Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’hespérie de Poweshiek (Oarisma poweshiek) au Canada 2003

l’hespérie de Poweshiek (Oarisma poweshiek)

Espèce menacée 2003

COSEPAC
Comité sur la situation des espèces en péril au Canada


COSEWIC
Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante.

COSEPAC. 2004. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’hespérie de Poweshiek (Oarisma poweshiek) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada.Ottawa. vii + 29 p.

Note de production

Le COSEPAC remercie Reginald P. Webster d’avoir rédigé le rapport sur la situation de l’hespérie de Poweshiek (Oarisma poweshiek) au Canada dans le cadre d’un contrat passé avec Environnement Canada, rapport dont la révision et l’édition ont été assurées par Theresa Fowler, coprésidente du Sous-comité de spécialistes des arthropodes du COSEPAC.

Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Status Report on the Poweshiek Skipperling (Oarisma poweshiek) in Canada.

Hespérie de Poweshiek - mâle en vue dorsale et en vue ventrale. Photographies : Chris McQuarrie et R.P. Webster.

©Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2004
PDF : CW69-14/361-2004F-PDF
ISBN 0-662-76460-9
HTML : CW69-14/361-2004F-HTML
ISBN 0-662-76461-7

Sommaire de l’évaluation – Novembre 2003

Nom commun: Hespérie de Poweshiek

Nom scientifique: Oarisma Poweshiek

Statut: Espèce menacée

Justification de la désignation: Cette espèce se trouve au Canada au sein d'une très petite aire limitée en 15 endroits où elle forme une seule métapopulation isolée et distincte, la population américaine la plus proche se trouvant à une centaine de kilomètres au sud. Au Canada, cette espèce dépend de prairies indigènes à herbes hautes, un habitat qui a subi des pertes énormes par le passé; ses populations ont vraisemblablement connu des déclins similaires. Bien que les prairies restantes qui abritent ce papillon ne conviennent pas à l'agriculture et que la plus grande partie soit protégée par une réserve, la gestion passée des feux, ayant pour objectif de maintenir la végétation de la prairie, a nui à ce papillon. La plus grande partie de l'habitat occupé est protégée, mais même avec une gestion appropriée, l'aire de répartition de ce papillon est si petite que l'espèce est vulnérable aux catastrophes.

Répartition: Manitoba

Historique du statut: Espèce désignée « menacée » en novembre 2003. Évaluation fondée sur un nouveau rapport de situation.

L’hespérie de Poweshiek appartient à la famille des Hesperiidés (hespéries) et à l’ordre des Lépidoptères (papillons). Aucune sous-espèce n’est reconnue. Les adultes ont une envergure de 24 à 30 mm. La coloration diffère très peu entre les deux sexes. Le dessus des ailes est brun très foncé, avec les régions costale et basale de l’aile antérieure suffusées d’orange. Le dessous des ailes est très distinctif. L’aile antérieure est brun foncé, avec le bord costal orange. Les nervures traversant la portion antérieure de l’aile postérieure sont blanches, et le fond de l’aile entre ces nervures est saupoudré d’écailles blanches. Cette aire pâle contraste fortement avec le bord interne brun très foncé de l’aile postérieure.

L’œuf est vert jaunâtre pâle, légèrement elliptique, et il mesure environ 0,7 mm de diamètre. La chenille est vert pâle, avec une rayure dorsale vert foncé lisérée de blanc de chaque côté et six rayures latérales blanches ou crème. À maturité, elle mesure environ 24 mm de longueur.

L’hespérie de Poweshiek a été découverte au Canada en 1985. Elle y occupe un territoire de seulement 2 300 ha, près de Tolstoi, Stuartburn et Gardenton, dans le sud-est du Manitoba, près de la frontière canado-américaine. Cette hespérie présente une aire de répartition très restreinte et très fragmentée en Amérique du Nord. Elle se rencontre dans une seule région au Michigan et en Iowa et dans un certain nombre de sites isolés de l’ouest du Minnesota, de l’est des Dakotas et du sud-est du Manitoba.

L’hespérie de Poweshiek se rencontre uniquement dans les prairies humides à grandes graminées au Canada et dans la majeure partie de son aire de répartition aux États-Unis.

Comme les autres papillons diurnes, l’hespérie de Poweshiek exploite des ressources différentes aux diverses étapes de son cycle vital. Elle connaît une seule génération par année. Les adultes se rencontrent pendant seulement trois ou quatre semaines, habituellement entre la fin de juin et le milieu ou la fin de juillet, et ils atteignent généralement leur abondance maximale durant la deuxième semaine de juillet.

Une fois fécondées, les femelles déposent leurs œufs sur le dessus de la portion apicale des feuilles de la plante hôte. L’éléocharide elliptique est tenue pour la plante hôte de l’espèce au Canada, mais d’autres cypéracées pourraient également être utilisées. La vie larvaire comporte sept stades. L’espèce hiberne au cinquième stade larvaire, probablement dans la litière à la base de la plante hôte. Les chenilles recommencent à se nourrir au printemps, poursuivent leur développement en juin, puis se nymphosent. L’émergence des adultes débute à la fin de juin ou en juillet, selon les conditions météorologiques.

Depuis les années 1850, plus de 99 p. 100 des prairies à grandes graminées pouvant servir d’habitat à l’hespérie de Poweshiek ont été converties en terres agricoles en Amérique du Nord. Au Canada, la superficie occupée par cet habitat est passé d’environ 6 000 km² à seulement 50 km². Le déclin des populations d’hespérie de Poweshiek aurait été proportionnel à la perte de cet habitat. À l’heure actuelle, l’hespérie de Poweshiek se rencontre au Canada dans une seule petite région, près de Tolstoi, au Manitoba.

L’hespérie de Poweshiek se rencontre uniquement dans la prairie à grandes graminées. Elle est extrêmement vulnérable aux perturbations, dont le pâturage, le brûlage dirigé et les cultures en rangs, qui modifient les caractéristiques floristiques et structurales de son habitat. La survie à long terme de cet insecte dépend de la présence des ressources nutritives essentielles pour les adultes et les chenilles. Le nectar est une ressource extrêmement importante pour les adultes. Il constitue une source d’eau et d’énergie pour les adultes et permet aux femelles d’atteindre leur fécondité maximale. Les plantes nectarifères préférées par les adultes et les cypéracées consommées par les chenilles sont des éléments caractéristiques de la flore des prairies indigènes. L’hespérie de Poweshiek est incapable de survivre dans les milieux agricoles, car ces plantes y sont rarement présentes.

L’hespérie de Poweshiek appartient à un très petit groupe de papillons diurnes spécialistes qui se rencontrent au Canada uniquement dans les prairies indigènes à grandes graminées. Elle forme une série de populations isolées aux États-Unis et n’est présente que dans une petite région au Canada. Sa disparition du Canada marquerait la perte d’un élément important de l’écosystème des prairies, lui-même en voie de disparition.

L’hespérie de Poweshiek ne bénéficie d’aucune protection juridique au Canada aux échelons national ou provincial. La majeure partie de l’habitat de cette hespérie se trouve dans la Réserve de prairie d’herbes longues du Manitoba, d’une superficie de 2 200 ha, qui est protégée en vertu du Programme des habitats fauniques essentiels (Critical Wildlife Habitat Program). L’hespérie de Poweshiek est également présente dans quelques autres sites se trouvant sur des terrains privés, à l’extérieur de la Réserve. En dépit de la protection accordée à l’habitat de l’hespérie dans la Réserve, les pratiques de gestion actuelles pourraient constituer une menace importante pour la survie à long terme de l’espèce au Canada.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, à l’échelle nationale, des espèces, sous-espèces, variétés ou autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes et incluant les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Le COSEPAC est formé de membres de chacun des organismes provinciaux et territoriaux responsables des espèces sauvages, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans et Partenariat fédéral en biosystématique, présidé par le Musée canadien de la nature) et de trois membres ne relevant pas de compétence, ainsi que des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité de connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit pour examiner les rapports de situation sur les espèces candidates.

