Guillemot à cou blanc (Synthliboramphus antiquus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC: chapitre 6

Répartition

Aire de répartition mondiale

Le Guillemot à cou blanc se reproduit dans un mince arc de cercle d’environ 9 000 kilomètres longeant la bordure septentrionale de l’océan Pacifique (figure 1). Le nombre d’individus de l’espèce augmente progressivement à mesure qu’on s’éloigne de la Chine et qu’on se rapproche de la Colombie-Britannique. Udvardy (1963) a qualifié la répartition de l’espèce de subboréale et panpacifique, semblablement à celle du Macareux rhinocéros (Cerorhinca monocerata) et du Macareux huppé (Fratercula cirrhata) qui nichent dans le Pacifique Est vers le sud jusqu’en Californie. En hiver, l’espèce se déploie vers le sud et atteint la Californie et Taïwan (Gaston, 1992).


Figure 1 : Répartition mondiale du Guillemot à cou blanc

Figure 1. Répartition mondiale du Guillemot à cou blanc.

En Asie, étant donné l’absence de relevés, peu de renseignements existent sur la répartition et le nombre de Guillemots à cou blanc. D’après les renseignements recueillis dans le passé, les populations de Chine, de Corée et du Japon pourraient être menacées de disparition (Springer et al., 1993; Gaston, 1994). Il est possible qu’il n’y ait plus que quelques centaines de couples nicheurs de Guillemots à cou blanc en Chine et quelques milliers dans la péninsule coréenne et le long des côtes de la mer du Japon. Autour de 25 000 à 35 000 individus se reproduisent dans la partie nord de la mer d’Okhotsk (Kondratyev et al., 2000), environ 13 000 dans le Kamchatka (Kondratyev et al., 2000) et moins de 2000 sur les îles du Commandeur (Kondratyev et al., 2000).

Le Guillemot à cou blanc se reproduit également sur plusieurs îles du golfe de Pierre-le-Grand, au large de Vladivostok, dans des aires de nidification distinctes. Selon les estimations de Shibaev (1987), 500 couples nichent sur l’île Verkhovskii et, dans la même région, on a signalé la présence d’individus sur les îles Russkii, Karamzin (100 couples dans les années 1960) et Klykov. Litvinenko et Shibaev (1991) ont évalué la population totale à 1200 couples. 

Selon les estimations, la plus importante colonie de Guillemots à cou blanc dans la partie asiatique du Pacifique Nord se trouve sur l’île de Talan, dans la baie Tauyskaya, et accueille approximativement 22 000 individus (USFWS, 2003). Il y a aussi une population estimative de 13 000 individus sur l’île Starichkov (USFWS, 2003).

En Alaska, l’espèce est répandue sur les îles Aléoutiennes, dans le golfe d’Alaska et dans la péninsule de l’Alaska; toutefois, les estimations de ces populations sont incomplètes. La population de l’ensemble de la région est évaluée à environ 200 000 individus (USFWS, 2003). La plus importante colonie se trouve sur l’île Forrester, dans le sud-est de l’Alaska; en 1976, elle comptait approximativement 60 000 individus. Une autre importante colonie est celle du rocher Castle dans les îles Shumagin, qui était composée de 30 000 individus en 1976. On estime que plusieurs autres îles des environs accueillent plus de 500 individus. Les îles Hunt (1978), Koniuji (1982) et Buldir (1976) accueillent chacune autour de 10 000 individus (USFWS, 2003). Près de 5 000 individus nichaient sur les îles Chagaluk et Egg en 1982 et 1980 respectivement. La seule autre colonie de taille notable se trouve sur l’île St. Lazaria et comptait 1500 oiseaux en 1981 (USFWS, 2003). Pendant l’hiver, les colonies de Guillemots à cou blanc se dispersent jusqu’en Californie, atteignant leur destination vers la fin du mois d’octobre (Ainley, 1976).

En dehors des îles de la Reine-Charlotte, il n’y a eu que deux autres observations certaines de Guillemots à cou blanc ayant niché en Amérique du Nord au sud de l’Alaska : Hoffman (1924) a trouvé un nid contenant des œufs sur l’île Carroll (Washington), et la présence d’un nid a été signalée en 1970 sur l’une des îles Moore, près de la côte continentale dans le détroit d’Hécate, en Colombie-Britannique (Campbell et al., 1990). Aucune autre observation n’a été répertoriée dans l’État de Washington, mais quelques individus ont été aperçus proche du littoral, et la présence d’un jeune ayant quitté le nid depuis peu a été signalée en 1978. Il se peut qu’une très faible population nicheuse subsiste encore à cet endroit (Speich et Wahl, 1989).


