Méconelle d’Orégon (Meconella oregana) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6
Biologie
Cycle vital et reproduction
Le Meconella oregana fleurit de mars au début d’avril dans l’ensemble de son aire de répartition et la période d’épanouissement des fleurs est hautement dépendante des conditions climatiques (Rush et al., 1999; California Native Plant Society, 2003; NatureServe, 2003; Washington Natural Heritage Program, 2004, observations du rédacteur, 2004). Les populations connues peuvent être très abondantes certaines années et très difficiles à retrouver d’autres années (Janszen, comm. pers., 2004), en partie parce que cette espèce annuelle est très peu visible hors de la période de floraison.
Localités signalées | Herborisateurs et années | Spécimens d’herbiers | Remarques | Vérification sur le terrain en 2004 ou motif de non vérification | Population en 2004 | Propriété ou protection des terrains | Taille de la population (ou de la sous- population) |
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Mont Douglas (=Cedar Hill) | Macoun, 1875, 1876, 1884, 1887; C.F. Newcombe, 1916; Redfern, 1925; Hardy, 1945, 1952 |
CMN (1975, 1976, 1887) tous sur la même feuille d’herbier; RBCM (1916, 1925, 1945, 1952) |
1916 : petite colonie |
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Introuvable | Parc régional | |
« Victoria »1 | Dawson, 1876; Macoun, 1908 |
CMN (1876, 1908) | (Endroit exact inconnu)1 | Introuvable | Surtout privé | ||
Baie Departure, île Jesse | Spreadborough 1910 | CMN (1910) | (Île privée) | Non examinée | Privé | ||
« Tod Inlet, Victoria »1 | Hardy, 1927 | RBCM (1927) | (Endroit exact inconnu) | Introuvable | Varié | ||
Mont Little Saanich, Saanich | C.F. Newcombe, 1917, 1928, 1931; Hardy, 1931; Ceska, 1977, 1980; Roemer, 2001, 2003 |
RBCM (1917, 1928, 1931a, 1931b, 1977) | 1917 : plante unique 2003 : l’une de deux sous- populations, environ 20 individus sur 2 m² » |
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Existante | Partie fédérale |
150
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Partie privée |
302
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« Lac Elk »1 | Henson, 1933 | UBC (1933) | (Emplacement exact inconnu) | Introuvable | Varié |
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Mont Finlayson, Victoria | Carter, 1918; Hardy, 1925, 1936 | RBCM (1918, 1925); UBC (1936) |
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Introuvable | Parc provincial |
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Parc du lac Thetis, Victoria | Clark, 1958; Melburn, 1958, 1961 | UVIC (1958a); RBCM (1958b) |
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Existante | Parc régional |
368
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Île Saturna | Janszen, 1974, 1987 | RBCM (1974) | 1987? : plantes nombreuses dans une seule petite zone |
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Existante | Privé |
52
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Mont Nanoose | Ceska, 1976, 1993; Douglas, 1976; Schofield, 1976 |
RBCM (1976a, 1976b); UBC (1976) |
1976 : deux petites populations (~10 plantes?) |
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Introuvable | Propriété fédérale |
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Mont Jocelyn, district des Highlands | Ceska, 1977, 1986; Roemer, 1997 |
RBCM (1977, 1997) |
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Introuvable | Parc provincial |
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Île Galiano, mont Sutil | Janszen, 1980 | RBCM (1980) |
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Introuvable | Galiano Conservancy et privé |
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Réserve écologique du mont Tzuhalem | William Newcombe, 1928; Ceska, 1980 | (Observations?) |
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Introuvable | Réserve écologique provinciale |
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N.-E. de Port Alberni | VanDieren, 1993a; Ceska, 1993b |
RBCM (1993a) | 1993b : plusieurs milliers de plantes |
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Existante | Privé |
1 274
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Mont Skirt Sud | Ceska et Roemer,2000, 2003 | 2003 : 300+30 individus repro- ducteurs |
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Existante | Privé |
1 209
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Total : 15 localités |
11/15
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5 populations existantes | Nombre vérifié : 3 355 |
2 806 plantes non protégées sur des terres privées; 151 plantes non protégées sur des terres fédérales; 368 plantes protégées dans un parc régional
1 Les guillemets indiquent que l’endroit exact est inconnu, la description de la localité étant trop générale et pouvant chevaucher d’autres localités décrites avec plus de précision. De plus, au cours des 70 années ou plus qui se sont écoulées depuis la mention, il y a eu dans le secteur aménagement résidentiel, sinon urbain.