Service canadien de la faune

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

L’Oarisma poweshiek (Parker, 1870), ou hespérie de Poweshiek, appartient à la famille des Hesperiidés (hespéries) et à l’ordre des Lépidoptères (papillons). Aucune sous-espèce n’est reconnue. L’espèce doit son nom au comté de Poweshiek, où elle a été capturée pour la première fois. Ce nom est cependant écrit « powesheik » dans la description originale. Comme il s'agit manifestement d'une erreur d'épellation, le nom a été corrigé, conformément à l’article 32.5 du Code international de nomenclature zoologique (Commission internationale de nomenclature zoologique, 1999). Dans la plupart des documents publiés avant 1998, c’est l’ancienne graphie qui est utilisée.

L’envergure de l’hespérie de Poweshiek varie entre 24 et 30 mm (Layberry et al., 1998). La coloration diffère très peu entre les deux sexes. Le dessus des ailes est brun très foncé, avec les régions costale et basale de l’aile antérieure suffusées d’orange (figure 1), particulièrement chez les femelles. Le dessous des ailes est très distinctif. L’aile antérieure est brun foncé, avec le bord costal orange. Les nervures traversant la portion antérieure de l’aile postérieure sont blanches, et le fond de l’aile entre ces nervures est saupoudré d’écailles blanches. Cette aire pâle contraste fortement avec le bord interne brun très foncé de l’aile postérieure. Des illustrations d’adultes sont présentées dans Layberry et al. (1998) (planche 1, figure 28) et Howe (1975) (planche 97, figures 3 et 4).

L’O. poweshiek est parfois confondu avec l’Oarisma garita (Reakirt), une autre hespérie de prairie qui lui est étroitement apparentée. L’O. garita est plus petit, beaucoup plus brillamment coloré (brun orangé), et le bord interne du dessous de son aile postérieure, qui est orange, ne contraste pas avec le reste de l’aile, qui est brun grisâtre.

McAlpine (1972) décrit les différentes étapes du cycle vital de l’hespérie de Poweshiek, en se fondant sur des observations effectuées au Michigan. L’œuf est vert jaunâtre pâle, légèrement elliptique, et il mesure 0,8 mm de longueur sur 0,7 mm de largeur sur 0,5 mm de hauteur (McAlpine, 1972). Dans les heures qui précèdent l’éclosion, il s’assombrit et se marbre de taches brunâtres. La chenille est vert pâle, avec une rayure dorsale vert foncé lisérée de blanc de chaque côté et six rayures latérales blanches ou crème. La coloration ne varie pas d’un stade larvaire à l’autre. La chenille du septième et dernier stade mesure environ 24 mm de longueur (McAlpine, 1972). Des dessins au trait et des photographies noir et blanc des stades immatures sont présentés dans McAlpine (1972).

Figure 1. Vue dorsale (à gauche) et vue ventrale (à droite) d’une hespérie de Poweshiek mâle (photographies : Chris McQuarrie et R.P. Webster).

Figure 1.  Vue dorsale (à gauche) et vue ventrale (à droite) d’une hespérie de Poweshiek mâle (photographies : Chris McQuarrie et R.P. Webster).

L’aire de répartition de l’hespérie de Poweshiek est très limitée. Autrefois, cette hespérie se rencontrait depuis le sud-est du Manitoba jusqu’en Iowa, en passant par l’est des Dakotas et l’ouest du Minnesota, et formait des populations isolées dans le sud-est du Wisconsin, le nord-ouest de l’Illinois et le sud du Michigan (Layberry et al., 1998) (figure 2). Aujourd’hui, l’espèce est présente dans seulement une région au Michigan et en Iowa et dans un certain nombre de sites de l’ouest du Minnesota et de l’est des Dakotas. Son aire de répartition actuelle en Amérique du Nord est très fragmentée (Royer et Marrone, 1992a).

Figure 2. Aire de répartition mondiale de l’Oarisma poweshiek

Figure 2. Aire de répartition mondiale de l’Oarisma poweshiek.

Au Canada, la présence de l’hespérie de Poweshiek a été mentionnée pour la première fois en 1986 par Catling et Lafontaine (1986). Cette espèce se rencontre sur un territoire de seulement 2 300 ha, près de Tolstoi, Stuartburn et Gardenton, dans le sud-est du Manitoba, près de la frontière canado-américaine (figure 3). Catling et Lafontaine (1986) l’ont observée dans sept localités de cette région en 1985. En 2002, elle a été trouvée dans 15 localités de la même région, mais dans aucun autre des sites de prairie examinés (figure 4). Masters (1973), se fondant sur des spécimens capturés par Jack Dennis entre 1902 et 1920, a signalé sa présence à Beulah (Manitoba). Un examen a cependant révélé que ces spécimens avaient été mal identifiés et appartenaient en réalité à une espèce étroitement apparentée, l’Oarisma garita (Catling et Lafontaine, 1986).

Figure 3. Aire de répartition canadienne de l’hespérie de Poweshiek.

Figure 3. Aire de répartition canadienne de l’hespérie de Poweshiek.

Figure 4. Sites visités dans le cadre de l’inventaire des populations de l’hespérie de Poweshiek en 2002.

Figure 4. Sites visités dans le cadre de l’inventaire des populations de l’hespérie de Poweshiek en 2002.

L’hespérie de Poweshiek se rencontre au Canada uniquement dans les prairies humides-mésiques à grandes graminées (Catling et Lafontaine, 1986). Au Michigan, elle est associée aux tourbières minérotrophes alcalines où la potentille frutescente (Pentaphylloides floribunda), (Pursh) est un arbuste commun (Holzman, 1972). Toutefois, dans les Dakotas, au Minnesota et en Iowa, elle est surtout commune dans les prairies mésiques, plus sèches (Swengel et Swengel, 1999).

