la maladie ou une blessure (SCF et USFWS, 2007). Les prédateurs possibles des grues adultes, des œufs et des oisillons au Canada sont l’ours noir (Ursus americanus), le carcajou (Gulo gulo), le loup gris (Canis lupus), le renard roux (Vulpes vulpes), le vison (Neovison vison), le lynx du Canada (Lynx canadensis), le Pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus), l’Aigle royal (Aquila chrysaetos) et le Grand corbeau (Corvus corax) (Kuyt, 1981a,b; Bergeson et al., 2001b). Les prédateurs possibles au Texas sont le lynx roux (Lynx rufus), le coyote (Canis latrans) et l’alligator d’Amérique (Alligator mississippiensis).
Ellis et al. (1991) ont décrit les comportements de régulation thermique de la Grue blanche : elle replie les pattes contre le corps en vol, se tient sur une seule patte lorsqu’il fait froid, ajuste son plumage, halète, frissonne ou s’expose au soleil. Le duvet avec lequel naissent les oisillons semble être assez isolant pour maintenir la température interne dans la plupart des conditions (Lewis, 1995). Toutefois, des périodes de pluie survenant sur les sites de nidification immédiatement après l’éclosion pourraient faire augmenter le taux de mortalité des oisillons (Brian Johns, SCF, comm. pers.).
La migration entre l’aire de nidification du PNWB et l’aire d’hivernage du ANWR se fait en ligne directe, en direction du sud–est (voir figure 1). Au printemps, elle commence habituellement entre la fin mars et la mi–avril et peut se prolonger jusqu’au 1er mai environ. En règle générale, la migration est directe et rapide, ne prenant qu’une dizaine de jours pour les adultes qui ont déjà fait le parcours plusieurs fois (Kuyt, 1992). Contrairement à ce qu’on observe en automne, il n’y a pas d’aire de repos traditionnelle associée à la migration printanière. Durant la période de 1982 à 1984, 43,7 % du nombre total des jours de migration printanière de la Grue blanche ont été écoulés dans des haltes de la Saskatchewan (Howe, 1989). Les adultes expérimentés arrivent les premiers dans l’aire de nidification et reprennent souvent le même territoire que les années précédentes (Johns et al., 2005).
Les individus juvéniles quittent l’aire d’hivernage texane avec les parents et demeurent auprès d’eux durant la majeure partie du retour vers le nord, pour s’en séparer juste avant d’arriver ou en arrivant à l’aire de nidification. On a observé en Saskatchewan des individus juvéniles qui déjà à cette étape étaient séparés de leurs parents, mais la séparation ne se fait souvent qu’au moment où la famille arrive à l’aire de nidification dans le PNWB (Kuyt, 1992).
Après l’éclosion des œufs, la famille se déplace au sol sans quitter le territoire de nidification (Kuyt, 1976). Les oisillons grandissent rapidement et commencent à faire des vols soutenus à la mi–août. Les familles commencent alors à sortir du territoire natal, mais ne s’en éloignent guère (Howe, 1989).
La migration automnale commence à la mi–septembre, et les jeunes adultes non nicheurs quittent le PNWB avant les familles. Il est possible que le départ des premiers groupes de grues incite les autres à suivre (Lewis, 1995). Les grues volent seules, en familles, ou par petits groupes de trois à cinq individus (Johns, 1992). Elles s’arrêtent de une à cinq semaines dans une région de 85 000 km² située dans le centre–sud de la Saskatchewan et peuvent alors former des groupes comptant jusqu’à 23 individus. Au cours de la période de 1982 à 1984, 68,4 % du nombre total de jours de migration de la Grue blanche à l’automne ont été écoulés en Saskatchewan (Howe, 1989). La migration automnale dure souvent plus longtemps que la migration printanière et peut prendre jusqu’à 50 jours (Kuyt, 1992). Les grues commencent à arriver dans l’aire d’hivernage de la côte texane du golfe du Mexique de la fin octobre à la mi–novembre; cette migration se termine à la fin décembre.
Les couples et les familles établissent un territoire pendant leur séjour hivernal dans le ANWR. La superficie minimale des territoires hivernaux semble s’établir en moyenne à 202 ha, mais on a fait état de territoires dont la superficie n’était que de 101 ha (Stehn et Prieto, en préparation). Les jeunes adultes et les adultes non appariés se regroupent à la périphérie de ces territoires (Blankinship, 1976).
