Iguane pygmée à cornes courtes (Phrynosoma douglasii) évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7

Taille et tendances des populations

Activités de recherche 

Les iguanes pygmées à cornes courtes sont très difficiles à détecter, car ils peuvent être cachés sous la terre ou demeurer immobiles et camouflés. Par conséquent, des résultats de recherche négatifs ne confirment pas l’absence de l’espèce dans une région. Quatre études distinctes ont été effectuées en vue de trouver l’iguane pygmée à cornes courtes au Canada. Stan Orchard a dirigé la première de ces études en 1989 (Orchard, 1990). Les recherches ont été effectuées sur le côté est du lac Osoyoos, du lac Veronica sur le mont Anarchist et de Chopaka dans la Similkameen. Aucun iguane n’a été observé, mais il est difficile de déterminer l’ampleur des activités de recherche.

G. L. Powell a effectué une recherche de dix jours depuis le côté est du lac Osoyoos jusqu’à la frontière internationale, vers le sud (Powell et Russell, 1991b). En supposant qu’une centaine d’heures ont été consacrées à la recherche de l’espèce et que la densité est similaire à celle qui a été rapportée dans le cas du P. hernandesi dans un site de recherche en Saskatchewan (Powell et Russell, 1998), on aurait alors pu s’attendre à trouver jusqu’à quatre iguanes pygmées à cornes courtes. Toutefois, aucun iguane n’a été trouvé au cours de cette recherche. Les activités de recherche dans l’État de Washington ont permis la découverte de moins de un (0,71) individu par heure de recherche (Lahti, 2005) jusqu’à trois individus par heure de recherche (S. Fitkin,comm. pers.).

En 2003, le rédacteur du présent rapport a dirigé 4 recherches de l’espèce d’une durée d’environ 4 heures chacune pour un total de 16 heures de recherche sur une parcelle de 20 ha qui était sur le point d’être aménagée en vignoble (Sarell, données non publiées). Aucun iguane n’a été trouvé en dépit des conditions d’habitat propices.

En 2004, une série de barrières de dérivation (totalisant 200 m) et de pièges à fosse ont été installés pendant une semaine dans la réserve indienne d’Osoyoos (Reballato, 2004). Le site était dominé par l’armoise tridentée, avait des sols limoneux et une grande abondance de fourmis moissonneuses. Les pièges étaient vérifiés chaque jour, mais aucun iguane n’a été capturé.

Abondance 

On estime que, sur la majeure partie de son aire de répartition, les effectifs du P. douglasii sont relativement stables (G5), avec une métapopulation présumée de plus de 10 000 individus. On estime toutefois qu’il est vulnérable (S3) dans l’État de Washington (NatureServe Explorer, 2005). Il n’y a eu que deux observations confirmées en Colombie-Britannique et, bien qu’il y ait eu des observations non confirmées, parmi lesquelles certaines sont aussi récentes que 2004, on présume que cette population s’est affaiblie ou qu’elle est disparue du pays. Le déclin de la population pourrait être principalement survenu avant le xxe siècle. La plus importante densité d’iguanes pygmées à cornes courtes rapportée est de 14 individus par hectare, dans l’État de l’Idaho (Guyer et Linder, 1985). On croit cependant que la plupart des sites canadiens sont similaires à ceux recensés dans le comté de Kittitas, où on a dénombré 1,7 P. douglasii par hectare.

On ne sait rien de l’abondance des iguanes pygmées à cornes courtes au Canada, historiquement ou actuellement. Quatre recherches menées au cours des vingt dernières années n’ont révélé la présence d’aucun individu. Il semble toutefois exister une zone beaucoup plus grande d’habitat potentiellement propice dans laquelle l’espèce n’a pas été recherchée, et il y a toujours des signalements anecdotiques.