Au Manitoba, les prairies humides-mésiques à grandes graminées fréquentées par l’hespérie de Poweshiek sont petites (0,4 ha) à grandes (300 ha) et forment des ouvertures plus ou moins allongées entre les peuplements de chêne à gros fruits (Quercus macrocarpa Michx.) et de peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx.) (Catling et Lafontaine, 1986) (figure 5). Ces prairies ont un relief peu prononcé (dénivellations d’au plus un à deux mètres) et, dans la plupart des cas, comportent des sections basses périodiquement humides et des sections élevées plus sèches (mésiques). Chacune de ces sections est caractérisée par une communauté végétale particulière. La végétation des zones basses humides est souvent dominée par diverses espèces de saules (Salix sp.) ainsi que par trois graminées, la deschampsie cespiteuse (Deschampsia caespitosa [L.] Beauv.), l’agrostide stolonifère (Agrostis stolonifera L.) et la muhlenbergie de Richardson (Muhlenbergia richardsonis [Trin.] Rydb.), diverses espèces de carex (Carex spp.), une autre cypéracée, l’éléocharide elliptique (Eleocharis elliptica Kunth), une joncacée, le jonc de la Baltique (Juncus balticus Willd.), une primulacée, la lysimaque à quatre fleurs (Lysimachia quadriflora Sims) et une labiée, la brunelle commune (Prunella vulgaris L.). Une orchidée en voie de disparition, la platanthère blanchâtre de l’Ouest (Platanthera praeclara Sheviak et Bowles), et une autre orchidée, le cypripède blanc (Cypripedium candidum Willd.), sont présentes dans certains des secteurs humides. Les zones mésiques, plus élevées, sont souvent dominées par deux graminées, le barbon de Gérard (Andropogon gerardii Vitman) et le sporobole à glumes inégales (Sporobolus heterolepis A. Gray) ainsi que par diverses herbacées non graminoïdes, dont une lilacée, le zygadène élégant (Zigadenus elegans Pursh) et trois composées, la verge d’or rigide (Solidago rigida L.), la rudbeckie tardive (Rudbeckia serotina Nutt.) et le liatris à style ligulé (Liatris ligulistylis (A. Nels.). Une lobéliacée, la lobélie à épi (Lobelia spicata), a souvent été observée dans les zones de transition entre la prairie mésique et la prairie plus sèche. Un arbuste, la potentille frutescente (Pentaphylloides floribunda), était commun dans ces milieux. Le zygadène élégant (Zigadenus elegans) est considéré comme une espèce calciphile et a besoin d’un pH du sol supérieur à 7,0 (Sheviak, 1974). Sa présence témoigne de la nature alcaline du sol de ces prairies. Dans la plupart des sites, l’hespérie de Poweshiek était surtout commune en bordure ou près de la bordure des sections élevées et mésiques de la prairie, où le barbon de Gérard (A. gerardii) était abondant. Une des plantes hôtes de l’hespérie, l’éléocharide elliptique (E. elliptica) (McAlpine, 1972; Holzman, 1972), se rencontre dans les secteurs humides de la prairie (Catling et Lafontaine, 1986).

Figure 5. Habitat de l’hespérie de Poweshiek. Prairie à grandes graminées/barbon de Gérard près de Tolstoi (Manitoba) (Photo : R.P. Webster).

On ne saura jamais de façon précise quelle était l’aire de répartition de l’hespérie de Poweshiek en Amérique du Nord, car une bonne partie du territoire anciennement couvert par la prairie à grandes graminées avait déjà été affectée aux cultures en rangs ou gravement dégradée par le surpâturage avant la tenue des premiers inventaires de cette espèce et d’autres insectes de prairie. La prairie à grandes graminées a déjà occupé une superficie d’environ 34 000 000 ha (340 000 km2) en Amérique du Nord (Samson et Knopf, 1994). Une bonne partie de cet écosystème a disparu entre 1850 et 1920. La prairie à grandes graminées ne couvre plus que 500 000 ha, soit une perte de plus de 99 p. 100. Au Manitoba, elle s’étendait autrefois sur quelque 600 000 ha (Samson et Knopf, 1994), mais elle n’occupe plus qu’environ 5 000 ha (incluant les sites fauchés à la fin de l’automne), ce qui représente un déclin de 99,5 p. 100. Le déclin des populations d’hespérie de Poweshiek a probablement été proportionnel à celui de son habitat exclusif en Amérique du Nord. La plupart des populations d’hespérie de Poweshiek d’Amérique du Nord sont aujourd’hui très fragmentées et limitées aux quelques prairies reliques isolées (Royer et Marrone, 1992a).

On ignore jusqu’à quel point l’hespérie de Poweshiek était répandue au Canada. Il reste encore un certain nombre de prairies à grandes graminées propices (superficie totale de quelque 3 000 ha) dans la région située entre les lacs Manitoba et Winnipeg, au Manitoba. L’hespérie de Poweshiek ne se rencontre dans aucune de ces prairies, bien que l’O. garita, son proche parent, demeure commun dans nombre d’entre elles. Il se peut que l’aire de répartition de l’hespérie de Poweshiek au Canada ait toujours été restreinte.

Les sols peu profonds, rocheux et très calcaires des régions où l’hespérie de Poweshiek se rencontre aujourd’hui au Canada ne se prêtent pas à la plupart des utilisations agricoles. La faible superficie (0,4 à 0,8 ha) de nombreuses ouvertures de prairie, conjuguée à la présence d’espèces végétales souvent inutilisables comme fourrage, en particulier dans les secteurs les plus élevés, rend ces sites généralement impropres au pâturage (Catling et Lafontaine, 1986). En conséquence, la flore de ces sites n’a pas trop souffert des activités agricoles. En revanche, diverses activités humaines ont entraîné la disparition de nombreux sites aux États-Unis (Royer et Marrone, 1992a).

La plupart des populations de l’hespérie de Poweshiek sont actuellement protégées (du moins officiellement) dans la Réserve de prairie d’herbes longues du Manitoba (Tall-grass Prairie Preserve), d’une superficie de 2 200 ha, en vertu du Programme des habitats fauniques essentiels (Critical Wildlife Habitat Program). L’hespérie de Poweshiek est également présente dans quelques autres sites se trouvant sur des terrains privés, à l’extérieur de la réserve.

Comme d’autres papillons diurnes et hespéries, l’hespérie de Poweshiek exploite des ressources et fréquente des microhabitats très différents aux diverses étapes de son cycle vital.

L’hespérie de Poweshiek a une seule génération par année. Les spécimens récoltés au Manitoba ont été capturés entre le 23 juin et le 14 juillet, mais la plupart d’entre eux l’ont été entre le 23 et le 28 juin (base de données de collecte de la CNC, Biological and Conservation Data System, Conservation Manitoba). En 2002, le premier adulte a été observé le 3 juillet, et les deux sexes étaient communs le 12 juillet. Le pic de la période de vol est survenu à la mi-juillet. Durant un inventaire décennal réalisé en Iowa, au Minnesota et au Dakota du Nord, les adultes ont atteint leur densité maximale entre le 7 et le 9 juillet (Swengel et Swengel, 1999). La période de vol dure probablement environ trois à quatre semaines chaque année.

La présence de plantes nectarifères est importante pour l’hespérie de Poweshiek et les autres papillons diurnes. Le nectar est une source d’eau et d’énergie pour les adultes et permet aux femelles d’atteindre leur fécondité maximale (Murphy et al., 1983). L’hespérie de Poweshiek semble utiliser toute une gamme de plantes nectarifères, mais la composition exacte de cette gamme varie selon l’endroit. Durant l’inventaire décennal réalisé en Iowa, au Minnesota et au Dakota du Nord, Swengel et Swengel (1999) l’ont observée butinant les fleurs de 19 espèces végétales. Les espèces exploitées étaient, par ordre décroissant de préférence (établi selon la fréquence des visites), l’héliopsis faux-hélianthe (Heliopsis helianthoides (L.) Sweet), l’échinacée à feuilles étroites (Echinacea angustifolia (DC.) Heller), le Coreopsis palmata Nutt. et le Rudbeckia hirta L. Toutefois, aucune de ces plantes, à l’exception de la rudbeckie, n’a été trouvée en compagnie de l’hespérie au Manitoba. Catling et Lafontaine (1986) ont mentionné que l’hespérie visitait souvent les fleurs de la lobélie à épi (Lobelia spicata). Cette espèce était également la plante nectarifère préférée de l’hespérie de Poweshiek au Michigan, mais le Rudbeckia serotina était aussi utilisé à l’occasion (Holzman, 1972). En 2002, dans presque tous les sites où elle était présente au Manitoba, l’hespérie de Poweshiek a été observée à un certain nombre d’occasions sur des fleurs de rudbeckie. Quelques fleurs de lobélie à épi étaient ouvertes pendant la période de vol de l’hespérie, et elles ont été visitées par quelques individus seulement.