La Grue blanche est omnivore en toutes saisons. Peu de données ont été recueillies sur le régime alimentaire de l’espèce dans l’aire de nidification, mais on sait qu’il comprend une grande variété d’insectes, de ménés et de crustacés. L’observation d’adultes en train de nourrir leurs oisillons fraîchement éclos a permis de conclure que ces derniers sont nourris en grande partie d’invertébrés aquatiques, en particulier de larves de libellules (Bergeson et al., 2001a). L’étude des étangs où les grues s’alimentent lorsque les jeunes deviennent mobiles et capables de se nourrir a montré qu’il s’agit de communautés aquatiques dominées par les poissons fourrage (p. ex. ménés et épinoches; Sotiropoulos, 2002). Ces études laissent croire que les poissons et les invertébrés – p. ex.les larves de libellules – constituent une importante source d’aliments dans l’aire de nidification (Sotiropoulos, 2002; Classen, 2008). Les aliments ne semblent pas représenter un facteur limitatif dans l’aire de nidification; toutefois, un programme de surveillance annuel des proies a été mis en place (Classen, 2008) afin d’évaluer les rapports entre le taux de survie des oisillons et l’abondance des proies dans l’aire de nidification actuelle et de déterminer si d’autres régions nord-américaines pourraient se révéler propices à la réintroduction de grues élevées en captivité (Classen, 2008).
Le régime alimentaire de la Grue blanche peut également comprendre des petits fruits, des mollusques, des grenouilles, des serpents et des petits rongeurs (Allen, 1956; Novakowski, 1965, 1966). On sait que l’oiseau peut s’attaquer aussi à des canetons, et on a déjà vu un jeune tenant un oiseau noir vivant dans son bec. Des mentions d’adultes se nourrissant d’un grèbe mort et d’un jeune inapte au vol se nourrissant d’un jeune Butor d’Amérique mort laissent croire que la Grue blanche se nourrit de charogne lorsque l’occasion se présente (Cooch et al., 1988).
Lorsqu’elle fait halte dans le centre–sud de la Saskatchewan, la Grue blanche se nourrit de grains laissés dans les chaumes (p. ex. d’orge et de blé) (Johns et al., 1997) de même que de tubercules, de divers insectes (criquets, grillons), de campagnols (Microtus spp.), de souris sylvestres (Peromyscus maniculatus) et de couleuvres (Thamnophis spp.). Les terres agricoles qu’elle rencontre en route entre la Saskatchewan et le ANWR offrent vraisemblablement les mêmes ressources alimentaires.
Dans l’aire d’hivernage texane, la Grue blanche se nourrit principalement de crabes bleus (Callinectes sapidus) et de diverses espèces de myes (Tagelus plebius, Ensis minor, Rangia cuneata, Cyrtopleura costada, Phacoides pectinata et Macoma constrica) (Blankinship, 1976). On croit que le niveau de l’eau détermine dans une certaine mesure quelles espèces sont plus faciles à capturer. En périodes de marée haute ou d’inondation sur les bas–fonds intertidaux, les grues se nourrissent principalement de crabes bleus et de lyciet (Lycium carolinianum) (Blankinship, 1976; Nelson et al., 1996). En revanche, en décembre et janvier, lorsque les marées sont plus basses et que les bas–fonds intertidaux ont tendance à s’assécher, ce sont les myes qui constituent l’essentiel de son régime. Les autres proies possibles dans l’aire d’hivernage comprennent les crabes violonistes (Uca spp.), diverses espèces de crevettes (Callianassa spp., Penaeus spp. et Cragnon spp.), des écrevisses (Cambarusspp.), le mélampus café (Melampus coffeus) et les racines de scirpe (Scirpus olneyi) et de spartines (Spartina spp.). La Grue blanche fréquente également les terres hautes des environs où elle trouve à manger des glands de chêne de Virginie (Quercus virginiana), mais elle se nourrit rarement dans les terres cultivées (Bishop et Blankinship, 1982).
Il n’y a pas de concurrence directe entre la Grue blanche et les autres espèces d’oiseaux pour les territoires de nidification ou d’hivernage. Dans l’aire d’hivernage, les crabes sont aussi recherchés par les humains (Edwards et al., 1994).
La Grue blanche se montre capable de tolérer un minimum de présence humaine dans l’aire de nidification et sur les sites des nids, comme en font foi les résultats des campagnes de collecte d’œufs menées de 1966 à 1996 (voir plus loin; Brian Johns, SCF, comm. pers.). Toutefois, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, l’incapacité de l’espèce à s’adapter aux perturbations croissantes (p. ex. chasse, récolte des œufs et drainage des milieux humides) dans les zones utilisées pour la nidification a vraisemblablement grandement contribué à la disparition des populations des prairies et de la tremblaie–parc (Brian Johns, SCF, comm. pers.). L’aire de nidification actuelle du PNWB est isolée et relativement à l’abri des perturbations causées par les humains.
Dans l’aire d’hivernage, la Grue blanche semble moins méfiante et tolère la circulation des barges sur la voie maritime GIW (Gulf Intracoastal Waterway) et des bateaux d’écotourisme.
On sait que la Grue blanche peut s’adapter dans l’aire d’hivernage à une fluctuation des niveaux d’eau qui s’accompagne d’un changement de proies disponibles pour son alimentation (Blankinship, 1976). Bien que l’espèce soit omnivore, la place prédominante qu’occupe le crabe bleu dans son régime d’hiver donne à croire que les facteurs influant sur les populations du crabe bleu peuvent par voie de conséquence avoir une incidence considérable sur la population de la Grue blanche (Johns, 1998). Les pénuries d’aliments dans l’aire d’hivernage peuvent avoir un impact important sur la nidification dans le PNWB (Chavez–Ramirez, 1996). Aucune étude n’a été consacrée aux effets de la sécheresse sur les ressources alimentaires de la Grue blanche dans son aire de nidification. Le faible nombre de jeunes élevés au cours des années de sécheresse laisse croire que le succès de reproduction obéit à un cycle de succession d’années pluvieuses et d’années sèches (Kuyt et al., 1992).