Le premier enregistrement de l’iguane pygmée à cornes courtes au Canada a été effectué par Charles de Bois Greene à Osoyoos en 1898 (Fannin, 1898). Il a capturé deux individus qui sont aujourd’hui conservés au Royal British Columbia Museum. On a d’abord supposé que les iguanes avaient été découverts du côté est de la vallée, peut-être sur la réserve indienne d’Osoyoos (Orchard, 1990; Powell et Russell, 1991b). Cependant, de Bois Greene vivait du côté ouest de la vallée et il aurait été facile pour lui de les avoir découverts sur les pentes, inexploitées à cette époque, se trouvant au-dessus de sa résidence, (W. Preston, comm. pers.). Il règne une certaine confusion en ce qui concerne la date de collecte, car Cowan (1936) fait état de l’année 1910 et que cette date apparaît par la suite dans d’autres comptes rendus (p. ex. voir Gregory et Campbell, 1984). D’autres anciens comptes rendus mentionnent que l’iguane pygmée à cornes courtes a été recensé près de Keremeos dans la vallée de la Similkameen (Anderson, 1901) ou aussi loin vers le nord qu’au lac Vaseux dans la vallée de l’Okanagan (Parham, 1937). Aucun de ces comptes rendus n’est appuyé de preuves. Un individu a été capturé puis relâché près d’Osoyoos par J. D. Gregson et G. P. Holland en 1937 (Orchard, 1990). Il semble qu’ils aient fourni un témoignage très convaincant. En 1957, G. Ryder a trouvé un spécimen vivant du côté est du lac Osoyoos et en a fait un croquis (Ryder et al., 2006). Bill Preston a découvert un autre individu qui était mort sur la route près de la frontière de Chopaka dans la vallée de la basse Similkameen en 1960. Malheureusement, le spécimen n’a pas été récolté. Vic Palermo a découvert quatre individus au cours des années 1970 : un à Chopaka, un au mont Anarchist (à l’est d’Osoyoos) et deux près du lac Vaseux. Palermo s’est également souvenu que le « vieil homme de la route 13 qui vendait des tortues » avait signalé en avoir vu un près de Kaleden (au sud de Penticton), sans doute dans les années 1970. Un sondage mené auprès de membres de la bande indienne d’Osoyoos (Chapman, 1995) a révélé cinq signalements de six individus, la plupart observés durant les années 1970 et 1980. Plus récemment, on a signalé la présence de l’espèce dans le col Richter, à Cawston, et au Nk’Mip Desert and Heritage Centre à l’est d’Osoyoos. Toutes ces observations sauf une ont été faites dans des écosystèmes arides. Au total, dix-neuf individus ont été signalés (Sarell, données non publiées). Cela représente sans doute beaucoup moins d’observations que celles faites au cours de la même période, mais il y a tout de même deux iguanes dans un bocal pour fournir la preuve irréfutable que les iguanes pygmées à cornes courtes ne sont pas qu’un mythe en Colombie-Britannique. Toutefois, jusqu’à ce qu’une observation soit confirmée, il faut présumer que cet iguane est disparu du Canada.

Fluctuations et tendances 

Les populations de phrynosomes sont en déclin dans la majeure partie de leur aire de répartition en raison de répercussions causées par l’homme (voir par exemple Pianka et Vitt, 2003). Des fluctuations ont été observées dans l’occurrence de phrynosome occupant des régions spécifiques et on croit qu’elles seraient attribuables à la variation météorologique d’une année à l’autre (Flat-tailed Horned Lizard Interagency Coordinating Committee, 2003).

Effet d’une immigration de source externe

Bien qu’il y ait des terres non exploitées – qui semblent constituer un habitat propice à l’iguane pygmée à cornes courtes – immédiatement au sud de la frontière internationale, ce n’est qu’à 60 km plus loin vers le sud que se trouvent les populations confirmées les plus proches. Si celles-ci sont véritablement les plus proches, la recolonisation par le biais d’une immigration semble alors improbable, étant donné la petite taille et la mobilité limitée des iguanes pygmées à cornes courtes.

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