On a très peu d’informations précises sur la parade nuptiale et la fécondité de l’hespérie de Poweshiek. Cette hespérie semble du type patrouilleur. Les mâles patrouillent leur habitat à la recherche de femelles réceptives au lieu de se percher ou de pourchasser les femelles comme le font les Hesperia spp. mâles. La plupart des mâles observés en 2002 se déplaçaient d’un vol relativement lent tout juste au-dessus des graminées. Plusieurs femelles très fraîchement émergées ont été aperçues perchées près du sommet de la tige d’une graminée. Aucune tentative d’accouplement ni aucun accouplement n’ont été observés. Des observations plus poussées de la parade nuptiale et du comportement reproducteur de cette espèce s’imposent.

Au Michigan, les chenilles de l’hespérie de Poweshiek se nourrissent du feuillage de l’éléocharide elliptique (Eleocharis elliptica Kunth) et d’une cypéracée indéterminée (Holzman, 1972). Au Manitoba, l’éléocharide était commune en bordure des zones basses humides des prairies habitées par l’hespérie, et elle est probablement une des plantes hôtes de l’espèce à ces endroits (Catling et Lafontaine, 1986). Les œufs sont pondus sur le feuillage de l’éléocharide (Holzman, 1972). En condition de confinement, des femelles ont pondu leurs œufs près de l’extrémité de la face dorsale des feuilles de la plante hôte (McAlpine, 1972).

Les œufs de O. poweshiek éclosent 9 à 10 jours après la ponte, et les chenilles commencent aussitôt à s’alimenter sur le feuillage de la plante hôte. La vie larvaire s’étale sur sept stades. L’hespérie de Poweshiek hiberne au cinquième stade larvaire (McAlpine, 1972; Scott, 1986), probablement enfouie dans la litière à la base de la plante hôte. Les chenilles se nourrissent sur les feuilles de la plante hôte près de la surface du sol mais, contrairement à celles de certaines autres espèces d’hespéries, elles ne se fabriquent aucun abri. Lorsqu’elles ne se nourrissent pas, elles se réfugient sous la tige de la plante hôte. Les trois premiers stades larvaires durent entre 10 et 15 jours, tandis que le quatrième se prolonge sur environ 25 jours (McAlpine, 1972). Des chenilles du cinquième stade exposées à des conditions expérimentales ont cessé de se nourrir à la fin de septembre et sont entrées en diapause (McAlpine, 1972). Après avoir hiberné à l’extérieur, les chenilles ont recommencé à se nourrir au début d’avril. Elles ont atteint le sixième stade au milieu d’avril, et le septième, le 14 mai. Malheureusement, McAlpine (1972) n’a fourni aucune indication sur les dates de nymphose et sur les microhabitats où cette métamorphose se produit. Des études plus détaillées sur le cycle vital de l’espèce sont requises.

Les facteurs de mortalité naturelle demeurent largement méconnus. Swengel et Swengel (1999) ont mentionné des cas de prédation par une thomise (araignée) dissimulée dans une fleur d’Heliopsis helianthoides et deux réduves (hémiptères) sur des fleurs de Rudbeckia hirta. La prédation des adultes ne représente probablement pas un facteur de mortalité important chez l’hespérie de Poweshiek.

Les fluctuations annuelles des effectifs de l’hespérie de Poweshiek au Canada ne sont pas connues. Royer et Marrone (1992a) ont indiqué que cette espèce subit d’importantes fluctuations annuelles au Dakota du Nord et au Dakota du Sud, mais ils n’ont fourni aucune donnée à l’appui. À leur avis, ces fluctuations pourraient être en partie imputables à des facteurs anthropiques.

On sait très peu de choses sur les déplacements de l’hespérie de Poweshiek dans et entre les milieux favorables. En raison de son vol peu puissant, cette espèce possède probablement un faible pouvoir de dispersion. Toutefois, Swengel et Swengel (1999) ont mentionné que c’était la seule hespérie spécialiste des prairies qu’ils aient observée à l’extérieur des milieux de prairies au cours de leur étude décennale. Un individu a été aperçu à 0,8 km de la prairie la plus proche, le long d’un chemin de terre traversant des champs cultivés et des friches. Près de la Réserve de prairie d’herbes longues du Manitoba, quelques adultes en train de butiner des fleurs ont été observés en bordure d’un chemin, à 0,5 km de la prairie à grandes graminées la plus proche. Cette observation donne à croire que l’hespérie de Poweshiek peut traverser des milieux non favorables. Il semble toutefois improbable qu’elle puisse s’aventurer dans de tels milieux sur plus de quelques kilomètres.

Bien que 21 espèces de papillons diurnes aient été répertoriées dans la Réserve de prairie d’herbes longues du Manitoba, seulement deux cas d’interaction de l’hespérie de Poweshiek avec une autre espèce de papillon diurne ont été observés. Parmi les hespéries, l’hespérie mystique (Polites mystic (W.H. Edwards)) était la plus abondante dans les milieux fréquentés par l’hespérie de Poweshiek. L’hespérie de Peck (P. peckius (W. Kirby)) et l’hespérie à tache costale (P. themistocles (Latreille)) étaient également communes, mais surtout dans les secteurs perturbés abritant une flore caractéristique de pré. Lors des deux interactions observées, une hespérie mystique mâle s’est lancée à la poursuite d’une hespérie de Poweshiek mâle qui s’était aventurée à proximité de son perchoir. L’altercation n’a duré qu’une ou deux secondes. Il est peu probable que les interactions interspécifiques liées à la parade nuptiale interfèrent (perte de temps) avec le comportement d’accouplement de l’hespérie de Poweshiek.

L’hespérie de Poweshiek est extrêmement sensible à l’altération de son habitat et a rarement été trouvée dans des prairies dégradées (Royer et Marrone, 1992a; Schlicht et Saunders, 1994; Swengel et Swengel, 1999). Bien que les immatures et les adultes puissent utiliser un certain nombre de plantes pour se nourrir et se reproduire, ils semblent exploiter uniquement les espèces végétales associées aux prairies non perturbées. L’altération de la communauté végétale indigène de la prairie entraîne souvent la perte de ces ressources essentielles. L’hespérie de Poweshiek a peu de chance d’atteindre de nouveaux habitats de prairie situés à plus de quelques kilomètres de son habitat d’origine. À cause de son faible pouvoir de dispersion et de la spécificité élevée dont elle fait preuve à l’égard de ses plantes hôtes, cette espèce est particulièrement vulnérable à la dégradation de son habitat, en particulier lorsque les populations reliques sont largement séparées les unes des autres.

À l’heure actuelle, au Canada, l’hespérie de Poweshiek se rencontre uniquement dans quelques sites répartis à l’intérieur d’une petite région. Ces sites se trouvent près de Tolstoi, à l’intérieur ou à proximité de la Réserve de prairie d’herbes longues du Manitoba. On ne dispose d’aucune estimation précise de la taille de ces populations, ou de donnée sur les tendances à long terme de ces mêmes populations.