La population du PNWB/ANWR fait l’objet de surveillance plusieurs fois par année dans les aires de nidification et d’hivernage par le SCF et le USFWS. On peut ainsi déterminer précisément la taille de la population chaque année, à la mi–décembre. La population de Floride et la population migratrice de l’Est sont également surveillées de près, et on en connaît donc la taille exacte; cette information n’est toutefois pas entièrement pertinente pour le Canada.
La Grue blanche n’a jamais été très abondante, et on estime que sa population avait été réduite à 1 400 individus en 1860 (Allen, 1952). L’espèce a perdu environ 90 % de ses effectifs entre 1870 et 1900 en raison de l’envahissement par l’homme de son aire de nidification, au sud du PNWB. Elle a également perdu à la même époque son aire d’hivernage sur la côte est des États–Unis, les marécages qu’elle fréquentait ayant été asséchés pour permettre l’établissement d’une population humaine en pleine croissance (COSEPAC, 2000). Au début du XXe siècle, la population a atteint un creux historique de 14 adultes.
Le regroupement des Grues blanches dans le ANWR et ses environs durant l’hiver permet le dénombrement exact de la population et la détermination des tendances démographiques annuelles par les gestionnaires de la faune. Les recensements sont plus difficiles à effectuer dans l’aire de nidification en raison de la grande superficie du PNWB et du fait que les jeunes adultes passent peut–être l’été ailleurs ou se déplacent beaucoup dans la région (Johns et al., 2008). À l’hiver 2008-2009, la population totale de Grues blanches sauvages était de 388 individus (270 dans la population du PNWB/ANWR, 88 dans la population migratrice de l’Est, et 30 dans la population sédentaire de Floride). À ce nombre s’ajoutaient 151 grues vivant en captivité, ce qui portait à 540 l’effectif total de la Grue blanche (voir annexes 1 à 4).
Figure 3. Composition de la population de la Grue blanche du parc national Wood Buffalo et du refuge faunique d’Aransas (PNWB/ANWR), selon les données des recensements d’hiver (1938–2008).
On comptait en 2008 dans le PNWB 72 couples territoriaux qui avaient niché au moins une fois (Brian Johns, SCF, comm. pers.). Ce chiffre correspond de près au nombre de territoires occupés par des adultes au Texas en hiver.
Malgré de légères baisses occasionnelles vraisemblablement dues à un cycle décennal de recrutement qui a été lié à la prédation par les carnivores (Boyce et al., 2005), la population du PNWB/ANWR a augmenté d’une manière générale depuis le début du programme intensif de surveillance lancé en 1938 (voir figure 3 et annexe 2). À partir de 1977, le cœur de l’aire de nidification a commencé à s’étendre vers le sud dans la portion albertaine du PNWB, ce qui a donné lieu à la première mention de nidification en Alberta en 63 ans (Kuyt, 1978). Huit couples ont niché dans cette nouvelle zone en 1997 (Johns, 1998). En 2008, 13 couples ont niché dans la région, mais étant donné la proximité de la frontière entre l’Alberta et les T.N.–O., 9 se trouvaient effectivement en Alberta (Brian Johns, SCF, comm. pers.).
La population adulte du PNWB/ANWR a augmenté de 40 % au cours de la décennie 1998-2008. L’augmentation globale moyenne du nombre d’adultes dans la population a atteint 4,85 % par année au cours des 36 dernières années (3 générations), ce qui correspond à une augmentation globale de 450 % (voir figure 3).
La Grue blanche occupe une aire très restreinte du PNWB, malgré qu’il existe dans d’autres secteurs du parc et dans les environs des habitats de reproduction qui semblent convenir à ses besoins (Olson et Olson, 2003).
D’après Lewis (1995), la qualité de l’habitat et les ressources alimentaires (en particulier dans l’aire d’hivernage) constituent le principal facteur limitatif pour les effectifs de la Grue blanche. La place prédominante qu’occupe le crabe bleu dans le régime d’hiver de l’espèce donne à croire que les facteurs influant sur les populations du crabe bleu peuvent donc avoir une incidence considérable sur la population de la Grue blanche (Johns, 1998). Les pénuries d’aliments dans les aires d’hivernage peuvent avoir des conséquences néfastes sur le succès de reproduction dans le PNWB (Chavez-Ramirez, 1996). Il semble enfin, selon Kuyt et al. (1992), qu’une sécheresse dans l’aire de nidification ait une incidence négative sur la nidification et la survie des oisillons, mais Boyce et al. (2005) n’ont décelé aucun rapport significatif à ce propos.