Aire de répartition canadienne

On estime que 256 000 couples de Guillemots à cou blanc, soit environ la moitié de la population reproductrice mondiale, nichent sur 31 îles de l’archipel de la Reine-Charlotte (Rodway, 1991; Gaston, 1992; Vermeer et al., 1997; figure 2). Le Canada est la seule partie de l’aire de reproduction de l’espèce pour laquelle les estimations des populations sont exactes à moins d’un ordre de grandeur près (Gaston, 1994b). L’espèce se concentre à deux endroits : le long de la côte ouest de l’île Graham, au nord, et le long de la côte est de l’île Moresby, au sud. Les quatre colonies proches de l’île Graham représentent environ 49 p. 100 de la population nicheuse; quant aux 17 colonies proches de l’île Moresby, dont la plupart se trouvent dans la réserve de parc national Gwaii Haanas, elles constituent environ 44 p. 100 de la population nicheuse (Lemon et Gaston, 1999). Le reste, soit 7 p. 100, niche dans 10 colonies le long de la côte isolée et accidentée de l’ouest de l'île Moresby (Rodway, 1991).


Figure 2 : Emplacement et taille relative des colonies de nidification de Guillemots à cou blanc des îles de la Reine-Charlotte

Figure 2. Emplacement et taille relative des colonies de nidification de Guillemots à cou blanc des îles de la Reine-Charlotte

Tiré de Harfenist et al., 2002; données provenant de Rodway [1988], Rodway et al. [1988, 1990], Harfenist [1994], Lemon [1997], Gaston et Masselink [1997], Gray [1999], Lemon et Gaston [1999]).

Les colonies proches de l’île Graham sont connues depuis le début du 20siècle, mais aucun recensement n’a été réalisé avant 1981; Spencer Sealy a cependant effectué une estimation rétrospective de la taille de la colonie de l’île Langara pour les années 1970-1971. Avant cela, seules des quantifications très vagues, comme « un nombre astronomique » (Beebe, 1960), « un nombre considérable » ou « plusieurs milliers » (Drent et Guiguet, 1961) avaient été avancées. Les données sur les colonies de l’île Moresby Sud sont encore plus récentes. Les gens de l’extérieur n’ont appris l’existence de ces colonies que dans les années 1960, mais les Haïdas les connaissaient bien. Même les ordres de grandeur de la plupart des colonies de Guillemots à cou blanc de l’archipel sont demeurés incertains jusque dans les années 1980.   

Quelques individus ont également été observés près de la partie nord de la côte ouest de l’île de Vancouver en été et il est possible que certains oiseaux s’y reproduisent, quoique cette hypothèse n’ait pas été confirmée. Il arrive que des groupes familiaux comprenant de jeunes oisillons soient aperçus dans la partie sud des îles de la Reine-Charlotte (Smith et French, 2000), l’espèce se dispersant hors des sites de reproduction très rapidement (Duncan et Gaston, 1990). 

En 1960, sur les îles Boulder et Sea-Pigeon (partie intérieure du bras Skincuttle), Bristol Foster a noté la présence de coquilles d’œufs et de restes de cadavres d’oiseaux adultes (Drent et Guiguet,1961); cependant, jusqu’en 1971, aucun signe de reproduction n’a été relevé (Summers, 1974). Des ratons laveurs introduits sont parfois présents sur ces deux îles (Rodway et al., 1988) et pourraient être à l’origine de la disparition des Guillemots à cou blanc.

En 1971, Summers (1974) a trouvé de nombreux terriers sur l’île Arichika et les îles Bischof et a estimé que 500 couples étaient présents à chacun de ces deux endroits. Ses estimations étaient fondées sur des dénombrements des terriers et sur la proportion des îles occupée par des terriers et, dans certains cas, sur l‘intensité de l’activité nocturne. En 1985, Rodwayet al. (1988) n’ont observé aucune trace de ces colonies.

 

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