En 2002, la taille des populations a été estimée de façon très approximative dans la plupart des sites où l’espèce est présente au Canada. Ces estimations ont été réalisées selon la méthode décrite dans le texte qui suit. Des relevés préliminaires ont permis de constater que l’hespérie de Poweshiek est la plus commune dans les sections mésiques des prairies dégagées et peu commune dans les sections plus marécageuses, soumises à des inondations périodiques. On estime que les sections humides et mésiques occupent entre 10 et 25 p. 100 de la superficie de chaque prairie. Un dénombrement des hespéries de Poweshiek adultes a été effectué dans au moins 0,5 ha de section mésique à l’intérieur de chaque prairie étudiée. Il fallait habituellement 15 à 20 minutes pour compter les adultes dans une parcelle de 0,5 ha en traversant lentement cette dernière en zig-zag. En raison du nombre considérable de prairies et de leur superficie, seules quelques petites sections de chaque prairie ont été visitées en 2002. La superficie des prairies a été estimée visuellement à l’aide de repères terrestres et de cartes topographiques. Dans chaque site, pour estimer la taille de la population, les observateurs se sont fondés sur la densité d’adultes observée dans les sections mésiques et sur la superficie relative des sections mésiques par rapport à l’ensemble de la prairie : (nombre moyen d’adultes par hectare dans les sections mésiques de 0,5 hectare utilisées pour le dénombrement) X (proportion estimative de sections mésiques dans la prairie) X (superficie totale estimative de la prairie).

Dix-huit localités ont été visitées en 2002. Au total, 154 hespéries de Poweshiek adultes ont été dénombrées, réparties entre 15 de ces localités. La densité des adultes allait de 0 individu par hectare dans une section de prairie brûlée au printemps 2002 à 46 adultes par hectare dans une section n’ayant fait l’objet d’aucune intervention récente. La taille estimée des populations allait de 10 individus dans une parcelle de 0,8 ha à 600 individus dans une parcelle de 65 ha comportant de vastes zones mésiques et abritant des peuplements vigoureux de barbon de Gérard (Andropogon gerardii). Le nombre total d’hespéries de Poweshiek dans tous les sites étudiés se trouvant à l’intérieur ou à proximité de la Réserve de prairies d’herbes longues a été estimé à près de 3 000 aux dates où les dénombrements ont été effectués. Ces estimations doivent être interprétées avec une certaine prudence, car aucun site de prairie n’a été inventorié de façon exhaustive. Seulement la moitié des blocs de la Réserve ont été étudiés, et les dénombrements n’ont pas été réalisés durant le pic de la période de vol. La population totale d’adultes au cours d’une saison donnée est forcément supérieure aux estimations fondées sur les observations d’une seule journée, car les adultes n’émergent pas tous en même temps. En réalité, dans ce complexe de prairies, la population totale saisonnière oscillerait entre 5 000 et 10 000 individus. Pour obtenir une estimation plus précise des effectifs annuels totaux de l’espèce, il faudrait réaliser des relevés plus approfondis dans tous les sites de prairie se trouvant à l’intérieur ou à proximité de la Réserve.

Dans chacun des sites où la présence de l’hespérie a été confirmée, les tendances à long terme de la population demeurent à établir. En raison de leur sol peu profond, rocheux et très calcaire et de leur faible superficie, les prairies fréquentées par l’hespérie de Poweshiek ne se prêtent pas à la plupart des utilisations agricoles (Catling et Lafontaine, 1986). En conséquence, la flore de ces sites n’a pas été altérée de façon notable par l’agriculture, et les effectifs de l’hespérie semblent y être demeurés relativement stables. Le brûlage dirigé effectué au début du printemps, en rotation, a été la principale stratégie utilisée pour prévenir la croissance des plantes ligneuses et préserver la flore indigène de ces prairies (Borkowsky, comm. pers., 2002). Au printemps 2002, plus de 50 p. 100 de la Réserve a été brûlée. Ce pourcentage inclut une importante section qui a été balayée par un feu non planifié (Borkowsky, comm. pers., 2002). Quelques hespéries de Poweshiek ont été observées dans les blocs qui avaient brûlé au printemps 2002. Le brûlage dirigé, conjugué au feu non planifié, pourrait avoir réduit de manière significative la population totale de l’espèce dans la Réserve en 2002, mais l’incidence du brûlage dirigé sur les tendances à long terme des populations demeure méconnue.

L’hespérie de Poweshiek se rencontre uniquement dans les prairies à grandes graminées humides. Elle est extrêmement vulnérable aux perturbations qui modifient les caractéristiques floristiques et structurales de son habitat préféré. La survie à long terme de cet insecte dépend de la présence des ressources nutritives essentielles pour les adultes et les chenilles.

Un accès régulier à des sources de nectar pourrait être essentiel à la survie des hespéries de Poweshiek adultes. Le nectar contient de l’eau, essentielle au maintien de la vie, et des glucides, source d’énergie indispensable au vol, et il permet aux femelles d’atteindre leur fécondité maximale (Murphy et al., 1983). En l’absence d’une source nectar facilement accessible, les femelles pondraient moins d’œufs et produiraient par conséquent moins de descendants. L’eau contenue dans le nectar est une denrée encore plus essentielle, car son absence par temps chaud et sec peut entraîner la mort des adultes en quelques heures (Dana, 1991). Bien que l’hespérie de Poweshiek se montre relativement généraliste à l’égard des sources nectarifères, elle préfère le nectar de certaines espèces (Swengel et Swengel, 1999; Catling et Lafontaine, 1986). Ses préférences varient d’une région à l’autre, en partie en fonction de l’abondance relative des espèces végétales disponibles dans chaque milieu. Dans la Réserve de prairie d’herbes longues du Manitoba, de nombreux adultes ont été observés sur des fleurs de Rudbeckia serotina. La lobélie à épi (Lobelia spicata) était également fréquemment visitée à cet endroit (Catling et Lafontaine, 1986). Ces plantes nectarifères sont des éléments caractéristiques de la flore des prairies indigènes non perturbées.

La présence de plantes hôtes convenant aux chenilles est également essentielle à la survie des populations d’hespérie de Poweshiek. L’éléocharide elliptique (E. elliptica) est probablement une des plantes hôtes de l’espèce dans la Réserve de prairie d’herbes longues du Manitoba (Catling et Lafontaine, 1986). Cette plante caractéristique des prairies à grandes graminées humides non perturbées est un des hôtes reconnus de l’espèce aux États-Unis et est commune dans les portions marginales relativement élevées des sections basses et humides des prairies où l’hespérie se rencontre (Holzman, 1972; McAlpine, 1973). La composition exacte de la gamme d’hôtes de l’hespérie de Poweshiek au Canada demeure à préciser.

Depuis les années 1850, plus de 99 p. 100 de la prairie indigène d’Amérique du Nord a été affectée aux cultures en rangs ou labourée puis convertie en prairies de fauche (Samson et Knopf, 1994). Or, les milieux agricoles ne conviennent absolument pas à l’hespérie de Poweshiek. Les prairies reliques qui abritent actuellement une population d’hespérie de Poweshiek ne se prêtent généralement pas aux cultures en rangs en raison de la faible profondeur et de la nature rocheuse et très calcaire de leur sol (Catling et Lafontaine, 1986). La majeure partie de l’habitat de l’hespérie de Poweshiek au Canada est protégée dans une réserve et ne sera vraisemblablement pas convertie en terres agricoles.