Les collisions avec les lignes électriques comptent parmi les principaux dangers qui guettent les grues durant leur migration (Kuyt, 1992; Lewis, 1995); les haubans des tours de télécommunications représentent eux aussi une menace (Environnement Canada, 2007). Les conditions qui règnent dans l’aire d’hivernage du ANWR semblent plus limitatives pour la population de la Grue blanche que les caractéristiques de son aire de nidification dans le PNWB. La suffisance alimentaire dans l’aire d’hivernage est préoccupante. En 1994, la population de crabes bleus a été inférieure à la normale, et le nombre de nids construits par la Grue blanche dans le PNWB le printemps suivant est passé de 43 (en 1993) à seulement 28 (Johns, 1998).
La concentration des Grues blanches dans la région du ANWR les rend particulièrement vulnérables aux catastrophes comme les ouragans et les déversements accidentels de produits chimiques.
Une des principales menaces dans l’aire d’hivernage est la voie maritime aménagée entre Carrabelle (Floride) et Brownsville (Texas) pour protéger les navires contre le vent et la houle (la Gulf Intracoastal Waterway – GIW). L’aménagement entrepris au début des années 1940 s’est fait au détriment d’un certain nombre de milieux humides, et depuis, l’érosion causée par la circulation sur la GIW a emporté 15 % de ce qu’il restait de l’habitat d’hivernage de la Grue blanche. On estime que l’érosion continue de gruger 1,6 ha de l’habitat chaque année. Le US Army Corps of Engineers a revêtu certaines parties de la GIW de dalles de béton afin de réduire l’érosion (Halpern, 1992), mais ce projet n’a été achevé qu’en 2002.
Les nombreuses barges qui empruntent la GIW transportent en majeure partie des produits pétrochimiques. Il y a déjà eu des déversements accidentels de petites quantités de produits chimiques dans la région, et le risque de déversements plus graves ne peut être écarté. De tels déversements peuvent avoir un effet négatif sur la qualité de l’eau et les sources d’aliments de la Grue blanche.
Les conditions naturelles de sécheresse et la déviation des rivières San Antonio et Guadelupe constituent aussi une grave menace pour les Grues blanches hivernantes (Brian Johns, SCF, comm. pers.) et peuvent nuire gravement au succès de la reproduction au Canada (Chavez–Ramirez, 1996). Sans l’apport important d’eau douce de ces rivières dans les écosystèmes de la baie où la Grue blanche passe l’hiver, l’eau du marais salé devient trop salée pour être potable, ce qui oblige les grues à chercher plus loin à l’intérieur des terres l’eau dont elles ont besoin. De plus, l’augmentation de la salinité risque d’influer sur la disponibilité des sources de nourriture qui s’y trouvent (Brian Johns, SCF, comm. pers., 2009). On pense que les conditions de sécheresse qui ont sévi au cours de l’hiver 2008-2009 ont eu un effet négatif sur la population de la Grue blanche (Brian Johns, SCF, comm. pers.).
Le ANWR est situé dans une région exposée aux ouragans, mais la saison où surviennent généralement ces phénomènes atmosphériques est passée lorsque la Grue blanche arrive en novembre. Toutefois, les périodes de mauvais temps peuvent avoir des effets néfastes sur l’espèce. Ainsi, en 1940, un ouragan particulièrement violent aurait emporté 7 des 13 dernières Grues blanches de la Louisiane, conduisant ainsi à la disparition de la population en 1948 (SCF et USFWS, 2007). En 2006, pendant un gros orage dans le NWR de Chassahowitzka, la foudre a tué 17 grues de la population migratoire de l’Est qui se trouvaient ensemble dans un enclos (Tom Stehn, ANWR, comm. pers.).
En hiver, le passage d’un nombre croissant de bateaux dans la zone du ANWR est une source de perturbation anthropique. De plus, les activités d’aménagement réalisées en zone côtière multiplient les risques de contacts entre les grues et les humains. Enfin, la réduction des apports d’eau douce dans l’habitat hivernal de la Grue blanche est susceptible de faire diminuer les populations du crabe bleu (Tom Stehn, ANWR, comm. pers.).
La chasse et le braconnage ont contribué au déclin de la population de la Grue blanche jusqu’aux environs de 1920 (Lewis, 1995). Il arrive encore aujourd’hui que des Grues blanches soient abattues par accident, ou délibérément par des vandales (SCF et USFWS, 2007). Le cas le plus récent a été signalé en Indiana, en automne 2009, alors qu’une grue adulte de la population introduite du Wisconsin a été abattue.
Les Grues blanches ne sont pas beaucoup dérangées au nid par la présence humaine puisque l’accès à l’aire de nidification est interdit d’avril à septembre, sauf pour le personnel du parc et les scientifiques. Les Autochtones de la région sont toujours autorisés à faire la chasse, la pêche et le piégeage de subsistance dans le PNWB. Ces activités sont importantes du point de vue de l’histoire culturelle du parc, mais elles se déroulent en dehors de la saison de nidification et ne sont pas jugées menaçantes pour la reproduction de la Grue blanche.
