Hyménoxys herbacé (Hymenoxys herbacea) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 5

Habitat

Besoins de l’espèce

L’Hymenoxys herbacea se rencontre surtout dans les alvars de prairie, les alvars de pavage et les alvars riverains de la région des Grands Lacs. Ces habitats, le plus souvent plats, sont essentiellement constitués de roches calcaires et dolomitiques, de gravier et de sable, recouverts par endroits d’un sol peu profond où pousse une végétation clairsemée (De Mauro, 1993; Voss, 1996; Wunderlin, 1971). La proportion de couvert forestier est faible, et le sol reçoit une grande quantité de lumière. Le pavage de calcaire, formation dominante de la région, assure un bon drainage du sol. L’hyménoxys herbacé pousse principalement dans les interstices du pavage ou sur des touffes de végétation basse (mousses). L’espèce est dominante à certains endroits dans les alvars et sur les falaises. La population est beaucoup mooins dense dans un des alvars, fortement dominé par des graminées et des cypéracées (population CH).

Habitat particulier

L’Hymenoxys herbacea peut se rencontrer dans trois des types d’alvars définis par Reschke et al. (1999), dont voici une description succincte. Pour une description plus détaillée, se reporter à Reschke et al. (1999).  

L’Alvar Working Group de l’organisme The Nature Conservancy (Reschke et al., 1999) définit l’alvar de prairie comme étant une communauté dominée par le barbon à balais (Schizachyrium scoparium). Cette communauté, à laquelle l’organisme a attribué, à l’échelle mondiale, la cote G2 (en péril, généralement de 6 à 20 exemplaires pour l’ensemble du globe), présente les caractères suivants : faible couverture d’arbres, faible couverture d’arbustes dépassant 0,5 m de hauteur, proportion importante d’arbustes de moins de 0,5 m de hauteur, couverture végétale supérieure à 50 p. 100 et dominée par des graminées et des cypéracées, sol loameux peu profond sur substratum plat de calcaire dolomitique, souvent mouillé (saturé) ou très sec, selon la saison (Reschke et al., 1999).

Les alvars de pavage à végétation muscinale-lichénique sont caractérisés par un très faible couvert forestier et arbustif, un substratum calcaire ou dolomitique affleurant et couvert de mousses et de lichens, ainsi qu’un sol présent uniquement dans les anfractuosités rocheuses ou sous les tapis de mousse (Reschke et al., 1999). The Nature Conservancy a attribué à cet écosystème la cote G2 à l’échelle mondiale.

Les alvars riverains des Grands Lacs sont des milieux à végétation très clairsemée (couverture végétale d’environ 20 p. 100), dont le substratum calcaire ou dolomitique est plat et affleurant et présente de nombreuses anfractuosités où s’enracinent la plupart des plantes présentes (Reschke et al., 1999).

Climat régional

Les années moyennes, dans la péninsule Bruce et l’île Manitoulin, la température fluctue entre 0 °C et 27 °C durant la période de floraison (d’avril à juillet) et entre –25 °C et 0 °C durant l’hiver (de décembre à février) (Environnement Canada). Dans les alvars de prairie et de pavage, le sol est en alternance mouillé et sec : mouillé au printemps et à l’automne, mais très sec au milieu de l’été. Ces alvars se trouvent souvent abrités du vent par la forêt environnante (Reschke et al., 1999). Les alvars riverains sont par contre souvent enveloppés par la brume et balayés par le vent.

Végétation régionale

Les espèces dominantes des alvars de prairie sont généralement le Sporobolus heterolepis, le Schizachyrium scoparium et le Carex scirpoidea. Les espèces caractéristiques des alvars de pavage sont principalement des lichens (Cladonia sp., Placynthium nigrum, etc.), des mousses (Tortella tortuosa, etc.), ainsi que le Saxifraga virginiensis, le Penstemon hirsutus, le Potentilla norvegica et le Trichostema brachiatum. Sur les rives calcaires des Grands Lacs, on trouve généralement le Calamintha arkansana, lePentaphylloides floribunda, le Potentilla anserina, le Panicum lindheimeri, le Thuja occidentalis, le Deschampsia cespitosa, le Viola nephrophylla, le Primula mistassinica et le Lobelia kalmii (Reschke et al., 1999).

Espèces associées

Plusieurs espèces se rencontrent souvent à moins de dix mètres de l’H. herbacea dans au moins un des types d’alvars. Voici une liste de ces espèces associées :

Autres espèces rares

Les différents alvars ont plusieurs caractères en commun, notamment la présence de nombreuses espèces rares dans le bassin des Grands Lacs, dont certaines endémiques de cette région. Parmi les espèces rares (figurant sur la liste des plantes rares du CIPN, Oldham, 1999, et dans Brownell et Riley, 2000) côtoyant l’hyménoxys herbacé se trouvent l’Iris lacustris (G3, S3), le Cypripedium arietinum (G3, S3), le Solidago simplex ssp. randii (S3), l’Astragalus neglectus (G3G4, S3), le Solidago houghtonii (G3, S2), le Pellaea atropurpurea (S3), leSenecio obovatus (S3), le Woodsia oregana var. cathcartiana (S3), le Cirsium hillii (G3, S3), le Sporobolus heterolepis (S3), le Liatris cylindracea (S3), le Cirsium pitcheri (en voie de disparition au Canada, G3, S2) et l’Elymus lanceolatus ssp. psammophilus (G5T3?, S3). Pour la définition des statuts de conservation à l’échelle mondiale (cotes G) et à l’échelle de provinces ou d’États (cotes S), se reporter à Oldham (1999).

Tendances

Certaines parties des rivages où pousse l’H. herbacea se dégradent rapidement, en particulier dans les secteurs du parc national de la Péninsule-Bruce les plus fréquentés par les randonneurs. Dans ces secteurs, l’habitat de l’espèce est constamment piétiné depuis bon nombre d’années, de fait que le tracé du grand sentier Bruce et de plusieurs sentiers du parc tire parti des milieux dégagés, notamment des rivages. Bien que leur dégradation soit beaucoup plus lente, les alvars de prairie et de pavage, souvent utilisés comme aires de camping, sont voués au même sort.

Protection et tenure des terrains

Seize des 39 populations connues de l’hyménoxys herbacé se trouvent sur des terrains privés (données du Centre d’information sur le patrimoine naturel; Brownell et Riley, 2000), et les 23 autres, sur des terrains qui appartiennent au moins en partie à des organismes publics (parc national de la Péninsule-Bruce, Parcs Ontario, etc.) ou à des organismes qui s’attachent à la protection de l’espèce et de son habitat (Federation of Ontario Naturalists, Société canadienne pour la conservation de la nature, Première nation de Cape Croker, réserve naturelle privée). La plupart des terrains privés abritant l’espèce se trouvent à l’île Manitoulin, alors que la plupart des populations de la péninsule Bruce poussent dans des réserves naturelles.

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