Les prairies à grandes graminées semblent très vulnérables aux effets du surpâturage (McCabe et Post,1977; Royer et Marrone, 1992a, b; Royer et Royer, 1998), qui réduisent ou éliminent les plantes nectarifères utilisées par les adultes et les plantes hôtes des chenilles et font ainsi que ces milieux ne conviennent plus à l’hespérie de Poweshiek. Lors d’un inventaire décennal mené de façon systématique dans trois États des États-Unis, l’hespérie de Poweshiek était nettement moins abondante dans les prairies qui avaient été pâturées que dans celles qui n’avaient fait l’objet d’aucune intervention ou qui avaient été converties en prairies de fauche (Swengel et Swengel, 1999). Au Minnesota, le broutage par le bétail a entraîné un déclin des effectifs de l’Hesperia dacotae, une autre hespérie spécialiste des prairies. Les réductions observées étaient proportionnelles à l’intensité du broutage (Dana, 1997). Dana (1997) a également noté que des graminées exotiques comme le pâturin des prés (Poa pratensis) et le brome inerme (Bromus inermis) sont devenues les espèces principales ou dominantes des prairies pâturées et ont réduit la richesse et la diversité de la végétation indigène. Le pâturage n’a toutefois pas toujours des effets négatifs. Un pâturage rotatif de faible intensité dans les prairies à grandes graminées peut avoir des effets positifs en empêchant la succession végétale (Dana, 1997).

Le fauchage peut avoir un effet positif ou négatif sur les populations d’hespérie de Poweshiek selon le moment de l’année où il est pratiqué. Le fauchage des prairies et l’élimination des résidus contribuent à préserver la flore des prairies et la structure de la végétation en prévenant ou retardant la succession vers une végétation ligneuse et en réduisant les quantités de litière à la surface du sol. Toutefois, un fauchage réalisé avant ou durant la période de vol de l’hespérie élimine les sources de nectar essentielles à la survie du papillon et favorise la croissance de diverses espèces de graminées exotiques, comme le pâturin des prés (McCabe, 1981; Royer et Marrone, 1992b; Dana, 1997; Swengel, 2001). Ces changements peuvent entraîner la disparition de l’hespérie de Poweshiek et d’autres hespéries spécialistes des prairies. En revanche, le fauchage tardif (septembre ou octobre) a moins d’effets néfastes que le fauchage hâtif et peut même être très bénéfique pour certaines espèces spécialistes des prairies (McCabe, 1981; Swengel et Swengel, 1999; Swengel, 2001). Lors d’un inventaire systématique réalisé dans trois États des États-Unis, l’Hesperia dacotae a été observé en nombre beaucoup plus élevé dans des prairies qui avaient été fauchées en automne que dans d’autres qui n’avaient fait l’objet d’aucune intervention récente ou qui avaient été pâturées ou brûlées (Swengel et Swengel, 1999). Pour sa part, l’hespérie de Poweshiek était aussi abondante dans les prairies fauchées que dans les prairies n’ayant fait l’objet d’aucune intervention récente. Il semble donc que le fauchage favorise l’hespérie de Poweshiek à long terme en prévenant la succession végétale et en préservant la flore des prairies.

Autrefois, avant la destruction des prairies, les feux de friche avaient un impact important sur le maintien de la flore et de la faune de ce milieu (Bragg, 1995). Aujourd’hui, les aménagistes ont souvent recours au brûlage dirigé pour préserver la structure des prairies indigènes et leurs complexes floristiques. Les feux dirigés sont beaucoup plus fréquents que les feux de friche (parfois jusqu’à une fois aux trois ans) et peuvent survenir à des moments de l’année où les feux de friche ne se déclarent généralement pas. Ils couvrent en outre des superficies plus grandes à l’intérieur des prairies reliques (parfois d’une bordure à l’autre) (Orwig et Schlicht, 1999).

Le brûlage dirigé peut être bénéfique pour la flore des prairies, mais il peut aussi avoir des effets dévastateurs pour les populations de certains insectes (Swengel, 2001). Dans les prairies isolées, il peut entraîner la disparition locale de certaines espèces, en particulier de celles qui sont confinées à des habitats très particuliers, comme l’H. dacotae et l’O. poweshiek (McCabe, 1981; Schlicht et Saunders, 1994; Swengel, 1996; 1998; Orwig et Schlicht, 1999). Dans trois États des États-Unis, l’abondance des espèces spécialistes des prairies était significativement moins élevée dans les prairies qui avaient été l’objet d’un brûlage dirigé que dans celles qui avaient été fauchées (Swengel et Swengel, 1999). Au Dakota du Nord, le brûlage d’une bordure à l’autre d’un des sites les plus favorables à l’hespérie de Poweshiek pourrait y avoir entraîné la disparition de l’espèce (Schlicht et Saunders, 1994). Swengel et Swengel (1999) ont cependant noté que la réaction de l’hespérie de Poweshiek au brûlage était fort variable. Dans certains sites, l’espèce était tantôt plus abondante, tantôt moins abondante dans les prairies brûlées que dans celles qui n’avaient fait l’objet d’aucune intervention récente ou qui avaient été fauchées.

Avant la destruction des prairies, le brûlage se pratiquait de façon isolée, et les hespéries pouvaient recoloniser les sites brûlés à partir de secteurs adjacents non touchés (Swengel, 1998). Aujourd’hui, il n’y a souvent aucune population pouvant assurer la recolonisation d’un milieu brûlé soudainement privé de sa population locale. Des études ont révélé que les espèces spécialistes étaient généralement affectées par le brûlage dirigé, alors que les espèces généralistes étaient aussi abondantes sinon plus abondantes dans les secteurs brûlés que dans les sites non touchés (Swengel et Swengel, 1999).

Le brûlage dirigé pratiqué en rotation au début du printemps a été la principale stratégie utilisée pour prévenir la croissance de la végétation ligneuse et préserver la flore des prairies indigènes dans la Réserve de prairie d’herbes longues du Manitoba (Borkowsky, comm. pers., 2002). Au cours du printemps 2002, plus de 50 p. 100 de la Réserve a été brûlée (une importante section a été balayée par un feu non planifié) (Borkowsky, comm. pers., 2002). Quelques hespéries de Poweshiek et d’autres espèces de papillons diurnes ont été observées dans les blocs qui avaient été brûlés au cours du printemps 2002. En 2002, on a dénombré les hespéries de Poweshiek pendant 15 à 20 minutes dans des parcelles de 0,5 ha de prairie mésique; dans les 10 parcelles brûlées, on a observé en moyenne 0,8 individu, contre 15,9 dans les sept parcelles non brûlées récemment. Les chenilles hibernent probablement dans la litière et sont probablement extrêmement vulnérables aux effets du feu au début du printemps. Comme il ne restait que très peu de litière à la surface du sol dans les secteurs qui avaient été brûlés, il est fort probable que tous les insectes présents dans la litière ou même légèrement sous la surface du sol ont été tués par le feu. Même si le brûlage dirigé est la technique idéale pour préserver la flore de la prairie à grandes graminées, cette pratique, conjuguée aux feux de friche, pourrait avoir réduit de manière significative les effectifs de l’hespérie de Poweshiek dans la Réserve en 2002. Le brûlage dirigé était également utilisé pour éliminer les broussailles bien avant la création de la Réserve (Catling et Lafontaine, 1986), mais l’hespérie de Poweshiek y est encore présente. Des études additionnelles s’imposent pour examiner les effets du brûlage printanier effectué en rotation sur l’abondance à court et à long terme de l’hespérie de Poweshiek et sur la diversité dans les prairies à grandes graminées de la Réserve.