La seule population sauvage de Grues blanches, dernières représentantes d’un groupe autrefois beaucoup plus nombreux, niche au Canada. L’espèce est considérée par certains comme l’espèce vedette du mouvement de conservation de la faune en Amérique du Nord, symbolisant la situation critique des espèces en voie de disparition partout dans le monde. La Grue blanche constitue un grand attrait touristique dans le sud de la Saskatchewan où elle fait halte au cours de ses migrations ainsi que dans son aire d’hivernage, aux États–Unis. D’après Lewis (1995), le refuge d’Aransas reçoit chaque année environ 70 000 à 80 000 visiteurs, la majorité en hiver, qui viennent pour observer la Grue blanche. Au cours de l’hiver 1990-1991, les excursions en bateau pour observer la Grue blanche ont rapporté à elles seules 340 000 $US, pour une clientèle de quelque 17 000 personnes. Les retombées économiques brutes de l’écotourisme dans la région de Rockport, au Texas, s’élèvent à environ 6 000 000 $US par année, dont une grande partie est liée à l’observation de la Grue blanche.
À l’heure actuelle, nous ne possédons pas pour la Grue blanche d’informations qui pourraient être considérées comme faisant partie des connaissances traditionnelles autochtones.
La Grue blanche est protégée au Canada en vertu de la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateursqui interdit d’avoir en sa possession ou de vendre des oiseaux migrateurs et leurs nids, ainsi que toute activité qui risque de nuire aux oiseaux migrateurs, à leurs œufs ou à leurs nids, à l’exception des activités qui sont autorisées en vertu du Règlement sur les oiseaux migrateurs. Aux États–Unis et au Mexique, l’espèce bénéficie d’une protection en vertu de lois semblables. Elle est aussi protégée au Canada en vertu de la Loi sur les parcs nationaux, de la Loi sur la faune du Canada, de la Loi sur les espèces en péril (Annexe 1), et d’autres lois provinciales et territoriales portant sur la faune. Elle est aussi protégée aux États-Unis par la Endangered Species Act de 1973.
La Grue blanche a été désignée « espèce en voie de disparition » en 1978 par le COSEPAC (Gollop, 1978; COSEPAC, 2000). La désignation a été examinée à nouveau et confirmée en novembre 2000. The Nature Conservancy a attribué à l’espèce la cote G1, signifiant qu’elle est très rare et qu’elle risque fortement de disparaître. Le ministère des Ressources naturelles du Manitoba et le ministère de l’Environnement et de la Gestion des ressources de la Saskatchewan ont également désigné la Grue blanche « espèce en voie de disparition ». Le Centre de données sur la conservation du Manitoba et le Centre de données sur la conservation de la Saskatchewan lui ont attribué la cote S1, soit celle réservée à une espèce fortement menacée à cause de son extrême rareté. Enfin, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a attribué à la Grue blanche le statut d’« espèce en voie de disparition ».
Le présent rapport s’inspire d’un rapport préparé par Robert Wapple en 2000. La rédactrice souhaite remercier Alain Filion (Environnement Canada) de lui avoir donné l’occasion de préparer le rapport. Brian Johns (Service canadien de la faune) a fourni la documentation requise, examiné une première version du rapport et formulé des commentaires en matière de rédaction; son aide a été grandement appréciée. Tom Stehn (Aransas National Wildlife Refuge) a fourni des informations sur les populations de la Grue blanche des États–Unis. Rita Antoniak (Parcs Canada) a transmis les versions antérieures des cartes des habitats de la Grue blanche. Merci à Peter Blancher, Richard Cannings, B. Corriveau, Lea Craig–Moore, Cheri Gratto–Trevor, Theresa Fowler, Vicki Friesen, Darren Irwin, Marty Leonard, Jon McCracken, Jeanette Pepper et à Corie White ainsi qu’à l’équipe internationale de rétablissement de la Grue blanche et au Groupe consultatif canadien sur la Grue blanche, qui ont formulé des commentaires sur les versions préliminaires du présent rapport. Le financement du présent rapport a été fourni par Environnement Canada.
Antoniak, Rita. Parc national du Canada Wood Buffalo, Parcs Canada, Fort Smith (Territoires du Nord–Ouest).
Blancher, Peter. Service canadien de la faune, Ottawa (Ontario).
Corriveau, B. Biologiste des espèces en péril, Service canadien de la faune.
Filion, Alain. Scientifique et agent de projet en géomatique, Secrétariat du COSEPAC, Environnement Canada, Ottawa (Ontario).
Gratto–Trevor, Cheri. Chercheur, Environnement Canada, Saskatoon (Saskatchewan).
Johns, Brian. Coordonnateur pour la Grue blanche, Service canadien de la faune, Saskatoon (Saskatchewan).
McMillan, Stuart. Gestionnaire de la conservation des ressources, Parc national du Canada Wood Buffalo, Parcs Canada, Fort Smith (Territoires du Nord–Ouest).