Localités (tous les relevés ont été menés par le rédacteur du présent rapport, sauf indication contraire dans la colonne des dates) | Dates des relevés mm/jj(tous en 2004) | Nombre d’individus (le plus élevé si plus d’un relevé) | |
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Localités connues où l’espèce a été observée dans le passé | Mont Douglas, municipalité de Saanich | 03/28, 04/07 | |
Localités connues où l’espèce a été observée dans le passé | Mont Little Saanich, municipalité de Saanich | 03/11, 03/13, 03/19, 03/26, 03/29, 04/06, 04/09 |
422
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Localités connues où l’espèce a été observée dans le passé | Mont Finlayson, municipalité de Langford | 04/18 |
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Localités connues où l’espèce a été observée dans le passé | Parc du lac Thetis, municipalité de View Royal | 03/23, 03/30, 04/01 |
368
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Localités connues où l’espèce a été observée dans le passé | Île Saturna | 03/22, 04/05 (H. Janszen) |
52
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Localités connues où l’espèce a été observée dans le passé | Mont Nanoose | 03/16 |
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Localités connues où l’espèce a été observée dans le passé | Mont Jocelyn, district des Highlands | 03/27, 04/19 |
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Localités connues où l’espèce a été observée dans le passé | Mont Sutil, île Galiano | 03/24 |
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Localités connues où l’espèce a été observée dans le passé | Réserve écologique du mont Tzuhalem, Duncan | 04/02 (A. et O. Ceska) |
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Localités connues où l’espèce a été observée dans le passé | N.-E. de Port Alberni | 04/02 |
1 274
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Localités connues où l’espèce a été observée dans le passé | Mont Skirt Sud, municipalité de Langford | 03/12, 03/13 |
1 209
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Localités mal définies, pouvant être perdues, où l’espèce a été observée dans le passé | « Victoria » : endroit exact inconnu; chevauche plusieurs localités visitées |
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Localités mal définies, pouvant être perdues, où l’espèce a été observée dans le passé | « Tod Inlet », « Victoria » : endroit exact inconnu; des milieux naturels propices à l’espèce sont menacés par le développement |
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Localités mal définies, pouvant être perdues, où l’espèce a été observée dans le passé | « Lac Elk » : endroit exact inconnu; chevauche deux des localités visitées |
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Localité connue mais non visitée | Baie Departure, île Jesse (île privée) |
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Endroits présentant un milieu favorable à l’espèce | Bear Hill, municipalité de Saanich | 03/(18?) |
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Endroits présentant un milieu favorable à l’espèce | Mont Skirt Ouest, municipalité de Langford | 03/17, 03/21 |
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Endroits présentant un milieu favorable à l’espèce | Mill Hill, municipalité de Langford | 03/20, 04/12, + nombreuses visites ultérieures |
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Endroits présentant un milieu favorable à l’espèce | Pointe Mathews, île Galiano | 03/24 |
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Endroits présentant un milieu favorable à l’espèce | Mont Stewart, district des Highlands | 03/23 |
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Endroits présentant un milieu favorable à l’espèce | Lone Tree Hill, district des Highlands | 03/27 |
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Total |
3 355
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On connaît fort peu la biologie de la reproduction du Meconella oregana. Le Platystemon californicus,espèce annuelle étroitement apparentée de Californie, est fortement auto-incompatible et présente un ratio pollen-ovule élevé (Hannan, 1981). Bien que des abeilles solitaires (Andrénidés et Halictidés) pollinisent le P. californicus, l’espèce est également pollinisée par le vent (Hannan, 1981). Malgré son faible nombre d’étamines et la petite taille de ses stigmates, le Meconella oreganabénéficie probablement d’une pollinisation éolienne efficace en raison de la forte densité de ses peuplements (Hannan, comm. pers., 2004), surtout que peu de pollinisateurs sont actifs au début du printemps pendant la floraison. Bien que le Meconella oregana soit probablement partiellement autocompatible, les stigmates dépassent les anthères un jour ou deux après l’anthèse pour favoriser la pollinisation croisée, entre individus distincts (Ernst, 1967). Les pétales se ferment la nuit, ce qui exclut les pollinisateurs nocturnes (Ernst, 1967).
Lors de ses expériences en serre menées à l’Université Stanford, Ernst (1967) a remarqué que les espèces du genre Meconella sont difficiles à faire pousser : les plantules sont susceptibles à la fonte des semis et mettent souvent plus d’un an à germer. L’ajout de gravier sur le dessus des pots aide à aérer la base des plantes et à empêcher que les graines soient emportées (Ernst, 1967). À Victoria, on a observé à deux reprises une germination automnale du Meconella oregana (Pinder-Moss, comm. pers., 2004, observations de Hans Roemer, 2004-2005), mais dans les expériences menées à Stanford, la germination a eu lieu au printemps. Hans Roemer a observé en 2005, en milieu naturel, un début de germination après un épisode de temps chaud et humide à la fin de janvier.