Les prairies qui sont protégées de toutes activités comme le pâturage, le fauchage et le brûlage dirigé deviendront tôt ou tard inhospitalières pour de nombreuses espèces de plantes et d’insectes de prairie par suite de la croissance d’arbustes ligneux et de graminées de plus grande taille, de l’accumulation de litière, de la raréfaction des sources de nectar et de l’invasion par de nombreuses plantes exotiques, comme le brome inerme (Bromus inermis) (McCabe, 1981). La persistance à long terme des prairies favorables à l’hespérie de Poweshiek semble liée à la présence de perturbations. Durant un inventaire décennal mené dans trois États des États-Unis, l’Hesperia dacotae s’est révélé significativement moins abondant dans les prairies n’ayant fait l’objet d’aucune intervention récente que dans les prairies fauchées en automne (Swengel et Swengel, 1999). En revanche, l’hespérie de Poweshiek était aussi abondante dans ces deux types de prairies.

Compte tenu des effets néfastes que le brûlage dirigé peut avoir sur les populations d’hespérie de Poweshiek dans la Réserve de prairie d’herbes longues du Manitoba et de la menace que constitue l’absence d’intervention pour la flore, la meilleure stratégie pour prévenir la succession végétale pourrait être de faucher les prairies à la fin de l’été ou en automne et de pratiquer un brûlage dirigé à plus petite échelle au début du printemps. Selon McCabe (1981), le fauchage devrait être pratiqué en octobre, puisqu’il ne semble avoir aucun impact sur la flore et la faune des prairies à grandes graminées à cette époque de l’année. Cette stratégie est appliquée avec succès depuis plus de 50 ans dans le refuge Hook and Bullet, au Minnesota (McCabe, 1981).

Avant l’arrivée des premiers colons européens dans les prairies, les feux de friche occasionnels et le pâturage périodique par les bisons assuraient la pérennité de la plupart des milieux de prairies. Comme une bonne partie de ces milieux convenaient aux hespéries et autres papillons diurnes spécialistes des prairies, les adultes de ces espèces pouvaient trouver refuge dans des milieux favorables adjacents lorsqu’ils étaient forcés de quitter les zones de prairie rendues temporairement inhospitalières par les bisons ou le feu. Aujourd’hui, les quelques prairies reliques favorables sont trop éloignées les unes des autres pour qu’une telle recolonisation puisse se produire, et ces milieux doivent être maintenus par des moyens artificiels (McCabe, 1981).

Les plantes exotiques comme l’euphorbe ésule (Euphorbia esula L.), le pâturin des prés (Poa pratensis) et le brome inerme (Bromus inermis) constituent des menaces importantes pour les prairies indigènes d’Amérique du Nord. La salicaire commune (Lythrum salicaria L.) pourrait aussi constituer une menace importante pour les prairies humides à grandes graminées dans la Réserve. Cette espèce envahissante agressive peut concurrencer avec succès la plupart des espèces indigènes des milieux humides et d’autres milieux soumis à des inondations saisonnières. Une fois que les mauvaises herbes ont envahi un site, elles peuvent y éliminer les espèces indigènes essentielles pour l’hespérie de Poweshiek et rendre le milieu inhospitalier pour cette dernière. Les herbicides chimiques utilisés contre les mauvaises herbes comme l’euphorbe ésule éliminent souvent les plantes nectarifères essentielles, et ils ont été incriminés dans la disparition de l’Hesperia dacotae de plusieurs sites du Dakota du Nord (Royer et Marrone, 1992b). L’ampleur de la menace que constituent les plantes exotiques pour les milieux de prairies et l’hespérie de Poweshiek au Manitoba demeure à déterminer.

Autrefois, l’hespérie de Poweshiek formait probablement une seule population et occupait la majeure partie de la prairie à grandes graminées qui couvrait de façon presque continue les plaines du centre-nord de l’Amérique du Nord. Aujourd’hui, cette espèce forme une série de populations isolées dans la majeure partie de son aire, et elle semble incapable de se disperser sur plus de quelques kilomètres. Par conséquent, à moins qu’une population source existe à quelques kilomètres, il est peu probable qu’une population éliminée par le feu, le surpâturage ou d’autres causes puisse se reconstituer par immigration (McCabe, 1981; Swengel, 1998). La seule population qui subsiste au Canada se trouve à plus de 100 km de la population la plus proche, située aux États-Unis. Donc, si la population canadienne venait à disparaître, elle ne pourrait pas se reconstituer par dispersion naturelle. À l’heure actuelle, la plupart sinon la totalité des populations locales d’hespérie de Poweshiek sont probablement reliées par la dispersion et forment donc une seule métapopulation. Si l’une de ces populations venait à disparaître, elle serait probablement reconstituée par des immigrants issus de populations adjacentes. Toutefois, c’est la survie même de toute la métapopulation qui pourrait être menacée si l’on continue de recourir de façon excessive au brûlage dirigé et si la fragmentation de l’habitat de prairie s’accentue dans la région.

Au seuil actuel de population, la collecte de spécimens d’histoire naturelle ne représente probablement pas une menace grave pour l’hespérie de Poweshiek. Les hespéries sont généralement moins prisées par la plupart des collectionneurs que d’autres groupes de papillons diurnes plus spectaculaires. De plus, il faut un permis pour récolter des spécimens de cette espèce et d’autres espèces animales et végétales dans la Réserve de prairie d’herbes longues du Manitoba.

L’hespérie de Poweshiek appartient à un petit groupe de papillons diurnes spécialistes qui, au Canada, se rencontrent uniquement dans les prairies indigènes à grandes graminées. Elle forme une série de populations isolées aux États-Unis et n’est présente que dans une petite région au Canada. Sa disparition du Canada représenterait la perte d’un élément important de l’écosystème de prairie, lui-même en voie de disparition.

L’hespérie de Poweshiek ne bénéficie d’aucune protection juridique au Canada aux échelons national et provincial. La majeure partie de l’habitat de cette hespérie se trouve dans la Réserve de prairie d’herbes longues du Manitoba, d’une superficie de 2 200 ha, qui est protégée en vertu du Programme des habitats fauniques essentiels (Critical Wildlife Habitat Program). L’hespérie de Poweshiek est également présente dans quelques autres sites se trouvant sur des terrains privés, à l’extérieur de la Réserve.

À l’échelle mondiale, l’hespérie de Poweshiek figure sur la liste des espèces vulnérables de l’Union mondiale pour la nature (UICN). Aux États-Unis, une pétition visant à faire inscrire l’hespérie de Poweshiek sur la liste des espèces protégées en vertu de la U.S. Endangered Species Act a circulé sans succès. L’hespérie de Poweshiek est toutefois inscrite sur la liste des espèces en voie de disparition au Michigan et sur celle des espèces menacées au Minnesota, mais elle ne bénéficie d’aucune protection juridique au Dakota du Nord et au Dakota du Sud.

L’hespérie de Poweshiek se rencontre uniquement dans des milieux de la prairie à grandes graminées. Elle est extrêmement vulnérable aux perturbations qui modifient les caractéristiques floristiques et structurales de son habitat, dont plus de 99 p. 100 de la superficie a été affectée à des cultures en rang ou dégradée par le surpâturage. Aujourd’hui, au Canada, la prairie à grandes graminées n’occupe plus que 50 km² environ, et l’hespérie se rencontre dans une seule petite région isolée du sud-est du Manitoba, à plus de 100 kilomètres de la population la plus proche, située aux États-Unis. Autrefois, ce papillon était probablement plus répandu dans le sud du Manitoba qu’il l’est aujourd’hui. La plupart des localités où sa présence a été confirmée au Canada se trouvent à l’intérieur ou à proximité de la Réserve de prairie d’herbes longues du Manitoba. Les populations de tous les sites canadiens sont probablement reliées par la dispersion et pourraient former une seule métapopulation. Autrefois, la pérennité à long terme de cet écosystème était assurée par le pâturage et le feu. En raison de la nature très fragmentée des populations restantes d’hespérie de Poweshiek, ces deux mêmes facteurs sont aujourd’hui considérés comme des menaces importantes pour la survie à long terme de l’espèce.