Moore, Lisa. Technicienne en géomatique des écosystèmes, Parc national du Canada Wood, Fort Smith (Territoires du Nord–Ouest).
Stehn, Tom. Coordonnateur pour la Grue blanche, U.S. Fish and Wildlife Service, Aransas National Wildlife Refuge, Austwell (Texas).
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Marie–Claire Classen a obtenu son baccalauréat en sciences de l’environnement de l’Université de la Colombie–Britannique en 2003. En 2008, elle a obtenu une maîtrise ès sciences (biologie et écologie de l’environnement) de l’Université de l’Alberta. Son projet de recherche consistait à mettre au point un programme de surveillance des proies pour l’aire de nidification de la Grue blanche du parc national Wood Buffalo, au Canada. Elle travaille actuellement à titre d’experte–conseil dans le domaine de l’écologie aquatique. Les recherches effectuées lorsqu’elle était étudiante diplômée ainsi que son travail actuel lui ont permis d’acquérir une expérience utile en rédaction de rapports de recherche et de rapports techniques. Madame Classen s’intéresse depuis toujours aux sciences naturelles et à l’écologie.
Annexe 1. Données sur les populations de Grues blanches sauvages et en captivité d’Amérique du Nord, en décembre 2008, selon les informations transmises par Brian Johns (SCF) et Tom Stehn (USFWS)
Localités | Adultes | Jeunes | Total | Couples d’adultes |
---|---|---|---|---|
Aransas/Wood Buffalo | 227 | 39 | 270A | 72 |
Floride (population sédentaire) | 30B | 0 | 30B | 8 |
Wisconsin/Floride (population migratrice) | 68 | 20C | 88 | 11 |
Total | 325 | 59 | 389 | 91 |
A Ce chiffre représente la taille estimée de la bande à la fin du printemps 2008. Quarante et un oisillons ont éclos dans un nombre record de 66 nids en 2008. Les oisillons éclos en 2008 ne sont ajoutés aux données de recensement que lorsqu’ils atteignent le refuge d’Aransas à la fin de l’automne.
BCe chiffre comprend les 26 grues régulièrement recensées en Floride, plus 4 autres que l’on croit vivantes dans des lieux inconnus. Aucun oisillon n’a été produit en milieu naturel en 2008.
C Les cinq installations d’élevage de la Grue blanche (Centre de recherche sur la faune de Patuxent, International Crane Foundation, Zoo de Calgary, Zoo de San Antonio et Species Survival Center de La Nouvelle–Orléans) ont fourni des œufs ou produit et élevé des oisillons en 2008. Quatre œufs récupérés dans des nids abandonnés du Wisconsin ont éclos à Patuxent. Vingt et un oisillons ont été élevés pour les programmes de lâchers du centre du Wisconsin (14 conduits par aéronefs ultra légers et 7 relâchés directement en automne). Un des oisillons du lâcher direct automnal a été tué par un prédateur le 6 novembre 2008 au WNR de Necedah.
Localité | Adultes | JeunesE | Total | Couples nicheurs |
---|---|---|---|---|
Total | 147 | 4 | 151 | 32 |
Centre de recherche sur la faune de Patuxent (Maryland) | 62 | 3 | 65 | 13 |
International Crane Foundation (Wisconsin) | 32 | 0 | 32 | 11 |
Devonian Wildlife Conservation Centre, Calgary, Alberta | 24 | 0 | 24 | 6 |
Species Survival Center, Louisiane | 12 | 0 | 12 | 1 |
Zoo de Calgary (Alberta) | 2 | 0 | 2 | 0 |
Zoo de La Nouvelle–Orléans (Louisiane) | 2 | 0 | 2 | 0 |
Zoo de San Antonio (Texas) | 7 | 0 | 7 | 1 |
Parc faunique de Homosassa Springs (Floride) | 2 | 0 | 2 | 0 |
Zoo de Lowry Park, à Tampa (Floride) | 1 | 0 | 1 | 0 |
Zoo de Jacksonville (Floride) | 2 | 0 | 2 | 0 |
Zoo du comté de Milwaukee (Wisconsin) | 1 | 1 | 2 | 0 |
E Trois de ces jeunes resteront en captivité et serviront de réserve génétique aux fins des futurs programmes de reproduction. Le tableau ne tient pas compte des jeunes en captivité qui ont servi aux programmes de réintroduction en 2008.