Le Meconella oregana est une plante annuelle qui meurt après avoir produit ses graines. Il est possible que l’espérance de vie des graines soit courte, car les vieilles graines ne germent pas aisément (Pinder-Moss, comm. pers., 2004).
Herbivores
Aucune publication ne fait état d’herbivores se nourrissant du Meconella oregana et aucun signe d’herbivorie n’a été observé sur le terrain en 2004. Les fonctions de la protopine et des autres alcaloïdes présents dans le Meconella californica, étroitement apparenté, ne sont pas connues. Par contre, on sait que chez d’autres espèces les alcaloïdes repoussent les pathogènes comme les bactéries, les champignons, les insectes, les nématodes et les protozoaires (Salmore et Hunter, 2001). Les alcaloïdes peuvent également repousser d’autres herbivores.
Physiologie
Aucune publication ne fait état des besoins physiologiques et des tolérances du Meconella oregana. Le Meconella californica, espèce étroitement apparentée, contient de la protopine, un alcaloïde, ainsi qu’un autre alcaloïde qui n’a pu être extrait en quantité suffisante pour l’identification (Stermitz et Coomes, 1969). En condition de stress hydrique, on observe chez le Platystemon californicus, autre espèce étroitement apparentée, une baisse de la capacité hydrique, de la conductance stomatique et de la photosynthèse. Le Platystemon californicus n’est pas particulièrement sensible à une augmentation de la concentration d’ozone dans l’air (Bytnerowicz et al., 1988).
Dispersion
Le Meconella oregana produit une capsule contenant de nombreuses graines. À maturité, les trois carpelles se séparent au sommet de la capsule, à la manière de valves, et se tordent occasionnellement (Gunn et Seldin, 1976; Gunn, 1980) pour libérer les graines. Contrairement aux espèces d’autres genres de la famille des Papavéracées chez lesquelles les graines portent des arilles qui attirent les fourmis pour disperser les graines, le Meconella oregana produit des graines sans arille (Ernst, 1962; Gunn et Seldin, 1976; Gunn, 1980). À cause de la petite taille de cette plante, de ses petites graines (voir la description morphologique) et de l’absence d’arille sur celles-ci, la distance de dispersion à partir de la plante-mère est probablement très courte, comme en témoigne les très petites superficies occupées par les sous-populations canadiennes. La superficie moyenne des 17 sous-populations observées en 2004 était de 3,4 m², la plus petite n’étant que de 0,03 m² (voir la figure 4). La présence de plusieurs sous-populations le long de pistes de chevreuils indique qu’une dispersion des graines sur de plus longues distances serait possible par l’intermédiaire de mottes de terre humide adhérant aux sabots de ces animaux (observations de Hans Roemer, 2004).
Figure 4. Cinquante Meconella oregana à la localité de Port Alberni, marqués pour dénombrement. On peut voir sur l’image la minceur du sol et les traces de motocyclette.
Relations interspécifiques
Le feu pourrait avoir joué un rôle dans la conservation de l’habitat du Meconella oregana. Des incendies réguliers auraient pu réduire la compétition en limitant la prolifération des arbustes et en freinant la croissance des graminées et des herbacées non graminoïdes (Rush et al., 1999; Washington Natural Heritage Program, 2004). Les populations de Meconella oregana sont probablement touchées par la compétition des graminées annuelles exotiques (Ertter, comm. pers., 2004; Washington Natural Heritage Program, 2004), qui captent très efficacement l’eau au printemps. Dans les habitats canadiens, on compte parmi les plantes associées au Meconella 25 plantes non indigènes, dont sept sont des graminées annuelles et bisannuelles exotiques.
Adaptabilité
Comme on peut s’y attendre d’une plante annuelle, la taille et la floraison du Meconella oregana varient selon les précipitations saisonnières et la température (Ernst, 1967). En 2004, le rédacteur du présent rapport a observé des individus en fleur d’une hauteur variant entre 1 et 8 cm et qui comptaient entre 1 et 5 tiges. Les fleurs épanouies avaient un diamètre de 2 à 6 mm. Les plus grandes plantes se trouvaient dans les microhabitats moins exposés et plus abrités ou partiellement ombragés. La durée de floraison est hâtive et plus courte dans les habitats secs et tardive et plus longue dans les zones d’infiltration d’eau.
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