Hespérie de Poweshiek – Poweshiek Skipperling

Aire de répartition au Canada :

Manitoba

Zone d’occurrence (km²)

22 km²

Préciser la tendance (en déclin, stable, en croissance, inconnue).

Probablement stable.

Y a-t-il des fluctuations extrêmes dans la zone d’occurrence (ordre de grandeur > 1)?

Non.

Zone d’occupation (km²)

22 km²

Préciser la tendance (en déclin, stable, en croissance, inconnue).

Probablement stable

Y a-t-il des fluctuations extrêmes dans la zone d’occupation (ordre de grandeur > 1)?

Non.

Nombre d’emplacements existants (connus ou supposés).

15 emplacements, mais une seule métapopulation.

Préciser la tendance du nombre d’emplacements (en déclin, stable, en croissance, inconnue).

Probablement stable.

Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’emplacements (ordre de grandeur >1)?

Non.

Tendance de l’habitat : préciser la tendance de l’aire, de l’étendue ou de la qualité de l’habitat (en déclin, stable, en croissance ou inconnue).

Probablement stable.

Durée d’une génération (âge moyen des parents dans la population : indiquer en années, en mois, en jours, etc.).

Un an.

Nombre d’individus matures (reproducteurs) au Canada (ou préciser une gamme de valeurs plausibles).

5 000-10 000.

Tendance de la population quant au nombre d’individus matures en déclin, stable, en croissance ou inconnue.

Déclin récent (peut-être important)

S’il y a déclin, % du déclin au cours des dernières/prochaines dix années ou trois générations, selon la plus élevée des deux valeurs (ou préciser s’il s’agit d’une période plus courte).

Déclin probablement important en 2002.

Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures (ordre de grandeur > 1)?

Peut-être, mais aucune donnée concluante disponible.

La population totale est-elle très fragmentée (la plupart des individus se trouvent dans de petites populations, relativement isolées [géographiquement ou autrement] entre lesquelles il y a peu d’échanges, c.-à-d. migration réussie de < 1 individu/année)?

La population canadienne n’est pas très fragmentée, mais elle est isolée des autres populations, très fragmentées, situées aux Etats-Unis.

Préciser la tendance du nombre de populations (en déclin, stable, en croissance, inconnue).

Stable.

Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de populations (ordre de grandeur >1)?

Non.

Énumérer chaque population et donner le nombre d’individus matures dans chacune.

Nombre estimé entre 5 000 et 10 000 individus à l’intérieur ou à proximité de la Réserve de prairie d’herbes longues

Perte et dégradation de l’habitat imputables aux facteurs suivants :

Faible

Statut ou situation des populations de l’extérieur?

États-Unis : Menacée, en déclin

Une immigration a-t-elle été constatée connue ou est-elle possible?

Improbable sur plus de quelques kilomètres.

Des immigrants s’adapteraient-ils pour survivre à cet endroit?

Oui.

Y a-t-il suffisamment d’habitat dispinoble pour les individus immigrants à l’endroit en question?

Oui.

Peut-il y avoir sauvetage par des populations de l’extérieur?

Non.

Non réalisée.

Statut : espèce menacée

Code alphanumérique : D2

Justification de la désignation : Cette espèce se trouve au Canada au sein d’une très petite aire limitée en 15 endroits où elle forme une seule métapopulation isolée et distincte, la population américaine la plus proche se trouvant à une centaine de kilomètres au sud. Au Canada, cette espèce dépend de prairies indigènes à herbes hautes, un habitat qui a subi des pertes énormes par le passé; ses populations ont vraisemblablement connu des déclins similaires. Bien que les prairies restantes qui abritent ce papillon ne conviennent pas à l’agriculture et que la plus grande partie soit protégée par une réserve, la gestion passée des feux, ayant pour objectif de maintenir la végétation de la prairie, a nui à ce papillon. La plus grande partie de l’habitat occupé est protégée, mais même avec une gestion appropriée, l’aire de répartition de ce papillon est si petite que l’espèce est vulnérable aux catastrophes.

Critère A (Population totale en déclin) : ne s’applique pas, car on ne dispose pas des données voulues pour quantifier le déclin.
Critère B (Aire de répartition peu étendue, et déclin ou fluctuation) :

Critère C (Petite population totale et déclin) :

Critère D (Très petite population ou aire de répartition restreinte) :

Critère E (Analyse quantitative) : les données disponibles sont insuffisantes pour effectuer une analyse quantitative du risque de disparition.

La rédaction du présent rapport a été financée par le Service canadien de la faune d’Environnement Canada. Jason Greenall (Manitoba Wildlife) et Annabelle Jessop (Collection nationale canadienne) ont communiqué les données de collecte des spécimens d’hespérie de Poweshiek. L’accès aux collections de musée a été rendu possible par Donald Lafontaine (Collection nationale canadienne), Robert Roughly (Université du Manitoba) et Robert Robbins (Smithsonian Institution). Des informations fort précieuses sur l’hespérie de Poweshiek ont été fournies par Paul Catling, Christie Borkowsky, Robert Dana, Phillip Delphey, Timothy McCabe, William Preston, Ronald Royer, Stephen Spomer, Scott et Ann Swengel, Peggy Westorpe et Richard Westwood. William Watkins et James Duncan (Conservation Manitoba) ont fourni des cartes du Manitoba et une aide inestimable tout au long du projet. Les cartes géographiques présentées dans le rapport sont l’œuvre d’Alain Filion (Service canadien de la faune). Theresa Fowler et les membres du groupe de spécialistes du COSEPAC sur les Lépidoptères ont émis des commentaires et formulé de nombreuses suggestions utiles. Theresa Fowler a coordonné la préparation du rapport et en a établi la version finale. Jon Sweeney et Chris McQuarrie (Service canadien de la faune) ont fourni leur soutien technique et une caméra numérique, et Marie-Andrée Giguère a collaboré à la préparation des figures.

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Reginald P. Webster œuvre actuellement dans le secteur privé à titre d’expert-conseil. Détenteur d’un doctorat. en entomologie de la Michigan State University, il est auteur ou co-auteur de 20 publications scientifiques, dont des articles récents sur le cycle vital du satyre fauve des Maritimes, espèce en voie de disparition, et la description d’une nouvelle espèce de papillon nocturne. Il a également rédigé de nombreux rapports sur la biologie, l’écologie et la structure des populations du satyre fauve des Maritimes. Il a enseigné la biologie des populations et l’éthologie à l’Université du Nouveau-Brunswick. Depuis 1999, M. Webster a réalisé des inventaires d’espèces de papillons diurnes rares et en voie de disparition à la demande du Maine Department of Inland Fisheries & Wildlife. Au cours des 10 dernières années, il a réalisé des inventaires de papillons diurnes et nocturnes et de coléoptères de certaines familles (principalement des Carabidés) en plusieurs endroits du Nouveau-Brunswick. Il est actuellement membre du groupe de spécialistes du COSEPAC sur les Lépidoptères.

Collection nationale canadienne, Ottawa (Ontario) (visitée en février 2002), collection de la University of Manitoba, Winnipeg (Manitoba) (visitée en juillet 2002) et collection du Smithsonian Institute (visitée en avril 2002).

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