Annexe 2. Composition de la population sauvage canadienne de la Grue blanche du Parc national Wood Buffalo et du refuge d’Aransas (PNWB/ANWR), selon les dénombrements annuels d’hiver effectués de 1938 à 2008
Année | Adultes | Jeunes | Total |
---|---|---|---|
1938–39 | 14 | 4 | 18 |
1939–40 | 15 | 7 | 22 |
1940–41 | 21 | 5 | 26 |
1941–42 | 14 | 2 | 16 |
1942–43 | 15 | 4 | 19 |
1943–44 | 16 | 5 | 21 |
1944–45 | 15 | 3 | 18 |
1945–46 | 18 | 4 | 22 |
1946–47 | 22 | 3 | 25 |
1947–48 | 25 | 6 | 31 |
1948–49 | 27 | 3 | 30 |
1949–50 | 30 | 4 | 34 |
1950–51 | 26 | 5 | 31 |
1951–52 | 20 | 5 | 25 |
1952–53 | 19 | 2 | 21 |
1953–54 | 21 | 3 | 24 |
1954–55 | 21 | 0 | 21 |
1955–56 | 20 | 8 | 28 |
1956–57 | 22 | 2 | 24 |
1957–58 | 22 | 4 | 26 |
1958–59 | 23 | 9 | 32 |
1959–60 | 31 | 2 | 33 |
1960–61 | 30 | 6 | 36 |
1961–62 | 34 | 5 | 39 |
1962–63 | 32 | 0 | 32 |
1963–64 | 26 | 7 | 33 |
1964–65 | 32 | 10 | 42 |
1965–66 | 36 | 8 | 44 |
1966–67 | 38 | 5 | 43 |
1967–68 | 39 | 9 | 48 |
1968–69 | 44 | 6 | 50 |
1969–70 | 48 | 8 | 56 |
1970–71 | 51 | 6 | 57 |
1971–72 | 54 | 5 | 59 |
1972–73 | 46 | 5 | 51 |
1973–74 | 47 | 2 | 49 |
1974–75 | 47 | 2 | 49 |
1975–76 | 49 | 8 | 57 |
1976–77 | 57 | 12 | 69 |
1977–78 | 62 | 10 | 72 |
1978–79 | 68 | 7 | 75 |
1979–80 | 70 | 6 | 76 |
1980–81 | 72 | 6 | 78 |
1981–82 | 71 | 2 | 73 |
1982–83 | 67 | 6 | 73 |
1983–84 | 68 | 7 | 75 |
1984–85 | 71 | 15 | 86 |
1985–86 | 81 | 16 | 97 |
1986–87 | 89 | 21 | 110 |
1987–88 | 109 | 25 | 134 |
1988–89 | 119 | 19 | 138 |
1989–90 | 126 | 20 | 146 |
1990–91 | 133 | 13 | 146 |
1991–92 | 124 | 8 | 132 |
1992–93 | 121 | 15 | 136 |
1993–94 | 127 | 16 | 143 |
1994–95 | 125 | 8 | 133 |
1995–96 | 130 | 28 | 158 |
1996–97 | 140 | 19 | 159 |
1997–98 | 152 | 30 | 182 |
1998–99 | 165 | 19 | 183 |
1999–00 | 171 | 17 | 188 |
2000–01 | 171 | 9 | 180 |
2001–02 | 161 | 15 | 176 |
2002–03 | 169 | 16 | 185 |
2003–04 | 169 | 25 | 194 |
2004–05 | 183 | 34 | 217 |
2005–06 | 190 | 30 | 220 |
2006–07 | 192 | 45 | 237 |
2007–08 | 227 | 39 | 266 |
2008–09 | 231 | 39 | 270 |
Année | Adultes | Jeunes | Total |
---|---|---|---|
2001–02 | 5 | 5 | |
2002–03 | 21 | 21 | |
2003–04 | 36 | 36 | |
2004–05 | 47 | 47 | |
2005–06 | 64 | 64 | |
2006–07 | 58 | 1 | 59 |
2007–08 | 88 | 88 |
Année | Adultes | Jeunes | Total |
---|---|---|---|
1993–94 | 8 | 8 | |
1994–95 | 16 | 16 | |
1995–96 | 25 | 25 | |
1996–97 | 56 | 56 | |
1997–98 | 60 | 60 | |
1998–99 | 57 | 57 | |
1999–00 | 65 | 65 | |
2000–01 | 82 | 82 | |
2001–02 | 86 | 86 | |
2002–03 | 84 | 1 | 85 |
2003–04 | 85 | 2 | 87 |
2004–05 | 70 | 1 | 71 |
2005–06 | 59 | 0 | 59 |
2006–07 | 41 | 4 | 41 |
2007–08 | 30 | 0 | 30 |
Le Service canadien de la faune et le Fish and Wildlife Service des États-Unis collaborent depuis de nombreuses années à la promotion du rétablissement de la Grue blanche. Le programme de rétablissement de la Grue blanche au Canada de 2007 et le programme de rétablissement international de la Grue blanche ont globalement pour objectif de protéger l’espèce et son habitat pour faire en sorte que la population atteigne un niveau stable et que sa désignation passe de « espèce en voie de disparition » à « espèce menacée » (Environnement Canada, 2007; SCF et USFWS, 2007). Il faudra pour cela protéger et améliorer l’habitat pour permettre à la population du PNWB/ANWR d’atteindre la stabilité, établir des bandes sauvages autosuffisantes et distinctes de la population du PNWB/ANWR et maintenir une bande élevée en captivité.
