Lipocarphe à petites fleurs (Lipocarpha micrantha) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

BIOLOGIE

Généralités

La biologie du Lipocarpha micrantha soulève plusieurs problèmes graves pour la conservation de l’espèce. En effet, en raison du cycle annuel de la plante et du caractère transitoire de son habitat, il est difficile de repérer et d’évaluer les populations viables, comme nous le verrons ci-dessous.

Reproductionet survie

Le Lipocarpha micrantha est une plante annuelle et passe donc sous forme de graine les périodes de conditions défavorables. En automne, après la fructification, la population n’existe plus qu’à l’état de graines qui germeront quand les conditions seront à nouveau favorables. Ces conditions peuvent se présenter au même endroit dès l’été suivant. Cependant, si les conditions demeurent défavorables plus longtemps, les graines peuvent ne germer que plusieurs années ou même plusieurs décennies plus tard.

Nous ne savons pas combien d’années les graines du L. micrantha peuvent demeurer viables, et nous ne savons presque rien de leur mode de dispersion. Nous avans cependant observé que la plante pousse souvent dans des milieux fréquentés par la sauvagine et à des endroits que les graines ont pu atteindre en flottant.

Comme le Lipocarpha micrantha a un cycle annuel, il peut persister dans un milieu sans se faire repérer par les botanistes, même si ceux-ci ont fouillé minutieusement la localité. Par conséquent, si on ne trouve aucun individu en période de hautes eaux, alors que les milieux favorables sont temporairement inexistants, il ne faut pas en conclure que la population soit disparue.

C’est ce qui est arrivé à la baie Pound Net, en Ontario, durant l’année 2001, qui a connu un niveau des eaux bien au-dessus de la moyenne. Si jamais les eaux reviennent à leur niveau moyen ou baissent encore davantage, le secteur procurera à nouveau au Lipocarpha micrantha amplement de milieu favorable, et l’espèce pourrait bien se rétablir à partir de graines dormantes ou de graines provenant des populations se trouvant sur l’autre rive, aux États-Unis.

Par contre, dans les secteurs où l’habitat a été dégradé, il est peu probable que le Lipocarpha micrantha puisse persister, quel que soit le niveau des eaux. C’est ce qui est arrivé à la plage Holiday, en Ontario. Malgré le bas niveau des eaux, aucun individu de l’espèce n’a été retrouvé. Dans ce cas, on peut supposer que la population est réellement disparue, puisqu’aucune graine encore viable ne réussirait à germer.

Même dans les localités où le Lipocarpha micrantha est observé régulièrement, il faut s’attendre à de grandes variations de l’effectif d’une année à l’autre. Il est donc important d’interpréter avec prudence les tendances à long terme. En effet, les espèces annuelles réagissent fortement aux variations saisonnières des conditions de croissance.

Physiologie

On ne sait rien des besoins et des tolérances physiologiques du Lipocarpha micrantha.

Déplacements et dispersion

Les graines peuvent être dispersées par les oiseaux aquatiques ou par l’eau. Il est possible qu’elles puissent être transportées sur de grandes distances par les oiseaux de rivage migrateurs. L’espèce pourrait donc s’établir dans de nouvelles localités ou se rétablir dans ses sites historiques, à partir de populations poussant aux États-Unis. Évidemment, une telle colonisation n’est possible que dans les localités où existe encore un milieu convenant à l’espèce.

Nutrition et relations interspécifiques

Le Lipocarpha micrantha pousse dans des milieux humides sableux à végétation clairsemée. On peut en conclure qu’il ne tolère pas la compétition d’autres espèces végétales. La plante ne pousse pas dans les terrains où le sable est recouvert de matière organique (Reznicek, comm. pers., 2001).

Comportement et adaptation

Le Lipocarpha micrantha ne pousse que dans des plages et des baissières de sable mouillé. On ne le rencontre pas dans les vasières plus riches en sédiments organiques, ni dans les milieux sableux plus secs, malgré l’abondance de tels milieux à proximité des sites actuels de l’espèce.

Détails de la page

Date de modification :