Pour atteindre l’objectif de changement de désignation à une catégorie de moindre risque, le programme de rétablissement canadien et le programme de rétablissement international ont défini un certain nombre de critères à respecter, d’objectifs à atteindre et de mesures de rétablissement à mettre en œuvre (Environnement Canada, 2007; SCF et USFWS, 2007).
Objectif 1 :
Établir et maintenir dans le milieu naturel des populations de Grues blanches autosuffisantes génétiquement stables et capables de survivre aux événements stochastiques naturels.
Critère 1 : Maintien d’une population minimale de 160 individus (40 couples nicheurs) dans le PNWB/ANWR pendant 10 ans, et de 100 individus (25 couples nicheurs) dans la population de Floride et dans la population migratrice de l’Est. Si les tentatives d’établissement de la population de Floride ou de la population migratrice de l’Est échouent, un des deux critères suivants devra être respecté pour permettre le changement de désignation visé :
Critère 1A : Maintien d’une population minimale de 400 individus (100 couples nicheurs) dans le PNWB/ANWR pendant 10 ans, et de 120 individus (30 couples nicheurs) dans une des deux populations introduites;
Critère 1B : Maintien d’une population minimale de 1 000 individus (250 couples nicheurs) dans le PNWB/ANWR.
Objectif 2 :
Maintenir une population captive génétiquement stable afin d’empêcher l’espèce de disparaitre.
Critère 2 : Maintien en captivité d’un groupe de 153 Grues blanches (21 couples nicheurs). D’après les analyses génétiques, il serait possible de maintenir 90 % du matériel génétique de l’espèce pendant 100 ans grâce à une population d’une telle taille (Jones et Lacy, 2003).
Ni le programme de rétablissement canadien ni le programme de rétablissement international ne précisent les critères à respecter pour justifier un changement de désignation de la Grue blanche (Environnement Canada, 2007; SCF et USFWS, 2007). Étant donné la maturité sexuelle tardive de l’espèce, son faible taux de reproduction et sa situation d’espèce en voie de disparition, il est difficile d’établir avec un niveau de confiance élevé les critères à respecter pour justifier un changement de désignation. De plus, un tel changement ne sera vraisemblablement pas envisageable avant 2035. Les informations requises à cette fin seront obtenues lorsqu’on sera plus proche de l’atteinte de l’objectif de désignation comme « espèce menacée » (Environnement Canada, 2007; SCF et USFWS, 2007).
Entre 1967 et 1996, 453 œufs de Grue blanche ont été récupérés dans des nids du PNWB aux fins d’élevage de spécimens en captivité, d’expériences d’élevage d’oisillons par des parents adoptifs (Grue du Canada) et d’expériences d’accompagnement des bandes réintroduites à l’aide d’aéronefs ultra légers.
Même si la Grue du Canada et la Grue blanche pondent d’ordinaire deux œufs par nichée, il est rare qu’elles parviennent à élever plus d’un oisillon. Les opinions divergent concernant les effets du prélèvement des œufs sur le taux de recrutement de la Grue blanche. Selon Ellis et Gee (2001), le retrait d’un des œufs du nid augmente le nombre de jeunes produits en milieu naturel. Par contre, Cannon et al. (2001) soutiennent que le recrutement des juvéniles dans la population du PNWB/ANWR était significativement plus élevé au cours des années où il n’y a pas eu de prélèvement d’œufs. Des recherches ultérieures ont permis de conclure que le retrait des œufs pourrait faire augmenter la probabilité de succès de la nichée selon certaines conditions (Boyce et al., 2005), mais que cet effet était annulé par l’élimination de la possibilité pour les couples d’élever deux jeunes. D’une manière ou d’une autre, le programme de prélèvement d’œufs a permis d’établir des bandes en captivité, de soutenir la réintroduction de la population de Floride et de la population migratrice de l’Est, et de réduire la variance du succès de reproduction de la population du PNWB/ANWR. Toutefois, il n’est pas prévu pour l’heure de lancer un nouveau programme d’un tel type.
Le Fish and Wildlife Service des États–Unis (USFWS), le US Geological Survey et le Service canadien de la Faune (SCF) gèrent actuellement cinq bandes de grues en captivité aux fins de la reproduction et de la conduite des programmes de réintroduction de l’espèce. La première bande a été établie en 1966 au Centre de recherche sur la faune de Patuxent (Maryland). Une deuxième a été établie à la International Crane Foundation (ICF), à Baraboo (Wisconsin), et une troisième, au Devonian Wildlife Conservation Centre (DWCC), à Calgary (Alberta). Le quatrième programme a été mis en place au Zoo de San Antonio (Texas), et le cinquième, au Freeport McMoran Audubon Species Survival Centre (SSC), en Louisiane. En novembre 2008, la bande de Patuxent comptait 65 grues, celle de la ICF en comptait 32, et celle du DWCC, 24. Le SSC possédait 12 grues, et le Zoo de San Antonio en avait 7. Divers autres jardins zoologiques et parcs d’État possèdent aussi des spécimens de la Grue blanche (annexe 1; Tom Stehn, ANWR, comm. pers.).
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